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26/01/2012

KR'TNT ! ¤ 82. DOORS. PATRICK GEFFROY.

KR'TNT ! ¤ 82
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
 26 / 01 / 2012


OUVREZ LES PORTES !

JIM MORRISON

SAM BERNETT

Editions du rocher / Mai 2011 / 190 pp.

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    On y a déjà fait allusion dans notre première chronique de cette année, la soixante dix-neuvième pour être précis, puisque c'était Sam Bernett qui officiait du micro qu'il tendait obligeamment à Dick Rivers, mais ici il s'agit d'un tout autre personnage, d'une icône sacrée de la rock-music, de Jim Morrison. Bien entendu ce n'est point la transcription d'une interview mais plutôt ce que l'on pourrait appeler les mémoires d'un témoin-clef.

    Sam Bernett n'a côtoyé Jim Morrison que quelques mois, les plus importants serait-on tenté d'ajouter, assez stupidement puisque au crépuscule de sa courte vie James Douglas Morrison avait déjà commis l'essentiel, pour ne pas dire la totalité, des actes significatifs de sa brève existence. Oui mais voilà, on n'a pas l'habitude de voir de superbes rockers venir agoniser sur notre sol national. Même notre Vince Taylor chéri s'en est allé mourir en Suisse, ce pays de coffre-forts si peu rock'n'roll.

    Faut avouer que Morrison nous a gâtés. Non seulement il s'adonna de par chez nous à des frasques alcoolisées dignes de Gene Vincent mais il n'avait de cesse de proclamer haut et fort son amour immodéré pour cette France, terre des arts et des poètes, dont 99,9% de nos contemporains se contrefoutent allègrement... un homme qui vous couvre de louanges ne saurait être tout à fait mauvais. Enfin presque, parce que Sam Bernett ne se gêne pas pour écornifler quelque peu la statue dorée. Et attention, ne se contente pas de raconter les cinq derniers mois de l'idole bringue-ballante, c'est à une véritable contre-expertise qu'il se livre, du jour de son apparition en cette vallée de larmes à celui de sa disparition.

INDIVIDUAL SAS

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    Première fois que j'ai entendu les Doors c'était sur Radio Monte-Carlo, en 1967, un jeudi après-midi, à seize heures. C'était une émission hebdomadaire que je ne ratais jamais. Très courte, on y présentait seulement quatre titres. Sponsorisée par les Disques Vogue. Pas n'importe lesquels, les nouveautés venues tout droit des USA – peut-être de France aussi, mais je n'en ai gardé aucun souvenir. C'est là que j'ai eu la primeur de la révélation des Doors et du MC.5. Les Doors avaient été annoncés comme le groupe qui montait et qui jouait gratuitement sur les campus de Los Angeles. Fausse info d'époque ou intox, je n'ai jamais su, mais Break on through to the other side m'est tout de suite resté dans l'oreille.

    Pour la petite histoire, je n'ai jamais rencontré un fan de rock qui ait souvenance de cette séquence. Aurais-je été le seul auditeur !

OUVERTURE DES PORTES

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    Pas aussi enthousiaste que mézigue Sam Bernett quand il se penche sur le début des Doors. Autrement dit l'enfance de James Douglas Morrison. Car il ne faut pas être hypocrite, les Doors sans Morrison, c'est un peu comme l'omelette sans les oeufs. Cassés, comme il se doit.

    Un insupportable mouflet. Déjà tout petit il mérite toutes les baffes qu'il a prises plus toutes celles qu'il n'a pas reçues. Au lieu de profiler des porte-avions dans le détroit du Mékong pour   niquer le Vietnam sous des tapis de bombes au napalm, le père aurait mieux fait de rester à la maison pour catapulter  coups de pied au cul sur coups de pied au cul à l'insupportable gamin. Méchant, cruel, sadique, vicieux, tordu, plutôt enveloppé et mal dans sa peau, le mineau n'a rien pour plaire. Comme par malheur il ne s'est dévoué aucun pédophile pour le couper en morceaux après avoir atrocement assouvi sur son cadavre encore chaud ses pires instincts, nous ne pouvons dresser de statue à cet éventuel bienfaiteur de l'humanité qui ne s'est pas présenté.

    Pire, ne vous faites aucune illusion, l'enfant ne va pas s'améliorer en grandissant. Enfin un peu, mais uniquement côté physique. Va devenir un Adonis, un Apollon, beau comme un jeune dieu grec. Ce qui fera beaucoup pour l'image du groupe, mais qui ne sera pas sans occasionner des difficultés d'un autre type. Car Morrison c'est l'archétype de l'enfant à poser des  problèmes, de haut niveau, du type équation à deux mille trois cent vingt-sept degrés, que personne ne sera capable de résoudre. Lui d'abord, qui était tout de même le premier concerné.

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    Passons sur les instits et les profs qu'il emmerdera à plaisir. Viré systématiquement de tous les établissements scolaires. Un désastre ambulant. D'autant plus exaspérant, que la petite vipère lubrique est intelligente. Très. Trop. De ce type cognitif d'intellection qui vous permet de comprendre l'inanité de la condition humaine et l'hypocrisie de toutes les lois sociales, du premier coup d'oeil, avant même que l'on vous envoie en maternelle.

    Cet asocial né aurait pu finir en sexual serial killer, c'est d'ailleurs ainsi qu'il a terminé, même s'il n'a tué qu'une seule fois, car il tenait à ce que ses victimes aient du répondant et quand il en a enfin trouvé une, il s'est avéré que c'était lui-même, mais nous ne sommes pas encore à la fin de l'histoire et notre chérubin rencontrera tout de même quelques dérivatifs à ses morbides obsessions.

AMERICAN BOY

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    Dix ans avant Patti Smith, Morrison nous fait le coup du Rimbaud Warrior. En France, l'on adore : un gars qui reconnaît la suprématie de nos poëtes nationaux mérite notre estime et le titre de compagnon de route. Morrison l'intello, Morrison le cultureux, Morrison le plus européen de tous les chanteurs de rock. Par ici, on aime. A part que Morrison il se nourrit exclusivement des mythes américains. Les indiens victimes d'un accident de la route dont les esprits entrent dans son corps, et la fascination pour les crotales du désert de la mort. Ne possède pas toutes les clefs, les rituels n'étaient pas au point, l'on a l'impression que le maître chaman s'est fait chamaniser par les forces qu'il a tentées de maîtriser.

    Fiasco sur toute la ligne. A part que tout ce grouillement de bestioles féroces et de fantômes non homologués dans son cerveau vont jouer à l'oracle de Delphes. Morrison se retrouve poëte, ce ne sont ni les muses ni les anges qui l'inspirent, mais les démons caïmanesques issus du marécage purulent de ses cauchemars  qui soufflent sur l'âtre horrifique de son imagination pervertie. 

AMERICAN ROCK

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    Se complaît dans son marasme. Lorsque Manzarek lui propose de se joindre à son groupe, ce n'est pas pour chanter mais pour mettre de la musique sur ses textes. L'expérience tournera mal. Morrison se révèle être un super chanteur. Belle gueule, belle voix, charisme fou et attrait sexuel garanti. Que demander de plus ? Durant deux ans, ce sera la belle vie, la baise, les concerts dans les clubs, l'alcool et la drogue à gogo. Rock'n'roll is back again in america !

    C'est après que la machine dérape. Etape suivante, transformer l'essai, enregistrer un disque. Chez Elektra, une major. Le jeu change de dimension. Démesure totalement américaine. Morrison a décollé l'avion, maintenant que l'appareil est lancé, il fout le pilotage automatique et retourne s'amuser avec les passagers... Ses trois autres acolytes surveillent l'altimètre des millions de dollars qui monte, monte, monte...

    Et nous ici, on reçoit les Doors sur le coin de la figure. A proprement parler, rien de surprenant. Ne sont guère plus avancés que les Animals. Même que leur orgue à arrangements ultra-schiadés qui puent le classique n'est pas aussi rentre dedans que cela. Oui, mais il y a ce qui a toujours fait la différence entre le rock américain et le rock anglais. Une voix. Somptueuse. Et originale. Morrison adorait Presley, l'a beaucoup écouté mais ça ne s'entend pas, il chante comme Morrison.

    Velours et maëlstrom. Tempête et suavité. Trois mots et déjà un climat s'impose. Rarement tempéré. Carrément paradisiaque et franchement infernal. Rien au milieu. Non pas un chant, mais un récitatif. Le texte s'impose avant même qu'on ne le comprenne. Les traductions arriveront très vite. Bien avant celles de Dylan. Sans parler des exégèses.

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    Morrison commence par la fin. The end, le chant crépusculaire de l'Occident. L'aurait pu arrêter là, l'on savait déjà comment l'histoire allait se terminer. Mal. Terminus létal. Tout le monde descend au cimetière. Les survivants sont priés de composter un second ticket. Tuer son père, violer sa mère. Un programme d'éclate adolescent sans partage. Aujourd'hui qui pourrait se permettre de balancer un tel mot d'ordre à la face du système ? Times are changin' comme dirait l'autre, mais pas dans le bon sens. Le couteau du rock est émoussé. Malgré tous ces clones pathétiques qui n'arrêtent pas de se faire mousser.

    We want the world and we want it, now ! Autre exigence que les promesses des politiciens. Mais la profession de foi était cyniquement intitulée : When the music is over. Circulez le spectacle est fini. Plus rien à voir. Et encore moins à entendre. Sur scène le groupe explose. Morrison excite la foule mais ne contrôle rien. C'est la folie totale. Des moments de chuintements mystiques qui vous filent un frisson d'extase et des sautes d'ouragan qui détruisent tout. La chienlit et le capharnaüm. Ce les Pistols n'ont jamais réussi à atteindre vraiment.

    Morrison en fait trop. Derrière le groupe essaie de le raisonner. Peine perdue. Ils freinent des quatre fers mais la herse policière traîtreusement arrêtée causera l'embardée finale. Pour avoir trop chopiné à Los Angeles avec Gene Vincent qui a dû lui raconter comment pourchassé par l'ordre moral il a dû partir pour London avec Eddie Cochran, Morrison comprend qu'il est temps d'emprunter l'issue de secours. Exit vers la France. C'est toujours mieux que dix ans de prison... 

    Il n'y aura pas de retour. Nous nous contenterons de son évocation mythique dans la Célébration du Lézard. C'est le testament du poëte. Peut toujours prétendre qu'il peut tout faire. Dans la Littérature tout est possible. Mais dans la réalité he can do nothing.

AMERICAN POET

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    C'est un fuyard qui arrive à Paris. Ne veut plus entendre parler de groupe de rock. Désormais il sera ce qu'il a toujours prétendu être : un poëte. Il a joué le jeu et il a perdu. A vingt-sept ans il n'est plus qu'un alcoolo, obèse, impuissant, déglingué, et paumé, ressemble à une cloche, celle qui annonce le naufrage sur le Titanic. N'a rien perdu de ses tics de gosse, provoque sans arrêt et rembarre tous ceux qui l'écoutent les yeux exorbités de naïve admiration, comme les inconnus qu'il amadoue d'abord par une fausse gentillesse.

    C'est en ses derniers mois que le rencontre Sam Bernett qui officie au Rock'n'roll Circus. Nous ne retiendrons que ces conversations passionnées et fortement alcoolisées avec Johnny Hallyday. Qui ne s'en est vraiment jamais vanté.

    Morrison va nous refaire le coup d'Elvis. Crever dans les gogues. Tirez la chasse, plus rien à voir. D'une piqûre d'héroïne trop pure. La suite tient de cette notion du grotesque si chère à ce vénérable corbeau du malheur prophétisé que fut Edgar Allan Poe. Transport du cadavre dans la baignoire. Un tandis que j'agonise à la Faulkner puissance dix.

AMERICAN GIRL

    Dès qu'il y a meurtre il faut chercher la femme. Pas difficile. S'appelle Pamela Courson. Vous la trouverez facilement, son urne funéraire est au cimetière de Santa-Fé. Morte d'overdose. Le sachet d'héro que Jim, ce gros naïf, a goûté dans les toilettes du Rock'n'roll Circus lui était destiné. Encore plus rock'n'roll que Jim, Pamela. Belle et nymphomane, couchait avec Jim par intermittences, ne pouvait décrocher de ses dealers préférés. Mais se sont aimés tous les deux, jusqu'au bout. Une histoire à la Roméo et Juliette, mais les Capulet et les Montaigu étaient uniquement dans leur propres têtes. Ils avaient tout pour être heureux  - comme le barjotent les blaireaux - mais ils ont préféré être rock'n'roll. N'ont-ils pas eu raison ?

AMERICAN POET

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    Ce n'est que tardivement que l'on apposa une pierre sur la tombe de James Douglas Morrison au Père Lachaise. Peut-être pour l'empêcher de ressortir, mais y est-il seulement entré ? S'il en est un que les vers n'ont pas mangé c'est bien Jim Morrison. Ses vers nous l'ont conservé. Ses poèmes psalmodiés chantent toujours à notre oreille. Intérieure, celle qu'il ouvre sur un merveilleux pays de l'autre côté du miroir déformant de notre réalité.

    Certes il a ouvert la porte et franchi le seuil. L'embêtant c'est qu'il l'a refermée derrière lui et que depuis nous n'avons plus la clef. Celle du mystère de sa présence, qu'il a emportée avec lui.

                                        Damie Chad.


ROCK & FOLK. N° 534.
Février 2012.

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    Je n'avais pas terminé cette chronique que vendredi soir je tombe sur le dernier numéro de R & F ! La couverture aux couleurs de la pochette du dernier des disques des Doors me ravit. N'ont pas mégoté à la rédac, ils ont rappelé d'office Philippe Garnier l'émissaire de la revue aux States dans les années 70 et interview de Manzarek et Densmore.

    Que voulez-vous, il faut survivre et un petit million de dollars par ci ou par là ne sont pas à négliger. Si vous voulez mon avis personnel, avant de clamser Morrison auraient dû éliminer ses trois acolytes. L'on aurait pleuré une bonne fois pour toute et l'on serait passé à autre chose. Tandis que là l'on est obligé de ressortir les mouchoirs. De désespérance.

    Déjà l'on avait ri jaune lorsque le patron d'un hard-rock café parisien avait été obligé de jeter à la poubelle la décoration de son établissement qu'en amateur transi il avait composée à partir d'images de Jim Morrison et des Doors. Les avocats de ces derniers ont fait savoir que leurs clients ne voulaient pas  que le nom de leur groupe soit associé à l'idée de l'alcool... Pauvre Morrison qui en en sa courte existence aura enfilé à lui tout seul davantage d'hectolitres que n'en consommeront dans les dix prochaines années l'ensemble de la clientèle, l'a dû se retourner dans son tonneau...

    L'on compatit, sûr que la disparition de Jim les a traumatisés. Other Voices et  Full Circle qu'ils se sont dépêchés d'enchaîner malgré les critiques sympathiques de la presse rock de l'époque n'ont pas convaincu les fans... Le film d'Oliver Stone en 1991 a relancé l'intérêt... en  2002 les Doors se reforment sans Densmore avec Ian Asbury au chant... sordides procès entre les parentèles et le couple Manzarek / Kriegger et Densmore... tout cela au nom de Jim bien sûr...

    L'on a eu les 20 ans de Nevermind de Nirvana, voici donc les 40 ans de L.A. Woman des Doors... Avec les titres bonus et tout le bataclan... les chacals se nourrissent de cadavres...

                                        Damie Chad.


JIM MORRISON LU PAR PATRICK GEFFROY, POCKET TRUMPET

Une fois n'est pas coutume. Nous rajoutons un peu de son sur notre KR'TNT. D'habitude nous ne le faisons pas car nous pensons que nos lecteurs intéressés par une quelconque évocation d'artiste sont assez grands pour aller par eux-mêmes farfouiller sur You Tube et autres pourvoyeurs.

Mais ici, il s'agit d'un ami qui nous lit The Celebration of the Lizard, en français, avec un accompagnement de trompette. Evidemment, ça sonne un peu jazz, comme quoi nul n'est parfait. Mais l'ensemble a du souffle et mérite... ah ! Tension !

19/01/2012

KR'TNT ! ¤ 81. DAN GIRAUD.RAFAEL PRADAL.

 KR'TNT ! ¤ 81
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
 19 / 01 / 2012

LE BLUES DU POËTE

DAN GIRAUD

    Ah ! Vous croyiez que je ne vous avais pas vu venir dans vos creepers mauves ! Vous pensiez être en pays conquis ! Vous auriez pu rajouter au minimum vingt-sept mille deux cent quatre-vingt trois détails de plus à la dernière chronique sur Elvis Presley. Mais là, motus et bouche cousue ! Vous ne soufflez pas un mot sur Dan Giraud ! Inconnu au bataillon des rockers certifiés ! Pourtant, moi déjà en 1972, il m'enjoignait par lettre de monter avec lui à Paris pour assister à un concert de Jerry Lee Lewis...


    Bon, je reconnais qu'il faut le classer dans la catégorie des bluesmen, mais enfin le lecteur assidu de KR'TNT devrait se souvenir qu'il n'est pas un parfait inconnu puisqu'il est un auteur maison vu qu'il a signé dans notre troisième livraison du 05 novembre 2009 l'article souvenir souvenir dans lequel il relatait un des tout premiers concerts de Johnny Hallyday, à l'Alcazar de Marseille... L'avait douze ans à l'époque et depuis le bonhomme a fait du chemin...


    Du chemin j'en avais arpenté quelque peu moi aussi pour le rencontrer in person – je parle de Dan Giraud, pas de Johnny – y avait un moment que j'avais abandonné la voiture au bout de la piste – comme dit Giraud, non pas Dan, mais l'autre, Jean l'immortel créateur de Blueberry – sur les derniers mètres carrés goudronnés du Saintgironnais. Comme tout bon rocker français qui se respecte, la géographie et vous ça fait deux, alors je vous explique.


    Le Saintgironnais, c'est loin, très loin. Au fond de l'Ariège. Regardez sur une carte et ne m'interrompez pas. Hippieland ou Babaland, quand vous trouvez ces deux appellations incontrôlées, vous y êtes. Bref, c'est paumé, perdu, au bout de la France, et en 1970 avec la mise à mort des l'industrie de l'habillement et la désertification des campagne, c'était peuplé de fermes abandonnées qui menaçaient de tomber en ruines. C'était l'époque des routards, de la manche à t'as-pas-cent-balle, des french freaks rejetés de partout pour leurs cheveux longs et le manche de guitare qui dépassait de leur sac-à-dos. Comme on ne les voulait nulle-part z'ont bien fini par s'arrêter aux pieds des montagnes pyrénéennes, dans les dernières vallées habitables. De toutes les manières c'était le point non-retour du cul du monde. Se sont installés comme ils ont pu, ont loué ou squatté des granges dont personne ne voulaient plus, ont planté des tomates, vendu du fromage de chèvres sur les marchés, se sont lancés dans la production biologique mais intensive d'herbe à Mari-Jeanne, ont élevé des teepees et construit des yourtes. Bref ces satanés suceurs d'aides sociales et de shillums, ont fini par survivre... Z'ont fait des fêtes monstrueuses, copulé comme des fous à tel point que leur progéniture a empêché la fermeture des collèges locaux, bref à eux tout seuls ils ont redynamisé le tissu économique et social... Aujourd'hui ils font partie du paysage, et puisque nous sommes dans un blogue rock'n'roll qui se veut politiquement correct vous perdrez l'habitude de les désigner par les gentilles épithètes du début qui leur furent allouées par les autochtones, du genre « ramassis de l'humanité » ou « dégénérés de leur race » pour les qualifier uniquement par l'AOC sociologique de « néo-ruraux » nouvellement en vigueur...


    Mais revenons à nos moutons. C'est le cas de dire puisque faute de routes et de chemins nous traversions les herbeuses prairies de moyenne Ariège pour nous rendre chez Dan Giraud. Une herbe grasse , pas bleue comme celle que broutent les long-horns du Kentucky, mais verte comme celle que paissait en paix le troupeau que manifestement nous dérangions. La copine n'appréciait pas, mais alors pas du tout, la pression constante des trente béliers sur le galbe  parfaitement  rebondi – je le confesse - de son postérieur. Avec les deux cents bêtes derrière qui poussaient, la situation devenait, sinon critique, du moins inquiétante.


    C'est mon chien, minuscule coton de Tuléar et ronfleur patenté de canapés, qui contre toute attente sauva la situation. Pris d'une inspiration subite, avec trois jappements et un subtil mouvement tournant des mieux étudiés, il regroupa en un cercle parfait et en trente secondes la horde vindicative des animaux en colère à l'autre bout du champ comme s'il avait été  un Birdy Colley au travail depuis vingt ans sur les alpages ! Ô mon Zeus sauveur, encore merci et que la terre qui te recouvre te demeure éternellement légère !
    Quelques instants plus tard nous débarquions chez Daniel Giraud.

DAN GIRAUD


    Ceci passait il y a une petite quinzaine d'années. Daniel Giraud était déjà bien connu, des Renseignements Généraux comme des cercles très fermés de la littérature underground. Avait commencé par une revue au titre qui fleurait bon  son Mai 68, Révolution Intérieure. Le premier terme explique pourquoi l'on tenait à l'oeil ce ferment d'anarchie...


    Un inclassable ce Daniel Giraud, passait son temps à arpenter la montagne avec son ampli et sa guitare. Trouvait toujours une prise compatissante où se brancher pour bazarder des textes bizarres. Un philosophe, qui se réclamait du non-être à tout bout de champ, tout en assurant une forte présence dans l'ici et maintenant de l'actualité la plus brûlante. Un infatigable marcheur, dans le monde et dans sa tête. Un adepte du là où il y a du zen, il y a du plaisir. Toujours prêt à critiquer et jamais pris à marcher dans la combine des coups fourrés des systèmes. Qu'ils soient philosophiques ou politiques.

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    Spécialiste des sciences douteuses. Un champion de l'astrologie. Inutile de lui écrire pour qu'il vous prédise votre avenir. Il est l'amant de Lilith, celle qui miaule sur les toits brûlants de pleine lune noire, et non un quelconque traceur d'horoscopes. Si vous ne voyez pas ce que je veux dire, n'insistez pas, vous n'êtes pas taillés pour vous battre avec le grand scorpion sacré. Ou alors procurez-vous quelques ouvrages d'astronomie, manière de réviser les bases mathématiques du symbolisme du néant.


    Si vous ne le sentez pas, vous trouverez plus simple dans l'oeuvre écrite de Dan ( près de deux cents brochures et livres divers ). Prenez par exemple le sinologue qui dort en vous. Giraud a sacrément réveillé le sien. S'est acheté trois dictionnaires et a commencé à traduire toute une kyrielle de poètes chinois des siècles précédents. Pour un gars qui n'avait jusqu'alors vu des caractères chinois que sur les paquets de thé qu'il récupérait dans les grandes surfaces, l'est devenu l'un des traducteurs les plus estimés de notre douce France.

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    De la Révolution Intérieure dans les années 90, il est passé au Millefeuille, déjà plus appétissant. Non ce n'est pas un livre de cuisine mais une revue à feuillets multiples qui faisaient le point sur tous les évènements culturels – mais de cette culture non officielle qui fait si peur à nos dirigeants ( droit dans le mur ) - du Saintgironnais. Un truc qui avait plus d'affinité avec le Never Mind The Bollocks des Pistols qu'avec l'agenda autorisé du ministère de l'Education Nationale livré sans  ajout d'OGM  rock'n'roll.


    Mais du penseur breveté du vide conceptuel de toute matière, passons au poëte. On ne le classe pas avec Pélieu dans la beat-generation française, on ne sait pourquoi. Peut-être parce qu'il est inclassable. Perpétuellement on the road, et ses ouvrages qui racontent ses errances et ses voyages – même si l'oeuvre forme un tout organique difficilement tronçonnable – sont ceux qui permettent une approche des plus aisées. La joie du chemin qui fuit devant, empli de mille promesses, et les surprises de chaque étape baignées de désespoir.

BLUES NEVER DIES

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    Du désespoir au blues, la route est toute tracée. Entre septembre et décembre 2000 Dan Giraud enregistre deux CD, intitulés « Le Cri du Chant » pour le premier et capté «  Live » à l'Alto Café pour le second. Attention dans les deux cas, le Studio Mobile des Rolling Stones n'avait pu se libérer. C'est du brut, sans décoffrage. C'est enregistré dans les hauteurs pyrénéennes mais la qualité vaut celle des premiers disques du Delta. Avec en prime des accents cajuns sur quelques titres.


    Pas de prod, de l'authenticité rude, sans écho ou traficage, on the roots again. La voix, l'harmonica, et la guitare. Plus le pied qui tape en guise de contre-point. Beaucoup de classiques sur le Live, en langue originale, mais l'accent de Giraud vous dispense de toute licence d'anglais. Ne souffle pas non plus comme Sonny Boy et ne gratte pas comme Robert Johnson. Mais on s'en fout. Quelques solos sont à réécouter et l'esprit du blues est là. Se débrouille plutôt bien, emporte le morceau. Pas de sucre. Plutôt du cyanure en poudre, car  flirte pas avec la naïveté Dan lorsqu'il nous donne sa vision du monde. Ca ne nous empêche pas de rire souvent, mais de l'humour noir. Pardon de l'humeur blues.


        «  Le temps qui ne passe pas nous reste en travers »

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    C'est la voix qui emporte tout. Elle colle au texte, comme la mort à la vie. Giraud n'interprète pas. Il est le tourment et la tourmente de ce qu'il profère. Pas même l'épaisseur d'un feuillet de cigarette entre le souffle de l'harmonica et les paroles qui se posent entre les notes. Il ne chante pas, il dit, il dicte, il raconte, il explique et explicite, mais le rythme est sempiternel, comme un toucher de tambourin qui refuserait de s'arrêter, comme le coeur qui joue avec nous à la systole terminus.


    Le Cri du Chant serait plus poétique. C'est le genre d'exercice auquel s'amuse Giraud lorsqu'il est invité dans les rencontres de poètes. Arrive dans ses jeans et ses bottes, la guitare à la main. Ne lit pas ses textes. Fini le ron-ron des mots qui se ressemblent comme des cadavres jetés par les croque-morts de service de la poésie officielle à un public coincé du cul. Avec Dan, ça swingue méchant. Me souviendrai toujours de ce bar de Lodève où Giraud devait donner une lecture ses poèmes dans le cadre du Festival des Voix de la Méditerranée. De bon matin, peu après neuf heures, tout le monde barbotait dans son chocolat entre deux croissants, et le grand Dan qui commence à psalmodier son Ode à l'être. Un truc cynique à foutre le cafard à Heidegger en personne.

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    Les vers coup de poing ça vous réveille encore plus que le verre à café du condamné à vivre une longue journée de plus. Même les touristes anglaises qui n'entravaient que couic sont restées jusqu'à la fin subjuguées par le rythme lancinant de la mélopée et les démarrages en côte de la voix qui s'envolait en des retombées sardoniques. J'y suis, j'y crève, j'y reste,  qu'il avait l'air de vouloir dire et tout le monde scotché comme des bouteilles de whisky sur leur étagère.


    Un blues français. A peine croyable. Déjà que notre rock kitch est un équilibre instable, voici que Dan Giraud nous montre le chemin. Celui de l'impasse à éviter. Car l'imiter c'est limité. Casse-gueule et casse-pipe. En plus sur son second disque plus de la moitié des titres sont des reprises. Du lourd. Good Morning Little schoolgirl, Hootchie Cootchie Man, Baby please don't go, par exemple. En plein dans les racines. Connaît ses classiques. L'a même fricoté avec Mickey Baker – les photos sont sur Roll Call, pour les curieux. Oui au fin-fond de l'Ariège. Preuve qu'entre notre livraison sur Ronnie Bird et cette évocation de Dan, il y aurait comme un fil rouge de la note bleue, de la note rock.

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    N'en tire aucune gloire le Dan. Si vous voulez ses disques, vous aurez du mal dans le commerce. N'est pas un fana de la distribution capitalistique. Faudra faire l'effort d'écrire. Je suis sympa, je refile l'adresse : Daniel Giraud / La Ruère / 09 140 Sentenac d'Oust. Allez, ouste à vos commandes ! A moins que vous n'ayez la chance de tomber sur lui au détour d'un chemin agreste. Encore qu'il n'est pas du genre à se trimballer avec trente CD dans son étui. Par contre vous volera pas sur le contenu, près d'une heure de musique. Un packaging qui fleure bon l'artisanat. Un disque de résistance, que l'on se passe de main à la main. Du politique-blues en quelque sorte. Le contraire d'un produit calibré. Ce que devrait être le rock s'il n'avait pas perdu son âme chez les majors et les faux indépendants. Chante de la musique du pays des cow-boys, Dan, mais il pratique la guerre indienne.

AUTRES MUSIQUES


    Ca vient de sortir. Tout chaud des presses de l'Imprimerie du 34 – très liée dans les années 70 à la mouvance antifranquiste du Mil - pour le compte des Editions Libertaires. Le premier roman de Daniel Giraud. « Les Buveurs de sang ». Du bleu du blues l'on repasse au rouge hémoglobinique. Roman historique, sous-titré « Les Insoumis en Ariège sous Napoléon Ier ». Je ne vais pas vous dire que c'est très bon, reçu de ce matin pas encore eu le temps de me le mettre sous l'oeil.  Mais si vous êtes un tant soit peu finaud vous saisissez pourquoi notre natif de Marseille s'en est venu vivre en Ariège.

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    Un département d'insoumis. Surtout dans le Couserans - autre nom du Saintgironnais – première république de France aux alentours de l'an mille. A deux pas de Montségur, le dernier nid d'aigle de la résistance cathare. C'est une terre d'hérésiarques. De fortes têtes. Toute similitude avec les gratteurs du delta - qui préféraient échapper au ramassage faiblement rémunéré du coton et traîner de juke-joint en juke-joint, à boire de l'alcool, à fricoter avec les femmes des autres, et à chanter le blues toute la nuit - ne sera pas due à un hasard indépendant de notre volonté.


    A lire la quatrième de couverture, quatre-vingt dix-huit pour cent d'insoumis en Ariège  qui refusent de participer à la conscription et aux guerres napoléoniennes. Fallait sûrement un certain courage, le même que celui des noirs essayant d'échapper au filet des policiers qui détestaient cette hémorragie des travailleurs des plantations vers les lieux de la perdition blues. Le même esprit de révolte. De désir d'indépendance et de lucidité fractale que l'on retrouve chez Dan Giraud.
    Un homme debout. Chanteur de blues ariégeois. Qui a compris que l'important c'est de passer entre les barreaux de la cage de l'existence volée et de vivre en insoumis de la vie. Un roc(k) qui ne roule que pour lui-même.
    Tant pis pour vous. Tant mieux pour lui.

                                Damie Chad.


CONCERT RAFAEL PRADAL.
13 / 01 / 2012 . LE TRITON. PARIS.


    Es un amigo. Depuis deux ans lui répète qu'il devrait écouter Jerry Lee Lewis... Remarquez, l'en n'a pas besoin. Est déjà virtuose à vingt-trois ans. Autant le dire pour les aficionados de KR'TNT, Rafael Pradal, son truc ce n'est pas le rockabilly, mais le flamenco. Ce qui change tout.


    Ce n'est pas tout à fait de sa faute. Une mère gitane, un père musicien, compositeur et chanteur, l'est tombé dedans tout petit, avant de savoir lire. D'ailleurs il joue d'instinct, suffit de le poser devant un clavier et tout de suite c'est la cavalcade. C'est simple il n'arrive pas à rattraper ses doigts qui cavalent sur les touches. Comme du classique, mais sans le frein, les poses et le retour.

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    L'a déjà beaucoup joué sur scène, avec son père et diverses figures du flamenc nationales et ibériques, mais en accompagnateur. Ce soir, c'est son premier concert, en vedette. N'ayez pas peur, n'a pas la grosse tête, n'accapare tous les instants. N'est pas venu tout seul, mais avec un batteur, un guitariste et un danseur. Plus on est de fous...
    Commence tout seul. Vous vous penchez pour vérifiez que ce n'est pas une machine ou une bande en accéléré qui joue à sa place, non, ce sont bien ses mains à lui qui caracolent. Déjà fini ! Le trio prend place. Première surprise Edouard Coquard, le batteur, sonne jazz, pas toujours, mais de forts effluves tout de même. Serions-nous au-delà de la tradition ? Seuls les puristes s'en plaindront. De toutes les manières el cantaor Cristo Cortes nous remet vite dans les rails. L'Espagne entière  descend dans l'arène. Pas de micro, mais un voix qui vous râpe les amygdales et vous ramone l'oesophage. Méfiez-vous du petit au milieu Kuky Santiago qui attend son tour. Le voici qui se lève et s'en vient affronter le taureau de la danse.


    L'autre qui gueule en langue cervantienne « je n'ai pas de père je n'ai pas de mère » et lui qui vous allonge un sourire de cheval qui vient de se faire encorner et qui se lance dans une démonstration de tacones à vous couper le souffle. Droit comme I et ça crépite de partout comme une mitraillette  qui sulfate le plancher. Tape des mains et des pieds. Les doigts aussi durs qu'un gourdin, et les orteils qui sonnent le tocsin à la pendule de la mort. Avec derrière Rafael Pradal qui alimente la locomotive à coups de notes qui filent comme des étoiles.


    L'en rate pas une derrière son outil séminal. Touche pas les touches, les survole. Genre de mec qui jette de l'essence sur le feu. Chacun sur le devant de la scène s'en vient faire sa faena. L'un après l'autre, à deux, à trois, tous ensemble. Le public crie et tape des mains. Bonjour Brésil, le café de la bossa surnage un instant avant d'être englouti dans un maelstrom de boucan invraisemblable. Ca claque et ça trépigne, ça rue et ça tressaute, Rafael enfile les arpèges, peaufine les blanches et lustre les moricaudes, pendant que de l'autre côté le chanteur glapit comme si vous lui arrachez la peau, et le dancing-man, el bailaor, qui tape des pieds comme un gosse qui fait un caprice.


    Salves d'applaudissements. C'est déjà la fin. Non juste le commencement, Rafael Pradal balbutie quelques remerciements et demande aux amateurs de monter sur scène. C'est à croire que la moitié de l'Espagne s'est donnée rendez-vous car ils sont une dizaine à investir la plateforme. Il y a même un oncle guitariste qui gratte comme un fou car ce soir il est sûr qu'on va l'achever la mama fiesta. Je ne vous parle pas du déménagement, tapent tous dans les mains et chacun s'en vient faire son numéro, et que je chante, et que je danse, et que je me pavane, et que je pète un solo, et que j'exalte le public qui pousse des olé d'encouragement. Le grand charivari. Sans compter la guitare folle qui ne s'arrête jamais.


    Rafael Pradal a réussi son pari. Une belle fête flamenca pour son premier concert.   De ce flamenco moderne qui revisite la tradition pour mieux la faire perdurer. Vous savez pour les puristes tatillons un piano dans un quadrille de flamenco c'est aussi incongru qu'une Télécaster dans la Neuvième de Beethoven ! Mais avec le farfadet – el fabuloso duende como se dicen detras los Pirineos - qui n'a pas quitté le clavier de toute la soirée, pas de bile à se faire, les rafales folles de Rafael Pradal ouvrent un chemin qui n'est pas prêt de se refermer.


    Justement à ce sujet, si nous ajoutions notre grain de sel rockabilesque nous conseillerons qu'un peu de Tex-Mex - de Ritchie Valens à Mink de Ville l'éventail est grand – avec un soupçon de regard sur la manière dont les Cramps pimentaient leur tequila sunrise –   donneraient naissance à un somptueux psycho-flamenc.
                                    Damie Chad

FAMILLE PRADAL ( BIS ) :

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    Je n'ai pas parlé de la Paloma – elle nous a fait l'aumône d'un petit pas de danse et d'un demi-refrain en plein milieu du final – mais Paloma Pradal, la jeune soeur de Rafael - retenez ce nom, c'est la future Imelda May du chant flamenco, alors tendez l'oreille.
                                    Damie Chad.
    
     
 

12/01/2012

KR'TNT ! ¤ 80. ELVIS PRESLEY.

KR'TNT ! ¤ 80
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
 12 / 01 / 2012

( Elvis au pays des Merveilles )

LE MONDE D'ELVIS

JANE & MICHAËL STERN

210 p. 2002 / RAMSAY

 

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    Attention il s'agit d'une réédition de 2002, le livre est sorti pour la première fois en France en 1987. L'aurais-je acheté s'il n'avait été indiqué sur la couverture, en plus gros caractères que la police dévolue aux noms des auteurs américains, Texte français de François Jouffa ?  Je ne crois pas, car la mention en impose. Le lecteur ignorant de François Jouffa est prié incontinent de se rapporter à notre quarante-deuxième livraison du 02 mars 2010 consacré à L'âge d'or du Rock'n'roll écrit en collaboration avec Jacques Barsamian. Il existe une telle littérature autour d'Elvis qu'il vaut mieux se méfier, mais comme une admiratrice ( encore une autre ! ) s'est proposée de me l'offrir je n'ai pas su résister !

    Jane et Mickaël Stern ne sont pas des inconnus aux USA. Ils sont avant tout célèbres pour leurs livres... de cuisine ! Se sont fait la spécialité de sillonner les Etats-Unis dans tous les sens et de s'arrêter au moindre restaurant qui affichait son menu au bord de la route. Ont poussé la conscience professionnelle jusqu'à déguster douze fois par jour une modeste collation... d'ailleurs la taille de Jane s'en ressent quelque peu. Leur Roadfood, une espèce de guide Michelin de la mal-bouffe américaine, ne fera peut-être pas l'unanimité en notre pays de gastronomes mais l'idée de goûter à tous les Resto-Routiers de la grande Amérique, celle que nous aimons, celle du Convoi de Sam Peckinpah, est, nous devons l'avouer, furieusement rock'n'roll. Nos spécialistes du hamburger frit possèdent donc – nous le reconnaissons de bonne graisse - une certaine légitimité à parler d'Elvis.

LES CHEMINS D'ELVIS

    Il arrive toujours un jour où l'on se doit de prendre des grandes décisions. L'heure était arrivée, ce jeudi matin. Me suis donc mis en campagne et tel Alexandre menant ses troupes à l'encontre des hordes asiatiques je me dirigeai d'un pas ferme et décidé vers le nouveau rayon de disques du Grand Bazar de ma cité natale et Ariégeoise. Le sort en était jeté, j'étais décidé à frapper un grand coup. Un véritable saut qualicatif, option grande aventure : ajouter un troisième fleuron à ma collection de disques de rock. Elle n'était pas bien épaisse, deux 45 tours: Le Pénitencier d'Hallyday, et le Si tu n'étais pas Mon Frère de Mitchell, mais je subodorais que l'adjonction d'une galette américaine ne pourrait qu'augmenter mon prestige aux yeux des amies de ma grande soeur qui n'avaient jamais – discographiquement parlant traversé l'Atlantique – et qui se contentaient de collectionner les anglais perfides, même pas les Stones, mais les gentillets Beatles...

    Trois options se promenaient dans ma tête, la classique une version de Roll over Beethoven de Chuck Berry, la spéciale un Little Richard un Tutti Fruti exacerbé de derrière les fagots, et pourquoi pas, poussé par l'inconscience d'une innocente jeunesse, entrevoir la folle possibilité de la cuvée des connaisseurs, une Story de Bo Diddley par le beau Diddley en personne. De quoi se démarquer de facto de tout ce bubble-gum britannique...

    L'on avait relégué le rayon disques au fond du magasin, dans un coin obscur et peu fréquenté, mais la direction qui n'avait reculé devant aucun sacrifice avait commis d'office une vendeuse spécialisée pour s'occuper de la clientèle. Vous augurerez mieux de la générosité du geste lorsque vous saurez que le mois précédent l'on avait supprimé toutes les vendeuses pour laisser la place au premier libre-service du département... la marche en avant du progrès de la rentabilisation capitalistique.

    Elle était mignonnette et toute jeune mais quand à sa question je répondis que je voulais voir le rayon de disques des chanteurs américains j'ai compris que ma demande dépassait de loin ses capacités musicales. Me souviendrai toujours du flottement de l'eau de ses yeux bleus, elle m'invita d'un geste imprécis à chercher dans l'ensemble des rayonnages. Je laissai donc ce déchet rédhibitoire de l'humanité vaquer à son triste sort et me lançai victorieusement à l'assaut des pochettes multicolores, pieusement rangées en un ordre approximativement alphabétique.

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    Ai dû me rendre à l'évidence. Pas le moindre hurleur de rock'n'roll à l'horizon. Pour être plus précis, pas de rock'n'roll aux alentours. Trois Beatles, deux Stones, et puis plus rien. Enfin presque. Tout de même une série de cinq Elvis Presley, cinq fois la même gueule d'amour sur un identique fond jaune, avec la couleur du bandeau supérieur qui changeait. Faute de merles noirs faut bien se rabattre sur le corbeau blanc de la couvée. En ce printemps 1965, Presley avait déjà perdu sa réputation de rocker pur et dur depuis longtemps. Faisait un peu figure de hasbeen dépassé. Mais c'était aussi, tout de même, et en même temps, le roi du rock.

    Suis tout de même allé tourner en désespoir de cause sur le présentoir qui arboraient fièrement les vingt seuls  33 tours de la ville. Le néant absolu... à part la série des trois disques d'or de – devinez qui ? - Elvis Presley. De toutes les façons c'était une manoeuvre dilatoire désespérée, je ne possédais que dix francs et un seul 45 coûtait déjà aux alentours de neuf...

    Minutes cruciales ! S'agissait de choisir le bon, sans possibilité d'écoute et en ignorant tout des morceaux. Ai longtemps hésité sur Money Honey, mais me suis décidé pour le volume trois. L'instinct.

L'INSTANT CRUCIAL

    Elvis Presley rock'n'roll. C'était le titre de la série, mais I forgot to remember to forget et I was the one, jetés en premiers morceaux des faces une et deux, c'était vraiment mou du genou. Oui mais  Mystery Train et Heartbreak Hotel, en bout de sillons vous élevaient le débat à un niveau supérieur.

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    D'abord la diction parfaite d'Elvis sur Hearbreak vous donnait l'impression que l'américain était votre langue maternelle. Pas nécessair d'avoir passé l'agrégation d'anglais pour piger :
Well, since my baby left me,
I found a new place to dwell.
It's down at the end of lonely street
at Heartbreak Hotel.
Vous compreniez tout, d'un coup, le parangon du rock'n'rol, ce bijou n'a qu'un seul défaut, sa perfection. Et cette guitare de Scooty More, haletante, à la limite de toutes les brisures. Pas besoin d'aller chercher plus loin le secret de Led Zeppelin. Tout est déjà là.

    J'avouons que Mystery Train, c'était déjà plus mystérieux. J'avais jamais entendu un morceau de country à l'époque mais il était clair comme de l'eau de roche que l'on était en pleine perversion. Elvis bouffait les mots et la musique mais il y a là-dedans aussi bien les bayous moites à crocodiles de la Nouvelle Orléans que les torpeurs morbides du Sud profond. Beaucoup d'amateurs pensent que c'est la meilleure chose jamais enregistrée par Elvis. Ca se discute, mais ce qui est sûr c'est qu'après une dizaine d'écoute je suis sorti de là avec un alligator tatoué sur le coeur.

    Les deux jeudis suivants, me suis dépêché de me pécho le 1 et le deux de la série. Pour le quatre et le cinq, j'ai jamais eu l'argent de poche nécessaire. Quand je pense que la semaine dernière je me suis offert sur le marché soixante morceaux pour cinq euros... La deuxième claque ce fut Blue Moon, le goût du western, la couleur du western, l'ambiance du western, mais c'était du rock'n'roll, le loup solitaire qui gémit de haine et de dégoût au loin des feux de camp. Rebelle jusqu'au bout des ongles, sales.

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    Quant à Don't be cruel et son roulement magique de batterie, la frénésie vicelarde du Hound Dog, ce basset famélique qui vient vous lécher les bottes pour repartir en emportant votre mollet et cette garce de baby qui lefte you en un tel état de soulagement que vous en pleureriez de rire, ce fut la commotion. Cérébrale.

    Elvis la leçon. L'avait abandonné le rock depuis longtemps, mais un homme qui avait commis tant de chef d'oeuvres dans sa jeunesse ne pouvait pas être totalement mauvais. L'était plus ce qu'il était, mais pouvait tout se permettre. On n'écoutait plus ses disques, mais total respect.

LE RETOUR

    L'on n'attendait plus rien de lui. Et puis des bruits nous sont parvenus de la grande Amérique. Elvis se remettait au rock. L'on n'y croyait plus mais coup sur coup trois quarante cinq tours simples sont venus bousculer notre incroyance. Big Boss Man, cette reprise de fin 1967de Jimmy Reed tanguait et roulait à merveille. Elvis se réveillait et l'on sentait qu'il prenait plaisir à chanter. L'essai fut transformé, et de quelle manière avec Guitar Man, la voix plus sèche et qui roule d'autant mieux. U. S. Male vint parachever le tout. Un organe encore plus mâle, profond et caverneux. Toute la légende de l'Ouest.

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    M'attarderai pas sur le NBC show de 1969. La tenue de cuir noire. Rien de sado-maso, mais la classe indiscutable. Millimétré au poil près. Trop poli pour être honnête. Mais a réussi  à tromper le monde entier. Plus le retour à Memphis et des disques à marquer d'une pierre rouge. Plus vraiment du rock, mais de la soul noire que jamais aucun blanc n'est jamais parvenu à rendre aussi noire. J'en extrais In the ghetto que mon père adorait et me demandait toujours de le passer dès que je m'approchais du tourne-disque...

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ELVIS AU PAYS DES MERVEILLES

    Grand format, qui se regarde avant de se lire. Des photos. En noir et blanc. En couleur.   A vous de les découvrir, mais l'iconographie presleysienne est si vaste et si redondante que rien ne vous étonnera. Pour le texte à proprement parler, seules les trente cinq premières pages qui relatent «  Le choc Elvis » sont excitantes. L'histoire est archie connue mais l'on ne se lasse pas de l'entendre. Surtout qu'ici elle est racontée avec art.

    Le petit gars du Sud qui s'habille comme un noir et chante comme un noir, que l'on vend aux petits blancs. Qui adorent. Pas tous. Car Elvis ne crée pas l'unanimité dans la classe politique... Mais Elvis se trouvera un ange tutélaire. Le Colonel Parker pas plus  colonel que vous, mais un alchimiste qui saura transformer l'or en barre du rebelle en le vil plomb édulcoré du merchandising.

    Ne soyons pas naïf. Sans Parker Elvis Presley ne serait guère plus connu aujourd'hui que Johnny Carroll. De toutes les façons vous ne referez pas le chemin à l'envers. Elvis a peut-être perdu son âme au change, mais il a gagné plein de fric et n'a jamais craché dessus. Même qu'il aimait ça.

    Jane et Michaël Stern écrivent pour la blanche et prude Amérique. Ils lissent le personnage au maximum. Le garçon tranquille qui aime sa maman – surtout n'appelez pas Doctor Freud et ses scabreuses théories – et qui passe son temps à s'empiffrer de beurre de cacahuète grillé. Insistent beaucoup sur la boulimie du fiston, ne sont pas écrivains de guides culinaires pour rien. Un gars gentil. Prêt à rendre service. Le porte-feuille ouvert pour les amis et même les inconnus. A chanté du rock mais était avant tout un amateur de gospel. Des jolies filles un peu partout, mais très correct dans l'ensemble. A les suivre Elvis fut le seul dépravé sexuel de la planète à faire l'amour chastement.

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    Le départ pour l'armée en Allemagne fut une déchirure. Le roi a souffert. Mais il sut rester stoïque. En a ramené Priscilla. Qui finit par le trahir avec son professeur de karaté. Ubu cocu. Mais il y avait longtemps que le roi ne s'amusait plus. Je suis convaincu qu'Elvis s'est emmerdé tout le reste de sa vie. Vingt ans d'ennui. A bien tenté de secouer les puces qui l'assaillaient mais n'est jamais allé jusqu'au bout. Par faiblesse ? Je ne pense pas. Trop de gens autour de lui dépendaient de lui pour qu'il ait le courage de vendre Graceland et de repartir à zéro.

    Sa cour lui fut fatale. Pas obligatoirement des gens méchants. Plutôt de braves mecs – des amis, des copains, des familiers - accrochés à leur sinécure pépère. Avec en corollaire, l'ennui qui dégénère en dépression qui se transforme à la longue en parano. Les insomnies, le manque de sommeil et l'absorption de dizaines de pilules journalières n'ont pas arrangé la situation.  La force d'Elvis fut d'avoir traîné ce boulet tout le reste de sa vie sans songer à en limer la chaîne. Le chant et la scène furent ses antidotes.

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    Et puis, le public, indécrottable, indéfectiblement fidèle. Jusqu'au dernier concert Elvis a chanté à guichet fermé. L'a bien essayé de sortir de sa peau, mais elle n'a jamais craqué. Est simplement devenu obèse. Adulé et pathétique, il ne fut jamais le chanteur abandonné.  Pouvait tout se permettre. C'était toujours bien. Si bien qu'il a fini par ne plus rien faire du tout. Le roi bouffi d'orgueil et de chagrin est mort sur son trône. Seul et très cradement. En un dernier pet qui n'a pas pu expulser la merde, la sienne, dans laquelle il s'était englué tout seul. Manque de pot c'est le coeur qui a cédé. S'est éclipsé en douce, par derrière, sans prévenir ni faire ses adieux. Et depuis nous avons perdu le royaume.

                                            Damie Chad.

 

URGENT, CA PRESSE !

METALLIAN. N° 69.

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    L'année dernière exactement à la même époque nous nous inquiétons pour la survie de Metallian, mais non la revue a poursuivi sa saga vindicative. Metalian ne vous promet pas que des larmes, du sang, et de la sueur. Dans le paquet cadeau elle rajoute le bruit, la fureur, la haine, les anges déchus, les démons cadavériques, les quatre cavaliers de l'apocalypse, l'annonce prophétique du règne du chaos et autres joyeusetés dont votre belle-mère se passe très bien d'habitude.

    Mais Métallian fête ses vingt ans comme le proclame haut et fort la couverture ( ils auraient quand même pu être un tantinet plus original ! ) et met les petits plats dans les grands. Trois numéros pour le prix d'un – mais réunis en un sel cahier -  éditions collector comme ils disent. N'ont pas tort, et j'invite tous les lecteurs qui n'auraient jamais ouvert Metallian de profiter de l'aubaine.

    Vaut mieux savoir l'anglais, ou faire croire à votre petite copine que la langue de Keats ne pose aucun problème pour vous, car Metallian vous offre la reproduction in extenso de son numéro 1, un pur vintage certes, un fanzine noir et blanc, tiré à 300 exemplaires, plutôt bien foutu mais rédigé de la première à la dernière ligne in english. C'est que Metallian est né au Canada – bonjour les cousins !

    Ce n'est qu'en 1992 que Metallian s'installe en France en changeant de formule, le fanzine se transforme en magazine. Pour savoir la suite de l'aventure suffit de tourner les pages. Toutes les couves, année par année, numéro par numéro, avec en prime quatre articles choc  : Celtic Frog, Iron Maiden, Immortal et Dissection.

    Dissection c'est l'archétype du groupe hard. Suédois, celui qui vous chauffe à mort par devant et vous fait froid dans le dos par derrière. Celui dont on ne doit pas suivre l'exemple. Rien que pour cette phrase vous allez vous précipiter acheter tous ses albums. Attention le leader de Dissection, Jon Nödtveidt croyait en ce qu'il faisait. L'avait pas passé un pacte avec le diable pour rire. L'homosexuel, dont il s'est rendu complice du meutre en juillet 97 n'a pas dû rigoler lui non plus. Après sept ans de prison Jon reforme Dissection et livre son testament Reinkaos, Le Retour du Kaos, et son oeuvre sur cette terre achevée se donne la mort quelques semaines plus tard. Parti pour de nouvelles aventures...

    Chez Metallian l'on aime le rock extrême. Faut du courage pour ressortir un tel article par nos temps de grande pleutrerie généralisée. Meilleure revue de hard ( trash, doom … ) sur le marché actuellement. Sont pas tous comme Jon Nödtveid, même que dans la troisième partie de la revue celle qui suit l'actualité, chez Satan Jokers l'on ne porte pas l'héroïne dans son coeur. Si même les légions des damnés se mettent au jus d'orange...

                                    Damie Chad.


VINTAGE GUITAR. N° 6.
JANVIER -Mars 2012.

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    Sixième numéro et déjà Vintage s'affirme comme un must incontournable pour les amateurs de guitare. En plus, pour le prix d'un numéro ils vous en donnent deux. Pour ma part dans ma lointaine Ariège natale j'ai eu droit au N° 4 – je l'avais déjà, mais il a vite trouvé acquéreur, ne vous inquiétez pas – mais ici, en Seine & Marne il est distribué avec une tout autre revue.

    De belles pages consacrées à Bert Jansch, surtout quand on compare à la notule de Rock & Folk car il vient de casser sa pipe, mais si vous connaissez, c'est lui qui a formé Pentangle au début des années 60, Jimmy Page et Led Zeppelin y ont prêté une oreille plus qu'attentive – écoutez le III pour vous en persuader. L'article se termine sur l'évocation de Fairport Convention, l'autre grand groupe folk de la scène britannique – ce coup-là Led Zeppe ont débauché Sandy Denny pour chanter sur le IV.

    Encore un qui est allé rejoindre le bon dieu il n'y a pas longtemps, c'est Les Paul, même que Google lui a rendu hommage toute une semaine sur sa page d'accueil, qui a donné son nom à toute une gamme de Gibsons , la fameuse solidboy, la suprême Gold toujours au top.   Christian Seguret nous emmène dans une superbe enquête, pleine de rebondissements... Entre autre nous apprenons que c'est Gene Autry, le cow-boy chantant, qui a présenté Mary Ford à Les Paul, nous sommes là aux débuts légendaires de la country music...

    Un article sur les Ukulélés, l'instrument hawaïen par excellence, captivant mais un petit topo sur l'influence de la guitare hawaïenne sur le blues nous aurait fait plaisir. Visite du magasin de  François Charle, un ancien guitariste des années 60 qui est passé de l'autre côté de la guitare, réparation et vente... Collectionneurs sortez votre porte-feuille ! Nous ne quittons pas vraiment les années 60 puisque nous voici chez Alain Ranval, beaucoup plus célèbre sous le nom de Ramon Pipin, guitariste d'Au Bonheur des Dames et d'Odeurs. ( Rappelons-nous que dans notre 37 ° livraison nous avions déjà retrouvé Sharon Glory ! ).

    Pour rester dans la bonne décennie, nous finirons sur l'aventure japonaise des Ventures ces émules américaines des Shadows, je savais presque tout des motos japonaises mais j'ignorais totalement cette contribution de la lutherie du pays du Soleil Levant à la confection des électriques guitares. Comme quoi les amerloques ne les ont pas impressionnés uniquement avec leur bombe !

    Plus les chroniques habituelles sur la restauration des vieilles guitares, comme je ne suis pas bricolo pour deux sous, je vous laisse suivre les recettes en zieutant les photos de démonstration...

                                    Damie Chad.