04/01/2013
KR'TNT ! ¤ 125. ELVIS PRESLEY.
KR'TNT ! ¤ 125
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
03 / 01 / 2013
ELVIS PRESLEY |
ELVIS AGAIN ! SEX, DRUGS, AND ROCK'N'ROLL FOR EVERYONE ! Elvis fêterait son 77 ième anniversaire... au troisième siècle avant Jean-Claude, le poëte grec Callimaque avait déjà prévu pour les fans éplorés un lot de consolation : « Il est heureux celui à qui les Dieux offrent la mort en pleine jeunesse. » KR'TNT vous laisse méditer cette fière sentence à l'image de la vie d'Elvis, so glamour and so bluesy ! |
LE JOUR OU ELVIS A CHANTE A PARIS
JEAN-MARIE POUZENC
( Editions Didier Carpentier / 32O pp / Janvier 2O12 )
On n’allait pas vous laisser sur votre colère. Tout le monde n’est pas du même bois pourri qu’Albert Goldman. Ce roman de Jean-Marie Pouzenc vient à point pour réchauffer le cœur des fans d’Elvis. Question fan, Pouzenc n’est pas le dernier venu. Il est le président d’ « Elvis my happiness », association made in France qui est devenue une des principales références sur tout ce qui concerne Presley. Je vous glisse tout de suite les adresses : BP 568 / 78321 Le Mesnil-Saint-Denis / 01 34 61 24 06 - Boutique : 9 rue Notre-Dame-des-Victoires / 75002 Paris / 01 49 27 O8 43, et le site : wwwelvismyhappiness.com
J’en pressens qui ont sursauté, je les entends siffloter entre leurs dents : « Bandes de tarés, Elvis n’est jamais venu à Paris ! » Faux et archifaux, y a séjourné à trois reprises, profitant de perms de son service militaire, Jean-Marie Pouzenc a d’ailleurs consacré un livre sur le sujet, fort judicieusement intitulé Elvis à Paris. Mais ici il ne s’agit pas de cela. Rappelons que nous sommes dans un roman, œuvre de fiction par excellence. Enfin presque, un poëte comme Gérard de Nerval a autant vécu la réalité de son rêve que rêvé l’irréalité de sa vie.
LE DEBUT DE LA FAN
Œuvre d’imagination, mais aussi biographique. Du côté d’Elvis certes, mais aussi de l’auteur. Né en 1942, Jean-Marie Pouzenc a eu la chance de faire partie de cette génération qui entrait dans l’adolescence au moment où le rock and roll atteignait nos rivages. Comme par hasard le héros de cette histoire n’est pas Elvis, même s’il est l’épicentre du séisme, mais un groupe de copains - Denis, Charles, et Bernard surtout - dont nous suivrons les aventures tout le long du récit. Des petits gars bien de chez nous, issus de milieux populaires, qui bossent dur pour s’en sortir, nous sommes en vérité très loin des blousons noirs.
On ne choisit pas de devenir fan. ça vient au moment où l’on s’y attend le moins, suffit d’un disque, d’un seul morceau, pour faire basculer toute une vie. Pour Denis, ce sera Heartbreak Hôtel, le premier tube de Presley chez RCA. L’en ressortira le cœur brisé mais plus jamais seul jusqu’à la fin de son existence. Rythme initial et rite initiatique du rock and roll. Qui n’a pas connu cette divine intrusion du big beat dans son cerveau ne pourra jamais comprendre l’illumination extatique des grands mystiques.
C’est ensuite que ça se complique, quand on retourne dans la réalité du quotidien. Qu’on le veuille ou non, faut vivre avec cet aérolithe monstrueux qui s’est adjugé la plus grande surface du pré carré de votre intimité. Faut gérer l’ingérable. Dans un monde qui n’est pas fait pour cela et où il n’est pas prévu de place pour ces champignons magiques tombés d’une autre galaxie qui grossissent à vue d’œil dans les cervelles des adolescents pour ainsi dire hallucinogés par leur propre phantasme venu d’ailleurs.
PROBLEMATIQUE
Le problème c’est que l’alien phénoménal qui vous squatte possède aussi une vie indépendante, très éloignée de vous. C’est pour cela que beaucoup de jeunes s’attachent à des artistes disparus bien avant leur naissance. Ce sont là, cires malléables que l’on peut recomposer à volonté et à sa guise. Mais au début des années soixante Elvis n’est pas encore mort. Ou alors pour un cadavre, il ne se défend pas mal, et bouge en une direction que l’on n’aimerait point qu’il prît.
Elvis abandonne le rock. Doucement mais sûrement. Les fans renâcleront mais dans leur majorité ils suivront. Du moins la génération qui assista à l’éclosion du rock. Les autres se branchèrent ailleurs. Beatles, Stones et toute la cavalerie dui suivit. Pour ceux qui n’ont pas abandonné le bateau, reste à comprendre où le Capitaine de retour des armées va les emmener.
En fait Elvis is réellement back. De retour, non pas vers le succès mais vers lui-même. Revient à ses premières amours. N’abandonnera jamais tout à fait le rock and roll, qu’il interprètera trop souvent sous forme de meddley vite faits, bien faits, dépêchons-nous que l’on passe à ce qui m’intéresse vraiment.
L’action du livre se déroule entre 1971 et 1972. Après le come back, le NBC TV Show, et les premiers récitals à Las Vegas, au moment où Elvis revient en première ligne, reconquiert un public, et refait la une des media. Les plus jeunes font la moue, certes le King chante bien mais si près de la variété que cela en devient inécoutable. Elvis est revenu à ses premières amours, le gospel qui enchanta son adolescence. Blanc, avec une profonde touche noire et bleue. Le gospel blanc existe, mais c’est un peu une hérésie comme le champagne de Californie. Mais Elvis ne dérogera jamais plus de cette inconfortable position, assume ce qu’il est, un petit blanc du Sud, religieux et respectueux des lois du Seigneur. Enregistrera à tour de bras, disques de gospels, de Noël et hymnes patriotiques. Ecumera le répertoire américain et viendra même chasser les belles mélodies sur le territoire européen, jusqu’au Comme d’Habitude de Claude François, métamorphosé par Paul Anka il est vrai.
FAN ATTITUDE
Denis and Co, ont tout avalé. Ont compris qu’avec Elvis ils sont en train de visiter les bases de la musique populaire américaine. Et puis pourquoi ne lui ferait-il pas confiance ? Ils ont grandi en écoutant Elvis qui a en quelque sorte remplacé les pères défaillants. N’ont jamais cru au modèle de vie qu’on leur proposait mais n’en ont pas pour autant sombré dans la révolte ou le nihilisme. Elvis les a protégés. Ont fixé les yeux sur lui et ont oublié tout le reste. Elvis est mon berger et je le suis en bêlant de gratitude. C’est ainsi que d’habitude l’on mène les brebis à l’abattoir. Mais eux ils y ont trouvé une boussole, et leur vie a pris un sens. Désormais ils avaient un rôle, la garde lointaine d’Elvis, prêts à en découdre à la moindre attaque proférée envers leur idole. Un peu comme ces citoyens qui décident sans que personne ne le leur ait demandé de s’organiser en groupes d’autodéfense et de protection. Aux USA, on appelle cela des Gun Clubs, c’est le nom que Jeffrey Lee Pierce avait donné à son groupe de révoltés, mais ceci est une histoire que je vous raconterai un autre jour…
DU CÔTE DES ENNEMIS
Dur d’être un fan de Presley à la fin des sixties et au tout début des seventies. L’on a l’impression d’un combat d’arrière-garde. L’on aimerait que son idole soit la première, qu’elle vienne en personne tordre le coup à tous ses détracteurs. Nombreux. Tous ces journalistes qui n’y connaissent rien et qui inventent n’importe quoi, mais aussi toute cette intellingentsia de gauche qui n’a jamais avalé tout ce qui a éloigné la jeunesse des idéaux révolutionnaires. Notamment et avant tout, le rock and roll. Que l’on juge réactionnaire mais qui marque la première éclosion à très grande échelle d’une culture d’essence populaire. La petite-bourgeoisie montante qui est en train de noyauter l’idéologie par trop anarchisante des organisations pré-révolutionnaires ne supporte pas ce déviationnisme existentiel qu’est le rock. Elle est encore à cette époque tributaire de la croyance en une invariance élitiste des schèmes représentatifs d’une culture supérieure de haut-niveau qui ne fait que reproduire les choix de la haute-bourgeoisie.
Les choses étaient en train de changer. Du moins théoriquement. Lorsque le Pelvis est censé venir en notre douce France, les philosophes de la déconstruction de l’homme sont en plein travaux de démolition. Ne vous laisse même pas imaginer comment ils se sont amusés à brûler - sur les antiques bûchers jamais tout-à-fait éteints - les nouvelles sorcières de la société de consommation. A coups de bulldozers sur les dernières idoles de la modernité que furent les pionniers du rock !
Mais un demi-siècle après, le rock and roll garde encore cette aura de mauvais genre. Faute d’avoir pu l’éradiquer définitivement comme l’ivraie qui repousse dans les meilleurs terreaux, l’on s’est efforcé de le galvauder, de l’amadouer, de le rendre plus présentable, de le remplacer par un ersatz nommé pop-rock, mais il reste encore des poignées d’irréductibles qui le conduisent vers les sentiers dont on interdirait les accès avec plaisir.
La bande à Denis n’a pas une claire conscience de tout cela. Elle témoigne de cette beaufitude éclairée qui est l’arrière-plan de l’idéologie actuelle. Comme ils sont polis ils ne prononcent pas de gros mots et n’emploient donc pas le vocable anticommunisme qui leur siérait si bien. Pour le reste l’on se contente des vœux pieux d’une société améliorée où tout marcherait comme sur des roulettes…
RETOUCHES
Quarante ans après la réalité n’a guère évolué. L’on va donc refaire le monde. Pas au bistro, mais dans un roman. Inutile de tirer des plans sur la comète du l’avenir. Elvis n’était pas mort que les punks criaient déjà no future ! On se contentera de refaire le passé. Pas l’ensemble du bâtiment depuis la préhistoire. Mais un petit morceau de la vie d’Elvis.
Que les rêves deviennent réalité ! Elvis n’a jamais chanté à Paris ( et en Europe ) l’on va arranger cela d’un coup de stylo magique. Attention pas un gros barbouillage ou un infâme gribouillis, non du grand art, une opération de micro-chirurgie. Implantation des plus plausibles dans l’emploi du temps d’Elvis, après le Madison Square Garden et avant le concert d’Aloha, retransmis au monde entier. Même le Colonel Parker ne peut raisonnablement s’y opposer.
Jean-Marie Pouzenc n’élude aucune difficulté. Réécrit l’Histoire mais sans faute d’orthographe. Mentir vrai et romansonge. Idéalise quelque peu les personnages : un Elvis qui impose ses volontés, la maffia de Memphis qui obéit au doigt et à l’œil. Denis et ses pots boivent du petit lait. Elvis débarque à Paris, lors de sa conférence de presse il met les journaleux dans sa poche, il donne un concert pharamineux au Parc des Princes… pour la suite de la tournée dans les autres capitales c’est au lecteur d’imaginer car le bouquin se referme sur le ravissement de nos héros.
Elvis ne les a pas déçus, mieux il s’est monté supérieur à l’image sainte qu’ils s’en faisaient. Un gars d’une gentillesse et d’une prévenance extrêmes. Côté artiste, un talent qui confine au génie. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
RETOUR AU PRESENT
Le plus difficile, c’est de fermer le livre. L’on se retrouve dans la terrible réalité des vols qui n’ont pas fui. Toute lecture n’est-elle qu’un beau rêve ? Elvis n’est jamais venu à Paris donner son set mirifique. Ce n’était donc qu’un beau rêve. Mais le rêve n’est-il pas qu’une des multiples facettes de la réalité ?
On n’est pas d’accord avec tout, notamment cette obstination redondante à placer Bécaud, Brel, Brassens et toute la fameuse chanson française devant Eddy Mitchell, Dick Rivers et Johnny Hallyday. Faute de goût. Même si l’on n’aime pas particulièrement le rock français. Ne faut pas se tromper de camp. Mais ces préférences sont aussi signifiantes : chez Presley, Jean-Marie Pouzenc privilégie le chanteur au rocker. Entre parenthèses, c’est Elvis qui lui donne raison.
Mais c’est le propre de l’idole. Chacun la plie à sa propre fantaisie. Jean-Marie Poulenc a réussi à nous entraîner dans ses songes les plus merveilleux. Nous l’en remercions. Mais tout de même pas trop, puisque l’ouvrage terminé votre vie redeviendra ce qu’elle a toujours été : un cauchemar. De laquelle pas plus qu’Elvis vous ne ressortirez vivant.
Damie Chad.
ELVIS INTIME. PRISCILLA BEAULIEU-PRESLEY.
Texte français de François Jouffa.
Editions Ramsay. 1997.
Publié pour la première fois en 1986 sous le titre D'Elvis et Moi, plus proche de l'original américain Elvis and Me. Ce que raconte Priscilla ne diffère pas vraiment en ce qui concerne des torrents de boue accumulés par Albert Goldman dès 1981 dans son Elvis. Comme quoi l'on peut raconter exactement la même histoire en en changeant le sens, uniquement en en variant le point de vue.
Priscilla se contente d'assumer tout ce qu'elle a vécu. Ne joue ni à l'innocente sainte-nitouche ni à au pauvre petit chaperon rouge trompé et dévoré par le méchant loup. Difficile de se mettre à sa place, mais Presley lui est tombé dessus sans préavis. L'avait tout juste quatorze ans quand le roi du rock lui a déclaré sa flamme. L'habitait encore chez ses parents, et lui vivait les derniers mois de son service militaire en Allemagne. Ce n'aurait pu être qu'une amourette, des années plus tard cela finit par un beau mariage. Un véritable conte de fée ! Avec des hauts et des bas.
Je ne vous ferai pas le coup des mystères de l'amour, l'attirance d'Elvis pour Priscilla, outre ses appétences érotiques particulières, s'explique assez facilement à un niveau psychologique. Tout est allé très vite pour Elvis, le succès, la mort de sa mère, l'incorporation. N'a pas désiré cette dernière, s'est laissé forcé la main par le Colonel et RCA qui pensaient à satisfaire ce que l'on nommerait aujourd'hui la majorité silencieuse des acheteurs. Dans la grande muette Elvis a le temps de réfléchir à sa destinée, qui lui échappe. Se pourrait-il qu'au retour en Amérique, il ne soit plus qu'un has been parmi tant d'autres ?
Pricilla insiste sur cette peur qui le tenaille. Elle deviendra le point d'ancrage de l'idole. Il ne détient pas tous les paramètres de sa futures carrière, Pricilla sera ce qu'il voudra qu'il soit. Il a décidé qu'elle sera sa femme et personne ne saurait s'y opposer. Même pas les nombreuses petites amies de passage qui se succèderont plus ou moins à découvert. Elle sera sa chose à lui, il décidera de ses tenues, de son aspect physique, de ses activités... Elle sera la Galatée de son Pygmalion. Elle en souffrira, mais comme elle ne veut pas le perdre elle cèdera, non pas à tous ses caprices mais à l'unique plan concerté que le King eut jamais.
A tous moments elle est à l'entière disposition du King qui la tient éloignée tant géographiquement qu'érotiquement de lui. Ne consommeront le mariage que lors de la nuit de noces. Sept ans d'attente, parsemés de jeux amoureux des plus coquins, mais ne poussant jamais la réalisation jusqu'au bout. Grande épreuve digne des plus fervents troubadours mais Priscilla désirerait dans son corps de femme des nourritures beaucoup plus terrestres. Elvis recule la réalisation du rêve car celui-ci accompli que lui restera-t-il à manoeuvrer ?
Certes il a repris la main sur sa carrière, le NBC Show et les premières saisons à Las Vegas, qui se transformeront trop vite en routine. Délaissée depuis la naissance de sa fille Priscilla se console dans les bras de son professeur de danse, puis de karaté... Elle prend la décision de se séparer. Elvis oscillera entre tristesse et soulagement. Se rendent compte tous les deux qu'ils ont laissé s'échapper quelque chose d'important mais seront incapables de faire marche arrière. Elvis laisse partir sa femme comme il a laissé partir sa carrière. S'en remet à l'autre pour faire les choix stratégiques.
Pour le reste, il donne le change. Il est Elvis, il est le Roi. Il assume, il dirige, il commande. Du moins en donne-t-il l'apparence. Entouré d'une cour d'amis, de parents, d'employés, il fait la pluie et le beau temps. Des coups d'orage, mais beaucoup de soleil car il est généreux et aime donner et offrir. L'aime rire et s'amuser. Joue au dur, manipule les armes et joue au karétékas invincible. En fait il n'a de prise sur rien. De l'argent à ne pas savoir qu'en faire et des cachets pour dorer la pilule de l'angoisse.
Un énorme gâchis. Priscilla dévoile l'ampleur du désastre. Sans voyeurisme, sans fausse pudeur. Le roi est nu, mais jamais ridicule. Elvis est prisonnier de lui-même. De son rôle. De son statut d'icone américaine. Le plus terrible, le plus pathétique, c'est qu'il en est extrêmement conscient. Presley ne fut jamais dupe de qu'il était devenu. Priscilla aura la force de s'enfuir de cette cage dorée dans laquelle Elvis essaie de la créer à son image, de la surprotéger, tout comme lui-même s'est laissé enfermer trop tôt et si jeune qu'il n'a jamais eu d'autres modèles à opposer. Facile de s'en tirer en affirmant qu'Elvis ne fut qu'un pauvre gars. Il fut aussi ce que la plupart des pauvres gars ne seront jamais : un immense artiste.
Priscilla n'évoque pratiquement jamais cet aspect le plus essentiel d'Elvis, elle préfère nous donner le témoignage d'un homme, différent de par sa stature sociale, et émouvant par la manière qu'il a imaginée pour gérer la situation. Ne s'en est pas dépatouillé au mieux. Mais comment auriez-vous fait à sa place ?
Damie Chad.
ELVIS ET LES FEMMES. PATRICK MAHE.
Juin 2012. Archipoche.
J'achetais quelques effets pour mon boulot, j'étais en train de payer mon dû lorsque mon subconscient a été attiré par la couverture d'un bouquin à l'extrême gauche de mon champ visuel. Par Zeus, ne serait-ce pas une photo d'Elvis ? Si ! Pas d'équivoque possible, Elvis écrit en gros et en rouge, avec dessous Les Femmes en plus petit. Comme n'importe quel homme qui se respecte je peux résister au sourire enjôleur d'une femme, mais qui aurait assez de force à opposer à la moue ravageuse des lèvres d' Elvis ? J'ai illico presto subito expresso bongo rajouter le livre à ma facture.
Franchement je ne m'attendais pas à grand-chose de bien. J'ai déjà lu de notre auteur un ouvrage sur Hallyday qui ne m'avait guère convaincu à l'époque. Polygraphe de droite qui a essaimé dans tous les râteliers de la presse grand public, Paris-Match, Figaro, But, Télé-Magazine, Télé-Sept-Jours, Hachette Filipacchi, et bien d'autres, Patick Mahé n'est pas pour moi un personnage de référence, mais que ne ferait-on pas pour Elvis ?
Je dois reconnaître que c'est assez bien fait. Un peu au-dessous de la ceinture – le sujet s'y prête – mais un véritable effort de style pour les scènes un peu chaudes. Tous les romans de la rentrée littéraire – même parmi ceux que l'on nous présente comme des chef-d'oeuvres – n'atteignent pas à une semblable qualité d'écriture. Le livre se présente sous la forme d'une biographie mais les activités artistiques d'Elvis sont traitées en quelques mots. Davantage de renseignements quant à sa carrière cinématographique car c'est dans le vivier inépuisable des starlettes que Presley a attrapé de quoi nourrir sa charnelle gloutonnerie...
Le livre est déjà paru en 2007 aux éditions du Rocher sous le titre Le Roman des Amours de Presley. J'espère que dans cette édition grand format l'on avait pris soin de joindre une galerie de portraits couleurs. La liste des fiancées du King est plus que longue, le petit récapitulatif final en dénombre plus de quarante, sans tenir compte des oiselles de passage... Facile de s'y perdre, une série de jolis petits minois aideraient à s'y retrouver...
Elvis s'en tire plutôt bien. Plutôt gentleman que goujat avec ses dames. Mais l'occasion fait le larron. Et quand il reste trop longtemps confiné à Memphis, serré de près par sa régulière, il s'invente un besoin professionnel urgent de repartir en Californie. Fidèle de coeur mais pas de corps. Possède l'art et la manière de se faire pardonner, d'avouer sans le dire, de regretter avec tant de fougue que l'on ne demande qu'à le croire. Usera tout de même la patience de Priscilla puis de Linda plus que compréhensives. Ce qui est tout à leur honneur, car sans Elvis elles ne sont rien et l'Histoire n'a rien retenu d'autre si ce n'est qu'elles ont été les maîtresses d'Elvis.
Le plus terrible c'est que malgré cette kyrielle de demoiselles énamourées plus ou moins intéressées, plus ou moins intéressantes, Elvis s'est toujours senti seul et incompris. Comme quoi semble-t-il l'amour ne fait pas plus le bonheur que l'argent... Priscilla fut sans doute celle qu'il aima le plus, mais Patrick Mahé éprouve ue tendresse particulière pour Anita Wood qu'il délaissa pour partir à l'armée. Le Colonel ayant intrigué pour que la romance s'arrête avant qu'elle ne devienne indissoluble... Mais pourquoi choisir ? Toutes fugaces et chacune irremplaçable ! Pour une nuit ou pour une vie. Mais la vie n'est-elle pas encore plus noire que l'accumulation de toutes les nuits du monde ?
Damie Chad.
20:13 | Lien permanent | Commentaires (1)
23/12/2012
KR'TNT ! ¤ 124. ROLLING STONES
KR'TNT ! ¤ 124
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
27 / 12 / 2012
ATTENTION ! KR'TNT ! part en vacances ! Comme nous ne voudrions pas que vous soyez en manque de votre dose hebdomadaire, nous mettons en ligne dès ce dimanche 23 décembre notre numéro 124 prévu pour le jeudi 28 décembre. N'en oubliez pas pour autant la saine lecture du N° 123 du 13 / 12 / 12. Nous devrions être de retour dès le jeudi 03 janvier 2013. JOYEUSES SATURNALES ROCK'N'ROLL ! |
CINQUANTE ANS DE STONES
LE LIVRE DES ROLLING STONES
FRANCOIS DUCRAY / JACQUES LEBLANC / UDO WOEHRLE
ALBIN MICHEL * ROCK&FOLK / 1978
Aucune envie spéciale de parler des Stones. Et puis l'actualité est venue me prendre par la main. Sur une brocante, un vendeur sympathique qui me refile des photos de Marcel Proust ( les rockers possèdent parfois des centres d'intérêt divergents ) pour trois euros. Trois euros ! A ce prix-là je passe les dix mètres carrés de l'étalage au peigne fin, de gros cartons remplis de bouquins – plutôt littérature fin de siècle – jetés là un peu n'importe comment. Tiens des disques ! Des trucs pop inécoutables des années 80, avec coincé entre deux pochettes de Supertramp ( quand je dis inaudible, je suis large d'esprit ) Le Livre des Stones de la collection Rock'n'Folk, paru en 1978. A l'époque, l'état de ma fortune personnelle ne m'avait pas permis de me l'offrir... mais vu la présente évolution de mon porte-feuille d'actions cotées en bourse, tel un trader flairant la bonne aubaine, je décide sur le champ – en fait sur la Place de la République locale – que je ne dois point résister à l'acquisition d'un tel fleuron rock'n'rollien, puisque au dire des analystes financiers des grosses banques d'affaires la conjoncture économique n'a jamais été aussi favorable à l'enrichissement des riches... collectionneurs. Nanti d'un tel trésor sous le bras, je dois l'avouer, tandis que je rejoins d'un pas serein la teuf-teuf mobile, je me fous des pauvres... malheureux qui ne possèdent pas encore ce collector indispensable à la survie de l'espèce humaine. Excusez-moi de parler d'argent, je sais que cela ne se fait pas entre gens bien ( comme nous ), mais avec les Stones il s'agit d'une première pierre d'achoppement inévitable sur laquelle l'on se casse à tous les coups les dents.
TROIS MOUSQUETAIRES
François Ducray n'est pas tombé de la dernière averse. A suivi le parcours classique du journaliste rock qui a fait carrière, début chez Best et Rock'n'Folk, recyclage journaleux grand public cultivé via Télérama pour finir aux Inrock. Des livres pour assurer la tambouille chez Librio ( Gainsbourg, Beatles, Pink Floyd ) et plus fine bouche un Led Zeppelin et tout dernièrement un Dylan et le Country-Rock au Castor Astral.
Jacques Leblanc, la même début de route, Best, Extra, et très vite cet esprit fiévreux de recherche encyclopédique qui le mènera à devenir le spécialiste des french sixties, à fonder Juke Box Magazine, puis le CIDISC : Convention Internationale des Disques de Collection, et à rééditer en précieux tirages limités les raretés du catalogue rock français, notamment au travers du label Magic. Un véritable activiste rock.
Udo Woehrle est davantage un fantassin de l'édition. Cherche les sujets qui marchent. Produit plus qu'il n'écrit. Deviendra très vite le rédacteur en chef du magazine Géo, un must dans les années 70 – 80 pour cette petite-bourgeoisie friquée que l'on n'appelait pas encore les bobos. Aujourd'hui il assure la transposition des produits de presse français en version allemande... Nous le subodorons davantage préoccupé par le business que par le rock'n'roll.
Se sont partagés les taches. Woehrle a calibré le projet – il y avait déjà chez le même éditeur, Les Rolling Stones de Philippe Bas-Rabérin – faites-lui confiance pour l'optimisation de la rentabilisation de l'affaire, Jacques Leblanc a emmené la doc, et tous deux ont confié avec juste raison le soin de le rédaction à François Ducray. C'est qu'il ne suffit pas de rapporter les faits dans leur ordre chronologique ni de présenter les pochettes des 45 Tours les plus rares à des lecteurs ébahis, faut encore une écriture qui suscite le rêve et la légende. Et seul quelqu'un qui a vécu et intériorisé la saga dont il parle peut la restituer en en décryptant les enjeux originels et les conséquences ultimes.
1978
1978 ! Que c'est loin ! leur restait à vivre encore ( au moins ) deux fois le laps de temps qu'ils venaient d'arpenter. Pouvaient pas le savoir, nos Stones. Françoy Ducray non plus. Cette ignorance change les perspectives. Le livre s'achève alors que nos moutons noirs viennent de sortir leur quatorzième album studio, Miss You. Leur plus grosse vente. Tout semble aller pour le mieux. Mais c'est le dernier feu d'artifice. Moi-même en allant vérifier dans mes étagères me suis surpris. I got the record. M'en rappelais plus. Pochette splendide. Gravure impeccable. C'est que je n'ai pas dû l'écouter beaucoup. Suis-je- allé jusqu'à deux ? Je ne m'en souviens pas. J'ai les précédents aussi. Le calamiteux Black and Blue, le décevant It's Only rock'n'roll ( but we like it ), et le totalement raté Head Goat Soup. Les ai systématiquement achetés, ou plutôt me les suis procurés, comme on disait chastement à l'époque. J'étais comme eux. Je vivais sur leur passé.
Déjà ils louchent sur ce qui se faisait à côté. Mais se trompent de side. Ils cherchent le groove, l'aseptisé, celui que l'on entend sur les disques de Stevie Wonder, musique noire blanchie à l'extrême qui a troqué sa force séminale contre le ahanement du bit castré pro disco. Veulent rester jeunes. Comme dirait Bowie, ils donnent le change. Ont oublié de regarder de l'autre côté, la bonne face. 1976, 1977 : le rock est en ébullition, dans chaque cave londonienne, les punks essaient de jouer plus vite et plus fort que les Stones, dans le seul espoir de les égaler. Tu parles ( my King ) Charles ! Au bout de deux ans la preuve était établie. Les petits jeunes pouvaient remballer, le concours était fini. Avant d'avoir commencé. Perdu aussi pour les Stones qui n'ont pas compris qu'ils avaient l'opportunité, à ne pas laisser passer, de devenir les New York Dolls anglaises. Dans les deux cas, c'est le public qui n'était pas au rendez-vous.
RE-PLAY
Ne me dites pas que c'est du passé. Aujourd'hui même viennent de commettre le même style d'erreur. Le copain a télechargé leur dernière compil. Grrr ! 27 euros dans le commerce, pour des morceaux d'anthologie qu'il possède déjà en six ou sept rééditions différentes. Avec bien sûr, pour délester les fans, deux inédits. « Pas mal du tout, juge-t-il, du bon rentre dedans, bien rock ! » puis il ajoute « j'ai effacé tout le reste bien sûr. N'ai gardé que ces deux-là ! » L'a raison de ne plus vouloir cracher au bassinet. Je me prends à rêver, j'aurais été le premier à courir au magasin s'ils avaient sorti les deux dernières pépites sur un single vinyl avec une belle pochette surprise. En plus avec une bonne promo ils en auraient vendu des semi-remorques à gogo et auraient redoré leur aura. Ternie depuis longtemps. Au vert-de-gris dollarisé. Mais il y a longtemps que les Stones ont abandonné le rock'n'roll pour le tiroir-caisse.
LA PREMIER PIERRE
La faute à qui ? Ne m'attendez pas pour jeter la première pierre à Jagger. Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi l'on parle encore de l'Iguane mais plus jamais du Jaguar. Même les pisse-copie généralistes qui n'y entravent que couic mais qui recopient les fonds d'articles de la presse spécialisée, ne ressortent plus le fauve des cages du rock'n'roll circus. L'est vrai que les griffes du Mick se sont bien émoussées. Les a échangées contre des serres crochues. Il est venu un moment où le jeune homme en colère n'a plus eu faim.
C'est humain. Mais pas très rock'n'roll. S'en foutent. Ont toujours été plus proches du rhythm and blues. On les comprend. Quelque part c'est plus facile que le rock et le rockabilly. On a besoin de moins de technique vocale mais de davantage de feeling. Se sont toujours recommandés du bluesman inconnu mais n'ont pas cherché les subtilités du style. Z'ont compris, et vraisemblablement Andrew Loog Oldham d'abord, qu'ils n'arriveraient jamais à égaler les maîtres du genre. Ont tout misé sur le son. Un peu ce que faisait Phil Spector pour les groupes de Doo wop dont il a totalement renouvelé l'esthétique. Les a remodelés à la mode collège. Tout en les gonflant au Spector sound. Suffit d'avoir un joli minois pour décrocher une place.
Eux ils avaient la sale gueule. Tristes tronches de petite gouape sans ambition. Le mur du son n'en serait que plus épais. Fallait les cacher derrière les briques sonores. N'y sont pas arrivés tout de suite. Ont été sauvés par Charlie Watts. Un batteur sans imagination. Une machine déréglée imperturbable. Un demi-temps de retard à chaque frappe. Faites-le jouer sur un tempo ultra-rapide et puis sur un blues languissant. Dans tous les cas, vous offrira toujours son demi-temps de retard sur le beat espéré. Les intellos ont essayé d'expliquer cette monstruosité rythmique. Cela viendrait de ses origines jazzistiques, ne peut donc posséder la frappe primaire du rocker qui tape sur sa caisse claire comme un malade. Vous pouvez écouter la disco complète d'Elvin Jones, n'a jamais un seul semi-battement de retard. Ou alors c'est voulu et contrôlé de bout en bout, pas du tout mécanique, se rattache alors à l'art du contre-temps. Du contre-point. Dentelle.
Z'avaient pris soin de virer Ian Stewart le pianiste. Jouait le boogie comme un dieu. Juste et sans faute. Avec lui au clavier, l'on pouvait pas garder Charlie, même un sourd aurait entendu son retard métronomique. A dû donc jouer les utilités. Pas Charlie, Stewart, avec les Stones rien n'est jamais juste, ça tombe toujours à côté comme Charlie, mais en fin de compte ça finit par s'arranger pile-poil. Donc Ian chauffeur, secrétaire ( poli et déferrent ), on peut même l'entendre sur les disques, dans le lointain, sert de bruit de fond à la cacophonie générale. Ne surnage dans tout ce capharnaüm que l'arythmie congénitale de la batterie perceptible justement par le bruit que fait ce demi-silence retardataire à ne jamais chuter à l'instant exact où on l'attendrait.
Une pulsation particulière qui est devenue comme la marque de fabrique de la musique des Stones. Si vous ne me croyez pas, écoutez le piano de Nicky Hopkins – car pour reproduire le bruit de fond à l'identique sur scène, afin de suppléer aux micros enregistreurs manquants du studio, l'on a adjoint toute un bataillon de musicos afin de remplir l'espace sonore. Hopkins ne joue pas à proprement parler. Il remplit les vides, descend les tons comme on dégringole dans les escaliers. Musak d'ambiance d'ascenseur et de supermarché.
C'est comme cela que les Stones sont passés du blues au rock'n'roll. L'on peut le dater. Sur Get out off my Cloud. Sensationnel numéro de Charlie qui toutes les quinze secondes se lance dans une démonstration attention-les-gars-je-déroule-mon-kit-en-entier-et-débrouillez-vous- comme-vous-pouvez. Vont se piquer au jeu. Chacun balance sa commission personnelle dans la marmite. Personne ne s'écoute. Mais entre deux roulé bourré de Watts il reste assez de place pour stationner un porte-avions. Ca résonne dur. Jagger s'égosille à qui mieux-mieux. Nous sommes loin du tricotage facile de Satisfaction, tellement plus près de Muddy Waters que personne ne l'a encore jamais fait remarquer.
N'échapperont qu'une seule fois au beat de Watts. Sur Baby Have Seen your Mother Standing In The Shadows. Une avalanche de guitares grondantes hyper speedées comme personne n'en avait alors jamais entendu. Depuis les hard rockers ont fait beaucoup plus fort, et ce morceau qui nous paraissait dantesque à l'époque souffre aujourd'hui – ironique retour de l'Histoire - de la mise sous boisseau de la batterie de Charlie Watts que l'on n'entend pas.
C'est sûrement-là le secret d'un grand groupe de rock. Ce n'est pas la guitare de Jimmy Page qui a créé le son de Led Zeppelin, la turbine sonore du Dirigeable c'est Bonham et sa frappe architecturale. La voix de Plant et la guitare ne font que remplir les espaces. A tel point que sacrilège des sacrilèges, j'en arrive à me demander si ce n'est pas Dickie Harrel qui ordonne le jeu de Cliff Gallup, chez les Blue Caps.
TOURBILLON
Bref lorsque les pierres se mirent à rouler cela fit mal. Aux Stones pour commencer. Car comment sortir de la quadrature du bon vieux blues du delta carré lorsque l'on se met à tourner en rond sur soi-même ? En arrondissant les angles fut la première réponse apportée. C'est un peu n'importe quoi. Deux monstres, Between the Buttons et Their satanic majesties request furent les deux trente-trois tours qui essayèrent de se livrer à cette impossible translation. On y trouve de tout dessus. De l'antistone même. Mais la lumière noire c'est encore de la lumière.
Jamais trois ratés après deux loupés. Fallut prendre des mesures extraordinaires. L'on congédia le boss. Pas une révolution populaire. Plutôt un pronunciamento militaire. Exit Brian Jones un bon coup de pied au cul qui le renvoya dans sa piscine. Savait plus nager. Mais il n'y avait de bouée de secours livrée avec le parachute doré des royalties.
Embauche immédiate d'un guitariste. Un vrai, pas un simple rythmique. Un sacré joueur de blues mais capable de slider sans problème jusque sur les plans rock les plus meurtriers. Mick Taylor leur permettra d'enregistrer sans coup férir trois monuments du rock'n'roll : Beggar's Banquet, Let it Bleed et Sticky Finger. La suite sera une lente dégradation. Richards prend trop de dope et Jagger le poste de PDG de l'entreprise Rolling Stones.
L'ivresse du fric va peu à peu l'emporter sur la qualité du flacon. Nous refilent du frelaté alors que l'on aurait avalé sans sourciller un alcool de contrebande au venin de crotale. Mieux vaut un tord boyau que de la daube ou de la soupe, même si c'est une spécialité jamaïcaine à la tête de bouc. Richards s'enferme dans le rôle du grand sorcier de l'open tuning qui gonfle tout le monde. Même que Chuck Berry lui demandera de faire moins de bruit. Mais c'est dans ce personnage de super pirate des caraïbes ( ah ! La tête de mort incrustée sur sa guitare noire ! ) qu'il parvient à acquérir une stature capable de faire front au frontman bronzé en pleine forme qui a pris les manettes du commandement. Années cruciales où rien ne se voit mais où tout se joue.
Mick Taylor s'éloigne sans se retourner. L'en avait assez de passer pour le second couteau alors qu'il était le lead guitarist. Personne ne l'a jamais dit mais il me paraît évident que Keith a dû savonner la planche. Ne s'en vantera pas. Les cyniques pratiquent volontiers l'auto-dérision mais arrêtent les frais lorsqu'ils doivent retirer le masque de leurs turpitudes.
1962 – 2012
Tout cela nous pouvons le dire aujourd'hui avec du recul. Dans le livre de nos trois mousquetaires, personne ne remet en question la suprématie d'artagnesque des Stones. Ont pu commettre des impairs mais l'on attend encore d'eux plus qu'ils ne donneront jamais plus. Life, le livre de Keith, son plus beau solo depuis longtemps, ( voir notre 43 ° livraison du 09 / 03 / 11 ) ne laissait présager rien de bon quant à d'éventuelles retrouvailles pour le jubilé du groupe.
Mais pour leur fortune les Stones nous feraient croire qu'ils ont encore un coeur. A près de soixante dix pages pour les plus jeunes, l'on comprend qu'ils n'ont guère envie de se farcir quatre-vingt dates à la queue leu leu. Ont choisi le minimum vital. Celui qui ne remet pas en cause la survie de la machine à dollars.
Des malins les Stones, pour rentabiliser le bidule se sont faits sponsoriser : donneront à Paris un concert privé au profit d'un fonds de pension. Dur à écrire, mais c'est ainsi, le rock'n'roll déguisé en pute de luxe qui fait la manche pour quelques centaines de milliers de dollars. Rien ne leur fait peur aux Stones, ils ont vendu l'esprit de révolte à un fonds de pension, à un de ces instruments du libéralisme mondialisé qui s'enrichissent sur le dos des prolétaires. Qui il est vrai ont oublié de s'unir.
Dans le delta il y a des cadavres de bluesmen qui ont dû se retourner dans leur trou de terre noire... Le premier – normal c'est lui qui a payé - à goûter le sel de la situation reste Edouard Carmignac, l'heureux patron du gouffre cent fonds qui porte son nom, qui a tout compris – comme quoi l'argent peut vous rendre intelligent. Sait employer les mots qui (rap)portent : « Ils vivent avec vous depuis cinquante ans et ils nous parlent de révolte : voici les Rolling Stones ! ».
Et les Stones ne se se sont pas cassés. Sont rentrés sur scène et ont accepté de cirer les pompes du gros dégueulasse avec le tapis rouge du rock'n'roll ! Se sont mis mêmes à crier de satisfaction. N'ont tout de même pas osé chanter Merci Patron ! d'Henri Salvador. Devaient connaître l'air, puisque la veille ils avaient fait l'aumône au bon peuple de Paris d'un concert de 300 places à vingt euros l'entrée. Que voulez-vous chacun a ses pauvres.
L'embêtant dans le rock c'est que nous avons aussi nos riches.
Damie Chad.
FAN DES ROLLING STONES.
MARINE GUILLIER.
CARNET DE CONCERTS.
220 PHOTOS INEDITES.
CHEMINEMENTS EDITIONS.
Celui-là ne ne dites pas que vous l'avez. C'est sorti en 2006 et très intelligemment l'éditeur a envoyé le stock invendu au pilon. N'avait pas été assez malin pour se rappeler que deux ans plus tard les Stones fêteraient leur anniversaire.
C'est un livre de fan, fait par une fan. Pour les fans peut-être, mais surtout pour elle-même. Un pari insensé, suivre la tournée des Stones en tant que journaliste accrédité. Perdu sur toute la ligne. Personne ne veut, pire nul n'a besoin d'une gamine ( doit avoir au-dessus de la vingtaine ) sans renommée ou introduction. Qui irait offrir une telle place à une parfaite inconnue alors que des pros du monde entier se battent pour y participer ?
Mais la folie Stone n'a pas de limite. Donne quelques preuves de sa givre and stoned attitude. Depuis qu'elle a décidé d'être artiste elle ne réalise que des travaux sur les Stones. Des jeux de cartes aux profil stoniens un orchestre Schtroumps-Stones sur une mini-scène en carton et autres babioles du même acabit. N'a pas pensé à une crèche stono-provençale avec Jagger qui ferait l'âne et Keith qui tiendrait le rôle du petit Jésus innocent mais on lui pardonne car elle a sculpté la tête du retors guitariste en terre glaise et en grandeur nature.
La voici donc partie avec son sac à dos, un porte-feuille aussi plat qu'une galette des Stones en vinyl après la crise pétrolifère de 1974, deux appareils-photos, et la rage de réussir. J'oubliais un rail-road pass européen qui à l'époque permettait aux étudiants de faire le tour de l'Europe pour pas cher du tout.
Se débrouille comme une grande pour entrer dans les concerts et se retrouver juste devant la scène. Ne sera pas présente aux trente cinq shows, mais elle assistera à une bonne quinzaine d'entre eux. Presque deux mois de galère à ne pas manger, à ne pas dormir, mais à voir les Stones. L'en ramènera les photos que l'on peut scruter dans le livre.
Voudrais pas faire le difficile, mais c'est l'heure des grands concerts dans les stades avec la grue, les avant-scènes les lâchers de ballon et les feux d'artifice. Barnum rock'n'roll. L'on ne sent pas le groupe de rock. Le gang de tueurs, la complicité, c'est terminé. Sont à des kilomètres l'un de l'autre. Et puis, ne sont plus tout jeunes. Atteignent l'âge ingrat : la quarantaine. N'ont plus la morgue insolente de la jeunesse, ni les friperies de la vie sur le visage qu'ils arborent aujourd'hui.
C'est peut-être la jalousie qui me fait parler. La vengeance du pauvre. Car Caroline Guillier ne partage pas mon propos. Les trouve magnifiques, surtout Keith. Lui chanterait bien let's spend the night together au beau ténébreux néanmoins un tantinet hirsute. Quoique elle cède aussi au charme de Mick le grand manipulateur.
Je suis très mauvaise langue. Elle essaiera pendant des années de présenter la maquette du book à plusieurs auditeurs. Une des personnes qui sera le plus sensible au projet sera Keith Richards qu'elle rencontrera en 1983 quelques instants grâce à un ami... Ce qui n'en a pas pour autant pressé la sortie du livre. C'est que des photos des Stones le grand Keith, il doit commencer par saturer...
Bref le bouquin sortira en 2006, beaucoup trop tard, un peu trop tôt... Certes dans l'épopée des Rochers Roulants ce n'est qu'un tout petit cailloux. Celui qui fait mal à la chaussure trouée de votre collection. Ce n'est pas moi qui vous lancerai la première pierre sur vos regrets.
Damie Chad.
JUKEBOX
ROLLING STONES / SPECIAL CINQUANTE ANS
H.S. Trimestriel. N° 20. Janvier 2013.
Pouvaient pas laisser passer un tel anniversaire, les Stones étaient en couverture du N° 1 du magazine en juin 1984 comme le rappelle Jacques Leblanc dans son éditorial. Pour les lecteurs qui auraient une mémoire alzémérienne nous rappelons discrètement qu'il s'agit du même Leblanc ( voir plus haut ) qui participa en 1978 à l'élaboration du livre des Rolling Stones. Voici un monsieur qui a de la suite dans les idées et qui sait se rester fidèle. Grande qualité.
Quand ils font leurs numéros spéciaux chez Jukebox ils ne courent pas après la copie. Se contentent de farfouiller dans les archives et de ressortir in extenso, séparés par les couves des numéros dans lesquels ils étaient parus, les articles de fonds consacrés à l'idole choisie. N'ont plus qu'à payer l'imprimeur.
La couverture vaut le détour. Charlie qui tire sur sa cigarette et Bill Wyman qui accuse déjà son âge s'en tirent les mieux. Gueules de prolos anglais, dignes mais ravagés par une sombre tristesse venue du fond des âges. Font un peu tache. Beaucoup tâcherons. C'est pour cela qu'on les a relégués à l'arrière. Vaudrait mieux ne pas regarder le rang des premiers de la classe. Premier parti, premier servi. Brian Jones, s'est mis au centre. Pour être sûr qu'on le remarque s'est coiffé d'un galuron blanc. L'on ne voit que lui. Le chapeau cloche. Vous dirai pas qui fait la cloche car je ne veux pas me faire d'ennemis. Non ce n'est pas Brian, mais Keith. Ressemble à un pasteur protestant. S'est attifé d'un feutre noir, bon chic, bon genre. Avec ses lunettes rondes et ses yeux mi-clos il est le portrait craché de John Lennon. Un Rolling Stones que l'on confond avec un Beatles, entre nous c'est un peu la honte. Jagger est à part. Loin des autres. Le regard dédaigneux, la tête ( à claques ) en biais pour que l'on puisse admirer la froideur bleutée de ses yeux. La pose parfaite de l'étudiant d'Oxford qui vient de réussir sa troisième année. Ca un groupe de rock ? Vous voulez rire ! Heureusement que Brian qui semble frigorifié a enfilé une paire de pantalons à rayures – un peu moins larges que celles de David Lee Roth, plus tard, mais un peu plus colorées. Nous rapproche davantage du Rolling Stones Circus, Brian.
Ben oui, ils étaient comme cela les Rolling Stones à leurs débuts. Et encore je suis gentil avec vous, vous ai pas décrit les photos avec les vestes à pieds de poule ( de véritables cocottes ) et les ignobles cravates tipycally very bad Englih Style. Des perdreaux de l'année endimanchés. Fagotés à la Margaret Tatcher. Arrêtez de rigoler stupidement. Accoutrés comme des godiches, oui. Mais des amateurs de blues comme l'on n'en fait plus. C'est qu'aujourd'hui des guitaristes de blues qui jouent dix fois mieux que Keith et Brian au début des années 60, rien qu'en France, on en trouverait une bonne cinquantaine sans se fatiguer. Sont malheureusement trop doués. Leur manque la rusticité du delta. Comment ces cinq casse-couilles s'y sont-ils pris pour réussir du premier coup à créer non pas une copie à l'identique mais une équivalence électrique, je ne saurais le dire. Mais le fait est là, indubitable. Les premières reprises des Stones ne sont pas charmantes. Mais charmeuses, au sens de envoûtantes. Ne sont pas en place, ne tiennent pas debout, mais à peine le disque est-il terminé que l'on éprouve la nécessité de remettre le morceau afin de comprendre. Ne valent jamais les originales, mais sont toutes originales.
Plus tard ils auront la hargne. Celle du rock'n'roll. Auront compris que pour se démarquer de leurs modèles il faudra mettre toute la gomme. L'on ne dépasse Muddy Waters en mettant poliment son clignotant. Faut le passer à fond les gamelles, par surprise, en plein tournant, avec un trucker en face, mais en marche arrière. Idem pour Chuck Berry qui n'admettra jamais que ce sale petit blanc-bec de Keith joue plus vite que lui. Et l'autre qui ralentira pour lui laisser mener la course !
Grande magnanimité de Keith. L'a mis du temps à comprendre. D'abord serrer le blondinet sur le bas côté. Deux guitares c'est toujours une de trop. Ensuite course à mort avec ( cours plus vite ! ) Charlie . Facile, roule à vitesse constante, suffit de se poster à sa hauteur pour le dépasser. Guitares en avant, c'est cela le son Stones, par-dessus la batterie qui mène un train d'enfer. Un beat increvable avec toujours son petit temps mort qui permet de fuseler des riffs de derrière les fagots.
Au cas où il y aurait un pépin dans le carbu - mais avec Charlie pas de lézard c'est du garanti label exploration inter-galactique – devant l'on a mis la grande folle. Pas eu besoin de le pousser, s'est planté là et n'a laissé sa place à personne. Brian pouvait faire tout ce qu'il voulait derrière pour capter l'attention – et je t'agite le tambourin, et je te sors les castagnettes et tu admires mon cithare - trop tard avec ses lèvres en clef à pipes l'autre l'a devancé. Ne chante pas super bien – rien à voir avec les descentes d'octave feulées de Robert Plant – a le gosier limité et les cordes vocales pas très longues, mais qu'est-ce qu'il sait bien s'en servir ! Minidose mais maximum de rendement. Connaît ses limites mais met en avant tout ce qu'il a. En plus il chante avec tout son corps, qu'il pousse ses mains, ses pieds, ses jambes et ses bras, c'est encore plus torride qu'une belle fille qui bouge son cul. Rien à dire le gars est expressif. Surtout dans les registres du blues. Mais à l'étage au-dessus. L'ironie est sans cesse présente dans le blues. Jagger la transformera en cynisme. Vous voulez rigoler ? Je vais commencer par me foutre de votre gueule. Et le public maso en redemande... pour cinquante ans.
Reprennent à plusieurs fois, enregistrements puis disques – ce qui n'est pas tout à fait la même chose les premières années. Ne dites pas que vous connaissez par coeur, je suis sûr que vous pécherez un ou deux petits détails que vous ignorez. Pour moi ce sera dans l'article sur les reprises des Stones en français. Pouvez pas le rater, c'est juste au-dessus de la pochette de Elle m'attend de Ronnie Bird ( voir livraison 47 du 08 / 04 / 2010 ), fastueuse version de The Last Time, la repro de l'unique 45 tours en 1965 de Marc Humbert en 1965, avec la reprise de la B-side de Time is on my side. On nous le présente comme un émule de Ronnie et Noël Deschamps - ( voir livraison 46 du 30 / 03 / 2010 ) - duquel il arbore la même coupe de cheveu, mèche sur le front – assez pour piquer ma curiosité. Suis déjà en recherche sur le net. Vous tiendrai au courant.
Damie Chad.
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20/12/2012
KR'TNT ! ¤ 123. 45 T. PUNK / JOSEPHINE BAKER
KR'TNT ! ¤ 123
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
20 / 12 / 2012
45 T. PUNK / JOSEPHINE BAKER |
BLITZKRIEG
HISTOIRE DU PUNK en 45 TOURS
GEANT VERT
( HOËBEKE / SEPTEMBRE 2012 )
Je vois d'ici les gros fainéants et les petits lecteurs s'extasier : enfin un livre rock dont on ne lit qu'une page sur deux. Facile, une fois à gauche, une fois à droite, la repro du 45 tours – pleine feuille puisque le livre épouse le format de nos vinyls préférés, ne reste plus de place pour le Géant Vert, surtout qu'avec les blancs, le nom du groupe écrits en gros et les titres surlignés en jaune, n'a plus qu'un espace réduit à remplir. De toutes les manières au bout du quatre-vingtième ne doit plus avoir quelque chose de bien original à glavioter, rien ne ressemble plus à un single qu'un autre single. Tournez-le comme vous le voulez, c'est un peu toujours la même chose. Encore plus avec des punks incapables d'aligner deux accords sans se planter...
Tout faux. Des heures et des heures de lecture. Police ( un mot que l'on ne devrait pas employer pour parler des punks ) minuscule mais très lisible et l'histoire racontée est tellement pleine de bruits et de fureurs que vous en redemandez encore et encore. Même que lorsque ça s'arrête, vous vous demandez pourquoi notre haricot vert coupe le fil si subitement. Certes La petite Souris Déglinguée sort juste de son trou, mais nous sommes en octobre 79, à l'extrême limite des filandreuses eigthies. Mais commençons par le commencement.
GEANT VERT
L'est pas géant parce que sa maman lui refilait du potage au cresson dans son biberon quand il était bébé dodu. Mais parce qu'il est normand d'origine. C'est ainsi que les natifs surnommèrent les parachutistes américains qui tombèrent du ciel un matin de juin 44. Ne phantasmez lui, il est issu d'une pluie spermatozoïdale plus récente, venu au monde au tout début des sixties. L'a raté les années soixante mais s'est débrouillé pour avoir quinze ans en 1976.
Bref un brave petit – pas tout à fait, s'il ne dépasse pas la tour Montparnasse il avoisine tout de même les deux mètres – gars bien de chez nous qui a mal tourné. Lorsqu'il a commencé ses parents sont devenus aussi jaunes de honte que la pochette française de Never Mind The Bollocks et n'ont pas voulu qu'il signe ses diatribes de son véritable nom. D'où ce pseudonyme de Géant Vert. Par pure provocation, car il suffit de lire trois lignes pour comprendre qu'il n'a pas la fibre militariste. Mais peut-être l'amour des armes, car il fit ses premières en fondant un célèbre groupe de pistoléros nommés Parabellum. C'est lui qui a écrit ce brûlot du mouvement alternatif que sont les paroles de France Profonde. Ne puise pas son inspiration que dans les lyrics d'outre-tombe il s'inspire aussi de la chanson réaliste française. Les lecteurs de Rock'n'Folk ne ratent pas sa rubrique habituelle sur la bande dessinée déjantée du mois.
Donc a quinze ans il est happé par le train du punk qui passe à toute vitesse. En deviendra un militant de base. En chiraquie. De toutes les outrances mais avec un regard intérieur qui cherche à ne pas être dupe de ses propres phantasmes. Avec l'âge il est devenu un tout peu plus cynique. Un zeste, comme pour se souvenir que les plus belles utopies sonnent souvent du même creux que votre-porte-feuille que les marchands de gadgets vous ont aidés à vider...
BLITZKRIEG
La couverture tinte un peu comme ces brassards à svastikas que les punks s'amusaient à porter. Provocation ultime pour notre pays libéré de quatre ans d'occupation nazie. N'y cherchez aucune entourloupe idéologique, la germanique guerre éclair ne fait que reprendre le titre de Blitzkrieg Bop du premier 45 tours des Ramones qui ouvre le bal des maudits. L'on pourrait se demander pourquoi Bop et pas Rock. Serait-ce une manière de revendiquer un héritage rockabilly, davantage culturel, l'adoption de l'uniforme des Perfectos par exemple, que musical ? N'oublions pas que le psychobilly descend du punk comme l'homme remonte au singe.
Géant vert ne donne pas dans la critique objectale. Cherche souvent plus avant que son objet d'étude. Un disque est le produit d'un groupe qui possède sa propre histoire. L'on assiste donc à une véritable relecture de l'ensemble du mouvement punk de sa pré-éclosion à son certificat de décès dument authentifié. C'est un véritable labyrinthe dans lequel il est facile de tourner en rond à l'infini. Parfois quand vous croyez avoir trouvé une issue de secours vous n'en êtes pas pour autant sauvé car le chemin qui vous emmène à l'air libre se révèle être un stérile cul-de-sac qui débouche sur l'inanité du vide.
Autant vous donner quelques pistes de lecture avant de vous enfoncer dans le dédale. Pour cette chronique nous privilégierons trois axes de recherche, l'instinct de la découverte, the french Touch, et le retour à la terre première.
LE CHOIX DU ROI
THE CORTINAS
Me suis amusé à un blind test un peu particulier. J'ai éliminé tous les groupes que je connaissais et en regardant uniquement les pochettes me suis décidé d'en élire un et de rechercher sur le net ses enregistrements. Ai opté pour les Cortinas. Non ce ne sont pas des sud-américains, ont bien une tronche de prolos made in United Kinkdom. Comme l'on ne se refait pas ils ont un look plutôt rockers and mid-sixties que punk, mais si Géant Vert leur a délivré un certificat punk authenticity nous ne mégoterons pas. De toutes les manières leurs titres parlent pour eux Fascit Dictator and Television Families, tout ce que ces fils d'anarchy détestait le plus au monde : le pouvoir politique et la cage institutionnelle de la famille.
Flair de rockers. Nos jeunes gens – ont tout juste seize ans quand ils commencent – déménagent un max. Se mettent au punk en attrapant le wagon de queue au dernier instant, mais tout ce qu'ils ont appris en essayant d'imiter les Stones et les New York Dolls leur servira quand ils entreront dans la mouvance crétinoïde. Savent si bien jouer qu'ils se retrouvent en première partie des Stranglers au Roxy. Sur le coup Stop Forward Records les signe pour un premier45 tours meurtrier suivi d'un second tout aussi criminophile. La machine s'emballe, passage à la BBC, et signature sur une major CBS. Ie faux pas de trop. Abandonné par le public qui y voit une trahison, le groupe se retire en 1978. Leur 33 Tours True Romance tire un peu trop vers la pop... Dommage car le combo balançait la sauce à coups de grandes cuillères. Mais les temps étaient sans pitié. Beaucoup retireront leur épingle à nourrice du jeu pour la cacher dans le flou artistique de la New Wawe. Trop jeunes, nos bristoliens ne surent négocier le virage entre la credibility punk et la necessary survivance adaptation. Même les Pistols pourtant managés par Malcom McLaren le cynique théoricien de la manipulation des médias et des great companies ne pourront se maintenir bien longtemps. Trop purs, trop putes, le Capitole est tout près de la Roche Tarpéïenne.
THE FRENCH CONNECTION
ASPHALT JUNGLE
Le premier groupe français arrive un an après la bataille. En juin 76. J'ai encore le disque chez moi. Peux même me vanter d'avoir été le premier à me le procurer sur Toulouse puisque après avoir fait tous les disquaires de la ville j'ai fini par le récupérer... chez un libraire du centre ville qui s'était mis en tête de monter un rayon disques. L'a vite abandonné ce projet farfelu quand il a vu défiler tous les peluts parfumés au patchoulis plus tous les perfectos crétés du coin qui venaient farfouiller dans son présentoir de singles ( n'avait pas de 33 tours ) aussi large que deux boîtes à chaussures ( taille 36 ). L'ai écouté deux fois et n'y ai plus jamais touché depuis. J'avais trouvé cela peu convainquant.
Le groupe est mené par un cador du mouvement rock français : Patrick Eudeline qui fit les beaux jours de Best avant d'être récupéré par Rock'n'Folk dont il est devenu un peu la conscience morale ce qui est un comble pour un théoricien de l'attitude rock'n'roll destroy. A par exemple refusé d'assister aux derniers concerts parisiens des Stones. Sait résister à la tentation.
Reviens de You Tube me rafraîchir les oreilles. Le titre éponyme du 45 tours est crédité de 180 passages, comme quoi nos contemporains ne sont pas curieux. Pas si mauvais que ça, Géant Vert n'a pas tort, ni plus ni moins que du bon vieux rhythm and blues. C'est ce qui avait dû me décevoir à l'époque, je cherchais du nouveau, du punk et suis tombé sur un genre ultra rabâché... Eudeline a eu raison de privilégier le stylo au micro. Y est beaucoup plus original et percutant.
STINKY TOYS
N'ai jamais supporté. Phénomène de mode. Les ai toujours trouvés petits-bourgeois qui s'amusent avec un joujou qui ne leur était pas destiné. Maintenant, après être allé faire un petit tour sur leur premier 45 et un grand sur leur 33, je reconnais que les guitares sont assez bien en place. La voix d'Elli est plutôt criarde ce qui ne dépare en rien dans le punk. En plus ils ont eu la bonne idée de casser leur pipe avant leur tour, ce qui est une foutrement faute de bon goût en rock'n'roll. Remontent dans mon estime les jouets puants. Peut-être que je vieillis.
METAL URBAIN
Vais pas vous en parler longtemps. Parce qu'ils sont trop bons. En leur genre. Destroy politic punk. Et puis une biographie de leur geste éminemment rock'n'roll vient de sortir. Il est prévu que KR'TNT leur consacre une proximale krocknick. Un des groupes les plus radicaux qu'ait produit le rock français. Même si je ne suis pas fan des batteries électroniques. Même s'ils s'en servent plutôt bien. S'ils étaient une rose ils seraient l'épine, s'ils étaient un groupe politique, beaucoup plus de chance que ce soit Action Directe que le Parti Socialiste. Quand j'étais étudiant j'aidais à la diffusion d'un fanzine lycéen qui se nommait Crève Salope ! Ont aussi un titre similaire. Comment voudriez-vous que ces anciens jeunes gens ne m'interpellent pas !
STARSHOOTERS
Peux pas les voir. A plus fort les entendre. Parle même pas de ce qu'ils sont devenus. Kent, le gendre idéal qui s'est recyclé dans la bande dessinée très peu bandante. Artiste trois étoiles – caution sagesse du coeur – chez France Inter. Géant Vert ne leur reconnaît de bon que leur premier 45 tours. C'est toujours comme ça avec les gros balèzes, vous croyez qu'ils vont tout casser, mais ce sont de véritables nounours, des sentimentaux à la larme facile, suffit qu'ils évoquent leur jeunesse pour trouver tout beau. Même les étrons au bord du sentier.
Un groupe préfabriqué, avec EMI la maison de disques qui a payé pour avoir les quatre pages avec photos couleurs dans Rock'n'Folk. Pleins de stupides arrogances qui se croyaient arrivés avant d'avoir commencé. Z'avaient programmé de remporter le Tremplin du Golf Drouot, se sont cassés les dents sur un groupe ( de copains ) venu d'Ariège, Olaf dont je vous raconterai les hauts-faits une autre fois. Shootées les étoiles ! La honte. Ont mis un an pour comprendre, mais ont fini par retourner dans leur pays, celui de la variété.
Tant qu'on descend les sacs poubelles l'on n'oubliera pas de passer dans le vide-ordures le Ca plane pour moi de Plastic Bertrand. A la réflexion, gardez-le si vous avez des enfants en bas-âge. Idéal pour les surprises parties de fin d'année en dernière classe de maternelle.
LES OLIVENSTEINS
Dans les années 70 vous ne pouviez regarder la télé sans que ne se radine la grosse gueule bilieuse de Claude Olivenstein. L'avait toujours un jeune à sauver de la drogue. C'était le spécialiste numéro 1, le seul qui savait ce qu'il fallait faire pour tirer notre pauvre jeunesse décadente des griffes de l'héroïne. A l'écouter le Centre de Marmottan c'était la montagne sacrée de l'Atlantide retrouvée.
Voudrais pas critiquer mais quand on voit les progrès exponentiels de la consommation de drogues diverses dans le pays, je n'ai pas vraiment l'impression qu'il ait contribué à stopper le mouvement. Pense même que son insupportable discours proto-chrétien du genre Olivenstein- est-venu-sur-cette-terre-pour-te-sortir-de-ton-enfer aurait plutôt contribué à renforcer la consommation des produits...
On le lui aurait pardonné. Du moins on aurait fait semblant. Mais ce bon docteur possédait un défaut encore plus terrible que son addiction à la rédemption médicale des drogués. Pas une once d'humour. L'a suffit qu'un groupe de rock se nommât Les Olivensteins pour qu'il pète un plomb. Les a menacés d'un procès s'ils continuaient à usurper son identité... L'est mort depuis quelques années Claude Olivenstein, grand mal lui fasse, tout le monde s'en fout.
N'ai jamais compris pourquoi la justice de mon pays ne l'a jamais poursuivi de son vivant pour homicide collectif de personnes en groupe. Car les Olivensteins ont dû interrompre une carrière prometteuse. En plus c'était des gars très bien ils étaient Fier de ne rien faire. Ils étaient même dans la mouvance d'un des plus grands groupes de rock'n'roll français les Dogs.
Morale de cette histoire : méfiez-vous de ceux qui cherchent à vous faire du bien sans que vous ne le leur ayez demandé. N'oubliez jamais que ceux qui s'en prennent au sex et aux drugs ne visent en dernier et hypocrite ressort que le rock'n'roll.
LA SOURIS DEGLINGUEE
Le bouquin se termine sur LSD. Comme quoi une montagne peut bien accoucher d'une souris. N'ai pas grand chose à dire sur La Souris Déglinguée. Trop alternative pour moi. Pas assez rock à mon goût. Sonne trop français. Des gens qui ont une éthique que je respecte, mais c'est du côté de l'esthétique que ça pêche. Comme disait le poisson dans le bocal. Ai poussé le devoir jusqu'à écouter le simple présenté par Géant Vert. Haine. Haine. Haine. Que ça s'appelle. Sympathique. De bonnes intentions. Je n'ai pas aimé. Mais je n'ai pas détesté non plus. Ce qui est plus embêtant. Je suis comme le Seigneur. Je recrache les tièdes.
DAYS OF THE FUTURE PASSED
IAN DURY
Rien ne prédisposait Ian Dury à devenir une idole punk. L'est né en 1942 – à peine sept ans après Gene Vincent - et se met gaillardement en route vers la quarantaine quand l'explosion atomique punk se produit. Lui, il fait partie de la génération précédente; celle du pub-rock. Plus proche des Pirates de Johnny Kidd qui ouvrit la route à Dr Feelgood que du combo de Wilko Johson lui-même. L'a même joué en première partie des Who.
Ian Dury s'est senti appelé à quitter son job de professeur dans une école d'art le jour de la mort de Gene Vincent. Le lecteur futé fera les connections nécessaires avec notre chronique de la semaine dernière et la thèse défendue par Mik Farren. Ian Dury se séparera en 1975 de son premier groupe Kilburn and The High Roads pour former Ian Dury and the Blockheads, plus proche de ses aspirations. Coup sur coup il sortira en 1977 deux singles qui marqueront les esprits.
Nous n'épiloguerons pas sur Sex, Drugs and Rock au titre lapidaire et définitif. Jamais une définition aussi concise et aussi outrageuse du rock n'avait été formulée jusques à lors. Le pire c'est que depuis, personne n'a trouvé mieux. Sweet Gene Vincent remit les pendules à l'heure. Sans doute à un niveau intimement personnel y avait-il une identification sentimentale entre le leader des Blockheads et le meneur des Blue Caps. Dury souffrait, depuis sa petite enfance, d'une malformation de la jambe... ne vivra pas vieux dans son corps rabougri à tendance mongoloïde et ravagé par la maladie.
Mais ce morceau très inspiré des brisures rythmiques chères à Gene Vincent rappelait à tous que la colère punk n'était pas très éloignée de l'explosion rock des années cinquante. Même impatience, même hargne dévastatrice, même si vingt ans après 1956, la jeunesse a perdu beaucoup de sa naïveté et de son optimisme.
X
Où l'on retrouve Gene Vincent. Comme quoi les cats du rockabilly peuvent bien accoucher des chiens du punk ! Tyson Kindell accompagnera Gene Vincent sur scène en 1971. Guitariste studio, reconnu comme un des plus grand gratteux rock, toutes générations confondues, il est aussi un véritable sorcier de l'ampli. Vous le connaissez mieux sous le nom de Billy Zoom qu'il adotera en 1977 lorsqu'il fondera à Los Angeles le groupe X après s'être enthousiasmé pour le premier 45 t des Ramones.
We're Desperate produit par Dangerous Record est leur premier simple. Du pur punk, mais joué par des maîtres. Avec au chant John Doe ( + bass ) et sa petite amie Exene, le groupe enfonce les portes fermées de la réussite. Très vite, trop vite, il sera remarqué par Ray Manzarek des Doors - souvenons-nous de l'amitié qui unit Gene Vincent et Jim Morrison pour comprendre la signifiance généalogique de cette rencontre – qui les fera enregistrer chez Elektra. On eut préféré que X ait poursuivi son chemin tout seul, par ses propres moyens. X possédait d'office tout ce que, à leur début, l'amateurisme des Cramps les força à inventer. Trop doué, le groupe ne sut jamais comprendre les attentes du public. Il leur manqua ce zeste d'improvisation souveraine et de folie furieuse qui fait toute la différence. Ils auraient pu inventer le psychobilly, mais ils n'eurent pas le réflexe de déposer les brevets. Ces dernières années, très symptomatiquement le groupe est rentré au bercail country sous le nom de Knitters. Rien de tel que l'écurie de départ pour jouir d'une paisible retraite.
THE NIPPLE ERECTORS
Comme par hasard c'est un des groupes britanniques les plus bordéliques qui aient jamais existé qui réalisèrent sur notre continent la première fusion réussie du punk et du rockabilly. Rien à voir avec les reprises d'Eddie Cochran par Sid Vicious qui ne sont que des resucées de ce qu'avaient déjà effectué les Who, voire presque dix ans auparavant les Blue Cheers, car c'était là des avancées vers la déclinaison des prémisses du hard rock plus qu'un retour aux bases du rockabilly.
Le premier simple des Nipple Erectors, The King of the Bop, nous aide à comprendre l'appellation Bop du Blitzkrieg des Ramones. C'est tout simplement un morceau de Rockabilly joué par des punks, les guitares à fond et pas le temps de marquer les syncopes. Un peu comme si vous accélériez la bande d'un vieux Crazy Cavan. Si vous voulez une autre comparaison, c'est comme du Cochran expédié à toute vitesse parce que la piste qui vous reste ne peut contenir qu'une minute vingt-huit secondes de cent-quinze secondes du C'mon Everybody, mais que vous désirez à tout prix saisir en son intégralité. Avez-vous remarqué que dès que l'on commence par parler de Vincent, Cochran, se radine. Inséparables.
Mais les Nipple Erectors menés par Shane Mcgowen – un échappé du Bromley Contingent qui finira par fonder the Pogues – étaient trop foutraques pour s'arrêter en si bonne compagnie. Comme beaucoup de groupes – tels les Flamin'Groovies ou les Cramps – ils ne cessèrent d'osciller entre le retour vers un rock originel d'origine américaine et la rhythm'n'bluerisation survitaminée ou la popérisation adoucissante que lui lui firent subir les britih combos entre 1965 et 1967...
Trop instables les Nipples Erectors se feront damer le croupion par les Cramps qui les précédèrent, mais surtout par les Stray Cats de Brian Setzer... Mais ceci est une autre histoire. En attendant tout le mal que je puisse vous souhaiter est que le gentil Papa Noël à la robe sanguinolente n'oublie point de déposer ce BLITZKRIEG PUNK du Géant Vert dans vos petits souliers. En croco. Qui puent.
Damie Chad.
IL ETAIT UNE FOIS JOSEPHINE BAKER.
CLAUDE DUFRESNE.
Michel Jalon. 2006.
Née en 1906, douze ans après Bessie Smith, à Saint Louis la ville du blues et de Chuck Berry. Nous ne nous attarderons pas sur son enfance de misère. Cela lui forgera le caractère. Elle aime la vie plus que tout. Deux fois mariée à seize ans. Ne regarde jamais en arrière ce qui ne signifie pas qu'elle oubliera d'où elle vient. Veut croquer la vie à pleine dents. La grosse pomme aussi. Cessez de penser à ce qui se cache sous la ceinture. De bananes. Je ne faisais allusion qu'à New York.
Elle est montée à la métropole pour faire fortune. Elle parvient à se faire embaucher dans la troupe qui donne Shuffle Along à Broadway. Une opérette entièrement jouée par des noirs. Elle n'est qu'une gamine parmi tant d'autres. Se fait remarquer, non pas à New York, car elle débute dans la seconde division, dans la troupe d'appoint, celle qui tourne dans les villes de province. Ce qui est peut-être sa chance. Car elle peut prendre davantage de liberté avec la chorégraphie. Délurée, exubérante, à force de grimaces et de cabrioles diverses elle capte l'attention du public... et de Caroline Dudley qui n'est autre que l'épouse de l'ambassadeur des Etats-Unis en France. Ce qui explique pourquoi elle débarque en notre pays au mois d'octobre 1925.
Jusques alors Joséphine Baker est la digne héritière des Minstrels et du Vaudeville noir. Elle est ce que l'on pourrait appeler une danseuse comique. Ce qui ne fait pas l'affaire du directeur du Théâtre des Champs Elysées. Quand il a vu débarquer cette tribu de nègres en folie – elle emmène avec elle un certain Sydney Bechet qui aura le rôle de vendeur de cacahuètes dans le spectacle - Claude Daven s'est un peu inquiété. Mais une fois les bons sauvages en répétition son moral tombe en berne. Sont trop sages. Imaginez que la vedette numéro 1 de la troupe Maud de Forest est une chanteuse de blues ! Et c'est avec cette tristesse que vous voulez amuser le gai Paris ! En plus leurs danses sont d'un conformisme déplorable. Y a plus d'érotisme feutré dans un menuet libertin du temps de Louis XIV que dans leurs timides trémoussements.
Foin de la prude Amérique ! Mort au puritanisme protestant ! Heureusement que cette petite négresse au bout de la file n'a pas froid aux yeux. L'aurait plutôt le cul torride. Même que ça ne la dérange pas de l'exhiber sous toutes les coutures à tout le monde. Et même au monde entier.
La Revue Nègre sera un immense succès. Elle lance la carrière de Joséphine Baker. Elle secoue salement le cocotier des conventions bourgeoises. Ce n'est que du charleston, mais quand on pense au tohu-bohu qu'engendrera le twist trente cinq ans plus tard, l'on peut se faire une idée de scandale.
Sans doute La Revue Nègre n'aurait jamais connu un tel succès si elle n'avait été suscitée et encadrée et défendue par toute une élite culturelle : souvenons-nous des masques nègres dont la mode est lancée par Picasso et Fernand Léger et les thèmes de blues et de jazz développés par Debussy et Ravel...
Joséphine Baker continuera la carrière que l'on connaît. Amants, maris et succès se succèdent. Elle jette l'argent par les fenêtres et réalise tous ses caprices. Avec elle l'on ne s'ennuie jamais, son guépard qui saute dans la fosse d'orchestre en plein spectacle, son chien qui passe la douane sous son manteau de fourrure... Plus les années passent plus son corps se couvrira de somptueuses et extravagantes toilettes. De même sa danse noire s'européanisera peu à peu. Ses chansons ressembleront davantage à Mistinguett qu'à celles de Bessie Smith... Le public lui restera fidèle. Ruinée, elle mourra, pratiquement sur scène à l'âge de soixante neuf ans. Au terme d'un parcours semé d'embûches mais sans faute. Française d'adoption elle participera dans les services secrets de la France Libre à la Résistance, elle sera aussi aux côtés de Martin Luther King pour la longue lutte des Droits Civils. Une vie très rock'n'roll remplie de sexe et de loufoquerie...
Elle se lança vraiment dans la chanson en 1931, ignorez ses grands succès procurez-vous plutôt ses enregistrements de l'an de grâce 1927. Elle y est accompagnée par le Jacob's Jazz Band, un groupe belge avec Kenny Durand à la basse, Sacha Grauman aux drums, Leon Jacobs à la trompette, Napolitano à la clarinette, Marcel Raskin au piano, Oscar Thisse au saxophone, et René Lovinfosse au Trmbonne, un véritable orchestre de jazz qui fait bonne figure quand on le compare aux formations américaines. Certains morceaux sont accompagnés par le Olivier'Boys Jazz mais l'on remarque surtout la présence de Marc Bragiotto ( décédé en 1996 ) qui fit une importante carrière internationale, notamment aux Etats-Unis - tant en compositeur et interprète de musique classique que populaire. N'est pas tout seul puisqu'il forme un duo de pianistes avec Jacques Fray. C'étaient alors des jeunes gens qui avaient du flair, tous deux rendront visite à Gershwin lors de sa venue à Paris en 1928 dans le but de recueillir la parole du maître. Par la même occasion Gerswhin rencontrera Prokofiev et Kurt Weil. Tout le monde se souvient de l'adaptation d'Alabama Song de Kurt Weil sur le premier disque des Doors... Le monde est vraiment petit. De même l'un des morceaux de ces sessions sera repris par Amy Whinehouse. Etrangement Jacques Fray est aujourd'hui surtout connu pour son portrait réalisé par Auguste Renoir alors qu'il n'était qu'un... bébé !
Si ces années 20 furent appelées années folles c'est peut-être parce que pour la première fois la grande culture européenne blanche osa flirter avec la musique populaire noire afro-américaine... Dans cette même période qui assista à la montée du fachisme... Si rien n'est jamais perdu, rien n'est jamais gagné.
Damie Chad.
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