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16/04/2012

KR'TNT ! ¤ 94. DECELERATION PUNK

 

KR'TNT ! ¤ 94

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

19 / 04 / 2012

 

 

 

Attention !

Cette 94 ° livraison de KR'TNT vous est servie à l'avance, dès ce lundi 16 avril, because nous nous mettons en vacances pour quelques jours... que cela ne vous dispense pas de jeter un oeil sur la livraison 93 consacrée à BO DIDDLEY. Pour la 95° nous risquons d'avoir un jour ou deux de retard, keep rockin' till next time !

 

 

 

 

 

feu orange

 

 

DECELERATION PUNK / JEAN-MARC QUINTANA

 

 

Avignon, 1977 – 1982 :

 

 

quand le rock'n'roll marchait dans la rue...

 

 

Camion Blanc / 316 pp / Février 2012

 

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Retour vers le no future. Le punk fut la dernière grande explosion rock. En France ce fut plus difficile que partout ailleurs. Passons sur Paris, c'est si grand que vous trouvez toujours quelque gus qui vous ressemble. Ou qui fait semblant. Mais en province. Mais en Provence. Mais en Orange, cité antique, et en Avignon, ville papale, faudrait tout de même pas exagérer. Pourtant ils l'ont fait. Et à la bonne époque. En 1977, l'année punk par excellence. Ont tenu bon six ans. Puis ce sont lassés et le combat cessa faute de combattants.

 

 

N'ont été qu'une poignée. Mais l'on s'en fout, rien ne vaut les histoires d'indomptables qui refusent de se rendre, rien n'égale le dernier carré d'Iroquois qui meurt sur la crête. Jean-Marc Quintana n'en faisait pas partie. L'était ce que l'on appellerait un sympathisant en chambre, les a côtoyés au café mais n'a jamais pu se résoudre à franchir le Rubicon qui sépare la théorie de la pratique. L'avait seize ans à l'époque et cinquante et un de nos jours.

 

 

Entre temps il a joué à l'archiviste, a collectionné les disques, les photos, les revues... et puis s'est enfin décidé à retrouver les témoins de la grande époque et à interroger les survivants. Décélération est formé de tous ces témoignages, réunis et présentés dans un ordre à peu près chronologique. Au début l'on a l'impression que ça sort de partout et que l'on n'arrivera jamais à identifier qui parle ou de qui l'on cause. Mais peu à peu les caractères se dessinent et les protagonistes de l'affaire nous deviennent familiers.

 

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A la base c'est la story de deux frères, Didier et Paul Fernandes, par qui tout a commencé...

 

 

DEVENIR PUNK

 

 

En France – mais aux Amériques et en Angleterre aussi – le punk est né sur le terreau du rock'n'roll. Oui mais voilà, la nostalgie n'étant plus ce qu'elle était, une jeunesse soucieuse de vivre et d'y mordre dedans à pleines dents, s'impatiente de ne pas avoir ses propres idoles. Comme le dit Didier, Eddie Cochran et Gene Vincent c'était un peu le service après-vente post-mortem. L'on voulait du sang neuf, chaud et vivant. Fallait pas s'en faire, tout vient à point pour qui ne sait pas attendre.

 

 

Très loin là-bas sur la Tamise, des troublions ont commis un crime de lèse-majesté, z'ont ricané sur l'anniversaire du couronnement de la Reine. Shocking ! Very Shocking ! Du jour au lendemain les pistoleros du sexe deviennent célèbres. Certes on leur crache dessus ( ceci est une métaphore ), on les vilipende, on les ridiculise, mais enfin les images TV pénètrent dans les foyers les plus modestes et les journaux populaires se font une joie de caricaturer ces nouveaux barbares.

 

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De quoi enflammer l'imagination de nos deux frérots. Réunissent toutes les paramètres nécessaires à leur métamorphose : milieu social modeste, famille recomposée, résultats scolaires peu mirobolants, bref un avenir tout tracé de piétaille prolétaire et de chair à patron... Cela ils le ressentent sans pouvoir l'analyser, préfèrent se livrer à la critique radicale de la daube techno que déversent à pleins seaux radios, télés et boîtes de nuit...

 

 

BAGATELLES

 

 

Ce qu'il y a de bien avec le punk c'est que vous n'avez besoin de rien, si ce n'est quelques épingles à nourrices pour faire tenir le tout. Des t-shirts déchirés, les vieilles chemises du grand-père, des pantalons troués, des godasses sales, pas cher et renouvelable à volonté. Dans un deuxième temps l'on empruntera le cuir des cousins rockers et les chaînes si chères à Vince Taylor.

 

 

Les goûts et les couleurs ( notamment celle des cheveux, rouges, verts, décolorés ) ne se discutent pas assure-t-on. Le moins que l'on puisse dire c'est que de tels accoutrements ne firent pas l'unanimité, ni auprès des parents, ni chez l'épicier du coin. Comme disait Johnny ( pas le nôtre national, l'autre celui qui rote en chantant ) tout sert à pourrir et voici nos apprentis punks qui arborent fièrement croix gammées, brassards SS et autres passementeries militaires du Troisième Reich.

 

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Ce n'était pas un choix idéologique. Avaient vu les mêmes sur les photos des punks anglais. Qui eux-mêmes les avaient empruntés par transmission aux premiers bikers américains. C'étaient des prises de guerre, des souvenirs de la vieille Europe et de leur jeunesse combattante que les motards américains exhiberont fièrement sur leurs motos et leurs blousons. Devant la réprobation générale que ne manquaient pas d'attirer ces emblèmes politiquement un peu trop marqués chez nombre de leurs concitoyens, on les portera bientôt par bravade... Souvent on remplacera la svastiska par la croix de Malte moins connotée... Beaucoup de rockers européens qui l'adapteront parleront d'esthétisme pour en justifier l'usage. Le port de la croix gammée deviendra le signe d'une volonté de choquer plus consciente, plus agressive, voire revendicatrice.

 

 

Car si l'habit ne fait pas le moine, le port d'insignes nazis peut contribuer à révéler les tendances fachisantes de certains individus. Les punks français qui arboraient ce genre de décoration ne furent pas très bien compris par le reste de la population. France terre d'occupation n'a pas laissé que de bons souvenirs.

 

 

Z'auront beau se défendre de toute complicité idéologique, arguer qu'ils veulent choquer l'opinion pour qu'elle réfléchisse et prenne conscience du système de merde qui emprisonne la société, ce fut une condamnation sans équivoque et générale. Faut dire que certaines déviances de revendications pro-hitlériennes chez quelques uns apportaient de l'eau au moulin de la vindicte populaire.

 

 

Jean-Marc Quintana se penche longuement sur le phénomène. L'on peut tout expliquer et tout comprendre, sans accepter le moins du monde clarifie-t-il.

 

 

LA BANDE

 

 

Paul et Didier partent de rien pour arriver à pas grand-chose. Ce n'est pas un constat, mais un programme. Ne savent pas trop ce qu'ils veulent mais ont une conscience aiguë de ce qu'ils rejettent : cette société qui ne leur propose rien, si ce n'est des vies de serfs modernes abîmées par le travail et l'asservissement. N'ont pas élaboré des plans sur la comète; n'ont pas d'espoir en des lendemains qui chantent, ne croient en aucune amélioration possible ou probable. Ce sont des nihilistes qui au nom de leur nihilisme ne proposent et ne demandent rien.

 

 

Circulez il n'y a rien à voir, sauf de sordides épouvantails moulés en leur tenue de clochards magnifiques du rock. Sont juste à l'image de votre laideur. Miroir même pas grossissant de votre ruine intérieure. Après les rockers, rebelles sans cause, voici les punks de la cause perdue d'avance, sans rebelles. Car à part pogoter comme des fous lors de rares concerts, et recevoir en pleine gueule son propre crachat que l'on avait lancé à la face du monde, le punk de base est un désoeuvré métaphysique. Le dernier dandy. Qui porte laid.

 

 

Le phénomène de bande consiste avant tout à rester entre soi. Des solitaires se reconnaissent et se rassemblent. La bande des frères Fernandes suivra un parcours classique. D'abord l'on se rencontre et l'on s'encourage, l'on cherche des lieux - cafés, boites – qui vous acceptent, points de chutes et de divertissement.

 

 

Bientôt lassés de la gueule que tirent les parents à la maison, l'on cherche une chambre à soi : un squat, particulièrement sordide. Davantage de garçons que de filles. Les loups sont plus solitaires que les louves. L'on survit comme l'on peut, petits larcins, aides sociales, chômage, quelques petits boulots pas trop prenants.

 

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Dormir à même le plancher sur des bouts de pizzas n'est pas une fin en soi. C'est le temps des grandes illusions et de l'envol. Direction Londres. Déception ! Des punks à tous les coins de rue, downtown vous n'êtes plus qu'un mouton noir dans un immense troupeau de moutons noirs. Avignonnais et orangeais, plus vrais que les vrais punks, se retrouvent en photo de pochette d'un des 33 tours les plus célèbres de toute la discographie punk, le fameux Punk and Disordely, retrouveront mêmes une de leurs photographies mêlée au reportage à Londres que le magazine Elle s'en est venu réaliser outre-Manche sur les punks british...

 

 

Retour au pays natal : après ces premières années glorieuses de vache enragées l'on se rabat sur des solutions éprouvées : constitution d'un club de bikers, l'on est déjà en contradiction avec soi-même. Un pas dans le vieux monde du rock, aussi déglingué que le reste de l'univers...

 

 

Ce n'est plus qu'une bande de copains inséparables, mais l'on a pris des chambres ou des apparts en ville. Paul est resté le chef, ne sont pas plus nombreux que les sept mercenaires, mais personne ne songe à les embaucher. Par contre après cinq ans d'attitude punk ils ont eu le temps de faire des envieux et d'attiser la haine des jaloux. De tous les côtés de la ville l'on vient les chercher, car qui a semé la tempête récolte un jour ou l'autre l'ouragan.

 

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VIOLENCE

 

 

Relatant le siège de Jérusalem par les Légions Romaines, Tacite glisse en passant une phrase qu'il convient de méditer. Aux avant-postes pour réduire la résistance des juifs, Rome a enrôlé des philistins. Non pas parce que ce sont de meilleurs combattants mais parce qu'ils sont le peuple géographiquement le plus proche des assiégés. Et donc ajoute notre historien, ceux qui les détestent les plus. L'on ne hait vraiment que ceux qui nous ressemblent.

 

 

La haine de l'autre n'est très souvent que la mise en pratique de la haine de soi. Punks et rockers vont s'entredéchirer. Chacun a l'impression que l'autre tribu s'en vient brouter sur son pré carré. La guerre des gangs aux Etats-Unis est une guerre de contrôle d'un territoire économique. La vente de la drogue rapporte gros. C'est la CIA et le FBI qui ont introduit les produits dans les quartiers noirs, à une époque où les Black Panthers prônaient des prises de conscience bien plus subtiles que la nécessité d'une seringue d'héroïne ou d'une pincée de cocaïne. Tant que les kids sniffent de la colle ou s'entretuent pour de l'Angel Dust, tout danger de lutte collective est écartée. Diviser pour régner.

 

 

En France, entre 1977 et 1982, l'on n'en est pas encore là. Et pourtant punks et rockers entretiennent une guéguerre stupide. C'est à peu près au même moment que les rockies instituent à Paris et sa banlieue, le jeu de la dépouille. Pendant que vous prenez le perfecto d'un mec qui vous ressemble comme deux gouttes d'eau, la bourgeoisie du seizième arrondissement peut dormir sur ses deux oreilles. Aujourd'hui dans les cités l'on s'amuse à brûler les voitures des voisins pour fêter le passage de la nouvelle année. Tant que les pauvres s'attaquent aux pauvres, souriez il n'y a rien à craindre.

 

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En Angleterre nos provençaux assistent aux prémisses d'un phénomène inquiétant. Le punk est mort, lui succède le mouvement Punk 's not Dead, qui n'est qu'une copie conforme mais sans grâce ni génie. Les groupes essaient de jouer encore plus mal que les défunts Sex Pistols, et ils y arrivent. Ultimes feux d'une génération qui tire ses derniers boulets.

 

 

Le coup du pendule. Après la déchetterie punk, revoici le tour du mouvement Mod qui relève la tête. Sous une autre forme : les Skins. Un look plus propre sur soi – le blouson skin n'est que la résurgence du Collège américain en réaction dans les années cinquante au cuir des rockers - le cheveu coupé ras. Les ferments d'anarchie du nihilisme punk sont remplacés par un ersatz de pensée nationaliste fortement teintée de racisme et de xénophobie. Pour le coup le mouvement rock prend un sacré virage à droite. Si fort qu'en contre-partie se développera le mouvement Rock against Racism et qu'apparaîtra le phénomène compensateur des Redskins.

 

 

Il est effrayant de penser que la rébellion rock s'est au cours de ses soixante années d'existence souvent teintée d'idéologies d'extrême-droite, comme si la jeunesse populaire de l'occident une fois sa révolte revendiquée n'avait rien de plus pressé à faire qu'à se mettre en attente d'un nouveau maître. Comme le chien qui casse sa chaîne puis retourne dans sa niche pour continuer à garder la maison dont on lui interdit l'entrée.

 

 

THE END, BEAUTIFULL FRIEND

 

 

La place de l'Horloge d'Avignon va sonner les derniers coups de minuit. Nos punks pas plus nombreux que les doigts sont attablés à une table de café, lorsqu'ils sont vivement pris à partie par des bandes rivales. Trois rockers et une cinquantaine de fils d'ouvriers immigrés descendus de leurs cités chauffés à blanc par des propos qu'auraient tenus à leur encontre le mini groupuscule punk.

 

 

A un contre dix la bataille est perdue d'avance. L'engagement est violent et sans pitié, Paul et sa troupe parviennent à se tirer tant bien que mal de l' échauffourée. Ne se rendent même pas compte qu'un jeune maghrébin ne s'est pas relevé... quelques heures plus tard la police arrête Paul... La presse locale et bientôt nationale se déchaîne contre les punks coupables d'un meurtre...

 

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Paul est en prison mais tous les témoignages concordent, ceux de ses amis comme ceux des témoins qui ont assisté aux scènes de combat. La justice relâchera Paul au bout de quelques mois et l'acquittera lui reconnaissant son état de légitime-défense...

 

 

Décélération punk. Après la Place de l'Horloge, plus rien ne sera comme avant. Chacun se sent obligé de s'éloigner d'Avignon... Pour Paul c'est l'adieu au rock'n'roll. A sa sortie de prison il rejettera sa panoplie punk... est passé à autre chose... S'éloigne, se fait oublier, prend un bar en gérance, puis un autre. Revient à Avignon tient un café, pas des plus florissants... a-t-il fréquenté le milieu marseillais ? Un soir de 1996, un tueur l'attend chez lui planqué dans l'ombre des escaliers...

 

 

Trois jours plus tard il serait remonté à Paris avec Didier son frère, assister au concert de reformation des Sex Pistols.

 

 

SANS CONCESSION

 

 

Les livres qui traitent du mouvement punk en France sont rares. Jean-Marc Quintana en préparerait un second sur les groupes punks de la région d'Avignon. Nous l'attendons avec impatience. Cette Décélération Punk nous projette au coeur du mouvement punk français, côté fans. Rien à voir avec les témoignages parisiens d'un Yves Adrien par exemple. Ici, c'est à ras du bitume.

 

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Certains le liront comme les errements d'une jeunesse perdue. A part qu'elle possédait tout de même une boussole rock'n'roll pour se diriger et trouver son chemin. L'on nous répondra qu'ils ne sont pas allés bien loin. Mais alors dans ce cas, regardez-vous et regardez le monde dont vous êtes si fiers. Pas joli-joli ! Et vous croyez avoir fait mieux ? Si j'étais vous je me tairais.

 

 

Les punks ont au moins eu le courage de partir en guerre. Sûrement moins confortable que de glisser une enveloppe tous les cinq ans dans l'urne électorale pour élire quelqu'un d'aussi triste et d'aussi bête que vous au service de la finance capitalistique. A chacun sa révolte.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

KROCKROCDISK

 

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COME TO NEX ORLEANS. CHRIS ALMOADA.

 

COME TO NEW ORLEANS. KISS ME BABY. ALL THE TIME. BROKEN HEAT. ROCK AND ROLL FEVER. SALLY ANN. ANOTHER MORNIN'. CRUISIN'. COOL CAT. ROCK CRAZY BABY. GONE REALLY GONE. SHOW ME THE WAY TO GO HOME. WILD WILD WOMAN. CANNONBALL RAG. BROKEN HEART.

 

RYDDEL'S RECORD.

 

Www.myspace.com/rydellsrecords

 

www.myspace.com/chrisalmoada

 

 

L'on vous a déjà causé de Chris Almoada dans notre soixante et unième édition du 14 juillet 2011. Nous avions alors évoqué son fabuleux travail à la guitare dans Eazy Lazy and his Silver Slippers. Nous vous avions promis d'en reparler. Impossible de le revoir sur scène ces derniers mois, ne donne que des concerts en des cantons perdus comme le fin-fond de la Bretagne ou alors ensemence de ses accords magiques le pays de la frite de l'autre côté de la frontière nord. L'on se rabat donc sur son dernier CD enregistré chez Ryddel's records en juillet 2010 et disponible en octobre de la même année. C'était le premier artefact réalisé par les disques Riddel's qui depuis ont aussi produit un disque du groupe anglais The Obscuritones. D'autres productions devraient voir le jour dans les jours qui viennent.

 

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Si j'en juge au nombre de fois où les amis qui passaient à la maison m'ont emprunté le CD, Chris Almoada possède une sérieuse cote d'admiration et de confiance chez les amateurs. Bien méritée d'ailleurs quand on commence à écouter l'opus. Faudra d'abord vous faire une douce violence, difficile de ne pas passer quinze fois de suite l'instrumental d'ouverture : Come to New Orleans. En fait ce n'est pas du tout un instrumental, vous trouverez même les paroles en page trois de la pochette mais le jeu de guitare est si enlevé que vous ne percevez que lui, emporte même sur ses cordes les éclats de trompette qui l'accompagnent.

 

 

Ensuite ce n'est que du régal. Que ce soit une reprise de Sleepy Labeef ou d' Arthur Adams ou des originaux de maître Almoada in person, ce ne sont que sucres d'orge mentholés. Un jeu d'une finesse absolue que s'en vient souligner une voix teintée de nostalgie et de colères rentrées. Très roots, mais pas servile, recrée, refondé, une magistrale leçon de savoir-faire à chaque fois. Des deux côtés de l'Atlantique il n'y en a pas beaucoup qui arrivent à une telle maîtrise d'intention. L'a dû salement écouter Grady Martin, Gallup et Merle Travis dans sa jeunesse.

 

 

Come to New Orleans, beau titre qui affiche la couleur d'une musique festive mais qui pourrait tromper son monde qui croirait à une descente bluesy du Delta. Nous sommes plutôt avec les cow boys qui s'en viennent dépenser leur paye ( maigre ) dans les clandés louisianais. Côté white rock avec une oreille qui traîne du côté du western swing. Une espèce de retour aux sources alors que l'on se dirige vers l'embouchure. La version de Cruisin' est des plus emblématiques, tandis que chez Gene Vincent l'aspect citadin est renforcé par les breaks d'acier de Gallup, Chris Almoada nous le joue à la campagnarde. Une certaine paresse, renforcée par le morceau qui suit Cool Cat, une indolence bien éloignée des menaces grondantes du Cat man du même Gene.

 

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Ce qui n'empêche ni la dextérité ni la rapidité. Chris Almoada, domine son jeu. L'homme est bien trop modeste pour l'avouer mais il a intégré toute l'american guitar et aujourd'hui il nous sert le gumbo à sa manière. Tortue géante et morceaux d'alligators à volonté.

 

 

L'on en reprendrait pas une deuxième assiette. D'ailleurs pour les collectionneurs, il existe aussi une version 25 centimètres. Un must dans ses deux déclinaisons.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

LITO.

 

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MUSTANG. DANS LE RANG. COMBIEN DE TEMPS. PARTIR UN JOUR. RÊVE DE CHANTEUR. LA LULA, MI MAMA. QUE RESTE-IL ?. SANS TOI. EMILIE. ENSEMBLE A DEUX. J'SUIS ROCKER'S. VIVRE SANS REGRETS. SI TOI ET MOI. RITOURNELLE.

 

Auto-production : Mai 2011. lamusicalito@hotmail.fr

 

 

C'est sur le marché de Provins que j'ai entendu. Reluquai l'étalage pour voir si quelques CD rock ne seraient pas à l'arrivage. De temps en temps j'y trouve quelques pépites. Rien ces derniers temps, à part une compile de Mireille Mathieu, que j'ai fait mettre de côté pour vous. Ne me remerciez pas, dans la vie il faut s'entraider.

 

 

Y avait ce disque et sa chanson qui passait. Mustang, une espèce de country-rock à la française, un peu à la Michel Mallory mais ce n'était pas la voix du parolier de Johnny. Me suis enquis de l'identité de cet inconnu : « C'est Lito, un ami de mon frère, c'est un disque en auto-production. » En ai pris un car il faut toujours encourager les jeunes talents.

 

 

Le petit Manuelito n'est plus très jeune. C'est sur la soixantaine qu'il s'est permis de réaliser son rêve de chanteur. L'avait essayé dans in his early times dans de nombreux groupes mais avait depuis raccroché sa guitare. S'y est remis tout seul comme un grand, avec sa femme et une copine dans les choeurs, plus Eddy Moreau au piano de temps en temps. Guitare, paroles et musiques de Lito. Un véritable rêve de gosse mis en chanson : photo de maman Lula ( ça c'est un prénom vraiment be-bop ) en première page de fascicule intérieur. L'on sent le fils d'immigré espagnol qui a trouvé une seconde patrie dans l'éclosion rock français durant la première moitié des années soixante, qui n'a rien renié de ses origines et de ses amours adolescentes...

 

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Ce n'est pas le disque du siècle, la batterie trop en avant, et l'orchestration trop monotone. Des lyrics qui flirtent trop souvent avec la variété même si les paroles d'un morceau comme Dans le rang auraient pu être interprétées en son époque ( 1965 ) par Noël Deschamps. La voix de Lito n'est pas désagréable mais avec un accompagnement aussi réduit par la force des choses elle ne peut donner sa pleine mesure. L'on m'a assuré que Lito se produit dans les cafés de Paris et qu'il s'en tire plutôt bien. Nous voulons bien le croire.

 

 

De toutes les manières un homme qui déclare : J'suis rocker's dans mon âme et dans mon coeur / Je joue de la gratte, comme un fou, avec mon corps / J'ne connais que 3 accords, et je m'en moque / Je fais du rock, oui, c'est ça, mon job / ne peut pas être mauvais. Ces mêmes titres interprétés par Eddy ou Hallyday auraient certainement eu beaucoup plus de gueule, mais tels quels ils n'en sont peut-être que plus touchants et sympathiques. Une espèce de country-blues-yéyé-nostalgique à la française.

 

 

Damie Chad.

 

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Commentaires

Très touché par un tel commentaire, d'autant qu'il est du genre approfondi... Juste une petite erreur, Paul est assassiné 3 jours après la conférence des Sex Pistols au 100 club... Il meurt le 21 mars et le concert des Sex Pistols au zénith parisien a lieu le 4 juillet... Mais à part ce détail, c'est vraiment bien vu.
Amicalement.

Jean-Marc Quintana

Écrit par : Quintana | 19/04/2012

Très touché par un tel commentaire, d'autant qu'il est du genre approfondi... Juste une petite erreur, Paul est assassiné 3 jours après la conférence de presse des Sex Pistols au 100 club (18 mars)... Il meurt le 21 mars et le concert des Sex Pistols au zénith parisien a lieu le 4 juillet... Mais à part ce détail, c'est vraiment bien vu.
Amicalement.

Jean-Marc Quintana

Écrit par : Quintana | 19/04/2012

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