07/01/2011
KR'TNT ! ¤ 34.
KR'TNT ! ¤ 34
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES
A ROCK LIT PRODUCTION
06 / 01 / 2010
2009 : PREMIERE ANNEE ¤ 1 / 01 / 05 / 09 : Old School + Burning Dust ¤ 2 / 01 / 06 / 09 : Baston Général / Bill Brillantine ¤ 3 / 05 / 11 / 09 : Johnny Hallyday / Daniel Giraud ¤ 4 / 06 / 11 / 09 : The Bitter end / Steve Mandich ¤ 5 / 07 / 11 / 09 : Quand j'étais blouson noir / J- P Bourre ¤ 6 / 10 / 11 / 09 : Violent days / Lucie Chaufour ¤ 7 / 15 / 11 / 09 : Race With the Devil / Susan Vanecke ¤ 8 / 20 / 11 / 09 : Jull & Zio ¤ 9 / 01 / 12 / 09 : Gene Vincent / Rodolphe & Van Linthout ¤ 10 / 02 / 12 / 09 : The day the world turned blue / Britt Hagarthy ¤ 11 / 03 / 12 / 09 : A tribute to Gene Vincent / Eddie Muir ¤ 12 / 03 / 12 / 09 : Telstar / Nick Moran ¤ 13 / 05 / 12 / 09 : The story behind his songs / Thierry Liesenfeld
2010 : DEUXIEME ANNEE ¤ 14 / 20 / 01 / 10 : The man who Led Zeppelin / Chriss Welch ¤ 15 / 15 / 06 / 10 : Gene Vincent / Garrett Mc Lean ¤ 16 / 08 / 07 / 10 : Concert Vellocet ¤ 17/ 22 / 07 / 10 : Pas de charentaise pour Eddie Cochran / Patrice Lemire / Classe dangereuse / Patrick Grenier de Lassagne ¤ 18 / 16 / 09 / 10 : Gene Vincent Dieu du rock'n'roll / Jean-William Thoury ¤ 19 / 23 / 09 / 10 :Gene Vincent's blue cap / Dave Smith ¤ 20 / 30 / 09 / 10 : Graine de violence / Evan Hunter ¤ 21 / 07 / 10 / 10 : Devil's fire / Charles Burnett ¤ 22 / 14 / 10 / 10 : Cash / L'autobiographie ¤ 23 / 21 / 10 / 10 : Special Lefty Frizzell ¤ 24 / 28 / 10 / 10 : Eddy Mitchell ¤ 25 / 04 / 11 / 10 : French Rockab ( Burning Dust / Ghost Higway / Rockers Culture ) ¤ 26 / 11 / 11 / 10 : Ghost Higway in Concert ¤ 27 / 18 / 11 / 10 : There's one in every town / Mick Farren ¤ 28 / 25 / 11 / 10 : Sonic Surgeon ¤ 29 / 02 / 12 / 10 : Elvis Presley / Urgent ça presse ! / Look books ¤ 30 / 09 / 12 / 10 : Eddie Cochran / Urgent ça presse ! / Look Books ¤ 31 / 16 / 12 / 10 : Patti Smith / Urgent ça presse ! / Look Books ¤ 32 / 22 / 12/ 10 : Feel like going home / Peter Guralnick / Urgent ça presse / Look Books ¤ 33 / 28 / 12 / 10 : Rock français / Philippe Manoeuvre / Concert / Urgent, ca presse! |
Cocrockrico !
Ce n'est pas que nous soyons particulièrement chauvin, ce serait même le contraire ! Ce n'est un secret pour personne, nous serions même persuadés que s'il devait y avoir une essence platonicienne du rock'n'roll qui se baladerait quelque part dans le monde, selon nous elle devrait nicher plutôt en Amérique... Nous ne sommes pas idiots non plus, le rock est avant tout un esprit sans frontière, un état d'être indépendant de toute étroitesse territoriale. Si tous les américains ne sont pas des rockers ( et loin s'en faut ! ) tous les rockers ne sont pas américains. C'est un peu comme les Indiens, on n'en trouve pas que des meilleurs dans les réserves, et certains autres qui n'ont pas une seule goutte de sang peau-rouge mènent leurs propres guerres d'insoumission à d'autres bouts de la planète. Ce n'est pas que les tribus ont été dispersées, c'est qu'elles n'ont jamais été réunies. Ce qui n'empêche pas les guerriers séparés par des milliers de kilomètres de se reconnaître sans s'être jamais rencontrés.
Maintenant ne comptez pas sur nous pour faire le sketch peace and love. Nous ne sommes pas des entités planant sur les eaux de la bonté universelle. Pour nous, tout n'est pas égal à tout. Nous refusons de confondre le rock'n'roll avec la world music. Tout le monde n'est pas beau, ni gentil. Même que nous préférons être méchants. L'universalisme castrateur ne nous séduit guère. Nous ne désirons ressembler à personne et nous nous méfions de ceux qui dénoncent notre particularisme. Nous cultivons notre esprit rock comme d'autres leurs jardins. Manière de ne pas nous faire refiler de la merde en tubes par les multinationales de la daube mondialisée.
Certes le combat n'est pas facile. Ce n'est pas que nous ayons peur de nous faire bouffer, car nous sommes un peu trop coriaces pour subir ce triste sort, mais il est si facile d'avaler n'importe quelle couleuvre musicale ! D'où l'intérêt de regarder autour de nous, pour voir où nous posons nos santiags. Il est bien connu que l'on n'est trahi que par les siens ! Puisque nous patinons le plus clair de notre temps en douce terre françoise, autant scruter tant soit peu notre environnement immédiat. Autant balayer de temps en temps devant sa porte qu'aller sempiternellement bâiller d'admiration devant celle des voisins. Damie Chad.
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Avant de commencer une pensée émue pour ce vieux briscard de Chuck Berry, victime d'un léger malaise sur scène. A 84 ANS L'IMMORTEL a tout de mËME TENU à régaler son public d'une dernière danse au canard... La vidéo est sur le net, mais vous l'avez déjà vue. Go, Johnny, go !
LE ROCK FRANCAIS ( 2 )
KIDS ROCK
BUSTY
Hoëbeke éditions. Mai 2010. 160 pp.
Non, nous ne repassons pas la soupe. Même si ça en donne l'impression. Même éditeur que la semaine dernière, même Philippe Manoeuvre planqué dans les coulisses, cela peut sentir le coup fourré. Et pourtant ce n'est même pas le plan retour du service de presse. Il se trouve que nous aimions bien Busty ( en tout bien, tout honneur ), l'on vous reparlera de ses Groupies ( ah ! ça vous allèche ) une autre fois, ce coup-ci l'on sera un peu plus intello puisque l'on s'intéressera à la prêtresse de la fameuse chronique Busty Théorie, qui fit les beaux jours de Rock'n'folk. Cette dernière proposition pour présenter le côté lumineux de la force.
Un brûlot. Ou un feu de paille. Au choix. Mais avec le rock'n'roll, ce qu'il y a de palpitant, c'est que l'on se doit de prendre position. Pour ou contre. L'injuste milieu n'existe pas. La juste moitié non plus. Inutile de se défiler en feignant une mansuétude pateline ou un je-men-foutisme acharné, du haut de votre Olympe personnel. Descendez dans l'arène et allez taquiner les gladiateurs, tuez-en deux ou trois si vous tenez à obtenir un minimum de crédibilité. N'ayez pas peur tous les coups sont permis. Surtout les coups de poignard dans le dos. De préférence le vôtre au mien.
Il s'agit de rock français, et bien entendu - le scénario est rôdé depuis longtemps – l'histoire a commencé chez les Anglais. L'on ne sait pas pourquoi, mais ils se débrouillent pour souvent gagner la première manche. Nous les petits froggies on se prend surtout le manche du râteau. Mais on n'y fait pas trop gaffe, depuis un demi-siècle que ça dure, l'on commence à en avoir l'habitude.
Soyons honnêtes lorsque les Hives, les Strokes et les Libertines ont secoué le cocotier du rock, on en a souri d'aise dans les chaumières. Ici, peut-être plus que là-bas. L'on n'a pas crache sur le rosbif dans l'assiette qu'on nous tendait. Enfin le rock revenait sur le devant de la scène. Un coup de pied au cul à la teckno et une mandale sur la gueule du rap, ouf ça soulage ! Tel Screamin' Jay Hawkins sortant de son cercueil, notre musique chérie entrouvrait enfin la boîte amidonnée dans laquelle elle se confinait depuis au moins dix ans, pour se pavaner sous la pleine lumière des spotlights retrouvés.
Carl Barât avait beau endosser le rôle de Gene Vincent dans Telstar, les Libertines ne nous ont pas séduits à cent pour cent, toutefois les frasques de Pete Doherty ont eu le mérite de bousculer la suprématie de la musak qu'écoutaient les petites anglaises. La vague a été si forte qu'elle a touché les côtes françaises et s'est mystérieusement étalée jusqu'à Paris. Intra-muros, serions-nous tentés de dire. Soyons large, ajoutons la proche banlieue. Plus loin, sur les bords c'est un autre milieu. Social. Les damnés de la terre, la racaille des cités, sont trop accrochés au rap pour mesurer la hauteur de la marée. Que voulez-vous, la classe prolétaire n'ira pas au paradis !
Il se passe – à un niveau dix mille fois moindre – ce qui s'est déjà déroulé en Angleterre dans les sixties, la frange petite-bourgeoise récupère les dividendes de la révolution culturelle populaire, les mods investissent les citadelles des vieux rockers... en 2006 le rock français devient l'apanage d'une minuscule tête de pont de jeunes gens issus de familles pas nécessairement très friquées mais qui détiennent les clefs d'une contre-culture d'establishment.
Dans le milieu intello-rock, ça grince des dents. Voici une génération de baby-rockers à qui l'on pardonnerait volontiers d'avoir les canines trop longues, mais qui commettent l'inénarrable crime de perturber les schémas de l'élévation sociétale. De très jeunes gens, en 2003-2004, l'âge moyen optimal doit frôler les seize printemps, en révolte contre leur situation de collégiens ou de lycéens, mais pas en colère contre la société qui ne leur a pas ( encore ) fait trop de mal, se la tapent rock'n'roller des beaux quartiers. Ils jouent aussi mal que les punks mais s'habillent plus classe. A partir de deux ou trois troquets hospitaliers et d'un bouche à oreille copains copines ils vont parvenir à créer l'évènement. Les dieux s'en mêlent, la fille de Philippe manoeuvre son père pour qu'il vienne voir... Eudeline est déjà une star chez nos biberonniers, Jean-William Thoury est ( comme par hasard ) sur le coup, Virginie ( ô baise-moi ) Despentes est sur la pente, Mondino déjà célèbre par ses coups de téléphone se charge de la communication... Le casting est en place. Le bal des débutants peut commencer...
Les évènements se précipitent, ce sont déjà les fameux et frénétiques concerts du Gibus sous la houlette de rock'n'folk – un sacré coup de vérin – la sauce monte, les médias s'en mêlent, déborde... et ne prend pas. Le soufflet retombe. Comme le fromage du corbeau. Patatrac, c'était trop beau pour être vrai. C'est qu'en face l'on n'est pas content de s'être fait doubler sur sa gauche. Des morveux qui s'offrent la première partie de l'Iguane, faut pas pousser. S'ils étaient si bon que cela, on l'aurait su avant !
En face, c'est pile partout ailleurs. Tout ceux qui arrivent à la gare alors que le train est parti sans eux, bonjour la déception. Dans les médias officiels l'on renâcle à jouer le jeu, les maisons de disques ne sont pas très chaudes, l'on attend que la situation se décante, certes la plus maline tirera le marron ( teinte plutôt BB Brune ) du feu, mais pour les autres bands l'on ne bande pas fort. La crise est passée par là ( elle repassera aussi dans votre porte-feuille, mais cela est une autre histoire ), mais entre nous ce n'est pas le fric qui manque, plutôt l'enthousiasme. Celui du public.
En dernier ressort c'est lui qui paye, les concerts et les CD. Mais il n'allonge pas la mise, se méfie, il flaire le coup suspect. Rock'n'Folk offrira sa couve aux Naast, aux Plasticines, et plus tard comme un cadeau d'adieu à BB Brune, mais c'est un peu une victoire à la Pyrrhus. Les carockttes sont cuites. Il n'est de pires ânes que ceux qui refusent le son. On n'y a pas cru. Ce sera la décrue.
Tant pis pour les Parisians, les Naast, les Plasticines, les Shades, Second Sex, les Bratts, Viollet, les Prostitutes, tombés au champ d'honneur du rock'n'roll français. Attention si certains comme les Naast ont été abattus en plein vol par de virulents et immérités exocets, d'autres continuent leur bonhomme ( voire bonnefemme ) de chemin. Succès d'estime garanti pour les Prostitutes par exemple.
Pour tout savoir il suffit de suivre Busty qui nous véhicule dans la labyrinthique aventure de cette génération perdue du rock'n'roll français. Attention si les photos sont belles le texte n'est pas un commentaire laconique de celles-ci. Busty ne ménage pas ses efforts. C'est un véritable livre – qui se lit comme un rockman. L'évènementiel ne prend jamais le pas sur l'analyse, au plus fort des plus stridentes brûlures du rock'n'roll Busty garde la tête froide. Pour la remercier l'on aimerait être Ray Charles et lui chanter I am bustyed, rien que pour elle.
Vous nous avez parlé de rock, branchez-nous un peu musique maintenant ! Le piège se referme sur moi ! J'ai fait comme tout le monde à l'époque j'ai écouté le premier Naast et le premier BB Brune et puis j'ai gambergé à ma manière. Certes en posant Antichambre ( très beau titre pour un premier album ) sur ma platine je m'attendais pas à trouver la rage Who ou la violence des Stooges – il faut savoir proportion garder – mais j'avoue avoir été surpris. Par la ringardise de la chose. Cette précédente phrase sans méchanceté. Mais le dernier fleuron de la dernière vague du rock français sonnait... comme un groupe français des années soixante. Ca m'a fait tout bizarre, comment Gustave and friends ont-ils pu entrer en communication avec l'esprit et le son des années soixante ? j'ai eu l'impression qu'ils reprenaient le flambeau là où il s'était éteint entre 1963 et 1964... comme si entre il ne s'était rien passé. J'ai écouté deux ou trois fois puis j'ai rangé dans mon rayon nostalgie et je n'y ai jamais plus touché depuis... Serais totalement incapable de restituer, un air, un riff, un refrain... juste un souvenir.
J'avais davantage d'apriori pour BB Brune. L'on sent tout de suite la grosse artillerie derrière. Une maison de disques qui manage une carrière à moyen terme et qui prend garde à ne pas tuer la poule aux oeufs d'or avant qu'elle n'ait pondu, un staff qui a de l'expérience et des idées. Les conditions idéales pour mettre sur le marché un produit répondant aux normes de sécurité les plus strictes. Je me suis fait traiter d'ado attardé à la maison, mais j'avoue que j'ai bien aimé. Pas tellement les morceaux, mais la voix du chanteur et l'écriture des textes. Pas carrée, mais subtile. Une façon assez hermétique de dire des historiettes d'adolescent. De la candeur et du mystère. Un étrange mélange qui attire et retient l'oreille. Le tout avec l'insouciance de ne pas se prendre pour le nouveau poëte du siècle.
Dans la même veine, j'ai été regardé un groupe de la province, Mustang qui serait un peu comme le trait d'union – mais à la réflexion il vaudrait mieux utiliser l'image de la partie cassée du pont d'Avignon - entre cette scène rock des années 2000 et celle plus ancienne et concomitante que l'on surnommera rockab. Un chanteur au look Brian Seltzer, des passages sur scènes qui tanguent assez bien, mais un premier CD A71 qui fleure lui aussi les années soixante. Notre french touch bien de chez nous ! Une espèce d'antichambre naastienne en quelque sorte. Avec un peu plus d'humour, mais peut-être aussi une plus grande déception.
Tout ce beau monde s'efforce de chanter en français. Idiome natal mais pas originel. Mais les maisons de disques poussent à la roue. Le seul moyen pour s'assurer des passages radio. Busty aborde le problème avec honnêteté. Un groupe sans maison de disque s'embarque pour une galère sans fin. Mais accepter de passer sous les fourches caudines d'une major, et même trop souvent d'un indé, c'est se soumettre à un certain calibrage qui en Angleterre vous métamorphose un groupe de rock en stars du pop-rock, mais qui en notre hexagone vous achemine très vite sur le chemin des plus mornes variétés. Mais n'avions-nous pas titré rock français ?
Damie Chad.
PS : à l'heure où nous mettons sous presse : Gustave de Naast condamné à dix mois de prison pour avoir à la suite d'une bagarre enfoncé une fourchette en plastique dans l'oeil d'un spectateur lors d'un concert à Bègles... incident qui hâtera la dissolution du groupe. Quand on vous dit que le rock'n'roll n'est pas une musique de tout repos.
URGENT CA PRESSE !
ROCK & FOLK. JANVIER 2001.
HORS-SERIE N° 26. STOOGES.
Magnifique couverture. Il n'y a rien à dire, un Perfecto, ça vous classe un homme. Encore faut-il que sous le cuir il y ait le coeur d'une véritable bête qui batte. Avec l'Iguane, R&F ne pouvait faire choix plus judicieux. Bien sûr la couve c'est un spécial Stooge, mais ces cent douze pages sont un monument élevé à la gloire d'Iggy Pop.
Pratiquement cinquante ans de carrière. Nécessairement vous avez des hauts et bas. Mais l'important est avant tout de ne pas se renier. Entre Elvis Presley et Jerry Lee Lewis, il faut choisir. Iggy Pop a opté pour Gene Vincent. La fureur de vivre jusqu'au bout. Encore que le numéro spécial élevé à sa gloire ne le ménage pas. De l'encens à profusion certes, mais aussi quelques tombereaux de coups bas. Qui portent haut. C'est Ungemuth ( Nicolas de sinistre prénom ) l'iconoclaste de service qui se charge de la besogne.
Tout n'est pas bon à dire. Le rôle du fan de base éploré n'est pas très prisé par notre rock critic. Il met les pieds dans le plat et sur les galettes du roi. L'Iguane se serait plus d'une fois métamorphosé en chameau lors de très longues traversées du désert. Entre 1985 et 1999, ce n'aurait pas été toujours rose pour Iggy. L'aurait commis des disques qui ne seraient pas impérissables. C'est sûrement vrai, mais je ne peux pas certifier, j'avoue qu'à une certaine époque j'ai cessé d'écouter... je me souviens d'une conversation dans un magasin célèbre ( restons discret, le copain y travaille encore et le patron est très près des courbes de rentabilité ) d'un employé qui dissuadait après de très longues écoutes les amateurs d'acheter tel coffret de bouillie sonore...
C'est qu'il est difficile de vieillir. Surtout quand on ne veut pas être comme Jagger à remuer et tendre la fente de son cul comme une tirelire au cher public adoré. Iggy a résolu le problème. La solution était pourtant d'une simplicité enfantine. Au bout du fil. Il suffisait de tendre la main et de rappeler les anciens complices. Et hop, c'ést reparti comme en quarante. Excusez-moi, je voulais dire comme en 1969. Au temps maudits du rock'n'roll. Aux temps légendaires des Stooges.
In another times, in another Town. Detroit pour être précis. Le coeur prégnant de l'Amérique. La ville du moteur qui est en train de brûler. 48 soupapes et MC 5 à fond la gamelle. Dave Alexander, les frères Asheton et Iggy Pop, plus John Cale, le revenant du Velvet Underground, à la production... Un premier disque, un rockvni surgi de nulle part que personne n'avait vu venir.
Mais c'est avec le second opus Fun House que le rock'n'roll perd l'envie de s'amuser. A l'époque ce fut un peu la débandade. Pouviez pas mettre le record sur le pick up sans vous faire traiter de fou par vos amis. Depuis l'on a entendu pire, mais l'on n'a peut-être jamais fait mieux. Un tremblement de terre à faire péter les tympans de toutes les églises, les oreilles de toutes les certitudes. Avec Fun House Iggy raye les mots « espoir » et « rêve » du dictionnaire.
Ca a d'ailleurs très vite viré au cauchemar. Elektra court-circuite le contrat, le groupe implose, l'on rentre dans les rapports psycho-sado-maso, c'est Bowie qui recollera plutôt mal que bien les morceaux et obtiendra la sortie de Raw Power. La plus belle pochette de toute l'histoire du rock d'après moi. Pour le contenu du poison, personne n'arrivera à s'entendre sur le dosage ultime, mais ce qui est sûr c'est que chaque dose tue.
Ensuite, c'est le moment de bomber le torse. Chassé d'Amérique, mal vu en Angleterre, les Stooges reçoivent ad vitam aeternam l'estampille Made in France. Une grande histoire d'amour commence. Marc Zermati – gloire au héros toujours vivant pour la patrie – nous délivre sur son french label Skydog l'ultime concert d'Iggy and the Stooges enregistré à Detroit un soir de grande fièvre. Metallic KO, debout. Si vous avez déjà écouté cette merveille, vous pouvez mourir heureux. Rien de pire, pas même en enfer, ne pourra vous arriver.
Si vous ne possédez pas les quatre disques susmentionnés demandez-vous pour quelle raison vous vivez. Mais les amours d'Iggy avec la nation gauloise ne s'arrêteront pas là. Grâce à Alain Lahana qui depuis trente ans organise les venues d'Iggy en France. Un max de concerts en France mais Lahana se rappelle avec nostalgique fierté du premier à Toulouse, en 1978, à la Halle au Grain. Moi aussi. Raconte pas tout. Bien sûr la première partie assurée par les roadies et Iggy déguisé en combattant palestinien. Et puis la prestation de l'Iguane elle-même. Devant un public médusé de tant de folie. Faut dire qu'à Toulouse à l'époque les jeunes si l'on excepte une centaine d'excités, écoutaient encore Yes, le Floyd, Genesis et quelques autres horreurs de cet acabit, alors l'Iguane quand il a vu que le public ne bougeait guère, il est monté sur les amplis question de réchauffer l'atmosphère. Mais les freaks en ont été un peu interloqués, quel est donc ce fou dangereux ? Ne serait-ce pas, quelle horreur, juste un rock'n'roller ? Alors Iggy a compris. Pas besoin de lui faire la leçon pendant une heure. Il a arrêté les frais. Au bout de trois quart d'heure il a hurlé « Fuck Toulouse ! » et il s'est cassé.
Bien fait. Il est inutile de donner de la confiture aux cochons. Nous on s'en foutait, on avait pris la claque de notre vie, la griffe du félin s'était incrustée dans notre coeur. Que voulez-vous que je vous dise de plus ? Commencez par lire ce numéro spécial pour connaître la suite de l'histoire. Car il me vient comme un doute. « Etes-vous dignes de la connaître ? » .
Damie Chad.
PS : ah oui, j'oubliais, la revue est livrée avec un CD inédit? Iggy en live au Hammersmith Apollo, 2010. Enfoncez-vous cela dans le crâne. A coups de marteau. It's an Iggy's joke !
VINTAGE GUITARE. N° 2.
Janvier /Février 2011.
J'ai toujours été étonné du nombre de magazines spécialisés consacrés à la guitare. Chez mon kiosquier préféré je trouve davantage de numéros sur les instruments que sur les groupes. C'est peut-être cela pour cela qu'en France nous avons des musiciens passionnés de musique mais pas de rock'n'roll stars !
Mais revenons à Vintage Guitare, quand j'ai aperçu le numéro 1 sur le présentoir avec Gibson d'un côté et Fender de l'autre je me suis dit qu'un de ces jours j'allais me le prendre. Quand je suis revenu quarante-huit heures plus tard avec mes 6 € 50 en poche, il avait été retiré de la vente, et remplacé par le 2. Dommage ! C'est un plaisir subtil que de humer l'avenir d'une revue en parcourant le premier bébé.
Dès l'édito de Christian Séguret, Vintage proclame sa spécificité : Pas de « bancs d'essais, de partitions, de chroniques, de CD ou DVD inclus, pas de médiator cellophane ou jeux de cordes, de guitariste sur la couverture ». En gros on ne vous fournit ni la panoplie du parfait petit Hendrix ni l'illusion de devenir Clapton en quinze leçons. Non, on vous promet seulement de vous présenter des guitares du bon vieux temps passé. Profitons-en pour aborder le sujet qui fâche. Il n'y a pas que les guitares qui sont vintage dans le magazine. L'équipe aussi est un peu vintage. La plupart des collaborateurs sont nés dans les fifties... Le vintage serait-il un signe précoce de sénilité ? Se réfugie-t-on dans le vintage pour revenir sur les traces perdues de sa jeunesse ? Remarquez que moi qui insinue d'aussi insidieuses réflexions, je suis itou un peu trop vintage à mon goût. Mais arrêtons de parler de nous. La lecture de la revue est beaucoup plus passionnante que le récit de nos turpitudes existentielles.
Car il y a de quoi lire, et du meilleur. L'article d'entrée sur la passion mandoline qui jusque dans les années 20 précéda l'engouement de la guitare, l'on y apprend entre autres, photos d'époque à l'appui, les démoniaques stratégies de la firme Gibson pour truster le marché. Avant l'on a eu droit à notre apéritif blues, le sujet guitares jazz est un peu trompeur, nous sommes avant même l'aube de l'invention du ragtime, donc plus près des racines blues que jazz. Nous voici en France avec les frères Jacobacci qui fournirent leurs premiers vrombrisseurs à notre Johnny déjà en vogue, à nos Chaussettes pas très propres et à nos chats harets. Z'ont aussi équipé Sacha Distel et Raymond Gimenes. Le même article de l'autre côté de l'Atlantique avec Mandolin Brothers et Joni Mitchell, John McLaughlin, Juddy Collins...
Pour les amateurs de Stratocasters Jean-Pierre Danel fait visiter sa collection. Mais le meilleur est pour la fin, un article sur la Fender Jaguar et genre d'ovni venu de l'est, la soviétique Elgava qui apparemment équipa les rockers communistes ( il serait de bon ton que vous choisissiez une plaque rouge ). Et enfin, cerise sur le gâteau, quatre pages sur les micros qui équipaient les Gretsch après 1958. Pour tous les fans d'Eddie Cochran en général et Alain Couraud en particulier. ( Faudrait quand même revoir la légende de la photo ! ).
Bien écrit, bien documenté, maquette au cordeau. C'est pour quand le troisième opus ?
Damie Chad.
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