02/01/2011
KR'TNT ! ¤ 33.
KR'TNT ! ¤ 33
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES
A ROCK LIT PRODUCTION
29 / 12 / 2010
2009 : PREMIERE ANNEE ¤ 1 / 01 / 05 / 09 : Old School + Burning Dust ¤ 2 / 01 / 06 / 09 : Baston Général / Bill Brillantine ¤ 3 / 05 / 11 / 09 : Johnny Hallyday / Daniel Giraud ¤ 4 / 06 / 11 / 09 : The Bitter end / Steve Mandich ¤ 5 / 07 / 11 / 09 : Quand j'étais blouson noir / J- P Bourre ¤ 6 / 10 / 11 / 09 : Violent days / Lucie Chaufour ¤ 7 / 15 / 11 / 09 : Race With the Devil / Susan Vanecke ¤ 8 / 20 / 11 / 09 : Jull & Zio ¤ 9 / 01 / 12 / 09 : Gene Vincent / Rodolphe & Van Linthout ¤ 10 / 02 / 12 / 09 : The day the world turned blue / Britt Hagarthy ¤ 11 / 03 / 12 / 09 : A tribute to Gene Vincent / Eddie Muir ¤ 12 / 03 / 12 / 09 : Telstar / Nick Moran ¤ 13 / 05 / 12 / 09 : The story behind his songs / Thierry Liesenfeld
2010 : DEUXIEME ANNEE ¤ 14 / 20 / 01 / 10 : The man who Led Zeppelin / Chriss Welch ¤ 15 / 15 / 06 / 10 : Gene Vincent / Garrett Mc Lean ¤ 16 / 08 / 07 / 10 : Concert Vellocet ¤ 17/ 22 / 07 / 10 : Pas de charentaise pour Eddie Cochran / Patrice Lemire / Classe dangereuse / Patrick Grenier de Lassagne ¤ 18 / 16 / 09 / 10 : Gene Vincent Dieu du rock'n'roll / Jean-William Thoury ¤ 19 / 23 / 09 / 10 :Gene Vincent's blue cap / Dave Smith ¤ 20 / 30 / 09 / 10 : Graine de violence / Evan Hunter ¤ 21 / 07 / 10 / 10 : Devil's fire / Charles Burnett ¤ 22 / 14 / 10 / 10 : Cash / L'autobiographie ¤ 23 / 21 / 10 / 10 : Special Lefty Frizzell ¤ 24 / 28 / 10 / 10 : Eddy Mitchell ¤ 25 / 04 / 11 / 10 : French Rockab ( Burning Dust / Ghost Higway / Rockers Culture ) ¤ 26 / 11 / 11 / 10 : Ghost Higway in Concert ¤ 27 / 18 / 11 / 10 : There's one in every town / Mick Farren ¤ 28 / 25 / 11 / 10 : Sonic Surgeon ¤ 29 / 02 / 12 / 10 : Elvis Presley / Urgent ça presse ! / Look books ¤ 30 / 09 / 12 / 10 : Eddie Cochran / Urgent ça presse ! / Look Books ¤ 31 / 16 / 12 / 10 : Patti Smith / Urgent ça presse ! / Look Books ¤ 32 / 22 / 12/ 10 : Feel like going home / Peter Guralnick / Urgent ça presse / Look Books |
EDITO
VOUS AVEZ DIT ROCK FRANCAIS ? Sur quelle planète vivons-nous ? Je ne parle pas de nous, pauvre misérable petit KR'TNT, mais des hautes sphères du rock français. A ce qu'il paraîtrait l'année 2010 s'achèverait par une catastrophe sans précédent pour l'histoire du hexagonale de notre musique préférée.
Pourtant ce devait être un fameux millésime, dès décembre 2009 l'on nous promettait la reformation de Téléphone. M'est avis que nos trois lascars qui se sont retirés du rock pour pantoufler bien au chaud d'une variétoche franchouillarde de qualité – c'est toujours ce que l'on dit - n'ont pas envie de raccrocher les wagons... Mais Téléphone, malgré toute l'estime que l'on peut porter à Louis Bertignac, c'est de la viande froide, qui ne pue même pas le réchauffé. Un bon groupe certes, mais qui n'a pas su prendre le tournant qui de la rock'n'roll attitude vous permet d'accéder à la haute stature rock'n'roll, la taille internationale.
Mais il paraîtrait que les larmes que l'on verse au fond de nos chaumières ne seraient pas dues à la non reformation de Téléphone, mais à la séparation de Noir Désir. Ce qui nous laisse de glace et de marbre.
Des mecs sympas, à écouter sur le coin d'un autoradio, mais après ? Se la sont bien joués à la Sex Pistol lorsqu'ils ont craché dans la soupe Vivendi alors qu'ils avaient signé pour mariner dans le gras du potage, mais n'est pas Mc Laren qui veut, et surtout du début à la fin se sont promenés avec un sacré handicap. Ces mectons ne provenaient pas du rock. Ils avaient beau essayé de faire comme si, ce n'est pas parce que vous farcissez vos chansonnettes de guitares électriques que vous êtes rock. Comme dit Mitchell le riff ne fait pas le moine.
Faut dire qu'au sortir des années 80, le rock avait pris un sacré coup. L'on n'en entendait plus beaucoup dans les médias de masse. Tout était submergé par the world music, une espèce de ragoût peu ragoûtant, une infâme bouillabaisse où tout et n'importe quoi voisinaient avec leur contraire. Le rock y perdit ses repères et son identité.
Nourri depuis l'enfance à une telle bibine, le public s'est rué comme un seul homme sur tous les ersatz qui passaient à sa portée. Noir Désir et sa rebelle jactance sont arrivés au bon moment. Ils ont pris la place du rock alternatif style Berruriers Noirs sur la pente descendante...
C'est un peu pour cela que nous poursuivons KR'TNT, pour nous ressourcer à l'originelle énergie.
Damie Chad. |
L'OFFICIEL DU ROCK FRANCAIS
ROCK FRANCAIS présenté par PHILIPPE MANŒUVRE .
256 pp. Octobre 2O10. HOËBEKE EDITIONS .
Arrivé à temps sous le sapin de Noël mais j’ai bien peur que ce pavé musical ne contribue pas vraiment à l’amélioration du climat social. A l’heure qu’il est Philippe Manœuvre doit être l’occidental le plus fatwaté du monde. Des groupes armés doivent se constituer jusque dans les plus minuscules patelins du France. Prenons un exemple : au hasard le mien. Puis-je laisser survivre un individu qui ose chroniquer Jean-Louis Murat dans l’anthologie des disques rock français alors que dans le même temps il occulte Noël Deschamps ? Tout le monde conviendra avec moi que Philippe Manœuvre mérite au minimum deux fois la mort. Et comme tout un chacun remarquera l’absence d’un de ses chéris et la présence d’au moins un de ses ennemis intimes, je préfère ne pas calculer le nombre virtuel de tombes que le rédacteur de Rock’n’Folk va être obligé de creuser sous le regard goguenard des fans éplorés afin de purger la terre de l’insupportable ignominie que constitue son existence.
Sans être juste rock contentons-nous d’être juste. Omission partagée, faute pardonnée aux trente-cinquièmes, car le sieur Philippe n’était pas seul à la manoeuvre. S’y sont mis à trente-cinq pour élire les 123 trente-trois tours du rock français, de 1961 à 2009. Ce genre de challenge ne peut qu’engendrer des mécontentements. S’ils avaient mis Noël Deschamps j’aurais réclamé Thierry Vincent et piqué une grosse colère pour Gill Nau. Et Vigon, putain les gars ils ont omis Vigon ! Et pourtant il n’y avait pas que des imbéciles dans l’aréopage des décideurs, les plus grandes plumes de la critique rock française sont là, il y a même Tony Marlow et Jean-William Thoury, difficile d’avoir une caution rock plus authentique.
Mais arrêtons de tourner autour du pot aux rocks et annonçons la couleur. Même si je ravive vos rhumatismes je suis obligé d’admettre que le bouquin a su retranscrire la réalité du rock français avec une grande fidélité. Ce n’est pas le livre qui est mauvais mais, concédons-le malgré toute notre tristesse, c’est le rock français qui flirte trop souvent avec la variétoche. Une fois que l’on a reconnu cette tare irrémédiable, il n’y a plus grand-chose à faire si ce n’est lever les boucliers et parer les mauvais coups qui tombent de partout. Tout dépend de vos exigences personnelles. Permettons-nos quelques vacheries au-dessous de la ceinture : pourquoi ne pas citer Véronique Samson qui sait swinguer lorsque l’on déroule le tapis rouge pour Etienne Daho, le chanteur sans voix et sans charisme. Ce qui est terrible avec le rock français c’est que l’on pédale très facilement dans la semoule erzathique. Vous connaissez la formule, ceci veut avoir le goût, le son et l’attitude rock’roll, mais ce n’est pas du rock.
Je ne voudrais pas dire que nos auteurs ont fait mauvaise pioche, mais ils se sont trompés de tas. Le rock français existe davantage par ses fans que par ses disques. Nous sommes le pays qui possédons davantage d’amateurs éclairés que de pros éprouvés. Le rock français c’est l’écume d’un rêve inaccessible. Nous avons l’esprit mais pas la matière. L’ivresse éthérée du songe mais pas le gros son qui tache.
Enfin à tourner les pages de l’éphéméride, je comprends mieux pourquoi j’ai de moins en moins prêté l’oreille aux suaves sonorités du rock made in France au fur et à mesure que l’on avançait dans les eighties, les jeunes gens modernes camouflés derrière leurs synthétiseurs m’ont vite fatigué. Lili Drop, Lio et consorts n’ont jamais été de mes tasses de thé favorites. Je louchais plutôt sur les Dogs et OTH, pour être tout à fait franc l’on se doit de reconnaître que les premiers ont eu accès à une certaine exposition médiatique et les seconds sont restés des soutiers de l’ombre.
Mais Manœuvre a raison : il existe bien une histoire du rock français version grand public. Le rock a toujours joué des paillettes et du toc. Les maisons de disques ont les moyens de vous faire prendre des œufs de lump défraîchis pour du caviar de luxe. La grande escroquerie du rock and roll n’est pas une arnaque. Cette bible du rock a des looks de catalogue de la redoute. Il est à proprement parler redoutable. Le pire y côtoie le meilleur. Et le médiocre n’est pas retiré de l’étalage.
L’important est ailleurs : en farfouillant entre les pages l’on peut tout de même y trouver les prémices d’une contre-histoire du rock français et c’est ce qui compte. Des Variations à Little Bob Story, des Wampas au Rockin’Rebels, il suffit de joindre les pointillés et de remplir les vides. Et puis les scripteurs ont fait leur boulot, une chronique n’est souvent qu’un prétexte à se jouer des références, entre les lignes l’on trouve tout ce qui nous manque : Victor Leeds ou Etron Fou le Loup Blanc, Noël Hugé et Jézébel… et tant d’autres.
A lire de très près l’on arrive même à comprendre pourquoi le bouche à oreille qui se fait autour de Mustang parvient à accrocher les oreilles d’un public élargi alors que celui qui perdure autour de Burning Dust ne profite point d’une même amplification. Le rock national est un hybride, un pied planté dans le terreau anglo-américain et un sabot dans la bouse bien de chez nous. Mais chez nous, le rock n’a pas de racine populaire, entendez par ce mot folklorique, il pompe sa sève vitale dans l’engrais chanson française qui lui brûle les ailes et l’empêche d’étaler de larges ramures. L’OPA réalisée par Gainsbourg sur le public rock est symptomatique de ce que nous avançons. L’Hexagone reste franchouillard jusqu’au bout des rimes. Il lui est difficile de s’émanciper de la tutelle professorale du bon goût, de la juste mesure mitoyenne.
Tout ceci posé, ne boudez pas votre plaisir, ce volume est un magnifique cadeau. Je ne parle point du plaisir esthétique que vous prendrez à reluquer les reproductions des pochettes pleines pages, mais des réflexions qu’une telle lecture ne manquera pas de susciter chez les amateurs. Pourquoi si peu de place accordé au folk et au rap ? Dans le même ordre d’idée un index de tous les noms cités aurait été nécessaire, il aurait permis de mieux appréhender la violence et l’intensité des différents courants qui ont traversé le rock français. Certes l’on peut comprendre que l’on ait voulu par honnêteté intellectuelle que le lecteur tirât ses conclusions tout seul comme un grand, néanmoins quelques prises de positions récapitulatives n’auraient pas été de trop. Ils ont mis trois ans à pondre l’œuf stellaire, mais ils ne nous pas éclairé sur la signification du résultat final. Ont-ils eu l’impression d’avoir couvé un dinosaure antédiluvien passé de mode ou brisé la coquille d’un nouvel crocodile qui nous bouffera - à notre grand plaisir - tout cru ? Peut-être ont-ils simplement dessiné la silhouette d’un stupide autruchon ?
A lire et à méditer. Pour Noël Deschamps, vous inquiétez pas, un jour ou l’autre, KR’TNT lui consacrera une de ses livraisons.
Damie Chad.
CONCERTS
WHAT IS CLASSICAL…
THE PARTY MAKERS, le 10 / 12 / 10
au CABARET SAUVAGE
Le Cabaret Sauvage est plein à craquer, plus de places à vendre, quelques gueules plus ou moins abimées postées à l’entrée dans l’espoir d’obtenir un billet à la dernière minute. A l’intérieur, un savant mélange, de blancs, de noirs, de beurs, de vieux, de jeunes, de riches, de pauvres, quelques uns sont venus de loin pour cramer tout l’argent du mois au bar du cabaret (faut dire qu’avec la bière à cinq euros, ça va très très vite), d’autres, par réflexe vident leurs poches devant les vigiles à l’entrée, d’autres s’enroulent lascivement avec la fille trop maquillée qui pend à leur bras, sur la terrasse, ça pue le shit et les videurs fixent un point dans le vide, raisonnablement résolus à ne pas entrer dans un quelconque conflit. Premier constat, le hip hop, c’est une musique de mec, y en a partout, beaucoup qui exhibent leurs muscles savamment travaillés dans des débardeurs blancs, beaucoup qui sont venus ici pour s’affronter aux racines de la musique qu’ils aiment. Deuxième constat, c’est rassurant, le hip hop est loin de traîner derrière lui une armée de minets petits bourgeois aux pantalons serrés et à la mèche rebelle, ici, ils ne sont pas les bienvenus et le cabaret a peut-être, ce soir, une chance de redevenir sauvage.
Premier round, il est minuit, un MC canadien, Shad, monte sur scène. C’est pas mal, pas de quoi faire descendre sur la piste de danse tous ceux qui s’entassent sur les cotés mais bon, c’est le début. Et puis, il faut le reconnaître, le Canada, c’est pas les Etats-Unis, ça manque un peu de cette hyper-violence, de cette sur-démonstration de force propre à ceux qui viennent de la superpuissance la plus haïe au monde.
On sort fumer une clope, juste le temps d’entendre, au détour d’un couloir, un gars aux yeux hallucinés, à l’excitation palpable, demander à tous ceux qu’il croise « et, mec, Rocca, il est passé ? ». Alors là, ça fait tilt dans nos têtes, ça aiguise notre curiosité, Rocca, le rappeur français qui a eu sont heure de gloire vers 98, Rocca, le colombien de La Cliqua ? Franchement, c’est surprenant, non pas que nous n’aimions pas le bougre, mais coller son nom à ceux qui vont suivre, il faut avoir de l’estomac. On revient plus vite que prévu dans la salle, pas envie de rater ça. Il arrive, c’est bien lui, une belle gueule, l’air de celui qui va bouffer le micro plutôt que de ne pas réussir à montrer ce soir, qu’il est bien loin d’avoir disparu avec les années 90. Il a quelques chansons mythiques, il a une présence furieuse, à la française, agitée, nerveuse, il trépigne, il donne tout. Même s’il s’énerve, même s’il se vexe parce qu’on ne connaît pas tout par cœur, il est indéniablement bon. Il rappe en français, en espagnol, il en appelle à la culture des cités, il en appelle à l’Amérique latine, il en appelle à la joie d’être là. Il saute, il danse, il tape lui-même sur les percussions quand l’ambiance retombe. Nous, on remercie le programmateur d’avoir donné à Rocca l’occasion de faire une petite place au rap français dans la soirée, une place honorable, à la régulière. Pas de strass, pas de bling bling, juste un mec qui se défonce, pour nous, pendant trois quarts d’heure plutôt réussis. Y a que des sourires sur les visage quand il s’en va, trempé de sueur, gonflé à bloc, que des sourires et la satisfaction secrète d’avoir trouvé dans sa musique cette honnêteté terrible, cette générosité fière, cette impudence ironique qui fait le hip hop français. C’est pas le plus grand, Rocca, mais il ne déçoit personne.
Alors, c’est maintenant que ça commence, le premier cainri de la soirée, et pas des moindres, Tony Touch, le dj de Rock Steady. Il commence bien, il envoie du lourd, de la grosse musique qui fait gonfler les baffles et danser dans la salle. Un seul set, plutôt long, plutôt bon. Il passe par tous les styles, il refait l’histoire du hip hop, il couple James Brown et le Wu tang clan, le hip hop, c’est la soul, c’est la musique noire, c’est le Porto Rico, c’est pas une musique qui sort de nulle part. Les racines, le début, ce Dj là, il les connaît, il fait partie de ceux qui ont écrit les premières lignes, construit les premiers succès. Pourtant, vers la fin, ça convainc moins, ça glisse un peu vers la musique de boîte de nuit. On veut bien danser mais même si c’est efficace, il faut pas tout confondre. « Le fric, c’est chic ! », c’est un peu de trop. Heureusement, il termine par Fela Kuti, il lance le célèbre « assassin de la police ! » et laisse la scène vide. C’était bien, ça aurait pu être mieux…
Premier… Dj Premier… Un nom d’empereur romain, un visage caché sous une énorme capuche, une voix de multi-toxicomane-récidiviste, voilà enfin celui que tout le monde attendait. Il est trois heures du matin, le cabaret sauvage franchit enfin le Rubicond. Ils seront plusieurs à monter sur scène pour nous le rappeler « he is a legend, he is the legend ». La classe américaine, en direct live : “Do you know what is classical motherfuckers? Do you know? Public enemy is classical, Wu tang clan is classical, Notorious big is classical. Say CLA..SSI…CAL! CLASSICAL!”
Vous êtes prévenus, le maître mot c’est “classical” et celui qui décide de ce qui est classique et de ce qui ne l’est pas, c’est Dj Premier. C’est lui qui a fait le hip hop, qui a composé les sons sur lesquels ont posé les plus grands. Il enchaîne les savants dérapages au scratch, ne laisse tourner les morceaux que le temps que vous puissiez admirer la technique avec laquelle il les superpose, les fait rimer ou les télescope. Tout est propre, net, sans cassure. Ils sont peu ceux qui peuvent se revendiquer d’autant de légitimité à hurler dans une salle en folie « rest in peace, biggy ! ». Ils sont peu ceux qui n’ont plus que la crainte d’être transformés en marbre avant d’avoir terminé leur set. Dj Premier est de ceux-là. Plus de boîte de nuit, plus de chansons dansantes, juste un hommage à ce qui est pour tous, l’essence du plus pur hip hop. A notre goût, ça manque un peu d’allumettes. On aimerait bien que ça crame un peu, que la grosse voix éraillée se lève parfois pour autre chose que des oraisons. Dj Premier, c’est un ancien combattant, il ne tire plus que vers le ciel, pour rendre hommage à de valeureux martyrs. Rien à dire, il le fait mieux que personne. Pourtant, ce soir, dans cette salle branchée parisienne, on ne peut s’empêcher de penser que le hip-hop, c’est une histoire, contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien.
O. Murcie.
URGENT, CA PRESSE !
OBSKÜRE # 1.
Novembre / Décembre 2010.
Toute l’actualité dark. Musique. Culture. Littérature.
Du haut de nos trente quatre livraisons l’on aurait un peu tendance à marquer de notre hautaine condescendance le premier vagissement de ce nouveau bébé à la peau sombre. Hélas, dès la lecture de l’édito l’on a dû manger notre chapeau. Sont pas nés de la dernière pluie, ces aigrefins. Sont des vieux de le vieille qui s’activent depuis dix longues années sur la toile.
Le magazine papier disponible chez tous les bons kiosquiers marche de conserve ( et de concert ) avec le site www.obskure.com. Un multimedia d’un genre nouveau dans la galaxie de la presse rock, une symbiose interactive entre le papier et le net. Faudra prendre l’habitude de suivre la bande son de vos lectures sur votre ordinateur.
Musicalement, pour les connaisseurs nous situerons très approximativement en disant que c’est un peu entre Noise et Elegy. Ce sont des explorateurs du côté obscur de la force. Tout ce qu’a priori vous ne trouverez dans KR’TNT non par dégoût, mais par manque de temps et de connaissances. La revue est surtout intéressante pour ses notes de lecture et ses chroniques de disques. Pour les articles de fond nous serons un peu plus réservé. Ont un peu tendance à privilégier l’interview. Il est sûr qu’en règle générale il vaut mieux s’adresser à la dame entière qu’à ses seuls seins, mais un artiste n’est pas toujours le mieux placé pour analyser son travail. En parler, aucun problème, mais en discerner les significations ultimes demandent peut-être un peu plus de recul.
Quoi qu’il en soit la revue est de qualité, papier glacé, belle mise en page et écritures soignées. A suivre. Devrait faire son trou. Noir. Sombre et inquiétant.
XROADS.
Décembre 2010.
Grand format. 100 pp.
L'on ne présente plus Crossroads. Courageuse revue emmenée par Christophe Gofette qui est née, il y a dix ans de cela, alors que Rock'n'Folk n'en finissait pas de pédaler dans la choucroute. Les deux revues entretiennent d'ailleurs des relations amours /haine plutôt conflictuelles. Ce qui est plutôt rock'n'roll quand on y pense, reste à savoir qui occupe le rôle des Beatles et qui les Stones. De toutes les façons les amateurs de base achètent systématiquement tous les mois les deux magazines. Les yeux fermés, par automatisme. Plus les numéros spéciaux, car abondance de biens ne nuit pas.
Nous tombons bien avec ce numéro, le journal propose une nouvelle formule, rien de bien révolutionnaire, en gros l'on met devant les chroniques que l'on mettait à la fin, mais on les entrelarde de mini articles d'une seule page qui entrent en résonance ou distorsion avec les critiques de disques et de livres. Très agréable, enrichissant et pertinent.
CrossRoads c'est une attention soutenue aux grands anciens, ici par exemple Jack Bruce ou Ray Davies, plus un intérêt certain pour tout ce qui pointe un nouveau museau dans le respect de cette tradition, l'on peut ainsi se retrouver du côté de Nashville avec Kort comme en Espagne avec Eldorado. Mais attention, les gars qui écrivent dans Xroads ne sont pas tombés de la dernière pluie : en connaissent un rayon, ne font pas les interviews à la pêche et savent ce qu'ils veulent. La passion du fan de base et l'objectivité du pro. En plus en première page, vous trouvez leure-mail. Ces gars-là sont à l'affût, quand ils tirent ils ratent rarement leur cible, et ça fait mal.
Les os de Robert Jonhson doivent cliqueter de plaisir à chaque nouvelle livraison. Croosroads n'est pas spécialement consacré au blues et aux pionniers, mais ses pistoléros ont l'esprit et la plume rebelles. Indispensable.
Damie Chad.
13:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.