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02/05/2012

KR'TNT ! ¤ 96. ICI LONDRES ! 1945...

 

KR'TNT ! ¤ 96

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

03 / 05 / 2012

 

 

 

ICI LONDRES !

 

 

UNE HISTOIRE DE

 

L'UNDERGROUND LONDONIEN

 

DEPUIS 1945

 

 

BARRY MILES

 

 

Rivage Rouge / Mars 2012

 

 

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Une bible de plus de cinq cents pages. Due à l'infatigable plume de Barry Miles. Dans les milieux rock l'on associe son nom à Paul McCartney dont il devint l'ami et le biographe et aux Beatles qui furent assez fous pour l'introniser dans une filiale de leur société Aple. Né en 1943 Barry Miles ne fut pas un rocker dans l'âme ( nul n'est parfait ) plutôt un agitateur artistique et poétique. Il fut l'un des grands introducteurs de la poésie Beat américaine en Europe. Libraire, éditeur et propriétaire d'une galerie d'art Indica, il reste l'une des figures incontournables de toute cette mouvance arty et intellectuelle qui favorisa l'émergence du Swinging London.

 

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Les cent premières pages risquent de décourager les amateurs de rock'n'roll. Nous sommes juste à la fin de la guerre dans une Londres détruite et ravagée par les V1 allemands. Les artistes se regroupent dans Soho, ils errent de pub en café. Défilé de figures extraordinaires qui ne nous rappellent aucun souvenir, un peu comme si l'on se mettait à évoquer, pour montrer que nous aussi petits froggies nous possédons notre underground culturel, GLM, les Phrères simplistes et La Main à Plumes devant un public british...

 

 

Bref des personnages hauts en couleur, ravagés par l'alcool et la misère, ou alors blindé de thunes mais, honni soit qui mal y pense dans la perfide Albion, très souvent homosexuels plus ou moins affirmés en butte aux tracasseries des convenances puritaines. Artistes ratés ou en gestation comme Francis Bacon, libraires ruinés mais d'avant-garde, de toute cette cohorte nous ne retiendrons que le nom de Dylan Thomas dont les lectures publiques à la BBC nous semblent être le véritable trait d'union qui relie cette bohème artiste à celle qui naîtra sur ses cendres, le mouvement rock anglais.

 

 

NAISSANCE DES TEDDY BOYS

 

 

 

L'ennemi vient toujours de là où on l'attend le moins. Voici qu'un nouveau venu entre en scène : le prolétariat. L'on attendait du nouveau de ces groupes informels issus de la petite-bourgeoisie, hé ! bien non ! Le scandale ne viendra pas des Situationnistes ou des Architectes en rébellion contre la reconstruction de Londres, mais des fils d'ouvriers qui vont commettre l'irréparable : vont oser s'habiller à la manière des enfants de la haute aristocratie les Debs Delights qui usent et abusent de la mode surannée du bon vieux temps d'Edouard... Enorme scandale, transgression inadmissible d'autant plus qu'ils ne se privent pas pour les dépasser sur leur droite – étrange lutte de classe vestimentaire – leurs vestes seront encore plus longues, leurs pantalons plus étroits, leurs cravates encore plus étroites, et comble du comble ils remplaceront le vieux chapeau melon qui commençait à dater par des bananes encore plus extravagantes. Il n'est pas non plus interdit de voir en cette réappropriation de la vêture de l'upper-gentry une tentative de mystification mûrement réfléchie.

 

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Un costume de Teddy mange deux années de paye d'un ouvrier, pas de mystère l'on ne peut se procurer la panoplie complète en peu de temps qu'en s'adonnant à quelques activités lucratives subsidiaires mais peu légales, les Teddy Boys sont très vite assimilés à des voyous s'adonnant à de douteux trafics. Comme ils aiment se balader en groupes ils inquiètent et la population et les autorités. Lorsque paraît le film Black Board Jungle en 1956, c'est la folie, ils dansent dans les travées pendant la projection et ravagent les sièges à coups de crans d'arrêt... La presse les traite de fous et préconise un séjour prolongé en lunatic asylum pour les calmer. Hélas, le mal va s'étendre, la petite bourgeoisie blanche qui fréquente les art Schools vont se laisser contaminer par cette fièvre montante...

 

 

NAISSANCE DU ROCK'N'ROLL ANGLAIS

 

 

Le monstre entre en gestation doucement et sûrement. Simple question d'économie. En 1955, Mary Quant ouvre une boutique de mode sur King's Road – la même rue où plus tard Malcom McLaren ouvrira Seditionaries berceau du mouvement punk – jupes courtes et couleurs vives, l'on aménage la cave en café dans laquelle on accepte les musiciens de Trad Jazz. Notre New Orleans, auquel en Angleterre l'on va préférer une variante le Skiffle, le jazz que jouèrent les noirs durant la grande dépression, basse bidon fabriquée maison, planche à laver et guitare, le minimum instrumental. La rythmique sans les cuivres. Se passer de trompette, de trombone et de clarinette dans l'exiguïté d'une cave est une délivrance, surtout quand le son de la guitare sera amplifié électriquement... Tout aspirant musicien, même pas très doué, peut jouer du skiffle, trois accords et c'est parti... Lonnie Donegan reste jusqu'à nos jours l'incarnation de ce britisch skiffle qui fut le creuset du rock britanique.

 

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L'année suivante le Two 1's ( deux i pour les deux frères Irani, les anciens propriétaires du local ) voit le jour. C'est là que Tommy Hicks, ancien skiffler et marin qui a eu la chance d'assister à un concert de Presley aux States va devenir sous l'influence de son impresario Larry Parnes, Tommy Steele. Rock with a Caveman sera le premier rock single de l'Angleterre. Le mouvement s'accélère très vite, le guitariste Hank Marvin, futur Drifter, puis futur Shadows, accompagnateurs de Cliff Richard, entre en scène suivi de nombreux autres, Terry Dene, Vince Taylor, Marty Wilde, Johnny Gentle, Screamin'Lord Sutch, toutes des créatures de Parnes, qui bientôt découvre et s'entiche du meilleur de tous Billy Fury, qui au grand dam de son mentor passe son temps à tirer des joints... Un certain Charlie Watts assiste à tout cela, plus loin les Quarry Men de John Lennon se mettent au skiffle...

 

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FABULOUS SIXTIES

 

 

Mais l'on sent que Barry Miles ne possède pas la moelle rock, tourne vite la page du first english rock'n'roll, le mouvement mod qui suit ne sera guère mieux traité. A peine si les Who sont cités, s'intéresse davantage au livre de Colin McInnes, le fameux Absolute Beginners qui conte les amours de deux jeunes adolescents dans le Londres la fin des années cinquante – be-bop, jazz, rock, bandes, émeutes raciales – dont Julian Temple tirera en 1986 un film éponyme – ce même Julian Temple qui aura réalisé en 1981 La grande Escroquerie du Rock'n'roll avec les Sex Pistols, tiens-tiens les revoilà, quel hasard !

 

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Barry Miles est résolument un littéraire, n'a d'yeux que pour la beat generation : Lawrence Ferlinghetti, Brion Gysin, Burroughs, Allen Ginsberg, Gregory Corso... il ouvre bientôt Indica sa librairie qui est aussi une galerie d'art, c'est-là que John Lennon rencontrera pour la première fois Yoko Ono. Révolution culturelle – loin du puritanisme maoïste – plutôt une synesthésie généralisée de tous les arts : peinture, musique, couleurs, poésie, électricité, ligth show, tout se mélange. Barry Miles sera un des artisans de la naissance du mouvement hippie. Un mot qu'il utilise peu, préfère parler d'underground.

 

 

Nous avons déjà évoqué ce même mouvement en rendant compte du livre de Richard Neville, Hippie Hippie Shake, le fondateur de la revue OZ. Bary Miles sera un des activistes d'IT, International Times, la revue de combat du mouvement, toujours sur la brèche et à l'affût de toutes les nouveautés. Vaudrait mieux parler d'expériences, car toute idée qui n'est pas mise en pratique est une lettre morte. De 1966 à 1969, le mouvement ne fait que s'amplifier, des milliers de jeunes gens disent non à la vie de futur cadres dynamités que le système leur réserve. Le Système craque de partout, communautés, drogue, revendication d'une sexualité libérée, toutes les outrances et tous les délires sont permis. L'amour est d'ailleurs très permissif...

 

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Faudra plusieurs années aux partisans de l'ordre pour affaiblir la vague qui monte et qui menace de tout submerger. Police, Justice et Politiciens main dans la main s'emploieront à juguler l'effervescence, à coups de descentes confiscatoires, d'amendes et de procès. Ne les gagneront pas forcément mais ils usent les volontés les plus affirmées. En 1973, IT cesse de paraître... il n'est pas interdit aussi de parler de l'âge, d'une génération vieillissante qui commence à fatiguer...

 

 

Mais quels souvenirs ! Des soirées délire comme l'on n'en fera jamais plus, des milliers de personnes dans leurs plus beaux atours, la moitié sous acide et l'autre accrochée à des joints infinitésimaux... c'est le temps des premiers concerts expérimentaux du Pink Floyd, des extravagances hendrixiennes à la guitare, jamais la formule sexe, drogues et rock'n'roll n'a été aussi parfaite. Certes, ça plane un peu trop à notre goût et les éléphants qui batifolent entre les rideaux de fumée voient un peu trop la vie en rose, mais il faut reconnaître que ce fut une époque bien moins terne que la grisaille de ce début de siècle.

 

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S'étend longuement sur le Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles. Un disque que nous n'aimons pas particulièrement mais qui exprime totalement l'esprit de l'époque. La révolution par l'amour. Lennon et McCarthney n'hésitent pas à filer de la thune au mouvement, Pete Twonsend des Who aussi, vous allez me dire qu'avec ce qu'ils amassent ce n'est pas quelques milliers de livres sterlings en moins qui vont les faire boiter. Entièrement d'accord, mais les Stones ne partageront pas la recette de leur concert. Toute la galette pour eux, ne nous étonnons pas si après cela Jagger s'est senti davantage à l'aise dans la jet-society. La petite-bourgeoisie, dès qu'elle a l'occasion de singer la grande, est vraiment sans pitié ! L'on essaie de se voiler la face en parlant de cynisme. Mais n'est pas Diogène qui veut. Trop souvent le mot cynisme n'est que l'autre face du mot trahison ou reniement.

 

 

THE PUNK

 

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Le punk n'est pas né de nulle part, il fut une oeuvre collective. Il naquit dans des clubs d'homosexuels et de lesbiennes, toute une faune qui s'est peu à peu constituée à El Sombrero, au Louise's, au Roxy, au Vortex, l'on y croise des figures destinées à devenir célèbres, Johnny Rotten, Sid Vicious, Vivienne Westwood, Malcom McLaren et toute cette troupe hétéroclite qui prendra le nom de Bromley Contingent qui se regroupera autour de Siouxie Sioux future meneuse des Banshee. Des drogués, des paumés, des ados en rupture d'école, des révoltés et des flippés mais aussi de jeunes bourgeois qui viennent virer leur cuti et s'encanailler. Pour le moment l'on ne s'intéresse point trop à la musique, l'on en écoute de toutes sortes mais ce qui ce qui compte c'est avant tout le look, l'apparence, l'on essaie de se démarquer, de ne pas être comme son voisin, mais l'on n'a pas encore d'idée préconçue.

 

 

La preuve c'est que lorsque McLaren et Vivienne Westwood ouvrent leur boutique ils visent un public très particulier celui des Teddy Boys. De bons clients qui ne regardent pas le prix si les blue suede shoes que vous leur proposez sont d'une teinte et d'une forme irréprochables. C'est Vivienne qui va pousser le mouvement : elle n'est pas une commerçante mais une créatrice, plein d'idées dans la tête, et l'envie de faire elle-même ses propres modèles. McLaren ne tarde pas à embrayer derrière sa compagne. Il cherche le gros coup qui rapporterait un max de fric en peu de temps. Il vire sa clientèle initiale et se lance dans le créneau sex-bondage, latex, pantalon de cuir, fermetures éclair un peu partout, puis Vivienne propose ses T-shirts déchirés et ses jeans troués.

 

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L'occasion pour McLaren de laisser libre cours à sa schizophrénie. Les productions de la boutique ne sont pas données, une bonne semaine de travail pour s'offrir un T-shirt gruyère, mais à ceux qui oseraient se plaindre la réponse est toujours la même : «  faites-le vous même, pas besoin d'être couturier pour déchirer un vieux pantalon ou martyriser un polo de votre père. » . C'est une véritable philosophie que McLaren va insuffler autour de lui : pas besoin d'être spécialiste en quelque chose pour s'improviser ouvrier qualifié. Ainsi par exemple il n'est nullement nécessaire de savoir jouer de la musique pour pratiquer un instrument. Ne s'est-il pas lui-même déguisé en imprésario pour cornaquer les New York Dolls aux States ? Bien sûr l'expérience a foiré, mais est-ce une raison pour rester ad vitam aeternam sur un échec alors qu'en y réfléchissant bien ce fut avant tout une expérience très enrichissante.

 

 

De bric et de broc, Laren forme son groupe. Plutôt une réunion quasi-aléatoire de musicos qui ne s'entendront jamais. Musicalement parlant. Car pour foutre le bordel, vont se révéler exceptionnels. Steve Jones et Paul Cook d'un côté, Glen Matlock de l'autre, le seul qui s'y connaisse un peu : une raison suffisante pour qu'il soit viré et remplacé par Vicious, un nullard de première, mais l'ami de Rotten, qui est le préféré du boss Laren.

 

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La suite de l'histoire est connue, le buzz savamment entretenu, la signature chez EMI qui rendra le contrat après une émission BBC durant laquelle nos joyeux drilles auront proposé au gentil interviewer de se faire enculer, le jubilé de la reine fêté au son de God Save the Queen, un hymne anarchisant qui restera en travers de la gorge des autorités, l'interdiction des spectacles, la tournée désastreuse aux States et le splitt final.

 

 

Mais les Pistols n'ont pas fièrement exhibé le bout de leur sexe qu'une cohorte d'autres groupes s'échappent de la braguette entrouverte... Notons que Barry Miles partagent nos opinions sur The Clash qu'il juge très opportuniste et peu convaincant quant à sa crédibilité rock'n'roll. Leur préfère de beaucoup les Stranglers, nous itou.

 

 

Salement sévère sur la valeur musicale du mouvement punk, ne se sont jamais hissés à la hauteur du pub-rock et s'ils ont joué si vite et si fort c'était avant tout pour cacher leur incompétence. Le réquisitoire peut sembler sans appel, mais il ne l'est pas. Le punk a bousculé les institutions politiques et marchandes. Ces milliers de jeunes gens en colère qui ont démontré que l'on pouvait créer des journaux, former des groupes – plus de 5000 nés en quelques mois - et vendre des disques sans passer par la radio, ont fait peur. C'est que l'idéologie du Do it yourself est mortifère pour les systèmes coercitifs, pas besoin de politiciens pour vous diriger, nulle envie de céder aux sirènes du merchandising pour consommer...

 

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Le mouvement punk va mourir de sa propre bêtise et de son ignorance crasse. Beaucoup de ses adeptes vont se laisser embobiner par des slogans d'extrême-droite malodorants et simplistes... La fin du punk correspond avec l'entrée en scène de miss Tatcher, reprise en main économique et idéologique des masses populaires cassées et brisées par l'imposition de la modernisation libérale. Toute ressemblance avec la situation française actuelle ne saurait être un hasard, les mêmes causes produisant les mêmes effets...

 

 

Côté musique des mouvements comme Rage against the Racism ou Rock contre le racisme, vont ouvrir le rock'n'roll à des rythmes beaucoup plus festifs comme le ska ou le reggae. Glissement progressif non plus vers le plaisir mais vers la world music et la transformation du rock britannique en pop anglaise...

 

 

EXTINCTION DES FEUX

 

 

A cette nouvelle donne sociale les punks s'adapteront, la musique s'édulcore, voici les nouveaux romantiques, une espèce de résurgence hippie qui ne veut plus changer l'individu de l'intérieur mais seulement embellir son apparence physique... bientôt apparaîtront les néo-naturistes, des artistes qui se livrent à des happenings en petite tenue...

 

 

C'est la fin d'une époque. Le livre se termine sur le Groucho Club qui ouvre ses portes en 1985, réservé aux gens fortunés, aux rock stars sur le retour et aux nouveaux riches de la nouvelle économie. Des parvenus à l'esprit aussi vide que l'Art Conceptuel que les désormais plasticiens avides de monnaie leur proposent. Arts et musiques ne sont plus que des produits calibrés et manufacturés pour les masses abêties et les élites décadentes...

 

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Londres ne répond plus. Grâce à Internet et à la culture de masse l'esprit l'underground est partout. Autant dire nulle part.

 

 

Tant de tumultes pour finir par ce calme plat ( de nouilles ) !

 

 

Damie Chad.

 

 

 

REVUE DES REVUES

 

 

 

 

 

SOUL BAG. N°206.IL15.jpg

 

Mai-Juin 2012.

 

 

 

Cent pour sang petits français, n'y a pas toujours à emprunter aux anglais pour avoir le mojo ! Une des meilleures revues sur la musique noire, hyper-documentée et super-complète. Vous l'achetez les yeux fermés et vous la lisez les yeux écarquillés comme des tasses à café. L'on ne va pas vous refiler le sommaire, l'on se contentera de s'apitoyer sur deux tristes nouvelles, autant dire que nous verserons nos larmes sur nous-mêmes.

 

 

Etta James en couverture. Connaissez tous l'atroce nouvelle. Est partie jammer avec Sam Cooke et Otis Redding... L'on dit ça, mais l'on n'est pas spécialement pressé d'assister au concert. Sur certains morceaux elle mérite le titre de reine de rock'n'roll. Sur d'autres elle est un peu proche de la variété clinquante, mais elle se débrouille toujours pour nous refiler le blues. Article de fond avec passage en revue de toute sa discocraphie. Envie de me suicider en voyant ceux qui me manquent.

 

 

Remettez-vous, j'ai survécu au paragraphe précédent même si je suis en sale Etta. Mais ce n'est rien par rapport à l'édito de Nicolas Tournier, apparemment il n'aurait pas de quoi se plaindre les abonnés sont de plus en nombreux. Ce sont donc eux qui vont morfler en premier. N'auront plus qu'un mois sur deux le CD d'accompagnement qui leur était réservé. Ce n'est pas pour les punir, mais les coûts augmentent et les recettes publicitaires baissent. Economies drastiques à l'ordre du jour.

 

 

Les revues de rock payent un lourd tribut à leur mode de fonctionnement. Equilibrer un budget par la pub est toujours dangereux, il suffit que l'annonceur change d'avis ou qu'il ait quelques difficultés ( les crocodiles sont priés de ne pas faire semblant de se lamenter ) et patatras, tout s'écroule. Les bouleversements actuels de la presse rock sont dus à cette nouvelle redistribution des cartes publicitaires, des agences intermédiaires captent le marché en amont des mensuels spécialisés et redistribuent à qui leur plaît selon des critères strictement financiers tout en ponctionnant un léger ( soyons stupidement optimiste ) pourcentage. Soyez sûrs que Mojo ne s'installe pas en terre étrangère sans avoir au préalable une régie publicitaire assurée.

 

 

Comme quoi, rien ne vaut les fanzines d'amateurs sans un flèche ! C'est d'ailleurs ainsi qu'a commencé Soul Bag.

 

 

Damie Chad.

 

 

JUKEBOX. N° 304.1L16.jpg

 

Avril 2012.

 

 

La référence absolue pour les fans de la première heure. Hallyday en couverture, occupe à lui tout seul la rubrique consacrée aux Années Rock & Twist 1960-1964. Presley et Hendrix au générique. Qui oserait ne pas se laisser tenter ? Surtout que mois d'avril obligeant, il y a bien sûr quatre pages de Barsamian nous racontant les Mémoires d'outre-tombe d'Eddie Cochran. Indispensables.

 

 

Ce qui n'empêche pas de penser que ces derniers mois Jukebox se cite souvent et vit un peu sur ses réserves d'articles et de documentation amassés depuis presque trente ans. Qui pourrait leur en vouloir, la matière commence tout de même à s'épuiser... Faudrait qu'ils s'ouvrent beaucoup plus sur la scène rockabilly actuelle, ce serait la meilleure porte de sortie. Embaucher quelques jeunes qui ne ne s'en laisseraient pas conter par l'Hitoire Officielle du Passé du Rock'n'roll !

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

27/04/2012

KR'TNT ! ¤ 95. FRANK SINATRA

 

KR'TNT ! ¤ 95

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

28 / 04 / 2012

 

 

 

SINATRA M'eTAIT CONTE !

 

 

SINATRA

 

 

ANTHONY SUMMERS & ROBBYN SWAN

 

 

Editions Denoël 2006.

 

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Avant Elvis qu'y avait-il ? Ne la ramenez pas avec votre science avec des réponses de chanoines encyclopédistes du genre : Henry Sloan, qui comme tout le monde sait, enseigna la guitare à Charley Patton et dont le père naquit en 1842 en Caroline du Sud ce qui nous rapproche pas mal de l'année zéro du blues. Non, restons entre gens de bonne compagnie et bien élevée, entre petite bourgeoisie blanche et upper couche populaire trop timorées pour écouter de la musique de nègres et trop évoluée pour se contenter du folk des bouseux issu des Appalaches.

 

 

Le nom s'impose de lui-même. A tel point qu'en 1973 Guy Pellaert finissait ses images de Rock Dreams frappées au coin d'un hyper-réalisme onirique et légendifiées par Nick Cohn par un cliché de the Voice gloussant sardoniquement qu'il survivrait à toutes ces idoles de carton-pâte. J'avoue que je ne suis pas un grand fan de Frankie, tout au plus, sais-je l'apprécier lorsque je conduis de nuit et qu'une radio en manque de speaker déverse à la suite toute une face de 33 tours, manière de meubler l'antenne. De la belle ouvrage, du jazz-crooner d'une réelle plasticité, mais bien trop variétoche pour mes grossières esgourdes de rocker. N'en ai pas un seul disque dans ma collection.

 

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Aussi est-ce plus par curiosité que par passion que je me suis surpris à entrouvrir cette bio, sortie en 2005 aux Etats-Unis. Ne l'ai pas regretté, car si Sinatra n'a jamais été un rocker, quelle sacrée vie rock'n'roll, tout de même ! Comparées les frasques d'Elvis à Graceland ressemblent à des galipettes de gamin. Tellement vrai que nos deux auteurs en ont presque oublié que Sinatra était un chanteur. Ils ont même omis de rajouter une discographie du Maestro, en fin de volume. C'est que voyez-vous s'il est difficile de raconter la vie d'Einstein sans blablater à longueur de page sur la théorie de la relativité, l'existence de Sinatra aussi volumineuse qu'un oeuf de dinosaure est assez captivante en elle-même sans que vous ayez besoin de décortiquer note par note le moindre de ses enregistrements. Doivent pas même citer les neuf dixièmes des 900 titres mis en boite par Frankie !

 

LE PETIT GARS DE HOBOKEN

 

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Naît en 1915, à Hoboken petite ville du New Jersey – n'allez pas chercher plus loin pourquoi dans le monde du rock Bruce Springteen a de toujours été le défenseur de Sinatra – donc pas très loin de New York, vous connaissez peut-être puisque Sur les Quais d'Elia Kazan a été tourné dans le port de la cité, au grand dam de Frankie qui aurait bien aimé endosser le rôle qui fut donné à Marlon Brando, mais nous n'en sommes pas encore là.

 

 

Sera le rejeton unique et préféré de Dolly, sa maman. Toute ressemblance du fils chéri couvé par sa mère n'est pas s'en rappeler l'enfance d'Elvis. Mais la ressemblance s'arrête très vite. Les Presley sont de pauvres gens. Les Sinatra aussi, mais qui savent se défendre. D'origine italienne, donc affilié à la mafia. Nous ne donnons pas dans le cliché facile. Tous les italiens ne sont pas des mafiosi, mais les Sinatra proviennent du même village que Lucky Luciano, moins connu qu'Al Capone, mais beaucoup plus important sur le plan organisationnel et international de la célèbre pieuvre. Le père de Frank n'est pas un grand causeur, mais quand on est un homme de main – nous ne disons pas un tueur - de la célèbre entreprise criminelle l'on sait rester discret. A tel point qu'à la maison, et encore plus au dehors, c'est la mère qui porte la culotte.

 

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Dolly fait de la politique, elle est plus qu'une militante de base du Parti Démocratique, n'en soyez pas étonné, à cette époque la mafia est proche des Démocrates, l'on s'échange des services divers... Dolly est aussi une féministe d'avant l'heure, pratique l'avortement sans faire payer ce qui dans ce milieu catholique très réactionnaire laisse à penser.

 

 

Frank grandit dans la rue, il apprend à se battre avec les copains mais Dolly veille, il sera le gamin le mieux sapé du quartier, elle lui offrira une voiture pour ses quinze ans, se dégotera dès quatorze ans une petite amie avec laquelle il finira par se marier bien plus tard. Nancy, qui l'encourage à chanter. Comme notre jeune homme n'a aucune envie de bosser comme un crétin de prolo ou d'être un troisième couteau de l'Orga, il suivra ce judicieux conseil qui correspond à ce pour quoi il était tout de même le mieux fait.

 

 

LA VACHE ENRAGEE

 

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Ce ne sera pas facile. Son père le mettra à la porte de la maison durant une année entière. Il court les salles de bar et les émissions radio, il essaie de percer. Parvient surtout à trouer ses poches. De 1935 à 1939 les efforts ne sont guère concluants. Finit tout de même par se faire embaucher par Henry James. Attention, il n'est pas seul. De loin l'on veille sur lui. L'on insiste pour qu'il soit embauché dans des cabarets de référence dans le milieu du show bizz, il ne brûle pas les étapes mais il gravit les barreaux de l'échelle un par un. Ne croyez pas que la mafia ne recrute que des tueurs à gage. Tout le monde peut servir, selon son utilité...

 

 

C'est en tournée avec l'orchestre d'Henry James qu'il apprend le métier. Le tromboniste chef l'a à la bonne : le gamin n'est pas beau, ses oreilles décollées et ses cheveux pas très abondants ne sont guère sexy, mais il est indéniable qu'il plaît aux filles et qu'il saute tout ce qui se présente. Un chaud lapin jamais fatigué. S'est marié avec Nancy qui ne se doute de rien. En plus il ne chante pas mal du tout. James le laissera partir au bout d'un an, l'avait signé pour deux ans, mais le chef comprend que le gamin n'est pas fait pour les orchestres de deuxième catégorie.

 

 

LE TREMPLIN

 

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Le voici chez Tommy Dorsey. Autrement dit chez ce qu'il a de mieux sur le marché. Le grand orchestre avec un super swing, de super solistes, Glenn Miller par exemple sortira du big band magique. Avec Henry James, Sinatra aura compris le boulot, avec Dorsey il va apprendre à chanter. Il suffit de regarder comment Dorsey dirige son monde, autorité et savoir faire. Avec James il a gravé quelques 78 tours qui ne marcheront pas, avec Dorsey il enregistre des disques qui commencent à se vendre... Salle comble tous les soirs, Sinatra attire les spectateurs comme le miel les abeilles. Les temps sont venus de voler de ses propres ailes.

 

 

Mais Dorsey n'est pas un sentimental. Il entend bien que sa poule aux oeufs d'or honore les deux dernières années de son contrat. Sinatra se retourne vers ses amis de l'ombre. Un certain Willie Moretti s'en vient discuter avec le boss en sortant un revolver de sa poche. Ce ne sont pas des promesses en l'air. Tommy qui n'est pas idiot comprend très vite les allusions mortuaires d'un tel geste. Il s'incline sans tergiverser.

 

 

L'ENVOL

 

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Pas de chance, un conflit dans l'industrie du disque entre les musiciens et les compagnies qui durera presque deux ans l'empêche d'enregistrer. Se retrouve à chanter dans des salles de catégorie B à moitié remplies – pour ne pas dire à moitié vides – avec tout de même un phénomène intéressant, toute une partie du public est constituées de jeunes filles d'une quinzaines d'années enthousiastes. Ce qui décidera Robert Weitman le directeur du Paramount de Broadway à le programmer...

 

 

Ce n'est plus de l'enthousiasme, c'est du délire. Les jeunes filles exultent, elles crient, elles hurlent, elles s'évanouissent, urinent sur les fauteuils et jettent leur culotte sur la scène. Faudra attendre Elvis pour assister à de telles démonstrations mais nous sommes en 1943 et pas en 1956. Les mauvaises langues prétendront qu'on les laisse rentrer gratis, qu'on les chauffe avant le concert, qu'on les pousse à se surpasser et à faire mieux que la dernière fois, qu'on leur distribue de l'argent, peut-être mais les bobbysoxers – celles qui sont prêtes à enlever leurs chaussures pour se mettre à danser, ou plus si l'Idole le désire, dans leur chambre - hystériques lancent la carrière de Sinatra. Une étoile est née.

 

 

RISQUES

 

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Le succès durera jusqu'en 1947. Mais dès les premiers mois Sinatra commettra bien des imprudences. Que l'on ne peut toutes lui reprocher mais qui pèseront lourd dans la balance lorsque les temps seront en train de changer. Mais pas dans le bon sens.

 

 

Fils d'immigrés italiens il se sentira proche des noirs et des juifs. Toute sa vie il luttera pour l'égalité des droits refusant par exemple de loger dans un hôtel si un artiste black qui l'accompagne se voit refouler. N'hésitera pas à faire le coup de poing si nécessaire. S'engagera en faveur de Roosevelt, partant du principe que la pauvreté est une tare qui doit être éradiquée. Ce qui peut apparaître une idée généreuse qui ne mange de pain mais qu'il défendra en affirmant que si ce genre d'assertion était du communisme eh bien il était alors communiste ! Nous ne sommes plus très loin du maccarthysme, et Sinatra sera plusieurs fois convoqué devant des commissions pour s'expliquer. Tout en niant toute appartenance au Parti Communisme il maintiendra ses propos contre la ségrégation et pour l'extinction de la pauvreté.

 

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Se sépare de Nancy, ce qui le mettra en froid avec la mafia qui aime à ce que les traditions familiales soient respectées. Se fera pardonner en devenant porteur de valises. Non pas pour la guerre d'Algérie, mais pour sortir l'argent de l'Organisation des USA en l'emmenant à Cuba et en Italie, s'en faudra de peu qu'il ne termine sa vie en prison quand les douaniers lui demandent d'ouvrir son sac, sera sauvé par la file des passagers derrière lui pressés de sortir qui commencent à rouspéter, Sinatra le chanceux !

 

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Heureux en argent, malheureux en amour ! En 1951, Nancy ayant enfin accepté de divorcer, il se marie avec Eva Gardner, la femme de sa vie. Tous deux s'adorent, mais ils sont incapables de rester deux jours ensemble sans se disputer. Jalousies des deux côtés, se ressemblent sans doute trop pour pouvoir vivre ensemble. La vie de Sinatra ressemble de plus en plus à chansons : amours brisées, amours déçues, amours perdues.

 

 

Le public se détache de lui, va le reconquérir pas à pas.

 

 

FIFTIES / SIXTIES

 

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Des 1953 à 1962 il enregistrera ses meilleurs albums chez Capitol. Pratiquement à la même époque que Gene Vincent. Mais le rock ne l'intéresse point. Il déteste Elvis et tous ses misérables suiveurs. Leur reproche leurs paroles stupides et répétitives et le fait de ne pas savoir chanter. N'est plus à la tête du Billboard, vit sur son public. Les enfants des Bobbysoxcers se détournent de lui. Il n'aimera pas ses derniers succès ni Strangers in the night, ni My Way l'adaptation du Comme d'habitude de Claude François, ces mélodies ne lui permettant pas de déployer toute la tessiture de sa voix. Reconnaîtra tout de même que les royalties générées par ces deux titres ainsi que le Somethin' Stupid avec sa fille Nancy Sinatra ne sont pas à dédaigner...

 

 

Reste fidèle à ses premiers amis. La maffia ayant pris non sans hésitation la décision d'aider à la candidature de John Kenedy, il se donne sans compter. Chante, organise des réunions, reçoit John chez lui, ne ménage ni sa peine ni son argent. Mais les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Lorsque Kenedy refuse de l'inviter à plusieurs reprises à des manifestations publiques et privées Frankie grince des dents, il sait bien que ses accointances douteuses avec le crime organisé risquent de faire tâche... Mais le coup fatal sera donné lorsque le Président renvoie à plus tard les lois qu'il devait prendre en faveur des noirs...

 

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Le frère de John rompt les traditions familiales. Alors que son père avait souvent marché main dans la main avec la Mafia, Robert Kenedy devenu ministre de la justice diligente enquête sur enquête très vite suivies d'arrestations dans les milieux criminels. En Novembre 1963 John Kenedy tombe sous les balles de tueurs embusqués... Bob qui s'est lancé dans la campagne présidentielle est tout aussi mystérieusement abattu que son frère en juillet 1968...

 

 

Sinatra sera convoqué plusieurs fois pour répondre de son compagnonnage avec le crime organisé. Restera très évasif, s'en tiendra à des généralités mensongères, mais l'on sent que les juges qui l'interrogent ne poussent pas à fond l'interrogatoire. Il en avait pourtant des choses à raconter qui l'auraient facilement envoyé derrière les portes du pénitencier mais qui surtout auraient pu mouiller d'autres personnes... c'est qu'il en est défilé du monde dans sa maison...

 

 

La mafia change de camp. Echaudé par les Démocrates elle se rapproche des Républicains. Sinatra suit le mouvement, chantera pour Nixon...

 

 

L'INTOUCHABLE

 

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L'homme possède ses bons côtés. Il est généreux, il distribue son argent au moindre coup de coeur à de parfaits inconnus. Mais il exige de ses amis une fidélité sans faille. Tout ou rien. Avec moi ou contre moi. Ne pardonne aucun faux-pas. Ses défauts et ses qualités seront exagérés par l'alcool. Boit facilement une bouteille de Jack Daniel's en une soirée. Il pique des colères mémorables. S'emporte contre tout et tous ceux qui le contrarient. Use souvent de ses poings. Et encore plus souvent de ses hommes de main. Rancunier, tenace et têtu. Se conduit comme n voyou sûr de son impunité. Saccage ses appartements comme le bar dans lequel il se trouve. Se balade avec une arme. Peut se conduire comme un chevalier servant avec une dame ou traiter la femelle la plus proche de lui de noms peu élogieux. Compte sur son charme, peut aussi frapper, profiter de la moindre faiblesse, mais la plupart de ces compagnes libres ou tarifées ne lui en voudront pas...

 

 

Il chantera jusqu'au bout, la voix éraillée, ne se souvenant plus des paroles, ne se rappelant plus ce qu'il est venu faire sur cette scène, pathétique mais le public applaudit toujours.

 

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Une vie de bâton de chaise, menée à cent à l'heure, beaucoup plus en prise avec son environnement politique et sociétal que la génération des pionniers du rock qui suivit. A donné le la à la carrière de Presley qui comme lui participera à de nombreux films qui ne sont pas considérés comme des classiques du cinéma ! A su rester fidèle à lui-même et sa propre trajectoire initiale. A toujours récusé sa culpabilité, n'a jamais affirmé son innocence.

 

 

Un chanteur adulte pour les adultes.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

REVUE DES REVUES

 

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SO JAZZ. N° 24.

 

Avril 2012.

 

 

Un an s'est écoulé depuis notre chronique du N° 13. So Jazz a maigri. Trente-deux pages sur papier peu brillant. Un quart de numéro rassemble des pubs. Ce serait parfait pour un hebdomadaire, mais pour un mensuel c'est un peu court, surtout que les articles ne sont pas très longs. Sur les deux principaux articles Esbjörn Svensson Trio et Mina Agossi l'on cite Jimi Hendrix comme référence à dépasser ou absolue. Etrange tout de même d'être so rock !

 

 

Damie Chad

 

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MOJO. N° 1.

 

Avril 2012.

 

 

Ca bouge sur les présentoirs. Aussi bien en rap qu'en rock. Des titres disparaissent et d'autres relèvent le flambeau. Souvent l'on s'inscrit dans la suite d'un disparu en essayant de proposer un produit identique ou très avoisinant, l'on essaie de récupérer un public orphelin.

 

 

Mais avec Mojo, c'est une autre histoire. D'emblée l'on s'inscrit dans la catégorie des poids lourds. L'on est allé recherché Sacha Reins l'esx-patron de Best, le seul concurrent de Rock'n'Folk qui se battait dans la même catégorie.

 

 

Mais l'on n'arrive pas sur le marché sans biscuits, Mojo est une revue anglaise de rock classic – pas les pionniers mais tout ce qui s'inscrit dans la suite logique des seventies. Voici donc la version française. Ce n'est pas une simple traduction du numéro en cours en grande-Bretagne, non les deux rédactions sont indépendantes mais la maison-mère est prête à refiler de la copie à volonté. D'ailleurs l'article sur Johnny Cash est la quatrième resucée depuis dix ans d'une contribution vieille de dix ans.

 

 

 

L'on reloocke avec un petit côté spécial frenchy : un long article sur Hubert-Félix Thiéfaine qui est au rock français ce que la petite musique de nuit de Mozart est à un opéra de Wagner, puis le sempiternel articulet sur Gainsbourg et ses chanteuses, l'on ne donne pas dans l'originalité...

 

 

Un CD est offert, pas tout à fait un salmigondis de titres réunis de manière aléatoire, dix morceaux tout de même un peu disparates mais tous extraits du catalogue de Third Man Records, le label de Jack White – c'est vrai que ça ressemble un peu à ce qu'il faisait avec White Stripes mais en moins bien – qui étend sa belle gueule paracétamolisée sur la couverture. La aussi Mojo ne prend pas de risque...

 

 

Le problème c'est que la lecture de Mojo évoque un peu trop Rock'n'Folk, avec des chroniques de disques beaucoup plus courtes mais plus mal écrites. L'on attendra le numéro suivant pour vraiment juger, pour le moment on se contentera de cette page sur Jerry Lee Lewis, le genre de médicamentation qui vous file le mojo pour toute la semaine.

 

 

Mon titre préféré sur le CD : Evil de Tom Jones. Comme par hasard une reprise de Howlin'Wolf, que nous évoquions en notre 93 ° livraison du début de ce mois, lors du concert de Tail Dragger ? Le hasard rock existe-til vraiment ?

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

 

 

 

MIREPOIX

Petit séjour en Ariège, pas très rock'n'roll ce coup-ci, en flânant dans la médiévale cité de Mirepoix j'ai tout de même récupéré deux affiches rock and blues. Toutes neuves, toutes propres, personne n'y avait touché alors que les évènements annoncés étaient déjà passés... Pour l'expo blues, quelques images sur le net, avis aux amateurs de Popa Chubby par exemple, pour Number Nine un groupe de copains qui font des reprises fiftties-eighties, ne les ai jamais entendus mais l'affiche est belle...

 

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16/04/2012

KR'TNT ! ¤ 94. DECELERATION PUNK

 

KR'TNT ! ¤ 94

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

19 / 04 / 2012

 

 

 

Attention !

Cette 94 ° livraison de KR'TNT vous est servie à l'avance, dès ce lundi 16 avril, because nous nous mettons en vacances pour quelques jours... que cela ne vous dispense pas de jeter un oeil sur la livraison 93 consacrée à BO DIDDLEY. Pour la 95° nous risquons d'avoir un jour ou deux de retard, keep rockin' till next time !

 

 

 

 

 

feu orange

 

 

DECELERATION PUNK / JEAN-MARC QUINTANA

 

 

Avignon, 1977 – 1982 :

 

 

quand le rock'n'roll marchait dans la rue...

 

 

Camion Blanc / 316 pp / Février 2012

 

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Retour vers le no future. Le punk fut la dernière grande explosion rock. En France ce fut plus difficile que partout ailleurs. Passons sur Paris, c'est si grand que vous trouvez toujours quelque gus qui vous ressemble. Ou qui fait semblant. Mais en province. Mais en Provence. Mais en Orange, cité antique, et en Avignon, ville papale, faudrait tout de même pas exagérer. Pourtant ils l'ont fait. Et à la bonne époque. En 1977, l'année punk par excellence. Ont tenu bon six ans. Puis ce sont lassés et le combat cessa faute de combattants.

 

 

N'ont été qu'une poignée. Mais l'on s'en fout, rien ne vaut les histoires d'indomptables qui refusent de se rendre, rien n'égale le dernier carré d'Iroquois qui meurt sur la crête. Jean-Marc Quintana n'en faisait pas partie. L'était ce que l'on appellerait un sympathisant en chambre, les a côtoyés au café mais n'a jamais pu se résoudre à franchir le Rubicon qui sépare la théorie de la pratique. L'avait seize ans à l'époque et cinquante et un de nos jours.

 

 

Entre temps il a joué à l'archiviste, a collectionné les disques, les photos, les revues... et puis s'est enfin décidé à retrouver les témoins de la grande époque et à interroger les survivants. Décélération est formé de tous ces témoignages, réunis et présentés dans un ordre à peu près chronologique. Au début l'on a l'impression que ça sort de partout et que l'on n'arrivera jamais à identifier qui parle ou de qui l'on cause. Mais peu à peu les caractères se dessinent et les protagonistes de l'affaire nous deviennent familiers.

 

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A la base c'est la story de deux frères, Didier et Paul Fernandes, par qui tout a commencé...

 

 

DEVENIR PUNK

 

 

En France – mais aux Amériques et en Angleterre aussi – le punk est né sur le terreau du rock'n'roll. Oui mais voilà, la nostalgie n'étant plus ce qu'elle était, une jeunesse soucieuse de vivre et d'y mordre dedans à pleines dents, s'impatiente de ne pas avoir ses propres idoles. Comme le dit Didier, Eddie Cochran et Gene Vincent c'était un peu le service après-vente post-mortem. L'on voulait du sang neuf, chaud et vivant. Fallait pas s'en faire, tout vient à point pour qui ne sait pas attendre.

 

 

Très loin là-bas sur la Tamise, des troublions ont commis un crime de lèse-majesté, z'ont ricané sur l'anniversaire du couronnement de la Reine. Shocking ! Very Shocking ! Du jour au lendemain les pistoleros du sexe deviennent célèbres. Certes on leur crache dessus ( ceci est une métaphore ), on les vilipende, on les ridiculise, mais enfin les images TV pénètrent dans les foyers les plus modestes et les journaux populaires se font une joie de caricaturer ces nouveaux barbares.

 

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De quoi enflammer l'imagination de nos deux frérots. Réunissent toutes les paramètres nécessaires à leur métamorphose : milieu social modeste, famille recomposée, résultats scolaires peu mirobolants, bref un avenir tout tracé de piétaille prolétaire et de chair à patron... Cela ils le ressentent sans pouvoir l'analyser, préfèrent se livrer à la critique radicale de la daube techno que déversent à pleins seaux radios, télés et boîtes de nuit...

 

 

BAGATELLES

 

 

Ce qu'il y a de bien avec le punk c'est que vous n'avez besoin de rien, si ce n'est quelques épingles à nourrices pour faire tenir le tout. Des t-shirts déchirés, les vieilles chemises du grand-père, des pantalons troués, des godasses sales, pas cher et renouvelable à volonté. Dans un deuxième temps l'on empruntera le cuir des cousins rockers et les chaînes si chères à Vince Taylor.

 

 

Les goûts et les couleurs ( notamment celle des cheveux, rouges, verts, décolorés ) ne se discutent pas assure-t-on. Le moins que l'on puisse dire c'est que de tels accoutrements ne firent pas l'unanimité, ni auprès des parents, ni chez l'épicier du coin. Comme disait Johnny ( pas le nôtre national, l'autre celui qui rote en chantant ) tout sert à pourrir et voici nos apprentis punks qui arborent fièrement croix gammées, brassards SS et autres passementeries militaires du Troisième Reich.

 

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Ce n'était pas un choix idéologique. Avaient vu les mêmes sur les photos des punks anglais. Qui eux-mêmes les avaient empruntés par transmission aux premiers bikers américains. C'étaient des prises de guerre, des souvenirs de la vieille Europe et de leur jeunesse combattante que les motards américains exhiberont fièrement sur leurs motos et leurs blousons. Devant la réprobation générale que ne manquaient pas d'attirer ces emblèmes politiquement un peu trop marqués chez nombre de leurs concitoyens, on les portera bientôt par bravade... Souvent on remplacera la svastiska par la croix de Malte moins connotée... Beaucoup de rockers européens qui l'adapteront parleront d'esthétisme pour en justifier l'usage. Le port de la croix gammée deviendra le signe d'une volonté de choquer plus consciente, plus agressive, voire revendicatrice.

 

 

Car si l'habit ne fait pas le moine, le port d'insignes nazis peut contribuer à révéler les tendances fachisantes de certains individus. Les punks français qui arboraient ce genre de décoration ne furent pas très bien compris par le reste de la population. France terre d'occupation n'a pas laissé que de bons souvenirs.

 

 

Z'auront beau se défendre de toute complicité idéologique, arguer qu'ils veulent choquer l'opinion pour qu'elle réfléchisse et prenne conscience du système de merde qui emprisonne la société, ce fut une condamnation sans équivoque et générale. Faut dire que certaines déviances de revendications pro-hitlériennes chez quelques uns apportaient de l'eau au moulin de la vindicte populaire.

 

 

Jean-Marc Quintana se penche longuement sur le phénomène. L'on peut tout expliquer et tout comprendre, sans accepter le moins du monde clarifie-t-il.

 

 

LA BANDE

 

 

Paul et Didier partent de rien pour arriver à pas grand-chose. Ce n'est pas un constat, mais un programme. Ne savent pas trop ce qu'ils veulent mais ont une conscience aiguë de ce qu'ils rejettent : cette société qui ne leur propose rien, si ce n'est des vies de serfs modernes abîmées par le travail et l'asservissement. N'ont pas élaboré des plans sur la comète; n'ont pas d'espoir en des lendemains qui chantent, ne croient en aucune amélioration possible ou probable. Ce sont des nihilistes qui au nom de leur nihilisme ne proposent et ne demandent rien.

 

 

Circulez il n'y a rien à voir, sauf de sordides épouvantails moulés en leur tenue de clochards magnifiques du rock. Sont juste à l'image de votre laideur. Miroir même pas grossissant de votre ruine intérieure. Après les rockers, rebelles sans cause, voici les punks de la cause perdue d'avance, sans rebelles. Car à part pogoter comme des fous lors de rares concerts, et recevoir en pleine gueule son propre crachat que l'on avait lancé à la face du monde, le punk de base est un désoeuvré métaphysique. Le dernier dandy. Qui porte laid.

 

 

Le phénomène de bande consiste avant tout à rester entre soi. Des solitaires se reconnaissent et se rassemblent. La bande des frères Fernandes suivra un parcours classique. D'abord l'on se rencontre et l'on s'encourage, l'on cherche des lieux - cafés, boites – qui vous acceptent, points de chutes et de divertissement.

 

 

Bientôt lassés de la gueule que tirent les parents à la maison, l'on cherche une chambre à soi : un squat, particulièrement sordide. Davantage de garçons que de filles. Les loups sont plus solitaires que les louves. L'on survit comme l'on peut, petits larcins, aides sociales, chômage, quelques petits boulots pas trop prenants.

 

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Dormir à même le plancher sur des bouts de pizzas n'est pas une fin en soi. C'est le temps des grandes illusions et de l'envol. Direction Londres. Déception ! Des punks à tous les coins de rue, downtown vous n'êtes plus qu'un mouton noir dans un immense troupeau de moutons noirs. Avignonnais et orangeais, plus vrais que les vrais punks, se retrouvent en photo de pochette d'un des 33 tours les plus célèbres de toute la discographie punk, le fameux Punk and Disordely, retrouveront mêmes une de leurs photographies mêlée au reportage à Londres que le magazine Elle s'en est venu réaliser outre-Manche sur les punks british...

 

 

Retour au pays natal : après ces premières années glorieuses de vache enragées l'on se rabat sur des solutions éprouvées : constitution d'un club de bikers, l'on est déjà en contradiction avec soi-même. Un pas dans le vieux monde du rock, aussi déglingué que le reste de l'univers...

 

 

Ce n'est plus qu'une bande de copains inséparables, mais l'on a pris des chambres ou des apparts en ville. Paul est resté le chef, ne sont pas plus nombreux que les sept mercenaires, mais personne ne songe à les embaucher. Par contre après cinq ans d'attitude punk ils ont eu le temps de faire des envieux et d'attiser la haine des jaloux. De tous les côtés de la ville l'on vient les chercher, car qui a semé la tempête récolte un jour ou l'autre l'ouragan.

 

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VIOLENCE

 

 

Relatant le siège de Jérusalem par les Légions Romaines, Tacite glisse en passant une phrase qu'il convient de méditer. Aux avant-postes pour réduire la résistance des juifs, Rome a enrôlé des philistins. Non pas parce que ce sont de meilleurs combattants mais parce qu'ils sont le peuple géographiquement le plus proche des assiégés. Et donc ajoute notre historien, ceux qui les détestent les plus. L'on ne hait vraiment que ceux qui nous ressemblent.

 

 

La haine de l'autre n'est très souvent que la mise en pratique de la haine de soi. Punks et rockers vont s'entredéchirer. Chacun a l'impression que l'autre tribu s'en vient brouter sur son pré carré. La guerre des gangs aux Etats-Unis est une guerre de contrôle d'un territoire économique. La vente de la drogue rapporte gros. C'est la CIA et le FBI qui ont introduit les produits dans les quartiers noirs, à une époque où les Black Panthers prônaient des prises de conscience bien plus subtiles que la nécessité d'une seringue d'héroïne ou d'une pincée de cocaïne. Tant que les kids sniffent de la colle ou s'entretuent pour de l'Angel Dust, tout danger de lutte collective est écartée. Diviser pour régner.

 

 

En France, entre 1977 et 1982, l'on n'en est pas encore là. Et pourtant punks et rockers entretiennent une guéguerre stupide. C'est à peu près au même moment que les rockies instituent à Paris et sa banlieue, le jeu de la dépouille. Pendant que vous prenez le perfecto d'un mec qui vous ressemble comme deux gouttes d'eau, la bourgeoisie du seizième arrondissement peut dormir sur ses deux oreilles. Aujourd'hui dans les cités l'on s'amuse à brûler les voitures des voisins pour fêter le passage de la nouvelle année. Tant que les pauvres s'attaquent aux pauvres, souriez il n'y a rien à craindre.

 

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En Angleterre nos provençaux assistent aux prémisses d'un phénomène inquiétant. Le punk est mort, lui succède le mouvement Punk 's not Dead, qui n'est qu'une copie conforme mais sans grâce ni génie. Les groupes essaient de jouer encore plus mal que les défunts Sex Pistols, et ils y arrivent. Ultimes feux d'une génération qui tire ses derniers boulets.

 

 

Le coup du pendule. Après la déchetterie punk, revoici le tour du mouvement Mod qui relève la tête. Sous une autre forme : les Skins. Un look plus propre sur soi – le blouson skin n'est que la résurgence du Collège américain en réaction dans les années cinquante au cuir des rockers - le cheveu coupé ras. Les ferments d'anarchie du nihilisme punk sont remplacés par un ersatz de pensée nationaliste fortement teintée de racisme et de xénophobie. Pour le coup le mouvement rock prend un sacré virage à droite. Si fort qu'en contre-partie se développera le mouvement Rock against Racism et qu'apparaîtra le phénomène compensateur des Redskins.

 

 

Il est effrayant de penser que la rébellion rock s'est au cours de ses soixante années d'existence souvent teintée d'idéologies d'extrême-droite, comme si la jeunesse populaire de l'occident une fois sa révolte revendiquée n'avait rien de plus pressé à faire qu'à se mettre en attente d'un nouveau maître. Comme le chien qui casse sa chaîne puis retourne dans sa niche pour continuer à garder la maison dont on lui interdit l'entrée.

 

 

THE END, BEAUTIFULL FRIEND

 

 

La place de l'Horloge d'Avignon va sonner les derniers coups de minuit. Nos punks pas plus nombreux que les doigts sont attablés à une table de café, lorsqu'ils sont vivement pris à partie par des bandes rivales. Trois rockers et une cinquantaine de fils d'ouvriers immigrés descendus de leurs cités chauffés à blanc par des propos qu'auraient tenus à leur encontre le mini groupuscule punk.

 

 

A un contre dix la bataille est perdue d'avance. L'engagement est violent et sans pitié, Paul et sa troupe parviennent à se tirer tant bien que mal de l' échauffourée. Ne se rendent même pas compte qu'un jeune maghrébin ne s'est pas relevé... quelques heures plus tard la police arrête Paul... La presse locale et bientôt nationale se déchaîne contre les punks coupables d'un meurtre...

 

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Paul est en prison mais tous les témoignages concordent, ceux de ses amis comme ceux des témoins qui ont assisté aux scènes de combat. La justice relâchera Paul au bout de quelques mois et l'acquittera lui reconnaissant son état de légitime-défense...

 

 

Décélération punk. Après la Place de l'Horloge, plus rien ne sera comme avant. Chacun se sent obligé de s'éloigner d'Avignon... Pour Paul c'est l'adieu au rock'n'roll. A sa sortie de prison il rejettera sa panoplie punk... est passé à autre chose... S'éloigne, se fait oublier, prend un bar en gérance, puis un autre. Revient à Avignon tient un café, pas des plus florissants... a-t-il fréquenté le milieu marseillais ? Un soir de 1996, un tueur l'attend chez lui planqué dans l'ombre des escaliers...

 

 

Trois jours plus tard il serait remonté à Paris avec Didier son frère, assister au concert de reformation des Sex Pistols.

 

 

SANS CONCESSION

 

 

Les livres qui traitent du mouvement punk en France sont rares. Jean-Marc Quintana en préparerait un second sur les groupes punks de la région d'Avignon. Nous l'attendons avec impatience. Cette Décélération Punk nous projette au coeur du mouvement punk français, côté fans. Rien à voir avec les témoignages parisiens d'un Yves Adrien par exemple. Ici, c'est à ras du bitume.

 

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Certains le liront comme les errements d'une jeunesse perdue. A part qu'elle possédait tout de même une boussole rock'n'roll pour se diriger et trouver son chemin. L'on nous répondra qu'ils ne sont pas allés bien loin. Mais alors dans ce cas, regardez-vous et regardez le monde dont vous êtes si fiers. Pas joli-joli ! Et vous croyez avoir fait mieux ? Si j'étais vous je me tairais.

 

 

Les punks ont au moins eu le courage de partir en guerre. Sûrement moins confortable que de glisser une enveloppe tous les cinq ans dans l'urne électorale pour élire quelqu'un d'aussi triste et d'aussi bête que vous au service de la finance capitalistique. A chacun sa révolte.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

KROCKROCDISK

 

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COME TO NEX ORLEANS. CHRIS ALMOADA.

 

COME TO NEW ORLEANS. KISS ME BABY. ALL THE TIME. BROKEN HEAT. ROCK AND ROLL FEVER. SALLY ANN. ANOTHER MORNIN'. CRUISIN'. COOL CAT. ROCK CRAZY BABY. GONE REALLY GONE. SHOW ME THE WAY TO GO HOME. WILD WILD WOMAN. CANNONBALL RAG. BROKEN HEART.

 

RYDDEL'S RECORD.

 

Www.myspace.com/rydellsrecords

 

www.myspace.com/chrisalmoada

 

 

L'on vous a déjà causé de Chris Almoada dans notre soixante et unième édition du 14 juillet 2011. Nous avions alors évoqué son fabuleux travail à la guitare dans Eazy Lazy and his Silver Slippers. Nous vous avions promis d'en reparler. Impossible de le revoir sur scène ces derniers mois, ne donne que des concerts en des cantons perdus comme le fin-fond de la Bretagne ou alors ensemence de ses accords magiques le pays de la frite de l'autre côté de la frontière nord. L'on se rabat donc sur son dernier CD enregistré chez Ryddel's records en juillet 2010 et disponible en octobre de la même année. C'était le premier artefact réalisé par les disques Riddel's qui depuis ont aussi produit un disque du groupe anglais The Obscuritones. D'autres productions devraient voir le jour dans les jours qui viennent.

 

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Si j'en juge au nombre de fois où les amis qui passaient à la maison m'ont emprunté le CD, Chris Almoada possède une sérieuse cote d'admiration et de confiance chez les amateurs. Bien méritée d'ailleurs quand on commence à écouter l'opus. Faudra d'abord vous faire une douce violence, difficile de ne pas passer quinze fois de suite l'instrumental d'ouverture : Come to New Orleans. En fait ce n'est pas du tout un instrumental, vous trouverez même les paroles en page trois de la pochette mais le jeu de guitare est si enlevé que vous ne percevez que lui, emporte même sur ses cordes les éclats de trompette qui l'accompagnent.

 

 

Ensuite ce n'est que du régal. Que ce soit une reprise de Sleepy Labeef ou d' Arthur Adams ou des originaux de maître Almoada in person, ce ne sont que sucres d'orge mentholés. Un jeu d'une finesse absolue que s'en vient souligner une voix teintée de nostalgie et de colères rentrées. Très roots, mais pas servile, recrée, refondé, une magistrale leçon de savoir-faire à chaque fois. Des deux côtés de l'Atlantique il n'y en a pas beaucoup qui arrivent à une telle maîtrise d'intention. L'a dû salement écouter Grady Martin, Gallup et Merle Travis dans sa jeunesse.

 

 

Come to New Orleans, beau titre qui affiche la couleur d'une musique festive mais qui pourrait tromper son monde qui croirait à une descente bluesy du Delta. Nous sommes plutôt avec les cow boys qui s'en viennent dépenser leur paye ( maigre ) dans les clandés louisianais. Côté white rock avec une oreille qui traîne du côté du western swing. Une espèce de retour aux sources alors que l'on se dirige vers l'embouchure. La version de Cruisin' est des plus emblématiques, tandis que chez Gene Vincent l'aspect citadin est renforcé par les breaks d'acier de Gallup, Chris Almoada nous le joue à la campagnarde. Une certaine paresse, renforcée par le morceau qui suit Cool Cat, une indolence bien éloignée des menaces grondantes du Cat man du même Gene.

 

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Ce qui n'empêche ni la dextérité ni la rapidité. Chris Almoada, domine son jeu. L'homme est bien trop modeste pour l'avouer mais il a intégré toute l'american guitar et aujourd'hui il nous sert le gumbo à sa manière. Tortue géante et morceaux d'alligators à volonté.

 

 

L'on en reprendrait pas une deuxième assiette. D'ailleurs pour les collectionneurs, il existe aussi une version 25 centimètres. Un must dans ses deux déclinaisons.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

LITO.

 

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MUSTANG. DANS LE RANG. COMBIEN DE TEMPS. PARTIR UN JOUR. RÊVE DE CHANTEUR. LA LULA, MI MAMA. QUE RESTE-IL ?. SANS TOI. EMILIE. ENSEMBLE A DEUX. J'SUIS ROCKER'S. VIVRE SANS REGRETS. SI TOI ET MOI. RITOURNELLE.

 

Auto-production : Mai 2011. lamusicalito@hotmail.fr

 

 

C'est sur le marché de Provins que j'ai entendu. Reluquai l'étalage pour voir si quelques CD rock ne seraient pas à l'arrivage. De temps en temps j'y trouve quelques pépites. Rien ces derniers temps, à part une compile de Mireille Mathieu, que j'ai fait mettre de côté pour vous. Ne me remerciez pas, dans la vie il faut s'entraider.

 

 

Y avait ce disque et sa chanson qui passait. Mustang, une espèce de country-rock à la française, un peu à la Michel Mallory mais ce n'était pas la voix du parolier de Johnny. Me suis enquis de l'identité de cet inconnu : « C'est Lito, un ami de mon frère, c'est un disque en auto-production. » En ai pris un car il faut toujours encourager les jeunes talents.

 

 

Le petit Manuelito n'est plus très jeune. C'est sur la soixantaine qu'il s'est permis de réaliser son rêve de chanteur. L'avait essayé dans in his early times dans de nombreux groupes mais avait depuis raccroché sa guitare. S'y est remis tout seul comme un grand, avec sa femme et une copine dans les choeurs, plus Eddy Moreau au piano de temps en temps. Guitare, paroles et musiques de Lito. Un véritable rêve de gosse mis en chanson : photo de maman Lula ( ça c'est un prénom vraiment be-bop ) en première page de fascicule intérieur. L'on sent le fils d'immigré espagnol qui a trouvé une seconde patrie dans l'éclosion rock français durant la première moitié des années soixante, qui n'a rien renié de ses origines et de ses amours adolescentes...

 

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Ce n'est pas le disque du siècle, la batterie trop en avant, et l'orchestration trop monotone. Des lyrics qui flirtent trop souvent avec la variété même si les paroles d'un morceau comme Dans le rang auraient pu être interprétées en son époque ( 1965 ) par Noël Deschamps. La voix de Lito n'est pas désagréable mais avec un accompagnement aussi réduit par la force des choses elle ne peut donner sa pleine mesure. L'on m'a assuré que Lito se produit dans les cafés de Paris et qu'il s'en tire plutôt bien. Nous voulons bien le croire.

 

 

De toutes les manières un homme qui déclare : J'suis rocker's dans mon âme et dans mon coeur / Je joue de la gratte, comme un fou, avec mon corps / J'ne connais que 3 accords, et je m'en moque / Je fais du rock, oui, c'est ça, mon job / ne peut pas être mauvais. Ces mêmes titres interprétés par Eddy ou Hallyday auraient certainement eu beaucoup plus de gueule, mais tels quels ils n'en sont peut-être que plus touchants et sympathiques. Une espèce de country-blues-yéyé-nostalgique à la française.

 

 

Damie Chad.

 

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