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03/02/2011

KR'TNT ! ¤ 38.

 

KR'TNT ! ¤ 38

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES

A ROCK LIT PRODUCTION

04 / 02 / 2010

 

INDEX KR'TNT !

 

 

BASTON GENERAL : 2 /

BB BRUNES / 36

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 32

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36

EDDUIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELVIS PRESLEY / 29

EVAN HUNTER / 20

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36

GERARD HERZHAFT / 32 /

GOSTH HIGWAY / 25 / 26

IGGY POP / 34

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MICK FARREN / 27

NICK MORAN / 12

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

SONIC SURGEON / 28

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

VELLOCET / 16

WANDA JACKSON / 37

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

PLASTICINES : ABOUT LOVE / 36

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

TROIS / PATTI SMITH / 31

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

CROSSROADS / 33 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 /

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /

 

 

PUNK IS NOT DEAD !

PUNK ROCKERS !

 

Alain dister

vade retro 2006

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Après le punk le rock est mort. C'est moi qui vous le dis. Vous n'êtes pas obligé de me croire. D'ailleurs un bon conseil, en règle générale ne croyez en rien et surtout pas aux autres. Ce n'est pas ce qui vous rendra plus libre, tout au plus un peu moins prisonnier. De vous même. Et de vos propres mythifications. Car l'homme est une fabrique à mythes en perpétuelle évolution. C'est pour cela qu'il reste perpétuellement bloqué. Sur ses propres phantasmes auto-représentatifs. Oui je sais, ce premier paragraphe possède un chouïa de nihilisme de trop. Mais lorsque l'on parle du punk le loup de la viduité métaphysique de nos existences s'en vient hurler à la lune noire de nos illusions perdues.

 

Jouons les croquemorts jusqu'au bout. Hommage à Alain Dister, dont nous feuilletons avec négligence un des derniers ouvrages parus de son vivant. Car il a eu la mauvaise idée de glisser la clef sous le paillasson de la vie, deux ans après la sortie de son bouquin. C'est comme l'autoroute, vous avez beau filer tout droit, il y a toujours un moment où vous devez mettre les bouts et tendre vos derniers biffetons à la guérite de vos passe-droits. C'est ainsi que l'on débarrasse le tatami de la jungle de l'asphalte pour laisser la place aux petits jeunes qui ne valent guère mieux que vous... Pour vous c'est terminus tout le monde descend, mais vous pouvez compter sur l'industrie de la nostalgie qui s'empressera de refourguer vos restes au plus vite. Rien ne se perd, il suffit de changer l'emballage pour vous retrouver dans le circuit de la redistribution universelle. Et dans cette course à l'injection cyclique des souvenirs d'antan le rock'n'roll mérite ses médailles d'or.

 

Dister est né en 41, la date idéale pour prendre le rock'n'roll en pleine poire et passer sous son rouleau compresseur parmi les premiers de la liste. Il y a des gens qui ont eu la chance d'avoir quinze ans en 1956. Il n'y a rien à dire, ça aide. L'a tout compris, tout de suite le petit Alan. Si vous voulez tout voir du grand barnum-rock, faut se débrouiller pour être devant, aux premières loges. En 1966, il zone du côté de la Californie, il survit en vendant des dessins, puis comme ça prend un peu de trop de temps de chiader un crobar il passe à la photo. Il suffit d'appuyer sur le bouton. C'est plus rapide et si vous avez un brin de jugeote et le coup d'oeil ( comme celui incisif qui orne la couve du bouquin ), vous entrez partout. Comme chez vous, mais par effraction. Dès 66, il envoie ses prises de vue à Rock'n'Folk. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ses articles ne se contentent pas de recopier les clichés de tout le monde. D'abord parce qu'à mid-sixty, les bonnes plumes qui trifouillaient sur le rock, on les comptait sur les poils de la main, ensuite parce qu'il est tout de suite en phase avec la vibration électrique de l'époque.

 

Et puis Dister, il va à l'instant piger que dans le rock, le bas de l'affiche est tout aussi significatif que le haut. Il côtoie les plus grands, les vedettes, les stars, ceux qui donnent le la, mais aussi les sans grade, les anonymes, la piétaille qui se presse aux concerts... Les fans, ceux qui ne toucheront jamais une guitare de leur vie – ou alors si mal qu'ils ont préféré l'oublier – mais qui vivent le rock à toutes les minutes de leur existence. Ils écoutent rock, ils respirent rock, ils bouffent rock, ils baisent rock, mais, pachydermique nuance, ils ne consomment pas rock. Ils se contentent de le vivre par toutes les pores de leur peau, par tous les neurones de leurs cerveaux.

 

Des inadaptés sociaux en proie à une idée fixe. Une espèce de cancer auto-germinatif qui prolifère dans les sociétés péri-industrielles. Ils sont la marge et la zone. Les enfants perdus de la culture occidentale. Mais eux se vivent comme le placenta de toutes les révoltes et l'extrême urgence de toutes les outrances. Vous ferez gaffe à ne pas les confondre avec le public. Le public suit le mouvement, nos radicaux le génèrent. C'est un monstre à mille têtes qui se reproduit par parthénogenèse. Les plus débrouillards émargent à la gestion socio-économique du mouvement, ils éditent des fanzines, ils ouvrent des boutiques de disques, ils montent des concerts, ils créent des labels fantômes. Parfois même ils ne passent pas le rubicond mais la scène.

 

Peu de texte dans ce bouquin de photos. Normal, une photo qui se respecte se suffit à elle-même. Tout se passe entre l'appareil et le sujet. Rapport objectif / subjectif. Autour, tout n'est que littérature. Et le punk et la littérature ce sont tout de même des notions antinomiques. Peu de mots donc, mais qui posent les questions du punk, son origine. C'est là où Alain Dister fait fort. Il ne fait pas sortir les punks de la cuisse de Dionysos, mais de la grande Amérique. Ca se défend, même si dans notre inconscient phantasmatique l'explosion punk débute avec le no future des Pistols. Chez nos cousins Englishes.

 

Mais Dister creuse jusqu'aux racines. Nos amis les hippies seraient les parrains du punk. Nom d'un pétard ! Par quel miracle les longs cheveux des babacools auraient-ils engendré les iroquoises crêtes de nos pogoteurs en colère ? Ne vous fiez pas aux apparences, si le cuir a remplacé la veste à frange, si les colliers de perles ont cédé le pas devant les épingles à nourrice, si les beautiful people ont disparu au profit des hordes cloutées, ce n'est qu'une question d'époque. Au fond de toutes ces bigarrures plus ou moins chatoyantes l'on retrouve la même envie de se distinguer. Dans les années 60 l'on pouvait chanter l'amour libre et les fleurs psychédélices, dix années plus tard le rêve d'un monde meilleur s'est transformé en cauchemar du pire. Le shit est parti en fumée et le speed est arrivé. L'on est désenchanté de tout, du sexe, de la drogue et même du rock'n'roll.

 

Le punk est terriblement anarchisant. Dans l'âme. Mais là encore l'on ne fait qu'adapter aux circonstances présentes les vieux préceptes du do it yourself de Jerry Rubin. Ne laissez plus vos groupes préférés jouer la musique que vous écoutez. Jouez vous mêmes votre propre musique. Vous gagnerez tout le temps que vous ne perdrez pas à l'écouter. L'on assiste à une terrible inversion des valeurs de l'Amérique profonde. Ne rêvez pas de devenir par vos propres mérites l'homme que vous construirez de vos main créatrices, soyez plutôt le one-self-punk. Faites-vous crétin, puisque vous l'êtes déjà. Réalisez votre crétinerie jusqu'au bout de vos ongles sales.

 

Bien sûr l'on n'est pas passé du jour au lendemain du Grateful Dead aux Sex Pistols, entre les Amerloques ont servi la pression. MC 5, Stooges, New-Vork Dolls ont comblé les retards d'allumage du Jeferon Airplane. Z'ont méchamment fait chauffer la colle, z'ont même rajouter un peu de nitro pour que ça pète encore plus... quand les Dolls sont venus en Europe, ils ont laissé quelques relents d'énergie électrique sur les pavés... Mais c'est une autre histoire que l'on vous racontera plus tard si vous êtes sages.

 

Le livre de Dister s'auréole de deux mots magiques. Punk et rockers. Nous avons crédité les punks, occupons-nous des rockers. En fait ce sont les mêmes. Le problème c'est que la mode punk ne couvre pas son homme. La sagesse populaire nous le confirme : en avril ne nous découvrons pas d'un fil. Alors vêtez-vous d'un Tshirt déchiré en plein mois de décembre à New York, ou Newcastle-upon-Tyne. Ayant chanté tout l'été nos punks se trouvèrent fort démunis en les hivers rigoureux. A défaut de la moumoute 70 de la grande soeur dont les mites s'étaient déjà gavées, ils se jetèrent sur le chaud blouson du grand-frère, voire du papa. Que voulez-vous, le cuir c'est comme les bottes en peau de python, ça vous classe un homme. En moins de deux, le mouvement punk a revêtu les oripeaux de la fifty first rock'n'roll generation. Pour des iconoclastes censés établir la rupture, ils ont puisé dans tout ce qui les avait précédés. Jusqu'à Marty Wilde qui s'était déjà teint les cheveux en vert ! Apaches, blousons noirs, idéologiquement c'est plus porteur que peace and love.

 

Ce furent les grandes retrouvailles : The Clash interprétant Brand Nex Cadillac de Vince Taylor et Sid Vicious éructant C'mon Everybody d'Eddie Cochran. Le serpent du rock'n'roll s'est mordu la queue en ces années-là. Judas s'est embrassé lui-même. Et puis il s'est aussi trahi lui-même. Comme par hasard lorsque le punk fut noyé sous les glauques eaux de la New Wawe – les maisons de disque veillent au grain : elles veulent bien jouer aux pyromanes pour remplir leur tiroir-caisse sur un gros coup exceptionnel, mais elles n'oublient jamais que les rentrées ordinaires se font sur leurs activités de pompiers non-bénévoles - l'on s'aperçut qu'un mouvement néo-rockabilly venait de s'éveiller...

 

Pour sûr vous pouvez affiner la généalogie. Le néo-rockabilly a été initié par le mouvement rock revival qui dès 1968 refait surface aux States. Alan Dister insiste sur l'action souterraine du mouvement Beat qui a irrigué le punk américain. Ce dernier plus culturel, alors que le punk anglais aura une résonance sociale plus marquée. Nous n'avons même pas parlé du mouvement pub-rock qui fut initié par un disque des Pirates... l'ancien groupe de Johnny Kidd. Tous les chemins du rock mènent au rock'n'roll.

 

Sur ce je vous laisse feuilleter les photos d'Alain Dister. Elles sont perfecto.

 

Damie Chad.

 

Sinon tapez Alain Dister sur le net et vous arrivez sur son site. Avec un max de photos à vous rendre jaloux. Profitez-en aussi pour lire son interview Absolute beginner sur gonzai.com - ce qui, à mon humble connaissance forcément réduite et parcellaire, se fait de mieux en écriture-rock sur la toile. Attention ils ont commencé en 2007 et en sont au N° 201...

 

 

PUNK

 

SEVENTEEN RUSH

 

STEPHANE PIETRI / ALEXIS QUANLIN

 

REGINE DEFORGE. Septembre 1977.

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Regardez la date. Trente années séparent les deux parutions. Certes les photos de Dister remontent jusqu'en 1972, mais ce Punk. Seventeen rush est un document d'époque. Le premier livre – nous ne parlons ni d'articles parus dans Best ou Rock'n'Folk et autres zines destroy – mais un livre, broché. C'est Régine Deforge fidèle à sa sulfureuse réputation qui a osé. Aujourd'hui le punk a gagné ses lettres de noblesse, il est entré dans l'Histoire, mais en ces années 70 il n'est encore qu'un crachat lancé à la face du vieux monde, un opprobre ambulant pour tous les bien-pensants du système démocratique.

Mais commençons par le commencement même si c'est la fin qui est le plus intéressant. New York. Pour ne pas dire New York Dolls. Tiens ils viennent de ressortir un disque, il y a à peine quelques semaines. Un groupe essentiel. Mais quelle perte d'énergie ! Les New Yorks Dolls sont nés trop tôt. En pleine période Bowie-glam, un peu comme un tigre qui sortirait du ventre de sa maman sur la banquise. Ce n'était pas vraiment leur truc, l'outrage sex transformer. Des rockers. Des séminaux. Guitare, batterie et à fond la caisse, le programme est court mais efficace. Ils vont réveiller le rock. Qui s'alourdissait et s'embourgeoisait, le tout en même temps. Ils jouent avec l'image. Mais l'image leur va aussi bien qu'une guêpière à un guépard dans la jungle. Se sont trompés de casting. S'y sont mis dedans tous seuls. Ont voulu trafiquer avec l'époque. Un tiers d'Andy Warhol, un tiers de Jagger Stone, un tiers de l'air du temps qui passe... et ne s'arrête pas. Ne réussiront pas leur OPA sur le rock américain. Venus trop tôt, ils feront comme la première génération des pionniers, iront porter la bonne parole rock en Angleterre et en France. Leurs apparitions seront décisives. Ils ne sont pas punk, mais ils permettent au punk de se découvrir.

 

Passons sur le malheureux épisode McLaren qui se fait les dents sur leur management. Son déguisement Chine-rouge sombre très vite dans les poubelles de l'Histoire du rock. La leçon sera bonne, quand il initiera la formation des Pistols, il ira au plus classique, jeans, T shirts déchirés et Perfecto pour les jours de pluie. Des New York Dolls naîtront Heartbreakers et de cet oeuf vitriolé sortira Johnny Thunder qui viendra inscrire une des plus belles pages de l'histoire du rock français, une espèce de remake de Vince Taylor, mais en plus accéléré. Le serpent se mord la queue puisque Sylvain Sylvain le fondateur du groupe passa son enfance en France et s'éveilla au rock en écoutant... Les Chaussettes Noires.

 

Les New York Dolls c'est un peu comme les Stones au temps où ils jouaient Jumpin'Jack Flash mais qui n'auraient jamais réussi à rentrer dans le Top cent ! Très prémonitoire du pétard mouillé ( à la nitroglycérine ) punk. Mais il n'y avait pas que les NYD à la naissance du punk américain, à droite du côté de l'âne se tenaient les Ramones, à gauche il y avait Richard Hell qui tapait le boeuf avec Patti Smith. Si les premiers ramonaient sec et la ramenaient au point de départ toutes les deux minutes quinze secondes, le second c'était plutôt l'intello, le poëte un peu en avance sur son époque. Passait pas son temps devant la Télévision à suivre d'idiotes séries, lui. Théorisait un peu sa génération.

 

Accrochez votre gilet de sauvetage nous arrivons sur Londres. Beau développement sur les Pistols qui se font bouffer par leur propre image. Ont tellement joué aux voyous qu'ils sont interdits partout. Se font dépasser par le Clash qui très vite met de l'eau dans son rock ( ils irriguent au reggae ), et une flopée de groupes qui s'engouffrent dans la brèche. Les Pistols jouent franc jeu : ils crachent sur la reine mais veillent à récolter l'oseille. Il faut que le public comprenne que le rock'n'roll est une escroquerie généralisée...

 

Enfin chez nous. Pour le moment nous n'avons décrypté que la légende officielle. En France, elle prend un sacré coup. C'est la saga de toute une génération. Nous en connaissons les têtes pensantes, les journalistes flambant neufs, Alain Pacadis qui noircit les colonnes dans Libération, Yves Adrien qui punkise chez Rock'n'folk, et Patrick Eudeline le meilleur de Best. Mais ce ne sont que deux individualités parmi toute une génération. Ils ont eu l'opportunité de posséder l'arme redoutable de la communication. Ils sont les entremetteurs de tous ceux qui se pressent derrière eux.

 

Et les groupes se font et se défont à vitesse grand V, Angel Face, Guilty Razors, Stinky Toys, Asphalt Jungle, Metal Urbain, 1984 et cent autres. Un gigantesque fondu-enchaîné sans queue ni tête et totalement bordélique... Pour ma part m'ont jamais convaincu, j'ai même fait l'effort d'acheter les disques quand ils sortaient, mais c'était si loin des ricains et des anglo-saxons... En fait il fallait y être. A Paris, car ce fut le rêve cacophonique d'une élite branchée qui s'en paya une transe géante. Une espèce de parthouse géante. Avec beaucoup plus de drogue que de sexe. Une folie qui eut ses héros anonymes et ses martyrs cahotiques. Ceux qui ont survécu n'en sont jamais tout à fait revenus.

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N'ont pas eu de chance. Difficile de descendre le toboggan. De 1968 à 1977 ce fut une apothéose incessante, chaque jour nouveau vous lavait d'une inhibition séculaire, la jeunesse renouait avec les festivités païennes d'un âge antechristique, le réveil fut douloureux. Les années quatre-vingt furent un sévère rappel à l'ordre du système. Beaucoup de laissés pour compte. Faudra attendre longtemps avant que les rescapés retouchent terre. Faites un tour sur paris70.free.fr si vous ne comprenez pas. Sont en train de dresser le bilan, de recenser les vivants et les morts, d'apurer les derniers comptes.

 

L'esprit punk n'était guère entiché de nostalgie, il est vrai que trente ans après ça fait un peu mal de remuer tous ces souvenirs d'un temps révolu. Mais il faut aller de l'avant. Ce Punk Seventeen Rock est encore le meilleur antidote à tous les regrets du temps passé. Futur interdit mais rêves ouverts.

 

Damie Chad.

 

 

URGENT, CA PRESSE !

 

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PUNK RAWW. N° 16.

Juin-juillet-Août 2004.

 

Le punk n'a été qu'un feu de paille. Enlevez la poutre de votre oeil. Certes les Sex Pistols ont explosé en plein vol, et les majors se sont empressés d'émasculer la New Wave, l'on a coupé les crêtes qui dépassaient vers le haut et arraché ce qui était un peu trop couillu par en bas. Aux guerriers de la zone l'on a opposé le jeune homme moderne aux cheveux coupés, propre sur lui. Cette régression a été particulièrement sensible en France où le mouvement rock a été incapable de promouvoir ses propres structures auto-promotionnelle.

Mais la mauvaise herbe repousse toujours. Même en nos provinces lointaines les groupes punk ont commencé à pulluler comme les kangourous en Australie. De l'underground évanescent l'on est passé à l'incertaine construction d'un réseau d'autonomie semi-alternative. Les salles aléatoires de concerts se sont multipliées, une pépinière de fanzines plus ou moins gratuits ont porté à bout de bras un mouvement de révolte dans l'âme trop anarchisante pour avoir l'honneur d'accéder aux médias nationaux. Punk Rawk est né de ce terreau.

 

Punk Rawk a aujourd'hui disparu. La revue a connu son heure de gloire. Elle a tiré jusqu'à trente mille exemplaires. Punk Rawk n'était pas un fanzine agrafé à va-vite. Une véritable revue, appartenant à un groupe de presse qui fera faillite mais le titre sera racheté par Cyberg Press Publissching S. A. ...qui sera mis en liquidation judiciaire en 2008. Ce sera la mise à mort de Punk Rawk mais son grand frère Rock Sound est encore dans les kiosques de la grande distribution. Punk Rawk, victime de la rentabilisation à outrance de notre société libérale, c'est un peu dans l'ordre des choses. Lorsque le chiffre d'affaire baisse ce sont les vilains petits canards aux cris discordants à qui l'on tord le cou en premier.

 

Quoi qu'il en soit Punk Rawk était une bonne revue, Frank Frejnik son rédac chef n'était pas le premier imbécile venu, le journal avait de la gueule et les chroniques étaient pointues : qui peut me parler à la minute de Zeke, de Pulley, de Leptik Ficus, de Jabul Gorba ? Ne trichez pas, n'allez pas surfer sur My Space ou consorts, toutes ces pages très souvent en déshérence vous fileront le bourdon.

 

Et puis, mine de rien Punk Rawk ne mettait pas son mouchoir sur l'esprit du punk et posait les questions qui fâchent : celles sur la dérive du continent du genre : le punk peut-il être de droite ? Jusqu'où l'esprit de sédition peut-il tourner sa casaque ? Cruciales interrogations sur lesquelles le rock se hâte très souvent de faire l'impasse. C'est qu'entre récupération et institutionnalisation la passe est étroite. En étant dépendant de structures de distribution à buts lucratifs la révolte punk-rock – depuis le tout début, depuis 1956 – joue un jeu dangereux. Plaisir du sexe et économie prostitutive fricotent souvent ensemble. Mais qui se fait baiser en bout de chaîne ?

 

L'aventure Punk Rawk est terminée. Je ne vais pas vous faire le coup des meilleurs qui partent les premiers. No more heroes comme disaient les Stranglers. Peut-être, mais en attendant une improbable résurrection, si au détour d'une quelconque brocante, vous mettez la main sur quelques spécimens, prenez en toute confiance. Ce n'est pas de l'or en barre, mais de la bave de punk. Et ça vaut son pesant de glaviots.

 

Damie Chad.

 

LOOK BOOK

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IN THE GUTTER. VAL HENNESSY.

Quartet Division. 1978. Printed in Great Britain.

 

Le pendant de notre Punk Seventeen Rush, mais déjà en plus institutionalisé. Val Henessy présentait en 1978 ( ! ) une émission télé sur le punk. Sur ATV, OK ce n'est pas la BBC, mais enfin. Beaucoup de photos de Michael Haines, en noir et blanc ça s'impose parce malgré son goût dévoyé pour le fluo le punk n'a jamais été très pink. Thunderbird, oui.

 

Mais c'est le texte qui est beaucoup plus voyeur que les photos. Nettement moins fortes que celles de Dister. Val Hennessy c'est le Monsieur Loyal du punk, suivez-moi dans la galerie des monstres. Je vous préviens, ils ne respectent rien. Pissent même sur la statue de Mick Jagger. Petit côté reportage à la Paris-Match chez les Hell Angels. Regardez comme nous sommes courageux. Nous sommes prêts à tout pour vous informer. Même à barboter nos chaussures cirées dans l'extrême fange du ruisseau. Ne pas confondre avec Jack London qui visite les slums. Val Hennessy ne dénonce pas la misère. Il se contente de commenter le mauvais goût de ceux qui pervertissent la société du spectacle en mettant en scène l'horreur de la ségrégation sociale.

 

Récupération médiatique et marchande qui s'installe sur un créneau porteur. Mais rassure-vous, ça ne durera pas longtemps. Encore six mois et les oubliettes sociologiques recouvriront ces incongruités vestimentaires. Attention, ce monsieur ne cherche pas à profiter du Système – une des démarches punk qui s'est vite révélé illusoire, les punks ont davantage émargé à la colonne pertes que profits – il est un des rouages du Système, chargé de digérer les grains de sable à qui l'on donne l'illusion qu'ils pourraient abîmer le grand engrenage généralisé. Médaille en chocolat virtuelle que les crétins de base accrocheront sur le col de leur perfecto. Icônisation de votre propre image afin que vous vous perdiez dans votre propre adoration.

 

Mais tout le monde le sait : l'icône déconne.

 

Damie Chad.

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