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07/01/2011

KR'TNT ! ¤ 34.

 

KR'TNT ! ¤ 34

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES

A ROCK LIT PRODUCTION

06 / 01 / 2010

 

2009 : PREMIERE ANNEE

¤ 1 / 01 / 05 / 09 : Old School + Burning Dust

¤ 2 / 01 / 06 / 09 : Baston Général / Bill Brillantine

¤ 3 / 05 / 11 / 09 : Johnny Hallyday / Daniel Giraud

¤ 4 / 06 / 11 / 09 : The Bitter end / Steve Mandich

¤ 5 / 07 / 11 / 09 : Quand j'étais blouson noir / J- P Bourre

¤ 6 / 10 / 11 / 09 : Violent days / Lucie Chaufour

¤ 7 / 15 / 11 / 09 : Race With the Devil / Susan Vanecke

¤ 8 / 20 / 11 / 09 : Jull & Zio

¤ 9 / 01 / 12 / 09 : Gene Vincent / Rodolphe & Van Linthout

¤ 10 / 02 / 12 / 09 : The day the world turned blue / Britt Hagarthy

¤ 11 / 03 / 12 / 09 : A tribute to Gene Vincent / Eddie Muir

¤ 12 / 03 / 12 / 09 : Telstar / Nick Moran

¤ 13 / 05 / 12 / 09 : The story behind his songs / Thierry Liesenfeld

 

2010 : DEUXIEME ANNEE

¤ 14 / 20 / 01 / 10 : The man who Led Zeppelin / Chriss Welch

¤ 15 / 15 / 06 / 10 : Gene Vincent / Garrett Mc Lean

¤ 16 / 08 / 07 / 10 : Concert Vellocet

¤ 17/ 22 / 07 / 10 : Pas de charentaise pour Eddie Cochran / Patrice Lemire / Classe dangereuse / Patrick Grenier de Lassagne

¤ 18 / 16 / 09 / 10 : Gene Vincent Dieu du rock'n'roll / Jean-William Thoury

¤ 19 / 23 / 09 / 10 :Gene Vincent's blue cap / Dave Smith

¤ 20 / 30 / 09 / 10 : Graine de violence / Evan Hunter

¤ 21 / 07 / 10 / 10 : Devil's fire / Charles Burnett

¤ 22 / 14 / 10 / 10 : Cash / L'autobiographie

¤ 23 / 21 / 10 / 10 : Special Lefty Frizzell

¤ 24 / 28 / 10 / 10 : Eddy Mitchell

¤ 25 / 04 / 11 / 10 : French Rockab ( Burning Dust / Ghost Higway / Rockers Culture )

¤ 26 / 11 / 11 / 10 : Ghost Higway in Concert

¤ 27 / 18 / 11 / 10 : There's one in every town / Mick Farren

¤ 28 / 25 / 11 / 10 : Sonic Surgeon

¤ 29 / 02 / 12 / 10 : Elvis Presley / Urgent ça presse ! / Look books

¤ 30 / 09 / 12 / 10 : Eddie Cochran / Urgent ça presse ! / Look Books

¤ 31 / 16 / 12 / 10 : Patti Smith / Urgent ça presse ! / Look Books

¤ 32 / 22 / 12/ 10 : Feel like going home / Peter Guralnick / Urgent ça presse / Look Books

¤ 33 / 28 / 12 / 10 : Rock français / Philippe Manoeuvre / Concert / Urgent, ca presse!

 

 

Cocrockrico !

 

Ce n'est pas que nous soyons particulièrement chauvin, ce serait même le contraire ! Ce n'est un secret pour personne, nous serions même persuadés que s'il devait y avoir une essence platonicienne du rock'n'roll qui se baladerait quelque part dans le monde, selon nous elle devrait nicher plutôt en Amérique... Nous ne sommes pas idiots non plus, le rock est avant tout un esprit sans frontière, un état d'être indépendant de toute étroitesse territoriale. Si tous les américains ne sont pas des rockers ( et loin s'en faut ! ) tous les rockers ne sont pas américains. C'est un peu comme les Indiens, on n'en trouve pas que des meilleurs dans les réserves, et certains autres qui n'ont pas une seule goutte de sang peau-rouge mènent leurs propres guerres d'insoumission à d'autres bouts de la planète. Ce n'est pas que les tribus ont été dispersées, c'est qu'elles n'ont jamais été réunies. Ce qui n'empêche pas les guerriers séparés par des milliers de kilomètres de se reconnaître sans s'être jamais rencontrés.

 

Maintenant ne comptez pas sur nous pour faire le sketch peace and love. Nous ne sommes pas des entités planant sur les eaux de la bonté universelle. Pour nous, tout n'est pas égal à tout. Nous refusons de confondre le rock'n'roll avec la world music. Tout le monde n'est pas beau, ni gentil. Même que nous préférons être méchants. L'universalisme castrateur ne nous séduit guère. Nous ne désirons ressembler à personne et nous nous méfions de ceux qui dénoncent notre particularisme. Nous cultivons notre esprit rock comme d'autres leurs jardins. Manière de ne pas nous faire refiler de la merde en tubes par les multinationales de la daube mondialisée.

 

Certes le combat n'est pas facile. Ce n'est pas que nous ayons peur de nous faire bouffer, car nous sommes un peu trop coriaces pour subir ce triste sort, mais il est si facile d'avaler n'importe quelle couleuvre musicale ! D'où l'intérêt de regarder autour de nous, pour voir où nous posons nos santiags. Il est bien connu que l'on n'est trahi que par les siens ! Puisque nous patinons le plus clair de notre temps en douce terre françoise, autant scruter tant soit peu notre environnement immédiat. Autant balayer de temps en temps devant sa porte qu'aller sempiternellement bâiller d'admiration devant celle des voisins.

Damie Chad.

 

 

Avant de commencer une pensée émue pour ce vieux briscard de Chuck Berry, victime d'un léger malaise sur scène. A 84 ANS L'IMMORTEL a tout de mËME TENU à régaler son public d'une dernière danse au canard... La vidéo est sur le net, mais vous l'avez déjà vue. Go, Johnny, go !

 

LE ROCK FRANCAIS ( 2 )

 

KIDS ROCK

BUSTY

Hoëbeke éditions. Mai 2010. 160 pp.

 

Non, nous ne repassons pas la soupe. Même si ça en donne l'impression. Même éditeur que la semaine dernière, même Philippe Manoeuvre planqué dans les coulisses, cela peut sentir le coup fourré. Et pourtant ce n'est même pas le plan retour du service de presse. Il se trouve que nous aimions bien Busty ( en tout bien, tout honneur ), l'on vous reparlera de ses Groupies ( ah ! ça vous allèche ) une autre fois, ce coup-ci l'on sera un peu plus intello puisque l'on s'intéressera à la prêtresse de la fameuse chronique Busty Théorie, qui fit les beaux jours de Rock'n'folk. Cette dernière proposition pour présenter le côté lumineux de la force.

 

numérisation0003.jpgUn brûlot. Ou un feu de paille. Au choix. Mais avec le rock'n'roll, ce qu'il y a de palpitant, c'est que l'on se doit de prendre position. Pour ou contre. L'injuste milieu n'existe pas. La juste moitié non plus. Inutile de se défiler en feignant une mansuétude pateline ou un je-men-foutisme acharné, du haut de votre Olympe personnel. Descendez dans l'arène et allez taquiner les gladiateurs, tuez-en deux ou trois si vous tenez à obtenir un minimum de crédibilité. N'ayez pas peur tous les coups sont permis. Surtout les coups de poignard dans le dos. De préférence le vôtre au mien.

 

Il s'agit de rock français, et bien entendu - le scénario est rôdé depuis longtemps – l'histoire a commencé chez les Anglais. L'on ne sait pas pourquoi, mais ils se débrouillent pour souvent gagner la première manche. Nous les petits froggies on se prend surtout le manche du râteau. Mais on n'y fait pas trop gaffe, depuis un demi-siècle que ça dure, l'on commence à en avoir l'habitude.

 

Soyons honnêtes lorsque les Hives, les Strokes et les Libertines ont secoué le cocotier du rock, on en a souri d'aise dans les chaumières. Ici, peut-être plus que là-bas. L'on n'a pas crache sur le rosbif dans l'assiette qu'on nous tendait. Enfin le rock revenait sur le devant de la scène. Un coup de pied au cul à la teckno et une mandale sur la gueule du rap, ouf ça soulage ! Tel Screamin' Jay Hawkins sortant de son cercueil, notre musique chérie entrouvrait enfin la boîte amidonnée dans laquelle elle se confinait depuis au moins dix ans, pour se pavaner sous la pleine lumière des spotlights retrouvés.

 

Carl Barât avait beau endosser le rôle de Gene Vincent dans Telstar, les Libertines ne nous ont pas séduits à cent pour cent, toutefois les frasques de Pete Doherty ont eu le mérite de bousculer la suprématie de la musak qu'écoutaient les petites anglaises. La vague a été si forte qu'elle a touché les côtes françaises et s'est mystérieusement étalée jusqu'à Paris. Intra-muros, serions-nous tentés de dire. Soyons large, ajoutons la proche banlieue. Plus loin, sur les bords c'est un autre milieu. Social. Les damnés de la terre, la racaille des cités, sont trop accrochés au rap pour mesurer la hauteur de la marée. Que voulez-vous, la classe prolétaire n'ira pas au paradis !

 

Il se passe – à un niveau dix mille fois moindre – ce qui s'est déjà déroulé en Angleterre dans les sixties, la frange petite-bourgeoise récupère les dividendes de la révolution culturelle populaire, les mods investissent les citadelles des vieux rockers... en 2006 le rock français devient l'apanage d'une minuscule tête de pont de jeunes gens issus de familles pas nécessairement très friquées mais qui détiennent les clefs d'une contre-culture d'establishment.

 

Dans le milieu intello-rock, ça grince des dents. Voici une génération de baby-rockers à qui l'on pardonnerait volontiers d'avoir les canines trop longues, mais qui commettent l'inénarrable crime de perturber les schémas de l'élévation sociétale. De très jeunes gens, en 2003-2004, l'âge moyen optimal doit frôler les seize printemps, en révolte contre leur situation de collégiens ou de lycéens, mais pas en colère contre la société qui ne leur a pas ( encore ) fait trop de mal, se la tapent rock'n'roller des beaux quartiers. Ils jouent aussi mal que les punks mais s'habillent plus classe. A partir de deux ou trois troquets hospitaliers et d'un bouche à oreille copains copines ils vont parvenir à créer l'évènement. Les dieux s'en mêlent, la fille de Philippe manoeuvre son père pour qu'il vienne voir... Eudeline est déjà une star chez nos biberonniers, Jean-William Thoury est ( comme par hasard ) sur le coup, Virginie ( ô baise-moi ) Despentes est sur la pente, Mondino déjà célèbre par ses coups de téléphone se charge de la communication... Le casting est en place. Le bal des débutants peut commencer...

 

Les évènements se précipitent, ce sont déjà les fameux et frénétiques concerts du Gibus sous la houlette de rock'n'folk – un sacré coup de vérin – la sauce monte, les médias s'en mêlent, déborde... et ne prend pas. Le soufflet retombe. Comme le fromage du corbeau. Patatrac, c'était trop beau pour être vrai. C'est qu'en face l'on n'est pas content de s'être fait doubler sur sa gauche. Des morveux qui s'offrent la première partie de l'Iguane, faut pas pousser. S'ils étaient si bon que cela, on l'aurait su avant !

 

En face, c'est pile partout ailleurs. Tout ceux qui arrivent à la gare alors que le train est parti sans eux, bonjour la déception. Dans les médias officiels l'on renâcle à jouer le jeu, les maisons de disques ne sont pas très chaudes, l'on attend que la situation se décante, certes la plus maline tirera le marron ( teinte plutôt BB Brune ) du feu, mais pour les autres bands l'on ne bande pas fort. La crise est passée par là ( elle repassera aussi dans votre porte-feuille, mais cela est une autre histoire ), mais entre nous ce n'est pas le fric qui manque, plutôt l'enthousiasme. Celui du public.

 

En dernier ressort c'est lui qui paye, les concerts et les CD. Mais il n'allonge pas la mise, se méfie, il flaire le coup suspect. Rock'n'Folk offrira sa couve aux Naast, aux Plasticines, et plus tard comme un cadeau d'adieu à BB Brune, mais c'est un peu une victoire à la Pyrrhus. Les carockttes sont cuites. Il n'est de pires ânes que ceux qui refusent le son. On n'y a pas cru. Ce sera la décrue.

 

Tant pis pour les Parisians, les Naast, les Plasticines, les Shades, Second Sex, les Bratts, Viollet, les Prostitutes, tombés au champ d'honneur du rock'n'roll français. Attention si certains comme les Naast ont été abattus en plein vol par de virulents et immérités exocets, d'autres continuent leur bonhomme ( voire bonnefemme ) de chemin. Succès d'estime garanti pour les Prostitutes par exemple.

 

Pour tout savoir il suffit de suivre Busty qui nous véhicule dans la labyrinthique aventure de cette génération perdue du rock'n'roll français. Attention si les photos sont belles le texte n'est pas un commentaire laconique de celles-ci. Busty ne ménage pas ses efforts. C'est un véritable livre – qui se lit comme un rockman. L'évènementiel ne prend jamais le pas sur l'analyse, au plus fort des plus stridentes brûlures du rock'n'roll Busty garde la tête froide. Pour la remercier l'on aimerait être Ray Charles et lui chanter I am bustyed, rien que pour elle.

 

Vous nous avez parlé de rock, branchez-nous un peu musique maintenant ! Le piège se referme sur moi ! J'ai fait comme tout le monde à l'époque j'ai écouté le premier Naast et le premier BB Brune et puis j'ai gambergé à ma manière. Certes en posant Antichambre ( très beau titre pour un premier album ) sur ma platine je m'attendais pas à trouver la rage Who ou la violence des Stooges – il faut savoir proportion garder – mais j'avoue avoir été surpris. Par la ringardise de la chose. Cette précédente phrase sans méchanceté. Mais le dernier fleuron de la dernière vague du rock français sonnait... comme un groupe français des années soixante. Ca m'a fait tout bizarre, comment Gustave and friends ont-ils pu entrer en communication avec l'esprit et le son des années soixante ? j'ai eu l'impression qu'ils reprenaient le flambeau là où il s'était éteint entre 1963 et 1964... comme si entre il ne s'était rien passé. J'ai écouté deux ou trois fois puis j'ai rangé dans mon rayon nostalgie et je n'y ai jamais plus touché depuis... Serais totalement incapable de restituer, un air, un riff, un refrain... juste un souvenir.

 

J'avais davantage d'apriori pour BB Brune. L'on sent tout de suite la grosse artillerie derrière. Une maison de disques qui manage une carrière à moyen terme et qui prend garde à ne pas tuer la poule aux oeufs d'or avant qu'elle n'ait pondu, un staff qui a de l'expérience et des idées. Les conditions idéales pour mettre sur le marché un produit répondant aux normes de sécurité les plus strictes. Je me suis fait traiter d'ado attardé à la maison, mais j'avoue que j'ai bien aimé. Pas tellement les morceaux, mais la voix du chanteur et l'écriture des textes. Pas carrée, mais subtile. Une façon assez hermétique de dire des historiettes d'adolescent. De la candeur et du mystère. Un étrange mélange qui attire et retient l'oreille. Le tout avec l'insouciance de ne pas se prendre pour le nouveau poëte du siècle.

 

Dans la même veine, j'ai été regardé un groupe de la province, Mustang qui serait un peu comme le trait d'union – mais à la réflexion il vaudrait mieux utiliser l'image de la partie cassée du pont d'Avignon - entre cette scène rock des années 2000 et celle plus ancienne et concomitante que l'on surnommera rockab. Un chanteur au look Brian Seltzer, des passages sur scènes qui tanguent assez bien, mais un premier CD A71 qui fleure lui aussi les années soixante. Notre french touch bien de chez nous ! Une espèce d'antichambre naastienne en quelque sorte. Avec un peu plus d'humour, mais peut-être aussi une plus grande déception.

 

Tout ce beau monde s'efforce de chanter en français. Idiome natal mais pas originel. Mais les maisons de disques poussent à la roue. Le seul moyen pour s'assurer des passages radio. Busty aborde le problème avec honnêteté. Un groupe sans maison de disque s'embarque pour une galère sans fin. Mais accepter de passer sous les fourches caudines d'une major, et même trop souvent d'un indé, c'est se soumettre à un certain calibrage qui en Angleterre vous métamorphose un groupe de rock en stars du pop-rock, mais qui en notre hexagone vous achemine très vite sur le chemin des plus mornes variétés. Mais n'avions-nous pas titré rock français ?

 

Damie Chad.

 

PS : à l'heure où nous mettons sous presse : Gustave de Naast condamné à dix mois de prison pour avoir à la suite d'une bagarre enfoncé une fourchette en plastique dans l'oeil d'un spectateur lors d'un concert à Bègles... incident qui hâtera la dissolution du groupe. Quand on vous dit que le rock'n'roll n'est pas une musique de tout repos.

 

 

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

 

numérisation0011.jpgROCK & FOLK. JANVIER 2001.

HORS-SERIE N° 26. STOOGES.

 

Magnifique couverture. Il n'y a rien à dire, un Perfecto, ça vous classe un homme. Encore faut-il que sous le cuir il y ait le coeur d'une véritable bête qui batte. Avec l'Iguane, R&F ne pouvait faire choix plus judicieux. Bien sûr la couve c'est un spécial Stooge, mais ces cent douze pages sont un monument élevé à la gloire d'Iggy Pop.

 

Pratiquement cinquante ans de carrière. Nécessairement vous avez des hauts et bas. Mais l'important est avant tout de ne pas se renier. Entre Elvis Presley et Jerry Lee Lewis, il faut choisir. Iggy Pop a opté pour Gene Vincent. La fureur de vivre jusqu'au bout. Encore que le numéro spécial élevé à sa gloire ne le ménage pas. De l'encens à profusion certes, mais aussi quelques tombereaux de coups bas. Qui portent haut. C'est Ungemuth ( Nicolas de sinistre prénom ) l'iconoclaste de service qui se charge de la besogne.

 

Tout n'est pas bon à dire. Le rôle du fan de base éploré n'est pas très prisé par notre rock critic. Il met les pieds dans le plat et sur les galettes du roi. L'Iguane se serait plus d'une fois métamorphosé en chameau lors de très longues traversées du désert. Entre 1985 et 1999, ce n'aurait pas été toujours rose pour Iggy. L'aurait commis des disques qui ne seraient pas impérissables. C'est sûrement vrai, mais je ne peux pas certifier, j'avoue qu'à une certaine époque j'ai cessé d'écouter... je me souviens d'une conversation dans un magasin célèbre ( restons discret, le copain y travaille encore et le patron est très près des courbes de rentabilité ) d'un employé qui dissuadait après de très longues écoutes les amateurs d'acheter tel coffret de bouillie sonore...

 

C'est qu'il est difficile de vieillir. Surtout quand on ne veut pas être comme Jagger à remuer et tendre la fente de son cul comme une tirelire au cher public adoré. Iggy a résolu le problème. La solution était pourtant d'une simplicité enfantine. Au bout du fil. Il suffisait de tendre la main et de rappeler les anciens complices. Et hop, c'ést reparti comme en quarante. Excusez-moi, je voulais dire comme en 1969. Au temps maudits du rock'n'roll. Aux temps légendaires des Stooges.

 

In another times, in another Town. Detroit pour être précis. Le coeur prégnant de l'Amérique. La ville du moteur qui est en train de brûler. 48 soupapes et MC 5 à fond la gamelle. Dave Alexander, les frères Asheton et Iggy Pop, plus John Cale, le revenant du Velvet Underground, à la production... Un premier disque, un rockvni surgi de nulle part que personne n'avait vu venir.

 

Mais c'est avec le second opus Fun House que le rock'n'roll perd l'envie de s'amuser. A l'époque ce fut un peu la débandade. Pouviez pas mettre le record sur le pick up sans vous faire traiter de fou par vos amis. Depuis l'on a entendu pire, mais l'on n'a peut-être jamais fait mieux. Un tremblement de terre à faire péter les tympans de toutes les églises, les oreilles de toutes les certitudes. Avec Fun House Iggy raye les mots « espoir » et « rêve » du dictionnaire.

 

Ca a d'ailleurs très vite viré au cauchemar. Elektra court-circuite le contrat, le groupe implose, l'on rentre dans les rapports psycho-sado-maso, c'est Bowie qui recollera plutôt mal que bien les morceaux et obtiendra la sortie de Raw Power. La plus belle pochette de toute l'histoire du rock d'après moi. Pour le contenu du poison, personne n'arrivera à s'entendre sur le dosage ultime, mais ce qui est sûr c'est que chaque dose tue.

 

Ensuite, c'est le moment de bomber le torse. Chassé d'Amérique, mal vu en Angleterre, les Stooges reçoivent numérisation0010.jpgad vitam aeternam l'estampille Made in France. Une grande histoire d'amour commence. Marc Zermati – gloire au héros toujours vivant pour la patrie – nous délivre sur son french label Skydog l'ultime concert d'Iggy and the Stooges enregistré à Detroit un soir de grande fièvre. Metallic KO, debout. Si vous avez déjà écouté cette merveille, vous pouvez mourir heureux. Rien de pire, pas même en enfer, ne pourra vous arriver.

 

Si vous ne possédez pas les quatre disques susmentionnés demandez-vous pour quelle raison vous vivez. Mais les amours d'Iggy avec la nation gauloise ne s'arrêteront pas là. Grâce à Alain Lahana qui depuis trente ans organise les venues d'Iggy en France. Un max de concerts en France mais Lahana se rappelle avec nostalgique fierté du premier à Toulouse, en 1978, à la Halle au Grain. Moi aussi. Raconte pas tout. Bien sûr la première partie assurée par les roadies et Iggy déguisé en combattant palestinien. Et puis la prestation de l'Iguane elle-même. Devant un public médusé de tant de folie. Faut dire qu'à Toulouse à l'époque les jeunes si l'on excepte une centaine d'excités, écoutaient encore Yes, le Floyd, Genesis et quelques autres horreurs de cet acabit, alors l'Iguane quand il a vu que le public ne bougeait guère, il est monté sur les amplis question de réchauffer l'atmosphère. Mais les freaks en ont été un peu interloqués, quel est donc ce fou dangereux ? Ne serait-ce pas, quelle horreur, juste un rock'n'roller ? Alors Iggy a compris. Pas besoin de lui faire la leçon pendant une heure. Il a arrêté les frais. Au bout de trois quart d'heure il a hurlé «  Fuck Toulouse ! » et il s'est cassé.

 

Bien fait. Il est inutile de donner de la confiture aux cochons. Nous on s'en foutait, on avait pris la claque de notre vie, la griffe du félin s'était incrustée dans notre coeur. Que voulez-vous que je vous dise de plus ? Commencez par lire ce numéro spécial pour connaître la suite de l'histoire. Car il me vient comme un doute. « Etes-vous dignes de la connaître ? » .

 

Damie Chad.

 

PS : ah oui, j'oubliais, la revue est livrée avec un CD inédit? Iggy en live au Hammersmith Apollo, 2010. Enfoncez-vous cela dans le crâne. A coups de marteau. It's an Iggy's joke !

 

 

numérisation0013.jpgVINTAGE GUITARE. N° 2.

Janvier /Février 2011.

 

J'ai toujours été étonné du nombre de magazines spécialisés consacrés à la guitare. Chez mon kiosquier préféré je trouve davantage de numéros sur les instruments que sur les groupes. C'est peut-être cela pour cela qu'en France nous avons des musiciens passionnés de musique mais pas de rock'n'roll stars !

 

Mais revenons à Vintage Guitare, quand j'ai aperçu le numéro 1 sur le présentoir avec Gibson d'un côté et numérisation0012.jpgFender de l'autre je me suis dit qu'un de ces jours j'allais me le prendre. Quand je suis revenu quarante-huit heures plus tard avec mes 6 € 50 en poche, il avait été retiré de la vente, et remplacé par le 2. Dommage ! C'est un plaisir subtil que de humer l'avenir d'une revue en parcourant le premier bébé.

 

Dès l'édito de Christian Séguret, Vintage proclame sa spécificité : Pas de «  bancs d'essais, de partitions, de chroniques, de CD ou DVD inclus, pas de médiator cellophane ou jeux de cordes, de guitariste sur la couverture ». En gros on ne vous fournit ni la panoplie du parfait petit Hendrix ni l'illusion de devenir Clapton en quinze leçons. Non, on vous promet seulement de vous présenter des guitares du bon vieux temps passé. Profitons-en pour aborder le sujet qui fâche. Il n'y a pas que les guitares qui sont vintage dans le magazine. L'équipe aussi est un peu vintage. La plupart des collaborateurs sont nés dans les fifties... Le vintage serait-il un signe précoce de sénilité ? Se réfugie-t-on dans le vintage pour revenir sur les traces perdues de sa jeunesse ? Remarquez que moi qui insinue d'aussi insidieuses réflexions, je suis itou un peu trop vintage à mon goût. Mais arrêtons de parler de nous. La lecture de la revue est beaucoup plus passionnante que le récit de nos turpitudes existentielles.

 

Car il y a de quoi lire, et du meilleur. L'article d'entrée sur la passion mandoline qui jusque dans les années 20 précéda l'engouement de la guitare, l'on y apprend entre autres, photos d'époque à l'appui, les démoniaques stratégies de la firme Gibson pour truster le marché. Avant l'on a eu droit à notre apéritif blues, le sujet guitares jazz est un peu trompeur, nous sommes avant même l'aube de l'invention du ragtime, donc plus près des racines blues que jazz. Nous voici en France avec les frères Jacobacci qui fournirent leurs premiers vrombrisseurs à notre Johnny déjà en vogue, à nos Chaussettes pas très propres et à nos chats harets. Z'ont aussi équipé Sacha Distel et Raymond Gimenes. Le même article de l'autre côté de l'Atlantique avec Mandolin Brothers et Joni Mitchell, John McLaughlin, Juddy Collins...

 

Pour les amateurs de Stratocasters Jean-Pierre Danel fait visiter sa collection. Mais le meilleur est pour la fin, un article sur la Fender Jaguar et genre d'ovni venu de l'est, la soviétique Elgava qui apparemment équipa les rockers communistes ( il serait de bon ton que vous choisissiez une plaque rouge ). Et enfin, cerise sur le gâteau, quatre pages sur les micros qui équipaient les Gretsch après 1958. Pour tous les fans d'Eddie Cochran en général et Alain Couraud en particulier. ( Faudrait quand même revoir la légende de la photo ! ).

 

Bien écrit, bien documenté, maquette au cordeau. C'est pour quand le troisième opus ?

 

Damie Chad.

02/01/2011

KR'TNT ! ¤ 33.

 

KR'TNT ! ¤ 33

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES

A ROCK LIT PRODUCTION

29 / 12 / 2010

 

2009 : PREMIERE ANNEE

¤ 1 / 01 / 05 / 09 : Old School + Burning Dust

¤ 2 / 01 / 06 / 09 : Baston Général / Bill Brillantine

¤ 3 / 05 / 11 / 09 : Johnny Hallyday / Daniel Giraud

¤ 4 / 06 / 11 / 09 : The Bitter end / Steve Mandich

¤ 5 / 07 / 11 / 09 : Quand j'étais blouson noir / J- P Bourre

¤ 6 / 10 / 11 / 09 : Violent days / Lucie Chaufour

¤ 7 / 15 / 11 / 09 : Race With the Devil / Susan Vanecke

¤ 8 / 20 / 11 / 09 : Jull & Zio

¤ 9 / 01 / 12 / 09 : Gene Vincent / Rodolphe & Van Linthout

¤ 10 / 02 / 12 / 09 : The day the world turned blue / Britt Hagarthy

¤ 11 / 03 / 12 / 09 : A tribute to Gene Vincent / Eddie Muir

¤ 12 / 03 / 12 / 09 : Telstar / Nick Moran

¤ 13 / 05 / 12 / 09 : The story behind his songs / Thierry Liesenfeld

 

2010 : DEUXIEME ANNEE

¤ 14 / 20 / 01 / 10 : The man who Led Zeppelin / Chriss Welch

¤ 15 / 15 / 06 / 10 : Gene Vincent / Garrett Mc Lean

¤ 16 / 08 / 07 / 10 : Concert Vellocet

¤ 17/ 22 / 07 / 10 : Pas de charentaise pour Eddie Cochran / Patrice Lemire / Classe dangereuse / Patrick Grenier de Lassagne

¤ 18 / 16 / 09 / 10 : Gene Vincent Dieu du rock'n'roll / Jean-William Thoury

¤ 19 / 23 / 09 / 10 :Gene Vincent's blue cap / Dave Smith

¤ 20 / 30 / 09 / 10 : Graine de violence / Evan Hunter

¤ 21 / 07 / 10 / 10 : Devil's fire / Charles Burnett

¤ 22 / 14 / 10 / 10 : Cash / L'autobiographie

¤ 23 / 21 / 10 / 10 : Special Lefty Frizzell

¤ 24 / 28 / 10 / 10 : Eddy Mitchell

¤ 25 / 04 / 11 / 10 : French Rockab ( Burning Dust / Ghost Higway / Rockers Culture )

¤ 26 / 11 / 11 / 10 : Ghost Higway in Concert

¤ 27 / 18 / 11 / 10 : There's one in every town / Mick Farren

¤ 28 / 25 / 11 / 10 : Sonic Surgeon

¤ 29 / 02 / 12 / 10 : Elvis Presley / Urgent ça presse ! / Look books

¤ 30 / 09 / 12 / 10 : Eddie Cochran / Urgent ça presse ! / Look Books

¤ 31 / 16 / 12 / 10 : Patti Smith / Urgent ça presse ! / Look Books

¤ 32 / 22 / 12/ 10 : Feel like going home / Peter Guralnick / Urgent ça presse / Look Books

 

 

EDITO

 

VOUS AVEZ DIT ROCK FRANCAIS ?

Sur quelle planète vivons-nous ? Je ne parle pas de nous, pauvre misérable petit KR'TNT, mais des hautes sphères du rock français. A ce qu'il paraîtrait l'année 2010 s'achèverait par une catastrophe sans précédent pour l'histoire du hexagonale de notre musique préférée.

 

Pourtant ce devait être un fameux millésime, dès décembre 2009 l'on nous promettait la reformation de Téléphone. M'est avis que nos trois lascars qui se sont retirés du rock pour pantoufler bien au chaud d'une variétoche franchouillarde de qualité – c'est toujours ce que l'on dit - n'ont pas envie de raccrocher les wagons... Mais Téléphone, malgré toute l'estime que l'on peut porter à Louis Bertignac, c'est de la viande froide, qui ne pue même pas le réchauffé. Un bon groupe certes, mais qui n'a pas su prendre le tournant qui de la rock'n'roll attitude vous permet d'accéder à la haute stature rock'n'roll, la taille internationale.

 

Mais il paraîtrait que les larmes que l'on verse au fond de nos chaumières ne seraient pas dues à la non reformation de Téléphone, mais à la séparation de Noir Désir. Ce qui nous laisse de glace et de marbre.

 

Des mecs sympas, à écouter sur le coin d'un autoradio, mais après ? Se la sont bien joués à la Sex Pistol lorsqu'ils ont craché dans la soupe Vivendi alors qu'ils avaient signé pour mariner dans le gras du potage, mais n'est pas Mc Laren qui veut, et surtout du début à la fin se sont promenés avec un sacré handicap. Ces mectons ne provenaient pas du rock. Ils avaient beau essayé de faire comme si, ce n'est pas parce que vous farcissez vos chansonnettes de guitares électriques que vous êtes rock. Comme dit Mitchell le riff ne fait pas le moine.

 

Faut dire qu'au sortir des années 80, le rock avait pris un sacré coup. L'on n'en entendait plus beaucoup dans les médias de masse. Tout était submergé par the world music, une espèce de ragoût peu ragoûtant, une infâme bouillabaisse où tout et n'importe quoi voisinaient avec leur contraire. Le rock y perdit ses repères et son identité.

 

Nourri depuis l'enfance à une telle bibine, le public s'est rué comme un seul homme sur tous les ersatz qui passaient à sa portée. Noir Désir et sa rebelle jactance sont arrivés au bon moment. Ils ont pris la place du rock alternatif style Berruriers Noirs sur la pente descendante...

 

 

C'est un peu pour cela que nous poursuivons KR'TNT, pour nous ressourcer à l'originelle énergie.

 

Damie Chad.

 

L'OFFICIEL DU ROCK FRANCAIS

 

ROCK FRANCAIS présenté par PHILIPPE MANŒUVRE .

256 pp. Octobre 2O10. HOËBEKE EDITIONS .

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Arrivé à temps sous le sapin de Noël mais j’ai bien peur que ce pavé musical ne contribue pas vraiment à l’amélioration du climat social. A l’heure qu’il est Philippe Manœuvre doit être l’occidental le plus fatwaté du monde. Des groupes armés doivent se constituer jusque dans les plus minuscules patelins du France. Prenons un exemple : au hasard le mien. Puis-je laisser survivre un individu qui ose chroniquer Jean-Louis Murat dans l’anthologie des disques rock français alors que dans le même temps il occulte Noël Deschamps ? Tout le monde conviendra avec moi que Philippe Manœuvre mérite au minimum deux fois la mort. Et comme tout un chacun remarquera l’absence d’un de ses chéris et la présence d’au moins un de ses ennemis intimes, je préfère ne pas calculer le nombre virtuel de tombes que le rédacteur de Rock’n’Folk va être obligé de creuser sous le regard goguenard des fans éplorés afin de purger la terre de l’insupportable ignominie que constitue son existence.

 

Sans être juste rock contentons-nous d’être juste. Omission partagée, faute pardonnée aux trente-cinquièmes, car le sieur Philippe n’était pas seul à la manoeuvre. S’y sont mis à trente-cinq pour élire les 123 trente-trois tours du rock français, de 1961 à 2009. Ce genre de challenge ne peut qu’engendrer des mécontentements. S’ils avaient mis Noël Deschamps j’aurais réclamé Thierry Vincent et piqué une grosse colère pour Gill Nau. Et Vigon, putain les gars ils ont omis Vigon ! Et pourtant il n’y avait pas que des imbéciles dans l’aréopage des décideurs, les plus grandes plumes de la critique rock française sont là, il y a même Tony Marlow et Jean-William Thoury, difficile d’avoir une caution rock plus authentique.

 

Mais arrêtons de tourner autour du pot aux rocks et annonçons la couleur. Même si je ravive vos rhumatismes je suis obligé d’admettre que le bouquin a su retranscrire la réalité du rock français avec une grande fidélité. Ce n’est pas le livre qui est mauvais mais, concédons-le malgré toute notre tristesse, c’est le rock français qui flirte trop souvent avec la variétoche. Une fois que l’on a reconnu cette tare irrémédiable, il n’y a plus grand-chose à faire si ce n’est lever les boucliers et parer les mauvais coups qui tombent de partout. Tout dépend de vos exigences personnelles. Permettons-nos quelques vacheries au-dessous de la ceinture : pourquoi ne pas citer Véronique Samson qui sait swinguer lorsque l’on déroule le tapis rouge pour Etienne Daho, le chanteur sans voix et sans charisme. Ce qui est terrible avec le rock français c’est que l’on pédale très facilement dans la semoule erzathique. Vous connaissez la formule, ceci veut avoir le goût, le son et l’attitude rock’roll, mais ce n’est pas du rock.

 

Je ne voudrais pas dire que nos auteurs ont fait mauvaise pioche, mais ils se sont trompés de tas. Le rock français existe davantage par ses fans que par ses disques. Nous sommes le pays qui possédons davantage d’amateurs éclairés que de pros éprouvés. Le rock français c’est l’écume d’un rêve inaccessible. Nous avons l’esprit mais pas la matière. L’ivresse éthérée du songe mais pas le gros son qui tache.

 

Enfin à tourner les pages de l’éphéméride, je comprends mieux pourquoi j’ai de moins en moins prêté l’oreille aux suaves sonorités du rock made in France au fur et à mesure que l’on avançait dans les eighties, les jeunes gens modernes camouflés derrière leurs synthétiseurs m’ont vite fatigué. Lili Drop, Lio et consorts n’ont jamais été de mes tasses de thé favorites. Je louchais plutôt sur les Dogs et OTH, pour être tout à fait franc l’on se doit de reconnaître que les premiers ont eu accès à une certaine exposition médiatique et les seconds sont restés des soutiers de l’ombre.

 

Mais Manœuvre a raison : il existe bien une histoire du rock français version grand public. Le rock a toujours joué des paillettes et du toc. Les maisons de disques ont les moyens de vous faire prendre des œufs de lump défraîchis pour du caviar de luxe. La grande escroquerie du rock and roll n’est pas une arnaque. Cette bible du rock a des looks de catalogue de la redoute. Il est à proprement parler redoutable. Le pire y côtoie le meilleur. Et le médiocre n’est pas retiré de l’étalage.

 

L’important est ailleurs : en farfouillant entre les pages l’on peut tout de même y trouver les prémices d’une contre-histoire du rock français et c’est ce qui compte. Des Variations à Little Bob Story, des Wampas au Rockin’Rebels, il suffit de joindre les pointillés et de remplir les vides. Et puis les scripteurs ont fait leur boulot, une chronique n’est souvent qu’un prétexte à se jouer des références, entre les lignes l’on trouve tout ce qui nous manque : Victor Leeds ou Etron Fou le Loup Blanc, Noël Hugé et Jézébel… et tant d’autres.

 

A lire de très près l’on arrive même à comprendre pourquoi le bouche à oreille qui se fait autour de Mustang parvient à accrocher les oreilles d’un public élargi alors que celui qui perdure autour de Burning Dust ne profite point d’une même amplification. Le rock national est un hybride, un pied planté dans le terreau anglo-américain et un sabot dans la bouse bien de chez nous. Mais chez nous, le rock n’a pas de racine populaire, entendez par ce mot folklorique, il pompe sa sève vitale dans l’engrais chanson française qui lui brûle les ailes et l’empêche d’étaler de larges ramures. L’OPA réalisée par Gainsbourg sur le public rock est symptomatique de ce que nous avançons. L’Hexagone reste franchouillard jusqu’au bout des rimes. Il lui est difficile de s’émanciper de la tutelle professorale du bon goût, de la juste mesure mitoyenne.

 

Tout ceci posé, ne boudez pas votre plaisir, ce volume est un magnifique cadeau. Je ne parle point du plaisir esthétique que vous prendrez à reluquer les reproductions des pochettes pleines pages, mais des réflexions qu’une telle lecture ne manquera pas de susciter chez les amateurs. Pourquoi si peu de place accordé au folk et au rap ? Dans le même ordre d’idée un index de tous les noms cités aurait été nécessaire, il aurait permis de mieux appréhender la violence et l’intensité des différents courants qui ont traversé le rock français. Certes l’on peut comprendre que l’on ait voulu par honnêteté intellectuelle que le lecteur tirât ses conclusions tout seul comme un grand, néanmoins quelques prises de positions récapitulatives n’auraient pas été de trop. Ils ont mis trois ans à pondre l’œuf stellaire, mais ils ne nous pas éclairé sur la signification du résultat final. Ont-ils eu l’impression d’avoir couvé un dinosaure antédiluvien passé de mode ou brisé la coquille d’un nouvel crocodile qui nous bouffera - à notre grand plaisir - tout cru ? Peut-être ont-ils simplement dessiné la silhouette d’un stupide autruchon ?

 

A lire et à méditer. Pour Noël Deschamps, vous inquiétez pas, un jour ou l’autre, KR’TNT lui consacrera une de ses livraisons.

 

Damie Chad.

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CONCERTS

 

WHAT IS CLASSICAL…

 

THE PARTY MAKERS, le 10 / 12 / 10

au CABARET SAUVAGE

 

 

Le Cabaret Sauvage est plein à craquer, plus de places à vendre, quelques gueules plus ou moins abimées postées à l’entrée dans l’espoir d’obtenir un billet à la dernière minute. A l’intérieur, un savant mélange, de blancs, de noirs, de beurs, de vieux, de jeunes, de riches, de pauvres, quelques uns sont venus de loin pour cramer tout l’argent du mois au bar du cabaret (faut dire qu’avec la bière à cinq euros, ça va très très vite), d’autres, par réflexe vident leurs poches devant les vigiles à l’entrée, d’autres s’enroulent lascivement avec la fille trop maquillée qui pend à leur bras, sur la terrasse, ça pue le shit et les videurs fixent un point dans le vide, raisonnablement résolus à ne pas entrer dans un quelconque conflit. Premier constat, le hip hop, c’est une musique de mec, y en a partout, beaucoup qui exhibent leurs muscles savamment travaillés dans des débardeurs blancs, beaucoup qui sont venus ici pour s’affronter aux racines de la musique qu’ils aiment. Deuxième constat, c’est rassurant, le hip hop est loin de traîner derrière lui une armée de minets petits bourgeois aux pantalons serrés et à la mèche rebelle, ici, ils ne sont pas les bienvenus et le cabaret a peut-être, ce soir, une chance de redevenir sauvage.

 

Premier round, il est minuit, un MC canadien, Shad, monte sur scène. C’est pas mal, pas de quoi faire descendre sur la piste de danse tous ceux qui s’entassent sur les cotés mais bon, c’est le début. Et puis, il faut le reconnaître, le Canada, c’est pas les Etats-Unis, ça manque un peu de cette hyper-violence, de cette sur-démonstration de force propre à ceux qui viennent de la superpuissance la plus haïe au monde.

 

On sort fumer une clope, juste le temps d’entendre, au détour d’un couloir, un gars aux yeux hallucinés, à l’excitation palpable, demander à tous ceux qu’il croise « et, mec, Rocca, il est passé ? ». Alors là, ça fait tilt dans nos têtes, ça aiguise notre curiosité, Rocca, le rappeur français qui a eu sont heure de gloire vers 98, Rocca, le colombien de La Cliqua ? Franchement, c’est surprenant, non pas que nous n’aimions pas le bougre, mais coller son nom à ceux qui vont suivre, il faut avoir de l’estomac. On revient plus vite que prévu dans la salle, pas envie de rater ça. Il arrive, c’est bien lui, une belle gueule, l’air de celui qui va bouffer le micro plutôt que de ne pas réussir à montrer ce soir, qu’il est bien loin d’avoir disparu avec les années 90. Il a quelques chansons mythiques, il a une présence furieuse, à la française, agitée, nerveuse, il trépigne, il donne tout. Même s’il s’énerve, même s’il se vexe parce qu’on ne connaît pas tout par cœur, il est indéniablement bon. Il rappe en français, en espagnol, il en appelle à la culture des cités, il en appelle à l’Amérique latine, il en appelle à la joie d’être là. Il saute, il danse, il tape lui-même sur les percussions quand l’ambiance retombe. Nous, on remercie le programmateur d’avoir donné à Rocca l’occasion de faire une petite place au rap français dans la soirée, une place honorable, à la régulière. Pas de strass, pas de bling bling, juste un mec qui se défonce, pour nous, pendant trois quarts d’heure plutôt réussis. Y a que des sourires sur les visage quand il s’en va, trempé de sueur, gonflé à bloc, que des sourires et la satisfaction secrète d’avoir trouvé dans sa musique cette honnêteté terrible, cette générosité fière, cette impudence ironique qui fait le hip hop français. C’est pas le plus grand, Rocca, mais il ne déçoit personne.

 

Alors, c’est maintenant que ça commence, le premier cainri de la soirée, et pas des moindres, Tony Touch, le dj de Rock Steady. Il commence bien, il envoie du lourd, de la grosse musique qui fait gonfler les baffles et danser dans la salle. Un seul set, plutôt long, plutôt bon. Il passe par tous les styles, il refait l’histoire du hip hop, il couple James Brown et le Wu tang clan, le hip hop, c’est la soul, c’est la musique noire, c’est le Porto Rico, c’est pas une musique qui sort de nulle part. Les racines, le début, ce Dj là, il les connaît, il fait partie de ceux qui ont écrit les premières lignes, construit les premiers succès. Pourtant, vers la fin, ça convainc moins, ça glisse un peu vers la musique de boîte de nuit. On veut bien danser mais même si c’est efficace, il faut pas tout confondre. « Le fric, c’est chic ! », c’est un peu de trop. Heureusement, il termine par Fela Kuti, il lance le célèbre « assassin de la police ! » et laisse la scène vide. C’était bien, ça aurait pu être mieux…

 

 

 

Premier… Dj Premier… Un nom d’empereur romain, un visage caché sous une énorme capuche, une voix de multi-toxicomane-récidiviste, voilà enfin celui que tout le monde attendait. Il est trois heures du matin, le cabaret sauvage franchit enfin le Rubicond. Ils seront plusieurs à monter sur scène pour nous le rappeler « he is a legend, he is the legend ». La classe américaine, en direct live : “Do you know what is classical motherfuckers? Do you know? Public enemy is classical, Wu tang clan is classical, Notorious big is classical. Say CLA..SSI…CAL! CLASSICAL!”

 

Vous êtes prévenus, le maître mot c’est “classical” et celui qui décide de ce qui est classique et de ce qui ne l’est pas, c’est Dj Premier. C’est lui qui a fait le hip hop, qui a composé les sons sur lesquels ont posé les plus grands. Il enchaîne les savants dérapages au scratch, ne laisse tourner les morceaux que le temps que vous puissiez admirer la technique avec laquelle il les superpose, les fait rimer ou les télescope. Tout est propre, net, sans cassure. Ils sont peu ceux qui peuvent se revendiquer d’autant de légitimité à hurler dans une salle en folie « rest in peace, biggy ! ». Ils sont peu ceux qui n’ont plus que la crainte d’être transformés en marbre avant d’avoir terminé leur set. Dj Premier est de ceux-là. Plus de boîte de nuit, plus de chansons dansantes, juste un hommage à ce qui est pour tous, l’essence du plus pur hip hop. A notre goût, ça manque un peu d’allumettes. On aimerait bien que ça crame un peu, que la grosse voix éraillée se lève parfois pour autre chose que des oraisons. Dj Premier, c’est un ancien combattant, il ne tire plus que vers le ciel, pour rendre hommage à de valeureux martyrs. Rien à dire, il le fait mieux que personne. Pourtant, ce soir, dans cette salle branchée parisienne, on ne peut s’empêcher de penser que le hip-hop, c’est une histoire, contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien.

 

O. Murcie.

 

URGENT, CA PRESSE !

 

OBSKÜRE # 1.

Novembre / Décembre 2010.

Toute l’actualité dark. Musique. Culture. Littérature.

 

numérisation0001.jpgDu haut de nos trente quatre livraisons l’on aurait un peu tendance à marquer de notre hautaine condescendance le premier vagissement de ce nouveau bébé à la peau sombre. Hélas, dès la lecture de l’édito l’on a dû manger notre chapeau. Sont pas nés de la dernière pluie, ces aigrefins. Sont des vieux de le vieille qui s’activent depuis dix longues années sur la toile.

Le magazine papier disponible chez tous les bons kiosquiers marche de conserve ( et de concert ) avec le site www.obskure.com. Un multimedia d’un genre nouveau dans la galaxie de la presse rock, une symbiose interactive entre le papier et le net. Faudra prendre l’habitude de suivre la bande son de vos lectures sur votre ordinateur.

Musicalement, pour les connaisseurs nous situerons très approximativement en disant que c’est un peu entre Noise et Elegy. Ce sont des explorateurs du côté obscur de la force. Tout ce qu’a priori vous ne trouverez dans KR’TNT non par dégoût, mais par manque de temps et de connaissances. La revue est surtout intéressante pour ses notes de lecture et ses chroniques de disques. Pour les articles de fond nous serons un peu plus réservé. Ont un peu tendance à privilégier l’interview. Il est sûr qu’en règle générale il vaut mieux s’adresser à la dame entière qu’à ses seuls seins, mais un artiste n’est pas toujours le mieux placé pour analyser son travail. En parler, aucun problème, mais en discerner les significations ultimes demandent peut-être un peu plus de recul.

Quoi qu’il en soit la revue est de qualité, papier glacé, belle mise en page et écritures soignées. A suivre. Devrait faire son trou. Noir. Sombre et inquiétant.

 

XROADS.

Décembre 2010.

Grand format. 100 pp.

L'on ne présente plus Crossroads. Courageuse revue emmenée par Christophe numérisation0001 (2).jpgGofette qui est née, il y a dix ans de cela, alors que Rock'n'Folk n'en finissait pas de pédaler dans la choucroute. Les deux revues entretiennent d'ailleurs des relations amours /haine plutôt conflictuelles. Ce qui est plutôt rock'n'roll quand on y pense, reste à savoir qui occupe le rôle des Beatles et qui les Stones. De toutes les façons les amateurs de base achètent systématiquement tous les mois les deux magazines. Les yeux fermés, par automatisme. Plus les numéros spéciaux, car abondance de biens ne nuit pas.

Nous tombons bien avec ce numéro, le journal propose une nouvelle formule, rien de bien révolutionnaire, en gros l'on met devant les chroniques que l'on mettait à la fin, mais on les entrelarde de mini articles d'une seule page qui entrent en résonance ou distorsion avec les critiques de disques et de livres. Très agréable, enrichissant et pertinent.

CrossRoads c'est une attention soutenue aux grands anciens, ici par exemple Jack Bruce ou Ray Davies, plus un intérêt certain pour tout ce qui pointe un nouveau museau dans le respect de cette tradition, l'on peut ainsi se retrouver du côté de Nashville avec Kort comme en Espagne avec Eldorado. Mais attention, les gars qui écrivent dans Xroads ne sont pas tombés de la dernière pluie : en connaissent un rayon, ne font pas les interviews à la pêche et savent ce qu'ils veulent. La passion du fan de base et l'objectivité du pro. En plus en première page, vous trouvez leure-mail. Ces gars-là sont à l'affût, quand ils tirent ils ratent rarement leur cible, et ça fait mal.

Les os de Robert Jonhson doivent cliqueter de plaisir à chaque nouvelle livraison. Croosroads n'est pas spécialement consacré au blues et aux pionniers, mais ses pistoléros ont l'esprit et la plume rebelles. Indispensable.

 

Damie Chad.