Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/03/2011

KR'TNT ! ¤ 46.

 

KR'TNT ! ¤ 46

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

30 / 03 / 2010

 

INDEX KR'TNT ! EN FIN DE LIVRAISON

 

 

EDITO 1

 

Vous connaissez tous l'histoire du fou qui regarde le doigt qui lui montre la lune. En voici une variante... Je ne vous ferai pas l'injure de supposer que vous n'avez jamais entendu causer de Deep Purple. Inutile de fouiller frénétiquement dans vos étagères pour m'apporter la preuve que vous possédez et Deep Purple in Rock ( la pochette aux présidents ) et Machine Head et le double live Made in Japan avec le beethovenien riff de Smoke on the Water. Je vous crois sur parole, et un conseil faites plutôt profil bas car la suite est un peu dure à avaler.

 

Enfin pour tous ceux pour qui le rock est quelque part un peu synonyme de rébellion envers le système. Connaissez-vous le rocker Dmitri Medvedev ? Non, ce n'est pas une question piège, ce n'est pas le chanteur inconnu d'un groupe soviétique relégué au goulag en 1970. C'est bien la grosse pointure que vous connaissez : le chef d'orchestre, le président en personne, en chair et en os, de la CEI, de la Russie pour simplifier.

 

Ne dites pas que vous n'en avez rien à faire et que ce n'est pas votre tasse de thé. C'est que le citoyen Medvedev est depuis sa plus tendre adolescence un fan transi de Deep Purple. La semaine dernière, n'ayant rien de particulier à faire, il s'est aménagé un petit trou de quelques heures dans son emploi du temps pour recevoir Ritchie Blackmore – oui, Blackmore le guitar-heros du Deep, le fondateur du hard, le même qui accompagna Gene Vincent sur scène – l'amicale conversation étant terminée Blackmore a pu se taper un petit boeuf sympathique avec le fils Medvedev, sous le regard nostalgiquement émerveillé de son (petit) père de toutes les saintes Russies...

 

L'histoire se termine là. Vous en tirerez la morale que vous voudrez. Je me contenterai de vous poser une question avant de vous quitter : le rock suffit-il à nos colères ?

 

Damie Chad.

 

 

EDITO 2

 

LA GRANDE PEUR DES INTELLECTUELS FRANCAIS : LE ROCK'N'ROLL

 

« Patiemment, l’auteur a conquis la confiance de Fab, de Freddy, et de quelques autres, qui l’initient au fonctionnement de la bande, aux rituels des défis et de la solidarité, au langage codé, mi-argot, mi-verlan. Cette enquête ethnographique, qui fut à l’origine un reportage pour le magazine Elle, décrypte ainsi les modes de socialisation de ces jeunes confrontés à la peur et au mépris. Un témoignage captivant, une analyse lucide et décapante. Près de quarante ans après sa parution, le livre que Jean Monod a consacré aux bandes de jeunes des années soixante qu’on appelait alors « blousons noirs » n’a pas pris une ride. D’abord, comme le souligne Michel Kokoreff dans sa préface, cette étude d’ethnologie est un travail précurseur, qui frappe par l’étonnante modernité de sa démarche et de ses analyses. Mais surtout, ce livre rappelle que les questions posées par la délinquance de banlieue ne sont pas neuves, et que la dimension de contestation sociale et politique des comportements délinquants jouait alors comme aujourd’hui. »

 

Ni plus ni moins que la quatrième de couverture d'une des nombreuses rééditions de LES BARJOTS : ESSAI D'ETHNOLOGIE DES BANDES DE JEUNES d'un éminent chercheur respecté par toute la communauté scientifique. Paru chez Julliard en 1968. Ouvrage souvent présenté comme une enquête sur les fameux blousons noirs des années 60. Du sérieux méthodologique, inspiré des travaux de Lévis-Strauss. Difficile de trouver mieux comme caution universitaire.

 

L'on se doute que notre chercheur a dû se documenter avec méticulosité et minutie sur les idoles vénérées par nos anthropologiques bandes aux perfectos cirés à la graisse de phoque. Fans de Gégène, voici donc la phrase dévolue pages 279-289 de l'édition Hachette – s'il vous plaît ne vous énervez pas – à votre musique préférée et à l'ange noir du rock'n'roll :

 

«  Alors que le rock était d'inspiration raciste et même nazie, dans la personne de Gene Vincent par exemple, et constituait une réaction contre le jazz des noirs tout en étant une appropriation de leurs rythmes, au contraire le folksong ( et dans une grande mesure aussi le « rythm'n'blues liverpool sound » ) tente de reconvertir au jazz les folklores locaux qui accèderaient par lui à l'universalité. »

 

Non vous ne rêvez pas, tant d'ignorance et de bêtise crasses dans une seule phrase ! Et c'est à l'aide de tels outils intellectuels que l'on voudrait remédier aux problèmes actuels des banlieues...

 

Quarante ans après l'ombre de Gene Vincent fait encore peur ! Excellente nouvelle.

 

Damie Chad.

 

 

NOËL DESCHAMPS

numérisation0074.jpg

 

L'on ne parle guère de Noël Deschamps, il n'est même pas compilé dans les 123 Albums Essentiels du Rock Français de Philippe Manoeuvre. C'est d'ailleurs suite à cette triste constatation que je vous avais promis de vous parler de lui. Maintenant pour les 123 albums il faut reconnaître que Noël Deschamps n'a sorti qu'un seul 33, en 1967, album qui n'eut pas le retentissement qu'il méritait puisqu'il ne faisait que reprendre les 45 Tours précédents que tous les fans possédaient déjà. Les ventes n'étant dopées par aucun appel d'air initial les disquaires ne se battirent pas pour le promotionner à sa juste valeur.

 

Mais commençons par le commencement. Noël fait partie de la deuxième génération du rock français. Né en 1942 il est un exact contemporain de la sainte trinité nationale, Hallyday, Mitchel, Rivers, mais il est arrivé en retard. Non pas une fois que le train était parti mais lorsqu'il était déjà revenu. Le rock n'a pas été la première passion de Noël Deschamps, en digne fils du peuple – il aimait à répéter qu'il n'était pas né dans les beaux quartiers - il est beaucoup plus attiré par les étoiles du football. Il envisagerait même une carrière de professionnel mais de mauvais coups en occasions ratées il doit abandonner ce rêve de prolo sans cause.

 

A force de traîner dans les surprises-parties il se rend vite compte que les filles louchent salement sur les stars des pochettes de disques, il sera donc chanteur et commence à tourner avec son groupe sobrement intitulé Jimmy Dan et les Diables Rouges. Tout un programme bon qui fleure bon les années 60. L'aventure sera brutalement interrompue par l'appel de la French Army who wants him. Noël se paie le luxe de jouer au bidasse comme Elvis...

 

Quand il revient les Diables Rouges sont renvoyés à leur enfer, mais Noël lance son programme personnel de force de frappe tout azimut-rock : il fonde Les Atomes et c'est avec eux que le 22 novembre 1962 il remporte sa première victoire, le trophée du Golf Drouot, à l'unanimité, comme Johnny l'avait réalisé en son temps.

 

C'est que les times are changin'... Contacté et signé par RCA Noël Deschamps semble encore une fois marcher sur les traces symboliques d'Elvis, mais il n'en est rien. L'on serait plutôt en train d'assister à un changement d'époque. En France, fin 63-début 64, le rock subit sa grande décrue. Noël se branche davantage sur les bruits qui sourdent de la perfide Albion que sur les pionniers. Sachez apprécier l'appellation typiquement française qu'il arbore, tout un programme, le rock français se montre à visage découvert et refuse d'emprunter un masque américain.

 

L'on ne nomme jamais l'un sans évoquer l'autre. Autant liquider la problématique tout de suite. Sous la plume des journalistes et dans le souvenir des fans ils sont comme des frères siamois, Noël Deschamps et Ronnie Bird - avec souvent avantage à Ronnie - je vous causerai de Ronnie un autre jour - mais il existe une extrême différence entre nos deux artistes : Ronnie Bird essaie de sonner en français comme les anglais – et il y réussit assez bien – mais Noël Deschamps chante en français à la française. Il n'essaie jamais de passer en force comme le fera pendant très longtemps Eddy Mitchell avant d'avoir pris quelques leçons de doux phrasé chez Kenny Rogers.

 

Certes il est aidé par le timbre de sa voix, voilée légèrement, comme si des grains de sable étaient restés prisonniers de la tessiture, qui peut monter très haut tout en développant une amplitude de bon aloi qui l'empêche de ressembler aux écorchements crispés des castrats à la Jimmy Rogers. Noël Deschamps est de ces très rares vocalistes dont on peut dire qu'il rebondit, plutôt qu'il ne tombe, dans les tons graves lorsqu'il dégringole des notes les plus hauts perchées.

numérisation0076.jpg

 

Noël Deschamps paiera très cher cette particularité. Il n'a pas le phrasé anglais, on en conclura qu'il n'est pas à l'écoute de ce qu'il se fait de mieux. Sa carrière se situe non pas en une période charnière mais critique. En 1964 le rock français entame sa traversée du désert. Les trois grands, la sainte trinité nationale, font de leur mieux, avec des fortunes diverses, aidés d'un noyau de fans protecteurs ils vont parvenir tant bien que mal à passer le gué des années creuses. Ce qu'il faut bien comprendre c'est qu'entre 1964 – 1969 le public ne se renouvelle pratiquement pas.

 

Mais en 1969, il se produisit soudain un énorme afflux d'amateurs. Mai 68 était passé par là, des milliers d'étudiants rimbaldiens ivres de révolte qui n'avaient prêté durant leur adolescence qu'une oreille fort inattentive aux glapissements vocifériques du rock, se rendirent comptent qu'ils ont vécu durant des années à côté de la vraie vie... Voulant rattraper le temps perdu ils mettent les bouchées doubles et pensent découvrir le monde. Les mêmes, qui ne savaient même pas que Jimmy Hendrix avait tourné en France en première partie de Johnny Hallyday en 1966 se mirent à vénérer le flamboyant guitariste comme un dieu vivant. Evidemment ils jetèrent le bébé avec l'eau du bain. Tout ce qui n'était pas né dans les temps même de la perte de leur initiation ( pour ne pas dire dépucelage ) rock'n'rollienne, ils le rejetèrent avec dégoût. Tant pis pour les pionniers, et tant pis pour le rock français. Ce dernier ne s'est pas encore relevé de cet ostracisme promulgué voici plus de quarante ans par les partisans de la pop-music.

 

Ce n'est pas tant l'injustice du sort qu'il faut déplorer. Qu'un gars comme Noël Deschamps qui se sera décarcassé durant des années pour offrir une alternative à la variétoche française, se soit retrouvé sur le carreau une fois la terre promise en vue, nous sommes dans l'ordre logique des choses qui veut que ceux qui viennent trop tôt repartent les mains vides. Cela permet même de bâtir de belles légendes... C'est le rock national qui a pris du plomb dans l'aile, tout le fragile réseau d'habitudes de programmations, de salles, de lieux de concerts divers et hétéroclites ont été balayés d'un seul coup, et pire que tout, c'est le travail de toute une génération de producteurs, d'arrangeurs, d'ingénieurs de studio qui a été rejeté aux oubliettes. Des expériences chèrement acquises, en des conditions difficiles, au milieu des ricanements et des haussements d'épaule partiront à vau-l'eau...

numérisation0073.jpg

 

Noël Deschamps c'est aussi un autre homme derrière les manettes, Gérard Hugé, le sorcier qui va peaufiner le son et mettre en place les orchestrations du chanteur. Un précurseur, qui est allé faire un tour outre-manche, qui en est reparti sans rien dans les poches, mais le cerveau plein d'idées. Peut-être le premier en France qui avait pigé la méthode. Comme par hasard il mettra aussi en place quelques morceaux de Ronnie Bird. Ceux qui prendront la relève de Gérard Hugé, comme Gilles Pellegrini ou Jean-Claude Petit, se contenteront d'imiter ce qu'il avait défini pour les enregistrements de Noël, avec de moins en moins de réussite au fur et à mesure que le temps passe. Moins d'imagination, et surtout moins de vision. Pour perpétuer la mémoire de Gérard Hugé rappelons qu'il fut le batteur des Pingouins dans lesquels officiaient aussi Thierry Vincent – un autre enterré mort – et Dominique Blanc-Francard.

 

La carrière de Noël Deschamps sera très courte : 1964-1969. 15 super 45 tours et un single. Mais en si peu d'années il mettra à jour quelques uns des plus beaux morceaux et des classiques du rock français. Comme je suis, Oh la hey !, Bye bye Monsieur. Lorsque l'on aura avancé que Bashung a cosigné Oh la Hey ! avec Noël Deschamps, certains peut-être prendront le temps de se caler le morceau entre les oreilles.

 

Noël Deschamps est un fabuleux interprète. Beaucoup préfèrent sa version de She's not There des Zombies à l'originale de Rod Argent. Sa cover de Mercy Mercy est l'exact équivalent des premiers rythm'n'blues mid-tempo interprétés par Eric Burdon. Aucune ressemblance dans la voix, mais la même intensité émotive. Tout ira très bien, n'est pas une reprise, c'est un chef d'oeuvre. Noël Deschamps ne couvre jamais un morceau, il l'assimile et le colorise de l'intérieur à sa manière. Certaines pistes sont peut-être plus faibles que d'autres mais chacun de ses super 45 tours offre au moins deux pépites.

numérisation0075.jpg

 

Des curiosités partout. Les cuivres sur Bye Bye Monsieur – enregistré en Angleterre en 1967 – présentent l'audacieuse originalité de ne pas copier le son en vogue chez Stax, la batterie sur Comme je suis roucoule de belle manière. Il me semble que c'est Tommy Brown qui officie mais ma mémoire ne saurait le confirmer. Son adaptation de Don't let me be misunderstood reprise aux Animals est une merveille de subtilité qui n'a jamais été égalée même en langue anglaise à ce jours.

 

Vous m'excuserez d'avoir un faible pour sa reprise de Bird Doggin'. Celle des Dogs – et j'adore les Dogs – n'emporte pas aussi facilement l'adhésion, Noël ayant pris le parti d'accentuer la douceur bourdonnante des graves alors que Dominique Laboubée s'est rué sur les suraigus de la guitare d'Al Casey qu'il s'est ingénié à amplifier. Mais alors que le titre de Gene Vincent relate les angoisses du mâle en manque, Deschamps transforme le morceau en hymne hommagial à l'attitude rock. Ce faisant il exprime peut-être avec plus d'authenticité la quintessence existentielle de la fiévreuse course avec le diable que fut la vie de Gene Vincent que la version si respectueuse des Dogs.

 

Les paroles de Noël Deschamps, sont résolument rock, un peu macho avec les filles mais ça fait du bien de temps en temps de leur lancer à la figure leurs quatre vérités, surtout si elles ne sont pas bonnes à dire. A forte connotation sociale. Je pense d'ailleurs que c'est cet arrière plan de lutte de classe sous-jacente qui a aidé à reléguer Noël Deschamps dans les marges d'un certain oubli. Etrangement cet aspect prolétarien qui aurait dû lui attirer les sympathies gauchisantes des amateurs de rock n'a pas fonctionné auprès du public post-soixante-huit tard. Des chansonnettes qui ne se targuent d'aucun message mais qui de 65 à 67 étaient annonciatrices, sans que personne ne s'en fût aperçu, de futures révoltes. Il suffit d'écouter pour entrevoir un théâtre grisâtre de cités, de juges, d'usines, dans lequel s'opposent les nantis, et les pauvres. L'oppression jamais ouvertement mise en avant tisse la toile de fond.

 

Mais c'est juste un décor. C'est sans doute ce que lui reprochera la génération très politisée dont accouchent les évènements de Mai. Noël Deschamps ne joue pas au révolutionnaire qu'il n'est pas. Il se contente de peu : Toutes les filles me courent après et il déclare vivre Pour le pied. Le rock'n'roll a un côté frivole qui déplaît aux purs et durs de l'époque qui tiennent le haut du pavé idéologique. Le jeune prolo sera renvoyé à ses études. Ce qui tombait mal, puisqu'il s'était fait lourder en sa jeunesse banlieusarde de son CET d'ajusteur... 68-69 marque aussi l'arrivée du public d'origine petite-bourgeoise sur le marché de l'industrie de rock... Trop anarcho-épicurien pour l'establisment médiatique, trop lumpen pour l'avant-garde pensante, Noël n'est pas à la fête. Il est cerné de tous les côtés. Mais je ne pense pas que dans le tourbillon de sa vie de rock'n'roller il ait eu le temps d'analyser sa situation.

numérisation0071.jpg

 

Instinctivement Noël Deschamps a senti qu'après 68 la donne du rock français avait changé. Faute d'une direction discographique claire, nette et surtout novatrice, il fit porter tous ses efforts sur la scène. Ses prestations avaient de tout temps emporté l'adhésion. En 65, il aura fait jeu égal avec Johnny en assurant sa première partie à l'Olympia. De même il aura relevé le défi de s'en tirer avec les honneurs de la guerre devant Hendrix et les Stones. L'homme au tambourin se lance dans une croisade désespérée. Il lui arrive de donner trois concerts en trois lieux différents en une même soirée. Deschamps s'épuise. Courant 69, il jette l'éponge. La maison de disques n'insiste pas... Exit par la petite porte.

 

Je l'entendrai par hasard en 1972 sur Sud-Radio. Il promotionne son nouveau disque, L'oiseau blanc qui ne vole pas bien haut dans mon coeur de rocker... Notre quadra se cherche, il déclare qu'il aimerait chanter sur scène avec Véronique Sanson...

 

En 85, Big Beat, le label de Jacky Chalard et des rockers – qui mériterait bien une KR'TNT livraison, sort un trente-trois tours avec inédits et alternate takes des années de feu. De même Juke boxe se fendra d'une intégrale.

 

En 98, nous retrouvons Noël Deschamps live au Petit Journal. A cinquante-six ans il a la patate et une belle section de cuivres qui agrémentent joliment Bye Bye Monsieur. Quelques extraits sur You Tube, pour les esprits curieux. Quelques plages par-ci par là, notamment un hommage à James Brown. Mais le grand retour tant attendu n'aura jamais lieu. Ni en France ni au Canada où il fut numéro 1 ! Preuve que les cousins québecois, pas vraiment libres, n'étaient pas restés insensibles à la spécificité très française de son phrasé rock'n'roll.

 

Ces pages seront un des plus longs articles qui, à notre connaissance, ait été consacrée à une des plus chères idoles de notre adolescence. Il y aurait comme un parfum d'injustice autour de Noël Deschamps. Qu'il n'ait jamais eu durant toutes ces longues années l'opportunité d'un véritable come back serre mon coeur d'amertume. Je n'ose entrevoir le sentiment d'abandon qui dut traverser le sien plus d'une fois. Qu'il ait au moins l'assurance que pour une minorité active il reste plus qu'un simple artiste. Un exemple. A suivre même sur les routes les plus incertaines.

numérisation0077.jpg

 

Damie Chad.

 

Site Noël Deschamps : www.noel-deschamps.fr ( très sobre, surtout consacré aux années 1998 - 2008 )

 

 

 

LOOK BOOK !

 

FLEUVE PROFOND, SOMBRE RIVIERE. MARGUERITE YOURCENAR.numérisation0080.jpg

GALLIMARD. 1982.

 

Les noirs seront toujours dépossédés de leur culture par les blancs. Fleuve Profond, Sombre Rivière n'a pas été écrit par Marguerite Yourcenar : comme c'est indiqué en tout petit sur la couverture, la Marguerite n'a fait qu'effeuiller les compilations américaines de la fin du dix-neuvième siècle, et une fois son choix effectué, elle s'est contentée de traduire... et de toucher les droits d'auteur. Si ce n'est pas de l'usurpation...

 

La première édition remonte à 1964. Yourcenar jouait un peu sur du velours, celui de la voix de Mahalia Jackson qui avait droit de cité dans les émissions de variété de l'unique chaîne ( car les blancs ont aussi leurs propres chaînes ) de télévision de ces temps anciens. Il était de bon ton d'adorer le Negro Spiritual. C'était nettement moins sauvage que le rock'n'roll, Mahalia avait une manière de chanter qui rappelait les arias de la musique classique, et l'on était sûr que les paroles qui parlaient à en pleurer du petit Jésus ne délivraient aucun message par trop subversif.

 

C'était oublier un peu trop vite qu'il y avait déjà quarante ans que des noirs avaient déserté leur chorale religieuse pour courir la guitare à la main et l'harmonica au poing la campagne et les juke-joints dans lesquels on buvait davantage de whisky frelaté que d'eau bénite. Au début des années cinquante il n'y avait plus que ces blanc-becs d'Elvis et de Jerry Lee qui prenaient leur pier à jouer et chanter du gospel dans les Eglises !

 

Le succès venu Marguerite Yourcenar a pris l'habitude de retoucher ses introductions lors de nouvelles éditions. Ainsi, celle qui décrit, la longue lutte, difficile, obstinée des noirs vers leur émancipation, celle qui fustige le racisme dominateur et quotidien dont furent victimes les noirs durant des siècles d'esclavage, tique un peu trop à notre goût lorsque certains éléments avancés de leur communauté commencent à prendre goût à se défendre d'une manière un peu trop active, émeute de Wats, Black Panthers...

 

Le coeur de Marguerite saigne dès qu'un pauvre nègre reçoit un coup de fouet, mais lorsque saisi par une ardente colère notre souffreteux se détourne du cadavre de Luther King pour regarder les écrits de Malcom X, elle trouve ce genre d'attitude très contre-productive. L'on comprend pourquoi Marguerite Yourcenar a été fascinée par le negro-spiritual : son éthique, quoiqu'elle s'en défende, reste entachée de religiosité et d'idéologie chrétiennes, commisération misérabiliste pour les faibles, refus viscéral et petit-bourgeois de la violence révolutionnaire.

 

Ceci posé, reste que le Negro Spiritual est aussi aux racines du rock'n'roll, pour vous en convaincre, allez écouter Sister Rosetta Thorpe, toute la musique que nous aimons; elle vient de là, elle vient du Negro- ( c'est fou comme je suis ) Spiritual !

 

Damie Chad.

 

 

Et pour finir au cas où vous auriez trop d'argent et que vous ne savez pas quoi en faire :

 

1° ) La repro d'un petit carton trouvé dans un bar de Barbizon (futé sans nul doute ) !

numérisation0079.jpg

numérisation0078.jpg

 

2° ) L'adresse net du site remis à neuf de la boutique LENOX RECORDS / 138 RUE LEGENDRE / 75 017 PARIS / TEL : 01 42 28 02 45 /

Disques, imports, revues, livres ( notamment les trois monuments consacrés à Gene Vincent chroniqués la semaine dernière )

 

www.shakinstuff.com

 

 

 

INDEX KR'TNT !

 

ALAIN DISTER / 38

ALEXIS QUINLIN / 38

BASTON GENERAL / 2

BB BRUNES / 36

BOBBY COCHRAN / 41

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 33

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36 / 41

EDDIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELVIS PRESLEY / 29 / 45

EVAN HUNTER / 20

FABRICE GAIGNAUT / 42

FRANCOIS BON / 43

FRANCOIS JOUFFA / 42

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36 / 45

GERARD HERZHAFT / 32 /

GOSTH HIGWAY / 25 / 26 / 45

IGGY POP / 34

JACQUES BARSAMIAN / 42

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHN SINCLAIR / 39

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

KEITH RICHARDS / 43

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MC5 / 39

MICHEL ROSE / 41

MICK FARREN / 27

NEGRO SPIRITUALS / 46

NICK MORAN / 12

NOËL DESCHAMPS / 46

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35 / 44

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHNSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25 / 45

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

ROLLING STONES / 43

SONIC SURGEON / 28

STEPHANE PIETRI / 38

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 / 41 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

VAL HENNESSY / 38

VELLOCET / 16

VINCE TAYLOR / 44

WANDA JACKSON / 37

YVONNET GUITTON / 45

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

BURNING DUST : BURNING... LIVE / 25

CULTURE ROCKERS ( collectif ) / 25

GHOST HIGWAY : GHOST HIHWAY / 25

PLASTICINE : ABOUT LOVE / 36

VELLOCET : INSOMNIA / 16

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

ASPEN TERMINUS / FABRICE GAIGNAULT / 42

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

COUNTRY BLUES / CLAUDE BATHANY / 40

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ENCYCLOPEDIE DE LA COUNTRY ET DU ROCKABILLY / MICHEL ROSE / 40

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

GUITAR ARMY / JOHN SINCLAIR / 39

IN THE GUTTER / VAL HENNESSY / 38

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

L'AGE D'OR DU ROCK'N'ROLL / 42

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LIFE / KEITH RICHARDS / 43

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

PRIVATE COLLECTION ( 3 volumes ) YVONNICK GUITTON / 45

PUNK ROCKERS / ALAIN DISTER / 38

PUNK SEVENTEE RUSH / STEPHANE PIETRY – ALEXIS QUINLIN / 38

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

ROLLING STONES / UNE BIOGRAPHIE / FRANCOIS BON / 43

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

THREE STEPS TO HEAVEN / BOBBY COCHRAN / SUSAN VAN HECKE / 41

TROIS / PATTI SMITH / 31

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

COUNTRY MAGAZINE USA ( N° 2 ) 42 /

COUNTRY MUSIC MEMORIAL ( N° 10 ) 42 /

CROSSROADS / 33 /

DREAMWEST ( N° 21 ) 45 /

GUITARIST MAGAZINE ( N° 241 ) 43 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JAZZ MAGAZINE ( N° 622 ) 41 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

LOUD ! ( N° 120 ) 41 /

METALLIAN ( N° 63 ) 42 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

PALPABLE ( N° 5 & N° 6 ) 39 /

PUNK RAWK ( N° 16 ) 38 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 / ( N° 524 ) 45 /

ROCK'N'ROLL REVUE ( N° 51 ) 40 /

ROCK SOUND ( HS N° 8 ) 39 /

SO JAZZ ( N° 13 ) 43 /

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /

STARFAN ( N° 5 ) 45 /

VINTAGE GUITARE ( N° 2 ) 34 /

 

 

 

 

 

24/03/2011

KR'TNT ! ¤ 45.

 

KR'TNT ! ¤ 45

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

24 / 03 / 2010

 

 

 

INDEX KR'TNT ! EN FIN DE LIVRAISON

 

 

FOR FANS ONLY

 

THE FIRST GROUP IN THE WORLD

 

GENE VINCENT AND HIS BLUE CAPS

 

THE BOSS '56

 

FROM NASHVILLE TO HOLLYWOOD

 

GUITTON YVONNICK

numérisation0059.jpg

 

Vous y avez échappé par miracle à la dernière livraison, mais vous aurez beau vous débattre, cette fois-ci vous ne couperez pas à la douzième Gene Vincent intervention ! Remarquez, il y a plus fanatique que moi, prenons un cas au hasard : celui de Guitton Yvonnick, par exemple. Ce n'est pas douze misérables chroniques de quelques pages qu'il a consacrées à Gene Vincent, mais un ensemble de trois livres, grand format, plus de mille pages, papier glacé, reproductions couleur, le grand luxe, il a dû y engloutir une partie de sa fortune, et encore ce n'est que la misérable partie visible de la documentation qu'il a rassemblée. Il aurait pu garder tout cela pour lui, en gros jaloux, et ne le montrer à personne, mais non il a choisi d'en faire profiter les amateurs et d'ouvrir en quelque sorte sa collection au public. Un humaniste en quelque sorte. Remercions-le.

 

Il y a juste un danger lorsque vous ouvrez ce premier livre de la série, votre cerveau risque de ne pas suivre, de tout partout, vous avez un mal de chien à maîtriser vos yeux, trois quatre détails pharamineux qui vous arrachent la vue à chaque page, ici la repro d'un ticket de concert, plus haut la couve d'un fanzine américain dont vous ignoriez jusqu'à l'existence, tiens une pub de la WCMS ( Norfolk Country Music Station ), et là l'étiquette blanche d'un disque promotionnel de Gonna Back Up Baby, des heures de contemplation assurée alors que vous n'avez même pas commencé la lecture.

 

Justement question lecture vous faites la grimace, tout est en anglais, même les textes de présentation de Yvonnick Guitton ! Mais je le redis nous avons affaire à un véritable bienfaiteur de l'humanité, la série des trois bouquins, c'est un peu comme les mousquetaires, il en existe un quatrième livré, avec ses frères, beaucoup plus mince mais avec l'intégralité des interviews de ce premier volume : The Boss '56, réunies et traduites en langue française.

numérisation0057.jpg

 

Côté interview c'est Sheriff Tex Davis qui se taille la part du lion. Yvonnick Guitton propose sa propre explication. Les membres des Blue Caps auraient vécu l'apothéose 56 avec l'insouciance dévolue à la jeunesse. Ils auraient vécu les plus beaux mois de leur vie sans s'en rendre compte. Analyse qui n'est pas entièrement fausse et que plus tard, les musicos quelque peu abîmés par la vie ne furent pas loin de partager.

 

Il convient de savoir lire entre les lignes. Si sans Shériff Tex Davis, Gene n'aurait jamais eu le contact avec Ken Nelson – et l'on peut en déduire que le jeune Craddock serait resté le jeune plouc qu'il était, un norfrolkleux de petite zone tout heureux de finir en pensionné de l'US Navy - il convient de rabattre le personnage à un rôle quelque peu moins important. Shériff Tex Davis n'était peut-être pas né sous une bonne étoile mais il a vite compris que pour réussir dans la vie, il convient de tirer la couverture à soi.

 

Hilarant de lire comment Sheriff Tex Davis, fut un poëte inspiré. Les idées de chansons lui venaient aussi naturellement que la rosée du matin sur l'herbe du désert... Certes il a cosigné une grande partie des premiers morceaux de Gene. Pratique courante à l'époque. Je t'aide à condition que mes pourcentages de départ soient à la base conforté par le partage des droits d'auteur... Etre crédité sur Be Bop A Lula équivaut à toucher les dividendes d'une rente à vie...

 

La première Thunderbird achetée avec l'argent des premières tournées de Gene et ses musiciens le sera au seul bénéfice de Davis. C'est en montant dans la voiture de son imprésario que Gene Vincent s'aperçoit qu'il a tout intérêt d'exiger de son agent qu'il lui commande presto un monstre mécanique d'une semblable beauté... Encore que derrière Tex se cachent le patron et les imprésarii de WCMS... Roy Lamar et Victor Blumenthal, n'ont pas laissé partir leur poule aux oeufs d'or sans quelque garantie dument signée au bas d'un contrat bétonné. Gene n'était pas le genre de mec à lire les paragraphes écrits en toutes petites lettres. Ni même à penser s'en remettre quant à ses finances à un troupeau d'avocats. Dès l'année suivante, il s'en repentira. Mais ce sera trop tard. Et nous n'avons même pas effleuré le jeu promotionnel un peu trouble de Capitol, la maison de disques qui sera, dès la première vague du succès passée des plus ambigus, quant au management des suites de sa carrière.

 

Gene a le nez dans le caca d'un peu trop près pour mesurer l'ampleur de la catastrophe annoncée. Un à un les Blue Caps vont rentrer chez eux, d'abord les plus âgés – ils ont laissé femme et enfant à la maison – et pire que tout parce que, à bien y regarder, la musique qu'ils jouent ne leur semble guère promise à un grand avenir. Quand l'on pense qu'un guitariste aussi doué que Cliff Gallup n'a même pas conscience qu'il est en train de fonder une nouvelle façon de produire du son ! Dans sa tête il a tout juste réussi à plaquer les bons accords aux bons moments pour mettre en évidence la voix et la manière de chanter un peu particulière de l'artiste qu'il accompagne. Une espèce de chien fou qui jette sa gourme et qui finira par rentrer au bercail des habitudes de l'easy listening western bop traditionnel. Le rock'n'roll est vraisemblablement le dernier genre de musique auquel s'intéresse celui que l'on désigne parfois comme le plus grand guitariste du rock'n'roll !

 

M'étais toujours demandé comment Gene avait pu montrer tant de maîtrise dans ses premières séances d'enregistrement. Voici un gars qui arrive en studio avec un combo monté de bric et de broc, à partir d'éléments disparates. Certes Dickie Harrel possède la fougue et le délire improvisatif de la jeunesse, Jack Neal déjà plus vieux a traîné sa basse dans toutes sortes d'orchestres, il saura s'adapter, mais Cliff Gallup est un génie qui s'ignore et ses yeux ne sont pas en extase devant la ligne bleue du rock'n'roll, et Wee Willie Williams c'est un peu le touriste qui entre parce qu'il a vu de la lumière, fait correctement son boulot puis trois petits tours, et sera le premier à quitter le bateau lorsqu'il deviendra ivre.

numérisation0056.jpg

 

C'est que les Blue Caps ne sont pas le premier groupe de Gene. Il a eu l'occasion de faire ses premières armes non pas avec son propre band mais avec le Lucky Wray and the Palomino Ranch Hands, un nom à coucher dans un rodéo, mais en fait le groupe de Link Wray. Gene était béni des dieux, avant d'avoir Cliff Gallup, il a eu Link Wray ! Chance extraordinaire, il est le protégé d'un des guitaristes les plus inventifs de sa génération, on lui permet de tenir la rythmique et de pousser sa voix dans le micro. Il n'est qu'un musicien d'appoint, un petit jeune que l'on aime bien, mais on comprend mieux pourquoi l'année suivante il saura trouver au fond de lui cette aisance impériale qui lui permettra de souder et de transcender autour de de sa personne les Blue Caps. De même il n'aura pas à tâtonner très longtemps pour appréhender l'espace de la scène. Les commentaires des Blue Caps sont très révélateurs, Gene les surprend, Wee Willie qui donnait ses pépères-shows hebdomadaires avec l'orchestre maison de WCMS le considère presque comme une bête non pas curieuse, mais sauvage. Guitton Yvonnick a raison : en 56, Vincent est bien le patron.

 

Il est aussi celui qui donne sans compter. C'est un garçon, qui par la force des choses, n'écoute pas son corps. Sa jambe blessée le fait avancer plus vite que n'importe qui. Il était déjà fort peu soigneux de sa personne, ongles sales, cheveux graisseux, un greaser dans toute sa splendeur, tête dure et bornée, il a du caractère. Ou la musique passe, ou ça casse. Il n'est pas un obsédé de la courbette, ni du cirage de pompes, les pros qui l'entourent qui sont habitués aux marques de respect, voire de servilité, ne récolteront pas ce qu'ils attendent. Il sera vite rayé des play-list radiophoniques et Capitol se détournera de cette recrue qui rue dans les brancards de la bienséance.

 

 

Encore une fois notre Sheriff fait des siennes : à l'en croire, c'est grâce à son entremise qu'Elvis devient célèbre au sud de la Virginie... vantardise d'autant mal venue qu'il n'oublie pas de noter que la veille Presley opérait son premier grand passage dans une émission de TV nationale... Ni Davis, ni Parker n'ont le temps de maîtriser les événement. Ils vont essayer de profiter de l'occasion et de ramasser un maximum de blé. Ils mettent en branle la pompe à dollars, sans trop réfléchir. L'investissement à long terme, ils n'y pensent guère. Ainsi Presley se verra contraint de participer à trente-huit navets cinématographiques dont il se serait bien passé. A l'encontre de Parker qui ne reviendra jamais sur son tutorat financier, Davis tournera vite casaque lorsqu'il jugera que son cheval blessé à la patte n'attirera plus jamais aucun parieur.

 

Bill Davis et Parker se connaissent. Ils connaissent aussi toutes les ficelles du métier. Mais Parker a un (mystery ) train d'avance. Le même que celui de Presley sur Gene. Les concerts de Presley à Norfolk seront un élément déclencheur pour le jeune Gene. Jusque-là Vincent n'est qu'un aspirant à la gloire. Comme des milliers de jeunes devant leur glace. Mais la venue de Presley agit comme un ferment de maturation. Après le passage de Presley , Gene sait ce qu'il veut, il a tout pigé. Révélation. C'est en cela aussi qu'il sera le big boss man des Blue Caps. Il a – a contrario de Cliff Gallup – une idée prémonitoire du rock'n'roll. Il a deviné l'esprit de cette nouvelle musique et, avant même que Presley en ait résolu tous les attendus, il en aura pénétré la dramaturgie conséquentielle inhérente à son déploiement.

 

Il semblerait qu'avant d'être racheté par RCA Victor le contrat Sun d'Elvis ait intéressé Atlantic. Guitton Yvonnick s'interroge sur ce que serait devenu Elvis chez Atlantic. D'après lui, Atlantic étant beaucoup plus spécialisé dans le rythmn'n'blues, la firme n'aurait pas laissé à Elvis la corde sur le cou comme le fit RCA pour les premières sessions, non par un goût prononcé pour la liberté créatrice de l'artiste, mais par ignorance totale de ce que l'on pouvait attendre d'un chanteur de rock.

 

Les réflexions de Guitton Yvonnick procèdent d'une logique concertée. Après avoir longuement comparé Elvis à Gene et conclu que Vincent n'avait rien à envier à Presley en cette annéee 1956, il se tourne vers le troisième favori du tiercé gagnant : Johnny Burnette ! Beaucoup d'amateurs tiennent le premier 33 tours des frères Burnette comme le plus grand disque de rockabilly jamais enregistré. Et il est sûr que les deux 33 de Presley et de Vincent de la même période peuvent lui céder la place. Attention un disque peut-être supérieur ou inférieur à un autre sans que ce classement détermine la valeur intrinsèque des artistes en compétition !

 

Guitton Yvonnick qui vient de démontrer que Gene et Elvis font jeu égal avec un léger avantage moral du Sreamin' Kidd sur le Hillbilly Cat, s'empresse de rappeler comment dans sa jeunesse le jeune Presley qui habitait à trois pâtés de maisons des frères Burnette, plus âgés d'un à deux ans, a été initié à la bonne musique qui roule ou plutôt au bon rythme qui bluese par ses voisins... C'est un peu l'argument antéchronologique qui tue, d'autant plus spécieux qu'il fait l'économie de la comparaison Burnette / Vincent ou Blue Caps / Rock'n'Roll Trio. Dans tout fan qui se respecte, l'on trouve toujours au moins un dixième de milligramme de mauvaise foi ! Nous n'en voulons surtout pas à Yvonnick Guitton, d'abord parce que sur ce point là, nous lui ressemblons, ensuite parce que ce premier livre est un monument de ferveur érigé en la mémoire de Gene Vincent. L'idole capitale.

 

 

IT'S THE GREATEST ! GET WITH IT'

 

GENE VINCENT FULL DIMENSIONNAL

 

FROM THE CAPITOL TOWER

 

GUITTON YVONNICK

numérisation0060.jpg

 

Ne révélez jamais à votre voisin que vous lisez ce genre de littérature. Il restera persuadé tout le restant de sa vie qu'il aura eu raison de vous faire interner. D'ailleurs les psychiatres lui auront donné raison. Ce bouquin c'est le palais des glaces de la fête foraine. A la différence près que lorsque vous y avez glissé le nez à l'intérieur, vous n'éprouvez plus l'envie d'en ressortir. Vous fermez la porte à clef et vous coupez le téléphone pour ne plus jamais être dérangé. Vous êtes ailleurs, en un pays merveilleux, le Gene Vincent's land.

 

Surtout ne vous précipitez pas vers cette première merveille du monde. Vous risquez d'être déçu. Beaucoup d'entre vous vont s'ennuyer ferme. Peut-être même que certains la trouveront aussi aride à traverser que la vallée de la mort. Je n'exclus pas que certaines âmes faibles préfèreront, poussées par un incontrôlable désespoir, plutôt en finir avec leur jour que de parvenir au terme de leur lecture. Vous aurez été avertis, ne venez pas vous plaindre après.

 

J'entends vos cris et je subodore votre impatience. Aussi ne prolongerai-je pas le suspense. Je vous l'annonce en quatre mots : discographie de Gene Vincent. Tous les disques de Gene, publiés dans le monde entier, France, USA, Russie, Suède, etc.. pris en photos, face A et face B, recto et verso de pochette. Un travail de titan ou de bénédictin ( cochez le bon mot selon votre appartenance culturelle ), un truc dément, bref le redoutable catalogue de tous les trous de votre collection personnelle ! Cet altruiste Guitton Yvonnick ne serait-il qu'un sadique éhonté qui cherche à vous briser davantage le coeur à chaque fois que vous tournez la page !

 

For fans only. Merci M. Guitton. Un seul reproche : parfait pour les 45 t, mais il faudra lors d'une prochaine réédition rajouter la liste des titres des 33 T.

 

 

STAR OF HOLLYWOOD BLVD

 

GENE VINCENT

 

SPECTACULAR DOCUMENTS

 

FROM THE CAPITOL TOWER

numérisation0061.jpg

 

Plus accessible au commun des mortels ce troisième tome. Une impressionnante collection de photos diverses : coupures de presses, partitions, affiches de cinéma, couvertures de revues, annonces et programmes de concerts, photos promotionnelles, pochettes de disques, articles de fanzines, un grenier de mémoire vivante. De quoi rêver et de quoi pleurer. Le feu du passé et les cendres du présent. Mémorial des années perdues et vivarium des connaissances futures. Chaque image pourrait être commentée durant des heures...

 

Guitton Yvonnick nous envoie le faire-part de sa collection. Même si l'on peut retrouver une partie de ces documents sur le net, ici ils sont rassemblés et à portée de main. Il suffit d'ouvrir le livre et de se laisser emporter. Vous avez compris: trois bouquins qui se regardent, plus qu'ils ne se lisent. Des livres de rock'n'roll art. L'éphémère de la représentation figée sur le papier glacé et mortuaire. Conservation pieuse ou conversation avec Gene ? Un petit instant d'éternité figé à tout jamais. Mémoire d'outre-tombe. L'urne du souvenir est entre nos mains. Descente au tombeau et montée vers l'empyrock !

 

Nous sommes les veilleurs d'un sommeil qui nous engloutira à notre tour. Trente-trois tours et puis s'en va. Croquemort et croque-disques. Ca ne fait rien, plus rien ne nous gêne. Vincent !

 

Dam Chad.

 

 

 

 

URGENT CA PRESSE §

 

STARFAN N° 5. SPECIAL ELVIS PRESLEY.

Octobre/ Novembre / Décembre 2010.

numérisation0063.jpg

 

Ils ont sorti le N°6 depuis. Consacré à John Lennon. Le précédent c'était le tour de Mickael Jackson. On ne peut pas dire qu'ils prennent beaucoup de risques chez Starfan. Ne sont pas cachotiers non plus : c'est marqué en toutes lettres en plein milieu de la couverture. Lafont Presse ! Un empire ( de presse ) qui possède plus de soixante ( oui 60 ! ) magazines. Du grand public qui caresse le lecteur dans le sens du poil consensuel. Sont plutôt spécialisés dans le foot, la vie pratique et l'entreprise. La sainte trinité des années 80 !

 

Pas vraiment des anarchistes chez Lafont, aussi quand ils se décident de lancer un magazine rock, faut se dire que l'on est juste une cible marketing pour qui l'on a au préalable défini une stratégie de satisfaction de besoins primaires clairement identifiés. L'on a prévu votre haussement d'épaules, bien sûr vous avez déjà douze ouvrages sur le King chez vous et les Colonels Parker à la petite semaine qui tentent de vous arracher cinq euros quatre-vingt centimes ( en ce bas-monde, rien n'est jamais donné ) vous les voyez venir de loin. Mais il y a l' hameçon des sous-titres «  Les secrets du roi du rock » ( longtemps qu'ils sont éventés ) et le piège final qui referme ses mâchoires de fer sur votre portefeuille «  Toujours Vivant ?  » !

 

Toutes nos réticences étalées au grand jour – ah, oui ! J'oubliai les posters centraux, ils auraient pu mettre de la couleur des quatre côtés ! - soyons honnête un jeune ado qui ne connaît Elvis que de nom et qui aurait l'intention d'en savoir plus, trouvera là l'essentiel du B. A – BA que l'on se doit de mémoriser sur l'enfant de Tupelo si l'on ne veut pas passer pour une cloche, de pâques, dans les dîners en ville.

 

C'est assez bien fait, les journaleux – l'on reconnaît surtout la griffe de Daniel Ichbiah, son nom ne surprendra pas les adeptes des jeux vidéos - sont allés se renseigner dans divers ouvrages plutôt bien documentés. Insistent même sur les contradictions du rebelle qui s'en vient proposer au président Nixon un deal pour sauver la jeunesse américaine de la drogue... tout ce cirque pour se faire remettre la plaque de la Brigade des Stupéfiants pour sa collection d'insignes policiers ! Inutile de prendre Elvis pour un enfoiré ou un grand enfant. Simplement un sésame pour transporter des armes et d'illicites substances sur l'ensemble du territoire des USA sans être inquiété par les agents fédéraux !

 

En filigrane, un portrait d'Elvis assez ressemblant, enfermé dans la tour d'ivoire de ses fragilités et d'un succès arrivé un peu trop vite. Et qui a fini par le détruire. L'histoire d'un prisonnier qui n'a pas su s'évader de la prison qu'il avait construite pour se protéger.

 

Damie Chad.

 

DREAMWEST. N°21.

Magazine Country. Trimestriel. Mars-Mai 2011.

numérisation0062.jpg

 

Un peu estomaqué quand j'y suis tombé dessus. Je ne connaissais point. J'ai cru avoir fait la découverte du siècle. J'ai vite déchanté au café, où je m'étais précipité pour le lire. Parfois le Southern Comfort passe moins bien que d'autres... Gwyneth Paltrow en couverture, promotion de Contry Strong à visionner au mois de mai prochain dans les salles. Ensuite on tourne les pages rapidement, deux sur Joan Baez, un énorme dossier sur Hawaï ( cinquantième état de la Grand Amérique ) mais vous savez la faune, la flore du Pacifique, le capitaine Cook, les photos des bateaux perdus à Pearl Harbour, plus la recette de cuisine du coin, c'est quand même un peu loin de la country... heureusement qu'Elvis a eu la merveilleuse idée d'enregistrer Aloha From Hawaï à Honolulu, nous voici enfin en pays de connaissance... Je préfère me taire sur l'attrait irrésistible des clubs de danse country dans les blancs pâturages du Québec... Au folio 74 ( et 75 ! ), une interview de Junior Brown, ça tombe bien je commençais à oublier que je feuilletais un magazine country ! Sautez directement à la page 92 pour Trent Willmon, Aaron Watson, Paula Nelson ( la fille de Willie ) et voilà c'est fini ! Vous n'aurez pas eu le temps d'user vos verres de lunettes.

 

J'ai quand même pris la grande claque. Jive Bunny, le lapin aux grandes oreilles sort sa dernière carotte, un album country rock ! Senteur d'arnaque à la petite semaine, des reprises de standards passés à la moulinette rétro-danse ! Et puis paf, par acquis de conscience je me lance dans l'interview, merde alors ! Ce Jive Bunny ce n'est ni plus ni moins que Mark Robson ! Mark Robson, le chanteur du Poing avec Jojo Dumoutier à la batterie. Au début il y a eu aussi Laurent Voulzie à la guitare, mais l'on s'en fout, Dumoutier il a accompagné Moustique sur scène à la grande époque, même que Jojo il a aussi battu la cadence pour Gégène... Mark Robson et le Poing, les ai vus plusieurs fois en 72, j'avais même la grande affiche rouge avec la moto dans ma chambre. Robson, l'ai toujours trouvé un peu frime, le Gary Glitter du rock français, mais enfin il lui est arrivé de tourner avec Vince - Jet Black Machine - Taylor. Par contre le trio du Poing derrière, sur scène, ça alignait sec. Comme le monde est petit, si vous vous reportez à notre trente-sixième livraison, nous chroniquions les Plasticines cornaquées par un certain Maxime Schmidt, guitariste ( et compositeur ) du Poing !

 

Je me demandais où était passé Mark Robson, toujours dans le métier quarante ans après. Je ne critique pas. Faut croûter. Gloire au lion, même s'il a dû limer ses ongles. Du moins est-il encore sur piste. Le cirque du rock'n'roll est sans pitié.

 

Du coup je n'ai plus regretté mes six euros cinquante !

 

Damie Chad.

 

ROCK'N'FOLK N° 524.

Avril 2011.

numérisation0064.jpg

 

Je vais finir par croire que nous collons à l'actualité. Que dis-je que c'est l'actualité qui court après KR'TNT ! Trois grands articles sur le rockabilly en moins de six mois dans Rock'n'Folk ! Pas de doute nous marchons dans le sens de l'histoire ! Interwiew de Tony Marlow l'activiste de Rockers Kulture, il n'est pas tout seul, il apporte son plein de bonnes nouvelles, cent groupes rockab qui tournent en France, notamment Burnin' dust – c'est pour rendre compte d'un de leurs concerts que KR'TNT est né voici deux ans – un volume 3 de l'anthologie Rockers Kulture pour la fin de l'année – merci Père Noël – et un 25 centimètres vinyl de Ghost Highway en préparation, au mois de novembre dans notre vingt-sixième livraison nous rendions compte d'une de leur prestations. Quand on vous dit que nous avons du flair !

 

Par contre on fait un peu la gueule, ils annoncent bien The Sound and the Fury, non, pas une réédition de la nouvelle de William Faulkner, mais chez GVC, un double-compact de Billy Fury, le rocker anglais, dont ils ne citent que deux titres ! Dommage c'est rempli de fort belles choses, surtout d'alternative takes comme l'on dit si bien de l'autre côté de la mer...

 

Pour finir, un débat special froggies : Johnny est-il rock ? Inutile de vous lancer dans d'oiseuses controverses avec vos voisins de tables, la réponse est d'une simplicité désarmante : oui pour ceux qui ont suivi Johnny dans les années 60-70, non pour ceux qui sont arrivés après la bagarre dans les années 80-90... avec Eudeline, Jean-William Thoury, Vincent Palmer, Philippe Manoeuvre, la grosse artillerie

 

On vous reparlera de Johnny une autre fois... Plein d'autres choses dans ce numéro, qui ce soir nous intéressent moins... ah oui, bien sûr, une édition de luxe de Elvis is back, le disque du retour de l'armée, sacré Presley présent dans les trois revues !

 

Damie Chad.

 

 

LOOK BOOK !

numérisation0066.jpg

 

LA ZINGARINA ou L'HERBE SAUVAGE.

SANDRA JAYAT.

Max Milo. 2010.

 

Je l'ai acheté parce que sur la quatrième de couverture il y avait deux mots talismans Django Reinhardt. Comment résister ? Pas de chance, lorsque l'héroïne arrive à Paris pour rencontrer son cousin Django, il est mort. Tant pis il faudra faire sans.

Pas regretté une seconde de l'avoir lu tout d'une traite ce roman autobiographique. Il nous conte les aventures de Zingarina-Sandra Jayat, tziganette de quinze ans qui fuit l'Italie et un mariage forcé arrangé entre parents... Une longue route peuplée d'épines et de rencontres. Autour des roulottes les guitares swinguent mais la rage de vivre on the road est assez rock'n'roll.

A Paris, la chance s'en mêle, Zingarina rencontre Marcel Aymé, Jean Cocteau, Lucette la compagne de Céline, et bien d'autres... elle écrit, elle publie, elle peint, elle vend, elle danse, elle chante, elle a même enregistré des disques, elle organise des expositions et des soirées poésie, une vie bien remplie... Elle croise les existentialistes et les milieux artistes qui gravitent autour de Montmartre... Pour le rock grand mystère, apparemment Zingarinette passe à côté ou à travers du phénomène, un peu déroutant quand l'on sait combien le rock a été véhiculé en France par les fêtes foraines et la présence de jeunes gitans parmi les bandes de blousons noirs.

Elle n'en parle pas, mais ce modeste rom-an fait bien la nique à toutes ces directives gouvernementales anti-rom qui déshonorent notre pays.

 

Dam Chad.

 

 

INDEX KR'TNT !

 

ALAIN DISTER / 38

ALEXIS QUINLIN / 38

BASTON GENERAL / 2

BB BRUNES / 36

BOBBY COCHRAN / 41

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 33

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36 / 41

EDDIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELVIS PRESLEY / 29 / 45

EVAN HUNTER / 20

FABRICE GAIGNAUT / 42

FRANCOIS BON / 43

FRANCOIS JOUFFA / 42

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36 / 45

GERARD HERZHAFT / 32 /

GOSTH HIGWAY / 25 / 26 / 45

IGGY POP / 34

JACQUES BARSAMIAN / 42

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHN SINCLAIR / 39

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

KEITH RICHARDS / 43

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MC5 / 39

MICHEL ROSE / 41

MICK FARREN / 27

NICK MORAN / 12

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35 / 44

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25 / 45

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

ROLLING STONES / 43

SONIC SURGEON / 28

STEPHANE PIETRI / 38

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 / 41 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

VAL HENNESSY / 38

VELLOCET / 16

VINCE TAYLOR / 44

WANDA JACKSON / 37

YVONNET GUITTON / 45

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

BURNING DUST : BURNING... LIVE / 25

CULTURE ROCKERS ( collectif ) / 25

GHOST HIGWAY : GHOST HIHWAY / 25

PLASTICINE : ABOUT LOVE / 36

VELLOCET : INSOMNIA / 16

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

ASPEN TERMINUS / FABRICE GAIGNAULT / 42

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

COUNTRY BLUES / CLAUDE BATHANY / 40

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ENCYCLOPEDIE DE LA COUNTRY ET DU ROCKABILLY / MICHEL ROSE / 40

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

GUITAR ARMY / JOHN SINCLAIR / 39

IN THE GUTTER / VAL HENNESSY / 38

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

L'AGE D'OR DU ROCK'N'ROLL / 42

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LIFE / KEITH RICHARDS / 43

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

PRIVATE COLLECTION ( 3 volumes ) YVONNICK GUITTON / 45

PUNK ROCKERS / ALAIN DISTER / 38

PUNK SEVENTEE RUSH / STEPHANE PIETRY – ALEXIS QUINLIN / 38

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

ROLLING STONES / UNE BIOGRAPHIE / FRANCOIS BON / 43

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

THREE STEPS TO HEAVEN / BOBBY COCHRAN / SUSAN VAN HECKE / 41

TROIS / PATTI SMITH / 31

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

COUNTRY MAGAZINE USA ( N° 2 ) 42 /

COUNTRY MUSIC MEMORIAL ( N° 10 ) 42 /

CROSSROADS / 33 /

DREAMWEST ( N° 21 ) 45 /

GUITARIST MAGAZINE ( N° 241 ) 43 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JAZZ MAGAZINE ( N° 622 ) 41 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

LOUD ! ( N° 120 ) 41 /

METALLIAN ( N° 63 ) 42 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

PALPABLE ( N° 5 & N° 6 ) 39 /

PUNK RAWK ( N° 16 ) 38 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 / ( N° 524 ) 45 /

ROCK'N'ROLL REVUE ( N° 51 ) 40 /

ROCK SOUND ( HS N° 8 ) 39 /

SO JAZZ ( N° 13 ) / 43

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /

STARFAN ( N° 5 ) 45 /

 

 

17/03/2011

KR'TNT ! ¤ 44.

 

KR'TNT ! ¤ 44

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

17 / 03 / 2010

 

INDEX KR'TNT ! EN FIN DE LIVRAISON

 

 

 

The jet black machine ( I )

 

 

numérisation0036.jpg

 

Vous étiez partis pour une douzième livraison de Gene Vincent – quand on aime on ne compte pas – mais deux minutes avant de mettre au boulot j'ai – une vieille habitude - cliqué sur rollcallblog.blogspot.com ... je suis resté scotché sur Dr Rock & Mr Roll des films Elémentaires de Jacques Richard, la dernière prestation filmée de Vince Taylor, que je vous recommande de visionner avant - et peut-être même au lieu - de lire cet article. Les images mouvantes parlent à notre âme – oooh my soul ! - souvent mieux que la fixité des mots.

 

Vince Taylor, une vieille connaissance ! Non, je ne l'ai jamais rencontré et ne pourrais même pas me pointer, en séance hommagiale de rattrapage, devant sa tombe car aux dernières nouvelles elle aurait disparu. Tout un symbole, même mort Vince Taylor joue à cache-cache avec la gloire. Mais au printemps 62 – j'étais alors en CM2 – j'exhibais fièrement son portrait sur le porte-clef qui pendait à ma ceinture. A ma grande honte je dois avouer que je l'avais gagné en achetant des bonbons. Hé, oui ! il a bien existé en France une époque bénie des Dieux ( du rock ) où les marchands de sucreries boostaient les ventes en proposant de telles babioles copocléphilesques à la candeur de notre jeunesse. Aux regards d'envie et de jalousie que suscita mon aléatoire acquisition chez les copines de ma grande soeur - elles étaient, gentillesse intéressée, entrées avec moi dans le magasin - j'ai compris que j'avais touché le gros lot. Un gars qui allumait un tel désir chez les filles ne pouvait pas être totalement mauvais. Je suis à l'instant devenu fan de Vince Taylor, sans avoir jamais entendu auparavant un seul de ses disques ! Je me suis rattrapé par la suite.

 

C'est peut-être pour cela, cette concomitance avec mes jeunes années, que je classe Vince Taylor parmi les rockers français. Je me corrige : je tiens Vince Taylor pour le seul des pionniers français qui puissent rivaliser par la qualité de ses disques avec les Amerloques. L'on ne va pas mégoter sur ses origines, comme tout un chacun je sais bien qu'il est né en Angleterre mais la partie la plus signifiante de sa carrière se déroula en France, et sans doute ne serait-il plus connu que par les initiés si notre pays ne lui avait offert un accueil aussi explosif.

 

Reste à éviter le marronnier qui traverse la route dès que l'on évoque Vince Taylor. Sa ressemblance avec Gene Vincent. Ainsi ânonnent les imbéciles. Il est sûr que l'ombre de l'un convoque l'ombre de l'autre. Encore au début de cet article je m'apprêtais à écrire sur Gene Vincent lorsque le destin a changé la donne et m'a refilé la carte Vince Taylor. Certes il existe des similitudes entre nos deux rochers. S'il vous plaît, pas celle de la tenue de cuir noir ! Et ne nous lançons point dans le stupide jeu de savoir qui l'a portée en premier. De la veste zébrée au costume fripé, de 56 à 59 aux USA, Vincent a tour à tour enfilé toute la panoplie que lui offrait la rebel fashion de son temps... c'est en arrivant en Angleterre que Jack Goode, célèbre animateur de Boys meet Girls, lui suggère de s'habiller de cuir noir, davantage en accord, selon lui, avec la violence innée du rock'n'roll... Mais cette tenue ne deviendra légendaire et constitutive de l'image de Gene Vincent qu'avec la mort d'Eddie Cochran... L'on dira que Gene portait le deuil d'Eddie, mais en fait c'était en toute prescience la perte proximale d'une primitive innocence du rock'n'roll qu'il arborait...

 

Je suis certain que Vince n'a pas cherché à copier Gene, il a simplement trouvé en la félinité du cuir une matière qui moulait au mieux et magnifiait la sveltesse de ses déhanchements lascifs... Lorsque en 1968 pour son NBC TV Show Elvis reprend le cuir de Vincent, il ressemble en ses gestes davantage à Vince qu'à Vincent. Ce qui est tout à fait logique, la chorégraphie mortuaire de Gene est bâtie autour de son infirmité, Presley et Taylor possèdent la native élégance des slalomeurs. De toutes les manières, pour clore le chapitre, nous rappellerons que le premier à artiste à revendiquer le port icônique du cuir noir fut Marlon Brando dans L'Equipée Sauvage, en 1953 !

 

Répétons-le Vince n'est pas un clone de Gene. Leurs destinées épousent des lignes parallèles mais elles sont indépendantes de leur volonté. S'ils avaient eu la faculté de corriger la trajectoire, gageons qu'ils ne s'en seraient pas privés. Par contre les mêmes causes produisent les mêmes effets, cette règle aristotélicienne de base suffit à expliquer la similarité de leur accomplissement.

 

Lorsqu'il débarque en France, un peu par curiosité, un peu par opportunité, Vince n'arrive pas les valises vides, Taylor possède quelques biscuits de fort belle appétence dans ses bagages. Il a passé la majeure partie de sa vie aux USA, il en a du coup un gros avantage : il a assisté de près à la naissance du rock'n'roll, et surtout il a sans forcer un phrasé américain, pas comme ces anglais qui vous crachent chaque mot à la gueule comme s'ils vous glaviotaient, non mais une cadence, les mots vous sortent de la bouche comme de l'eau qui coule, mais avec cette maîtrise parfaite qui vous permet de réduire ou d'amplifier à tout moment le débit.

 

numérisation0038.jpg

 

Ecoutez Elvis ( et tous les autres ) la voix ne coupe jamais l'accompagnement musical, elle le survole. Et l'organe de Vince, il se situe à mi-chemin entre celui de Presley et celui de Cochran. Du premier il a la souplesse et la flexibilité, du second, naturellement et sans avoir besoin de forcer comme Eddie dans Nervous Breakdown, cette raucité, comme une fêlure, qui lui permet de rugir quand les autres miaulent. En d'autres termes une voix unique plastique et sensuelle.

 

Vince a suivi le mouvement. Voulant chanter il s'est exilé, mais pour lui ce ne fut qu'un retour au pays natal, chez sa très gracieuse majesté. L'on dit qu'avant de quitter les States il aurait enregistré en 1957 la première mouture de Jet Black Machine qui figure sur son troisième simple anglais. Je ne saurais le confirmer mais cela m'agrée. Je m'explique.

 

Loin de moi l'idée de dire du mal d'un tel chef-d'oeuvre. Mais Jet Black Machine sonne beaucoup plus américain qu'anglais. Je n'entame point là une querelle de précellence nationaliste. Pour être plus clair je poserai que Jet Black Machine est un parfait condensé du rockabilly alors que son prédécesseur Brand New Cadillac c'est déjà la définition de ce que l'on appellera le rock anglais.

Jet Black Machine repose sur la voix. L'interprète parle et dialogue avec la musique. Au-delà de la pétarade fulgurante du moteur c'est encore le lonesome cow-boy qui discute le coup avec ses copains, le soir à l'étape, au coin du feu. Je n'ai pas dit des boy-scouts, imaginez plutôt des pistoléros à la dégaine facile. Vince nous raconte une histoire, il fait la grosse voix aux passages qui font peur et se tire à toute vitesse quand il ne veut pas que le récit s'enlise. Il use de tous les artifices du rockab, mais sa première éducation britannique reprenant le dessus, il omet de hoqueter. C'est un gars qui appartient à une nation civilisée, pas un péquenot des collines qui fait du bruit avec sa bouche pour encourager son cheval et impressionner les filles.

 

Entre la moto et la bagnole, il cale son premier disque anglais Right Behind You Baby. Ce n'est pas vers Presley qu'il se tourne, trop provincial dans ses goûts de chat sauvage des collines. Regarde plein tube du côté de Gene Vincent, celui de Race with the Devil et de Pink Thunderbird. Pas de meilleur maître pour apprendre à piloter un hot rod. Fini les soubresauts sur le dos d'une vache en colère. Le rodéo des vieux chevaux est derrière vous. Devant c'est à fond la caisse et les arrêts impromptus à coups de frein mortels. On stoppe au millimètre près et l'on repart sur les chapeaux de roue. L'on se fie à l'ange du Seigneur assis sur le capot pour écarter les obstacles imprévus. Un seul moment d'inattention, descente assurée vers l'enfer ! Mais faites confiance au chauffard.

 

Nous sommes en 58 et déjà existait le moteur électrique ! Sur Right Behind You, c'est un prototype, sur des plans volés aux américains. Vince Taylor a pigé le truc, c'est une équipe qui gagne, Gene Vincent et The Ble Caps, lui ce sera Vince Taylor et les Play-boys. Bobbie Clarke à la batterie et Tony Harvey à la guitare. A chacun sa partie, lui il chante, les autres jouent. Ils ne font pas joujou, ils vous mettent en joue. Le truc de Cadillac c'est l'impédance de la bobine que l'on a survolté. Il n'y a rien d'autre que deux guitares qui s'entrecroisent, droit devant et sans regarder à l'arrière. Pour le rythme l'on a pris le piano de Little Richard, file loin et jamais d'arrêt, et les guitares supplantent le tout. L'on fonce, l'on ne se préoccupe pas du chauffeur. Le moteur tourne tout seul, à lui de ne pas perdre le tempo dans les pédales. C'est là que Vince se montre inégalable, non seulement il suit, mais il précède, comme dans les dessins animés où le héros court sur le vide, il galope devant la tire et finit par arriver avant elle.

 

numérisation0040.jpg

 

Brand New Cadillac possède cinq années d'avance sur le rock anglais, tout ce que les rosbifs s'acharneront à mettre en place en partant des boîtes de mécano Chicago blues, Vince et son band le réalisent en moins de trois minutes. Il faudra plusieurs années aux Stones pour trouver le procédé de montage, et Taylor est déconcertant d'aisance et de facilité. Rien à voir avec un coup de hasard à l'arrache, l'on sent derrière le résultat une réflexion intelligente unie à un génie expérimental sûr de lui.

 

Pour Brand New Cadillac, beaucoup ne jurent que par le seul modèle qu'ils ont jamais conduit, celui des Clash. Le moulin à trois temps trafiqué à l'éthanol de reggae est pourtant particulièrement poussif si on le compare à celui de Vince. Ne faudrait opposer que ceux qui jouent dans la même catégorie. Exemple, en fins connaisseurs, les Who ne se sont pas trompés. Entre le Shakin All Over de Vince Taylor et celui de Johnny Kidd, y a dû y avoir une sacrée lutte de classes.

 

Précisons que si Johnny Kidd meurt en 66, ce sont bien les Pirates, son groupe d'accompagnement, qui seront à l'origine du pub-rock mouvement annonciateur du Punk, punk dont les le Clash sera l'un des éléments fédérateurs. Ce n'est sûrement pas un hasard si deux morceaux interprétés par Vince Taylor se retrouvent à l'initiative de la renaissance rock anglaise... Peut-être no future devant, mais un réel passé derrière.

 

Shakin' All Over figure dans cette vingtaine de titres qu'Eddie Barclay fera enregistrer à la va-vite à Vince Taylor dès son arrivée en France. Barclay voulait battre le fer du rock pendant qu'il était chaud. Il n'avait pas Hallyday, il aurait Taylor. Meilleur et authentique ! Il n'y eut qu'un hic au scénario préparé de main de maître. Eddie Barclay jouait quinte flush, il n'allait pas ce coup-ci amortir les risques en passant en douce un accord secret avec un fabricant de chaussettes. Combine trop sale. Faut pas confondre Eddy «  Claude Moine » Mitchell avec un Vince Taylor. L'a sorti le grand jeu et le carnet de chèques celui à six zéros. En anciens francs d'époque ça faisait beaucoup.

 

Croyait avoir un mignon Shetland dans son écurie, mais il s'était acheté un mustang, un bronco commanche au galop dévastateur dès qu'on le mettait en liberté. Sur disque Vince chantait déjà mieux que Johnny mais le pire c'est que sur scène il enfonçait de mille coudées notre idole des jeunes bien-aimée. Pour ne pas parler comme Edgar Morin nous ne mandarinerons point que s'opéra un phénomène d'identification non prévu au programme entre Vince revêtu de son cuir noir et les blousons noirs. Décidément noir c'est noir, et il n'y a plus d'espoir.

 

Vince Taylor était la mèche révélatrice et la jeunesse était la poudre. Le contact ne pouvait être qu'explosif. En moins de six mois, les plans sur la comète ( Haley Bill ) furent revus à la baisse. Les concerts de Vince furent un peu partout préventivement annulés et les radios cessèrent les rotations à haute fréquence de ses disques. ( Excusez-moi de revenir à mon cas personnel mais quand j'y pense, à un trimestre près je n'aurais jamais eu mon porte-clef...)

 

Pour Barclay ce ne fut pas trop grave. L'on inscrivit l'opération dans la colonne pertes et fracas et l'on remit la vieille paire de chaussettes usagées. Pour Vince la descente fut terrible. Lui qui était devenu le chouchou du tout Paris - jusqu'à Brigitte Bardot qui tomba dans ses bras - se retrouva du jour au lendemain dans un cul de sac. N'importe qui aurait pété un câble. Vince en sectionna sept ou huit en même temps. Allo, allo, la tour de contrôle du cerveau ne répond plus, préparez-vous à un atterrissage forcé en pleine mouise. Alcool, drogue, crise de mysticisme et schizophrénie galopante se trouvèrent un vaste appartement dans les lobes dévastés de notre chanteur.

 

La galère Vince Taylor, véritable bateau ivre, se transforma très vite en ponton désemparé. A plusieurs reprises il fut sauvé d'extrême justesse par des fans éplorés qui sacrifièrent leurs maigres économies. Une épave, oui mais celle du vaisseau fantôme. L'équipage a déserté la mâture, mais le capitaine est resté à bord pour veiller au grain. De folie. Des amis tentèrent de le remettre à flots. L'on ne compte pas les remake. Vince Taylor, le Retour, 17. Dix-septième et pas dernier. Il y eut des rémissions pleines d'espoir. Mais ces Austerlitz magnifiques étaient aussitôt suivies de Trafalgar désastreux. Personnage pathétique mais cap résolument rock'n'roll. Vince Taylor est désormais entré dans la légende maudite. Il sera mangé par son propre mythe.

 

numérisation0039.jpg

 

Autour de Vince, ce fut un peu le panier de crabes... nous résumerons en subodorant que certains furent plus intéressés que d'autres... les bonnes volontés n'ont pas manqué mais sans véritable capital de départ l'entreprise s'avérait difficile... Sans vouloir vexer personne, la sympathie brouillonne ne remplace pas toujours le professionnalisme... En 1983, Vince coupe définitivement les ponts avec son passé. Réfugié en Suisse auprès d'une jeune et nouvelle compagne il connaît enfin le repos et la tranquillité. Il n'en profitera pas. Tout compte fait un crabe était resté accroché au panier. Vince Taylor s'éteignit des suites d'un long et douloureux cancer au mois d'août 1991.

 

Tué par sa propre vie. Tombé au champ d'honneur du rock'n'roll.

 

Il nous reste ses disques, et un livre – un des plus beaux que je n'ai jamais lus - dont je vous reparlerai dans une future livraison. Alias Vince Taylor. Non pas tout un programme. Plutôt une déprogrammation.

Dam Chad.

 

DOCUMENTS

 

Cette semaine, rien ne presse, vous n'aurez pas droit à vos revues préférées. En échange on vous passe deux documents puisés dans nos archives secrètes : deux articles tirés du journal Libération, en 1980 du temps d'un improbable retour de Vince Taylor. Le lecteur sérieux fera de lui-même le lien avec le document visible sur Roll Call.

 

numérisation0053.jpg

numérisation0054.jpg

numérisation0055.jpg

 

 

CLIQUETIS & CLIQUEROCK

 

A peine avions-nous mentionné le lien entre Vince Taylor et le mouvement Punk que tombait sur nos téléscripteurs la missive-missile d'une de nos plus fidèles lectrices qui réagissait à notre trente-huitième livraison consacrée aux punks ! Voici la bafouille in extenso aussitôt suivie de notre réponse.

 

DE LA CONTRE CULTURE

 

Vous parliez, Damie, du Punk dans une de vos dernières livraisons de kr’tnt. Nous avons, nous aussi quelques mots à en dire. Le punk, c’est l’explosion d’une jeunesse qui mêle l’autodestruction libératrice à une contestation morbide, sans lendemain et sans espoir. Ce n’est pas pour nous déplaire mais cela pose quand même un certains nombre de petits problèmes irritants. Le premier est celui de la contre-culture. La contre-culture est une question épineuse car quiconque se définit par son contraire finit toujours par ne proposer qu’une alternative sclérosée et peu révolutionnaire. Si vous ne construisez vos codes que dans l’espoir qu’ils choqueront ou scandaliseront le monde dont de toute façon vous ne faites pas partie, vous risquez de vous transformez très vite en monstre de foire, en marginal dégoûtant mais pas vraiment dangereux. Le problème du punk, c’est qu’en voulant casser la norme, il en a créé une autre. Certes, c’est une norme violente, sexuée, droguée et exacerbée, mais une norme, avec ses règles vestimentaires, musicales et, en un sens, morales. L’immoralité n’est pas l’amoralité. La contre-culture reste une culture et la culture est un produit marchand. Un petit parallèle, juste en passant, avec le dadaïsme et le surréalisme, aujourd’hui complètement intégrés dans les références scolaires et institutionnelles. Crier NO FUTURE, c’est être certain de devoir se taper le futur des autres, de ceux qui ont jusque là toujours été les vainqueurs de l’histoire. Ou alors faut crever avant d’avoir trente ans. Ou alors faut attendre un beau cataclysme, une jolie apocalypse. Pourquoi pas me direz vous ? Parce que c’est prendre le risque de servir de soupape au système, d’offrir une porte de sortie. Non, nous, ne sommes pas des partisans de la contre-culture. Le mouvement hippie (qui nous est bien moins sympathique que celui du punk, soyons honnêtes), n’en est qu’une preuve supplémentaire.

 

Nous trouvons plus de résonances dans des musiques qui ont de tout temps, été commerciales, qui ont, toujours, aspiré à cette reconnaissance marchande qui nous débecte pourtant. Elles portent en elle une démesure populaire, une puissance de frappe supérieure et surtout, c’est dans leurs failles, leurs ruptures et leurs contradictions, qu’elles atteignent à une vraie transcendance des codes, à une vraie réappropriation collective de la forme et du genre. C’est parce qu’elles sont la synthèse d’un ressenti de classe que, même intégrées et utilisées par le pouvoir, elles dépassent la simple catégorie d’objet culturel. Nous aimons la musique de masse. Nous aimons les beats violents d’un Eminem pourtant si partie prenante du monde, nous aimons la musique d’un Elvis devenu icône des majors. Il se produit dans ces musiques la déchirure inévitable entre celui à qui l’on fait porter la toute puissance de la reconnaissance commerciale et celui qui, à la base, malgré tout, avait juste envie de gueuler dans le micro. Walk the line. Le désespoir n’est plus une posture. Il peut encore être acheté mais il n’est plus marginal, il est l’écho, la répercussion frappante de la violence du monde. Il est la preuve que ce système doit être détruit. Nous ne nous aventurerons pas à théoriser cela de façon trop catégorique, nous dirons seulement qu’esthétiquement parlant c’est un peu la différence entre le choc, le scandale et la construction d’une maîtrise du sens par la forme, c’est l’opposition entre ceux qui se contentent de déconstruire les codes et ceux qui poussent à les penser jusqu’à l’extrême limite. Ces derniers laissent une vraie porte ouverte à l’émergence d’une force collective, à un vrai dépassement révolutionnaire. Un coup de dé jamais n’abolira le hasard.

 

0. Murcie.

 

Chère O. Murcie,

 

Nous aussi nous aimons la musique d'Elvis. Vraisemblablement pas la partie la plus populaire de son oeuvre. Elvis 54-56 nous sommes à genoux, ce gars-là est révolutionnaire, il est le premier à mélanger le country avec le rythm'n'blues... D'autres s'y sont essayés avant lui avec peut-être autant de talent, mais du mauvais côté de la barrière. Avec sa voix, sa gueule, et son charisme, ce petit blanc du Sud profond percuta et fissura l'apartheid mental des USA.

 

Le pauvre gars n'en demandait pas tant. Il voulait juste pousser sa tyrolienne sans embêter le reste du monde. Il a enclenché un branle-bas de combat dont il a eu du mal à saisir la portée. Il a été le premier à louvoyer dès que ça a commencé à bouger un peu trop fort. Il n'avait pas prévu les conséquences de son acte, et si l'on veut être méchant l'on ajoutera qu'il n'en a jamais compris la signification. Sera tout content de se réfugier dans les eaux plus calmes du show-biz... Carrière et promotion assurées...

 

Vingt ans plus tard, les nouvelles générations rock avaient perdu l'innocence des pionniers. Stones, Led Zeppe et les autres ne se firent pas récupérer. Ils se récupérèrent eux-mêmes. Ils apprirent très vite à surveiller leur porte-monnaie et à préserver leur indépendance créatrice vis-à-vis de leurs maisons de disques. Mais à s'embourgeoiser, l'on perd vite sa hargne initiale...

 

C'est alors que survinrent les punks. Ils ont méchamment secoué les vieux baobabs poussifs qui s'étaient endormis sous leurs lauriers. Pas de souci, ce n'était pas une révolution, juste une émeute. Le système a manoeuvré avec brio, il a récupéré tous ceux qui ont bien voulu se laisser récupérer, pour les autres on leur a ouvert les réserves de la contre-culture. Avec leurs crêtes multicolores, ils sont comme les derniers indiens qui subsistent en vendant des cendriers aux touristes ravis. L'eau de feu a pris un goût d'eau de cendre avec le temps, mais l'on finit par s'y habituer.

 

Tant du côté des fans que des groupes, certains s'accrochent à leurs rêves. Ils refusent d'abdiquer leur révolte initiale... Parfois ils sont comme ces nodules ossifiés dans les bronches des anciens tuberculeux. Ils furent connus pour leur nocivité destructrice ou subversive, mais ils ne sont plus que les rescapés impuissants des batailles qu'ils ont perdues. Chez Scali, ils ont recensés jusqu'à 69 tribus qui toutes eurent leur heure de gloire, plus ou moins éphémère... Et pourtant, elles ont toutes été populaires au temps de leurs splendeurs.

 

Le peuple se lasse vite de ses idoles, il a tôt fait de les transformer en bouffons nostalgiques. D'autant plus que le système de mercantilisation effrénée qui préside à l'industrie musicale pousse à la roue. Tous les cinq ans arrive sur le marché une nouvelle génération, il est hors de question que les petites soeurs utilisent les disques de leurs grands frères... L'on forge aussi sa personnalité en s'opposant à ceux qui nous entourent...

 

Les punks furent nihilistes. Le tatchérisme triomphant n'incitait guère à l'optimisme, d'autant plus que les gauches européennes abordaient à la même époque leur mue démocratique. L'on sait aujourd'hui dans quel marasme le réformisme a précipité le mouvement révolutionnaire issu de la fin du dix-neuvième siècle...

 

Trente ans plus tard, beaucoup de punks sont toujours aussi nihilistes. Le monde a changé, mais eux n'ont pas bougé, ils ont, à leur propre insu, transformé la critique nihiliste radicale des années 70 en valeur-refuge idéologique... Sur un autre plan nous dirons que la radicalité d'une analyse jusqu'au boutiste est souvent un leurre psychologique qui vous dispense des dangers de l'action directe...

 

Reste que les punks ne sont pas les seuls condamnables. Il existe des centaines de niches écologiques de survie et de confort intellectuel dans lesquelles des mini-groupes sociaux se donnent l'illusion d'être en sécurité et en quelque sorte au-dessus de la mêlée. La contre-culture – qu'elle soit rock, sportive, associative, professionnelle, sexuelle, etc... – commence par une remise en cause du milieu qui la voit éclore et finit par métamorphoser son programme de rébellion tous azimuts en un pur dogme conservateur des plus étroits.

 

D'un autre côté il ne faut pas oublier que si certains individus se sclérosent dans des attitudes parodiques ( punk, rock, rockab... ) dans les mêmes milieux d'autres essaient de maintenir envers et contre tout une flamme vivante et irradiante. Les braises brûlantes de la révolte contre le système marchand et capitaliste ne sont pas définitivement éteintes. Les idées dans la tête du plus grand nombre sont malheureusement toujours plus lentes à progresser que nos désirs.

 

Je ne vous fais pas dire que dans les milieux rock, il y aurait de superbes coups de balais à donner... Nous espérons que KR'TNT ! s'y emploie à sa modeste échelle. Mais ne tombons pas dans un popularisme outrancier. Le bon peuple adore aussi des tas de trucs peu ragoûtants. Surtout en musique ! Et hormis le tsunami du début des années 60, le rock sous toutes ses formes a toujours été une musique minoritaire en France.

 

Damie Chad.

 

 

INDEX KR'TNT !

 

ALAIN DISTER / 38

ALEXIS QUINLIN / 38

BASTON GENERAL / 2

BB BRUNES / 36

BOBBY COCHRAN / 41

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 33

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36 / 41

EDDUIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELVIS PRESLEY / 29

EVAN HUNTER / 20

FABRICE GAIGNAUT / 42

FRANCOIS BON / 43

FRANCOIS JOUFFA / 42

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36

GERARD HERZHAFT / 32 /

GOSTH HIGWAY / 25 / 26

IGGY POP / 34

JACQUES BARSAMIAN / 42

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHN SINCLAIR / 39

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

KEITH RICHARDS / 43

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MC5 / 39

MICHEL ROSE / 41

MICK FARREN / 27

NICK MORAN / 12

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35 / 44

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

ROLLING STONES / 43

SONIC SURGEON / 28

STEPHANE PIETRI / 38

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 / 41 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

VAL HENNESSY / 38

VELLOCET / 16

VINCE TAYLOR / 44

WANDA JACKSON / 37

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

BURNING DUST : BURNING... LIVE / 25

CULTURE ROCKERS ( collectif ) / 25

GHOST HIGWAY : GHOST HIHWAY / 25

PLASTICINE : ABOUT LOVE / 36

VELLOCET : INSOMNIA / 16

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

ASPEN TERMINUS / FABRICE GAIGNAULT / 42

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

COUNTRY BLUES / CLAUDE BATHANY / 40

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ENCYCLOPEDIE DE LA COUNTRY ET DU ROCKABILLY / MICHEL ROSE / 40

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

GUITAR ARMY / JOHN SINCLAIR / 39

IN THE GUTTER / VAL HENNESSY / 38

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

L'AGE D'OR DU ROCK'N'ROLL / 42

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LIFE / KEITH RICHARDS / 43

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

PUNK ROCKERS / ALAIN DISTER / 38

PUNK SEVENTEE RUSH / STEPHANE PIETRY – ALEXIS QUINLIN / 38

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

ROLLING STONES / UNE BIOGRAPHIE / FRANCOIS BON / 43

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

THREE STEPS TO HEAVEN / BOBBY COCHRAN / SUSAN VAN HECKE / 41

TROIS / PATTI SMITH / 31

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

COUNTRY MAGAZINE USA ( N° 2 ) 42 /

COUNTRY MUSIC MEMORIAL ( N° 10 ) 42 /

CROSSROADS / 33 /

GUITARIST MAGAZINE ( N° 241 ) 43 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JAZZ MAGAZINE ( N° 622 ) 41 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

LOUD ! ( N° 120 ) 41 /

METALLIAN ( N° 63 ) 42 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

PALPABLE ( N° 5 & N° 6 ) 39 /

PUNK RAWK ( N° 16 ) 38 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 /

ROCK'N'ROLL REVUE ( N° 51 ) 40 /

ROCK SOUND ( HS N° 8 ) 39 /

SO JAZZ ( N° 13 ) / 43

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /