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18/02/2011

KR'TNT ! ¤ 40.

 

 

KR'TNT ! ¤ 40

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

11 / 02 / 2010

 

 

INDEX KR'TNT REPORTE EN FIN DE LIVRAISON

 

 

 

COUNTRY HIGHWAY

 

 

ENCYCLOPEDIE DE LA COUNTRY

 

ET DU

 

ROCKABILLY

 

MICHEL ROSE

 

( JACQUES GRANCHET EDITEUR. 1986. )

 

COLLECTION BEST

 

 

Indispensable. Irremplaçable. Un des très rares livres écrits en français sur la country musique. Un livre somme. Evidemment ça ne couvre que les années 1922 – 1985, mais la source et le coeur de la musique populaire américaine sont radiographiées au millimètre près.

 

L'auteur, Michel Rose s'est fait discret ses dernières années. Nous allons vous la jouer à l'outlaw, il se cache sous le pseudonyme de Buddy Chessman, tous les chasseurs de primes retrouveront sa trace sur le site rockin-records.overblog.fr . Attention l'individu est armé et tire pas mal de bons sons de sa kalachnikov à cordes. Peu d'accent français lorsqu'il chante en amerloque. Possède un passé plutôt lourd, a successivement commis en 1981 un bouquin pour la collection Rock'n'folk – un malin qui ne met pas tous ses oeufs dans le même panier – intitulé Pionniers du rock'n'roll, rock'n'roll fever chez Albin Michel, et un des premiers 45 T revival français sur Rose Record Company en 1982. Il récidivera en 1987 avec en face A un Honky tonk man pas dégueux. Un gros calibre qui se contente pas de balancer des petits pois à la sarbacane aux alligators du bayou.

 

Remarquez, moi ce genre de mec, ça ne me fait pas peur. A la mid-fifty j'en savais déjà un bout sur la country. Non pas tout, je sortais tout juste du CP mais j'avais déjà assimilé l'essentiel, l'origine pour parler comme Heidegger. Je connaissais par coeur, je peux même vous réciter le début «  Tout là-bas, dans l'Ouest sauvage... » Captivant, juste un petit bémol, j'ignorais totalement que je causais de country. Pour moi Roy Rogers et son cheval Gâchette, Gene Autry et son Champion, c'était des cow-boys, des durs, des courageux, des indomptables. Ce n'est que bien des années plus tard que je découvris l'insoutenable vérité, mes petits albums des Deux coqs d'or m'avaient menti, ce n'étaient ni des Jesse James ni des Quantrill, mais des cow-boys d'opérette ( on ne disait pas des tapettes mais on le pensait très fort ) qui roucoulaient encore plus mal que Mariano dans des simili-westerns d'un ridicule achevé... En France, dès qu'on a l'occasion de brocarder les ricains l'on ne se gêne pas...

country 403.jpg

Plus tard l'adolescence étant survenue, dévoré par une soif inextinguible de connaissance rock, j'appris tout ce qu'il fallait savoir sur les Singing cow-boys. Est-il arrivé la même mésaventure à Michel – la vie n'est pas toujours - Rose ? Toujours est-il que son dictionnaire débute par six petites pages que toute personne qui voudrait étaler sa culture-rock au grand jour devrait être capable de réciter les yeux fermés de la première à la dernière ligne.

 

Quelle douce musique que ces têtes de chapitre, Old Time and Hillbilly, Blues, Cowboy songs, Singing cowboys, Bluegrass, Western Swing, Honky Tonk, Hillbilly Boogie, Cajun, Rockabilly, Country and Western, Nashville Sound, Truck drivin' song, Country rock Californien, Outlaw. Le combat s'arrête là, faute de combattants. Depuis il faudrait rajouter toute une nuée de néo-quelques choses, mais nous nous pencherons sur le sujet en de futures livraisons.

 

Je pourrais clore ma chronique ici. J'ai tout dit. Papier-collé, débrouillez-vous ! Mais non, je ne vais pas vous laisser errer dans l'ingrat entremêlement des pistes à peine suggérées. Comme je tiens pas non plus à vous recracher tout le book in extenso, me conterai de vous filer la méthode. Car si les 180 pages se lisent d'un seul trait – et attention, c'est écrit minuscule sur du grand format et ça vous bouffera le lonely week-end – Michel Rose n'est pas just Blueberry incapable de retrouver the lost goldmine. Il ne perd jamais le Nord. Sait très bien où il veut en venir.

 

Ne vous égarez pas dans les marécages de la suspicion, comment même pas deux colonnes complètes sur Lefty Frizzel et un roman-feuilleton sur les Willis Brothers dont vous vous moquez éperdument ! Michel Rose est comme tout un chacun, il a ses dadas, ses chouchous, ses préférences innées : exemple il trouve toujours une excuse aux chanteuses qui présentent un joli minois, surtout si de surcroît elles sont avantagées par une longue chevelure blonde. Pour ma part je suis prêt à lui pardonner ces signes patents de faiblesse humaine. A l'impassible nul n'est tenu.

 

Par contre méfiez-vous, qu'il garde bien ses deux mains sur la table car il a la sacrée manie de vous refiler la marchandise que vous n'êtes pas spécialement venue chercher. Affirmons-le carrément : Michel Rose est un vicieux. Modérez vos ardeurs, non il ne n'exhibe pas les photos nues de l'avantageuse poitrine de Dolly Parton – oui, vous êtes déçus – mais voilà un gars qui vous fait tout un baratin pour vous emmener visiter les gorges profondes et cachées de la Country... et qui en fin de compte vous refourgue la collection complète de tous les disques ignorés du rockabilly américain.

Ouvrez l'encyclopédie au hasard, je suis prêt à parier que comme tout français moyen pour qui la country américaine se résume à Jimmie Rodgers et à Johnny Cash, vous vous attendez à une kyrielle de noms inconnus dont vous êtes sûrs de ne plus vous souvenir, dès la page suivante. Eh bien, c'est raté, il y a toujours un de vos rock'n'rollers chéris qui pointe le bout de son nez.

 

Les esprits posés chercheront à défendre Michel Rose : il n'y est pour rien. Ce n'est tout de même pas de sa faute si la première génération des rockers américains ont connu une super traversée du désert dès avant le tout début des sixties. Pour un Gene Vincent qui a démarré une seconde carrière en Europe, combien de Jerry Lee qui ont trouvé refuge dans le pays de leurs premières amours.

 

L'on avancera même que si Vincent a pu renaître de ses cendres en la perfide Albion, c'est justement parce que géographiquement cet enfant perdu de Norfolk n'avait point des roots très solidement plantées dans le terroir natal. Un city cat et pas un country folk. La même histoire, mais en lettres blanches, que celle qui s'est jouée en capitales noires entre le Delta rural Blues et le Chicago blues.

 

Certes l'on peut en discuter durant des heures. Mais Michel Rose est avant tout un fan de rockabilly – ce qui n'est pas pour nous déplaire – et pour lui si toutes les routes du Country ne mènent pas à Nahsville, elles sont innombrables celles qui font le détour par notre rockabilly chéri. Reste encore à philosopher sur la désignation pronominale de ce nous.

country 40.jpg

Ne désigne pas expressément tous ceux qui aiment le rockabilly, car jusque en 1980 qui aimait le rockab aux Etats-Unis ? L'on ne veut pas savoir. Ce qui nous importe, c'est notre point de vue à nous, européens. Ne nous méprenons pas, nous ne désignons pas l'ensemble de nos contemporains mais ces groupements bigarrés et ultra-minoritaires d'amateurs et de collectionneurs qui en Angleterre, en Allemagne, en France et un peu en Suisse ont mythifié grave sur le rock'n'roll et tout ce qui tournait autour.

 

Pour les fans américains le problème ne se posait pas de la même manière : le mouvement rock faisait parti du paysage naturel, l'on savait où le trouver, un peu à l'écart, comme les réserves indiennes. En Europe, privée de tout, d'informations, de revues et de disques, la demande était si forte qu'elle a entraîné un mouvement de réédition très important. Le mouvement néo-rockab s'est mis en branle très doucement dès les mid-seventies, et ce d'une manière différente du phénomène revival américain qui était plus nostalgique qu'affamé. Les Stray Cats seront les grands profiteurs de cette flamme enragée qui ne s'était jamais tout à fait éteinte...

 

Les européens ont eu aussi leur frontière américaine à repousser. C'est que voyez-vous, le tour des grands pionniers est assez vite réalisé, une fois que vous avez éclusé la dizaine de noms habituelle, circulez il n'y a plus rien à voir. La mort de Presley a entraîné une réévaluation de son apport musical. Les fans qui ne le suivaient plus que de loin se sont mis à rechercher du côté de ses débuts. La moisson fut plus riche que l'on ne l'aurait espéré. Le Louisiana Hayrade et la discographie Sun ont été passés au peigne fin. Les caves de Sam Phillips se sont révélées monstrueuses. Derrière chaque single, un chanteur. Et la plupart du temps pas un cradingue, ou un nul absolu. Au contraire de l'or en barre.

 

Alors on est partis à la recherche de ses inconnus. Le dictionnaire de Michel Rose est rempli de ces chasses à l'homme, et peu à peu sous nos yeux abasourdis dessine une carte du rockabilly de plus en plus fouillée. L'on ne compte plus les chanteurs de country qui entre 1954 et 1959 se sont laissés entraînés par le tourbillon. Pêché de jeunesse : ils avaient vingt ans, plein de sève, de sang et d'énergie. N'ont su résister à la mode. Un peu partout les labels ont ouvert leurs micros, on enregistrait dans la fièvre deux, trois, quatre morceaux, on tirait cinq cents exemplaires et l'on passait à autre chose si ça ne marchait pas. 99 fois sur cent.

 

Retour au pays natal. La country a assimilé ces bataillons de jeunes gens impatients. Bien sûr il y a eu aussi les purs, les fous, les déjantés, qui sont venus, ont craché leur gourmes et sont repartis sans demander leurs restes. A tel point qu'aujourd'hui l'on est incapable de les identifier. Michel Rose n'hésite pas à donner la parole à ces alcoorockabilliques anonymes.

 

Je me souviens des rayons de la Fnac à l'époque, l'on trouvait par dizaines des compilations d'artistes que l'on ne connaissait que de nom si l'on n'avait pas eu la chance de les entendre à la séance rock du Pop-club de José Arthur... sans parler de ces anthologies qui regorgeaient d'illustres inconnus.

 

Mais Michel Rose ne se contente pas d'étiqueter les nouveaux produits qui viennent d'être mis en boîte. Son encyclopédie est avant tout un ouvrage de réorientation logistique des connaissances rock. Selon lui, le rock'n'roll n'est pas le point d'arrivée du rockabilly. Les deux musiques sont cousines mais point soeurs jumelles. Entre la rock-music et le rockabilly il trace une frontière infranchissable. Un seul point de passage : le country rock de Gram Parson ou d'Emylou Harris. Une île au milieu de la rivière mais pas question d'aborder l'autre rive.

 

Il reste très réservé sur l'apport des Stray Cats, ne parlons point du psychobilly ou du punkibilly... Il a même des mots très durs sur le mouvement néo-rockab anglais qu'il rabaisse au niveau de Claude Luter... On est toujours le Panassié de quelqu'un... Au moins de soi-même. Nous ne lui en voulons pas. Seuls les gens passionnés trouvent grâce à nos yeux. Pour ne pas nous éloigner de cette sphère d'idées nous aimerions en savoir plus sur ses hypothèses d'une influence du Western Swing sur Django Reinhardt. Ai lu, il n'y a pas très longtemps une biographie de Django très documentée qui n'abordait point cette problématique. D'autant plus intéressant que – je ne suis pas le seul à le penser - Cliff Gallup a écouté Django.

 

Michel Rose nous présente un Haley et un Holly empêtrés en leurs débuts jusqu'au cou dans la country. Il sera plus difficile pour eux de s'en défaire que Cochran et Vincent. Mais ne focalisons pas toujours sur les mêmes, Michel Rose remonte les pistes. Le rock'n'roll n'est pas né en un seul endroit, ni chez Bill ni chez Elvis. Les racines sont multiples. Il est né un peu partout et un peu tout le temps. Je pose une question : entre le Yodel de Jimie Rodgers et le hoquet du rockab, n'y aurait-il pas comme une filiation directe ou une discrète, sinon aspiration du moins inspiration ?

 

Ce qui apparaît nettement dans ce livre, c'est que si en Europe nous avons connu la baffe rock qui a changé le niveau de conscience de millions de jeunes, les USA, toujours en avance sur l'Europe aux anciens parapets, ont eu droit en avant-première au traumatisme rockabilly. Et c'est peut-être pour cela que la grande Amérique s'est laissée détourner si facilement du rock à la fin des années cinquante. Quand nous parlons d'une première génération rock américaine, celle qui chez nous correspond aux pionniers, en fait nous désignons la deuxième, la première américaine n'étant pas celle des pionniers mais celle du rockabilly, qui s'est rabattue aux derniers vents mauvais du post-maccarthisme sur la position de repli country, national-country en quelque sorte.

 

Ce qui expliquerait et fonderait la réputation conservatrice de la country. De la rébellion rockabilly à la naissance de l'Outlaw, c'est surtout la révolution rock que l'on désire plus ou moins consciemment voir avorter.

 

Damie Chad.

 

 

URGENT, CA PRESSE !

 

ROCK'N'ROLL REVUE. N° 51.                                                                                                                                             country40.jpg

Trimestriel et Hors-Série pour l'amateur de Rock and roll – Country Music – Blues – Swing.

Octobre – Novembre – Décembre 2009.

Edité par l'Association «  Rock'n'roll Revue » 12 rue Didot, Apt 47- 75014 Paris.

Abonnement : François Moussy – Résidence Georges Washington, 42 allée Saint Cucufa. 92 420.

 

Ce n'est pas une revue sur le rock'n'roll, mais la revue française de rock and roll. Sachez apprécier la différence ! Elle a pris dans le coeur des fans la place qu'a occupé Big Beat durant les années 70. L'on y retrouve les noms de la garde de fer du rock'n'roll français, Imperial, Big Joe Zitoune, Tony Marlow et quelques autres...

 

Surtout pas des passéistes. Des gars qui se battent pour le rock et qui essaient de faire passer des informations sur tout ce qui bouge et fraie dans le vivier rock'n'roll national, voir par exemple l'article La scène Française Actuelle, cinquième partie.

 

Tony Marlow – l'initiateur de Rockers Culture analyse le disque de The two sides of Gene Vincent, sorti par JBM, nous ne pouvons que souscrire à sa vision comparée de Cliff Gallup et Johnny Meeks, vieille école swing d'un côté et modernité prophétique pour le second. Deux maîtres certes, mais la crispation identitaire de certains milieux puristes rockab sur le seul Gallup est parfois exagérée. Admiration oui, religion non.

 

Et puis évidemment la contribution majeure du numéro celle de Dominique «  Imperial » Anglares, sur Shelby Singleton disparu en 2009. Un bienfaiteur de l'humanité – n'ayez crainte, assez intéressé par son porte-money – celui qui racheta en 1969 les disques Sun à Sam Phillips qui ne s'en préoccupait plus beaucoup depuis plusieurs années. An american businessman, mais qui aimait le rock autant que la monnaie - à la radio nostalgie du coeur les amerloques greffent la dollar-nostalgie - et qui par son action de réédition tous azimuts fut à la source de la renaissance rockab.

 

A lire. Très riche : pour vous en convaincre allez faire un tour sur le site : www.rockandrollrevue.com

 

A écouter aussi : un CD accompagne la revue : RRR ( pour Rock And Roll Revue Records ) 001. 16 Titres : Bobby Lollar, Jimmy Lee Fautheree & Stephanie Starr, The Music Highway Land Band, Laura Lee Perkins, Jaye P. Morgan, Johnny Brandon, Al Ferrier, Dick two ton Baker, Hank Penny, The Blockbusters, Wildcat Phill, The Jumping Jaguars. Une rareté déjà recherchée par les collectionneurs. Du plaisir entre les oreilles.

Damie Chad.

 

Petite réflexion pseudo-philosophique en marge des quarante premières livraisons de KR'TNT : C'est fou comme les étagères du rock sont surchargées de livres, de revues et de disques indispensables ! Le rock a un petit côté promenade dans un cimetière : Fétichisme de la marchandise ou pulsion de mort ? Qu'importe, the rockshow must go on ! Que voulez-vous l'on souffle les bougies fun / èbres que l'on peut.

 

 

 

LOOK BOOK !

 

COUNTRY BLUES. CLAUDE BATHANY.country402.jpg

Métaillié Noir. Janvier 2010.

 

Pour un country blues c'est assez sex and pills. Noir très noir. Même si le chanteur est blanc. Un français, plutôt rock d'ailleurs. Question zique country et blues, faudra repasser, à part deux ou trois pochettes vinyl qui traînent, et une party privée expédiée en cinq lignes, elle ne vous cassera pas les oreilles. De toutes les manières le chanteur il est mort depuis vingt ans, et tout le monde a préféré l'oublier. Vous me direz que l'on n'a jamais trop cherché à savoir comment les femmes de Jerry Lee Lewis sont passées de l'autre côté, mais le killer c'est quand même un maître (chanteur ), et il possède une autre dimension qu'un petit rocker français accusé d'avoir enlevé et tué des – le crime que notre hypocrite modernité juge le plus impardonnable - petites filles.

 

Le blues c'est pour la famille qui reste. Tous des détraqués. Ce n'est pas de leur faute, l'héritage paternel est dur à porter, mais ils seraient mieux, la mère, les trois garçons et la fille, à l'asile. Petit côté Bruit et Fureur très réussi. Pour ceux qui vivent autour, ce n'est guère mieux. Plutôt pire ! Le Country c'est pour la Bretagne, la campagne perdue et la ferme en jachère.

 

La narration est très rock'n'roll. Chacun joue son petit solo. L'un après l'autre. Comme des cases de bandes dessinées que l'on aurait collées l'une à la suite de l'autre. Mais plutôt maladroitement. Ca revient un peu sur la précédente ou ça mord sur la suivante et l'ordre chronologique en est un peu bouleversé. Va et vient temporel.

 

Le nec le plus ultra aurait été d'avoir demandé à une dizaine d'écrivains différents d'interpréter la voix du personnage de leur choix. Claude Bathany essaie bien de changer les tons, mais une certaine unité d'écriture nuit à l'ensemble.

 

Je ne vais pas vous raconter la fin. C'est exactement comme au début, mais en plus impitoyable. Ambiance américaine, entre Peckinpah et Faulkner. C'est un peu comme le film Justice Sauvage – à regarder uniquement pour les très beaux paysages du Tennessee - mais dans Country Blues la justice a été oubliée dans le casting et les extérieurs ce sont les chaotiques intérieurs de cervelles humaines. Pas très joli-joli. Mais avez-vous regardé dans la vôtre ?

 

La mienne est aussi county blues, but rock. And you ? Bonne lecture.

 

Damie Chad.

 

INDEX KR'TNT !

 

ALAIN DISTER / 38

ALEXIS QUINLIN / 38

BASTON GENERAL / 2

BB BRUNES / 36

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 32

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36

EDDUIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELVIS PRESLEY / 29

EVAN HUNTER / 20

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36

GERARD HERZHAFT / 32 /

GOSTH HIGWAY / 25 / 26

IGGY POP / 34

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHN SINCLAIR / 39

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MC5 / 39

MICK FARREN / 27

NICK MORAN / 12

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

SONIC SURGEON / 28

STEPHANE PIETRI / 38

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

VAL HENNESSY / 38

VELLOCET / 16

WANDA JACKSON / 37

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

BURNING DUST : BURNING... LIVE / 25

CULTURE ROCKERS ( collectif ) / 25

GHOST HIGWAY : GHOST HIHWAY / 25

PLASTICINE : ABOUT LOVE / 36

VELLOCET : INSOMNIA / 16

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

GUITAR ARMY / JOHN SINCLAIR / 39

IN THE GUTTER / VAL HENNESSY / 38

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

PUNK ROCKERS / ALAIN DISTER / 38

PUNK SEVENTEE RUSH / STEPHANE PIETRY – ALEXIS QUINLIN / 38

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

TROIS / PATTI SMITH / 31

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

CROSSROADS / 33 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

PALPABLE ( N° 5 & N° 6 ) 39 /

PUNK RAWK ( N° 16 ) 38 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 /

ROCK SOUND ( HS N° 8 ) 39 /

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /

 

 

10/02/2011

KR'TNT ! ¤ 39.

 

KR'TNT ! ¤ 39

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES

A ROCK LIT PRODUCTION

11 / 02 / 2010

 

 

 

 

INDEX KR'TNT !

 

ALAN DISTER / 38

ALEXIS QUINLIN / 38

BASTON GENERAL / 2

BB BRUNES / 36

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 32

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36

EDDUIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELVIS PRESLEY / 29

EVAN HUNTER / 20

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36

GERARD HERZHAFT / 32 /

GOSTH HIGWAY / 25 / 26

IGGY POP / 34

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MICK FARREN / 27

NICK MORAN / 12

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

SONIC SURGEON / 28

STEPHANE PIETRI / 38

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

VAL HENNESSY / 38

VELLOCET / 16

WANDA JACKSON / 37

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

PLASTICINE : ABOUT LOVE / 36

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

IN THE GUTTER / VAL HENNESSY / 38

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

PUNK ROCKERS / ALAIN DISTER / 38

PUNK SEVENTEE RUSH / STEPHANE PIETRY – ALEXIS QUINLIN / 38

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

TROIS / PATTI SMITH / 31

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

CROSSROADS / 33 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

PUNK RAWK ( N° 16 ) 38 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 /

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /

 

MOTOR AMERIKA IS BURNING

 

GUITAR ARMY. JOHN SINCLAIR

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ROCK REVOLUTION / MOTOR CITY /

MC5 ET LES WHITE PANTHERS

 

 

C'est bien connu le rock est la musique des rebelles. Encore que les rebelles finissent souvent mal. Souvenons-nous d'Elvis empâté dans son refuge de Graceland... Quoi qu'il en soit, quoi qu'il en fût, John Sinclair ne dénie point au King d'avoir été un des initiateurs de la révolution rock. Honnêteté intellectuelle d'autant plus grande qu'il provient d'ailleurs, du jazz. Certes c'est juste la maison d'à-côté, mais c'est important pour tout ce qui s'en suivit. John Sinclair c'est la conscience noire du rock'n'roll blanc.

 

Nul besoin de mettre un tigre dans le MC5, le groupe de Detroit feulait très bien à lui tout seul. Mais parfois il est nécessaire d'ajouter une allumette au pétard à la nitro que vous vous apprêtez à lancer, pour qu'il y ait encore plus d'écho au bruit que vous allez propager dans les tympans des esgourdes endormies des masses silencieuses.

 

Le livre ne le dit pas. Qui du MC5 ou de John Sinclair a accroché l'autre ? La réponse est sans intérêt, il y eut ce que l'on peut appeler une conjonction déflagratrice. Bref John Sinclair se retrouva propulsé manager du MC5. Il poussa même quelques notes de saxophone dans les gigs dantesques du combo, mais nous pouvons les tenir pour poussières d'étoiles. Non significatives.

 

John Sinclair n'était pas Coltrane, et il était davantage un aède inspiré qu'un cracheur de notes. Certes le MC5 n'était pas le seul groupe du patelin, mais les Stooges d'Iggy se réclamaient eux-aussi de A love Supreme. Ca ne se voit pas ? Non mais ça s'entend dans le traitement de la pâte sonore qui n'est jamais morcelée, mais servie compacte, du début à la fin de chaque morceau – quelque soit son rythme – mais tellement amplifiée par l'électricité qu'une telle filiation ne vient pas à l'esprit. Que voulez-vous tout le rock ne vient pas de Bo Didley.

 

Mais la musique du MC5 n'est pas le sujet du livre. D'ailleurs nous suspectons Rob Tyner et Fred Smith d'avoir été au fond d'eux-mêmes légèrement soulagés lorsque les flics auront coffré Sinclair. Ils ne viendront même pas au concert de soutien pour sa sortie de prison. Quand on pense que Lennon se fendra d'une chanson originale à la gloire du leader charismatique... Ils auraient quand même pu faire un effort.

 

Aujourd'hui MC5 est qualifié de groupe proto-punk. Non sans raison, surtout à cause des anarchisantes diatribes de John Sinclair. La musique high-énergie pour beaucoup aussi. Les schémas chronologiques ne correspondent pas toujours avec la réalité des faits. MC5 commence à faire parler de lui en pleine vague hippie. Les petites fleurs bleues ne cadrent pas avec la tornade musicale délivrée par le moteur surchauffé du groupe. Mais en France nous possédons une vision simplifiée et caricaturale du Flower power.

 

C'est l'histoire de la deuxième génération rock des USA. De la première, en y réfléchissant bien, l'on ne connaît pas grand-chose. Un peu par les films, Rock around the clock, Rebel without a cause, mais celui dont s'inspire toute notre mythologie   rock'n'roll L'équipée sauvage nous présente des bikers qui écoutent du... jazz. Des premiers rockers américains l'on connaît surtout leurs représentants... chanteurs.

 

A croire que le public rock de la première division n'a jamais existé. C'est peut-être pour cela que les pionniers n'ont été qu'un feu de paille. Les outlaws gainés de cuir ne furent que de minuscules îlots parmi les tenants du style Highschool, beaucoup plus propres sur soi, qui passèrent sans rouspéter de Little Richard à Pat Boone lorsque le Système décida d'anaboliser les braises de la révolte.

 

Les ponts étant coupés la seconde génération suivit une autre route. Eux aussi descendirent de la montagne noire, mais par l'autre versant plus intello, jazz et poésie, hipster et beat generation. Etudiants et pas prolos. Le cas typique de John Sinclair, l'a reçu, comme tout le monde qui avait un cerveau entre les oreilles, une grande baffe en entendant Presley à quatorze ans mais s'est mis en route vers la musique noire, via le jazz. Est arrivé au blues, mais a peut-être été plus sensible à la blues attitude qu'à la musique elle-même.

 

Pour le rock, non ce n'était pas sa tasse de thé. Musique pour adolescents. Primaire. L'a sauté dans le train en marche quand il a vu l'énergie qu'elle dégageait. L'a été emporté par ces milliers de jeunes qui se sont engouffrés dedans sans rien demander. Dix ans qu'il se débattait dans l'étroitesse de l'american way of life. Rongé par une envie folle d'envoyer tout chier, l'avait tout compris, l'avait tous les plans mais il était incapable de trouver la sortie de secours.

 

Il lui manquait le rock'n'roll mais il possédait déjà deux des arcanes royales de la trilogie : le sexe et la drogue. Nous ne nous étendrons pas sur la révolution sexuelle des années soixante. De cette époque tumultueuse, c'est le seul bienfait qui ait été accepté et mis en pratique aussi bien par les larges masses prolétariennes que par les élites bourgeoises de la population du monde occidental...

 

Si en ces temps agités revendiquer le droit de faire l'amour comme bon vous semble vous classait parmi les dépravés, la consommation de la marijuana vous exposait à des sévices beaucoup plus graves. En toute innocence Sinclair et sa communauté d'artites en goguettes ne pensait pas à faire le mal. Pour vivre pénard et pétard ils essayaient de ne point trop se faire remarquer et restaient entre eux. La police se chargea de leur politisation accélérée.

 

C'est que leur mode de vie par trop bohème commença à faire tache d'huile, lectures tapageuses de poèmes, accoutrements trop voyants, cheveux longs, multiplication de fanzines d'information et de théorisation outrancière, les pigs locaux jetèrent sur le pandémonium en formation des yeux de plus en plus suspicieux. Les concerts du MC5 amplifièrent la problématique, le public devint de plus en plus nombreux, et la petite colonie originelle d'intellos ne tarda pas à créer des émules. Elle ne fut que le catalyseur d'un mouvement de fond sans précédent.

 

L'histoire de John Sinclair est celle d'un ego surdimensionné, mais lorsque l'individu en vient à incarner toute une génération l'on peut lui pardonner. Il le paiera d'ailleurs très cher : dix ans de prison pour deux joints abandonnés à une jeune fille qui n'était qu'une jeune... flic des stups... Soyons juste – mettons-nous dans la tête du politicien moyen qui tombait sur ses chroniques incendiaires collectées dans le bouquin - il l'avait un peu cherché. Arrêté deux fois pour possession illégale de marijuana, il s'en était relativement bien tiré, six mois de maison de correction et le couperet de la récidive. Mais ni lui, ni ses compagnons n'entrevirent le danger.

 

Ils pensaient que la révolution était en marche, que le Système allait éclater de lui-même comme un ballon de baudruche prêt à exploser. L'opposition à la guerre du Viet-Nam emmenait chaque jour dans tout le pays de plus en plus de sympathisants – un peu comme chez nous le STO remplit le maquis.

 

Sinclair et ses amis rêvaient, le petit livre rouge du président Mao leur vantait les mérites de la révolution culturelle, ils pensaient en toute bonne foi que les frères freaks du mouvement hippie qui se multipliaient comme des petits pains – il y a toujours un arrière-fond chrétien au fond des cervelles amerloques - étaient en train de remporter la leur. Ils commirent cependant une erreur impardonnable.

 

Les grands frères noirs ne passaient pas tous leurs temps à souffler dans des trompettes dans des caves sordides ou à gratter des guitares déglinguées dans jukes joint paumés. Dans les villes, la révolte couvait. Après les émeutes de Los Angeles, naquit dans les ghettos le Black Panther Party. Il ne s'agissait plus de mendier après les droits civiques mais de réaliser l'égalité par l'action révolutionnaire. La possession d'une arme étant des mieux autorisée aux USA, la frontière de l'autodéfense justificatrice à la lutte armée volontariste fut des plus ténues pour les Black Panthers.

 

John Sinclair captivé par le volontarisme des révolutionnaire noirs se hâta de fonder le White Panther Party. MC5 à la fête comme toujours. Police de plus en plus menaçante à chaque concert. Ambiance électrique. Pression sur les organisateurs. Provocations et matraquages à gogo. Souvenons-nous du procès intenté à James Morrison des Doors pour exhibition de ses parties intimes en public. Crime de lèse-majesté MC5 alla jusqu'à brûler sur scène le drapeau étoilé...

 

En juillet 69, les portes du pénitencier se referment sur John Sinclair. Vaincu mais pas à terre. Imitera Malcom X qui étudiera en prison. Sinclair continue à écrire et à théoriser. Peu à peu il se rend compte de son idéalisme. Le Système est bien plus fort que toutes ses anciennes rodomontades symboliques. Ce qu'il ne peut détruire le Système le récupère et le détruit.

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Puisque les autorités ne peuvent plus comme en 59 se débarrasser du rock en l'envoyant en Europe – misère de misère, ce sont au contraire les anglais qui envahissent les States - l'on va acheter les groupes. A la multiplication chaotique des groupes locaux générateurs d'une chienlit épidémique – faites taire sous des motifs foireux un groupe il s'en reforme dix - l'on va substituer les grandes messes commerciales style Woodstock. Ce qui ne peut être éradiqué sera contrôlé. Subtiles manoeuvres, le rock est trahi par ses propres promoteurs.

 

Diviser pour mieux régner. John Sinclair a beau imaginer que dans un futur proche les bénéfices des festivals géants pourraient être redistribués sous forme d'accès gratuits aux soins, de magasins gratuits, de studios d'enregistrement pour les groupes locaux, quarante ans après l'Histoire a tranché : chimères sans lendemain.

 

Ce qui n'exclut pas une critique serrée de l'économie et de l'oppression capitalistes. Lorsque l'on voit l'état du rock aujourd'hui l'on ne peut que regretter que John Sinclair ait été si bon prophète. Le rock est devenu un produit de consommation courante. Si galvaudé qu'il a perdu cette violence et cette urgence qui lui furent fondatrice.

 

L'argent achète les consciences, pour les corps ce seront les consommateurs qui paieront. CIA et FBI ne sont pas Marie-Antoinette, remplacent pas le pain par la brioche, mais la douceur de l'herbe par la dureté de l'héroïne. Vont en inonder le marché. Dans les ghettos les noirs vont se jeter sur cette manne inespérée. En six mois de temps, les fiers guerriers sont transformés en camés aux yeux vitreux... Pour varier les plaisirs l'on ajoutera quelques mélanges particulièrement nocifs de speed, crack, angel dust et autres poisons... L'acide vous a un de ses goûts acides !

 

John Sinclair et ses camarades dissoudront le White Panther Party, lanceront à la place le Rainbow People's Party... comme dit le vénéré président Mao, lorsque l'on n'avance pas l'on recule !

 

Ce Guitar Army de John Sinclair, c'est un peu la face cachée du rock. Pour nombre des ses adorateurs le rock is just for fun. Divertissement. Une pommade pour faire passer les boutons d'acné. Juvénile. Peut aussi être quelque chose de beaucoup plus sérieux. Et dangereux.

 

Mettons tout le monde d'accord. Une pratique déviante.

 

Damie Chad.

 

La suite de l'histoire est connue, en 1972 split de MC5. John Sinclair s'exile à Amsterdam où il poursuit une carrière de poète phono-beat. Fred Sonic Smith meurt en 1994 d'un cancer dans les bras de son épouse, une certaine Patti Smith. La boucle n'est pas bouclée, le serpent du rock a simplement pris un anneau de plus.

 

 

URGENT, CA PRESSE !

 

 

PALPABLE N° 5.        MC53.jpg                                                         MC54.jpg

PALPABLE N° 6.

En dépôt à la librairie Parallèles.

 

Urgent, ça presse, n'exagérons rien. Dans le numéro cinq ils sont tout fiers d'avoir vendu 200 exemplaires. Et puis ça date d'une vingtaine d'années. Pas trouvé trace sur le net, en plus c'est un copain qui les avait récupérés à l'époque et qui me les a refilés. N'en sait guère plus, à part les groupes dont on parle et dont on relève des présentations désertées depuis plusieurs trimestres sur Facebook. Heureusement que certaines illustrations sont marqués des millésimes 1981 et 1982.On y retrouve des noms connus comme Llys Dana et Thierry Tillier que l'on retrouva plus tard EN 1986 dans la connexion du Réseau 666.

 

Revue rock et post-dada-punk. Nihiliste et désespéré, ce qui n'exclut pas l'humour noir. Ainsi le numéro 6 vous offre une enveloppe autodestructrice. Non ne croyez pas que le plastique va s'auto-détruire dans les trois minutes qui suivent. La poudre jaune est pour le lecteur. Invitation à l'auto-suicide. Attention la revue n'est pas responsable des jeux idiots des adultes.

 

MC55.jpgPas très convaincant tout de même. MC56.jpg

 

Damie Chad.

 

 

 

 

ROCK SOUND. HS. N°8.

Juillet-Août 2004.

 

Nous avions exhumé ce vieux numéro de Rock Sound, par hasard, tombé d'une pile branlante d'archives et en écho à quelques livraisons précédentes sur le rock français, nous nous étions dit que ce ne serait pas mal de jeter un coup d'oeil sur ce numéro 100 % ROCK FRANCAIS. La nouvelle est tombée sur nos téléscripteurs – c'est ce que l'on appelle le flair – Rock Sound qui avait disparu corps et bien au tout début de l'année 2008 après presque quinze ans de présence dans les kiosques devrait réapparaître sur nos étagères préférées d'ici quelques semaines, fin mars pour être plus précis.

 

Derrière Rock Sound se profile le groupe Buzzer Press de Christophe Bonicel qui se livre à d'étranges manoeuvres éditoriales s'amusant à proposer plusieurs magazines recouvrant les mêmes courants musicaux. Ce qui se traduit immanquablement à plus ou moins longue échéance par la disparition de plusieurs titres similaires, échelonnés sur des créneaux plus ou moins grand public, au bénéfice de celui qui parvient à s'assurer de la fidélité des lecteurs. Pas obligatoirement le meilleur. Ainsi Rock One qui vise un public beaucoup plus ado avait fini par supplanter Rock Sound. Dans un tout autre genre musical Rap Mag ( chroniqué ¤ 30 ) s'est en son temps débarrassé de Groove et Radikal.

 

Drôle de tambouille ! Le lecteur innocent qui se croit maître de ses choix devrait se méfier ! Il n'y a pas que dans les studios que les requins pullulent. Au moins chez KR'TNT le lecteur ne débourse rien. A notre niveau la gratuité garantit notre indépendance économique. Ce qui ne veut pas dire que nous serions déliés de toute pesanteur idéologique ou mythomaniaque...

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Mais revenons à nos noires brebis du rock, nous voulions juste vous proposer un petit jeu en deux temps.

 

Ayez la bonté de lire très attentivement et in extenso la liste des espoirs du rock français de l'année 2004 : X Vision, Deportivo, Lazy, Marsch-mallow, Laetitia Sheriff, Dorothy Sanchez, Burning each day, Bananas at the audience, We insist!, Oiastar, Ravi, Dress for success, Kamran, Clone Inc, Force Fed, Manimal, Nine street Arago, Masnada, H3M, Sweet Apple pie, Sugar Plum Party, Playground, Sna-Fu, The Hatepinks, Noise surgery, Daria, The Elektrokution, Xnobis, Hopper, Jenx, Third Eyes Machine.

 

Très bien. Sur les trente, tous ne devaient pas être bons. Soyons en sûrs : certains étaient même très mauvais. Mais les autres, six longues années plus tard, en avez-vous jamais entendu parler ? C'est cela la misère du rock'n'roll français. Aucune répercussion dans un média d'obédience nationale. A bon entendeur salut.

 

Qui a dit que l'underground était mort ?

 

Damie Chad.

 

 

 

 

03/02/2011

KR'TNT ! ¤ 38.

 

KR'TNT ! ¤ 38

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES

A ROCK LIT PRODUCTION

04 / 02 / 2010

 

INDEX KR'TNT !

 

 

BASTON GENERAL : 2 /

BB BRUNES / 36

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 32

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36

EDDUIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELVIS PRESLEY / 29

EVAN HUNTER / 20

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36

GERARD HERZHAFT / 32 /

GOSTH HIGWAY / 25 / 26

IGGY POP / 34

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MICK FARREN / 27

NICK MORAN / 12

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

SONIC SURGEON / 28

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

VELLOCET / 16

WANDA JACKSON / 37

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

PLASTICINES : ABOUT LOVE / 36

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

TROIS / PATTI SMITH / 31

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

CROSSROADS / 33 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 /

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /

 

 

PUNK IS NOT DEAD !

PUNK ROCKERS !

 

Alain dister

vade retro 2006

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Après le punk le rock est mort. C'est moi qui vous le dis. Vous n'êtes pas obligé de me croire. D'ailleurs un bon conseil, en règle générale ne croyez en rien et surtout pas aux autres. Ce n'est pas ce qui vous rendra plus libre, tout au plus un peu moins prisonnier. De vous même. Et de vos propres mythifications. Car l'homme est une fabrique à mythes en perpétuelle évolution. C'est pour cela qu'il reste perpétuellement bloqué. Sur ses propres phantasmes auto-représentatifs. Oui je sais, ce premier paragraphe possède un chouïa de nihilisme de trop. Mais lorsque l'on parle du punk le loup de la viduité métaphysique de nos existences s'en vient hurler à la lune noire de nos illusions perdues.

 

Jouons les croquemorts jusqu'au bout. Hommage à Alain Dister, dont nous feuilletons avec négligence un des derniers ouvrages parus de son vivant. Car il a eu la mauvaise idée de glisser la clef sous le paillasson de la vie, deux ans après la sortie de son bouquin. C'est comme l'autoroute, vous avez beau filer tout droit, il y a toujours un moment où vous devez mettre les bouts et tendre vos derniers biffetons à la guérite de vos passe-droits. C'est ainsi que l'on débarrasse le tatami de la jungle de l'asphalte pour laisser la place aux petits jeunes qui ne valent guère mieux que vous... Pour vous c'est terminus tout le monde descend, mais vous pouvez compter sur l'industrie de la nostalgie qui s'empressera de refourguer vos restes au plus vite. Rien ne se perd, il suffit de changer l'emballage pour vous retrouver dans le circuit de la redistribution universelle. Et dans cette course à l'injection cyclique des souvenirs d'antan le rock'n'roll mérite ses médailles d'or.

 

Dister est né en 41, la date idéale pour prendre le rock'n'roll en pleine poire et passer sous son rouleau compresseur parmi les premiers de la liste. Il y a des gens qui ont eu la chance d'avoir quinze ans en 1956. Il n'y a rien à dire, ça aide. L'a tout compris, tout de suite le petit Alan. Si vous voulez tout voir du grand barnum-rock, faut se débrouiller pour être devant, aux premières loges. En 1966, il zone du côté de la Californie, il survit en vendant des dessins, puis comme ça prend un peu de trop de temps de chiader un crobar il passe à la photo. Il suffit d'appuyer sur le bouton. C'est plus rapide et si vous avez un brin de jugeote et le coup d'oeil ( comme celui incisif qui orne la couve du bouquin ), vous entrez partout. Comme chez vous, mais par effraction. Dès 66, il envoie ses prises de vue à Rock'n'Folk. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ses articles ne se contentent pas de recopier les clichés de tout le monde. D'abord parce qu'à mid-sixty, les bonnes plumes qui trifouillaient sur le rock, on les comptait sur les poils de la main, ensuite parce qu'il est tout de suite en phase avec la vibration électrique de l'époque.

 

Et puis Dister, il va à l'instant piger que dans le rock, le bas de l'affiche est tout aussi significatif que le haut. Il côtoie les plus grands, les vedettes, les stars, ceux qui donnent le la, mais aussi les sans grade, les anonymes, la piétaille qui se presse aux concerts... Les fans, ceux qui ne toucheront jamais une guitare de leur vie – ou alors si mal qu'ils ont préféré l'oublier – mais qui vivent le rock à toutes les minutes de leur existence. Ils écoutent rock, ils respirent rock, ils bouffent rock, ils baisent rock, mais, pachydermique nuance, ils ne consomment pas rock. Ils se contentent de le vivre par toutes les pores de leur peau, par tous les neurones de leurs cerveaux.

 

Des inadaptés sociaux en proie à une idée fixe. Une espèce de cancer auto-germinatif qui prolifère dans les sociétés péri-industrielles. Ils sont la marge et la zone. Les enfants perdus de la culture occidentale. Mais eux se vivent comme le placenta de toutes les révoltes et l'extrême urgence de toutes les outrances. Vous ferez gaffe à ne pas les confondre avec le public. Le public suit le mouvement, nos radicaux le génèrent. C'est un monstre à mille têtes qui se reproduit par parthénogenèse. Les plus débrouillards émargent à la gestion socio-économique du mouvement, ils éditent des fanzines, ils ouvrent des boutiques de disques, ils montent des concerts, ils créent des labels fantômes. Parfois même ils ne passent pas le rubicond mais la scène.

 

Peu de texte dans ce bouquin de photos. Normal, une photo qui se respecte se suffit à elle-même. Tout se passe entre l'appareil et le sujet. Rapport objectif / subjectif. Autour, tout n'est que littérature. Et le punk et la littérature ce sont tout de même des notions antinomiques. Peu de mots donc, mais qui posent les questions du punk, son origine. C'est là où Alain Dister fait fort. Il ne fait pas sortir les punks de la cuisse de Dionysos, mais de la grande Amérique. Ca se défend, même si dans notre inconscient phantasmatique l'explosion punk débute avec le no future des Pistols. Chez nos cousins Englishes.

 

Mais Dister creuse jusqu'aux racines. Nos amis les hippies seraient les parrains du punk. Nom d'un pétard ! Par quel miracle les longs cheveux des babacools auraient-ils engendré les iroquoises crêtes de nos pogoteurs en colère ? Ne vous fiez pas aux apparences, si le cuir a remplacé la veste à frange, si les colliers de perles ont cédé le pas devant les épingles à nourrice, si les beautiful people ont disparu au profit des hordes cloutées, ce n'est qu'une question d'époque. Au fond de toutes ces bigarrures plus ou moins chatoyantes l'on retrouve la même envie de se distinguer. Dans les années 60 l'on pouvait chanter l'amour libre et les fleurs psychédélices, dix années plus tard le rêve d'un monde meilleur s'est transformé en cauchemar du pire. Le shit est parti en fumée et le speed est arrivé. L'on est désenchanté de tout, du sexe, de la drogue et même du rock'n'roll.

 

Le punk est terriblement anarchisant. Dans l'âme. Mais là encore l'on ne fait qu'adapter aux circonstances présentes les vieux préceptes du do it yourself de Jerry Rubin. Ne laissez plus vos groupes préférés jouer la musique que vous écoutez. Jouez vous mêmes votre propre musique. Vous gagnerez tout le temps que vous ne perdrez pas à l'écouter. L'on assiste à une terrible inversion des valeurs de l'Amérique profonde. Ne rêvez pas de devenir par vos propres mérites l'homme que vous construirez de vos main créatrices, soyez plutôt le one-self-punk. Faites-vous crétin, puisque vous l'êtes déjà. Réalisez votre crétinerie jusqu'au bout de vos ongles sales.

 

Bien sûr l'on n'est pas passé du jour au lendemain du Grateful Dead aux Sex Pistols, entre les Amerloques ont servi la pression. MC 5, Stooges, New-Vork Dolls ont comblé les retards d'allumage du Jeferon Airplane. Z'ont méchamment fait chauffer la colle, z'ont même rajouter un peu de nitro pour que ça pète encore plus... quand les Dolls sont venus en Europe, ils ont laissé quelques relents d'énergie électrique sur les pavés... Mais c'est une autre histoire que l'on vous racontera plus tard si vous êtes sages.

 

Le livre de Dister s'auréole de deux mots magiques. Punk et rockers. Nous avons crédité les punks, occupons-nous des rockers. En fait ce sont les mêmes. Le problème c'est que la mode punk ne couvre pas son homme. La sagesse populaire nous le confirme : en avril ne nous découvrons pas d'un fil. Alors vêtez-vous d'un Tshirt déchiré en plein mois de décembre à New York, ou Newcastle-upon-Tyne. Ayant chanté tout l'été nos punks se trouvèrent fort démunis en les hivers rigoureux. A défaut de la moumoute 70 de la grande soeur dont les mites s'étaient déjà gavées, ils se jetèrent sur le chaud blouson du grand-frère, voire du papa. Que voulez-vous, le cuir c'est comme les bottes en peau de python, ça vous classe un homme. En moins de deux, le mouvement punk a revêtu les oripeaux de la fifty first rock'n'roll generation. Pour des iconoclastes censés établir la rupture, ils ont puisé dans tout ce qui les avait précédés. Jusqu'à Marty Wilde qui s'était déjà teint les cheveux en vert ! Apaches, blousons noirs, idéologiquement c'est plus porteur que peace and love.

 

Ce furent les grandes retrouvailles : The Clash interprétant Brand Nex Cadillac de Vince Taylor et Sid Vicious éructant C'mon Everybody d'Eddie Cochran. Le serpent du rock'n'roll s'est mordu la queue en ces années-là. Judas s'est embrassé lui-même. Et puis il s'est aussi trahi lui-même. Comme par hasard lorsque le punk fut noyé sous les glauques eaux de la New Wawe – les maisons de disque veillent au grain : elles veulent bien jouer aux pyromanes pour remplir leur tiroir-caisse sur un gros coup exceptionnel, mais elles n'oublient jamais que les rentrées ordinaires se font sur leurs activités de pompiers non-bénévoles - l'on s'aperçut qu'un mouvement néo-rockabilly venait de s'éveiller...

 

Pour sûr vous pouvez affiner la généalogie. Le néo-rockabilly a été initié par le mouvement rock revival qui dès 1968 refait surface aux States. Alan Dister insiste sur l'action souterraine du mouvement Beat qui a irrigué le punk américain. Ce dernier plus culturel, alors que le punk anglais aura une résonance sociale plus marquée. Nous n'avons même pas parlé du mouvement pub-rock qui fut initié par un disque des Pirates... l'ancien groupe de Johnny Kidd. Tous les chemins du rock mènent au rock'n'roll.

 

Sur ce je vous laisse feuilleter les photos d'Alain Dister. Elles sont perfecto.

 

Damie Chad.

 

Sinon tapez Alain Dister sur le net et vous arrivez sur son site. Avec un max de photos à vous rendre jaloux. Profitez-en aussi pour lire son interview Absolute beginner sur gonzai.com - ce qui, à mon humble connaissance forcément réduite et parcellaire, se fait de mieux en écriture-rock sur la toile. Attention ils ont commencé en 2007 et en sont au N° 201...

 

 

PUNK

 

SEVENTEEN RUSH

 

STEPHANE PIETRI / ALEXIS QUANLIN

 

REGINE DEFORGE. Septembre 1977.

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Regardez la date. Trente années séparent les deux parutions. Certes les photos de Dister remontent jusqu'en 1972, mais ce Punk. Seventeen rush est un document d'époque. Le premier livre – nous ne parlons ni d'articles parus dans Best ou Rock'n'Folk et autres zines destroy – mais un livre, broché. C'est Régine Deforge fidèle à sa sulfureuse réputation qui a osé. Aujourd'hui le punk a gagné ses lettres de noblesse, il est entré dans l'Histoire, mais en ces années 70 il n'est encore qu'un crachat lancé à la face du vieux monde, un opprobre ambulant pour tous les bien-pensants du système démocratique.

Mais commençons par le commencement même si c'est la fin qui est le plus intéressant. New York. Pour ne pas dire New York Dolls. Tiens ils viennent de ressortir un disque, il y a à peine quelques semaines. Un groupe essentiel. Mais quelle perte d'énergie ! Les New Yorks Dolls sont nés trop tôt. En pleine période Bowie-glam, un peu comme un tigre qui sortirait du ventre de sa maman sur la banquise. Ce n'était pas vraiment leur truc, l'outrage sex transformer. Des rockers. Des séminaux. Guitare, batterie et à fond la caisse, le programme est court mais efficace. Ils vont réveiller le rock. Qui s'alourdissait et s'embourgeoisait, le tout en même temps. Ils jouent avec l'image. Mais l'image leur va aussi bien qu'une guêpière à un guépard dans la jungle. Se sont trompés de casting. S'y sont mis dedans tous seuls. Ont voulu trafiquer avec l'époque. Un tiers d'Andy Warhol, un tiers de Jagger Stone, un tiers de l'air du temps qui passe... et ne s'arrête pas. Ne réussiront pas leur OPA sur le rock américain. Venus trop tôt, ils feront comme la première génération des pionniers, iront porter la bonne parole rock en Angleterre et en France. Leurs apparitions seront décisives. Ils ne sont pas punk, mais ils permettent au punk de se découvrir.

 

Passons sur le malheureux épisode McLaren qui se fait les dents sur leur management. Son déguisement Chine-rouge sombre très vite dans les poubelles de l'Histoire du rock. La leçon sera bonne, quand il initiera la formation des Pistols, il ira au plus classique, jeans, T shirts déchirés et Perfecto pour les jours de pluie. Des New York Dolls naîtront Heartbreakers et de cet oeuf vitriolé sortira Johnny Thunder qui viendra inscrire une des plus belles pages de l'histoire du rock français, une espèce de remake de Vince Taylor, mais en plus accéléré. Le serpent se mord la queue puisque Sylvain Sylvain le fondateur du groupe passa son enfance en France et s'éveilla au rock en écoutant... Les Chaussettes Noires.

 

Les New York Dolls c'est un peu comme les Stones au temps où ils jouaient Jumpin'Jack Flash mais qui n'auraient jamais réussi à rentrer dans le Top cent ! Très prémonitoire du pétard mouillé ( à la nitroglycérine ) punk. Mais il n'y avait pas que les NYD à la naissance du punk américain, à droite du côté de l'âne se tenaient les Ramones, à gauche il y avait Richard Hell qui tapait le boeuf avec Patti Smith. Si les premiers ramonaient sec et la ramenaient au point de départ toutes les deux minutes quinze secondes, le second c'était plutôt l'intello, le poëte un peu en avance sur son époque. Passait pas son temps devant la Télévision à suivre d'idiotes séries, lui. Théorisait un peu sa génération.

 

Accrochez votre gilet de sauvetage nous arrivons sur Londres. Beau développement sur les Pistols qui se font bouffer par leur propre image. Ont tellement joué aux voyous qu'ils sont interdits partout. Se font dépasser par le Clash qui très vite met de l'eau dans son rock ( ils irriguent au reggae ), et une flopée de groupes qui s'engouffrent dans la brèche. Les Pistols jouent franc jeu : ils crachent sur la reine mais veillent à récolter l'oseille. Il faut que le public comprenne que le rock'n'roll est une escroquerie généralisée...

 

Enfin chez nous. Pour le moment nous n'avons décrypté que la légende officielle. En France, elle prend un sacré coup. C'est la saga de toute une génération. Nous en connaissons les têtes pensantes, les journalistes flambant neufs, Alain Pacadis qui noircit les colonnes dans Libération, Yves Adrien qui punkise chez Rock'n'folk, et Patrick Eudeline le meilleur de Best. Mais ce ne sont que deux individualités parmi toute une génération. Ils ont eu l'opportunité de posséder l'arme redoutable de la communication. Ils sont les entremetteurs de tous ceux qui se pressent derrière eux.

 

Et les groupes se font et se défont à vitesse grand V, Angel Face, Guilty Razors, Stinky Toys, Asphalt Jungle, Metal Urbain, 1984 et cent autres. Un gigantesque fondu-enchaîné sans queue ni tête et totalement bordélique... Pour ma part m'ont jamais convaincu, j'ai même fait l'effort d'acheter les disques quand ils sortaient, mais c'était si loin des ricains et des anglo-saxons... En fait il fallait y être. A Paris, car ce fut le rêve cacophonique d'une élite branchée qui s'en paya une transe géante. Une espèce de parthouse géante. Avec beaucoup plus de drogue que de sexe. Une folie qui eut ses héros anonymes et ses martyrs cahotiques. Ceux qui ont survécu n'en sont jamais tout à fait revenus.

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N'ont pas eu de chance. Difficile de descendre le toboggan. De 1968 à 1977 ce fut une apothéose incessante, chaque jour nouveau vous lavait d'une inhibition séculaire, la jeunesse renouait avec les festivités païennes d'un âge antechristique, le réveil fut douloureux. Les années quatre-vingt furent un sévère rappel à l'ordre du système. Beaucoup de laissés pour compte. Faudra attendre longtemps avant que les rescapés retouchent terre. Faites un tour sur paris70.free.fr si vous ne comprenez pas. Sont en train de dresser le bilan, de recenser les vivants et les morts, d'apurer les derniers comptes.

 

L'esprit punk n'était guère entiché de nostalgie, il est vrai que trente ans après ça fait un peu mal de remuer tous ces souvenirs d'un temps révolu. Mais il faut aller de l'avant. Ce Punk Seventeen Rock est encore le meilleur antidote à tous les regrets du temps passé. Futur interdit mais rêves ouverts.

 

Damie Chad.

 

 

URGENT, CA PRESSE !

 

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PUNK RAWW. N° 16.

Juin-juillet-Août 2004.

 

Le punk n'a été qu'un feu de paille. Enlevez la poutre de votre oeil. Certes les Sex Pistols ont explosé en plein vol, et les majors se sont empressés d'émasculer la New Wave, l'on a coupé les crêtes qui dépassaient vers le haut et arraché ce qui était un peu trop couillu par en bas. Aux guerriers de la zone l'on a opposé le jeune homme moderne aux cheveux coupés, propre sur lui. Cette régression a été particulièrement sensible en France où le mouvement rock a été incapable de promouvoir ses propres structures auto-promotionnelle.

Mais la mauvaise herbe repousse toujours. Même en nos provinces lointaines les groupes punk ont commencé à pulluler comme les kangourous en Australie. De l'underground évanescent l'on est passé à l'incertaine construction d'un réseau d'autonomie semi-alternative. Les salles aléatoires de concerts se sont multipliées, une pépinière de fanzines plus ou moins gratuits ont porté à bout de bras un mouvement de révolte dans l'âme trop anarchisante pour avoir l'honneur d'accéder aux médias nationaux. Punk Rawk est né de ce terreau.

 

Punk Rawk a aujourd'hui disparu. La revue a connu son heure de gloire. Elle a tiré jusqu'à trente mille exemplaires. Punk Rawk n'était pas un fanzine agrafé à va-vite. Une véritable revue, appartenant à un groupe de presse qui fera faillite mais le titre sera racheté par Cyberg Press Publissching S. A. ...qui sera mis en liquidation judiciaire en 2008. Ce sera la mise à mort de Punk Rawk mais son grand frère Rock Sound est encore dans les kiosques de la grande distribution. Punk Rawk, victime de la rentabilisation à outrance de notre société libérale, c'est un peu dans l'ordre des choses. Lorsque le chiffre d'affaire baisse ce sont les vilains petits canards aux cris discordants à qui l'on tord le cou en premier.

 

Quoi qu'il en soit Punk Rawk était une bonne revue, Frank Frejnik son rédac chef n'était pas le premier imbécile venu, le journal avait de la gueule et les chroniques étaient pointues : qui peut me parler à la minute de Zeke, de Pulley, de Leptik Ficus, de Jabul Gorba ? Ne trichez pas, n'allez pas surfer sur My Space ou consorts, toutes ces pages très souvent en déshérence vous fileront le bourdon.

 

Et puis, mine de rien Punk Rawk ne mettait pas son mouchoir sur l'esprit du punk et posait les questions qui fâchent : celles sur la dérive du continent du genre : le punk peut-il être de droite ? Jusqu'où l'esprit de sédition peut-il tourner sa casaque ? Cruciales interrogations sur lesquelles le rock se hâte très souvent de faire l'impasse. C'est qu'entre récupération et institutionnalisation la passe est étroite. En étant dépendant de structures de distribution à buts lucratifs la révolte punk-rock – depuis le tout début, depuis 1956 – joue un jeu dangereux. Plaisir du sexe et économie prostitutive fricotent souvent ensemble. Mais qui se fait baiser en bout de chaîne ?

 

L'aventure Punk Rawk est terminée. Je ne vais pas vous faire le coup des meilleurs qui partent les premiers. No more heroes comme disaient les Stranglers. Peut-être, mais en attendant une improbable résurrection, si au détour d'une quelconque brocante, vous mettez la main sur quelques spécimens, prenez en toute confiance. Ce n'est pas de l'or en barre, mais de la bave de punk. Et ça vaut son pesant de glaviots.

 

Damie Chad.

 

LOOK BOOK

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IN THE GUTTER. VAL HENNESSY.

Quartet Division. 1978. Printed in Great Britain.

 

Le pendant de notre Punk Seventeen Rush, mais déjà en plus institutionalisé. Val Henessy présentait en 1978 ( ! ) une émission télé sur le punk. Sur ATV, OK ce n'est pas la BBC, mais enfin. Beaucoup de photos de Michael Haines, en noir et blanc ça s'impose parce malgré son goût dévoyé pour le fluo le punk n'a jamais été très pink. Thunderbird, oui.

 

Mais c'est le texte qui est beaucoup plus voyeur que les photos. Nettement moins fortes que celles de Dister. Val Hennessy c'est le Monsieur Loyal du punk, suivez-moi dans la galerie des monstres. Je vous préviens, ils ne respectent rien. Pissent même sur la statue de Mick Jagger. Petit côté reportage à la Paris-Match chez les Hell Angels. Regardez comme nous sommes courageux. Nous sommes prêts à tout pour vous informer. Même à barboter nos chaussures cirées dans l'extrême fange du ruisseau. Ne pas confondre avec Jack London qui visite les slums. Val Hennessy ne dénonce pas la misère. Il se contente de commenter le mauvais goût de ceux qui pervertissent la société du spectacle en mettant en scène l'horreur de la ségrégation sociale.

 

Récupération médiatique et marchande qui s'installe sur un créneau porteur. Mais rassure-vous, ça ne durera pas longtemps. Encore six mois et les oubliettes sociologiques recouvriront ces incongruités vestimentaires. Attention, ce monsieur ne cherche pas à profiter du Système – une des démarches punk qui s'est vite révélé illusoire, les punks ont davantage émargé à la colonne pertes que profits – il est un des rouages du Système, chargé de digérer les grains de sable à qui l'on donne l'illusion qu'ils pourraient abîmer le grand engrenage généralisé. Médaille en chocolat virtuelle que les crétins de base accrocheront sur le col de leur perfecto. Icônisation de votre propre image afin que vous vous perdiez dans votre propre adoration.

 

Mais tout le monde le sait : l'icône déconne.

 

Damie Chad.