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16/12/2010

KR'TNT ! ¤ 32.

 

KR'TNT ! ¤ 32

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES

A ROCK LIT PRODUCTION

22 / 12 / 2010

 

2009 : PREMIERE ANNEE

¤ 1 / 01 / 05 / 09 : Old School + Burning Dust

¤ 2 / 01 / 06 / 09 : Baston Général / Bill Brillantine

¤ 3 / 05 / 11 / 09 : Johnny Hallyday / Daniel Giraud

¤ 4 / 06 / 11 / 09 : The Bitter end / Steve Mandich

¤ 5 / 07 / 11 / 09 : Quand j'étais blouson noir / J- P Bourre

¤ 6 / 10 / 11 / 09 : Violent days / Lucie Chaufour

¤ 7 / 15 / 11 / 09 : Race With the Devil / Susan Vanecke

¤ 8 / 20 / 11 / 09 : Jull & Zio

¤ 9 / 01 / 12 / 09 : Gene Vincent / Rodolphe & Van Linthout

¤ 10 / 02 / 12 / 09 : The day the world turned blue / Britt Hagarthy

¤ 11 / 03 / 12 / 09 : A tribute to Gene Vincent / Eddie Muir

¤ 12 / 03 / 12 / 09 : Telstar / Nick Moran

¤ 13 / 05 / 12 / 09 : The story behind his songs / Thierry Liesenfeld

2010 : DEUXIEME ANNEE

¤ 14 / 20 / 01 / 10 : The man who Led Zeppelin / Chriss Welch

¤ 15 / 15 / 06 / 10 : Gene Vincent / Garrett Mc Lean

¤ 16 / 08 / 07 / 10 : Concert Vellocet

¤ 17/ 22 / 07 / 10 : Pas de charentaise pour Eddie Cochran / Patrice Lemire / Classe dangereuse / Patrick Grenier de Lassagne

¤ 18 / 16 / 09 / 10 : Gene Vincent Dieu du rock'n'roll / Jean-William Thoury

¤ 19 / 23 / 09 / 10 :Gene Vincent's blue cap / Dave Smith

¤ 20 / 30 / 09 / 10 : Graine de violence / Evan Hunter

¤ 21 / 07 / 10 / 10 : Devil's fire / Charles Burnett

¤ 22 / 14 / 10 / 10 : Cash / L'autobiographie

¤ 23 / 21 / 10 / 10 : Special Lefty Frizzell

¤ 24 / 28 / 10 / 10 : Eddy Mitchell

¤ 25 / 04 / 11 / 10 : French Rockab ( Burning Dust / Ghost Higway / Rockers Culture )

¤ 26 / 11 / 11 / 10 : Ghost Higway in Concert

¤ 27 / 18 / 11 / 10 : There's one in every town / Mick Farren

¤ 28 / 25 / 11 / 10 : Sonic Surgeon

¤ 29 / 02 / 12 / 10 : Elvis Presley / Urgent ça presse ! / Look books

¤ 30 / 09 / 12 / 10 : Eddie Cochran / Urgent ça presse ! / Look Books

¤ 31 / 16 / 12 / 10 : Patti Smith / Urgent ça presse ! / Look Books

 

 

FEEL LIKE GOING HOME

 

LEGENDES DU BLUES & PIONNIERS DU ROCK'N'ROLL

 

PETER GURALNICK

 

Août 2009. 286 pp. RIVAGE ROUGE.

 

 

blues.jpgPublié pour la première fois en 1971. Ca date, mais du bon côté. Nous ne sommes qu'à quarante ans des premiers enregistrements du blues. Des années d'or, de celui que nous privilégions, le country blues. Une appellation que Peter Guralnick a fait sienne, son cheval de bataille. Difficile d'entendre ce qu'il veut dire exactement : ce n'est pas le blues du delta ou le rural blues comme on se plaisait à le nommer en France dans les années soixante, disons le blues qui commence avec Charley Patton et finit avec Willie Dixon, mais seulement en le sens où toute cette lignée de chanteurs ne sont que l'ultime segment réceptif d'une tradition qui se perd dans un passé obscur. Un temps perdu dont il ne subsisterait aucun écho magnétophonique.

 

Attention Peter Guralnick n'est pas le petit étudiant juif qui récrit les connaissances encyclopédiques collectées par ses prédécesseurs depuis sa chambre d'étudiant. C'est un fan transi mais absolu, il mouille sa chemise pour le blues et organise des concerts dans les universités. Mais le prosélytisme transplantatoire ne lui suffit pas. Foutre un bluesman dans un amphi d'Harvard il sait faire, mais il se rend vite compte que c'est un peu comme mettre un aigle royal dans la cage du zoo ou un baobab dans un pot de fleur. L'a donc pris sa petite totomobile pour voir in situ comment vivent les derniers spécimen, chez eux, in the heat of the south. Tout un programme. Pire que du Faulkner.

 

Une chose est sûre. Tous nos joueurs de blues ont le blues. Rêvent tous de l'ancien temps où c'était pire qu'avant. Les années trente c'était pas de l'apple pie à tous les étages. Déjà que maintenant ce n'est pas Byzance tous les matins ! Vous pouvez pas vous imaginer les méfaits de la ségrégation sur l'âme humaine. Humiliation à tous les étages. En gros, c'est très simple : tout se passe bien tant que vous n'avez pas affaires aux blancs. Dans le cas contraire, attendez-vous à être traités pire que des bêtes. Taillables et corvéables à merci. Ce va sans dire, mais surtout tous les coups de vice, toutes les promesses retorses, tous les boas constrictors que vous devez avaler en gardant le sourire aux lèvres et le chapeau bas.

 

C'est cela la musique que l'on aime, elle vient de là, de ces siècles d'avanies et de servage infini. Des mecs tordus par la vie auxquels vous ne pouvez inspirer confiance. En ont trop chié pour ne pas remuer du cul quand ils vont venir faire sur vos bottes. Des lascars qui se sont trouvés une liberté dans la fuite. Des années à tourner autour des plantations de juke-joints en juke-joints. Une cavale perpétuelle, la faim, les flics, les femmes, le fric, un sacré mic-mac à agencer. Rien n'appartient à personne, je te fauche tes accords sans ton accord, j'en pince pour tes cordes et va te faire pendre, je souffle dans mon harmonica l'harmonie que tu pousses dans le tien, je t'emprunte jusqu'à ton nom, le blues n'est-il pas une grande famille !

 

Les frères Chess sont formels sans tomber de leur chaise de patrons de la plus grande maison de disques de blues de Chicago, ils assènent que si un chanteur de blues n'a jamais atteint à une véritable audience nationale, n'accusez ni le racisme ambiant ni les kids du rock'n'roll, ce sont les blusmen eux-mêmes qui en sont responsables. Disparaissent du jour au lendemain, ne tapent que pour des deals de petite durée, ont tellement peur de se faire avoir qu'ils ne s'avancent jamais à découvert, ne font pas confiance à l'homme blanc, par instinct, par atavisme. Aucune possibilité de construire une carrière avec ce genre de zozos.

 

Même quand le british blues boom est venu les tirer de leur enlisement, n'y ont jamais cru, sont bien allés en Europe, ont bien fait leur numéro de bluesmen savants, ont pu être touchés de la ferveur qui les a accompagnés mais ne se sont pas laissés avoir comme des bleus. L'american Folk Blues Festival, c'était un truc d'intellos, gentils, mignons, mais ce n'était plus vraiment l'esprit du blues. N'ont pas non plus craché sur les royalties, les seules qu'ils aient touchées mais que voulez-vous Little Red Rooster par les Rolling stones c'est autre chose, ce n'est pas du blues. Vous avez le droit d'aimer, mais le blues c'est...

 

Quoi au juste ? Guralnick essaie de répondre à la question. Portrait des grands bluemen. Ceux qui ne sont plus et ceux qui survivent encore. L'ombre tutélaire de Robert Johnson . Un génie de la gratte et du texte. Une légende aussi. Un mythe inatteignable. La preuve, qui connaît Johnny Shines qui fit la route avec durant deux ans et qui vit encore en 1971 ?

 

Trop pointu pour vous ? Vous préférez que l'on vous parle de Muddy Waters. La star du blues, l'alter ego de BB King ? Un conseil ne lisez pas le reportage que lui consacre notre auteur. Certes Muddy Waters a bien conscience d'être un grand, une pointure de référence, mais quel découragement, quelle résignation, la vie n'a pas tout repris mais elle n'a pas tout donné. Il s'en tire bien certes, mais les dés étaient pipés. Il a limité la casse, mais n'est plus qu'une vieille caisse ( sans tiroir ) usée.

 

Pour Howlin'Wolf même menu. Pouvaient pas se blairer avec Muddy. Normal, se ressemblaient trop. Jouaient tous les deux dans la cour des premiers de la classe mais à la distribution des prix n'ont jamais été récompensés à la hauteur intrinsèque de leurs mérites. Et pourtant remettez-vous Dust my broom sur l'électrophone et essayez de passer un autre disque juste après ! Et ce jeu de scène, une préfiguration de Gene Vincent !

 

Ne faites pas le coup, ils furent les chantres de leur peuple. Dans les années trente oui, mais quarante ans plus tard les jeunes noirs se détournaient déjà d'eux. Ne parlons pas d'aujourd'hui, dans les ghettos on les assimile à des oncles Tom, remarquez entre nous lorsque l'on écoute les discours sur l'honnêteté du bon travailleur de Robert Pete Williams ils n'ont peut-être pas tout-à-fait tort. Que reste-t-il d'un être humain lorsque l'espoir de la justice a chassé de son âme l'esprit de la révolte ?

 

Un autre chapitre s'ouvre. Les disques Sun. Le berceau du rock'n'roll ! Le moindre bobo est capable de vous réciter la définition adéquate, à part qu'avant d'enregistrer Elvis le Pelvis Sam Philips a d'abord ouvert ses micros à tous les nègres du coin et de passage qui couinaient le blues. 208 disques de pure blues qu'il a mis en vente, jouait un peu le découvreur de talent pour Chess, leur a même refilé Howlin'Wolf. Les deux pollacks devaient être un peu trop race series ils ont pas cru en ce blanc-bec d'Elvis. RCA a compris plus vite qu'eux. Ils ont plutôt misé sur un noir pur sucre ( de canne ) : Chuck Berry. Pour eux c'était encore du blues et pas encore du rock'n'roll ! Comme quoi nul n'est prophète en sa compagnie.

 

Mais la jonction blues-rock se fait bien là, chez Sun dans cet intermède inter-racial ou blues et country se rejoignent et s'amalgament pour donner naissance au rock'n'roll. A moins que vous ne préfériez dire rockabilly pour laisser le terme rock'n'roll à ce que de son côté Bill Haley synthétise à partir des grands orchestres swing issus du jazz commercial et de l'essor concomitant du rymth'n'blues, un peu comme si les cuivres et les guitares avaient pris deux chemins différents...

 

Peter Guralnick n'insiste pas sur Presley. Même en 1971 la littérature avait déjà habillé le King sur mesure, se rend plutôt chez les outsiders. Charlie Rich, dans le creux de la vague au début des seventies. Ne dépare dans un bouquin consacré au blues. Le récit d'un has-been qui essaie de survivre chaperonné par sa femme ultra-possessive. De toutes les existences racontées dans ce livre c'est la plus bluesy, à vous tirer une balle dans la tête pour en finir définitivement avec votre vie de garçon coiffeur. Nous avons de la veine, nous connaissons la suite de la story, Charlie Rich devenu une des stars du country, reconnu en son pays. Happy end, ouf ! Car la soirée dans le club rétro de Memphis avec un public d'américains moyens parcimonieusement parsemés d'admirateurs congelés c'est à vomir tout votre repas d'avant-hier soir !

 

Ca ne peut que s'améliorer par la suite ! Avec ce grand enfant de Jerry Lee Lewis l'on atteint enfin le blues01.jpgpanthéon du rock'n'roll. Prêt à se lancer dans toutes les outrances, sa femme Myrha veille au grain avec doigté – pour une ancienne Jézabel de treize années responsable de la mort de la carrière de son mari elle apparaît surtout comme une bonne fée à la baguette pleine de retenue et de bon sens, il est dans la logique des choses que Jerry Lee l'ait renvoyée chez sa mère dans les mois qui ont suivi l'interview !

 

A un Jerry Lee qui se prend, puisqu'il est le nouveau roi de la country, pour le roi du monde, ce qui est au-dessus du roi du rock'n'roll Elvis Presley, rien n'est impossible. En plus il a raison, filez lui la plus insipide scie countrynette, il vous y collera trois accords de piano paresseux qui vous la font sonner comme une charge de cavalerie indienne à Little Big Horn. Le gentleman sudiste connaîtra bien des déboires dans la suite de sa carrière, il n'en chevauchera pas moins, même dans ses outrances les plus pitoyables – lorsqu'il part devant le portail de Graceland pour assassiner Elvis par exemple – un tel vent de folie furieuse qu'il emporte toujours l'adhésion.

 

Le livre s'achève. De nouveau chez Chess. Est-cela le retour à la maison ? Chess qui essaie de s'acclimater à ce nouveau public international qui estime par devoir moral le blues mais qui n'en achète plus. Chess qui mécontente ses vieux bluesmen qui ne comprennent plus la froideur du management style multinationale qui engrange des millions de dollars... Une page se tourne, le blues à la grand-papa est out ! La compagnie ne survivra pas longtemps à ses artistes qui l'ont rendu célèbre.

 

Un dernier petit coup de blues pour repartir. Comme un coup de poignard dans le dos. Vous n'étiez pas là vers 1930 avec les frères Chess et Muddy Waters et tous les autres, alors vous ne comprendrez rien au blues. C'est juste une question de génération. Maintenant que tout est terminé que chacun repose plus ou moins paisiblement en son cimetière, vous qui êtes vivants, vous arrivez trop tard. Out of blues !

 

André Murcie.

 

 

URGENT, CA PRESSE !

 

 

BLUES AGAIN ! N° 3.BLUES04 (2).jpg

Le blues dans tous ses états.

Trimestriel. Automne 2005.

 

On l'a choisi à cause de ce vieux Chuck Berry sur la couverture, la dernière grande idole enregistrée par Chess. Comprendrions si vous n'êtes pas d'accord. Longtemps que j'avons pas trouvé BLUES AGAIN ! en kiosque. Par contre il y a un site que je vous refile www.bluesagain.com

Sur ce un numéro méchamment rock, un article travelling sur la naissance du rock, une fiche sur Little Bob, un article central sur Chuck Berry... plus les compte-rendus des festivals hexagonaux dans lesquels on joue davantage blues-rock, nous semble-t-il. Mais le blues n'est pas oublié, ne serait-ce que cette mémo sur HC Speir qui dans son magasin de disques de Jakson procéda « aux premiers enregistrements de Charley Patton, Skip James, Tommy Jonhson et Son house ». Nous sommes au coeur du sujet de Feeling like going home de Gulranick.

Et puis, the last but not the least, les chroniques de disques. Bien écrites. Une bonne revue qui cinq après sa parution se parcours encore avec plaisir.

 

Damie CHAD.

 

LES GENIES DU BLUES. N° 10.

Les chef-d'oeuvre du blues et du rhythm'n'blues.

Editions ATLAS.

 

blues 03.jpgSur les 62 fascicules l'on a choisi celui consacré à MUDDY WATERS. C'était vendu en kiosque dans les années 90 accompagnés d'un CD. Le choix des morceaux n'était pas des plus fouillés. L'on ne se fatiguait pas toujours : l'on allait au plus accessible même si parfois les titres recueillis ne correspondaient pas à ce pour quoi l'artiste était plébiscité dans le livret d'accompagnement.

Un texte de présentation hâtif, des photos témoignages, une frise chronologique schématisée, et c'est à peu près tout. Du temps où le net balbutiait ce genre de séries était nécessaire... Parfait si vous n'aviez jamais entendu parler de l'artiste, trop superficiel si vous êtes déjà un amateur. Les collectionneurs se la procureront coûte que coûte mais vous, achetez-vous plutôt le titre présenté dans LOOK BOOKS !

 

 

LOOK BOOKS !

 

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES.

GERARD HERZHAFT.

1984. Jacques Granchet Editeur.

 

De cette encyclopédie du blues de Gérard Herzhaft il existe plusieurs moutures. Son indéniable qualité est un blues02.jpgappel à la réédition. Nous tenons là un objet qui ne dépare pas à côté des productions américaines. Un must, Gérard Herzhaft est un des meilleurs spécialistes de la musique populaire d'outre-atlantique.

Ici nous possédons la mouture parrainée par BEST, la revue longtemps concurrente de ROCK'N'FOLK, qui ne survécut pas aux douloureuses eighties. Que voulez-vous la montée du libéralisme coïncida avec le déclin du rock'n'roll, fut-ce un hasard ? Bref BEST à l'instar de sa glorieuse rivale avait voulu posséder aussi sa propre collection de livres rock... nous vous conseillerons de rechercher chez les bouquinistes les tomes I & II de HARD ROCK écrits en collaboration Jean-Yves Legras par un des habitants les plus rock de la bonne ville de Provins, le célèbre Hervé Picart dont les fabuleuses chroniques furent de véritables mots d'ordre d'achat pour des générations de lycéens enthousiastes...

Cette édition du texte de Gérard Herzhsaft bénéficie des photographies couleurs de Jean-Pierre Leloir, qui valent le détour. Ah ! Ce regard inquiet de Screamin' Jay Hawkins les mains plaquées sur le clavier de son piano !

De toutes les manières ce bouquin est un classique que toute personne qui voudrait ouvrir la bouche pour parler de rock'n'roll et de blues devrait savoir par coeur. Irremplaçable. Indispensable.

Damie Chad.

KR'TNT ! ¤ 31.

 

KR'TNT ! ¤ 31

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES

16 / 12 / 2010

 

2009 : PREMIERE ANNEE

¤ 1 / 01 / 05 / 09 : Old School + Burning Dust

¤ 2 / 01 / 06 / 09 : Baston Général / Bill Brillantine

¤ 3 / 05 / 11 / 09 : Johnny Hallyday / Daniel Giraud

¤ 4 / 06 / 11 / 09 : The Bitter end / Steve Mandich

¤ 5 / 07 / 11 / 09 : Quand j'étais blouson noir / J- P Bourre

¤ 6 / 10 / 11 / 09 : Violent days / Lucie Chaufour

¤ 7 / 15 / 11 / 09 : Race With the Devil / Susan Vanecke

¤ 8 / 20 / 11 / 09 : Jull & Zio

¤ 9 / 01 / 12 / 09 : Gene Vincent / Rodolphe & Van Linthout

¤ 10 / 02 / 12 / 09 : The day the world turned blue / Britt Hagarthy

¤ 11 / 03 / 12 / 09 : A tribute to Gene Vincent / Eddie Muir

¤ 12 / 03 / 12 / 09 : Telstar / Nick Moran

¤ 13 / 05 / 12 / 09 : The story behind his songs / Thierry Liesenfeld

2010 : DEUXIEME ANNEE

¤ 14 / 20 / 01 / 10 : The man who Led Zeppelin / Chriss Welch

¤ 15 / 15 / 06 / 10 : Gene Vincent / Garrett Mc Lean

¤ 16 / 08 / 07 / 10 : Concert Vellocet

¤ 17 / 22 / 07 / 10 : Pas de charentaise pour Eddie Cochran / Patrice Lemire / Classe dangereuse / Patrick Grenier de Lassagne

¤ 18 / 16 / 09 / 10 : Gene Vincent Dieu du rock'n'roll / Jean-William Thoury

¤ 19 / 23 / 09 / 10 :Gene Vincent's blue cap / Dave Smith

¤ 20 / 30 / 09 / 10 : Graine de violence / Evan Hunter

¤ 21 / 07 / 10 / 10 : Devil's fire / Charles Burnett

¤ 22 / 14 / 10 / 10 : Cash / L'autobiographie

¤ 23 / 21 / 10 / 10 : Special Lefty Frizzell

¤ 24 / 28 / 10 / 10 : Eddy Mitchell

¤ 25 / 04 / 11 / 10 : French Rockab ( Burning Dust / Ghost Higway / Rockers Culture )

¤ 26 / 11 / 11 / 10 : Ghost Higway in Concert

¤ 27 / 18 / 11 / 10 : There's one in every town / Mick Farren

¤ 28 / 25 / 11 / 10 : Sonic Surgeon

¤ 29 / 02 / 12 / 10 : Elvis Presley / Urgent ça presse ! / Look books

¤ 30 / 09 / 12 / 10 : Eddie Cochran / Urgent ça presse ! / Look Books

GLORIEUSE PATTI !

 

JUST KIDS

 

PATTI SMITH

 

326. DENOEL. OCTOBRE 2010

 

patti smith01.jpgpatti smith02.jpgLe rock'n'roll mène à tout. Encore faut-il en sortir. Un livre d'amour. Avant tout. Entre un homme et une femme. Incidemment il se trouve que lui s'appelle Robert Mapplethorpe et elle Patti Smith. Ce qui nous intéresse. Certes Patti Smith vous a pris avec l'âge des allures de vieille grand-mère du proto-punk, et semble avoir gagné en respectabilité ce qu'elle a perdu en créativité. Mais Just Kids évoque avant tout les premières années de 1969 à la fin des années 70. Une décennie fabuleuse qui commence par le summer love et se termine sur les désillusions de l'after-punk.

 

Une femme qui a su attirer en ses filets un des musiciens de groupes aussi essentiels au rock'n'roll que MC 5 et Blue Oyster Cult ne saurait être tout à fait mauvaise. Au sens biblique du terme. Car le rock'n'roll américain pue l'encens et la bondieuserie – le gospel n'est jamais loin - à plein nez. A plein sexe. C'est peut-être pour cela qu'il nous est aussi essentiel car il faut filer de sacrés coups de pieds au baudet christique pour s'en débarrasser.

 

Mais commençons par l'histoire d'amour. Avis aux amateurs c'est moins fringuant que Johnny Cash et June Carter, mais un peu plus déchiré que Johnny et Sylvie. Elle est venue de sa province pas très lointaine et lui de sa famille voisine. La pure jeune fille pauvre qui rêve de devenir artiste et le fils dévoyé de bonne famille qui refuse le sentier tracé par Papa. Deux paumés qui passent un pacte. Non pas avec Satan, mais l'un avec l'autre. Chacun soutiendra l'autre. A tour de rôle chacun sera la muse et l'artiste de l'autre. Comment voulez-vous qu'à ce tarif-là le jeune garçon ne vire de bord petit à petit ! Mais cela ne change rien, les amants deviendront peu à peu amis, mais entre eux l'amour et la tendresse ne faibliront jamais. Ils peuvent se perdre mais se retrouveront toujours. Jusqu'à ce que la camarde ne vienne les séparer définitivement. Mapplehorpe mourra bêtement du Sida, comme tous les homosexuels de sa génération perdue.

 

Entre temps, Patti a donné naissance à deux enfants, et tous deux ont atteint la célébrité. Amour gloire et beauté quand vous nous tenez après déboires et misères qui oserait s'en plaindre ! Rendons justice de classe à Mapplethorpe. Il n'a pas volé le succès. Il lui a couru après. Toutes ses brisures, toutes ses hantises, tous ses vertiges et tous ses délires, ne furent peut-être que la transcription de ce manque redoutable de sécurité sociale qu'induisit son renoncement adolescent à l'édredon familial. Privé de ses filets de protection le petit-bourgeois en révolte n'aura de cesse de les reconstituer.

 

Il vous suffit d'aller faire un tour sur le site ( papier photo y égale papier glacé ) de la fondation Mapplethorpe pour comprendre que la récupération de l'artiste par la société contre laquelle en sa jeunesse il s'est révoltée, est appelée d'une manière plus ou moins consciente par l'artiste lui-même. Nous ne doutons pas de la sincérité de Mapplethorpe, mais la sincérité est très souvent une vertu chrétienne déguisée. Ceux qui essaient une descente aux enfers pour gagner leur paradis nous semblent suspects.

 

Si Robert et Patti se sont tant aimés, le hasard y est peut-être pour une portion congrue, Patti était trop admirative d'Arthur Rimbaud pour ne pas comprendre ce qui s'est tramé dans le refus de la poésie qu'exerça le poëte à l'encontre de sa propre oeuvre. Quand on connaît la joyeuse inanité des paroles de nos rockers préférés l'on ne peut être qu'agréablement surpris de l'itinéraire de Patti Smith qui est venue au rock par la poésie. Le rock déserte la rue et se fourvoie dans les high school. Le même mouvement se produisit en Angleterre. Si les pionniers furent des fils de prolo, la deuxième génération gravita autour des campus universitaires. Le rebelle s'efface devant l'artiste.

 

A New York Patti Smith se trouve en prise directe avec la jonction de la poésie beat et de l'électricité. Les lectures de poèmes tel qu'un Dylan Thomas les aura initiées dans les années cinquante dérivent lentement mais sûrement vers un accompagnement électrique. Just Kids est un témoignage éclatant de cette confluence qui ne coulait pas de source. L'on aurait pu croire que ce croisement se ferait plus naturellement par l'intermédiaire du folk acoustique, mais même Dylan ( Bobby pour les intimes ) ne résista pas au courant.

 

Peut-être cela fut-il une espèce de fuite généralisée devant l'emprise du politique qui transforma le folk en réseau protestataire. Toute une jeunesse se retourna à corps perdu vers la rébellion rock pour ne pas avoir à s'impliquer dans une dérive révolutionnaire jugée par trop extrémiste. Allumer un pétard est moins dangereux qu'enflammer la mèche d'une bombe.

 

patti smith03.jpg

Il est toujours passionnant d'essayer de comprendre comment un destin individuel s'inscrit plus ou moins symboliquement dans les contradictions de son époque. Mapplethorpe jalouse Andy Warhol, et Patti Smith entre en symbiose avec le personnage de Jim Morisson. Le choix de nos idoles nous trahit aux yeux des autres. Entre le faiseur et le poëte, immense est la distance.

 

Une des parties les plus intéressantes du livre conte le séjour des deux amants au Chelsea Hôtel . Nous y côtoyons toute la faune qui grouillait autour de la Factory. Nous ne sommes pas loin du Velvet Underground. Patti Smith a bon goût. Elle cite à plusieurs reprises Hank Williams comme une de ses influences. Elle chroniquera des disques pour les magazines les plus importants de la contreculture américaine notamment Creem. Elle rencontrera aussi cette dernière reine du blues que fut Janis Jopplin.

 

Just Kids est un peu le livre de la longue gestation de Horses, son premier trente-trois tours que nous avons patti smith08.jpgbeaucoup aimé en son époque, qui débordait de super-groupes vieillissants, car ce fut un disque qui marqua comme un retour à quelque chose d'essentiel, de consubstantiel au rock'n'roll. Au-delà de toutes ses imperfections – et aujourd'hui ce que appellerions ces longueurs – que vous ne confondrez pas avec des temps morts – il possède l'énergie. Le chant y est parfois maladroit et l'orchestration sans trop d'imagination, mais la voix sort des tripes, pas celles des circonvolutions pelviennes mais de celles plus haut qui forment nos méninges, et le combo balance sur une mer démontée comme un rafiot prêt à couler. Il y a de l'urgence et du désir. De la haine et du plaisir. Patti y psalmodie ses mélodies rythmiques emportée dans une sorte de transe boiteuse.

 

Et puis le vers frontal de Gloria, comme craché à la gueule de l'Amérique puritaine bien-pensante :

 

Jesus died for somebody's sins but not mine

 

Jésus est mort pour les pêchés de quelqu'un, mais pas pour les miens !

 

Rien que pour ça, on lui donnerait le bon dieu du rock'n'roll sans confession, à cette petite !

Même si depuis et parfois elle semble avoir mis un peu trop d'eau bénite dans son bourbon d'origine incontrôlée.

Damie Chad.

 

 

 

PRESAGES D'INNOCENCE

 

PATTI SMITH

 

2007. Traduction de JACQUES DARRAS. BOURGOIS.

 

patti smith07.jpgLa même collection qui vit paraître en France Seigneurs et Nouvelles Créatures de Jim Morrison. Comment rêver d'une plus efficace caution rock ! J'aurais préféré mettre la main sur WIITS mais les sorcières en édition américaines se sont faites invisibles dans l'armoire à bouquins. Amis rockers, ne tremblez point je ne vais point me lancer dans une longue explication de textes. C'est que Patti Smith, d'après moi écrit beaucoup mieux qu'elle ne chante, et ce n'est pas toujours facile de bien l'entendre. Les Présages d'innocence sont bafoués. Le recueil entier est une ode à la souffrance des faibles laminés par la cruauté du monde. Attention, c'est pas cucul la praline, c'est plutôt fort et bien venu. Avec toujours cette arrière vision christique qui encombre les cervelles des américains modernes. Certes nos cow-girls d'outre-Atlantique adorent le stupre mais s'obligent à croire qu'elles sont toutes revêtues des haillons pourpres de Babylone la prostituée. Arrière-fond de puritanisme protestant qu'aucune couche(rie) de peinture ne parvient à recouvrir intégralement. La crotte du péché revient toujours à la surface.

 

N'empêchent que des lyric comme ( j'ouvre le livre au hasard et je pioche ) :

 

Cast your pearl pen the pink fat night.

Comb ashes from the garden asylum,

the white cliff of ambition shedding.

Shoot baby shoot, powers can alter.

 

Jette tes perles dessine l'épaisse nuit rose

Peigne les cendres à l'asile du jardin,

Effeuille la blanche falaise de l'ambition

Tire, baby, tire, les puissances parfois varient

 

ça possède plus de gueule que Baby I love you, Baby you love me too !

 

Evidemment la traduction ne casse pas les manivelles, je l'ai même un peu remaniée, mais en anglais, ça claque autrement : admirez ce pearl pen the pink du premier vers, quel cadeau pour un chanteur qui sait cracher les mots ! Amis rockabs secouez vos plumes pleines de plomb, il y a du travail auquel s'atteler.

 

 

 

LOOK BOOKS

 

PATTI SMITH. TROIS. CHARLEVILLE. STATUES. CAHIER.

Actes Sud / Fondation Cartier pour l'Art Contemporain. Mars 2008.

patti smith04.jpgpatti smith05.jpgpatti smith06.jpg

Vendu lors de l'exposition Patti Smith de 2008 à la Fondation Cartier. In Paris. Ca pue un peu l'arnaque sous plastique. Trois livres, trois carnets réunis sous un semi étui de papier fin. Noir, gris, blanc. Le premier volume offre le récit du voyage que Patti effectua en 1973 à Charleville Mézières sur les traces de son idole charismatique Arthur Rimbaud. Un texte pas très long, version française et américaine relatant son périple peu palpitant – vous le retrouverez in extenso dans Just Kids, le tout agrémenté de quelques photos des lieux visités et de pages arrachées au carnet de voyage de la miss. For fans only. ( Ceux de Rimbaud ).

Tome 2 : des photos de statues prises encore par la miss aux quatre coins du monde. Ecrivains, monuments aux morts et arts religieux. Sympathiques mais pas essentiels. La photographie en tant qu'universel reportage du monde... For fans only. ( Ceux de Patti Smith ).

Tome 3 : quatre pages manuscrites de la miss, qui bonne âme vous avertit que la centaine qui restent tout en blanc sont pour vos épanchements solitaires. L'arnaque. ( Pour tous ).

 

 

 

URGENT, CA PRESSE !

 

ROCK'N'FOLK. N° 519. Novembre 2010.

Non on n'est pas devenu fou, on sait bien qu'on l'a déjà chroniqué la semaine dernière, mais l'on a aussi un rock folk 01.jpgpeu de suite dans les idées : c'est pas pour la photo de Patti Smith en couve, c'est parce que pour les fainéants et les petits lecteurs ils ont résumé l'essentiel de JUST KIDS en dix pages, dont cinq de photos grand format, ce qui diminue le pensum d'autant.

ANNONCE CONCERT

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08/12/2010

KR'TNT ! ¤ 30.

KR'TNT ! ¤ 30

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES !

LIVRAISON DU 09 / 12 / 2010

A ROCK LIT BLOG'N'ROLL

 

 

RAPPEL

Bandes : ¤ 5 ¤ 6 ¤ 17

Blues : ¤ 21

Concerts : ¤ 1 ¤ 2 ¤ 3 ¤ 9 ¤ 12 ¤ 17 ¤ 26 ¤ 28

Country : ¤ 22 ¤ 23

Disques : ¤ 25

Gene Vincent : ¤ 4 ¤ 7 ¤ 8 ¤ 10 ¤ 11 ¤ 13 ¤ 15 ¤ 18 ¤ 19 ¤ 27

French Rockab : ¤ 1 ¤ 2 ¤ 9 ¤ 25 ¤ 26

Films : ¤ 6 ¤ 21

Livres : ¤ 4 ¤ 5 ¤ 7 ¤ 8 ¤ 10 ¤ 11 ¤ 13 ¤ 14 ¤ 15 ¤ 17 ¤ 18 ¤ 19 ¤ 20 ¤ 22 ¤ 27 ¤ 29 ¤30

Pionniers : ¤ 20 ¤ 29 ¤ 30

Presse : ¤ 29 ¤ 30

Rock Anglais : ¤ 12 ¤ 14

Rock Français : ¤ 3 ¤ 16 ¤ 24 ¤ 28

 

 

DON'T FORGET ME !

 

J'ai entendu parler d'Eddie Cochran pour la première fois dans ma vie lors des passages de J'avais deux amis d'Eddy Mitchell à la radio. Il me fallut plus d'un an pour parvenir à mettre la main sur ses disques, coup de chance inespérée deux super 45 T avec C'MON EVERYBODY et BLUE SUEDE SHOES en une seule fois dans un grand magasin de Montpellier et me morfondre quinze jours avant de pouvoir les écouter sur mon tourne-disques. En attendant la fin des vacances au camping je reluquais dévotement les pochettes.

Je ne fus pas déçu de l'attente.

Il y avait à peine six ans qu'Eddie était parti au paradis mais ce que j'entendais semblait venir d'un autre monde, d'une autre époque. A quinze ans je n'étais pas trop vieux pour le rock'n'roll. J'étais déjà trop tard. Passé à côté de la légende. C'est dur d'être dépossédé de son royaume avant même que l'on sût qu'il avait existé quelque part sur cette planète. Pas très loin de nous. J'étais comme un soldat qui arrive après la bataille, quand la guerre est terminée.

Quelques mois plus tard, sur la banquette arrière de la voiture familiale qui fuyait la pluie j'étais couché sur mon transistor la tête collée sur le haut-parleur essayant de décoder la bouillie sonore infligé par la proximité craquelante d'un orage lorsque resplendit la fastueuse introduction de Bird Doggin'... A cet instant je compris que rien sur cette terre n'était irrémédiablement perdu et que les combats de survie sont annonciateurs des plus grandes renaissances. Je n'ai jamais oublié cette grande leçon donnée par Gene Vincent le frère d'armes d'Eddie Cochran. L'écriture de ce blogue s'inscrit dans cette continuité.

 

 

DON'T FORGET ME !

THE EDDIE COCHRAN STORY

 

JULIE MUNDY & DARREL HIGHAM

 

224 pp. BILLBOARD BOOKS. US. 2001.

 

( Pour Alain Couraud )

 

Je ne connais que peu de choses sur Julie Mundy par contre Darrel Higham, je pense qu'il est inutile de s'appesantir sur sa personne d'autant plus que nous parlerons de lui très bientôt dans notre compte-rendu du concert d'Imelda May au Blue Morning. Pour les néophytes et pour faire vite nous dirons que s'il est deux guitaristes qui ont le droit de se réclamer aujourd'hui d'Eddie Cochran, ils ont pour nom Brian Seltzer et Darrel Higham, ce dernier avec peut-être davantage d'authenticité sans que ce petit plus n'entame en rien la crédibilité du leader des Stray Cats.

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Don't forget me. Le titre est chargé d'émotion. C'est par cette formule que l'on n'a pas manqué de qualifier de prémonitoire qu'Eddie Cochran signait la plupart de ses autographes... Mais Julie Mundy et Darrel Higham se sont refusés toute once de pathos romantique. Leur livre parle très peu de la personne d'Eddie Cochran, le projecteur est mis sur le musicien et n'est jamais dirigé s sur la personnalité du guitariste. Ceux qui rechercheraient une analyse psychologique d'Eddie en seront pour leurs frais. Très symboliquement, alors que Darrel Higham a été reçu par la famille Cochran il ne se jamais fera fait allusion à une quelconque anecdote familiale des plus émouvantes sur l'enfance du chanteur. Un livre très anglo-saxon : facts, facts, facts, soyons pragmatiques, les faits avant tout, et rien que les faits, les dates, les noms, les titres, tout juste si l'on ne donne pas systématiquement les numéros de matrice de chaque morceau enregistré.

 

Le livre est constitué avant tout de témoignages de gens qui ont travaillé plutôt de près que de loin avec Eddie. Un sacré travailleur le petit Eddie. A partir de quatorze ans et nous prenons une limite haute, il n'a vécu que pour la guitare. Son but était de savoir jouer comme Jo Maphis. Heureusement pour nous il n'a pas réussi ce challenge qu'il s'était fixé. C'est que Jonny Maphis ce n'est pas le western string en personne mais le western strings à lui tout seul. C'est le S qui fait toute la différence, aussi à l'aise sur la guitare que sur la contrebasse, sur la mandoline qu'au violon, une espèce de virtuose fou qui vous aurait rejoué la neuvième de Beethoven sur un élastique tendu entre deux pieds de chaise si les présentateurs télé avaient eu l'idée de lui demander.

 

Cochran n'a jamais égalé cette virtuosité. Merle Haggar peut-être, mais Cochran lui l'a dépassée. Ce n'est pas qu'il est parvenu à jouer davantage de notes plus vite en moins de temps mais qu'au brio stérile de Maphis il a substitué une passion germinative. La guitare de Maphis se mord le manche comme le serpent qui sétonne de gober sa propre queue. Je donnerais la moitié de mon âme pour gratter avec la dextérité de Maphis mais le paradis entier pour plaquer trois sempiternels accords comme Eddie. En plus il me resterait l'enfer qui a tout de même la réputation d'être sacrément rock'n'roll.

 

Nous avons en France une vision a posteriori de Cochran, Summertimes blues, C'mon Everybody et Somethin'Else. Ca suffit à notre bonheur et il est immense. Darrel Higham nous dévoile la profondeur cachée de l'iceberg : tout ce qui est en amont de la vedette Cochran, le musicien qui passe des heures en studio, le guitariste de session recherché, l'expérimentateur écouté, le maître reconnu.

 

Les américains ne sont pas comme nous, ils ne croient point au génie solitaire surgi de sa campagne. Ces fils de l'émigration européenne ne jurent que par le travail d'équipe. Attention nous ne sommes pas dans un conte de fées, les règles de base sont simples, si tu peux le faire, fais-le mais n'oublie pas que tu nages dans un aquarium rempli de requins. A tous les étages. Nous avons des compositeurs, eux ils ont des sociétés d'édition qui ratissent large. Pas besoin d'être professeur d'université pour écrire un texte le serveur du bar d'à-côté peut faire l'affaire. S'il propose un morceau ( paroles et ou musique ) on lui signe un contrat. Ca ne coûte pas cher. L'on s'engage simplement à montrer la chanson à quelques artistes. Croisez les doigts pour être choisi, pour les royalties future je suis prêt à parier qu'il y avait toujours de gros frais annexes qui oblitéraient les versements intégraux.

 

Pareil pour les chanteurs. Pas question de les laisser diriger leur carrière à la guise. On leur crée des petits labels pour connaisseurs, esprits curieux et gens du métier, comme Crest ou Ekko, sur lesquels ils peuvent s'amuser ou se permettre toutes les innovations inimaginables, mais pour la carrière avec un grand C, va falloir négocier. Si Waronker le patron de Liberty ne s'en cache pas. Il a pas signé la belle gueule d'Eddie pour manager de la musique expérimentale. Notre jeune premier doit viser la bluette top ten pour adolescentes sages à qui une une belle voix suave sur mélodie mélancolique procure le facile bonheur de mouiller la culotte sans trop de danger. Les tiroirs caisse se remplissent aisément et les parents sont contents.

 

Les larmoyants I have lately told thant à love you ou les insipides Sittin'on the balcony ne sont pas le côté immortel de l'oeuvre cochranesque. Bien sûr c'est l'époque, bien sûr c'est Eddie, mais n'aurait-il pondu que des galettes de ce calibre-là, soyons honnête nous ne l'écouterions pas. L'industrie de disque américaine a fait tout ce qu'elle a pu pour édulcorer le rock'n'roll dès sa naissance. Pour Liberty Cochran, c'est le Presley de réserve, l'on attend que l'étoile du King pâlisse un peu pour le sortir du placard. Mais le Colonel joue avec un coup d'avance. A chaque nouvel enregistrement il verse un peu plus d'eau dans le bourbon cent pour cent pur malt que distillait son poulain aux écuries Sun. Liberty suit la danse. Comme par hasard après les réussites de Summertimes blues et de C'mon Everybody, la maison gardera dans le frigo les morceaux qui vont dans ce sens. Du rythme oui, mais du rock non.

 

Cochran mettra un certain temps à s'apercevoir de la manipulation. Son manager Jerry Capehart ne l'encourage guère à pousser l'analyse de la situation. Capehart est un homme redoutable car il est doué. Il a du répondant, du savoir-faire et des idées. Mais c'est un bourrin à courte-vue. Il ne vise pas plus loin que le prochain dollar qui va lui passer sous le nez. Si Cochran se rend en Angleterre c'est aussi pour lui signifier que leur collaboration doit prendre du mou.eddie cochran01.jpg

 

Mais avant de suivre Eddie en la perfide Albion, faisons un peu le point sur tout ce Cochran a réalisé. Non pas la quantité – qui est énorme – mais la qualité. Sous son aspect d'origine contôlée. Cochran c'est le rocker blanc par excellence. Il savait jouer le blues mieux que personne et beaucoup mieux que bien des noirs, le roi BB King le reconnaîtra lui-même. Il n'était pas du genre à cracher sur le jazz et regrettait de ne pas avoir eu de formation classique. L'on ne peut souhaiter plus large ouverture d'esprit. Pour ceux qui ne comprendraient pas, rappelons qu'Hendrix avait demandé à ce que l'on passe des disques d'Eddie Cochran sur sa tombe. Ce qui fut respecté.

 

Mais Cochran sort tout droit comme un champignon de son fumier de la tradition américaine. Son terroir c'est la country. Dans sa jeunesse – si l'on peut employer une telle expression pour une si brève existence – il accompagna sur scène Lefty Frizzell. Par quel miracle sut-il s'extraire de la gangue country pour ouvrir l'apocalyptique chemin de l'électricité tonnante, c'est cela le mystère Cochran. Comment fit-il pour pervertir l'idiome originel ?

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Dès l'âge de quinze ans avec son ami Chuck Foreman il a l'intuition de l'enregistrement par overdubbing appelé avec l'apparition du magnétophone à deux pistes puis la proximale multiplication ( 8, 12, 16, 32 pistes ) à devenir la règle de l'enregistrement rock...A tel point qu'aujourd'hui après l'infinitisation programmatique informatique nombre de groupes rock en recherche d'authenticité privilégient le direct live en studio. L'on se demande comment notre technicien de génie aurait évolué par la suite.

 

Un début de réponse ou d'interrogation nous est peut-être donné par la dernière tournée anglaise. L'on a tout dit sur cette épopée, dernièrement diverses manifestations hommagiales et reconstitutionnelles ont eu lieu en Angleterre et en France pour en fêter le cinquantenaire. Ce fut un triomphe et une tragédie. Par ce dernier terme je ne fais pas allusion au taxi final, mais à au ressenti des deux principaux protagonistes.

 

Eddie and Gene ne sentent pas à l'aise. L'Angleterre est loin du pays natal. Ce ne sont pas les kilomètres ou les miles qui comptent mais comparée à l'Angleterre qui ne s'est pas encore relevée de la deuxième guerre mondiale l'Amérique leur apparaît comme un pays de cocagne, un Eldorado de rêve, d'abondance et de liberté morale dont ils auraient été chassés par une sombre malédiction. En apparence ils viennent là en pays conquis prêcher la bonne parole à des foules enthousiastes qui ne demandent qu'à être convaincues. Mais dans le secret de leur coeur ils ont plus ou moins clairement conscience d'être des exilés. Qu'ils aillent séduire les jeunes anglais si cela leur chante, au moins la saine jeunesse américaine sera pendant ce temps protégée de leur satané virus.

 

Gene n'est pas au mieux de sa forme. Dépressif, alcoolique, en proie à de violentes colères paranoïaques il est une bombe atomique que le jeune Eddie surveille comme l'eau sur le feu. Ou l'alcool dans la bouteille. Car cet Eddie que tous les témoins américains nous présentent comme un jeune homme des plus respectueux a tendance à imiter Gene dans ses débordements. Lui qui se contentait les soirs de tournée de s'asseoir sur le lit au milieu d'un cercle attentif de jeunes filles admiratives afin de caresser non pas les corps nubiles et alanguies de ses supportrices énamourées mais les cordes de sa Gretch préférée, lui qui ne buvait jamais d'alcool fort se limitant à siroter quelques bières, lui qui ne prenait aucun produit, parfait son éducation avec ce voyou de Gene. A tel point que Darrell Higham et Julie Mundy n'évoquent jamais la demande en mariage qu'il aurait adressée à Sharon Sheeley. Ce qui semble corroborer les déclarations de Gene Vincent que nous avons traduites dans notre numéro 28.eddie cochran03.jpg

 

En Angleterre Eddie s'émancipe des studios. Etait-ce une crise passagère dû à l'éloignement familial ? Ou Eddie s'apprêtait-il à take a walk on the wild side définitive ? Avait-il compris que pour ne pas devenir un produit aseptisé et parkerisé à la sauce preleysienne il lui fallait prendre le contrepied de cette standardisation imminente et la tête de la rébellion rock'n'roll ? Aurait-il pour commencer élevé le ton et imposé la préparation d'un disque composé uniquement de morceaux instrumentaux ? La face du rock en aurait peut-être été bouleversée. Car contrairement à ce que produisirent les Shadows et consorts dans les années qui suivirent sa mort, Eddie ne visait ni le spectaculaire ni le tape-à-l'oeil et les futurs pionniers du britich blues n'auraient point eu à délaisser les racines rockabilly de leur musique afin de retrouver une rusticité sémencielle dans le blues originel. L'apport du premier rock'n'roll américain en aurait été mieux préservé et sa transmission aux générations présentes facilitée.

 

Eddie a emporté son futur dans la tombe. Son passage fulgurant en Europe n'aura pas été vain. Le terrain s'y prêtait, une première génération de musiciens, de chanteurs et de producteurs avaient déjà commencé le travail. Mais Eddie a aidé à mettre la musique en place. Comme le résume si bien Big Jim Sullivan, il ne leur pas appris à jouer le rock'n'roll, nos cousins les englishes avaient déjà leurs propres idées sur la chose, mais il leur enseigna ce qu'il ne fallait pas faire. En trois mois, les musicos d'outre-manche comprendront, exemple et explications à l'appui, ce qui en France nécessitera dix ans de longs tâtonnements dans le noir.

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Il y aurait encore beaucoup à dire sur Cochran, mais après Gene Vincent qui règne sur les trente premières livraisons de KR'TNT, Eddie entre en notre ligne de mire et nous avons encore pas mal de documents à explorer. Don't forget me n'est malheureusement pas traduit en français, courage à ceux qui baragouinent la langue de Keats du bout des lèvres, le style de Julie Mundy et Darrell Higham n'est pas très fournie en ces tournures idiomatiques impénétrables qui forment le fond de l'anglais moderne. Les structures grammaticales employées sont relativement ressemblantes à la construction des phrases françaises. Bref de quoi occuper vos longues soirées d'hiver neigeuses en attendant qu'une maison d'édition française fasse le pari de la commercialisation. Nous pensons à Camion noir par exemple.

 

Bouquin indispensable à tous les fans d'Eddie qui fourmillent de renseignements essentiels, notamment sur les Cochran Brothers. Il ne manque à notre goût en annexe qu'un tableau récapitulatif de tous les enregistrements studio effectués par Eddie pour son propre compte – ce qui est déjà à peu près connu - et celui des autres.

 

Peu d'émotion en premier plan, mais partout un respect absolu et scrupuleux du travail de l'artiste.

 

Damie Chad.

 

URGENT, CA PRESSE !

 

JUKEBOXE. N° 281. Mai 2010.

 

Désolé de reprendre JUKEBOX deux fois de suite dans cette chronique mais des magazines d'envergure nationale qui n'ont pas omis d'être fidèle au cinquantenaire de la disparition d'Eddie Cochran ils se comptent sur le seul doigt d'une seule main. Eddie fait la couve, mais à l'intérieur on aurait aimé davantage, cinq pages c'est un peu court. Même si c'est tassé au maximum. L'article, parfait pour une première approche quelque peu approfondie, n'apporte rien par rapport au DON'T FORGET ME de Darrel Higham, mais à l'impossible nul n'est tenu. Il y a tout de même la reprise in extenso du contenu du coffret Eddie Cochran THE ULTIMATE COLLECTION paru chez Family Bear en 2009. Beaucoup plus exaltant à zieuter que la disco du bouquin qui se contente de donner les titres des CD de raretés parus chez Rockstar Records !juke box01.jpg

En page centrale vous ne manquerez pas de visionner le fac-similé du numéro 18 ter du mois de Juin 1963 de DISCO REVUE consacré à Elvis Presley. Le plus intéressant c'est la rubrique Connaissance du Rock'n'roll qui annonce les nouveautés, par ordre alphabétique. Le Remember Me de Cochran et le Crazy beat de Gene Vincent, Elvis, Johnny, Cliff Richard, les Shadows, mais l'on sent que par ailleurs la variétoche monte... A feuilleter l'on se rend compte que DISCO REVUE n'est déjà plus en phase avec le rock'n'roll. Terrible à dire mais la revue a déjà un air passéiste qui se raccroche aux petites branches. Jean-Claude Berthon n'a pas su négocier le virage. Mais ne lui jetons pas la pierre. C'est tout le rock français qui à l'époque s'est viandé dans les décors. Ne s'est jamais véritablement remis de l'accident depuis.

 

ROCK'N'FOLK. N° 519. Novembre 2010.

 

L'on change de revue comme une passation de pouvoir. L'on reparlera une autre fois de la revue indétrônable du rock français même si elle n'a jamais vraiment fait la part belle au rock des pionniers, et peut-être encore moins au rock français... mais enfin ce coup-ci il y a ces cinq pages au long desquelles Dominique Blanc-Francard - mais oui, vous ne vous trompez pas le guitariste des Pingouins, à l'époque la banquise était déjà chaude – évoque sa longue carrière de producteur, Gong, Magma, Bill Wyman et des meilleurs... Le rock, tel qu'une génération se l'ait pris entre les dents et a essayé de faire avec. Pas toujours simple de survivre à une rockvolution culturelle sans se renier. Le parcours de Dominique Blanc-Francard est en même temps des plus lucides et des plus optimistes. A consulter et à méditer.rock folk 01.jpg

Décidément l'on est vernis dans ce numéro, Patrick et Steve Verbeke, père et fils page 27. Comment voulez-vous que je n'adore pas Patrick Verbeke ? Un homme qui décrète : « S'il y a un mec, un seul, qui ait fait du blues blanc, c'est Gene Vincent, le plus grand chanteur ayant vécu sur Terre. » ne peut pas être totalement mauvais. Même s'il rajoute tout de suite après «  Avec Paul Rodgers, bien sûr », sûr personne n'est parfait, mais Verbeke c'est un sacré coup de cisaille sur les blue-strings ! Une des plus grosses pointures du continent, comme disent les anglais.

Sinon, si le blues vous file le cafard rendez-vous à la page suivante – 28, pour ceux qui ne suivent pas - the Jim Jones Revue qui descend depuis deux ans les escaliers de l'urgence comme une escouade de malfrats décidés à faire une OPA sur l'Esquerita rock'n'roll. Des torrides, ils ont mis le feu à la maison. Si vous ne me croyez pas, achetez leur dernier disque et vous comprendrez. Surtout n'appelez pas les pompiers.

 

 

Look books

 

ROCK'NTAULES

PIERRE HANOT

Le Bord de l'Eau. 2005.

 

Désolé, mais il n'y a pas que Johnny Cash qui chante dans les prisons. Il y a aussi Pierre Hanot, qui se livre à ce genre de sport dans les étroites limites de notre hexagone. L'a rien contre the man in black, mais il serait un peu plus de la mouvance bleue style BB King à Sing Sing. L'a aussi un combo, le Parano Band ( tout un programme d'enfermement ), avec lequel durant des années l'a hurlé le blues électrique un peu partout où l'on voulait d'eux. Si vous voulez les entendre suffit de frapper ( pas trop fort, pour coups et blessures l'Etat vous héberge facilement par ces temps qui ne courent plus ) www.pierrehanot.com, vous pourrez comme cela vous faire, tout seul comme un grand, votre sale petite idée de l'étendue du désastre.rock'n'taules.jpg

En 1985, Pierre Hanot remplit dossier sur dossier, dans le secret espoir de jouer pour un copain en cabane. Un coup pour rien, le copain a préféré rester dans sa cellule. Mais de fil en aiguille, va se retrouver à jouer dans presque toutes les prisons françaises. Rock'n'taules raconte cette expérience... 170 concerts sur plus de dix ans en milieu carcéral.

L'on ne ressort pas indemne d'une telle vadrouille. Hanot ne pose pas au bon samaritain. Ces spectateurs ne sont pas des anges, trimballent tous des poisses plus lourdes que le riff de Saint James Infirmary. Se la cherche pas non plus à la Tintin chez les Picaduros, simplement un mec qui passe et qui pense. Le blues, le rock, vous aimez, vous aimez pas, prenez ce que vous voulez, mais les murs crasseux, les gardiens à la cervelle indigente, la bonne conscience de l'administration, la solitude, la souffrance, la violence, Pierre Hanot vous les dissèque au vitriol et vous les sert sur le plat. Froid comme la vengeance, froid comme un ressentiment de mort. Prison de la misère et misère de la prison.

A lire ce brûlot, l'on se dit que si les prisonniers s'enfuient rarement de leur prison, le blues en sort aussi sûrement qu'une corvée de digues au bon temps des grands débordements du Cryin' Mississipi, à part que l'on n'est pas dans le mythe américain mais dans la toquarde médiocrité franchoullarde. Pas de quoi être fier. Si la patrie des droits de l'homme est égale à somme de ses centres de détention et de rétention, vaut mieux s'exiler sur une île déserte. Mais même là, les portes du pénitencier bientôt vont se refermer sur nous tous.

Voilà, que je fais partie de la bande, je deviens parano.

 

Damie Chad.