23/06/2011
KR'TNT ! ¤ 58. ROCK FRANCAIS / ARCHIVES EDDIE COCHRAN
KR'TNT ! ¤ 58
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
23 / 06 / 2010
TV SCHOW !
L'on ne va pas dire que chez KR'TNT l'on possède une longueur d'avance mais enfin les faits et les dates parlent pour nous... Depuis le temps que l'on vous cause des GHOST HIGHWAY, ben le fantôme de l'autoroute s'est matérialisé en chair et en os sur votre écran télé. C'était le 21 juin au JJDA, le Jacky Journal D'Aujourd'hui sur IDF1. Inutile de vous lamenter si vous l'avez raté, c'est déjà sur You Tube.
Pour les CAPITOL'S, voir notre compte-rendu, livraison 53, de Rockxerre Gomina, sont passés sur le Journal de 13 heures de TF1, Répète, concert, banane, interview, pochettes de Gene Vincent, la totale. Visiter le site de la chaîne pour visionner le reportage.Y aurait-il comme une brise rockabilly qui soufflerait assez fort pour intéresser nos médias ?
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FANTÔMES DU ROCK FRANCAIS
VINGT ANS DE ROCK FRANCAIS
CHRISTIAN VICTOR / JULIEN REGOLI
ROCK & FOLK / ALBIN MICHEL
OCTOBRE 1978
Pas encore alzheimer mais j'avais totalement oublié cet opus. L'a surgi inopinément d'un carton que j'ouvrais dans l'espoir d'y retrouver l'autobiographie de Vince Taylor. Me rappelais même plus qu'il ait existé. C'est en le feuilletant que des bribes de souvenirs de lecture me sont revenues. Vingt ans de rock, un beau morceau, mais depuis la confection du book, il y en a plus de trente qui se sont rajoutées.
78, diable ça fait un bail ! Et avant, en tant qu'ouvrage collectif traitant de la même matière je ne vois que Spécial Pop paru en 67, dix ans auparavant mais dont je garde une mémoire beaucoup plus vive. Je vous le présenterai dans une prochaine livraison. 78, ce n'est pas un hasard si un éditeur a pris le risque de lancer un tel ouvrage sur le marché. Même avec la caution Rock & Folk, ce n'était pas gagné d'avance. En ces années-là le public national était convaincu que l'expression oxymorique Rock Français prêtait autant à rire que l'AOC Camembert Chinois.
FANTÔME 1
Pourtant le millésime 78 s'inscrit dans une des périodes les plus chaudes du rock hexagonal. Le nom de Julien Regoli ne vous dit peut-être plus rien. C'est normal et c'est dommage. Julien Regoli a cassé non pas sa pipe – puisqu'il ne fumait pas – mais son foie cancéreux le 27 mars 1988. Ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux même s'il ne l'a pas fait exprès. Avant cet acte irrémédiable, il en avait commis d'autres, comme d'être le guitariste du premier groupe punk, Angel Face – un nom qui fleure bon son Blueberry – électrique à la Stooge, vous entrevoyez les dégâts.
L'était aussi le compagnon de plume d'un certain Yves Punk Adrien. Celui qui inventa en France le concept de punkitude quatre ans avant la naissance du punk en Angleterre. Les colonnes de Rock & Folk en témoignent. Mais lorsque Julien Regoli passe la guitare à gauche, il y a dix ans que Yves Adrien a délaissé le stylo. Non seulement la mort de Julien ne fait pas rigoler notre rock critic encalaminé, mais elle joue un rôle de déclenchement. Le temps perdu ne se rattrapant jamais Yves Adrien redevient polygraphe. Un peu déchiré, néo catho et royaliste revival ! Les mauvaises langues et les connaisseurs assureront qu'il s'inspire pour son retour littéraire d'un peu trop près de l'oeuvre romanesque de Jean Parvulesco mais il n'y a que ceux qui détiennent les richesses intérieures qui sachent voler à bon escient. Les pauvres d'esprit restent stupidement honnêtes.
Si Julien Regoli cosigne ces 20 ans de Rock Français, Hervé Regoli , qui fait beaucoup pour perpétuer la présence de son frère, abandonne l'entière paternité de la rédaction du livre à Christian Victor. Les habitués de Jukeboxe magazine feront tout de suite le lien avec un des rédacteurs les plus pointilleux de la revue. Ce qui est certain, c'est que les rares articles rédigés par Julien Regoli que l'on peut trouver sur le net témoignent d'une écriture de forte densité littéraire. Que Julien ait répugné au dernier moment à adopter un style de froide objectivité factuelle nécessairement un peu plat ne nous étonne pas.
Les morts nous échappent toujours. Deux ans avant de s'éteindre, Julien Regoli et son frère Pascal s'en vont tourner avec Luc Lagarde un film sur François Augiéras. Enquête sur les lieux et les témoins de son existence. Non ce n'est pas un rocker mais un écrivain qui brûla sa vie au plus près de sa part animale. Une vie très rock'n'roll, dont une grande partie passée dans une grotte... Une espèce de folkleux radical en quelque sorte. Un écolo avant l'heure ( il disparut en 1952 ) qui avait compris que la nature qu'il fallait sauvegarder de la grande catastrophe, n'était pas celle des arbres et des champs mais notre originelle condition qu'il fallait préserver de toute pollution par trop humaine.
Regoli, Adrien, Eudeline, Pacadis, si le rock français a obtenu voix au chapitre au milieu des seventies c'est beaucoup grâce au talent de ces chroniqueurs de l'ombre. Pour la petite histoire, et pour montrer que le monde est beaucoup plus petit qu'on ne le croit, Marc-Louis Questin dont nous présentions dans notre dernière livraison la vampirique anthologie, était très proche d'Alain Pacadis.
De tous ses amis Julien Regoli fut peut-être celui qui fut le plus en recherche d'une certaine pureté existentielle. La lumière des êtres et du soleil lui semblait toujours sujette à un plus grand raffinement. Sans doute avait-il du mal à vivre la simplicité de la vie. La mort ne lui en fut pas pour cela plus douce. Même s'il la sécréta de l'intérieur de lui-même. Vous trouverez un beau texte, très pudique de Luc Lagarde ( tapez Luc Lagarde Julien Regoli sur le net, vous dénicherez même le film sur Augiéras tourné par les trois complices. ) sur son ami.
Ce fantôme 1, pour tous ceux qui ont compris que le rock est au-delà de la musique. Qu'il est aussi une implication métaphysique de l'existence.
FANTÔMES 2
Ceux-là sont plus classiques. Mais ils n'ont pas été rangés bêtement par ordre alphabétique. Le livre suit la temporalité chronologique mais a su ménager des regroupements qui sont autant de lignes de forces dont la mise à jour trahit une longue réflexion. Autant les notes et souvent de simples notules qui n'excèdent pas dix lignes nous laissent souvent sur notre faim – surtout quand on connaît la fin ou la suite, je pense encore à Vince Taylor et par exemple à Téléphone qui en sont encore à gueuler dans l'hygiaphone et qui « ont quelques chances de s'imposer à un large public » - autant les textes introductifs des différentes parties foisonnent de pertinentes analyses.
Le livre est somme toute assez court. Avec en plus des photos qui mangent beaucoup d'espace. Pas de couleur. Mais pas de noir et blanc, non plus. Comprenez une reproduction bon marché qui tire dans les gris passe-partout. Pour l'esthétique c'est raté ! Cent cinquante pages. Mais le phénomène rock français n'a-t-il pas depuis ses débuts en douce terres françoises été toujours quelque peu minoritaire et marginal ?
Mais un certain courage. Non pas celui de dire la vérité – dont personne n'a su ce qu'elle était au juste – mais de refléter la réalité. Nous sommes en 1978, depuis 69 en France, question rock, le grand public qui se veut averti ne jure que par ce qu'il connaît. Au mieux, ses connaissances remontent jusqu'au Satisfaction des Stones et le revolver des Beatles. L'on se bouche dédaigneusement les oreilles lorsque l'on entend Hallyday, Mitchell et Rivers.
Manque de chance, la moitié du livre est exclusivement consacrée à nos early sixties. Danyel Gérard, Claude Piron, Gabriel Dalar, Richard Anthony, en hors d'oeuvre. Il est vrai que l'on a commencé petit. Et puis le Golf Drouot, Salut les Copains dès 1959, Johnny en 60, les festivals internationaux du rock'n'roll, les Chaussettes Noires, les Chats, Vince ( encore et toujours ), les Pirates, Danny boy, les Vautours, les Fantômes, les Champions, les Pingouins, Long Chris, Rocky Volcano... je n'insiste pas, soit l'on en a déjà parlé, soit l'on en parlera.
L'apocalypse se termine le 22 juin 1963 – j'écris ceci le 22 juin 2011 ! - avec les 150 000 jeunes réunis par Europe 1 à la Nation pour sagement écouter leurs idoles... C'est la décrue. 3000 groupes en 1961, 5000 en 1962, 1000 en 1963. Le fruit était miné de l'intérieur. Et le ver venait de loin. Des USA, et de l'Angleterre. Du rock'n'roll l'on était passé au twist, et en France l'on a rajouté une couche, les yé-yé. L'on a coupé les routes du rock. Quasi définitivement.
Et le combat cessa faute de combattants. Nous avons déjà consacré une livraison à Ronnie Bird et Noël Deschamps qui de 1964 à 1968, tentèrent de mener la résistance, mais ils furent emportés par le tsumani variétoche qui déferla sur les ondes... Certains ne furent pas frappés mais ils en moururent tous.
Être amateur de rock en France n'a jamais été une sinécure. Le rock français a cruellement manqué de musiciens à ses débuts. Ce qui est assez gênant pour une musique. Il faut le reconnaître. Il fallut composer avec des requins de studios, des blaireaux du jazz, qui en savaient assez pour se donner l'illusion de savoir jouer, mais qui étaient loin d'être des Django... En fait, douce ironie des choses, les musiciens rock ont commencé à savoir vraiment jouer le rock en 1963, lorsque la mode était passée. Ils se sont pour la plupart reconvertis en groupes de scène des chanteurs Yé-Yé. Très logiquement on les retrouvera après 68, abandonnant leurs patrons pour monter les premiers groupes de la seconde génération du rock français.
Mais nous n'en sommes pas encore là. Entre 60 et 63, le rock pur et dur reste l'apanage des voyous. Les fameux blousons noirs. Fils de prolos et de maghrébins immigrés. Les fameuses bandes compteront jusqu'à vingt pour cent d'adolescents d'origine étrangère. Le rock fut un formidable vecteur d'adaptation et d'assimilation. Nos distingués sociologues n'ont pas su jusqu'à ce jour rendre compte de cet état de fait. Qu'ils soient de pure souche ou infiltrés du pourtour méditerranéen, dans l'ensemble nos jeunes rockers ne sont pas des intellectuels. Ce qui n'est pas une tare en soi. Mais ce qui a empêché une véritable prise de conscience de ce même mouvement.
Les rockers n'ont jamais su catalyser la révolte qu'ils portaient en eux. Que sont devenues les bandes de blousons noirs s'est-on souvent demandé ? L'on a expliqué que la société d'abondance et de plein emploi des années 60 les a remis dans le droit chemin. En fait les bandes sont mortes au soir du 24 mai 1968. La seule nuit où la police fut vraiment débordée et où l'insurrection faillit basculer fut celle où les bandes vinrent se friter avec les flics sur les barricades. Au petit matin elles rentrèrent stupidement chez elles, toutes fières de leur barouf. Ensuite elles vaquèrent à leurs occupations habituelles. Fatale erreur. A force de n'y voir pas plus loin que le bout de son nez, le rock venait de passer à côté de son rôle.
FANTÔMES 3
On l'a oublié. Ce fut pourtant un des plus grands groupes de rock français qui aient jamais écumé nos prairies. C'est lui qui fait la jonction entre la première vague et la deuxième. Tous ceux qui suivirent, hormis Magma définitivement à part, n'arrivèrent jamais à ses chevilles. Ils eurent peut-être une presse plus attentive et des musicos plus subtils, mais à la hargne des Variations, personne n'y peut prétendre. Même pas Little Bob Story qui n'est pas tombé de la dernière authenticité. Une véritable vie de rockers, des virées on the road dont le récit vous ferait peur, des disques étranges venus du rock et d'ailleurs. Avec en prime, la haine dont le public français les entoura. Inexplicable ? Non, la petite-bourgeoisie qui vient d'arriver au rock est encore victime de ses préjugés de classe. L'on aime le rock, mais pas la violence viscérale.
Pour bien comprendre, pensez à ce qu'a donné l'explosion punk en France. Les jeunes gens en colère à la Jacno et à la Daniel Darc – n'osons même pas évoquer leur avatar simiesque Etienne Daho – n'ont accouché que de souricettes ( même pas déglinguées ) aux comptines navrantes et aux voix névrotiques.
Entre Triangle qui n'a jamais découvert la quadrature du cercle rock et Martin Circus ( faisaient davantage l'âne que le grand cirque ), le rock français est besogneux. Les années 60 furent un démarquage maladroit de l'Amérique ( je ne vous dirais pas combien il m'a fallu de temps pour reconnaître en la Betty des Chaussettes Noires, la Baby Blue de Gene Vincent et de ses Casquettes Bleues ), les early 70 furent pires, elles restèrent obstinément à la remorque des Englishes. Bien sûr l'on eut nos spécificité bien franchouillardes, le militantisme gauchisant avec Red Noise, Komintern, Barricade, le folk aussi baveux qu'un escargot avec Mélusine et Malicorne, le babacoolisme aussi long qu'un jour sans joint avec Gong, mais en retard d'une guerre. Alors que les Variations en avaient une d'avance !
FANTÔMES 4
Etrangement le renouveau partit de l'ancien. C'est dans les vieux rocks que l'on évite de faire de la mauvaise soupe. Comme une partie de rigolade. Rock parodique. En accord tout de même avec le rock décadent de David Bowie. Entre La malédiction des rockers dédiée à Gene Vincent d'Albert et sa fanfare poliorcétique ( + Les Chacals de Béthune ) et le Ziggy Stardust de Bowie inspiré par Vince Taylor, il n'est pas difficile d'entrevoir les passerelles.
L'année suivante c'est Au Bonheur des Dames cornaqués par Thierry Vincent qui reprend « Oh les filles ! » des Pingouins. La rockstagie est bien ce qu'elle était. Avec les dames faut toujours offrir un petit Bijou. Nous sommes en pleine période punk. Bijou avec Vincent Palmer et Jean William Thoury est à la pointe du combat punk. Suprême élégance, nos joyaux sont trop bien à l'aise dans leurs vestes cintrées pour être punk. L'on pourrait les définir comme des jeunes gens modernes. A cheval sur l'esthétique mod et l'énergie rock. Propres sur eux. Sales en dedans.
Le serpent se mord la queue. Qui dit Punk français dit Strike up, Angel Face, Loose Heart, Asphalt Jungle, Stinky Toys... avec Patrick Eudeline, Hervé Regoli, Julen Regoli, Jacno... le meilleur côtoie le factice. Le punk tourne à la New Wave. Le livre s'achève fin 77 sur ces promesses... que le rock français ne sut pas tenir. Mais ceci est une autre histoire. Qui n'est pas tout à fait terminée... Les fantômes du rock'n'roll ont la vie dure.
Damie Chad.
PS 1 : Le livre se trouve facilement sur tous les sites de vente en ligne. Plus de 160 artistes chroniqués du meilleur ( Boogaloo Band ) au pire ( Claude François ). Très intéressant pour toux ceux qui ont la chance de n'avoir pas connu ces lointaines années.
PS 2 : rentre chez moi en coup de vent entre midi et deux. Allume la radio auu hasard. Tombe sur France-Inter sur le groupe My Concubine qui interprète dans la stupide émission Le Fou du Roi, en live et en direct un titre de Ronnie Bird : Le Pivert. Pas le meilleur de Ronnie, mais qui a eu la chance et l'honneur d'être interdit d'antenne sur les ondes de l'ancienne ORTF.
ARCHIVES EDDIE COCHRAN
Une image inédite en nos contrées trouvées sur le site du journal d'Albert Lea ( Minnesota ). J'ai essayé de traduire l'article qui l'accompagne. Je demande votre indulgence pour mon anglais poussif et approximatif. Rappelons que dernièrement le Low Bucks Car Club annonçait que l'Eddie Cochran weekend de cette année serait le dernier organisé par le club. Les membres ont vieilli et ne se renouvellent pas. Les jeunes n'étant guère attirés par la collection et l'onéreux entretien de voitures de collection...
THE ALBERT LEA TRIBUNE. COM
ARTICLE DU 18 JUIN 2013.
LA NOUVELLE AFFICHE COCHRAN DISPONIBLE
Le Low Bucks Car Club a annoncé que la dix-huitième affiche Eddie Cochran est dès maintenant disponible. L'affiche a été à votre disposition lors de la manifestation du drive-in. Les bénéfices tirés de la vente des affiches aident à financer les bourses Eddie Cochran, octroyées aux étudiants du comté de Freeborn inscrits en musique ou aux beaux-arts.
Les affiches sont numérotées et signées par l'artiste, Eloise Adams. Quelques affiches sont peintes à la main. Cette année la chanson d'Eddie choisie est « Hallelujah, I love her so ». Ce fut le onzième simple d'Eddie.
Vous pouvez voir la maison de la famille Cochran sur Charles Street. Sur la gauche est Eddie avec ses amis d'enfance Bill Malepsy et Merle McGinnis. Dessous Eddie est avec sa guitare Gretsch. Toujours sur la gauche mais au milieu est le logo des Low Bucks pour la manifestation 2011. Vous pouvez voir aussi le point de vue au Nord de Broadway. Vous pouvez aussi voir l'historique station-service de Mitch de la Rue de la Fontaine et le A & W stand de bière brute au sud de Broadway dans la Septième Rue. Tout en bas est le camion de la Compagnie d'Electricité, aujourd'hui Compagnie d'Electricité d'Albert Lea, en activité depuis 92 ans, située maintenant au 1410 Olsen Drive.
Sous les paroles de « Hallelujah, I love her so » est la patinoire de Carl, est aussi présenté Carl Peterson en train de louer des patins aux adolescents d'Albert Lea. Eddie Cochran et ses amis patinaient là. La patinoire était située là où maintenant se trouve le Centre de la Communauté Marion Ross.
Dans le coin droit, le bâtiment sur la Grande-Rue et Broadway où l'on trouve aujourd'hui le Brick Furniture. Autrefois en ce même endroit l'on trouvait un Pressing, l'épicerie Andrews, la confiserie d'Albert Lea et le Coiffeur pour Hommes fréquenté par Fred Keppel et Dayton Greengo.
Louise Seuser était serveuse à la confiserie. Un jour Carl Peterson entra dans la Confiserie et vit Louise sur un escabeau essayant d'atteindre quelque chose sur une étagère tout en haut. Carl déclara « qu'il était tombé amoureux de ses jambes ». Ils se marièrent plus tard en 1929. Vous pouvez voir leur photo de mariage. Cette romance du centre ville s'adapte à merveille avec le morceau d'Eddie Cochran « Hallelujah, I love her so ».
Les affiches sont à votre disposition à L'Originale Boutique d'Adam's, située au 238 S. Broadway.
Notes du traducteur :
Difficile de trouver un équivalent de low bucks... : rapport moteur couple / puissance ?
Broadway : semblerait désigner le centre ville d'Albert Lea.
L'équivalent de Brick Furniture ressemblerait-il à nos Brioco-marchés ?
Marion Ross est une actrice native d'Albert Lea qui joua dans Happy days.
Pressing : pour être précis et français : boutique de nettoyage à sec.
Patinoire : impossible de savoir s'il s'agit d'une patinoire d'eau gelée ou d'un anneau de bois ou de ciment pour patins à roulettes.
Cet essai de traduction, juste pour donner une idée. Le mieux est de se reporter sur le site du journal : http://wwwalbertleatribune.com et sur le site de la ville d'Albert Lea sur lequel vous pouvez visionner la vitrine du musée municipal contenant quelques effets personnels d'Eddie Cochran.
18:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
16/06/2011
KR'TNT ! ¤ 57. NIRVANA / GHOST HIGHWAY / LAS VARGAS
KR'TNT ! ¤ 57
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
16 / 06 / 2010
MORBIDITY !
NIRVANA. ROMANCE SANS SENS.
SEBASTIEN RAIZER
CAMION BLANC. 1996.
C'est le voisin du dessous qui est arrivé. Il a sonné, est entré et s'est assis avec ses seize ans et son chien huskie – c'était alors en ce début des années 90 la grande mode - sur le canapé. Après les salutations d'usage il a sorti de sa poche le Nevermind de Nirvana en assurant qu'il fallait que je l'écoute d'urgence et est reparti aussi sec, certain d'avoir planté la bonne graine en l'adéquat terreau... Que voulez-vous on est toujours victime de sa propre réputation. J'ai mis quinze jours avant de me décider.
J'ai accordé un bon point à la pochette, depuis le temps que le rock déclare à tous les babies du monde qu'il loves them et qu'il wants them et qu'il needs them, on le voyait enfin apparaître en gros plan. Pas tout à fait comme on l'aurait escompté, un peu trop pré-pubère mais le sexe en avant nageant en des eaux que l'on pouvait espérer troubles. De plus un garçon , un super pied de nez au machisme traditionnel du rock'n'roll !
Il a bien fallu se résoudre à écouter. J'avais droit à d'impatientes demandes chaque fois que je croisais mon croisé du grunge sur le palier. Alors en avant les basses, let the nex time of the new rock'n'roll roll ! Pas désagréable, mais pire que tout, pas marquant. Une belle prod, une voix voilée par l'abus de fumées illicites, des musicos qui tenaient la barre. Tout ce qui est nécessaire certes, mais un gros défaut au milieu. Des disques de ce genre, j'en avais écouté des centaines depuis les années 70. Pas pire, ni mieux. Pas encore le mouton noir qui sortirait du lot.
Pour des jeunes frais émoulus qui tombaient dans la grande marmite bouillonnante du rock, je ne nie pas que ça pouvait décrasser les conduits auditifs, mais pour des vieux briscards comme moi, ça n'apportait strictement rien de nouveau. Je n'ai même pas réécouter une deuxième fois. Trente ans après je n'ai pas encore un seul CD de Nirvana dans ma collection personnelle.
Nirvana et ma petite personne avons suivi des routes parallèlement divergentes, de temps en temps un hit à la radio qui ne m'accrochait guère, pas contre mais pas pour. Et puis Kurt Cobain a smashé au fond de mes filets. Mais c'est lui qui a reçu la balle qu'il avait tirée. Du coup Nirvana touchait à la légende. D'un seul petit clic il rejoignait la grande cohorte des allumés du rock qui se sont brûlés un peu trop vite à leur propre vie. Avec ce coup de feu d'artifice final, il se haussait au diapason des plus renommés, et faisait parti de la phalange maudite des Jim Morrison, des Jimmy Hendrix, des Janis Joplin... En rock le certificat de décès équivaut souvent à un brevet d'authenticité, que vous mourriez d'une surdose de pills comme Hank Williams, que vous étouffiez dans votre vomi comme John Bonham, que l'alcool vous ait rongé comme Gene Vincent, qu'un banal accident de voiture vous retranche du monde des vivants comme Johnny Kidd, l'important est de disparaître tragiquement. Tout le monde connaît le proverbe. Too old for rock'n'roll, too young to die ! Alors dépêchez-vous de trancher le noeud gordien de la problématique une bonne fois pour toute. Cela vous évitera de revenir faire un énième tour de piste à la cinquantaine bedonnante pour ramasser une pleine corbeille de dollars... Même si la nostalgie du retour finit toujours par effacer le sourire sardonique des fans de la première heure.
TRUCKERS INTERMEDE
Sébastien Raizer n'est pas n'importe qui. C'est lui qui a créé en 1992 avec Fabrice Revolon Camion Blanc, plus de deux cents livres consacrées aux idoles du rock'n'roll. Exemple pris au hasard : le Gene Vincent de que nous avons chroniqué en notre livraison était issu des presses A la base un besoin gérationnel, l'envie de parler et de faire connaître toute cette période d'artistes, que l'on nommera pour simplifier post-punk, qui marquèrent leur adolescence. Leur premier ouvrage fut très significativement consacré à Joy Division le groupe de Ian Curtis, le premier suicidé des eighties...
Pour ceux qui ne connaîtraient pas allez taper Camion Blanc sur le net, la visite de leur site est une lecture roborative. Attention à votre porte-monnaie. Le rock est souvent synonyme de tentation ! Si vous n'êtes pas dans le rouge, dirigez-vous sur Camion noir, si vous êtes une âme sensible, abstenez-vous, Camion noir roule depuis 2006 dans les tréfonds de l'abîme, ésotérisme, le chiffre de la Bête et toutes les dérives sataniques...
CAMION COBAIN
Seatle capitale du grunge. Tu parles, un trou à rats et à paumés. Des prolos qui bossent pour Boeing et consorts et qui ne voient guère plus loin que le bout du nez de leurs avions. Ce qu'il y a de terrible avec les pauvres, ce n'est pas qu'ils soient assujettis à un travail d'esclave, c'est qu'ils trimballent dans leur tête un caca encore plus fétide que leur quotidien. Appelez cela l'acceptation ou le renversement a-nietzschéen du syndrome de Stockholm ou comme vous voulez, mais n'attendez rien de vos frères les plus défavorisés.
Les punks ont déjà conceptualisé cette évidence en un slogan dont la jeunesse du monde est en train de comprendre la justesse et la vigueur prophétiques. No future ! Mais c'était en Angleterre, et dans son quartier d'Aberdeen le jeune Cobain s'apercevra très vite que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Pour une fois les Américains ne sont pas arrivés les premiers. Punk : 1976-1981 / Grunge 1989 / 1995 ! Dix à vingt ans d'écart selon que l'on prend le petit ou le gros bout de la rockgnette. Par contre, ils ne vont pas rater le coche. Le punk made in England, ce ne fut qu'un feu de paille. Assez fort pour surprendre la planète entière, mais le soufflet retombera aussi vite qu'il sera monté. Lorsque les majors solderont les comptes, restera pas grand-chose dans l'escarcelle. Que voulez-vous un Sid Vicious, un Johnny Thunder même étendus sur le marbre de la morgue, ça ne vaut pas leur poids de cadavre en livres sterlings. Et du temps de leur vivant, ce ne sont pas les minces hardes d'excités qui suivaient leurs concerts et chouravaient leurs diques qui allaient redresser la balance extérieure de l'united Kingdom.
Rien que du temps de leur vivant, Nirvana vous vendra treize millions de Nevermind. De l'or en barre. Ils y ont mis du leur. C'est sûr. Cobain le premier. L'avait compris qu'il pouvait refaire mille fois des dégueulis punk à fond la caisse avec guitares sursaturées et voix de porcs qu'on égorge, mais il avait de nouvelles prétentions. Guignait vers REM. Les tenait pour des cadors. Dans ces rêves inavouables il aurait aimé jouer du Sex Pistols avec une orchestration et un savoir-faire à la Led Zeppelin. Un truc aussi improbable que le mariage de la souris avec l'éléphant. Alors s'est rabattu vers REM. Dans le genre pompier pouvait pas trouver mieux ou imaginer pire. Heureusement il n'y est pas parvenu. L'a seulement pondu Nevermind. Un REM à la puissance mille, mais un truc toutefois assez mélodique pour mordre jusque sur les fans de U2.
Faut dire qu'il a été le premier surpris du résultat. Le coucou miteux qu'il était pensait avoir couvé une autruche, mais non c'était un oeuf de dinosaure qu'il avait réchauffé de ses maigres ailes fragiles. Et à peine sorti de sa coquille le long cou lui fit une ombre si dense qu'il eut du mal à la supporter.
Cobain va nous refaire le coup de Presley. Mais les temps ont changé. En plus rapide. Economisera toutes les années qu'Elvis passera à enregistrer sa trentaine de navets désopilants. En trente ans les gamins ont appris et compris que le rock'n'roll ne pouvait subir de cruelles castrations. Le public est devenu plus difficile. L'on demande désormais aux idoles de rester fidèles à l'esprit de leur rôle.
Musicalement, il essaiera de jeter le bébé avec l'eau du bain, ce seront les belles berceuses unplugged. On se la joue à la Zeppelin, on débranche l'électricité et on frisote l' acoustique. Sympa, mais le public préfère les acouphènes. Alors ce sera In Utero, puisque l'on ne peut pas se débarrasser aussi facilement que cela du divin enfant, on va lui faire le coup du retour à l'envoyeur, hop, dans le sac à viande, régression ad libitum.
Tout faire comme si. Départ en tournée. Des hauts et des bas. Les foules sont là et exultent. On remboursera les tickets car après l'Italie, ce sera rentrée impromptue au bercail. Avec quatre semaines plus tard, suicide terminal. Une TS qui réussit. Un coup de tonnerre dans le monde du rock.
Si fort que Sébastien Raizer commence son livre par la fin. Car, question iconoclaste, parlerait-on aujourd'hui de Nirvana si le groupe avait continué son bonhomme de chemin ? Kurt Cobain ne serait-il pas devenu un pitre aussi grotesquement bouffon que Bono ? Mais Raizer élude cet aspect du problème. Même si par son silence inexplicatif il avoue qu'il n'y a rien à tirer de la mort de Cobain.
Un geste désespéré. Une dépression nerveuse qui tourne mal. Le problème c'est qu'il est difficile de repasser la bobine à l'envers. L'on peut comprendre, le stress, la fatigue, la drogue, et ce succès planétaire si grandiose qu'il en devient gênant. Cobain l'a assez souvent répété pour qu'on le croie. Pourquoi Nirvana et pas Pearl Jam ? Au fond, il avait une âme de second couteau.
La presse, les journalistes, les médias, Cobain n'a pas eu de colonel Parker pour l'enfermer en une tour d'ivoire protectrice. Garçon sensible, assez lucide pour ne pas prendre la grosse tête, il essaie dans un premier temps d'apparaître comme il est : un jeune adulescent un peu paumé qui n'en demandait pas tant. Mais on exige de lui qu'il soit le gourou du grunge que tout le monde attend. Cobain ne sera jamais assez cynique pour jeter un masque sur ses fêlures.
L'histoire n'est pas triste. Elle est bête. Cobain n'a pas supporté son phénoménal succès. A été bombardé en quelques semaines de simple gratouilleur électrique au statut de rock-star. N'était pas né pour ça, aussi en est-il mort. En toute logique existentielle. Le plus terrible c'est que tout s'est déroulé pile-poil comme dans le scénario typique du rock'n'roll.
Trois zozos qui zonent dans un coin perdu et qui décident de former un groupe. Sont mis en selle par deux producteurs indépendants qui depuis plusieurs années tiennent à bout de bras et de ficelles un mini-label qui produit des combos locaux. Jonatham Poneman et Bruce Pavitt, deux amoureux transis de l'aventure punk anglaise qui vont essayer le coup de Malcolm Mclaren. Des idées de génie, séries de disques limitées, éditions de 33 tours de compilations de nouveaux groupes, l'arrosage des discs-jokeys et journaleux britanniques pour toucher par ricochets leurs homologues américains... se feront tout de même piquer tous leurs groupes sans exception par les majors une fois qu'ils auront déclenché le buzz.
Avec des « Si » Kurt Cobain serait peut-être encore en vie. Mais le rock'n'roll aurait perdu sa dernière légende, ce qui serait a priori fort regrettable. Tout amateur de rock qui se respecte est un fossoyeur qui a mal tourné. L'on crache sur le veau d'or, mais pas sur le vautour.
Pour décrire le premier single de Nirvana, Sébastien Raiser use d'une expression d'une justesse absolue. Il définit la musique de Nirvana de pop-punk. Très belle formule. Quand on y ajoute les nombreux extraits d'interviews, souvent en encadrés, dans lesquelles Kurt Cobain essaie de clarifier le statut métaphysique de sa nature de punk-rocker, nous touchons peut-être à l'irrémédiable conflit qui a détruit le chanteur de Nirvana.
Pop-punk-rock. Cherchez l'intrus. Et abattez-le immédiatement.
Damie Chad.
KRONIKDISK
GHOST HIGHWAY.
Snatch it and grab it. Double Daddy. My Babe. Home of the blues. You can't do no wrong. Hypnotized. Hello Mary-Lou. Big fool. Cliff tribute. Shotgun boogie. Tennessee rock'n'roll. Moaning the blues. Country Heroes. Goin'up the country.
Bonus : All by myself. Two timin' Mama. Tired & sleepy.
ROCK PARADISE RECORDS. 42 rue Duranton. PARIS. Tel : 01 45 58 40 30.
L'on n'avait pas tout dit la dernière fois. En plus du concert des Hoop's, l'on avait profité de l'amicale présence de Phil and Jull des Ghost Highway pour nous procurer le dernier CD du groupe. Tout chaud tout juste sorti de sa boîte. Non, ne dites pas que vous l'avez déjà.
C'est un deuxième tirage du précédent que nous avons chroniqué en notre vingt-cinquième livraison. En six mois la première édition s'est envolée comme des petits pains au chocolat ( version enfant ) comme des bouteilles de Jack Daniels au venin de crotale ( version adulte ), d'où la nécessité de cette seconde galette. La même mais pas l'identique. La pochette est améliorée, Alain Chenevière a conçu un nouvel emballage vite fait ( peut-être ) mais que l'on ne se lasse pas de reluquer longuement à la maison, livret intérieur, picture CD, unité de ton. De la belle ouvrage. Seront désormais distribués directement par Rock Paradise, avec accès à la FNAC et tout le tintouin, Ghost Highway accède à une bien plus grande exposition.
Et puis surtout ils ont bénéficié d'une plus grande qualité et sonore et comme ils ne sont pas chiens, ils ont rajouté trois titres inédits. Vingt pour cent de marchandise en plus, qui dit mieux, il ne reste plus qu'à s'allonger dans son hamac votre petit pain préféré à la main ( version enfant ), votre bouteille entre les dents ( version gamin désobéissant ) pour écouter.
Trois notes et vous voici transporté très loin de l'autre côté de l'océan, sol poudreux et ambiance western c'est le chariot des USA mythiques qui s'approche de vous. Accrochez-vous et tenez le bien car vous êtes partis pour un long voyage. Avec très vite le saloon de Wayne Hancok qui vous ouvre ses portes et vous offre un double scotch bien tassé un Double a Daddy exactement. Vous allez en avoir besoin car la température monte avec le My Babe de Willie Dixon , l'harmonica d'Arno fait des merveilles, il vous ourle la rythmique d'un trait de feu. Continue par un Johnny Cash de derrière les fagots. Du blues au country le trajet de l'autoroute fantôme ne trompe personne. Pour l'arrivée pas besoin de panneau indicateur, au pays du plus pur rockabilly avec le You can do no wrong de Carl Perkins.
Je vais pas vous décrire tous les troquets pourris qui bordent cette voix royale, un à un.
L'on vous laisse danser avec Mary Lou et faire les grands fous avec Ronnie Self, l'on file tout droit sur la compo originale de Jull and Zio, Cliff Tribute, l'ombre de Gene Vincent passe telle celle d'un un ange aux ailes cassées, traînant dans son sillage celle de son non moins mystérieux guitariste maudit. Le rythme s'accélère avec Shotgun Boogie et ses jeux de voix du meilleur effet, voici le Tennessee Rock'n'roll de Bobby Helms qui est presque devenu un hymne national de par chez nous. Mais avant d'être une musique le rock'n'roll est une patrie mythique.
Moaning the blues, davantage country and western, plutôt yodelé que miaulé in blue à la Howlin'Wolf. Il est vrai que le morceau est de Hank Williams. Ne quittons pas la famille, reprise du petit-fils, Country heroes, un chef d'oeuvre avec cet harmonica d'Arno, et ces sifflements de de Phil, pour beaucoup le morceau de bravoure du disque. On the road again via le Going up the country de Canned Heat.
Nous arrivons aux pépites finales, le All By Myself, un vieux bourbon de Fats Domino, que les Ghost Higway nous servent à l'arrache, un peu à la Ronnie Self. Two timin' mama,une sucrerie de Hank Penny et de Hank Williams et l'on termine sur une superbe reprise d'Eddie et Hank Cochran, le fabuleux Tired & Sleepy. Ne sont pas du tout fatigués et sommeilleux, vous pouvez me croire.
Une parfaite réussite. Jusqu'au crotale qui est sorti de sa bouteille pour mieux entendre. Un connaisseur.
Damie Chad.
SHIVERS. LAS VARGAS.
Pepper hot baby. Dynamite. Scream in the night. La chica alboratada. Barefoot baby. Two long years. He ain't Mine no more. Shtiggy boom. My girl Josephine. Fujiyama Mama. La plaga. Hey Memphis. Boxcars. Keep it a secret.
CRAZY TIMES MUSIC. B.P. 61 070 Perpignan Moulin à vent / 66 103 Perpignan Cedex.
Allez-y sans réticence. C'est d'origine espagnole mais ce n'est pas du concombre. Pouvez y mordre dedans à belles dents. Je vous le garantis. L'ai acheté le mois dernier à Rockxerres Gomina. Chez KR'TNT, on fait gaffe, on n'écoute que du briock, directement du producteur au consommateur. C'est meilleur et c'est moins cher !
Poivre chaud dès le début : attention c'est une dame qui chante : le piano par derrière claque comme des talons hauts, plus la guitare qui s'envole et la basse qui rouspète comme des coups de fouet. Tornade à l'horizon, miss Dynamite mais à la puissance dix. L'orchestre file droit. Ne vous étonnez pas d'entendre crier dans la nuit qui s'avance avec un boogie à la Jerry Lee directement importé de la Louisiane.
Intermède espagnol. Ah ! La Chica Alborotada c'est la femme et le pantin de Pierre Louÿs revisité dans la langue de Cervantes, ah ! La sale gamine, comptez pas l'agripper au passage elle se faufile trop vite. Comme un rock 'n'roll que rien ne peut arrêter. Piano bastringue sur une bluette suede shoes de Janis Martin, vous aurez vite fait de comprendre que c'est le genre de minette à qui vous feriez mieux de ne pas marcher sur les pieds, même si la voix vous aguiche de manière outrageante. Barefoot baby, encore un morceau de la Presley female, ça devrait être interdit de miauler comme ça.
He Ain't Mine no more, la panthère susurre dans votre oreille, pour un peu vous vous lanceriez dans une rumba effrénée, roulement de batterie et les griffes s'enfoncent dans votre chair pantelante. Shtiggy Boom, sûr ça fait boom boom dans la surboum, un piano lascif à vous rendre fou et ce feulement de tigresse qui vous caresse la nuque.
Remettez-vous pensez à saluer Joséphine la petite copine du gros Fats, encore un piano domino comme Presley n'en a pas eu sur King Creole, ça minaude dur dans les entournures. Ce n'est jamais aussi vilain que quand l'organe ( vocal ) s'encoquine. Eruption atomique avec le Fujiyama Mama de Wanda Jackson, ne venez pas pleurer, l'on vous avait prévenu. Quant à La plaga : évitez les coups de corne, Little Richard en course de taureau ça fait mal, Ay ! Ay esta chica es totalmente loca.
Et puis un truc vicieux, la little sister d'Elvis tansmutée en Hey Memphis, et en plus elle demande qu'on l'embrasse une deuxième fois, tentant mais elle a des canines rock'n'roll plus longue que les incisives d'un vampire. Passez devant les gars et bonne chance, m'est avis que pour arrêter cette féline faudrait d'autres gabarits.
Boxcars, je l'avais prédit, on est parti pour un drôle de wagon. Arrêts aux blues stations, l'a passé douze titres à vous tordre le corps comme une serpillère et maintenant elle vous essore l'âme à vous en extraire le suc le plus amer de vos larmes. Impitoyable, Miss Wargas ! Keep it a secret pour finir. Une petite chanson populo des early fifties. Ne vous dites pas que ça vous vous rasséréner, oui, mais c'est à la mode cabaret des années trente et germaines, un peu opéra des quatre sous. Pas particulièrement joyeux. Et Miss Vargas vous plante là comme deux ronds de frites. Sur une pénultième rengaine de piano bar, la diva s'éloigne. Ne vous reste que que vos yeux pour pleurer.
Vous êtes là à genoux et la seule chance de vous en sortir, c'est de vous repasser le CD depuis le début. Le coup de l'éternel retour des mêmes frissons. Shivers, que l'on prononce en anglais.
A avoir dans votre discothèque d'urgence. Surtout si vous êtes du genre à l'aimer chaud. Dulzura caliente !
Damie Chad.
Un peu de guitare pour le week end prochain ?
21:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/06/2011
KR'TNT ! ¤ 56. THE HOOP'S
KR'TNT ! ¤ 56
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
09 / 06 / 2010
HOOP'S LÀ LÀ !
LES HOOP'S EN CONCERT
04 / 06 / 2011 – CHEZ PAPA
VULAINE-SUR-SEINE
PRELUDE
On était coincé toute l'après-midi à Vulaines-sur-Seine, au musée Mallarmé. C'est là où l'expression Rockers Kulture de Tony Marlow prend tout son sens. Conférence sur Misia Sert, pianiste et protectrice des Ballets Russes, puis concert - piano, violoncelle, voix – avec notamment des oeuvres d'Augusta Holmes, compositrice et pianiste, au programme. Deux grandes dames des dix-neuf et vingtième siècles mais qui ne jouaient pas tout à fait dans le style du killer. Comme quoi nul n'est parfait en ce bas monde. Pour le soir, ne vous inquiétez pas, on avait prévu un itinéraire de dégagement. Pas loin, à trois cents mètres du musée, rockarocky annonçait un concert des Hoop's chez Papa. Dans ces cas-là on a le sens de la famille particulièrement développé, et on the road again, la voiture s'est arrêtée toute seule pile-poil devant le resto. On est arrivé les premiers avant tout le monde.
Enfin presque, les Hoops finissaient le dernier réglage avant de passer à table. Soleil couchant avec Ghost Highway en fond sonore. Choix judicieux puisque une demi-heure plus tard débarquaient en chair et en os deux des fantômes de l'autoroute Mister Jull and Phil que l'on ne présente plus sur KR'TNT. Le monde arrive petit à petit, pas la grosse foule - en plein milieu du long week end de quatre jours fallait pas s'attendre à un raz-de-marée humain – mais un noyau de connaisseurs et d'amateurs. Les Hoops sont tout sourire, on les sent pressés de démarrer, ils ont la patate – normal ils viennent d'achever un plat de frites – et l'on devine que la nuit sera brûlante.
SET ONE
Vite dans le ton. L'on pressent que l'on ne va pas s'ennuyer. La salle n'est pas minuscule mais un orchestre de rockab ça prend tout de même un peu d'espace. C'est Kevin le batteur qui ne doit pas être au mieux, collé contre la muraille ( mais toute la soirée il aura ainsi l'occasion, image mythique de la rebel attitude, de se battre dos au mur ) et par-dessus le marché caché par le rideau des trois guitares. Imperturbable et longiligne il assurera le beat sans sourciller. A sa gauche Richard, une basse électrique qui semble toute maigre entre ses bras. Encore un que le vent ne fera pas dévier de sa route. Sombre et taciturne dans sa chemise rouge. Toujours dans les bons plans, là où on l'attend.
A gauche ( du spectateur ! ) Jean Eric dans sa veste édouardienne du meilleur effet, guitare orange – je vous laisse deviner la griffe - qui flashe et gronde. Au centre Stéphane, chant et gratte, jeans bleu et coupe à la Cochran. Dès les premières notes, ça sent le rock à plein tube. Balancent, vite et bien sans fioriture. Font pas dans le détail, et pourtant tout est dans la nuance.
Vont pas chercher la reprise inconnue du dernier des anonymes qui a sorti un disque introuvable sur un label dont personne n'a jamais entendu parler, enregistré dans un studio perdu au fin fond de l'Alabama. Puisent à pleines mains dans le trésor des pionniers, Presley, Little Richard, Eddie Cochran... Vous l'avez compris, plus rock que rockab proprement dit, mais il est sûr que les petites cases des puristes mènent à tout, à condition d'en sortir.
Et ma foi les Hoop's s'en sortent plutôt bien. Même très bien. Un exemple, Stéphane annonce un morceau d'Elvis composé par Mort Shuman. Faut oser. Little Sister n'a rien d'un rock'n'roll foudroyant. Le morceau ne tient que par la diction d'Elvis. Tout le monde rêve d'avoir une petite sister uniquement pour le plaisir de l'appeler Little Sister avec cette voix de bubble gum canaille. Pour l'accompagnement, laissez Scotty à la maison, à sa place votre grand-mère pourrait jouer de la balalaïka, que personne ne s'en apercevrait. C'est cela le génie du King, vous balance une sucrette à la guimauve et ça vous fait l'effet d'un fix d'héroïne. N'ayez point peur, les Hoop's s'en tirent comme des rois. Stéphane n'imite pas Presley, il déporte le morceau vers quelque chose de plus incisif et de plus électrique. Pas de copie, mais une ré-interprétation qui booste et revisite.
Comme pour confirmer, les Hoop's nous délivrent dans les minutes qui suivent un Mystery Train de nouveau à leur façon. Attention le train du mystère n'est pas une loco pour les jeunes écervelées. Un des titres les plus poisseux du répertoire d'Elvis. Une douche glacée qui a scotché pour plusieurs générations d'aficionados. Une espèce d'éponge imbibée de la tristesse du blues et de la nostalgie de la country. Un truc qui vous défèque et défalque l'âme en deux minutes trente secondes. La version des Hoop's est à la hauteur. Un timbre insinuant, un phrasé dérouté, nous sommes dans les mystères de l'ouest en partance pour un voyage sans retour.
Stéphane a la présence, et derrière ça suit sans problème. Deux ou trois mots et ça enchaîne sec. Vous n'êtes jamais perdu et toujours surpris. Les Hoop's ne jouent pas à l'identique. Entre 1956 et 2011, de l'eau a coulé sous les ponts du rock'n'roll. Les Hoops assument l'héritage, les revivals, et les refondateurs. Ils ont compris que l'essentiel du rock, c'est une certaine énergie et un esprit qui se transmet génération après génération. Elvis a beau crié et pleuré in the chapelle, le rock n'aime pas les églises. Et encore moins les intégristes.
SET TWO
Au cas où l'on n'aurait pas pigé le deuxième set accentue la déclivité. Plus électrique. L'on sent que Jean Eric est à la fête. Un sourire sardonique aux lèvres il envoie la sauce sans sourciller. Toujours bref, mais de plus en plus intense. Sur un tel contrepoint sonore Stéphane ne peut que s'épanouir. Il jette les words comme des balles qui résonnent sur votre boîte crânienne.
De tout le concert nous n'avons compté que trois originaux, dommage car ces créations ne déparent point au milieu des classiques même si elles tranchent par un parti-pris d'une certaine modernité accomplie. Lâchons le mot, les Hoop's le revendiquent d'ailleurs d'eux-mêmes haut et fort sans s'en cacher. Sur leur site, la première chose qui risque de vous sauter aux yeux c'est l'inscription fan des Stray Cats. Ne pas confondre avec imitation béate et bébête.
Le rock n'est pas une musique morte, les Cramp's et les Stray Cats ont quelque peu bousculé les habitudes éculées. Les Hoop's ont retenu la leçon. Leur reprise de Buddy Holly est des plus intéressantes, s'y superposent au background péquenot nasillard originel les gonflements de voix plus autoritaires de jeunes citadins de notre présent. Oh Boy ! les garçons seront toujours des garçons mais cette version offre un raccourci saisissant de l'évolution d'un demi-siècle de vécu rock. Et comme dans la grande tradition rock'n'rollienne tout cela est mis en scène par les inflexions de la voix de Stéphane qui exprime à merveille cette comédie de l'impermanence immémoriale de la jeunesse du monde.
Qu'on le veuille ou non, le son Sun, l'incomparable, dégage un parfum de province. Ce n'est pas un hasard si Chuck Berry peaufinera ses riffs dans la grande ville chicagonienne. D'ailleurs les Hoop's se saisisse d'un des titres phare de l'immortel metteur en scène de Johnny B. Goode pour se lancer dans un festival sans retenue d'accélérations riffiennes sans retenue. Jean-Eric s'en donne à coeur joie, rejetant sans arrêt de l'essence sur le brasier.
En fin de set lorsque Mister Jull se saisira de l'engin de Jean Eric, il sera surpris dès son premier plaquage d'accord de la brutalité du son. N'ayez crainte la bête sera domptée en deux temps et trois mouvements. Stéphane qui donne alors le la nous entraînera dans une version de Be bop a lula des plus imaginatives. Avec un départ que l'on pourrait qualifier, d'avant les roots, très american popular music, presque jazzy-gratteuse, qui nous remet en l'oreille certaines versions scéniques de Gene Vincent très lentes ( quoique chargée de beaucoup plus d'électricité ) et ensuite l'arrivée par palier d'une mise en puissance spiralée qui semble ne jamais vouloir s'arrêter, Mister Jull flamboyant.
J'ai oublié de dire qu'il y a déjà longtemps que Phil pousse des sifflements d'admiration et crie à haute voix sa satisfaction devant la mise en place particulièrement difficile de certains titres. Il y a de l'intelligence et de la réflexion chez les Hoop's. Ne se lancent jamais à l'aveuglette les yeux fermés, du genre on fonce et l'on verra bien ce qui arrivera. Si le rock'n'roll est une musique brute et instinctive elle est aussi une musique savante dont il faut savoir percevoir l'essence.
Je n'en veux pour preuve que leur éblouissante version de Gene and Eddie des Stray Cats, une manière hommagiale de rendre au trio emblématique de la permanence rockab ce qui lui est dû, mais aussi et surtout une parfaite appropriations de tous les plans ( le A et le B ) du rock.
Durant l'interlude, les Hoop's se font un peu gronder comme des enfants pas sages. Ils n'ont même pas une vieille K7 stéréo à vendre. C'est rageant. Phil et Jull les pressent d'enregistrer un CD. Il faut l'avouer les Ghost Highway ont raison, au niveau actuel de mise en place du combo, c'est un crime.
SET TROIS
Non, Monsieur le juge, nous plaidons non coupables, nous ne leur avons rien fait. Même pas une distribution de pilules gratuites contre la ménopause, non, non, nous n'avons pas non plus immolé un taureau au dieu Mitra pour qu'ils se saisissent de sa force, sont simplement montés sur scène – enfin c'est une façon de parler puisqu'il n'y avait pas d'estrade – c'est de leur faute à eux tous seuls.
Ont donc empoigné leurs guitares et leurs baguettes et se sont lancés dans un final étourdissant. Z'avaient déjà marné deux heures mais il leur restait de l'énergie. Doivent être branchés sur des piles inusables. Le développement chez les Hoop's il est plus que durable. Se sont amusés comme des fous, ah ! Stéphane avec ses lunettes noires tâtonnant pour retrouver le micro et la dégaine de Ray Charles, pour une version délirante de What'd I Say avec participation intégrée et intégrale du public.
Et le Long Tall Sally de Little Richard et le Summertime blues d'Eddie Cochran, je préfère ne pas vous en parler. Vous seriez jaloux et m'enverriez des lettres d'insultes. Je vous connais, vous ne supporterez jamais d'avoir raté la fête. Richard qui vous envoie des éclats de basse comme des obus, Kevin que l'on ne voit toujours pas mais qui vous découpe des rafales de caisse claire à vous guillotiner, Stéphane qui vous fourgue avec fougue des vocalises à vous emmêler les cordes vocales et puis Jean Eric.
Lorsqu'il a changé sa dalmated édouardienne pourpre contre une noire, franchement tout le monde s'en foutait. Les rockers ne sont pas contrariants, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. On ne le savait pas mais on s'en est vite rendu compte. L'a troqué sa tenue de scène pour une cape magique. S'est dédoublé, détriplé, déquadruplé, il était partout à la fois lui et sa guitare. Plutôt sa guitare et lui, car elle s'est mise à ronronner comme un spitfire en vrille. Il a sorti le grand jeu de la folie rock'n'roll. Duels avec Stéphane, manche contre manche comme rapière contre rapière, et la rythmique qui suivait à un train sans mystère mais d'enfer.
Ah ! Vous voulez du rock'n'roll ! En voici, du vrai, du pur, en béton précontraint en acier inoxydable, en fer forgé au monochrome. Et pan ! un riff qui vous démolit la moitié de la figure et pof ! un autre qui arrache tout ce restait de votre gueule épanouie. S'est tout permis, le Jean-Eric, insortable, s'est vautré sur les amplis, a astiqué ses cordes à les faire rugir comme un lion en rut, d'ailleurs il a lâché dans le micro des miaulements de tigre enragé à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Je suis prêt à parier qu'à la gendarmerie locale ils ont dû recevoir des coups de téléphone. Je ne vous parle pas de la clameur du public et des applaudissements. Ca vous avait un petit côté Yarbirds de la grande époque. En moins blues mais avec beaucoup plus de rock'n'roll. Si vous voyez le tintouin que ça peut donner. Salement électrique. Pas trop roots peut-être, mais sûrement roots électriques.
Un tabac. Ovation finale. Hoop's ! Hoop's ! Hoop's ! Hoop'srra !
Première fois que je voyais les Hoop's, vous pouvez être sûrs que ce ne sera pas la dernière.
Damie Chad.
LOOK BOOK
Ma mémoire me trahit peut-être mais je ne crois pas que nous ayons déjà parlé sur KR'TNT du mouvement gothique. C'est dommage et injuste. L'on a un peu tendance à oublier que les gothiques sont les tout premiers rockers. Non, chers lecteurs, je ne perds pas la tête, je connais ma chronologie, oui Elvis était là avant Marilyn Manson, mais les gothiques squattaient déjà la place avant 56. Avant 1956, vous êtes fou, mon pauvre Damie !
Non, non, je sais très bien ce que je dis, je ne dis pas 1956, mais avant 1856 ! Bien avant même. Certes ils ne chantaient pas encore, quoique sur les rives de la Tamise l'on fredonnait des trucs que plus tard l'on appellera House of the rising sun ou Saint James Infirmary, mais ils avaient déjà leurs idoles. Pensez qu'au début du dix-neuvième siècle un Lord Byron claudiquait aussi bien que Gene Vincent et qu'un Percy Bysshe Shelley choisissait de mourir de la même mort que Johnny Burnette. Les romantiques anglais et la génération gothique qui les précédait sont nos premiers rockers. Ils n'avaient pas encore la musique, mais ils avaient écrit les paroles et l'on ne fera que très difficilement mieux.
La littérature et le rock'n'roll ont toujours entretenu d'étranges accointances. Screamin' Jay Hawkins sortant de son cercueil sur scène n'est-il pas lorsque l'on y réfléchit un peu, la résurgence rock'n'rollienne du la figure maudite du Vampire ? Quant à la cloche aigrelette qui tinte sur le second 33 T de Black Sabbath avouez qu'elle a induit au moins une fois un délicieux frisson d'horreur le long de votre moelle épinière...
Oui ? Alors vous êtes prêts à dévorer cette :
ENQUETE SUR LES VAMPIRES, FANTÔMES, DEMONS ET LOUPS-GAROUS
de MARC-LOUIS QUESTIN
qui vient de sortir aux EDITIONS TRAJECTOIRES
Rappelons que Marc-Louis Questin dirige la revue gothique et fantastique La Salamandre. Même si vous détestez lire, vous pouvez l'acheter : l'iconographie en noir et blanc souvent à dominante érotique ne vous décevra pas. Les amateurs de tatouages y trouveront sinon des modèles du moins des idées qu'ils se hâteront de décalquer sur leur peau. De plus, amis rockers, La Salamandre est à ma connaissance la seule revue de littérature livrée avec un compact-disc gorgée d'échantillons musicaux qui ne vous laisseront pas indifférents. Collectionneurs, sur l'un deux on trouve même un authentique pionnier du rock !
Mais Marc-Louis Questin n'est pas que le directeur de La Salamandre. Une danseuse qui doit lui coûter beaucoup plus qu'elle ne lui rapporte. Il est aussi un des spécialistes de langue française les plus pointus de tous les phénomènes et doctrines ésotériques de notre pauvre planète. Il a aussi, à côté de son oeuvre de poète, rare et réservée aux plus subtils connaisseurs, écrit maints ouvrages de divulgations les plus variés.
Tout ce que vous ne voulez pas savoir sur les vampires, les fantômes, les démons et les Loups-garous Marc-Louis Questin ne vous le dira jamais. D'ailleurs très vite les premiers chapitres introducteurs laissent place à toute une anthologie de nouvelles plus étranges les unes que les autres. Beaucoup sont dues à la plume de jeunes auteurs contemporains qui ont souvent débuté dans La Salamandre. Les meilleures d'après moi ne sont pas les mieux achevées, celles qui restent sur des propositions ouvertes me paraissent bien plus attirantes.
Mais penchons-nous sur les proses introductives de Marc-Louis Questin. Commence toujours par vous prendre pour l'être intelligent que vous n'êtes pas. Comment donc, vous n'allez pas me dire que vous croyez aux vampires sanguinolents de vos lectures fantastiques. Restons les pieds sur terre et soyons cartésiens ! Les cartes postales ensanglantées de nos représentations imaginales ne sont que de vulgaires chromos destinés à faire peur aux petits enfants. Les vampires ne sont pas plus véridiques que le méchant loup du petit chaperon rouge. Bien sûr le loup n'est qu'un symbole et comme l'on dit si bien, l'homme n'est-il pas un loup pour l'homme !
Un peu comme les vampires qui ne sont que la formulation conceptuelle de toutes les angoisses qui vous assaillent, de tous les doutes qui vous rongent... Le problème c'est que si vous admettez l'existence de ce genre de vampires par la force du raisonnement logique vous êtes amenés à conclure à la possibilité d'existence d'autres sortes de vampires...Marc-Louis Questin est un terrible dialecticien. Vous ressortez de ce livre en vous demandant si c'est les vampires qui tournent autour de vous ou si c'est vous qui rôdez autour des vampires.
D'ailleurs, suis-je peut-être moi-même un vampire. Sous prétexte de vous inoculer le virus du rock'n'roll, ne vous obligé-je pas à vous pencher sur le miroir de mes textes, derrière lesquels je me cache pour mieux aspirer votre énergie vitale... Ne dites pas que je délire, déjà vous ne pouvez plus vous passer de nos rendez-vous hebdomadaires, ah ! Ah ! Ah !
Âmes sensibles aux reptations psychanalytiques, ce bouquin n'est pas pour vous. Produit toxique.
Damie Chad.
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