02/06/2011
KR'TNT ! ¤ 55. HIPPIES & OZ
KR'TNT ! ¤ 55
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
02 / 06 / 2010
CHEVEUX LONGS ET IDEES PAS SI COURTES
HIPPIE HIPPIE SHAKE
ROCK / DROGUES / SEXE / UTOPIES
VOYAGE DANS LE MONDE
MERVEILLEUX DES SIXTIES
RICHARD NEVILLE
RIVAGES ROUGE / 410 pp / AVRIL 2009 /
Entre les mods ( cf 53 ) et les punks ( cf 54 ), il y eut les hippies. N'en suis point trop friand comme tout rocker qui se respecte. Sont arrivés comme des cheveux sur la soupe du rock et ont pris toute la place. Ont accroché la première page des journaux et l'ont gardé durant des années. Le hippie français s'est d'urgence naturalisé : a vite revêtu l'appellation « baba cool » cent pour cent AOC d'importation, a troqué la baguette nationale contre le joint de chanvre et la baguette tricolore contre le gâteau persillé au haschich. Mais il faut se méfier des caricatures et comme toujours il vaut mieux se fier aux seins que l'on touche par soi-même qu'aux mensonges de l'idée de dieu proférée par les autres. Comme disait Hendrix, tout est question d'expérience.
Mais quittons les doux coteaux modérés de la France pour les hauts-plateaux semi-désertiques de l'Australie. Non par caprice touristique mais pour la simple raison que l'auteur de notre livre est un natif de Sydney. Aujourd'hui il suffit de prononcer le mot Australie pour que viennent à notre cerveau le rappel des frasques d'AC / DC. Avec de tels zozos l'on ne doit s'ennuyer dans ce pays nous disons-nous. Pas besoin de longues recherches pour citer encore Midnighy Oil et Inxs, mais les souvenirs de Neville débutent en 1959 et l'Australie qu'il nous décrit est une terre pour le moins frigide, engoncée dans le puritanisme anglo-saxon de mauvais aloi... N'a pas eu la chance de voir la tournée Gene Vincent, Eddie Cochran, Little Richard de 1957, mais en 58 il a déjà entendu le Chantilly Lace de Big Bopper, et vu Johnny O'Keefe interprétant I'm a Wild One ( repris par Jerry Lee Lewis et Iggy Pop ), et flashé sur le hit de Sam Romero Hippy Hippy Shake. Il existe une vidéo des Beatles interprétant ce morceau au Star Club de Hambourg.
Nos lecteurs intelligents auront immédiatement saisi le jeu de mot sur lequel repose le titre de Richard Neville. Rappelons que Cham Romero est inscrit dans la grande histoire du rock comme un petit pionnier – mais existe-t-il de petits pionniers - d'origine latino ( un véritable sang-mêlé avec tambien des ascendances apaches ) que l'on classe dans la mouvance des émules de Ritchie Valens. La légende raconte qu'il fut considéré comme un autre fils par la mère de Ritchie...
Tout cela pour dire que les hippies ne sont pas sortis ex-nihilo de la cuisse de Jupiter mais s'inscrivent dans une continuité rock, ponctuée de ruptures comme toutes descendance qui se respecte. De toutes les manières Richard Neville ne s'est pas illustré dans la musique rock. S'est contenté de batailler dans ce que l'on nommerait les marges essentielles, le vécu quotidien, et dans un domaine qui ne peut qu'intéresser un roll'n'blog qui se définit en son sous-titre en tant que rock-lit production. Richard Neville fut le créateur et le rédacteur chef de la mythique et prestigieuse revue OZ.
Un peu par la faute de ses parents qui refusèrent de l'envoyer à l'Université dont les diplômes ne donnaient accès qu'à d'incertaines carrières et qui lui dégotèrent un boulot sûr et d'avenir dans le service de publicité d'un grand magasin. C'est ainsi qu'il se familiarisa durant deux ans avec le monde de la presse, du prix du papier aux problèmes de mise en page... en 1961, contre l'avis de son père, il démissionne de son travail et s'inscrit aux Beaux-arts... devient très vite célèbre parmi ses condisciples grâce à un article paru dans le journal étudiant Tharunka ( message bâton en langue aborigène ) critiquant la pédagogie rétrograde de l'institution... s'en suivront plusieurs numéros qui mêlent humour potache, gags sociologiques et critiques sociales de plus en plus virulentes qui donneront naissance au premier numéro du magazine OZ le premier avril 1963.
Ce premier numéro respirait encore l'humeur pas toujours très fine des adolescences tardives, parodie du journal local, il annonçait l'écroulement du pont principal de la ville... mais le fait qu'il soit vendu par de jeunes et jolies étudiantes aux sourires angéliquement coquins préfigurait toutes les déviances futures. La guerre du Vietnam, le racisme anti-aborigène et homosexuel, la dénonciation de la violence policière, furent les chevaux de bataille des numéros suivants. Les réactions ne se firent pas attendre, celles de la police et de la justice. Les joyeux drilles du comité de rédaction furent à plusieurs fois condamnés à de fortes amendes. Cent quarante exemplaires du numéro 6 furent même brûlés sur ordre du juge...
Entre 1963 et 1966 Richard Neville and friends s'amusèrent beaucoup à secouer l'australian cocotier. Mais à l'exception de quelques grosses noix de coco qui leur retombèrent sur la tête, les assises de la société n'en furent pas ébranlées. Au contraire, l'impression qui prévalut était que dans le camp d'en face l'on resserrait les rangs et que se mettait en place une tactique d'encerclement et d'étouffement des troublions de l'ordre public. Richard Neville qui ne se sentait pas la vocation du martyre préféra s'éclipser vers des ailleurs moins étouffants. Il lui semblait qu'on le comprendrait mieux dans l'Angleterre et sa tradition d'Habeas Corpus...
En 1967 le premier numéro d'OZ britannique voyait le jour. Le rock était en train d'exploser. Les Beatles atomisaient la traditionnelle orchestration du rock'n'roll, des groupes comme Cream mêlaient au bon vieux blues de Robert Johnson des sonorités psychédéliques jamais entendues, la justice commençait à jouer au chat et à la souris avec les Rolling Stones pour quelques grammes de substances illicites... Tout bouge, même les techniques d'impression offset permettent des mélanges de couleurs impensables jusques alors. OZ va accompagner, susciter et devancer cette révolution spirituelle. Sexe, drogue et rock'n'roll bien entendu. Pour le rock'n'roll considéré en tant que courant musical l'establishment aurait fermé les yeux. Mais celui-ci agissait comme un brise-glace. Partout ou il passait il libérait des océans de permissivité. Le crédo de base du magazine était d'une simplicité absolue, jouissez sans entraves, baisez sans retenue. Rien de bien neuf, Rabelais l'avait déjà écrit quatre siècles auparavant. Mais OZ aggravait la mise, pas question de se réfugier entre happy few dans une abbaye retirée au fond des bois. Les directives étaient formelles, baisez avec qui vous vous voulez, les gros, les maigres, les uns avec les autres, les unes avec les unes et les uns avec les uns, si possible à deux, à plusieurs si cela vous chante, et plutôt dans la rue que dans votre chambre. Libération sexuelle tous azimuts. Mais surtout sachez qu'il ne suffit pas de nourrir abondamment la chatte de votre voisine pour être heureux. N'oubliez pas le vieil adage latin, le corps et l'esprit doivent battre à la même fréquence. Rien ne sert de s'ouvrir le sexe si vous tenez la porte de vos sensations fermée.
Vous aviez de la chance d'être né au vingtième siècle, aux drogues ancestrales comme l'opium et les champignons hallucinogènes, la science moderne vous offrait de merveilleux voyages pour pas cher. Inutile de vous encombrer de grosses valises, un petit buvard de LSD et vous voici partis pour d'étranges contrées. Ces saines recommandations psalmodiées en toutes lettres ne plaisent guère en haut-lieu. D'autant plus que cette nouvelle faune de hippies n'est guère discrète. Leurs cheveux longs – une mode que l'on n'avait plus revue depuis les invasions barbares - les vestes à franges, les robes colorées, bref ces tribu de cacatoès déguisés qui sentent le patchouli et profèrent des gros mots chaque fois qu'ils ouvrent le bec, attirent l'attention...
Tout cela se passe en la vieille Angleterre et c'est plus que chocking ! . Mais Neville et ses journalistes ont aussi un oeil tourné vers l'Amérique et là-bas on fait la même chose, mais en grand, avec une dimension supplémentaire : la politique ! Des groupes comme le MC 5 appellent ouvertement à l'émeute et passent une alliance objective avec les Black Panthers en se réclamant du mouvement des White Panthers, de quoi donner des sueurs froides à la CIA... Dans son livre Do It Yourself Jerry Rubin propose de convertir les masses à marche forcée : rien de plus simple, il suffit de verser quelques litres de LSD dans les canalisations d'eau potable pour transformer des bataillons de bons et honnêtes citoyens en chevaliers de la nouvelle croisade libératrice... OZ se fait l'écho de toutes ces merveilles, ajoutez-y quelques pincées de marxisme furieusement à la mode depuis Mai 68, et vous avez de quoi inquiéter gravement les autorités du pays.
Médecines douces, bouffe bio, sexualités parallèles et déviantes, expériences de vie collective, les hippies troublent non pas la paix civile mais les représentations sociales, ce qui est beaucoup plus dangereux. Quant à l'aile gauche du mouvement, les yippies qui rejettent le mirage de la non-violence et prônent une confrontation non pacifique avec les forces coercitives de l'ancienne société, imaginez combien ils peuvent irriter les pouvoirs.
Durant trois ans la vague enfle et s'étend c'est un tsunami de revendications d'un nouveau genre qui emporte la jeunesse occidentale et fait craquer les moules christo-réactionnaires du vieux-monde. Pour gagner une révolution, Gramsci l'a théorisé, il faut d'abord remporter la bataille des représentations idéologiques. Ce n'est pas un hasard si la mouvance underground s'est elle-même rebaptisée du terme combien plus redoutable de contre-culture.
Citoyens démocrates dormez sur vos deux oreilles. La police veille sur votre sommeil d'honnêtes zombies écervelés de travailleurs taillables et corvéables à merci. Dans les locaux d'OZ il n'y a pas que des descentes d'acide, celles des pigs galonnés se font de plus en plus pressantes et récurrentes. Avec à chaque fois confiscation des numéros, des classeurs de documentation, du courrier, et des objets personnels des journalistes...
1969, l'année érotique marqua l'étiage du mouvement. En France c'est le moment où l'on voit les premiers cheveux longs ( des garçons qui arborent des douilles qui leur tombent jusqu'au milieu du dos ), les routards font leur apparition ( t'as pas cent balles mec ), ils partent en stop vers le Maroc et les plus courageux s'embarquent pour l'Inde, ils sont les précurseurs de ce que l'on appelle aujourd'hui les néo-ruraux … c'est dans notre pays le moment où toute une frange de la jeunesse – la petite bourgeoisie estudiantine – s'entiche enfin de la rock music que l'on s'empresse de recouvrir de l'étiquette plus consensuelle de pop-musique. Otez ce rock que je ne saurais voir...
Dès 1970, Richard Neville a l'intuition que le soufflet aux herbes retombe. Pour contrecarrer ce phénomène le numéro 28 sera rédigé par une vingtaine de gamins issus des collèges. Funeste erreur. Nos jeunes adolescents ont le cerveau au-dessous de la ceinture. L'un deux ozera affubler l'Ours Ruppert – pour donner un équivalent français disons le Nounours de Bonne nuit les petits - d'un énorme zizi. Crime que la justice de sa très gracieuse Majesté ne saurait tolérer...
En 1971, s'ouvre le procès. Six semaines de débats ininterrompus. Les trois principaux rédacteurs seront condamnés : douze mois de prison pour Jim Anderson, neuf mois pour Felix Dennis, Richar Neville écope en tant que rédac-chef de quinze mois. Devant l'émotion soulevée dans le pays et la colère de la jeunesse, la semaine suivante lors de la séance d'appel les prisonniers seront remis en liberté. Pour la petite histoire du rock notons que John Lenon apporta une aide beaucoup plus importante que Mick Jagger tès décevant mais déjà prêt à se laisser aspirer par la jet-set qui ne déboursa même pas une livre pour aider les trois prévenus. L'es-Beatles enregistrera une chanson pour la liberté d'OZ...
OZ ne survivra que quelques mois à la condamnation. Neville continue son combat. Il est un peu devenu le porte-parole officiel de l'underground. Vous trouverez son blogue sur internet en tapant son nom. Traitez-le de récupéré si cela vous chante. OZ fut un abcès de fixation. Un de ces prurits dont la société a besoin pour évacuer le pus qui s'accumule dans ses entrailles.
Vous pouvez partir du principe que grâce à Neville ( et à quelques autres emblématiques ), la société occidentale vit mieux son rapport au sexe. Que son combat pour l'acceptation de l'homosexualité était en avance sur son époque et que le temps qui passe lui a donné raison. Idem pour sa défense du féminisme et le droit à l'avortement... De même la critique de la nourriture industrialisée, le retour aux produits naturels sont de nos jours des arguments de vente et de publicité...
Ce qui pose le problème de la récupération. Telle revendication révolutionnaire à un moment se retrouve totalement intégré par le système trente ans plus tard. Et fait même partie des nouveaux impératifs catégoriques des garde-fous coercitifs. Ce qui n'est pas un mal en soi, mais qui ne doit pas nous faire oublier que le corps social sécrète ses interdits comme l'escargot sa bave. Vous pouvez tromper votre mari sans être clouée au piloris mais n'allez point batifoler au-delà du fil rouge de la pédophilie. L'on repousse les interdits mais on n'annihile pas le principe de l'interdit. Vous résolvez un problème, l'on se dépêche de vous en jeter un autre entre les pattes. Le système épouse la critique et s'adapte très vite aux nouvelles normes. Vous combattez une morale étriquée et l'on vous refile les concepts de sécurité ou de prévention.
C'est tout le problème du rock qui exprima longtemps un certain esprit de rébellion et qui s'est fait à la longue phagocyter par l'industrie musicale. Aujourd'hui le rock ne fait plus peur. France-Culture diffuse une biographie – documents sonores à l'appui - de Jimi Hendrix en trente épisodes. Et tout le monde trouve cela très bien. Certes la génération des sixties est montée au bénéfice de l'âge dans les rouages médiatiques et en toute logique impose peu à peu ses références culturelles. Mais les bosquets balisés de la référence reconnue cachent la forêt des marginaux.
Le rock'n'roll n'est plus une contre-culture il a été transformé en un produit pasteurisé de consommation courante. Nous attendons la prochaine explosion. Qu'elle soit encore plus colorée que celle des hippies et plus radicales que celle des punks. Plus l'énergie rockab, bien sûr !
DAMIE CHAD.
URGENT, CA PRESSE !
ROCK SOUND. N° 01.
JUIN-JUILLET 2011.
L'on commençait à passer pour des charlots. C'est à la mi-février que nous annoncions la renaissance du magazine pour la fin mars. Et depuis, l'on ne voyait rien venir. Pour la petite histoire, dans cette trente-neuvième livraison nous rendions compte du livre du mentor John Sinclair de MC 5 sur l'éclosion du mouvement yippie aux States, comme quoi nous avons de la suite dans les idées... Enfin nos prédictions se révèlent justes. Le numéro 01 de Rock Sound est désormais dans les kiosques, depuis le 15 mai, mais par chez nous plutôt après le 20. Nous n'allons pas finasser. Peut-être pas la meilleure période de prévoir un deuxième opus pour le milieu de l'été, mais nous ne pouvons que leur souhaiter que ça roule comme une pierre, dès ce premier item.
Il s'en est passé des vertes et des pas mûres depuis le tout début de l'année 2008. Et Rock Sound fait peau neuve comme si de rien n'était. Ils ont repris l'équipe d'origine, même producteur, même rédac-chef, font la pub pour Rock One, le petit frère pour public moins averti et plus jeune qu'ils avaient créé et qui leur a survécu durant ces années d'absence.
Par contre ils ont relooké sévère. Format classieux, loin du passe-partout d'antan, mise en forme très stricte, lettrage d'une netteté absolue, présentation très clean, avec large filet noir en haut de page. Pour les photos couleur, ils ont gardé les photos mais jeté les couleurs à la poubelle. Non, ils n'ont pas adopté le blanc et noir, mais ils se sont interdits les mauves fluo et les roses thunderbird. Beaucoup de fonds vert aquarium, et de teintes mates. Pas gothique, juste classique. Est-ce le rock qui est devenu si sombre ou le journal s'est-il revêtu de l'imperméable de nos époques grisâtres ?
Se sont aussi souvenus que la jeunesse déserte les livres, sur une double page, l'écriture n'occupe plus qu'un quart de la surface, l'image s'étale sur tout ce qui reste. Pour le contenu, ils n'ont pas pris de gros risque : couve et dossier dévolus à Artic Monkeys. Après avoir été la revue représentative du grunge dans la décénies 90, Rock Sound s'acoquine-t-il avec la ligne anglaise pop / rock furieusement tendance... D'autant plus dommageable que les Artic nous font la promesse d'avoir grandi et d'être devenus un groupe plus mature quant à la préhension mélodique... Mauvais plan, les rockers qui vieillissent se trouvent toujours ce genre d'excuses. Ce n'est pas Miles Kanes de The Last Shadow Puppets – une espèce d'ersatz sous-alimenté des Libertines qui dissipera nos craintes.
Ensuite ils passent à Dave Grohl, l'ancien batteur de Nirvana qui remonte Foo Fighters. Beaucoup plus crédible, mais sans surprise. De même, ils mettent un peu les bouchées doubles pour rattraper le temps d'absence : l'articulet consacré à Imelda May est bien venu, mais que d'eau est passée sous les ponts depuis la sortie de Love Tattoo ! Espérons que cette ouverture rockab ne restera pas sans lendemain.
Me suis laissé prendre aux charmantes anglaises d'Anna Calvi, suis allé faire un tour sur You Tube, sympathique mais un peu sous-exploitée. Genre de chanteuse qui préfère installer une ambiance que se jeter à fond dans le magma rock'n'rollien. Trop intello, pas assez instinctive. Je n'ai rien contre les jolies filles mais l'article final sur Lou Lesage me laisse pantois. J'espère que c'est une pub déguisée, car si pour assurer la survie économique du magazine il leur faut deux pages de photos légendifiées « Veste sport teddy Top Shop, Jean Wrangler, Shoes Isabel Marrant », bien moi je ne trouve pas cela très marrant. Plutôt triste, même. Si le rock devient produit d'appel pour la mode, va falloir que je me recycle chez Modes et Travaux.
Rajoutez quatre pages sur Mélanie Laurent actrice qui se lance ( et s'écrase ) dans la variétoche, et demandons-nous si Rock Sound nous fait vraiment entendre le son du rock ! A notre avis, il faudra opérer de sérieuses corrections de trajectoire dès le numéro 2 !
Pas vraiment l'OZ à moelle qui déchaînera les foudres de notre justice bien aimée !
Damie Chad.
15:03 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/05/2011
KR'TNT ! ¤ 54. SEX PUNK PISTOLS.
KR'TNT ! ¤ 54
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
26 / 05 / 2010
ANARCHY IN THE PUNK !
PUNK. BRUNO BLUM.
SEX PISTOL, CLASH...
ET L'EXPLOSION PUNK
Retour au punk. Retour au rock. Dans notre trente-huitième livraison consacrée au recueil de photos d'Alain Dister nous nous étions occupés du mouvement punk en général, aux anonymes, aux troupes de fans. Bruno Blum nous ramène au plus près de l'explosion musicale, dans les coulisses, backstage. Faut dire qu'il est l'homme ad hoc, c'est lui qui dans les colonnes de Best a révélé la gestation et la naissance du mouvement aux jeunes français. Autant Rock'n'Folk avait suivi de près l'épopée new-yorkaise des Dolls, autant les nouvelles brûlantes de Londres transitèrent essentiellement par la blumesque page mensuelle In the City...
Mais commençons par le commencement. Le punk vient de loin. Tout le premier tiers du livre ( incontournable ) de Bruno Blum est une magnifique traversée de l'histoire du rock'n'roll considérée comme un des beaux-arts de la révolte. Pour qu'il n'y ait pas d'embrouille le premier chapitre s'ouvre par une photo pleine page de Little Richard. L'immortel créateur des plus grands classiques du rock ? Si vous vous voulez. Mais avant tout un nègre. Comme on n'ose plus en faire même aux USA. Car depuis la fin des sixties la grande Amérique a ripoliné de neuf ses afro-américains. En quelques années l'on a mis au point le noir-Obama. Belle teinte, bon chic, bon genre, quiétude bourgeoise lisse et mate qui ne fait pas tache dans le paysage.
Il faut reconnaître que la tâche n'a pas été facile. De toujours les noirs ont fait preuve d'indiscipline. Il faut les comprendre, la condition d'esclave n'est pas des plus heureuses. Qu'ils se plaignent en douceur, qu'ils gémissent à la manière de bêtes sauvages privées de liberté quelques cantiques, desquels la profonde générosité des maîtres blancs ont pardonné l'appropriation éhontée, reste dans l'ordre des choses divines. Certes le Christ n'était pas noir mais il a proclamé haut et fort qu'il aimait tout le monde. L'a tout de même pas précisé sans distinction de race et de sexe.
Pour les chants de travail, l'on a fermé les oreilles. Tout compte fait la musique peut rythmer le ramassage du coton et accélérer les cadences. C'est lorsque les premiers chanteurs de blues itinérants sont apparus que les blancs ont froncé le sourcil. Des gars qui courent les champs à la recherche hypothétique d'embauche, c'est louche. Le travail ne se cherche pas, il se trouve.
De la racaille. Se baladent de bistrot en bistrot ( en anglais l'on dit juke joint ) la guitare en bandoulière et le sexe en avant. Des assoiffés, des trousseurs de jupons, des bagarreurs qui vous bazardent des espèces de chansons dans lesquelles l'on ne parle que de cul. En lousdé bien sûr, mais il n'y a qu'à entendre le rire gras du public et zieuter ces espèces de frotti-frotta qu'ils appellent danse – on devrait dire transe animale - pour comprendre que le diable s'est emparé de l'âme du peuple noir. Ce dont on se fout. Mais aussi de leurs corps. Ce qui n'est pas très respectable selon les canons de la religiosité presbytérienne.
Jusqu'à Robert Johnson, le mal a été plus ou moins contenu. Mais avec la guitare électrifiée de Muddy Waters il a été difficile de faire semblant de ne pas entendre. D'autant plus qu'un Louis Armstrong commençait à obtenir une stature internationale. En Europe une frange d'intellectuels à lunettes se met à écouter du jazz et du blues. On aura tout entendu.
Ce qu'il y a de terrible avec ces nègres c'est que l'on ne voit qu'eux. Prennent même la regrettable habitude de s'attifer de couleurs voyantes et de vestes trop longues qui leur donnent une apparence extravagante. L'on fait mine de rigoler lorsque Cab Calloway arbore ses improbables zoo suits multicolores, de véritables et incroyables tenues de scène de singe savant. Habits de clown, mais quelle dégaine ! Tout de suite star vous classe un homme. En France dès les années 40, peut-être pour mettre un peu de couleur dans un présent et un avenir plutôt sombres, nos zazous s'en souviendront. A la fin de la guerre, en Angleterre ce sont les premiers teds qui se remémorent ces accoutrement ultra-flashy pour peaufiner leur look édouardien...
Comme il existe tout de même une justice de classe, les Blancs dominants ne laisseront pas aux noirs l'apanage de la mode. Vous parle pas de Presley, qui s'habille comme un noir, marche comme un noir, chante comme un noir et ramasse le fric comme un blanc. L'histoire est trop connue. Le king sera le passeur, celui par qui le scandale arrive. Mais il a déjà été précédé par toute une frange hétéroclite de marginaux, motards en cuir et en rupture de ban avec la société au lendemain de la guerre, branchés jazz qui s'accoquinent avec les musicos noirs, poètes et intellos de la beat generation, et peut-être plus grave que tous, travailleurs blancs et pauvres, souvent au chômage, qui gratouillant leurs guitares harmonisent les bases du folk-song qu'un jour l'on appellera protest-song...
Innombrables sont les racines du punk. Encore faut-il y ajouter la rebel music, cette rockabilly fever qui bouleverse à jamais la donne de la musique populaire américaine dans les années cinquante. Il n'y a pas de mystère. Simplement la logique des sources qui conduit et préside à toutes les bifurcations. Si d'une part le punk s'en est allé flirter si naturellement avec la musique jamaïcaine, et si d'autre part son explosion a suscité un réveil du mouvement rockab et motivé la naissance du psychobilly, ces deux phénomènes apparemment antagonistes s'expliquent par ses origines.
Mais revenons au début de l'histoire. Le punk ne naît pas de rien. En 1975, le rock coule des jours heureux. Il roule ses flots avantageux parmi les grasses prairies de l'opulence. Les rockers de la deuxième génération se sont fait des couilles ( nevermind ! ) en or. Les rock stars vivent une existence dorée qui s'éloignent du quotidien des kids. Aux USA, la jeunesse frustrée s'est repliée dans les garages des parents... La révolte larvée coule. L'on se repasse les fabuleuses galettes de groupes qui se sont brûlés à leurs propres flammes : MC 5, Stooges, Velvet Underground... Atterrissages en catastrophe mais il reste encore parfois un pilote dans les zincs déglingués. Lou Reed et Iggy en sont les preuves survivantes. En Angleterre David Bowie essaie de recoller les paillettes... Le mouvement pub-rock s'inscrit comme un retour aux bases. Plus besoin de super-groupes mais nécessité d'un bon médecin de famille tel Doctor Feelgood qui vous prescrit des pilules de bon vieux rhythm'n'blues de derrière les fagots à vous faire danser la gigue à un paralytique... Aux USA les New-York Dolls essaient une OPA sur le rock'n'stones. Un look encore plus provocateur, une musique encore plus speedée, encore plus de drogue que Keith Richards et beaucoup plus d'authenticité que Mick Jagger. La formule est parfaite. Mais la campagne de pub ne paie pas. Trop violents, trop tôt. Ils ratent le coche pour s'être présentés trop en avance au portillon. Dans les derniers mois ils sont accrochés par un mec venu d'Angleterre un certain Malcolm McLaren. Des idées à revendre. Que personne n'achète. Ce n'est pas encore la bonne ligne de produit. Mais l'expérience ne sera pas perdue pour lui-même.
Le punk naît dans la tête de McLaren comme le chiendent entre les pavés de la rue. Tout commence par une boutique de fringues, McLaren vise sur le renouveau de la mode ted. Lorsqu'il comprendra qu'il fait fausse route et qu'il se lance dans la mode sado / maso, Let It Rock sera rebaptisée Sex, sa première clientèle Ted ne le lui pardonnera jamais... Mais le sexe ne suffit pas... Aux States Malcolm a compris que l'ancien mouvement hippie est en train de tourner destroy. De Pattie Smith à Richard Hell une nouvelle esthétique beaucoup plus déchirée est en train de s'élaborer. C'est ainsi qu'il va commettre sa première erreur – qui lui apportera la gloire mais qui fera du punk un mouvement mort-né.
Laren pense rock, et sur les trois raclures de bidets qu'il a dégotées Steve Jones, Glen Matlock et Paul Cook il va réaliser une greffe impossible celle d'un client au look improbable qui fréquente sa boutique. Une coupe de cheveux sidérante, un regard halluciné ( séquelle d'une méningite mal soignée ), un mépris souverain pour tous ceux qui l'entourent. Johnny Rotten se fout du rock comme de sa première cuillère en fer blanc. C'est un fils du sous-lumpen prolétariat. Quand il était ado sa mère écoutait Fun House des Stooges ! Alors la révolte rock pour lui c'est déjà un truc convenu, un truc de vieux. Lui il serait plutôt attiré par tout ce qui fait du bruit. Plus tard on appellera cela le noise mais à l'époque c'est un melting-pot pourri qui embrasse aussi bien Coltrane que les jamaïcains du quartier, les sonorités de la rue que la soul, le beat de la disco que la musique concrète, enfin tout ce qui traîne et qui refuse de ronronner dans des structures trop évidentes.
Par contre il a la haine. Vingt ans de misère, ou ça vous tue un homme ou ça vous rend plus fort. Johnny ne croit en rien. Ni bien, ni mal, ni loi. Anarchisme radical et métaphysique du lumpen-prolétariat. Pas le genre de gars qui à l'instar des trois autres musicos penserait à prendre du bon temps. Se contente de traverser le mauvais. D'ailleurs il ne peut pas les pifrer. Idem pour ce fils de pute de bourgeois de Malcom. Toutefois il gueule, hurle, rote et vomit au travers d'un micro comme personne. Les pistolets du sexe sont dès le début un agrégat chaotique de conflits et de désaccords irréconciliables. Ce ne sont pas à proprement parler un groupe de rock. Johnny Rotten ne se donnera jamais la peine d'apprendre les lyrics de Johnny B. Goode jusqu'au bout. Les chantera en yaourt. En yoglourp. Comme une cuvette de WC emplie de merde qui n'en peut plus et qui hoquette d'affreux borborygmes afin de se désengorger.
Les Sex Pistol sont un concept rock. Ils sont les fils du nihilisme et de l'outrance. Un crachat à la face du monde. Ce qui n'est pas grand-chose mais une revendication par trop énorme pour l'étroit territoire étriqué de sa très Crasseuse Majesté. Vont oser chier sur le jubilé de la reine. Descendre la Tamise en vociférant Anarchy in te UK ( I'm the antechrist ) et God Save the Queen ( Sh's just a fascit pig ), le jour J des cérémonies ! L'establishment ne le supportera pas.
Quant on voit la face béate des cons pauvres ( ne pas confondre avec des pauvres cons qui se retrouvent dans toutes les classes sociales ) qui ont applaudi il n'y a pas quinze jours le mariage princier du futur héritier de la couronne, l'on se dit que depuis la dissolution des Pistols la prise de conscience de l'anglais moyen aurait plutôt régressé ces trente dernières années... Les Pistols paieront très cher leur indiscipline. Lieux et dates de concerts annulés, 45 tours édités en France, maisons de disques rompant unilatéralement leurs contrats, un 33 tours qui sortira trop tard, obligation de s'expatrier aux USA pour une tournée mal préparée qui se révèlera fatale... Ils auront lancé le punk mais se feront doubler par tous les groupes qui auront pris le départ après eux.
Clash, Damned, Dead Kenedy et autres s'engouffrent dans la brèche qui sera vite colmatée. Le punk ne durera pas plus que le rock américain à ses débuts. En moins de trois ans la New Wawe aseptisera les miasmes redoutables de la tornade punk. Mais quel coup de balai ! La variétoche ou la pop peuvent nous engloutir de leur suaves mucosités, le souvenir est si prégnant que les étincelles rougeoient encore sous la cendre.
Certes la révolte punk était trop intense pour se survivre indéfiniment. Elle ne s'est pas produite par hasard à la charnière des mid-seventies. Elle n'en eut pas conscience, mais elle fut l'ultime sursaut d'une jeunesse qui pressentit que le monde changeait de face. Le libéralisme le plus abject était en train de s'emparer des leviers de commande, en douce. Le réveil sera brutal pour la classe ouvrière endormie par les discours lénifiants de ses propres organisations qui avaient déjà opté pour une désastreuse politique de collaboration de classe. Dont nous payons encore les conséquences.
En 56 l'explosion rockab s'articulait sur l'espoir que l'essor de la société de consommation d'après-guerre permettrait aux basses couches de la population d'accéder à un mieux être généralisé. Vingt ans plus tard le punk sonne le glas de la perte des illusions. No future. De la rebelle insouciance des matins qui chantent au désespoir des grands soirs qui sombrent...
Le punk fut aussi le moment où les contradictions s'aiguisèrent. Après le coup de pied au cul à la Reine, les teddies voulurent venger l'honneur de la première dame du royaume. La chasse aux punks s'organisa. Rien de pire qu'un footballeur qui marque contre son propre camp, en étant sûr de tirer dans les buts de l'adversaire ! A croire que l'intelligence de l'être humain ne s'améliore pas en vieillissant. Etrange et ridicule comme l'on peut asservir sa propre révolte à ceux-là mêmes qui furent responsables des conditions sociales de sa maturation... Sur cette nauséabonde lancée des bandes de skins épousèrent au plus près les théories des organisations d'extrême-droite et commencèrent à ratonner tous ceux qui avaient la peau un peu trop noire. Quand l'on sait à quelles mamelles s'est abreuvé le rock'n'roll... Très courageusement, Le Clash n'hésitera pas à se positionner en faveur d'un rock éloigné de toute idéologie raciste et nazie.
La mort de McLaren nous a surpris. A lire les journaux ce sont vraiment les meilleurs qui s'en vont les premiers. Quelle unanimité ! Quels concerts de louanges ! Je ne me souviens pas de telles démonstrations hommagiales durant les années 70 ! Trente ans ont passé, la nouvelle a dû replonger nos journalistes dans les souvenirs fanés de leur folle jeunesse. Ils auraient quand même pu faire remarquer que Malcolm fut bien plus que le manager des Sex Pistols, il fut le premier qui se servit de la presse pour promouvoir à large échelle un produit culturel. Cette pôle position lui permit de faire jeu égal avec les média : il les manipula autant qu'ils le manipulèrent. Ce fut son véritable tour de force. Dont il se vante dans son film sur les Sex Pistols intitulé La Grande Escroquerie du Rock'n'Roll.
Johnny le pourri ne participera pas à la fin du tournage. Le projet l'emmerde. Ne supporte plus personne : ni Malcolm, ni le groupe, ni le public, ni les concerts. Il se barre à la fin de la tournée américaine. Etaient partis aux States faute de mieux car ils étaient carbonisés jusqu'à la moelle en la douce Albion. Glen Matlock n'est plus là, Sid Vicious un ami de toujours de Rotten, le remplace. Dans le genre cadeau empoisonné, il est impossible de trouver pire. Vicious est un désastre sur patte, une catastrophe ambulante, un névropathe incapable de garder le moindre caprice dans sa tête plus de quinze secondes. Malcolm est aux démons, Vicious est tellement plus incontrôlable que Rotten qu'il en devient plus malléable. Il suffit d'attendre la bonne fenêtre de tir pour obtenir de lui ce que l'on veut. C'est avec Vicious que seront finalisées les dernières scènes de The Great Rock'n'Roll Swindle. Rotten l' incomparable sera remplacé par son meilleur ami. Les Pistols n'ont jamais souscrit aux grands sentiments de l'amitié déontologique.
Le deal ne durera pas longtemps. Pourtant les dieux du chaos ont dû sacrément protéger Sid Vicious, son existence d'héroïmane est si déstructurée que les flics de New York – imaginez le mal de chien qu'ils ont dû se donner pour le coincer - ne parviennent pas à l'inculper de l'assassinat de Nancy sa petite amie, retrouvée coutelassée sur le matelas dans leur chambre d'hôtel. Mais pour notre junkie suicidaire, qui ne sera jamais trop vieux pour le rock'n'roll, the game is over. Overdose bien sûr. A vingt et un ans Sid Vicious démontre qu'il n'est jamais trop tôt pour mourir. De toutes les manières il lui était difficile de faire autre chose puisqu'il n'avait jamais réussi à vivre selon les règles.
Avait quand même eu le temps de reprendre C'mon' Everybody et Something Else d'Eddie Cochran. Et le My Way de Claude François aussi. Sid était comme cela, un enfant perdu sans repère. Le jour où l'on a tué Bambi et l'innocence du monde, c'est ce jour-là que Sid Vicious est mort. L'a même emporté une partie de la déjante rock avec lui. Sans le faire exprès. Avec Sid Vicious la saga des Sex Pistols tourne à l'apocalypse.
L'histoire des Sex Pistols est pavée de mauvaises intentions. Elle est le résultat d'une hétéroclite conjonction. Des individus qui dans l'ensemble ne peuvent pas se saquer et qui ne poursuivent aucun but commun. Savent pas jouer, savent pas chanter, se disputent sur tout, ne s'entendent sur rien, mais la souris va accoucher d'un éléphant. La quintessence du rock'n'roll. Le je-m'en-foutisme de la provocation adolescente élevé au stade suprême de la bêtise éclairante. Beaucoup de bruit pour un futur sans avenir.
Par la suite John Lydon aura du mal à gérer l'image publique de Johnny Rotten. Le jeune crétin tourne un peu au vieux con ces derniers temps. Cynique à la niche ! Au moins Sid Vicious le grand provocateur ne fait plus chier personne, aura emporté ses fêlures avec lui dans son récipient funéraire. Que sa maman un peu trop chargée laissera tomber sur le carrelage d'un café. N'aura pas raté sa sortie de l'urne ! Y a-t-il jamais eu plus insolente démonstration de l'inanité bourgeoise du droit de vote ? Les Sex Pistols n'ont jamais revendiqué de représenter quelqu'un d'autre qu'eux-mêmes. Et avec quelles difficultés encore !
Rééditions, bouquins, merchandising, n'ont pas encore terni la légende. Soyez sûrs que vous en apprendrez, verrez et entendrez encore plus dégueulasse la prochaine fois. Trente ans après les pistolets du sexe nous tirent encore dessus. Et nous sodomisent. Le ridicule de l'outrance les a depuis longtemps tués. Mais le cadavre remue encore dans le cercueil du rock'n'roll.
Damie Chad.
INVITATION
Pour terminer un truc un peu différent. Cela nous est envoyé par Sonic Surgeon. Pour ceux qui ne connaissent pas le sommaire de KR'TNT par coeur, vous pouvez jeter un coup d'oeil à notre vingt-huitième livraison consacrée comme par hasard à... Sonic Surgeon.
Sous le nom de Frédéric Atlan notre chirurgien sonore nous livre avec deux acolytes infirmiers une lecture de Paul Valéry avec accompagnement musical. Pour les amateurs de poésie certes, mais c'est un genre qui partage bien des affinités avec le rock'n'roll. Il suffit de savoir écouter.
Bonjour
Comme je vous l'annonçais hier pas de concert cette semaine mais une lecture du "dialogue de l'arbre" de Paul Valéry (1943) par Céline Pérot et moi même, accompagnés par Anthony Carcone (ambiances sonores).
Bon alors quoi, vraiment, encore une lecture ? Encore une soirée avec du vieux théâtre ? Du qui sent la poussière et le papier moisi, avec des acteurs morts sans ombre et sans lumière ? Ah non, mais non, c'est même le contraire. Voilà notre objectif, notre secret pari : partager ce classique si cher à nos cœurs avec d’autres publics que les seuls forts en thème ou académiciens.
Sont bienvenus les cancres, endormis près du poêle, éveillés aussitôt qu’il s’agit de conquête et de chasse au trésor, de mystère et de joie, de chanson murmurée, de musique sacrée, de beauté érudite, de la tombée du soir au rêve hypnagogique !
«Une plante est un chant dont le rythme déploie une forme certaine, et dans l’espace expose un mystère du temps. Chaque jour, elle dresse un peu plus haut la charge de ses charpentes torses, et livre par milliers ses feuilles au soleil, chacune délirant à son poste dans l’air, selon ce qui lui vient de brise et qu’elle croit son inspiration singulière et divine... »
Venez, et voyez !
Jeudi 26 et vendredi 27 mai
La Générale, 14, av Parmentier 75011 Paris
Ouverture des portes à 19h, spectacle à 20h30
Durée : une heure environ
Entrée libre, restauration sur place
14:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/05/2011
KR'TNT ! ¤ 53. ROCKXERRE GOMINA.
KR'TNT ! ¤ 53
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
19 / 05 / 2010
ROCKXERRE GOMINA
Comme l'on ne sait pas quoi faire pour vous être agréable l'on a vidé un pot de beurre de cacahuète dans le réservoir et on the road again, l'on a filé tout droit sur Auxerre. Des gars qui organisent leur premier concert rockab on ne peut pas les laisser tout seuls. Remarquez ils n'avaient pas besoin de nous, question orga c'était du béton précontrain. Parcours impeccablement fléché, dès la sortie de l'autoroute, en moins de dix minutes vous êtes au centre ville, place de l'Arquebuse, avec des créneaux de stationnement à gogo à tous les mètres de trottoir, un samedi après-midi en plus !
Pas plutôt sortis de la voiture que nous tombons sur Zio, dévorant placidement un sandwich au soleil. Le cafetier nous refile le journal du coin, rubrique Auxerre un bel article sur Ghost Higway avec photo en couleur, à peine s'il reste de la place pour les politichiens écrasés de la région. Pour une fois que l'information est orientée dans le sens qui nous agrée, nos n'allons pas nous plaindre.
L'on traverse l'expo des voitures anciennes à toute vitesse, l'on n'est pas du genre à fantasmer sur les Wolkswagens, même peinte en rouge la voiture du peuple est un peu trop spartiate à notre goût et de toutes les façons les deux plus beaux spécimen sont garées à l'intérieur de chaque côté de la scène, superbes Chevrolets que l'on chevaucherait bien sur une autoroute américaine même fantôme...
De près vous ne voyez rien. Mini trou des halles. Le marché est souterrain. Le lieu n'est peut-être pas des plus conviviaux. Les rideaux des boutiques ont été – malencontreuse idée sympathique - peints par des gamins qui, il faut l'avouer, se sont plus mal débrouillés que Picasso, les couleurs sont ternes et peu engageantes... Travées de béton au plafond, ciment impersonnel au plancher, Brrr ! Heureusement que les stands d'habits, de bouffe, d'objets divers et de disques jettent leurs notes colorées tout à l'entour. Je commence par récupérer un 25 cm de Vincent qui manquait à ma collection, un badge d'Eddie Cochran et les quatre premiers numéros des Cahiers du Rock'n'roll ( voir plus loin ). Sur le parvis, je ramasse une photo de Géronimo et de la Capitol Tower. L'oncle Sam parvient toujours à vous refiler les images de sa quincaillerie.
J'ai fait le plein de pacotille de survie, le spectacle peut commencer.
JIM AND THE BEANS
Je ne vais pas vous faire le coup du gars qui a tout vu et tout entendu. J'ai raté le début et au mépris de tous mes déontologiques devoirs de chieur d'encre je n'ai pas su résister aux amicales pressions des amis qui avaient soif. J'ai passé la moitié du set au café d'en face... Je sais, ça ne se fait pas, mais non seulement je l'ai fait mais encore je ne le regrette pas.
Ils avaient pourtant un bon son à la Bo Diddley Jim and the Beans quand je suis rentré. Ca pétait autant qu'une grosse poile à frire de haricots peut vous le permettre et Jim avec sa barbe de sapeur et sa stature de géant il est plutôt impressionnant. Mais je m'en suis vite lassé. Trop statique. Trop monotone. Il manque ce grain de folie qui est la marque de l'esprit rock. Ne serait-ce que l'uniforme de scène, noir triste et rouge galon pompier, trop trad, pas assez flashy.
Quand je m'en suis ouvert aux copains, ils ont trouvé que j'étais un peu trop fermé, que Jim avait une voix des plus intéressantes et que le groupe avait réalisé de sacrés progrès. Pour ne fâcher personne je conclurai en affirmant que c'était un excellent groupe de première partie.
LAS VARGAS
J'avais des préventions. J'avais zieuté des vidéos de leur passage au festival de blues de Cahors qui ne m'avaient pas convaincu. Trop de fun, trop près de l'entertainment. Las Vargas, un nom de numéro d'artistes de cirque, certes aux couleurs noir d'Espagne et rouge taureau, mais un côté Esméralda qui danse sur la scène et qui monopolise votre regard. Davantage une actrice qu'une chanteuse.
Oui mais là, il y a le combo tout autour et qui ne se laisse pas voler le show. Quatre musicos qui manient la muleta avec dextérité. C'est qu'ils ont intérêt à assumer. La sauvageonne est une maîtresse femme. Difficile d'en placer une avec elle. Elle est partout à la fois. Elle virevolte comme un papillon aux ailes brûlées. Ils plaquent des accords speedés, elle se pose devant eux et les imite de la main et du corps. Résultat, si ce sont les mercenaires qui jouent, elle, elle s'amuse et en tire toute la gloire.
J'ai oublié le plus important : c'est que toute cette danse devant les cornes et les cordes de guitare ne serait rien, mais elle chante. Non elle dégoise du rockab à trois cent kilomètres heure et vous remet ça aussi sec, sans vous laisser le temps de respirer. Froufrou de robe, et hop, elle s'échappe à train d'enfer dans un Fujiyama Mama de derrière les samouraïs.
C'est qu'elle a affaire à forte partie, un guitariste qui cravache sec, qui ne s'en tient surtout pas aux canons intangibles du rockab, il a des doigts qui flirtent sur des ouvertures électriques très méchantes, en face, plus classique le pianiste. Je ne susurre pas qu'il se concentre sur un programme de gammes, pur classical chic Stenway, mais rock-classic à la Jerry Lee avec la petite mèche folle sur le front, les touches tordues qui brûlent, la chaise qui valdingue et le clavier qui hennit comme un cheval en furie.
Au milieu le bassiste. Habillé comme dans un western. Non pas le pistolero hirsute au cache-col poussiéreux que l'on voit venir de si loin qu'il ne surprend plus plus personne, mais l'autre, le tueur méthodique, en costume trois pièces, le sourire ironique qui flotte sur les lèvres, l'air d'être là par hasard mais qui ne manque pas de faire feu des deux gâchettes chaque fois qu'il faut accompagner les roulements du batteur. Un jeune hilare, la casquette sur la tête, un grand gamin, le déluré de service sur qui vous êtes prêt à parier vos premières couches culottes sur son manque évident de sérieux. Méfiez-vous, vous allez repartir le cul-nu et dument botté. Car il tape sec et juste. Croyez qu'il va oublier de monter dans le train, l'est déjà en train de jeter des briquettes dans le foyer. Surtout pas monotone. Le ronron des bielles c'est pas son truc, rajoute toujours une surprise sur le gâteau. Un entrechat sur la syncope, une absence d'apocope sur la charleston, et c'est reparti. Pas comme en 56. Mais comme en 2011. Pour une fois que le fond de train arrive à l'heure !
Lutin et farfadette, droit devant. On n'aurait pas du lâcher le petit chaperon rouge de l'oeil. Entretemps elle a avalé tout crus le loup, la grand-mère et le chasseur. N'arrête pas une seconde de vous balancer quelques uppercuts dans les oreilles. Se permet tout, de tirer Bang Bang sur le public qui doit aimer cela puisqu'il en redemande, et de blackbouler deux rockabs de la mort en espagnol, La chica Alborotada y La plaga si vous voulez tout savoir. Ce dernier titre signifie la plaie ou alors c'est un vocable qui désigne un animal nuisible. Dans les deux cas, vous pouvez le prendre pour un autoportrait. Sauvage à souhait. Pas le genre à faire le ménage, la tigresse en furie, par contre elle déménage sec. Elle feule comme un cougar et ondule du corps tel un puma qui se prépare à se jeter sur sa proie. Pepper Hot Baby, comme elle l'assène et nous assassine.
Tout le monde s'est rapproché de la scène pour voir la bête. Miss ouragan emporte tout sur son passage. Des couples s'élancent et les jupes tournoient comme des passes de faena. Cris et applaudissements prolongés. Deux rappels, et c'est terminé. Notre joie, notre rage, de vivre nous quitte aussi brusquement qu'elle est venue. Succès, après le show Las Vargas débite son Cd comme des tranches de saucisson à l'heure de l'apéro. Preuve que le groupe a un fort goût de revenez-y.
Morale de l'histoire : j'ai perdu mes préventions. To day, I have not the Cahors blues but I got an hot feber rockab.
THE CAPITOLS
Il y a des gens qui aiment vivre un peu plus dangereusement que les autres. On les attend toujours un peu au tournant, ce n'est pas qu'on est méchant mais faire un crock-en-jambe à ceux qui jouent à l'équilibriste sur un fil qu'ils ont au préalable eux-mêmes savonné, c'est tentant. Faut un sacré culot pour venir interpréter une vingtaine de titres de Gene Vincent devant un public dont beaucoup de blousons de cuir arborent comme un drapeau le nom de l'idole...
C'est que la passe est étroite, entre la reprise exhumatoire note pour note, trop pieuse pour signifier autre chose qu'une stérile imitation et la mystique à la Erwin Travis sans cesse cannibalisée par le modèle qui remue trop fortement dans sa tombe... Gene Vincent, le retour du mort-vivant.
Casquette blanche sur la tête, pas vraiment un changement de cap, mais un léger décalage symbolique de ce que les Capitols se proposent de produire à leur tour. Délicat de se faire un idée sur les premiers morceaux. Ce sont de tels hymnes, dix mille fois entendus qu'à chaque instant l'enregistrement de Vincent se superpose dans ma tête au son des Capitols. Ils ont intérêt à tomber pile sur les ruptures de ton et à rebondir au dixième de seconde près sur la reprise de Cliff. Etalonnage certifié conforme à l'original.
Difficile de servir sans être servile. Tapent dans les premiers titres du maître, plutôt 56 que 59 ! Tout ce qui est hors Capitol ils n'y toucheront pas. Un rock syncopé, rapide mais coupé d'innombrables reprises, de chorus démoulés brûlants et d'attaques surprise. C'est déjà la splendeur du rock, mais ce n'est pas encore l'explosion électrique. Sans exagérer l'on peut dire que chaque instrument entremêle son propre solo à celui des autres. Les cordes et le beat de la batterie ne se recouvrent jamais, il vaudrait mieux parler de ponctuation alternative. L'on ne se marche jamais sur les blue suede notes Alors que chez Sun l'on est près du cow-boy, Gallup et ses pairs procèdent encore du jazz. Be bop ( a lula ) pas par hasard. Ce qui sauve les Capitols c'est justement de ne pas s'aventurer sur des planches si glissantes. Ils ne cherchent pas à atteindre le son perdu, se contentent de l'interpréter avec leurs oreilles de modern rockab boys qui ont reçu le message en dehors de toute bigoterie exhumatrice.
C'est en cela qu'ils retrouvent d'ailleurs la naïve authenticité du combo originel, parce qu'ils en sont loin, et que Vincent a posé les bases de la transmission rock, d'instinct, sans aucune part ou volonté de recherche théorique. Plus les morceaux s'écoulent, plus l'imperfection salvatrice des Capitols devient évidente. Certes ils reprennent les titres de Gene Vincent mais ils se dispensent du papier collé. Sont plutôt adeptes de l'énergie décollée. Et ça roule à merveille.
Minimum d'esbroufe sur scène. Steph, rythmique et chant, ne mime jamais Gene, pas de jeu avec le micro, pas de position arc-boutée, se contente d'arborer un sweat à la manière de La blonde et moi. Reste que cette simplicité fait mouche, le courant passe entre le groupe et la salle. De même le guitariste solo assure mais ne se la joue jamais en guitar-héros, il est pourtant un maître du contre-point, toujours présent dans les fulgurances les plus actives. Five feet of lovin', Teenage partner, Woman love, Be bop a lula, Crazy legs, Bop street, le répertoire de Gene est pillé avec ardeur. Un bel High blood pressure et un voluptueux Baby Blue seront les seules incursions vers un Vincent deuxième manière, moins rockab, mais plus rock.
Certes l'on n'a pas besoin de copiste, mais Steph désamorce le problème en quelques mots, lorsque le set se termine, il enjoint l'audience à aller découvrir Gene. Return to the sender, comme dirait Elvis. Les Capitols jouent pour se - et nous - faire plaisir. Vincent sera toujours Vincent, et les Capitols, juste un lieu de passage, un pont vers le vert paradis de l'enfance du rock. Et à voir l'émotion triomphale des participants, les Capitols ont réussi leur pari. Là où on leur en veut un peu c'est qu'ils n'ont pas de CD à nous fourguer en rappel. Z'ont intérêt à enregistrer vite.
GHOST HIGHWAY
La tête d'affiche tiendra ses promesses. Sont pas entrés dans le vif du sujet depuis cinq minutes que déjà l'on fait la différence. Ghost Highway construit son son. Ce sont à peu près les mêmes titres que nous avons chroniqués lors de leur prestation au Billy Bob's il y a tout juste un mois. L'on peut ainsi prendre un peu de recul et écouter d'un conduit auditif plus scrutateur.
Plus ramassé que la dernière fois. Moins de fioriture et une attaque plus drue et plus dure. Le fantôme mise sur la densité. Pas question de se perdre en bavardage après les deux groupes précédents. L'on file droit vers le coeur du morceau. L'on taille la chair, l'on cherche l'os. Souvent l'on trouve l'or. Pas question de répéter mécaniquement les mêmes automatismes. L'on sent que Ghost Higway ne joue pas. Il recrée, comme si à chaque fois il fallait redéfinir l'essence du morceau que l'on interprète.
Zio et Jull sur les côtés, Arno et Phil au milieu, le premier en position centerfield comme disait Creedence, et Phil en arrière. Un plaisir de le voir au fourneau. Ne perd pas un battement. De notre coeur. Avec lui le temps ne s'arrête jamais. Econome du geste, maximum d'effets pour le minimum de déplacement, tempo de métronome imperturbable mais à chaque passe c'est une nouvelle manière d'envoyer la sauce. Du style, et de l'invention, l'on s'attend toujours à ce qu'il va faire, mais seulement une fois qu'il a effectué. L'a toujours un raccourci que l'on n'avait même pas entrevu mais qui se donne à entendre comme une leçon de simplicité manifeste. Jamais en retard sur le rythme et sempiternellement un coup en avance sur notre surprise.
L'on ne se lasse point de le regarder turbiner. N'arrête pas un quart de seconde. La force de frappe tranquille. Les autres peuvent vadrouiller de tous côtés si ça leur chante, lui c'est l'engrenage des roulements à bille chromés qui turbinent sur le bitume. Droit devant et tous les coups sont permis. En distribue assez pour que la guitare de Jull dispose d'un camaïeu sonore qui amortira tous les dérapages électriques.
N'en a pas l'apparence, mais se démène comme un fou. Economise la salle de musculation hebdomadaire. Zio ne se prive pas de broder aux gros fils de sa contrebasse ses folles humeurs délirantes sur le tissu phonique issu des caisses qui encaissent la transe rythmique de Phil. A la patte, imperturbable drum qui rebondit comme la boule du billard qui revient à son point de départ après avoir dérangé nos acouphènes. C'est un batteur et c'est un battant. Imbattable. Sue, pas comme Peggy au lit, mais se vautre le visage sur une serviette, le temps d'effacer la fatigue d'adrénaline accumulée qui ne demande qu'à exploser. Chante aussi. Première et seconde voix. Ce n'est pas parce que l'on est derrière que l'on laisse tout le travail aux copains. Et puis, il y a ces quelques secondes de sifflements extatiques, soutenus en sourdine par l'harmo d'Arno, tout le mystère des grands espaces s'engouffre dans cette mélodie, ces quelques notes d'une indicible nostalgie soufflées et modulées par le larynx de Phil qui reçoivent leurs lots d'applaudissements et fort vivats de satisfaction.
Devant Arno veille au grain. De folie. N'ayez crainte la récolte sera bonne. Chant, guitare, harmonica, il est l'homme orchestre. Droit, grand, le bras levé, il ordonne et régente. Il n'accapare pas le regard. Son seul souci reste celui de la cohésion. Et ce soir le combo est comme un poing fermé qui abat ses boulets, un à un, redoutable. Il est comme l'aigle qui plane dans la tourmente. Précis, tranquille, il distribue les rôles et lâche les fauves à volonté selon les nécessités du moment. Le fantôme taille la route et ne supporte pas la comparaison.
Velours de limousine et galops effrénés sur des pistes incertaines. Ghost Highway nous sort le grand jeu. Que des as. Ah ! Le sorcier Jull et sa flash Gordon Gretch ! Chaque intervention comme des fragmences de grabuge, moins d'étincelles qu'à Disney mais davantage de poudre dans les percuteurs.
Le Ghost s'impose comme un des meilleurs groupes du moment. Sacré potentiel. Le public ne se trompe pas d'éléphant, qui lui offre une ovation enthousiaste.
MAËLSTROM FINAL
Dernier rappel ? Mister Jull rameute la troupe, tout le monde sur le pont ! Jimmy, Las Vargas et Les Capitols rappliquent sur scène. Seront trois à jouer sur la même contrebasse, chacun son tour et les cordes seront bien gardées. Rythmique d'enfer. L'on se dépêche d'installer une caisse claire à côté de la batterie. Après une entrée en matière boogie-woogique, un peu chaotique, les choses sérieuses commencent. S'appelle-t-il Marquez ou Martinez, j'hésite à le dire, mais dès que Steph annonce qu'il ne laissera pas passer l'occase du clavier pour nous offrir Great Balls of fire, l'on sent que l'ombre du Killer va venir folâtrer sur les touches. Notre marteleur en chef s'en donne à coeur joie. L'envoie bouler sa chaise et debout, la mèche folle se baladant sur le front, il riffe à la folie, grande riffle et paires de gifles sur les touches. Y touche un max avec sa mine de gamin vicieux qui sourit de vous le mettre si chaud. L'enfonce les doigts dans les yeux des lamelles qui gémissent de plaisir.
Mais ne vont pas s'arrêter en si bon chemin. Mister Jull annonce la couleur. Jenny, Jenny, Jenny d'Eddie Cochran. Je ne vous raconte pas. Vous n'avez qu'à y être. Ca tangue salement devant la scène. Jolies filles qui n'arrêtent pas de danser et bons gars de hurler. Au-dessus ça dégringole les gammes à toute blindes, Miss Varguette nous en jette une style lionne furieuse qui s'en vient rugir dans vos oreilles avant de vous vous planter ses griffes en plein dans la carotide. Ouf, le morceau se termine à temps, l'on a échappé à la belle. De peu, mais assez vifs, pour promettre de revenir au prochain Roxerre Gomina 2.
Damie Chad.
URGENT, CA PRESSE !
LES CAHIERS DU ROCK'N'ROLL. N° 1.
LES CAHIERS DU ROCK'N'ROLL. N° 2.
LES CAHIERS DU ROCK'N'ROLL. N° 3.
LES CAHIERS DU ROCK'N'ROLL. N° 4.
Pas de date sur les fascicules. Ce qui n'empêche pas d'identifier la provenance. Facile, c'est écrit sur la première page. Les quatre premiers volumes de l'Encyclopédie rock de Bernard Boyat. Que l'on ne présente plus. Un fan de rock'n'roll de la première heure. Un copain qui lui fait écouter à treize ans en 1958 un 45 de Little Richard avec Long Tall Sally. Est devenu un des plus grands connaisseurs français de country music et de rock'n'roll. A écrit dans la plupart des revues spécialisées. En France, mais aussi en Amérique. A même composé des paroles pour Chris Evan qui ont fini par être reprises ou interprétées par d'authentiques chanteurs natifs de la patrie du rock'n'roll. Pour rester dans notre étroite et minimaliste configuration KR'TNT, le lecteur curieux se dirigera vers la revue Rock'n'roll et le site net rollcallblog.blogspot.com
Le principe est d'une simplicité biblique. Quarante pages et une moyenne de 250 entrées par livraison. Rangées par ordre alphabétique. Parfois un nom, une nationalité et un titre, sans face B, sans label, sans référence de série. Vous savez au moins que cela existe. A vous de vous lancer dans vos propres recherches. Un conseil, ne soyez pas présomptueux : si Bernard Boyat n'en connaît pas plus, il sera difficile de le dépasser. Souvent une notule de quatre à cinq lignes ( prévoyez des lunettes pour la lecture de la police ) suivie d'une disco plus ou moins étendue.
Cinq pages pour un just call me Chuck Berry, huit lignes pour Dave Berry et deux pour Tom Berry. Si vous êtes célèbre c'est que vous avez des caractères ! Bref une mine d'or. Qui vous rendra malade. Avec tout ce que vous n'avez pas et tout ce que vous ignorez, vous vous sentez tout petit. Ne pas aborder ce genre de lecture si vous êtes dépressif !
Pour que vous ne vous sentiez pas perdu parmi tous ces américains, Bernard Boyat nous distille quelques noms bien de chez nous, les Aiglons, Hugues Aufray, Albert et sa fanfare poliorcétique ( livrée avec Les chacals de Béthune ), Au bonheur des dames, pas grand monde sur deux cents cinquante quidams mais du coup entre compatriotes l'on se sent presque de retour au pays.
Bref, un annuaire aux abonnés absents du rock'n'roll, indispensable. Il en existe une version sur CD-rom à ce que j'ai cru comprendre mais je n'ai jamais vu. Mes quatre premiers numéros n'éclusent pas la lettre B, imaginez l'ampleur du projet en sa totalité. L'ensemble doit être aussi gros qu'un porte-avions. Berries sur le gâteau, le tout est agrémenté de quelques photos noir et blanc.
Un monument dressé au rock'n'roll. Même si vous n'aimez pas lire, essayez de vous le procurer et exposez-le sur le buffet de la salle-à-manger. Vos invités vous prendront tout de suite au sérieux.
Damie Chad.
Comme l'on est gentil et que l'on se préoccupe de votre bonheur terrestre, voici quelques flyers pour vos prochains week-ends, car la vie est trop courte pour s'ennuyer !
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