Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/03/2011

KR'TNT ! ¤ 46.

 

KR'TNT ! ¤ 46

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

30 / 03 / 2010

 

INDEX KR'TNT ! EN FIN DE LIVRAISON

 

 

EDITO 1

 

Vous connaissez tous l'histoire du fou qui regarde le doigt qui lui montre la lune. En voici une variante... Je ne vous ferai pas l'injure de supposer que vous n'avez jamais entendu causer de Deep Purple. Inutile de fouiller frénétiquement dans vos étagères pour m'apporter la preuve que vous possédez et Deep Purple in Rock ( la pochette aux présidents ) et Machine Head et le double live Made in Japan avec le beethovenien riff de Smoke on the Water. Je vous crois sur parole, et un conseil faites plutôt profil bas car la suite est un peu dure à avaler.

 

Enfin pour tous ceux pour qui le rock est quelque part un peu synonyme de rébellion envers le système. Connaissez-vous le rocker Dmitri Medvedev ? Non, ce n'est pas une question piège, ce n'est pas le chanteur inconnu d'un groupe soviétique relégué au goulag en 1970. C'est bien la grosse pointure que vous connaissez : le chef d'orchestre, le président en personne, en chair et en os, de la CEI, de la Russie pour simplifier.

 

Ne dites pas que vous n'en avez rien à faire et que ce n'est pas votre tasse de thé. C'est que le citoyen Medvedev est depuis sa plus tendre adolescence un fan transi de Deep Purple. La semaine dernière, n'ayant rien de particulier à faire, il s'est aménagé un petit trou de quelques heures dans son emploi du temps pour recevoir Ritchie Blackmore – oui, Blackmore le guitar-heros du Deep, le fondateur du hard, le même qui accompagna Gene Vincent sur scène – l'amicale conversation étant terminée Blackmore a pu se taper un petit boeuf sympathique avec le fils Medvedev, sous le regard nostalgiquement émerveillé de son (petit) père de toutes les saintes Russies...

 

L'histoire se termine là. Vous en tirerez la morale que vous voudrez. Je me contenterai de vous poser une question avant de vous quitter : le rock suffit-il à nos colères ?

 

Damie Chad.

 

 

EDITO 2

 

LA GRANDE PEUR DES INTELLECTUELS FRANCAIS : LE ROCK'N'ROLL

 

« Patiemment, l’auteur a conquis la confiance de Fab, de Freddy, et de quelques autres, qui l’initient au fonctionnement de la bande, aux rituels des défis et de la solidarité, au langage codé, mi-argot, mi-verlan. Cette enquête ethnographique, qui fut à l’origine un reportage pour le magazine Elle, décrypte ainsi les modes de socialisation de ces jeunes confrontés à la peur et au mépris. Un témoignage captivant, une analyse lucide et décapante. Près de quarante ans après sa parution, le livre que Jean Monod a consacré aux bandes de jeunes des années soixante qu’on appelait alors « blousons noirs » n’a pas pris une ride. D’abord, comme le souligne Michel Kokoreff dans sa préface, cette étude d’ethnologie est un travail précurseur, qui frappe par l’étonnante modernité de sa démarche et de ses analyses. Mais surtout, ce livre rappelle que les questions posées par la délinquance de banlieue ne sont pas neuves, et que la dimension de contestation sociale et politique des comportements délinquants jouait alors comme aujourd’hui. »

 

Ni plus ni moins que la quatrième de couverture d'une des nombreuses rééditions de LES BARJOTS : ESSAI D'ETHNOLOGIE DES BANDES DE JEUNES d'un éminent chercheur respecté par toute la communauté scientifique. Paru chez Julliard en 1968. Ouvrage souvent présenté comme une enquête sur les fameux blousons noirs des années 60. Du sérieux méthodologique, inspiré des travaux de Lévis-Strauss. Difficile de trouver mieux comme caution universitaire.

 

L'on se doute que notre chercheur a dû se documenter avec méticulosité et minutie sur les idoles vénérées par nos anthropologiques bandes aux perfectos cirés à la graisse de phoque. Fans de Gégène, voici donc la phrase dévolue pages 279-289 de l'édition Hachette – s'il vous plaît ne vous énervez pas – à votre musique préférée et à l'ange noir du rock'n'roll :

 

«  Alors que le rock était d'inspiration raciste et même nazie, dans la personne de Gene Vincent par exemple, et constituait une réaction contre le jazz des noirs tout en étant une appropriation de leurs rythmes, au contraire le folksong ( et dans une grande mesure aussi le « rythm'n'blues liverpool sound » ) tente de reconvertir au jazz les folklores locaux qui accèderaient par lui à l'universalité. »

 

Non vous ne rêvez pas, tant d'ignorance et de bêtise crasses dans une seule phrase ! Et c'est à l'aide de tels outils intellectuels que l'on voudrait remédier aux problèmes actuels des banlieues...

 

Quarante ans après l'ombre de Gene Vincent fait encore peur ! Excellente nouvelle.

 

Damie Chad.

 

 

NOËL DESCHAMPS

numérisation0074.jpg

 

L'on ne parle guère de Noël Deschamps, il n'est même pas compilé dans les 123 Albums Essentiels du Rock Français de Philippe Manoeuvre. C'est d'ailleurs suite à cette triste constatation que je vous avais promis de vous parler de lui. Maintenant pour les 123 albums il faut reconnaître que Noël Deschamps n'a sorti qu'un seul 33, en 1967, album qui n'eut pas le retentissement qu'il méritait puisqu'il ne faisait que reprendre les 45 Tours précédents que tous les fans possédaient déjà. Les ventes n'étant dopées par aucun appel d'air initial les disquaires ne se battirent pas pour le promotionner à sa juste valeur.

 

Mais commençons par le commencement. Noël fait partie de la deuxième génération du rock français. Né en 1942 il est un exact contemporain de la sainte trinité nationale, Hallyday, Mitchel, Rivers, mais il est arrivé en retard. Non pas une fois que le train était parti mais lorsqu'il était déjà revenu. Le rock n'a pas été la première passion de Noël Deschamps, en digne fils du peuple – il aimait à répéter qu'il n'était pas né dans les beaux quartiers - il est beaucoup plus attiré par les étoiles du football. Il envisagerait même une carrière de professionnel mais de mauvais coups en occasions ratées il doit abandonner ce rêve de prolo sans cause.

 

A force de traîner dans les surprises-parties il se rend vite compte que les filles louchent salement sur les stars des pochettes de disques, il sera donc chanteur et commence à tourner avec son groupe sobrement intitulé Jimmy Dan et les Diables Rouges. Tout un programme bon qui fleure bon les années 60. L'aventure sera brutalement interrompue par l'appel de la French Army who wants him. Noël se paie le luxe de jouer au bidasse comme Elvis...

 

Quand il revient les Diables Rouges sont renvoyés à leur enfer, mais Noël lance son programme personnel de force de frappe tout azimut-rock : il fonde Les Atomes et c'est avec eux que le 22 novembre 1962 il remporte sa première victoire, le trophée du Golf Drouot, à l'unanimité, comme Johnny l'avait réalisé en son temps.

 

C'est que les times are changin'... Contacté et signé par RCA Noël Deschamps semble encore une fois marcher sur les traces symboliques d'Elvis, mais il n'en est rien. L'on serait plutôt en train d'assister à un changement d'époque. En France, fin 63-début 64, le rock subit sa grande décrue. Noël se branche davantage sur les bruits qui sourdent de la perfide Albion que sur les pionniers. Sachez apprécier l'appellation typiquement française qu'il arbore, tout un programme, le rock français se montre à visage découvert et refuse d'emprunter un masque américain.

 

L'on ne nomme jamais l'un sans évoquer l'autre. Autant liquider la problématique tout de suite. Sous la plume des journalistes et dans le souvenir des fans ils sont comme des frères siamois, Noël Deschamps et Ronnie Bird - avec souvent avantage à Ronnie - je vous causerai de Ronnie un autre jour - mais il existe une extrême différence entre nos deux artistes : Ronnie Bird essaie de sonner en français comme les anglais – et il y réussit assez bien – mais Noël Deschamps chante en français à la française. Il n'essaie jamais de passer en force comme le fera pendant très longtemps Eddy Mitchell avant d'avoir pris quelques leçons de doux phrasé chez Kenny Rogers.

 

Certes il est aidé par le timbre de sa voix, voilée légèrement, comme si des grains de sable étaient restés prisonniers de la tessiture, qui peut monter très haut tout en développant une amplitude de bon aloi qui l'empêche de ressembler aux écorchements crispés des castrats à la Jimmy Rogers. Noël Deschamps est de ces très rares vocalistes dont on peut dire qu'il rebondit, plutôt qu'il ne tombe, dans les tons graves lorsqu'il dégringole des notes les plus hauts perchées.

numérisation0076.jpg

 

Noël Deschamps paiera très cher cette particularité. Il n'a pas le phrasé anglais, on en conclura qu'il n'est pas à l'écoute de ce qu'il se fait de mieux. Sa carrière se situe non pas en une période charnière mais critique. En 1964 le rock français entame sa traversée du désert. Les trois grands, la sainte trinité nationale, font de leur mieux, avec des fortunes diverses, aidés d'un noyau de fans protecteurs ils vont parvenir tant bien que mal à passer le gué des années creuses. Ce qu'il faut bien comprendre c'est qu'entre 1964 – 1969 le public ne se renouvelle pratiquement pas.

 

Mais en 1969, il se produisit soudain un énorme afflux d'amateurs. Mai 68 était passé par là, des milliers d'étudiants rimbaldiens ivres de révolte qui n'avaient prêté durant leur adolescence qu'une oreille fort inattentive aux glapissements vocifériques du rock, se rendirent comptent qu'ils ont vécu durant des années à côté de la vraie vie... Voulant rattraper le temps perdu ils mettent les bouchées doubles et pensent découvrir le monde. Les mêmes, qui ne savaient même pas que Jimmy Hendrix avait tourné en France en première partie de Johnny Hallyday en 1966 se mirent à vénérer le flamboyant guitariste comme un dieu vivant. Evidemment ils jetèrent le bébé avec l'eau du bain. Tout ce qui n'était pas né dans les temps même de la perte de leur initiation ( pour ne pas dire dépucelage ) rock'n'rollienne, ils le rejetèrent avec dégoût. Tant pis pour les pionniers, et tant pis pour le rock français. Ce dernier ne s'est pas encore relevé de cet ostracisme promulgué voici plus de quarante ans par les partisans de la pop-music.

 

Ce n'est pas tant l'injustice du sort qu'il faut déplorer. Qu'un gars comme Noël Deschamps qui se sera décarcassé durant des années pour offrir une alternative à la variétoche française, se soit retrouvé sur le carreau une fois la terre promise en vue, nous sommes dans l'ordre logique des choses qui veut que ceux qui viennent trop tôt repartent les mains vides. Cela permet même de bâtir de belles légendes... C'est le rock national qui a pris du plomb dans l'aile, tout le fragile réseau d'habitudes de programmations, de salles, de lieux de concerts divers et hétéroclites ont été balayés d'un seul coup, et pire que tout, c'est le travail de toute une génération de producteurs, d'arrangeurs, d'ingénieurs de studio qui a été rejeté aux oubliettes. Des expériences chèrement acquises, en des conditions difficiles, au milieu des ricanements et des haussements d'épaule partiront à vau-l'eau...

numérisation0073.jpg

 

Noël Deschamps c'est aussi un autre homme derrière les manettes, Gérard Hugé, le sorcier qui va peaufiner le son et mettre en place les orchestrations du chanteur. Un précurseur, qui est allé faire un tour outre-manche, qui en est reparti sans rien dans les poches, mais le cerveau plein d'idées. Peut-être le premier en France qui avait pigé la méthode. Comme par hasard il mettra aussi en place quelques morceaux de Ronnie Bird. Ceux qui prendront la relève de Gérard Hugé, comme Gilles Pellegrini ou Jean-Claude Petit, se contenteront d'imiter ce qu'il avait défini pour les enregistrements de Noël, avec de moins en moins de réussite au fur et à mesure que le temps passe. Moins d'imagination, et surtout moins de vision. Pour perpétuer la mémoire de Gérard Hugé rappelons qu'il fut le batteur des Pingouins dans lesquels officiaient aussi Thierry Vincent – un autre enterré mort – et Dominique Blanc-Francard.

 

La carrière de Noël Deschamps sera très courte : 1964-1969. 15 super 45 tours et un single. Mais en si peu d'années il mettra à jour quelques uns des plus beaux morceaux et des classiques du rock français. Comme je suis, Oh la hey !, Bye bye Monsieur. Lorsque l'on aura avancé que Bashung a cosigné Oh la Hey ! avec Noël Deschamps, certains peut-être prendront le temps de se caler le morceau entre les oreilles.

 

Noël Deschamps est un fabuleux interprète. Beaucoup préfèrent sa version de She's not There des Zombies à l'originale de Rod Argent. Sa cover de Mercy Mercy est l'exact équivalent des premiers rythm'n'blues mid-tempo interprétés par Eric Burdon. Aucune ressemblance dans la voix, mais la même intensité émotive. Tout ira très bien, n'est pas une reprise, c'est un chef d'oeuvre. Noël Deschamps ne couvre jamais un morceau, il l'assimile et le colorise de l'intérieur à sa manière. Certaines pistes sont peut-être plus faibles que d'autres mais chacun de ses super 45 tours offre au moins deux pépites.

numérisation0075.jpg

 

Des curiosités partout. Les cuivres sur Bye Bye Monsieur – enregistré en Angleterre en 1967 – présentent l'audacieuse originalité de ne pas copier le son en vogue chez Stax, la batterie sur Comme je suis roucoule de belle manière. Il me semble que c'est Tommy Brown qui officie mais ma mémoire ne saurait le confirmer. Son adaptation de Don't let me be misunderstood reprise aux Animals est une merveille de subtilité qui n'a jamais été égalée même en langue anglaise à ce jours.

 

Vous m'excuserez d'avoir un faible pour sa reprise de Bird Doggin'. Celle des Dogs – et j'adore les Dogs – n'emporte pas aussi facilement l'adhésion, Noël ayant pris le parti d'accentuer la douceur bourdonnante des graves alors que Dominique Laboubée s'est rué sur les suraigus de la guitare d'Al Casey qu'il s'est ingénié à amplifier. Mais alors que le titre de Gene Vincent relate les angoisses du mâle en manque, Deschamps transforme le morceau en hymne hommagial à l'attitude rock. Ce faisant il exprime peut-être avec plus d'authenticité la quintessence existentielle de la fiévreuse course avec le diable que fut la vie de Gene Vincent que la version si respectueuse des Dogs.

 

Les paroles de Noël Deschamps, sont résolument rock, un peu macho avec les filles mais ça fait du bien de temps en temps de leur lancer à la figure leurs quatre vérités, surtout si elles ne sont pas bonnes à dire. A forte connotation sociale. Je pense d'ailleurs que c'est cet arrière plan de lutte de classe sous-jacente qui a aidé à reléguer Noël Deschamps dans les marges d'un certain oubli. Etrangement cet aspect prolétarien qui aurait dû lui attirer les sympathies gauchisantes des amateurs de rock n'a pas fonctionné auprès du public post-soixante-huit tard. Des chansonnettes qui ne se targuent d'aucun message mais qui de 65 à 67 étaient annonciatrices, sans que personne ne s'en fût aperçu, de futures révoltes. Il suffit d'écouter pour entrevoir un théâtre grisâtre de cités, de juges, d'usines, dans lequel s'opposent les nantis, et les pauvres. L'oppression jamais ouvertement mise en avant tisse la toile de fond.

 

Mais c'est juste un décor. C'est sans doute ce que lui reprochera la génération très politisée dont accouchent les évènements de Mai. Noël Deschamps ne joue pas au révolutionnaire qu'il n'est pas. Il se contente de peu : Toutes les filles me courent après et il déclare vivre Pour le pied. Le rock'n'roll a un côté frivole qui déplaît aux purs et durs de l'époque qui tiennent le haut du pavé idéologique. Le jeune prolo sera renvoyé à ses études. Ce qui tombait mal, puisqu'il s'était fait lourder en sa jeunesse banlieusarde de son CET d'ajusteur... 68-69 marque aussi l'arrivée du public d'origine petite-bourgeoise sur le marché de l'industrie de rock... Trop anarcho-épicurien pour l'establisment médiatique, trop lumpen pour l'avant-garde pensante, Noël n'est pas à la fête. Il est cerné de tous les côtés. Mais je ne pense pas que dans le tourbillon de sa vie de rock'n'roller il ait eu le temps d'analyser sa situation.

numérisation0071.jpg

 

Instinctivement Noël Deschamps a senti qu'après 68 la donne du rock français avait changé. Faute d'une direction discographique claire, nette et surtout novatrice, il fit porter tous ses efforts sur la scène. Ses prestations avaient de tout temps emporté l'adhésion. En 65, il aura fait jeu égal avec Johnny en assurant sa première partie à l'Olympia. De même il aura relevé le défi de s'en tirer avec les honneurs de la guerre devant Hendrix et les Stones. L'homme au tambourin se lance dans une croisade désespérée. Il lui arrive de donner trois concerts en trois lieux différents en une même soirée. Deschamps s'épuise. Courant 69, il jette l'éponge. La maison de disques n'insiste pas... Exit par la petite porte.

 

Je l'entendrai par hasard en 1972 sur Sud-Radio. Il promotionne son nouveau disque, L'oiseau blanc qui ne vole pas bien haut dans mon coeur de rocker... Notre quadra se cherche, il déclare qu'il aimerait chanter sur scène avec Véronique Sanson...

 

En 85, Big Beat, le label de Jacky Chalard et des rockers – qui mériterait bien une KR'TNT livraison, sort un trente-trois tours avec inédits et alternate takes des années de feu. De même Juke boxe se fendra d'une intégrale.

 

En 98, nous retrouvons Noël Deschamps live au Petit Journal. A cinquante-six ans il a la patate et une belle section de cuivres qui agrémentent joliment Bye Bye Monsieur. Quelques extraits sur You Tube, pour les esprits curieux. Quelques plages par-ci par là, notamment un hommage à James Brown. Mais le grand retour tant attendu n'aura jamais lieu. Ni en France ni au Canada où il fut numéro 1 ! Preuve que les cousins québecois, pas vraiment libres, n'étaient pas restés insensibles à la spécificité très française de son phrasé rock'n'roll.

 

Ces pages seront un des plus longs articles qui, à notre connaissance, ait été consacrée à une des plus chères idoles de notre adolescence. Il y aurait comme un parfum d'injustice autour de Noël Deschamps. Qu'il n'ait jamais eu durant toutes ces longues années l'opportunité d'un véritable come back serre mon coeur d'amertume. Je n'ose entrevoir le sentiment d'abandon qui dut traverser le sien plus d'une fois. Qu'il ait au moins l'assurance que pour une minorité active il reste plus qu'un simple artiste. Un exemple. A suivre même sur les routes les plus incertaines.

numérisation0077.jpg

 

Damie Chad.

 

Site Noël Deschamps : www.noel-deschamps.fr ( très sobre, surtout consacré aux années 1998 - 2008 )

 

 

 

LOOK BOOK !

 

FLEUVE PROFOND, SOMBRE RIVIERE. MARGUERITE YOURCENAR.numérisation0080.jpg

GALLIMARD. 1982.

 

Les noirs seront toujours dépossédés de leur culture par les blancs. Fleuve Profond, Sombre Rivière n'a pas été écrit par Marguerite Yourcenar : comme c'est indiqué en tout petit sur la couverture, la Marguerite n'a fait qu'effeuiller les compilations américaines de la fin du dix-neuvième siècle, et une fois son choix effectué, elle s'est contentée de traduire... et de toucher les droits d'auteur. Si ce n'est pas de l'usurpation...

 

La première édition remonte à 1964. Yourcenar jouait un peu sur du velours, celui de la voix de Mahalia Jackson qui avait droit de cité dans les émissions de variété de l'unique chaîne ( car les blancs ont aussi leurs propres chaînes ) de télévision de ces temps anciens. Il était de bon ton d'adorer le Negro Spiritual. C'était nettement moins sauvage que le rock'n'roll, Mahalia avait une manière de chanter qui rappelait les arias de la musique classique, et l'on était sûr que les paroles qui parlaient à en pleurer du petit Jésus ne délivraient aucun message par trop subversif.

 

C'était oublier un peu trop vite qu'il y avait déjà quarante ans que des noirs avaient déserté leur chorale religieuse pour courir la guitare à la main et l'harmonica au poing la campagne et les juke-joints dans lesquels on buvait davantage de whisky frelaté que d'eau bénite. Au début des années cinquante il n'y avait plus que ces blanc-becs d'Elvis et de Jerry Lee qui prenaient leur pier à jouer et chanter du gospel dans les Eglises !

 

Le succès venu Marguerite Yourcenar a pris l'habitude de retoucher ses introductions lors de nouvelles éditions. Ainsi, celle qui décrit, la longue lutte, difficile, obstinée des noirs vers leur émancipation, celle qui fustige le racisme dominateur et quotidien dont furent victimes les noirs durant des siècles d'esclavage, tique un peu trop à notre goût lorsque certains éléments avancés de leur communauté commencent à prendre goût à se défendre d'une manière un peu trop active, émeute de Wats, Black Panthers...

 

Le coeur de Marguerite saigne dès qu'un pauvre nègre reçoit un coup de fouet, mais lorsque saisi par une ardente colère notre souffreteux se détourne du cadavre de Luther King pour regarder les écrits de Malcom X, elle trouve ce genre d'attitude très contre-productive. L'on comprend pourquoi Marguerite Yourcenar a été fascinée par le negro-spiritual : son éthique, quoiqu'elle s'en défende, reste entachée de religiosité et d'idéologie chrétiennes, commisération misérabiliste pour les faibles, refus viscéral et petit-bourgeois de la violence révolutionnaire.

 

Ceci posé, reste que le Negro Spiritual est aussi aux racines du rock'n'roll, pour vous en convaincre, allez écouter Sister Rosetta Thorpe, toute la musique que nous aimons; elle vient de là, elle vient du Negro- ( c'est fou comme je suis ) Spiritual !

 

Damie Chad.

 

 

Et pour finir au cas où vous auriez trop d'argent et que vous ne savez pas quoi en faire :

 

1° ) La repro d'un petit carton trouvé dans un bar de Barbizon (futé sans nul doute ) !

numérisation0079.jpg

numérisation0078.jpg

 

2° ) L'adresse net du site remis à neuf de la boutique LENOX RECORDS / 138 RUE LEGENDRE / 75 017 PARIS / TEL : 01 42 28 02 45 /

Disques, imports, revues, livres ( notamment les trois monuments consacrés à Gene Vincent chroniqués la semaine dernière )

 

www.shakinstuff.com

 

 

 

INDEX KR'TNT !

 

ALAIN DISTER / 38

ALEXIS QUINLIN / 38

BASTON GENERAL / 2

BB BRUNES / 36

BOBBY COCHRAN / 41

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 33

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36 / 41

EDDIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELVIS PRESLEY / 29 / 45

EVAN HUNTER / 20

FABRICE GAIGNAUT / 42

FRANCOIS BON / 43

FRANCOIS JOUFFA / 42

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36 / 45

GERARD HERZHAFT / 32 /

GOSTH HIGWAY / 25 / 26 / 45

IGGY POP / 34

JACQUES BARSAMIAN / 42

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHN SINCLAIR / 39

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

KEITH RICHARDS / 43

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MC5 / 39

MICHEL ROSE / 41

MICK FARREN / 27

NEGRO SPIRITUALS / 46

NICK MORAN / 12

NOËL DESCHAMPS / 46

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35 / 44

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHNSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25 / 45

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

ROLLING STONES / 43

SONIC SURGEON / 28

STEPHANE PIETRI / 38

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 / 41 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

VAL HENNESSY / 38

VELLOCET / 16

VINCE TAYLOR / 44

WANDA JACKSON / 37

YVONNET GUITTON / 45

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

BURNING DUST : BURNING... LIVE / 25

CULTURE ROCKERS ( collectif ) / 25

GHOST HIGWAY : GHOST HIHWAY / 25

PLASTICINE : ABOUT LOVE / 36

VELLOCET : INSOMNIA / 16

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

ASPEN TERMINUS / FABRICE GAIGNAULT / 42

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

COUNTRY BLUES / CLAUDE BATHANY / 40

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ENCYCLOPEDIE DE LA COUNTRY ET DU ROCKABILLY / MICHEL ROSE / 40

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

GUITAR ARMY / JOHN SINCLAIR / 39

IN THE GUTTER / VAL HENNESSY / 38

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

L'AGE D'OR DU ROCK'N'ROLL / 42

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LIFE / KEITH RICHARDS / 43

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

PRIVATE COLLECTION ( 3 volumes ) YVONNICK GUITTON / 45

PUNK ROCKERS / ALAIN DISTER / 38

PUNK SEVENTEE RUSH / STEPHANE PIETRY – ALEXIS QUINLIN / 38

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

ROLLING STONES / UNE BIOGRAPHIE / FRANCOIS BON / 43

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

THREE STEPS TO HEAVEN / BOBBY COCHRAN / SUSAN VAN HECKE / 41

TROIS / PATTI SMITH / 31

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

COUNTRY MAGAZINE USA ( N° 2 ) 42 /

COUNTRY MUSIC MEMORIAL ( N° 10 ) 42 /

CROSSROADS / 33 /

DREAMWEST ( N° 21 ) 45 /

GUITARIST MAGAZINE ( N° 241 ) 43 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JAZZ MAGAZINE ( N° 622 ) 41 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

LOUD ! ( N° 120 ) 41 /

METALLIAN ( N° 63 ) 42 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

PALPABLE ( N° 5 & N° 6 ) 39 /

PUNK RAWK ( N° 16 ) 38 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 / ( N° 524 ) 45 /

ROCK'N'ROLL REVUE ( N° 51 ) 40 /

ROCK SOUND ( HS N° 8 ) 39 /

SO JAZZ ( N° 13 ) 43 /

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /

STARFAN ( N° 5 ) 45 /

VINTAGE GUITARE ( N° 2 ) 34 /

 

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.