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19/01/2012

KR'TNT ! ¤ 81. DAN GIRAUD.RAFAEL PRADAL.

 KR'TNT ! ¤ 81
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
 19 / 01 / 2012

LE BLUES DU POËTE

DAN GIRAUD

    Ah ! Vous croyiez que je ne vous avais pas vu venir dans vos creepers mauves ! Vous pensiez être en pays conquis ! Vous auriez pu rajouter au minimum vingt-sept mille deux cent quatre-vingt trois détails de plus à la dernière chronique sur Elvis Presley. Mais là, motus et bouche cousue ! Vous ne soufflez pas un mot sur Dan Giraud ! Inconnu au bataillon des rockers certifiés ! Pourtant, moi déjà en 1972, il m'enjoignait par lettre de monter avec lui à Paris pour assister à un concert de Jerry Lee Lewis...


    Bon, je reconnais qu'il faut le classer dans la catégorie des bluesmen, mais enfin le lecteur assidu de KR'TNT devrait se souvenir qu'il n'est pas un parfait inconnu puisqu'il est un auteur maison vu qu'il a signé dans notre troisième livraison du 05 novembre 2009 l'article souvenir souvenir dans lequel il relatait un des tout premiers concerts de Johnny Hallyday, à l'Alcazar de Marseille... L'avait douze ans à l'époque et depuis le bonhomme a fait du chemin...


    Du chemin j'en avais arpenté quelque peu moi aussi pour le rencontrer in person – je parle de Dan Giraud, pas de Johnny – y avait un moment que j'avais abandonné la voiture au bout de la piste – comme dit Giraud, non pas Dan, mais l'autre, Jean l'immortel créateur de Blueberry – sur les derniers mètres carrés goudronnés du Saintgironnais. Comme tout bon rocker français qui se respecte, la géographie et vous ça fait deux, alors je vous explique.


    Le Saintgironnais, c'est loin, très loin. Au fond de l'Ariège. Regardez sur une carte et ne m'interrompez pas. Hippieland ou Babaland, quand vous trouvez ces deux appellations incontrôlées, vous y êtes. Bref, c'est paumé, perdu, au bout de la France, et en 1970 avec la mise à mort des l'industrie de l'habillement et la désertification des campagne, c'était peuplé de fermes abandonnées qui menaçaient de tomber en ruines. C'était l'époque des routards, de la manche à t'as-pas-cent-balle, des french freaks rejetés de partout pour leurs cheveux longs et le manche de guitare qui dépassait de leur sac-à-dos. Comme on ne les voulait nulle-part z'ont bien fini par s'arrêter aux pieds des montagnes pyrénéennes, dans les dernières vallées habitables. De toutes les manières c'était le point non-retour du cul du monde. Se sont installés comme ils ont pu, ont loué ou squatté des granges dont personne ne voulaient plus, ont planté des tomates, vendu du fromage de chèvres sur les marchés, se sont lancés dans la production biologique mais intensive d'herbe à Mari-Jeanne, ont élevé des teepees et construit des yourtes. Bref ces satanés suceurs d'aides sociales et de shillums, ont fini par survivre... Z'ont fait des fêtes monstrueuses, copulé comme des fous à tel point que leur progéniture a empêché la fermeture des collèges locaux, bref à eux tout seuls ils ont redynamisé le tissu économique et social... Aujourd'hui ils font partie du paysage, et puisque nous sommes dans un blogue rock'n'roll qui se veut politiquement correct vous perdrez l'habitude de les désigner par les gentilles épithètes du début qui leur furent allouées par les autochtones, du genre « ramassis de l'humanité » ou « dégénérés de leur race » pour les qualifier uniquement par l'AOC sociologique de « néo-ruraux » nouvellement en vigueur...


    Mais revenons à nos moutons. C'est le cas de dire puisque faute de routes et de chemins nous traversions les herbeuses prairies de moyenne Ariège pour nous rendre chez Dan Giraud. Une herbe grasse , pas bleue comme celle que broutent les long-horns du Kentucky, mais verte comme celle que paissait en paix le troupeau que manifestement nous dérangions. La copine n'appréciait pas, mais alors pas du tout, la pression constante des trente béliers sur le galbe  parfaitement  rebondi – je le confesse - de son postérieur. Avec les deux cents bêtes derrière qui poussaient, la situation devenait, sinon critique, du moins inquiétante.


    C'est mon chien, minuscule coton de Tuléar et ronfleur patenté de canapés, qui contre toute attente sauva la situation. Pris d'une inspiration subite, avec trois jappements et un subtil mouvement tournant des mieux étudiés, il regroupa en un cercle parfait et en trente secondes la horde vindicative des animaux en colère à l'autre bout du champ comme s'il avait été  un Birdy Colley au travail depuis vingt ans sur les alpages ! Ô mon Zeus sauveur, encore merci et que la terre qui te recouvre te demeure éternellement légère !
    Quelques instants plus tard nous débarquions chez Daniel Giraud.

DAN GIRAUD


    Ceci passait il y a une petite quinzaine d'années. Daniel Giraud était déjà bien connu, des Renseignements Généraux comme des cercles très fermés de la littérature underground. Avait commencé par une revue au titre qui fleurait bon  son Mai 68, Révolution Intérieure. Le premier terme explique pourquoi l'on tenait à l'oeil ce ferment d'anarchie...


    Un inclassable ce Daniel Giraud, passait son temps à arpenter la montagne avec son ampli et sa guitare. Trouvait toujours une prise compatissante où se brancher pour bazarder des textes bizarres. Un philosophe, qui se réclamait du non-être à tout bout de champ, tout en assurant une forte présence dans l'ici et maintenant de l'actualité la plus brûlante. Un infatigable marcheur, dans le monde et dans sa tête. Un adepte du là où il y a du zen, il y a du plaisir. Toujours prêt à critiquer et jamais pris à marcher dans la combine des coups fourrés des systèmes. Qu'ils soient philosophiques ou politiques.

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    Spécialiste des sciences douteuses. Un champion de l'astrologie. Inutile de lui écrire pour qu'il vous prédise votre avenir. Il est l'amant de Lilith, celle qui miaule sur les toits brûlants de pleine lune noire, et non un quelconque traceur d'horoscopes. Si vous ne voyez pas ce que je veux dire, n'insistez pas, vous n'êtes pas taillés pour vous battre avec le grand scorpion sacré. Ou alors procurez-vous quelques ouvrages d'astronomie, manière de réviser les bases mathématiques du symbolisme du néant.


    Si vous ne le sentez pas, vous trouverez plus simple dans l'oeuvre écrite de Dan ( près de deux cents brochures et livres divers ). Prenez par exemple le sinologue qui dort en vous. Giraud a sacrément réveillé le sien. S'est acheté trois dictionnaires et a commencé à traduire toute une kyrielle de poètes chinois des siècles précédents. Pour un gars qui n'avait jusqu'alors vu des caractères chinois que sur les paquets de thé qu'il récupérait dans les grandes surfaces, l'est devenu l'un des traducteurs les plus estimés de notre douce France.

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    De la Révolution Intérieure dans les années 90, il est passé au Millefeuille, déjà plus appétissant. Non ce n'est pas un livre de cuisine mais une revue à feuillets multiples qui faisaient le point sur tous les évènements culturels – mais de cette culture non officielle qui fait si peur à nos dirigeants ( droit dans le mur ) - du Saintgironnais. Un truc qui avait plus d'affinité avec le Never Mind The Bollocks des Pistols qu'avec l'agenda autorisé du ministère de l'Education Nationale livré sans  ajout d'OGM  rock'n'roll.


    Mais du penseur breveté du vide conceptuel de toute matière, passons au poëte. On ne le classe pas avec Pélieu dans la beat-generation française, on ne sait pourquoi. Peut-être parce qu'il est inclassable. Perpétuellement on the road, et ses ouvrages qui racontent ses errances et ses voyages – même si l'oeuvre forme un tout organique difficilement tronçonnable – sont ceux qui permettent une approche des plus aisées. La joie du chemin qui fuit devant, empli de mille promesses, et les surprises de chaque étape baignées de désespoir.

BLUES NEVER DIES

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    Du désespoir au blues, la route est toute tracée. Entre septembre et décembre 2000 Dan Giraud enregistre deux CD, intitulés « Le Cri du Chant » pour le premier et capté «  Live » à l'Alto Café pour le second. Attention dans les deux cas, le Studio Mobile des Rolling Stones n'avait pu se libérer. C'est du brut, sans décoffrage. C'est enregistré dans les hauteurs pyrénéennes mais la qualité vaut celle des premiers disques du Delta. Avec en prime des accents cajuns sur quelques titres.


    Pas de prod, de l'authenticité rude, sans écho ou traficage, on the roots again. La voix, l'harmonica, et la guitare. Plus le pied qui tape en guise de contre-point. Beaucoup de classiques sur le Live, en langue originale, mais l'accent de Giraud vous dispense de toute licence d'anglais. Ne souffle pas non plus comme Sonny Boy et ne gratte pas comme Robert Johnson. Mais on s'en fout. Quelques solos sont à réécouter et l'esprit du blues est là. Se débrouille plutôt bien, emporte le morceau. Pas de sucre. Plutôt du cyanure en poudre, car  flirte pas avec la naïveté Dan lorsqu'il nous donne sa vision du monde. Ca ne nous empêche pas de rire souvent, mais de l'humour noir. Pardon de l'humeur blues.


        «  Le temps qui ne passe pas nous reste en travers »

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    C'est la voix qui emporte tout. Elle colle au texte, comme la mort à la vie. Giraud n'interprète pas. Il est le tourment et la tourmente de ce qu'il profère. Pas même l'épaisseur d'un feuillet de cigarette entre le souffle de l'harmonica et les paroles qui se posent entre les notes. Il ne chante pas, il dit, il dicte, il raconte, il explique et explicite, mais le rythme est sempiternel, comme un toucher de tambourin qui refuserait de s'arrêter, comme le coeur qui joue avec nous à la systole terminus.


    Le Cri du Chant serait plus poétique. C'est le genre d'exercice auquel s'amuse Giraud lorsqu'il est invité dans les rencontres de poètes. Arrive dans ses jeans et ses bottes, la guitare à la main. Ne lit pas ses textes. Fini le ron-ron des mots qui se ressemblent comme des cadavres jetés par les croque-morts de service de la poésie officielle à un public coincé du cul. Avec Dan, ça swingue méchant. Me souviendrai toujours de ce bar de Lodève où Giraud devait donner une lecture ses poèmes dans le cadre du Festival des Voix de la Méditerranée. De bon matin, peu après neuf heures, tout le monde barbotait dans son chocolat entre deux croissants, et le grand Dan qui commence à psalmodier son Ode à l'être. Un truc cynique à foutre le cafard à Heidegger en personne.

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    Les vers coup de poing ça vous réveille encore plus que le verre à café du condamné à vivre une longue journée de plus. Même les touristes anglaises qui n'entravaient que couic sont restées jusqu'à la fin subjuguées par le rythme lancinant de la mélopée et les démarrages en côte de la voix qui s'envolait en des retombées sardoniques. J'y suis, j'y crève, j'y reste,  qu'il avait l'air de vouloir dire et tout le monde scotché comme des bouteilles de whisky sur leur étagère.


    Un blues français. A peine croyable. Déjà que notre rock kitch est un équilibre instable, voici que Dan Giraud nous montre le chemin. Celui de l'impasse à éviter. Car l'imiter c'est limité. Casse-gueule et casse-pipe. En plus sur son second disque plus de la moitié des titres sont des reprises. Du lourd. Good Morning Little schoolgirl, Hootchie Cootchie Man, Baby please don't go, par exemple. En plein dans les racines. Connaît ses classiques. L'a même fricoté avec Mickey Baker – les photos sont sur Roll Call, pour les curieux. Oui au fin-fond de l'Ariège. Preuve qu'entre notre livraison sur Ronnie Bird et cette évocation de Dan, il y aurait comme un fil rouge de la note bleue, de la note rock.

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    N'en tire aucune gloire le Dan. Si vous voulez ses disques, vous aurez du mal dans le commerce. N'est pas un fana de la distribution capitalistique. Faudra faire l'effort d'écrire. Je suis sympa, je refile l'adresse : Daniel Giraud / La Ruère / 09 140 Sentenac d'Oust. Allez, ouste à vos commandes ! A moins que vous n'ayez la chance de tomber sur lui au détour d'un chemin agreste. Encore qu'il n'est pas du genre à se trimballer avec trente CD dans son étui. Par contre vous volera pas sur le contenu, près d'une heure de musique. Un packaging qui fleure bon l'artisanat. Un disque de résistance, que l'on se passe de main à la main. Du politique-blues en quelque sorte. Le contraire d'un produit calibré. Ce que devrait être le rock s'il n'avait pas perdu son âme chez les majors et les faux indépendants. Chante de la musique du pays des cow-boys, Dan, mais il pratique la guerre indienne.

AUTRES MUSIQUES


    Ca vient de sortir. Tout chaud des presses de l'Imprimerie du 34 – très liée dans les années 70 à la mouvance antifranquiste du Mil - pour le compte des Editions Libertaires. Le premier roman de Daniel Giraud. « Les Buveurs de sang ». Du bleu du blues l'on repasse au rouge hémoglobinique. Roman historique, sous-titré « Les Insoumis en Ariège sous Napoléon Ier ». Je ne vais pas vous dire que c'est très bon, reçu de ce matin pas encore eu le temps de me le mettre sous l'oeil.  Mais si vous êtes un tant soit peu finaud vous saisissez pourquoi notre natif de Marseille s'en est venu vivre en Ariège.

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    Un département d'insoumis. Surtout dans le Couserans - autre nom du Saintgironnais – première république de France aux alentours de l'an mille. A deux pas de Montségur, le dernier nid d'aigle de la résistance cathare. C'est une terre d'hérésiarques. De fortes têtes. Toute similitude avec les gratteurs du delta - qui préféraient échapper au ramassage faiblement rémunéré du coton et traîner de juke-joint en juke-joint, à boire de l'alcool, à fricoter avec les femmes des autres, et à chanter le blues toute la nuit - ne sera pas due à un hasard indépendant de notre volonté.


    A lire la quatrième de couverture, quatre-vingt dix-huit pour cent d'insoumis en Ariège  qui refusent de participer à la conscription et aux guerres napoléoniennes. Fallait sûrement un certain courage, le même que celui des noirs essayant d'échapper au filet des policiers qui détestaient cette hémorragie des travailleurs des plantations vers les lieux de la perdition blues. Le même esprit de révolte. De désir d'indépendance et de lucidité fractale que l'on retrouve chez Dan Giraud.
    Un homme debout. Chanteur de blues ariégeois. Qui a compris que l'important c'est de passer entre les barreaux de la cage de l'existence volée et de vivre en insoumis de la vie. Un roc(k) qui ne roule que pour lui-même.
    Tant pis pour vous. Tant mieux pour lui.

                                Damie Chad.


CONCERT RAFAEL PRADAL.
13 / 01 / 2012 . LE TRITON. PARIS.


    Es un amigo. Depuis deux ans lui répète qu'il devrait écouter Jerry Lee Lewis... Remarquez, l'en n'a pas besoin. Est déjà virtuose à vingt-trois ans. Autant le dire pour les aficionados de KR'TNT, Rafael Pradal, son truc ce n'est pas le rockabilly, mais le flamenco. Ce qui change tout.


    Ce n'est pas tout à fait de sa faute. Une mère gitane, un père musicien, compositeur et chanteur, l'est tombé dedans tout petit, avant de savoir lire. D'ailleurs il joue d'instinct, suffit de le poser devant un clavier et tout de suite c'est la cavalcade. C'est simple il n'arrive pas à rattraper ses doigts qui cavalent sur les touches. Comme du classique, mais sans le frein, les poses et le retour.

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    L'a déjà beaucoup joué sur scène, avec son père et diverses figures du flamenc nationales et ibériques, mais en accompagnateur. Ce soir, c'est son premier concert, en vedette. N'ayez pas peur, n'a pas la grosse tête, n'accapare tous les instants. N'est pas venu tout seul, mais avec un batteur, un guitariste et un danseur. Plus on est de fous...
    Commence tout seul. Vous vous penchez pour vérifiez que ce n'est pas une machine ou une bande en accéléré qui joue à sa place, non, ce sont bien ses mains à lui qui caracolent. Déjà fini ! Le trio prend place. Première surprise Edouard Coquard, le batteur, sonne jazz, pas toujours, mais de forts effluves tout de même. Serions-nous au-delà de la tradition ? Seuls les puristes s'en plaindront. De toutes les manières el cantaor Cristo Cortes nous remet vite dans les rails. L'Espagne entière  descend dans l'arène. Pas de micro, mais un voix qui vous râpe les amygdales et vous ramone l'oesophage. Méfiez-vous du petit au milieu Kuky Santiago qui attend son tour. Le voici qui se lève et s'en vient affronter le taureau de la danse.


    L'autre qui gueule en langue cervantienne « je n'ai pas de père je n'ai pas de mère » et lui qui vous allonge un sourire de cheval qui vient de se faire encorner et qui se lance dans une démonstration de tacones à vous couper le souffle. Droit comme I et ça crépite de partout comme une mitraillette  qui sulfate le plancher. Tape des mains et des pieds. Les doigts aussi durs qu'un gourdin, et les orteils qui sonnent le tocsin à la pendule de la mort. Avec derrière Rafael Pradal qui alimente la locomotive à coups de notes qui filent comme des étoiles.


    L'en rate pas une derrière son outil séminal. Touche pas les touches, les survole. Genre de mec qui jette de l'essence sur le feu. Chacun sur le devant de la scène s'en vient faire sa faena. L'un après l'autre, à deux, à trois, tous ensemble. Le public crie et tape des mains. Bonjour Brésil, le café de la bossa surnage un instant avant d'être englouti dans un maelstrom de boucan invraisemblable. Ca claque et ça trépigne, ça rue et ça tressaute, Rafael enfile les arpèges, peaufine les blanches et lustre les moricaudes, pendant que de l'autre côté le chanteur glapit comme si vous lui arrachez la peau, et le dancing-man, el bailaor, qui tape des pieds comme un gosse qui fait un caprice.


    Salves d'applaudissements. C'est déjà la fin. Non juste le commencement, Rafael Pradal balbutie quelques remerciements et demande aux amateurs de monter sur scène. C'est à croire que la moitié de l'Espagne s'est donnée rendez-vous car ils sont une dizaine à investir la plateforme. Il y a même un oncle guitariste qui gratte comme un fou car ce soir il est sûr qu'on va l'achever la mama fiesta. Je ne vous parle pas du déménagement, tapent tous dans les mains et chacun s'en vient faire son numéro, et que je chante, et que je danse, et que je me pavane, et que je pète un solo, et que j'exalte le public qui pousse des olé d'encouragement. Le grand charivari. Sans compter la guitare folle qui ne s'arrête jamais.


    Rafael Pradal a réussi son pari. Une belle fête flamenca pour son premier concert.   De ce flamenco moderne qui revisite la tradition pour mieux la faire perdurer. Vous savez pour les puristes tatillons un piano dans un quadrille de flamenco c'est aussi incongru qu'une Télécaster dans la Neuvième de Beethoven ! Mais avec le farfadet – el fabuloso duende como se dicen detras los Pirineos - qui n'a pas quitté le clavier de toute la soirée, pas de bile à se faire, les rafales folles de Rafael Pradal ouvrent un chemin qui n'est pas prêt de se refermer.


    Justement à ce sujet, si nous ajoutions notre grain de sel rockabilesque nous conseillerons qu'un peu de Tex-Mex - de Ritchie Valens à Mink de Ville l'éventail est grand – avec un soupçon de regard sur la manière dont les Cramps pimentaient leur tequila sunrise –   donneraient naissance à un somptueux psycho-flamenc.
                                    Damie Chad

FAMILLE PRADAL ( BIS ) :

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    Je n'ai pas parlé de la Paloma – elle nous a fait l'aumône d'un petit pas de danse et d'un demi-refrain en plein milieu du final – mais Paloma Pradal, la jeune soeur de Rafael - retenez ce nom, c'est la future Imelda May du chant flamenco, alors tendez l'oreille.
                                    Damie Chad.
    
     
 

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