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28/04/2011

KR'TNT ! ¤ 50.

 

KR'TNT ! ¤ 50

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

29 / 04 / 2010

 

 

 

AH ! L'IDEE JAUNIT ?

 

DAVID BAERST & PASCAL TASSY

 

JOHNNY ET LE ROCK'N'ROLL

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( 320 pp. Mars 2011. Editions Grancher )

 

 

Peut-être n'aimez-vous pas Hallyday ? Alors ce livre est pour vous, car contrairement à ce que vous pourriez accroire, le bouquin parle beaucoup plus de rock'n'roll que de Johnny. Le principe est archi-simple : classement par ordre alphabétique des morceaux de rock que Johnny a interprété tout le long de sa carrière. Ne poussez point de cris d'orfraie, avec cinquante ans de carrière derrière le buffet, vous entrevoyez une espèce de porte-avions trois fois plus gros que l'annuaire téléphonique de l'Ile-de-France.

 

Que nenni, il convient d'appeler un cat un cat et nos deux auteurs ne sont pas prêts à labelliser n'importe quelle chanson tant soit peu rythmée de l'étiquette rock'n'roll. Ils ont su s'imposer des garde-fous. D'abord tout rock'n'roll qui se respecte vient des USA, donc le livre ne causera que des morceaux d'origine américaine que Johnny aura adapté ou chanté en idiome original. Mais à la frontière géographique nos deux compères ont ajouté une borne temporelle : l'année 1964. Ce millésime n'est pas tiré au hasard : il correspond au basculement qui s'établit entre le rock des pionniers et le la suprématie des groupes anglais. Bien sûr les Beatles et les Stones sont déjà bien présents en 1963 mais c'est en 1965 qu'éclate le Satisfaction des Rolling. Ce n'est pas le meilleur de leurs grands classiques – c'est même vraisemblablement le plus mauvais et le moins bien mis en place – mais à l'époque il est indiscutable qu'avec Satisfaction c'est une manière différente d'orchestrer le rock qui prend le haut du pavé. La voix du chanteur n'est plus prépondérante, elle n'est qu'un instrument parmi les autres, elle ne supplante plus la musique, elle la colore au même titre que l'ensemble des membres du groupe. D'ailleurs dans l'esprit du public, du chanteur de rock l'on passe au groupe de rock. N'oublions pas que la plupart des pionniers qui dans les années 60 viendront ensemencer les terres britanniques et européennes, débarquent seuls, sans leurs amerlocs musicos.

 

Mais nos deux maîtres d'oeuvre ont tracé leur limite de l'intérieur. Le rock'n'roll ne s'achève pas où commence le rock de la deuxième génération, c'est le rock nouveau qui débute là où se clôt le rock'n'roll des pionniers. Nous ne sommes pas là pour jouer sur les mots. Très symboliquement le millésime 1964 correspond à la sortie de prison de Chuck Berry qui avec No particular place to go livre «  deux solos de guitare qui sont une sorte de condensé de l'histoire du rock ». Conséquence pratique, tout morceau composé après le 31 décembre 1964 ne sera pas chroniqué dans le bouquin.

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Mais revenons au mode d'emploi de nos deux compères : d'abord ils présentent le titre américain, donnent ses compositeurs et ceux qui l'ont interprété. Se contentent pas de vous jeter un nom en pâture et débrouillez-vous avec les moyens du bord. Vous avez droit à la biographie assez détaillée de l'interprète original, voire des premiers zigotos qui l'ont chanté avant que quelqu'un n'y mette sa griffe dessus et se l'approprie pour l'éternité : eh ! Non ce n'est pas Bill Haley qui crée Rock Around the Clock mais Sonny Dae and his Knights ( vous l'entendrez sur You Tube ou sur le CD Birth Of A Legend chez magic.records.com ) ou Jerry Lee Lewis qui sort Whole lotta Shaking goin'home tout droit de son pumpin'piano, mais Big Maybelle avec Mickey Baker à la guitare que l'on retrouvera sur les enregistrements de, voyons ceux qui ont lu les précédentes livraisons,... Ronnie Bird.

 

Le paragraphe précédent nous épargnera de nous étendre dans celui-ci. Combien de reproches Johnny et les premiers rockers français n'essuient-ils pas encore aujourd'hui sur leur manque d'originalité. Les adaptations nationales sont originellement consubstantielles à l'esprit de la musique populaire américaine. Que ce soit dans le blues, la country, ou le jazz, les artistes n'ont cessé de reprendre ou de chiper les morceaux de leurs devanciers des plus illustres comme des plus obscurs. Qui en 1960, était en France capable d'écrire un authentique morceau de rock'n'roll qui n'en trahisse pas l'esprit ? Surtout pas un Boris Vian ( décédé en 59 ! ) ou un Michel Legrand !

 

Bref c'est toute l'histoire du rock'n'roll américain qui se déroule sous vos yeux effarés. Et comme en prime, Johnny ne sera pas le seul à avoir repris le tube, vous bénéficiez de quelques anecdotes croustillantes sur les groupes anglais qui l'ont aussi inscrit à leur répertoire. L'explication de texte est fournie ensuite : l'on vous résume les paroles de la chanson, l'on en traduit les passages les plus significatifs et on les compare avec la traduction qu'en ont faite les paroliers de par chez nous. Enfin dans un dernier paragraphe l'on vous cause de Johnny, où, quand, comment et pourquoi il s'est entiché de ce morceau, et l'on termine sur des compliments mesurés ou des admonestations définitives. C'est sûr qu'ils aiment Johnny, mais ils ne font pas de la lèche.

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L'on aimerait d'ailleurs savoir qui fait quoi, un peu comme pour les Beatles dans les années soixante quand les fans se déchiraient pour affirmer qui de Paul ou de John chantaient sur tel ou tel morceau ! Pour David Baerst nos lecteurs alsaciens doivent suivre avec régularité, sur Radio RDL Colmar, son émission Sur La Route 66, sous-titrée La Voie Du Blues, en plus ils ont un site surlaroute66.free.fr bourré de photos, d'interviews et de musique, vous en avez pour des heures et des heures d'exploration. C'est bien simple tous ceux qui de près ou de loin touchent au blues sont passés derrière les micros... David Baerst connaît les roots comme le fond de ses poches. Bref un gars qui évolue dans le labyrinthe des reprises avec la même agilité qu'un alligator se faufile au travers de l'enchevêtrement des bayous de la Nouvelle-Orléans vers sa proies innocente...

 

Pascal Tassy est un saurien d'un autre acabit. N'a pas eu de chance dans sa vie. Un gars doué qui a mal tourné. L'aurait pu se contenter d'être ce qu'il est devenu : un éminent spécialiste des dinosaures. Travaille même au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Le genre de mec tranquille, un paléontologue professionnel qui passe son temps à mesurer les os des Tyrannosaures ( T-Rex en abrégé rock ) sans embêter le peuple. De temps en temps il écrit même des bouquins sur ses recherches. ( Car en plus il trouve ! ) je vous recommande la lecture de L'invention du Mastodonte Aux origines de la Paléontologie aux éditions Belin, mais non ce n'est pas chiant, il arrive même à faire un parallèle entre l'éclosion des grosses bébêtes et la naissance d'Elvis dans les Studios Sun. Comparaison peu académique qui a dû faire tiquer les collègues du Muséum, mais qui s'explique. C'est à treize ans qu'il a attrapé une rock'n'roll feber dont il ne s'est jamais repris. En 1962 exactement, lors de l'Olympia de Johnny Hallyday. L'a tout de suite creusé pour savoir d'où provenait cette musique du diable, et depuis il a toujours gardé un oeil sur sa première idole...

 

Nous voici revenus à Johnny dont nous n'avons pas encore parlé. Une sacrée bête de scène, un authentique caméléon, si l'on veut garder pour faire honneur à notre professeur un semblant de description scientifique. N'a pas fait que du rock dans sa longue carrière. L'a évolué, s'est renié. Cochez le verbe qui vous convient. C'est aussi pour cela qu'il a survécu. Les espèces qui ne s'adaptent pas disparaissent.

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Ne comptez pas sur moi pour glavioter sur lui. J'ai commencé mon entrée dans le rock en achetant Le Pénitencier. Ensuite j'ai fait comme tout le monde, j'ai retourné la pochette et je suis allé à la pêche. J'ai remonté le courant jusqu'aux fifties... Mais ceci est une autre histoire. Pour la petite question french singers j'ai beaucoup plus accroché sur Mitchell... Pratiquement le seul alter ego de Johnny cité dans le livre, total impasse sur Dick Rivers par exemple.

 

Sur les cinquante albums studios enregistrés par Johnny, Baerst and friend ont une grosse préférence pour Johnny Hallyday Sings America's Rockin' Hits sorti en 62 réalisé par Shelby Singleton ( l'homme qui racheta les disques Sun à Sam Phillips et les remit sur les rails du succès ), Johnny Reviens ! Les Rocks Les Plus Terribles, de 64 juste avant de partir à l'armée comme un adieu aux folles années, Rock à Memphis, le disque du retour ( au rock ) en 75, le Johnny 84, Nashville avec les duos en direct des Enfants du Rock avec Emylou Harris, les Stray Cats, Don Everly et Carl Perkins, et enfin le Johnny Hallyday Live at the Aladdin Theatre, l'intégrale de l'épopée de Las Vegas, et les concerts de La Cigale 12-17 décembre 2006.

 

Plus la période Vogue et les titres enregistrés chez Philips entre 61 et 64. Johnny s'est éloigné du rock, mais il est revenu boire à la source très régulièrement. En pointillés, si vous préférez. Mais toujours des medley vieux rock dans ses différentes tournées et de temps temps d'une manière quasiment incongrue la reprise d'un titre antédiluvien dans une toute autre période ainsi, pas besoin d'aller bien loin, le troisième morceau chroniqué évoque Amours d'été, le Love Me Tender de Presley alors que l'été 67 marque l'étiage du rythm'n'blues cuivré à la mode Stax.

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Pour ma part je n'ai jamais été emballé par les titres Vogue ( un million et demi d'exemplaires écoulés ), à l'exception notable de Oui Mon Cher de Billy Craddock ( un vrai-faux cousin d'Eugene Vincent Craddock ), les arrangements m'ont toujours paru trop fluets. Mais enfin c'est un gamin de seize dix-sept ans qui fait de son mieux avec ce qu'il a sous la main. C'est à dire, pas grand-chose, et cinquante ans après de nombreux groupes de rock préfèrent encore chanter en anglais que de tenter d'apprivoiser le rock en français. En quelques années Johnny saura dresser son organe à la perfection, il se dotera d'une belle voix mâle, gonflée et rebondissante qui fera merveille sur de nombreux titres, sa version de Somethin'Else de Cochran ( il reste pour moi le meilleur interprète en langue française d'Eddie ) ou son interprétation de Pour Moi Tu Es La Seule, remplie de jus et de coquinerie, du Sweet Lovin' Mama de Johnny Watson. Comme pour me contredire le duo maudit ( blues ) privilégie Excuse-Moi Partenaire la cover de Cuttin'in du même Watson.

 

Notre rocker national arrive à la mauvaise période. Très symboliquement il ne prend son envol que le 18 avril 1960 lors de son premier passage à la télévision, le lendemain de la dramatique disparition d'Eddie Cochran. En d'autres termes, il arrive un peu après la bataille ! Nous ne voudrions pas jouer les mauvais augures d'un passé révolu depuis longtemps, mais quelque part l'on peut dire que le rock français n'a toujours pas rattrapé le retard initial.

 

Il faut savoir reconnaître ses erreurs : j'ai écrit ici, voici trois semaines , qu'avant Ronnie Bird l'on n'avait jamais entendu sur un french record une guitare aussi électrique que sur l'adaptation de The Last Time des Stones, j'aurais dû tourner sept fois mon clavier dans ma bouche, j'ai omis les fulgurances de Joey Greco sur Ô Carole ( Chuck Berry + Stones, quel hasard ! ) dans les Rocks les plus Terribles, que le Diable me pardonne ! Une des explications de la durée de Johnny réside aussi en le fait qu'il a toujours su s'entourer de musiciens hors pairs. J'en ai entendu des connaisseurs qui se moquaient de tel ou tel disque de Johnny sans avoir remarqué au préalable qu'il était accompagné par un de leurs guitaristes ou batteurs favoris... Il n'y a rien de pire que la mauvaise foi et les jugements préconçus.

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Quant à maintenant, si vous voulez mon sentiment, mon plus grand Johnny n'est pas celui du rock des pionniers, mais celui des années 69 – 71, celui de Rivière, Ouvre Ton Lit, dont je vous reparlerai une autre fois, ce rock martelé qui pulse à la testostérone blues la rythmique bondissante des grands morceaux de Cochran. Et les textes de Long Chris, comme il se doit.

 

Ce livre ravira tous les amateurs éclairés, se rafraîchir la mémoire est une entreprise salutaire et j'ai tout de même appris deux ou trois détails que j'ignorais. Il est – répétons-le – davantage une introduction à l'histoire du rock'n'roll qu'à celle d'Hallyday. L'on ne compte plus les bouquins qui sortent sur Johnny, beaucoup se contentent de reprendre ce qui a déjà été pondu et présentent leur tambouille comme l'interprétation sociologique du phénomène Hallyday... Les intellos de deuxième zone qui écrivent sur Jean-Philippe Smet ont surtout besoin d'un sujet porteur qui fasse vendre. On se bouche le nez mais l'on ramasse la monnaie. Avec ce Johnny et le Rock'n'Roll nous avons droit à de véritables aficionados. De ceux qui ne crachent pas dans la soupe dont ils se nourrissent.

 

La discussion initiée par Rock'n'Folk dans leur avant-dernier numéro pour savoir si Johnny était ( on n'était pas ) encore rock en 2011 s'achevait par une conclusion que je ne suis pas loin de partager. Difficile pour un jeune d'aujourd'hui à partir des titres diffusés en radio ou sur la TV de saisir les racines rock de Johnny, par contre pour ceux qui ont eu la chance de suivre les débuts de la carrière d'Hallyday la question ne se pose même pas.

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Je finirai sur un souvenir (souvenir ) personnel, j'avais dix ans, une amie de ma soeur, sweet little fourteen, qui venait parfois à la maison sortait de son cartable un gros cahier qui contenait tous les articles consacrés à Johnny Hallyday, qu'elle avait pu découper dans des magazines qu'elle achetait en double pour les coller en version intégrale sans en perdre une seule ligne – j'en ai aperçu certains dans des ventes aux enchères qui atteignaient allègrement leurs centaines d'euros et je peux certifier que pour les années 60 / 62, elle possédait l'intégralité de tout ce qui avait paru en France sur l'Idole des Jeunes, il y avait même des notules et des entrefilets que je n'ai jamais revus depuis – l'on restait là, tous les deux à tourner et retourner les pages durant des heures...

 

Je n'avais même pas de tourne-disques à l'époque mais Johnny était déjà le phare qui indiquait la porte de sortie de l'enfance...

 

Damie Chad.

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URGENT, CA PRESSE !

 

 

numérisation0052.jpgJAZZ NEWS. N° 1.

MAI 2011. ( Mensuel, paraît tous les quinze du mois )

 

C'est nouveau, ça vient de sortir. Pour le titre ils n'ont pas fait fort ils ont repris celui d'un antique bulletin de 1948 dans lequel officiait le sinistre Boris Vian, celui qui n'avait rien compris au rock... Disent qu'ils veulent parler du jazz vivant d'aujourd'hui, et joignant la pratique à la théorie ils affichent en couverture la photo de Youn Sun Nah.

 

Plutôt jolie, ce qui ne gâte rien, et même assez douée. Se débrouille bien la dame d'Asie, du charme et du savoir-faire. Mais enfin l'on touche très vite avec elle à la quadrature du jazz actuel. Ne fonctionne plus que s'il s'acoquine avec un autre genre de musique que lui. Avec Youn Sun Nah, ce serait un peu la variété de qualité post-moderne. Un petit côté papier glacé qui au bout de vingt minutes laisse perler la sueur froide de l'ennui.

 

Avec Henry Threadgill nous avons affaire à un personnage d'aspect beaucoup plus rugueux. Renvoie le public incapable d'analyser un morceau à ses chères études, un peu abrupt comme raisonnement, mais la critique du critique se défend. Reste que lorsqu'il déclare qu'il n'entend que rendre le monde meilleur par sa musique, nous ne pouvons retenir un sourire sardonique. Sa zique est davantage axée sur le passé que celle de Youn Sun Nah, à première écoute vous plongez dans un bain assez proche de ce qui se faisait au temps de Coltrane, mais l'on retombe dans le même piège, au bout d'un certain temps l'on n'entend point où il veut en venir. L'on voit bien le point de départ mais la ligne d'arrivée reste statique.

 

Pour Gonzalo Rubalcaba vous m'excuserez malgré le titre engageant «  sa foi dans le solo » je n'ai pas trouvé la lumière au bout du tunnel. J'ai insisté, parce que quand je ne connais pas je vais sur You Tube et je m'obstine. Résultat des courses : je suis totalement imperméable, me suis jamais senti aussi seul dans un solo.

 

Parlent pas que de ces trois-là, et je ne voudrais pas que l'on pense que je les assassine. Le jazz m'insupporte souvent – c'est là son moindre défaut – par contre je sais faire la différence et question revue, c'est une freluche sacrément bien faite. Les articles sont intelligents et bien écrits. Ce n'est pas parce que les deux seuls trucs que j'ai kiffés sont l'annonce de la future édition des Complete Original Masters de Robert Johnson et la Chronique made in USA de Thierry Pérémarti Out of nowhere ( encore le fantôme de Robert Johnson ) qu'il faut vous exonérer de la lecture. Gardez un oeil sur cette revue, ils ont entre les dents un saxophone prêt à rayer le plancher. Un ton différent des précédents mag jazz disponibles dans le commerce. Semblent être là pour durer : mise en page de pro, razzia de pubs, équipe de chroniqueurs assez nombreuses pour ne pas s'essouffler au troisième numéro. Ne sont pas tombés de la dernière pluie non plus, sont des dissidents de Jazz Mag et de So Jazz ( Voir nos livraisons 41 & 43 ).

 

Nous en concluons que ça ne bouge pas mal dans la presse jazz mais qu'il risque d'y avoir dans les mois qui suivent une sérieuse redistribution de cartes.

 

Damie Chad.

 

SOUL BAG. N° 202.

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Avril / Mai / Juin.

 

Soul Bag ne se lit pas. Ca se dévore. C'est que chez Soul Bag, l'on sait de quoi l'on parle. La musique noire n'a aucun secret pour eux. Précisons que la belle noirâtre peut aussi être jouée et chantée par les blancs. Mais enfin question blues et rhythm'n'blues les anciens esclaves et leurs descendants ont eu une longueur d'avance sur les white trash people.

 

Courrez sans tarder page 36, Gérard Herzaft régale : un superbe article sur Mississipi Fred Mc Dowell. Longtemps que je n'en avais pas lu un aussi bon, et si je ne me trompe pas il était déjà signé Gérard Herzaft ! En cinq pages c'est toute la saga du blues qui vous est exposée : des fantômes nominaux qui n'ont jamais eu la chance d'enregistrer à Son House, d'Alain Lomax à l'American Folk Blues Festival, de Chris Strachwitz aux Rolling Stones, sans oublier - honneur aux dames – Shirley Collins et Big Mama Thorton. J'avais pas percuté que Mc Dowell avait accompagné ma Big Mama favorite sur son lp «  In London », rien que pour cela je devrais être fusillé.

 

Ce qui m'empêcherait de me délecter de la suite du numéro : sûr Charlie Musselwhite c'est déjà beaucoup plus connu mais c'est lui qui parle et qui raconte, depuis le début au temps de Muddy Waters et si vous lisez la suite de cette phrase c'est que vous n'avez pas encore abattu froidement votre kiosquier qui ne vous passait pas assez rapidement votre N° 202 de Soul Bag. Comme quoi vous n'avez rien compris à la vie.

 

Je vous accorde que je n'aurais jamais mis Maxwell «  Phénix de la soul » en couverture, sa voix est un peu trop haut perchée à mon goût, mais les pages sur Charles Bradley et Ronald Isley vont manquer à votre culture générale, bon ! pendant que vous étudiez les chroniques de disques je vais signer le chèque d'abonnement.

 

Damie Chad.

 

 

numérisation0053.jpgBLUES MAGAZINE. N° 60.

Avril / Mai / Juin 2011.

 

Le petit frère de Soul Bag, un peu plus électrique. Quinze ans qu'ils se battent sur le front du blues et sont tout fiers d'annoncer la naissance de l'association France Blues qui se donne pour projet de fédérer toutes les structures de notre pays blues blanc rouge. ( Soul Bag a déjà adhéré ).

 

Versons dans l'originalité avec Vincent Fonf artiste peintre blues. Peint en direct live. Tout comme Toulouse Lautrec et Degas hantaient les champs de course, les salles de danse et les bordels pour aborder leur sujet sur le vif, Vincent Fonf fréquente les festivals de blues pour performer ses tableaux in the heat of the music.

 

Beaucoup plus classiques mais non moins talentueux voici Jimmie Vaughan, ZZ Top et les Yardbirds. J'ai raté les Oiseaux quand ils sont passés pas très loin de la maison il y a quelques mois. Je m'étais dit que la reformation d'un vieux groupe et quel groupe, Eric Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page y ont tour à tour tenu la guitare, risquait d'être lugubre. J'ai humé le coup de fric foireux. A lire l'article, l'interview de Jim Mc Carthy et le compte-rendu de du concert, je sens que j'ai eu tort. Avec Jim ne reste plus que Chris Dreja de la formation originale. Ils présentent les nouveaux venus : Ben King, Andy Mitchell, David Smale, c'est bien mais l'on aurait aussi aimé un mot sur Keith Relf électrocuté par sa guitare. Une belle mort pour un rocker.

 

Damie Chad.

 

 

 

INDEX KR'TNT !

 

ALAIN DISTER / 38

ALEXIS QUINLIN / 38

BASTON GENERAL / 2

BB BRUNES / 36

BOBBY COCHRAN / 41

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DAVID BAERST / 50

DJ PREMIER / 33

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36 / 41

EDDIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELLE N'RIPLEY / 49

ELVIS PRESLEY / 29 / 45

EVAN HUNTER / 20

FABRICE GAIGNAUT / 42

FRANCOIS BON / 43

FRANCOIS JOUFFA / 42

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36 / 45

GERARD HERZHAFT / 32 /

GHOST HIGHWAY / 25 / 26 / 45 / 48

IGGY POP / 34

JACQUES BARSAMIAN / 42

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHN SINCLAIR / 39

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 / 50

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

KEITH RICHARDS / 43

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LES PLAY-MOBILES / 49

LIZA CODY / 47

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MC5 / 39

MICHEL ROSE / 41

MICK FARREN / 27

MIKAL GILMORE / 48

NEGRO SPIRITUALS / 46

NICK MORAN / 12

NOËL DESCHAMPS / 46

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL / 1

O. MURCIE / 32 / 35 / 44

PASCAL TASSY / 50

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHNSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25 / 45

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

ROLLING STONES / 43

RONNIE BIRD / 47

SONIC SURGEON / 28

STEPHANE PIETRI / 38

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 / 41 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

TOO LATE / 49

VAL HENNESSY / 38

VELLOCET / 16

VINCE TAYLOR / 44

WANDA JACKSON / 37

YVONNET GUITTON / 45

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

BURNING DUST : BURNING... LIVE / 25

CULTURE ROCKERS ( collectif ) / 25

GHOST HIGHWAY : GHOST HIHWAY / 25

PLASTICINE : ABOUT LOVE / 36

VELLOCET : INSOMNIA / 16

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

ASPEN TERMINUS / FABRICE GAIGNAULT / 42

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

COUNTRY BLUES / CLAUDE BATHANY / 40

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ENCYCLOPEDIE DE LA COUNTRY ET DU ROCKABILLY / MICHEL ROSE / 40

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

GUITAR ARMY / JOHN SINCLAIR / 39

IN THE GUTTER / VAL HENNESSY / 38

JOHNNY ET LE ROCK'N'ROLL / DAVID BAERST; PASCAL TASSY

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

L'AGE D'OR DU ROCK'N'ROLL / 42

LA VEUVE ROCK'N'ROLL / LIZA CODY / 47

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LIFE / KEITH RICHARDS / 43

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

PRIVATE COLLECTION ( 3 volumes ) YVONNICK GUITTON / 45

PUNK ROCKERS / ALAIN DISTER / 38

PUNK SEVENTEE RUSH / STEPHANE PIETRY – ALEXIS QUINLIN / 38

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

ROLLING STONES / UNE BIOGRAPHIE / FRANCOIS BON / 43

SHARON TATE NE VERRA PAS ALTAMONT / M. VILLARD / 49

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

THREE STEPS TO HEAVEN / BOBBY COCHRAN / SUSAN VAN HECKE / 41

TROIS / PATTI SMITH / 31

UN LONG SILENCE / MIKAL GILMORE / 48

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 / ( N° 60 ) 50 /

COUNTRY MAGAZINE USA ( N° 2 ) 42 /

COUNTRY MUSIC MEMORIAL ( N° 10 ) 42 /

CROSSROADS / 33 /

DREAMWEST ( N° 21 ) 45 /

GUITARIST MAGAZINE ( N° 241 ) 43 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JAZZ MAGAZINE ( N° 622 ) 41 /

JAZZ NEWS ( N° 1 ) 50 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

LONGUEUR D'ONDES ( N° 59 ) / 49

LOUD ! ( N° 120 ) 41 /

METALLIAN ( N° 63 ) 42 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

PALPABLE ( N° 5 & N° 6 ) 39 /

PUNK RAWK ( N° 16 ) 38 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 / ( N° 524 ) 45 /

ROCK'N'ROLL REVUE ( N° 51 ) 40 /

ROCK SOUND ( HS N° 8 ) 39 /

SO JAZZ ( N° 13 ) / 43

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 / ( N° 202 ) 50 /

STARFAN ( N° 5 ) 45

VINTAGE GUITAR ( N° 2 ) 34 / ( N° 3 ) 47 /

 

 

 

22/04/2011

KR'TNT ! ¤ 49.

 

KR'TNT ! ¤ 49

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

22 / 04 / 2010

 

PLAY ( – MOBILES ) WITH FIRE !

 

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CONCERT LES PUJOLS

 

16 / 04 / 11

 

On the road. On vous l’avait promis. On a avalé assez de kilomètres pour traverser la France. D’ailleurs nous sommes à mille lieues de nos betteraves seine-et-marnaises. Nous avons changé de concert et de village. Ce n’est plus le carton-pâte de Disney mais la ruralité profonde de l’Ariège, nous avons troqué le Billy Bob's contre la Salle des Fêtes des Pujols. Un patelin perdu de trois cents âmes à l’écart de la route nationale.

 

In the country. Mais rassurez-vous ils sont tout de même reliés à l’électricité et dans le coin les escargots rock ont supplanté depuis belle lurette leurs homonymes folk. Ca s’annonce mal : soirée caritative pour aider à la lutte contre le cancer organisée par l’association La Rando de L’Espoir, mais à cinq euros de paf plus une boisson gratuite et les quatre crêpes au sucre à un euro, l’on peut difficilement parler de charity bizness à l’américaine. En plus ils n’ont pas tiré la couverture ( d’hôpital ) à eux : juste une intervention d’une minute trente secondes pour remercier les trois groupes d’être venus jouer gratuitement.

 

Tout le village est là, au moins cent cinquante personnes, en familles avec les gamins qui piquent des sprints sur le tarmac entre les tables et les chaises. Ambiance sympa et détendue, quelques rares connaisseurs mais l’on est surtout venu par amitié et par citoyenneté. Il se passe tellement peu de choses in the corner qu’il faut bien faire corps avec l’évènement. Après minuit l’assistance s’amoindrira. Tant pis pour eux, ils auront raté le meilleur.

 

TOO LATE

 

Ils ouvrent le concert. Sans concession mais sans illusion. Une espèce de stoner-hard sans la rage et la démesure qui vont avec. Ne croient pas en le public qui applaudit sagement à la fin de chaque morceau. L’on se dit que celui-ci manifesterait la même indifférence polie s’il assistait à une reformation impromptue de Led Zeppelin. Batterie, basse, guitares, ils connaissent tous les plans, et toutes les attitudes, nous les resservent une à une, sans imagination. En fermant les yeux l’on a l’impression d’entendre un mauvais pressage de Scorpion. Le chanteur laisse à désirer, en fait le groupe ne sera vraiment dedans que sur le dernier morceau, où ça commence à sentir le roussi. Mais c’est déjà trop tard.

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ELLE’N’RIPLEY

 

Beaucoup mieux en place. Beaucoup plus à l’aise sur scène. Un bassiste qui assure et un guitariste qui se débrouille mieux que bien. Après le set j’avais envie de lui demander quand est-ce qu’il allait se tirer de la formation. J’ai pas dit du groupe, car l’ensemble c’est beaucoup de bric et peu de brock. Assez doués pour tout faire, aussi font-ils de tout. Ils ont oublié que le rock préfère les boutiques spécialisées aux grandes surfaces.

 

C’est ce que j’appelle du rock des années 80, quand ils ont l’os il leur manque la moelle et quand ils ont la moelle ils l’entourent de cartilages trop mou. Le chanteur est horripilant, veut à tout prix se faire passer pour votre grand frère si chaleureux. Pas de chance, l’on préfère les teigneux carrément méchants. Ils ont aussi une chanteuse, parfois au clavier, parfois au micro. Une voix acide, parfaite pour les refrains citron, mais qui devrait tailler sa route toute seule, en affinant son style car l’orange amère dont elle nous égrène les cotes est un peu trop roulée dans le sucre candy par ses accompagnateurs. Une question d’équilibre non réalisé.

 

Des reprises à n’en plus finir, de Sweet Dreams d’Eurythmic à Quenn of the Stone Age en passant par Marilyn Manson et Mademoiselle K.… Un pot très pourri, interminable, ont bien dû se la raconter durant deux heures, persuadés d’être la pièce de choix de la soirée. A ce stade-là, je ne compte plus que sur la troisième cartouche pour sauver la soirée. Tromperie sur la marchandise, le flyer annonçait bien Concert Rock, non d’un wanna dog !

 

INTERLUDE

 

Je vais tout vous avouer. Chez KR’TNT l’on ne se rancarde pas au hasard dans les trous perdus, notre service de renseignement est au point. C’est vers cinq heures de l’après-midi que l’info nous était parvenue. Trois concerts pour la même soirée en trois patelins différents sans connaître un seul des neuf groupes présents, il y a intérêt à ne pas se tromper.

 

«  Je ne connais pas les autres, mais j’ai vu les Play-Mobiles, c’est jeune et bourré d’électricité, tu peux t’y pointer les yeux fermés. ». L’est pas né de la dernière pluie, celui qui cause, ses deux fils gravitent dans le milieu rock, forte chance pour que le tuyau ne soit pas percé.

 

L’aura toujours pas menti sur leur jeunesse. Quand ils débouleront sur scène pour installer leur matos le contraste sera flagrant avec Elle’N’Ripley qui ont deux fois leur âge, du coup nos ripleytifs paraîtront ce qu’ils sont, des vieux plus vraiment dans le coup. A côté de la plaque rock.

 

PLAY-MOBILES

 

Doivent pas dépasser soixante-dix ans à eux quatre. Trois escogriffes, plus une fille qu'ils cachent précieusement derrière la batterie. L'on commence à trembler en regardant ses petits bras, comment va-t-elle pouvoir assurer avec ses allumettes ? Comme une reine, elles est le pivot de la boussole qui s'affole, l'île refuge au coeur de la tempête, l'oeil toujours ouvert de l'ouragan qui se déchaîne, le point cardinal et central vers lequel les chiens fous reviennent lorsqu'ils ont perdu le chemin du rythme.

 

Le set n'a pas commencé qu'on en a déjà plein les oreilles, peuvent pas se retenir de faire péter des riff comme les gamins endiablés des westerns mexicains qui jettent quelques bâtons de dynamite, manière de faire patienter. L'on sent que l'on est parti pour une overdose d'électricité crépitante. Trois guitaristes, trois car le bassiste se sert de son engin comme d'une guitare solo, manquerait plus qu'il ne participe pas avec les deux autres à la chevauchée fantastique. Quelques regards menaçants sur les retours qui n'ont pas intérêt à faiblir, une comptine de cour de récréation, quatre riffs monstrueux et le train s'ébranle pour l'enfer.

 

En deux minutes l'on a déjà oublié les grosses couleuvres paresseuses qui ont précédé et que l'on a eu du mal à avaler. Les Play-Mobiles recrachent l'énergie de leur folie, rentre dedans et ne ressort jamais, une ligne droite et rien sur les côtés. Du rock'n'roll ils n'ont gardé que l'essentiel et rejeté toutes les fioritures. Un riff à l'endroit, un riff à l'envers, l'un après l'autre et après on recommence, mais l'on essaie de faire encore plus fort et plus exaltant à chaque fois, et va te faire foutre si t'es accro à la mélodie.

 

Un bonnet, d'un vert à faire pâlir d'envie un crocodile, sur la tête, le chanteur arpente sa guitare, il hurle dans le micro pendant qu'il vous cisaille de stridences maléfiques, sur sa gauche son acolyte essaie de le doubler dans les virages à angle droit, il y réussit souvent et la course repart de plus belle. Pas de fausse rivalité, il s'agit avant tout de se filer le train pour arriver à une vitesse maximale.

 

Face à face à tour de rôle, les doigts dans les cordes et les yeux dans les étoiles, tout pour la musique et pas un os pour le reste du monde. Près de moi, entre les trois secondes de calme qui séparent deux morceaux un des rares connaisseurs de la soirée laisse tomber un commentaire péremptoire «  C'est prodigieux ! ». N'aura pas le temps de s'étendre car le combo est reparti sur les chapeaux de roue. Peut-être voudriez-vous un peu plus de détail, je vous dirais pour que vous puissiez vous faire une idée que ça ressemblerait plutôt aux Ramones mais en plus long. Les une minute trente cinq secondes de bonheur, c'est fini et l'on recommence le même morceau, c'est pas le style des Play-Mobiles. Eux, c'est plutôt voyage jusqu'au bout du bout.

 

Si l'on devait résumer pour faire vite, il faudrait dire que c'est un concert d'une heure et d'un seul et unique riff, la descente des grands canyons en hors-bords montés sur air-craft, ça secoue un peu. Beaucoup même. Âmes sensibles abstenez-vous. Punk's not dead. Restent de sacrées épluchures. Ca dégomme à fond la caisse. En plus ils ont le culot de proposer des compos originales aux paroles stupidement intelligentes.

 

L'insolence de la jeunesse. Son ignorance aussi. Finissent leur set sur Johnny B. Goode qu'ils dédient à ceux qui sont nés avant les années soixante-dix. Le massacrent allègrement. Devraient tout de même aller faire un tour du côté des roots, manière de serrer les boulons à la perfection. L'a tout de même une manière plus que mémorable de perfuser ses riffs à écorner les hannetons le papy Chuky.

 

Mais qu'importe, le tourbillon emporte tout. Les Play-Mobiles, n'ont pas volé leur nom : ils jouent et se bougent à fond la caisse. Le concert se termine sur un dernier roulement de batterie et sous les acclamations de toute la jeunesse du coin qui s'est remuée sur le devant de la scène. Deux heures du matin. L'air frais de la nuit. Nous sommes le 17 avril. L'esprit d'Eddie Cochran plane sur la campagne ariégeoise.

 

Damie Chad.

 

Vous pouvez aller les voir sur le net mais attention les bandes que vous écoutez n'ont qu'un très lointain rapport avec les versions live , preuve que le boulot de producteur n'est pas inutile in rock'n'roll msic, quand ils enregistreront, ils auront intérêt à prendre quelqu'un qui se sera lavé longuement les oreilles avec les New York Dolls, par exemple : http://www.myspace.com/playmobiles09/music

 

URGENT, CA PRESSE !

 

 

LONGUEUR D'ONDES. N° 59.

Avril-Juin 2011.

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Gratuit, et distribué à 100 000 exemplaires! L'a fallu que j'aille en Ariège pour y tomber dessus. Beaucoup de pub : que voulez-vous, dans la vie rien n'est vraiment gratuit, et l'on remarque que souvent les annonces publicitaires exposent des artistes qui sont chroniqués ou interviewés dans le numéro. Mais dans les payants aussi. Ne faisons donc pas trop la fine bouche. Faisons semblant de croire qu'il ne s'agit que d'occurences commandées par les impératifs de l'actualité.

 

Surtout que je n'ai pas envie de dire du mal de Longueur d'Ondes. Non, ils ne présentent pas que des artistes que j'aime, pour être franc, je n'en connais pas la moitié. Par contre il y a un article qui m'a scié. Faut un sacré courage pour l'avoir passé. Ils ont fait ce qu'ils ont pu pour détourner la foudre, ils l'ont planqué à la dernière page du canard et l'ont entouré d'encart de pub pleine page.

 

Ca ne concerne pas la musique. Mais il n'y a pas que le rock dans la vie. ( Il y a aussi le roll ! ). Nous vivons dans une société traversée de courants pas toujours salutaires. Souvent dans les revues rock, l'on essaie de passer à côté, de faire comme si ce n'était pas la peine d'en parler puisque l'on se doit d'être du bon côté. Sinon l'on ne serait pas rock, n'est-ce pas ?

 

Alors quand je vois la prose de Jean Luc Eluard, je ne peux que m'incliner très bas. J'ignore tout de lui et ne sais qui il est. Mais en voici un qui ne manie pas la langue de bois. Dit ce qu'il pense et je parie que la rédaction a du recevoir des mails de protestation outragés. S'en prend à une des postures sociétales les plus politiquement correctes.

 

Le système libéral donne à la moitié de l'humanité le droit d'exploiter à outrance ( pour ne pas dire jusqu'à la mort ) l'autre moitié, mais chacun se doit de posséder un coeur gros comme un crocodile pour s'apitoyer sur toutes les victimes du monde.

 

Ayez été victime de telle ou telle injustice dans votre vie, vous êtes désormais promu au rang d'innocent ! La communauté internationnale vous offre un certificat de bonne conduite morale, ad vitam aeternam. Mais de la théorie, toujours recevable si l'on s'en tient aux principes généraux, Jean Luc Eluard passe aux exemples concrets comme les Kosovars qui libérés de la tyrannie des Serbes ont fondé un état de droit mafieux ou les Israéliens qui ne se conduisent pas avec les Palestiniens comme on aurait pu l'espérer vu les précédentes abominations dont ils furent victimes.

 

Voilà un genre de discours que l'on ne retrouve en règle générale que dans les publications gauchistes. Un bon point à Longueur d'Ondes pour oser se démarquer des idées-ficelles toutes faites par lesquelles l'ensemble des médias essaient de nous manipuler afin de nous faire intellectuellement adhérer à l'ordre injuste du monde dans lequel nous vivvons. Rock et rebelle.

 

Un article sur les radio-libres qui ne proposent plus que de la daube. N'aborde pas le problème de fond : les radios dites libres sont aux mains de groupes qui s'intéressent davantage au fric qu'à la musique qui sert de bruit de fond aux annonces publicitaires ( on y revient ! ). Les récentes aventures de Skyrock sont exemplaires. Le patron qui se fait passer pour un martyre alors qu'il a été le premier à vendre sa radio... Croyait vraiment être libre aux mains des puissances d'argent ! Ce n'est pas parce que L'Humanité est sous perfusion Rothchild-Seydoux qu'il faut prendre les vessies du verrouillages pour les lanternes de la liberté.

 

Maintenant pour être juste, il ne nous étonnerait pas que la mise sous le boisseau de Skyrock par un fonds de pension étranger ne réponde point qu'à de sordides intérêts pécuniers. Que l'on ait décidé en haut lieu de joindre l'agréabilité financière à l'utilité politicienne nous paraît des plus probables. Skyrock a su fédérer depuis plus de dix ans autour de son virapge musical toute la jeunesse des quartiers chauds. Un choix délibéré qui aujourd'hui se retourne contre elle. Malgré son activisme commercial délibéré Skyrock jouait aussi le rôle de soupape de sécurité. Il semble que dans des sphères élyséennes l'on ait opté de clouer le bec à la cocote minute, pour la remplacer par un poulet dument châtré et au langage châtié.

 

Quand l'on voit les avatars pop que sont devenues le Mouve, RTL 2 et Virgin, il n'est pas besoin d'être un grand spécialiste de la communication pour comprendre que ceux qui bâtissent des projets médiatiques en sortant le mot rock de leur chapeau haut de forme n'ont aucune envie d'enfiévrer la jeunesse du pays...

 

Damie Chad.

 

 

LOOK BOOK

 

 

SHARON TATE NE VERRA PAS ALTAMONT. MARC VILLARD.numérisation0029.jpg

Collection : Les Sentiers du Crime.

Février 2010. Biro Editeur.

 

Joli format, presque carré. Une dizaine de photographies-documents à l'intérieur. Les mots Rolling Stones sur le collage de couverture rouge hémoglobine, qui oserait laisser ce livre sur l'étagère de son libraire préféré ? Surtout si votre mémoire n'oublie pas de vous rappeler que Marc Villard est aussi l'auteur de La Guitare de Bo Diddley. Rien que cela vous campe un homme et vous trace un profil indélébile.

 

Je ne reprocherai à ce bouquin que le titre un peu tape-à-l'oeil. Rien à redire pour Altamont, mais la pauvre Sharon Tate elle est un peu l'arlésienne du roman. Non seulement elle ne se fait pas assassiner sous nos yeux, mais elle se fait voler la vedette par Sheryl Gibson, une débutante de troisième ordre tout droit sorti du cerveau de son créateur.

 

Marc Villard s'amuse. D'abord dans le prologue il nous flanque le cadavre de Brian Jones dans sa piscine. Je ne voudrais pas faire de l'humour noir, mais il tombe là, un peu comme un cheveu dans la soupe. Bien sûr, entre Altamont, Brian Jones et les Stones, il y aurait comme un lien logique, mais en y réfléchissant bien, Brian n'était pas à Altamont.

 

1969. L'année de l'amour. Rien à voir avec l'année érotique de Gainsbourg. Plutôt l'année de la mort. L'autre face de la génération Woodstock. Ces milliers de jeunes américains qui quittent leur famille et partent on the road, destination the west-coast. Depuis les débuts de l'ère hippie, la Californie est devenue la nouvelle frontière du rêve américain, le nouvel Eldorado de la jeunesse qui croit en des lendemains qui chantent rock'n'roll.

 

Comme toujours la réalité transformera le rêve en cauchemar. Le love-in gigantesque tournera à la prostitution, l'ouverture sensorielle des portes lysergiques engendrera le trafic de drogue, etc, etc... Marc Villard surfe sur ces données. Sheryl devient l'amie blanche d'un jeune noir trafiquant d'armes qui tente d'arnaquer les Hell's Angel. Vous savez maintenant pourquoi un afro-américain se fait assassiner devant la scène d'Altamont lors du concert des Stones.

 

Une nouvelle huilée comme le carburateur d'une Harley-Davidson. Qui renverse les codes. Les hippies ne sont pas spécialement gentils et les hells plus bêtes que méchants. Même les Stones qui ne sont pas irréprochables sur scène. Bref l'humanité se montre sous son vrai jour : médiocre.

 

Pourquoi voudriez-vous que ça se termine bien ?

 

Damie Chad.

 

 

INDEX KR'TNT !

 

ALAIN DISTER / 38

ALEXIS QUINLIN / 38

BASTON GENERAL / 2

BB BRUNES / 36

BOBBY COCHRAN / 41

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 33

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36 / 41

EDDIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELLE N'RIPLEY / 49

ELVIS PRESLEY / 29 / 45

EVAN HUNTER / 20

FABRICE GAIGNAUT / 42

FRANCOIS BON / 43

FRANCOIS JOUFFA / 42

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36 / 45

GERARD HERZHAFT / 32 /

GHOST HIGHWAY / 25 / 26 / 45 / 48

IGGY POP / 34

JACQUES BARSAMIAN / 42

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHN SINCLAIR / 39

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

KEITH RICHARDS / 43

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LES PLAY-MOBILES / 49

LIZA CODY / 47

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MC5 / 39

MICHEL ROSE / 41

MICK FARREN / 27

MIKAL GILMORE / 48

NEGRO SPIRITUALS / 46

NICK MORAN / 12

NOËL DESCHAMPS / 46

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35 / 44

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHNSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25 / 45

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

ROLLING STONES / 43

RONNIE BIRD / 47

SONIC SURGEON / 28

STEPHANE PIETRI / 38

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 / 41 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

TOO LATE / 49

VAL HENNESSY / 38

VELLOCET / 16

VINCE TAYLOR / 44

WANDA JACKSON / 37

YVONNET GUITTON / 45

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

BURNING DUST : BURNING... LIVE / 25

CULTURE ROCKERS ( collectif ) / 25

GHOST HIGHWAY : GHOST HIHWAY / 25

PLASTICINE : ABOUT LOVE / 36

VELLOCET : INSOMNIA / 16

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

ASPEN TERMINUS / FABRICE GAIGNAULT / 42

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

COUNTRY BLUES / CLAUDE BATHANY / 40

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ENCYCLOPEDIE DE LA COUNTRY ET DU ROCKABILLY / MICHEL ROSE / 40

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

GUITAR ARMY / JOHN SINCLAIR / 39

IN THE GUTTER / VAL HENNESSY / 38

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

L'AGE D'OR DU ROCK'N'ROLL / 42

LA VEUVE ROCK'N'ROLL / LIZA CODY / 47

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LIFE / KEITH RICHARDS / 43

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

PRIVATE COLLECTION ( 3 volumes ) YVONNICK GUITTON / 45

PUNK ROCKERS / ALAIN DISTER / 38

PUNK SEVENTEE RUSH / STEPHANE PIETRY – ALEXIS QUINLIN / 38

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

ROLLING STONES / UNE BIOGRAPHIE / FRANCOIS BON / 43

SHARON TATE NE VERRA PAS ALTAMONT / M. VILLARD / 49

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

THREE STEPS TO HEAVEN / BOBBY COCHRAN / SUSAN VAN HECKE / 41

TROIS / PATTI SMITH / 31

UN LONG SILENCE / MIKAL GILMORE / 48

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

COUNTRY MAGAZINE USA ( N° 2 ) 42 /

COUNTRY MUSIC MEMORIAL ( N° 10 ) 42 /

CROSSROADS / 33 /

DREAMWEST ( N° 21 ) 45 /

GUITARIST MAGAZINE ( N° 241 ) 43 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JAZZ MAGAZINE ( N° 622 ) 41 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

LONGUEUR D'ONDES ( N° 59 ) / 49

LOUD ! ( N° 120 ) 41 /

METALLIAN ( N° 63 ) 42 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

PALPABLE ( N° 5 & N° 6 ) 39 /

PUNK RAWK ( N° 16 ) 38 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 / ( N° 524 ) 45 /

ROCK'N'ROLL REVUE ( N° 51 ) 40 /

ROCK SOUND ( HS N° 8 ) 39 /

SO JAZZ ( N° 13 ) / 43

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /

STARFAN ( N° 5 ) 45

VINTAGE GUITAR ( N° 2 ) 34 / ( N° 3 ) 47 /

 

 

10/04/2011

KR'TNT ! ¤ 48.

 

KR'TNT ! ¤ 48

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

15 / 04 / 2010

 

AVIS A LA ROCK'N'ROLL POPULATION

 

Cette 48 ième livraison de KR'TNT arrive un peu en avance, ce dimanche soir 10 avril, car dès lundi matins nous partons vers de nouvelles aventures, on the road... Pour corser la situation, la série 49 risque d'avoir un ou deux jours de retard, mais ensuite nous reprendrons notre rituel rythme hebdomadaire. En attendant nous vous laissons entre de bonnes cordes – non pas pour vous pendre – mais de guitares, avec le Fantôme des Hautes Routes, n'oubliez pas de faire un petit coucou à Ronnie Bird, sur le N° 47 ( Profitez-en pour rajouter un deuxième d à BO DIDDLEY, we are very sorry de cette calamiteuse coquille... )

 

 

GHOST HIGHWAY IN CONCERT !

 

 

BILLY BOB'S / DISNEY VILLAGE

 

8 AVRIL 2011

 

INTRO

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Lorsque l'on a appris que Wayne Hancock annulait son passage au Billy Bob's l'on a un peu fait la gueule, mais lorsque le bruit a couru que c'était Ghost Highway qui avait été contacté pour assurer la relève l'on a relevé l'oreille et l'on s'est dit que l'on ne perdait pas au change. Bref vendredi soir l'on a démarré la teuf-teuf chaparal et foncé comme un seul homme vers Mickey's land à tout berzingue.

 

Malgré un radar qui s'obstina pendant tout le voyage à nous indiquer toutes les fausses directions possibles et inimaginables, le great american artefact ne tarda pas à découper sa silhouette de carton-pâte sur l'ombreux horizon ensoleillé des plaines briardes. Un parking plus tard les pistoleros de la horde sauvage des KR'TNT boys and girls pénétraient enfin dans le fameux saloon du Billy Bob's, un des hauts lieux de la musique country française, comme tout un chacun le sait.

 

Pour ceux qui n'y ont jamais fourré leur guêtres le Billy Bob's présente une curieuse architecture un hybride hasardeux mais savamment calculé qui aurait résulté de l'accouplement improbable d'un saloon typique pour le bas, et de l'opéra européen du dix-neuvième siècle quant aux étages supérieurs. Une espèce d'église en bois ignifugé, une nef plutôt étroite aux plafonds tranchés de poutres si bien taillées qu'elles ressemblent davantage à de grosses planches qu'à des troncs d'arbre mal équarris. La couleur locale en prend un sacré coup mais le savoir faire américain est unanimement reconnu dans le monde entier pour avoir su éliminer les petits détails et offrir en toute occasion une seule réponse duplicatable à l'infini. Le rez-de-chaussée est en partie mangé par l'escalier d'accès à la restauration, les convives ont vue plongeante sur la scène. L'entrée étant gratuite, le bar pratiquant des prix raisonnables, c'est sur les amateurs de chili con carné multi-réchauffé que Disney ramasse la monnaie.

 

Arrêtons nos pessimistes prophéties, nous n'en sommes pas encore-là. Non juste au péage de l'autoroute à très grande vitesse qui y mène tout droit. Bifurquons vers l'ancienne piste maudite, là où l'on raconte que traîne encore le fantôme malheureux d'Hank Williams et l'âme calcinée de l'ancienne colère rouge...

 

 

PART ONE

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Durant nos réflexions l'espace devant la scène s'est peu à peu rempli. Quelques habitués, des fanas de la country dance qui sont pratiquement là tous les soirs pour s'adonner à leur sport favori, mais surtout et avant tout le public de Ghost Highway qui entend soutenir their favorite french band. En moins d'un an Ghost Highway a su fédérer autour de lui un groupe d'inconditionnels prêts à le suivre dans toutes ses étapes vers une plus large reconnaissance sans lesquels un groupe de rock, de n'importe quelle obédience musicale dont il se réclame, ne peut prendre un véritable envol.

 

Pour qui est introduit quelque peu dans le milieu il sera facile de reconnaître les anciens du Golf (-Drouot, une sacrée assurance rock) et de répertorier les différentes tribus de teddies et de bikers qui se côtoient sans problème. Mais le plus important n'est pas là. Le bouche à oreille a aussi drainé de nombreux jeunes qui sont venus, non pas en curieux blasés déjà revenus de tout, mais en quête d'une redéfinition de futur de l'authenticité rock. Mais n'anticipons pas.

 

Les voici sur scène. Deux front men sur le devant, guitare en bandoulière, sèche pour Arno, Mister Jull retranché derrière sa Gretch, Zio et sa contrebasse est en retrait sur la gauche de la scène, Phil est isolé du reste du groupe par un paravent de plexiglas, nous supposons destiné à amortir le son. La route fantôme commence très classiquement par le premier morceau de son premier CD, un vieux classique de Julie Lee enregistré en 1946, le ton du premier set est donné l'on ira traîner les pieds du côté des roots, au sens large du terme puisque dès le second morceau, tout de noir vêtu annonce un titre de Johnny Cash. Le set sera parsemé de titres de Carl Perkins notamment un très beau You can do no wrong, d'Hank Williams mais aussi de Fats Domino, de Ricky Nelson – le fameux Mary Lou si prisé par chez nous durant les first sixties – l'on reconnaîtra au passage l'Hypnotized de Terry Noland avec Buddy Holly qui rôdait dans le studio et Joe Bennet et ses fameux Black Slacks.

 

Pas de surprise, Ghost Highway est dans son aire de jeu, mais à chaque fois une interprétation impeccable. La machine tourne à plein. Jull et Arno alternent au chant. Chacun se tire la part du lion, plus incisive pour Jull, plus ramassée pour Arno. Se dépatouillent très bien avec la langue de Walt Withman, n'essaient à aucun moment de se surcharger les gencives d'un faux accent américain, mais ne sonnent jamais comme des damned froggies qui essaieraient en vain d'y arriver. Ni trop, ni pas assez, le rock est devenu leur idiome naturel.

Il n'y a plus qu'à les regarder et à prendre son plaisir. Aisance et simplicité, au moindre temps mort Jull ponctue d'un riff pur chrome incendiaire, et c'est reparti. Sur ses boots de croco Arno tient la barre et Jull, chemise à rayure noire comme un jeu d'échec et mat s'occupe de la mitraille. Ses interventions électriques font toujours mal, de véritables frappes chirurgicales qui redessinent l'architecture musicale des morceaux. C'est un régal de suivre ses fioritures, il n'accompagne pas le morceau, il le redécoupe, lui octroie un nouveau profil, l'amène là où l'on n'aurait jamais imaginé qu'il pût aller sans être défiguré. Beaucoup de reprises pour Ghost Highway oui, mais chaque morceau est redéfini et réinventé.

 

Zio m'inquiète. Il s'est déjà lancé dans deux ou trois soli à vous faire pousser des cris d'admiration, mais l'on devine que ce soir un feu intérieur l'habite et qu'il va falloir faire attention aux retours de flamme. Pas encore parlé de Phil, d'abord je ne le vois que très peu caché dans l'angle mort d'une baffle plus grosse qu'une armoire. Mais je l'entends et je puis assurer qu'il n'a pas passé son temps à pédaler dans la choucroute. Toujours attentif à ses acolytes et prêt à apporter le beat dont ils ont besoin juste à l'instant où il leur ferait défaut.

 

Et puis, sans prévenir, sur You Can Do No Wrong, Phil explose, le rythme s'emballe et tout le reste de l'orchestre le suit à l'unisson. L'on a changé de dimension, le son s'est durci du full metal Jacket sur un Please Don't Leave Me transcendantal. Fin de la séance, l'on ralentit sur un vieil Arthur Crudup, un certain That's all right Mama, peut-être que ça vous dit quelque chose. L'on range en souplesse la Cadillac sur le bord de la route et les musicos descendent se rafraîchir pour trois quarts d'heure.

 

Je ne vous parle pas de l'ambiance, les derniers morceaux sont repris en choeur par un public survolté.

 

PART TWO

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Les revoici. Arno arbore un chapeau de toile écrue sur la tête. Du genre suivez mon panache blanc et vous ne serez pas déçus. Et il faut l'avouer nous ne fûmes pas déçus. Cherokee Boogie de Johnny Horton pour sonner la charge dès le début et Tennessee rock'n'roll de Bobby Helms pour annoncer la couleur. Le combo a la rage au coeur et un vent de folie s'empare du public qui double les morceaux en bas de la scène.

 

Là-haut c'est le délire. Plus personne ne saurait retenir Zio, ne voila-t-il pas qu'il entreprend une danse du scalp frénétique autour de sa contrebasse. C'est à une véritable relation amour-haine que nos deux inséparables se livrent. Il ne pince pas les cordes, il les arrache, et la mandoline géante se met à swinguer comme aux temps anciens des juke-joints.

 

Phil en profite pour lui jeter vicieusement quelques contretemps entre les paluches dont Zio se tirent comme un chef. C'est lui qui mène la rythmique et sa contrebasse bourdonne comme un essaim de frelons en colère, il dirige la charge droit sur l'ennemi, mais entre ses jambes bobonne a décidé de ne pas se laisser faire. Elle rue comme un bronco et pétarade des quatre fers. Qu'à cela ne tienne, Zio se lance dans un corps à corps démentiel, debout, à genoux, plié en deux ou en trois, il l'enjambe et la serre de toutes ses forces. Il est l'attraction numéro 1, l'on ne voit plus que lui, mais les deux guitaristes le rejoignent dans un galop digne des plus belles chevauchées et le band poursuit sa course échevelée.

 

Je vous dirai pas comment ça se finit, mais à la fin du set l'on a l'impression que Zio est entré dans son instrument. Il ne fait plus qu'un avec la musique. Il plaque les accords autant sur sa contrebasse que sur son propre corps. Clameurs du public qui exulte.

 

Qui a dit que le rock était mort avec Gene Vincent et Vince Taylor ? Certains titres du set sont miraculeux, un Gone, Gone, Gone dévastateur à faire fondre le zinc des comptoirs, un bijou de brisures électriques à faire péter les compteurs, un My Babe qui chavire tout le monde, quant au Country Heroes d'Hank Williams S. avec Arno à l'harmonica qui vous débite la colonne vertébrale en tranches de son miaulement de chat métallique étripé et Phil qui siffle comme trois derniers trains en partance pour Yuma, rien à dire, c'est du grand art.

 

La suite on s'y perd un peu tellement l'excitation est grande. Trois Johnny à la suite, Horton, Cash et Burnette, un trio d'enfer, l'orchestre tourne à fond, Jull donne pleinement l'impression d'être ce qu'il est, un super guitariste, l'un des meilleurs du moment, toutes scènes rock confondues, un gars qui assimilé Cochran et qui sait être lui. Avec en plus une authenticité et une humilité qui font plaisir à voir. Country heroe mais pas rock star.

 

La fin du set tient de la démence. Deux Johnny Burnette, The train kept a rollin' ( à faire pâlir d'envie les Yardbirds ) et Tear it up, entrelardés du Flying Saucer de Billy Rilley. Des pièces de choix. Des morceaux de roi. Pour des rois. Car Ghost Highway domine le sujet. Dans la salle galvanisée c'est l'apothéose, Ghost Higway nos servira en dernier rappel un Going up to the Country à faire frémir. Très belle idée de terminer sur cet hommage à Alan Wilson, l'inspiré guitariste de Canned Heat, une merveilleuse façon de proclamer que le rockabilly possède d'autres portes de sorties que les Cramps et les Stray Cats.

 

PART III

 

C'est fini. Comme un rêve qui s'achève. Retrouvailles avec les copains que l'on n'a pas vus depuis longtemps. Les copines aussi. Des jeunes se pressent autour de Mister Jull, ils veulent savoir, le secret et la recette. Mais l'important est de jouer ce que l'on est. Il n'y a pas de pureté rock, par contre chacun peut apporter sa touche d'authenticité.

 

Ghost Highway est fascinant. Un groupe de rockab qui ne regarde pas derrière. Que de chemin parcouru depuis un an : un vingt-cinq centimètres vinyl en cours de pressage, le premier CD paru à compte d'auteur repris par une compagnie de disques avec pochette redessinée par Alain Chennevière et trois morceaux supplémentaires. De quoi ravir les collectionneurs. Mais surtout des munitions pour aller de l'avant.

 

Certes en notre douce France, la vie d'un groupe de rock – a fortiori de rockabilly – n'est pas des mieux assurées. Mais avec Ghost Highway, nous avons un potentiel remarquable. Des musiciens de qualité, un public fidèle, un répertoire, de la créativité à revendre. Tout cela laisse augurer des lendemains heureux. A suivre. De près.

 

Damie Chad.

 

 

 

LOOK BOOK

 

UN LONG SILENCE. MIKAL GILMORE.

Traduit de l'anglais par FABRICE POINTEAU.

Paru aux usa EN 1994. Traduction française :SONATINE. Septembre 2010.

 

numérisation0023.jpg« Hello, I'm Johnny Cash ! » Je traduis pour ceux qui ne comprennent pas l'anglais : « Allo, je suis Johnny Cash ! ». De toutes les manières, pour vous c'est raté, il y a fort peu de chance pour que Johnny Cash vous appelle au téléphone. D'abord vous ne le méritez pas, ensuite il ne vous reste pas que quelques heures à vivre juste avant d'être fusillé à quinze heures pile.

 

Je vois que l'histoire commence à vous intéresser. Alors garez votre bicyclette, et préparez-vous à lire le livre le plus rock'n'roll de toute votre existence. Mikal Gilmore – surtout ne confondez pas avec David Gilmour du Pink Floyd, car ce n'est pas un ouvrage de la bibliothèque rose, plutôt encore plus noir que the man in black de Johnny Cash !

 

Quand je dis rock'n'roll, je dis bien rock'n'roll et pas un dictionnaire sur les chanteurs de rock. Mikal Gilmore étant à l'époque où il écrivait son bouquin, rédacteur en chef du magazine Rolling Stone, vous pourriez vous fourvoyer sur une mauvaise voie. Sur les 660 pages de ce monstrueux pavé, en raccordant tous les passages qui évoquent la musique rock l'on arriverait à ressortir un dossier de au plus – en exagérant énormément – quinze pages.

 

C'est que dans ce récit Mikal Gilmore n'est que le frère de son frère. Un certain Gary comme il se doit Gilmore dont vous avez toutes les chances de n'avoir jamais entendu parler jusqu'à aujourd'hui. Normal, il est mort en 1977, fusillé dans sa prison – le titre original Shot In The Heart est bien plus poignant - là-bas très loin dans l'Etat de l'Utah. Ne cherchez pas à le plaindre. C'est lui qui l'a voulu. Ce n'est pas ce que vous pensez, je n'insinue pas que sa mort fut une juste rétribution qui lui fut allouée pour avoir abattu froidement, sans aucune raison, deux jeunes garçons d'une vingtaine d'années qui ne le connaissaient même pas et qui ne lui avaient rien fait. Non avec Gary Gilmore nous sommes dans une autre dimension.

 

Gary était d'une d'une autre nature. Il aurait pu se la fermer et se la couler douce jusqu'à la fin de sa perpète, tranquille et pénard, oublié de tous, au fin fond d'un pénitencier américain ( dont les portes s'étaient refermées sur lui et où il finirait sa vie à jamais, reprenez le refrain en choeur, vous connaissez la chanson ). Pas tout à fait un hôtel quatre étoiles, mais en ces temps-là si vous aviez un peu de chance, vous pouviez entendre Johnny Cash en direct, venir chanter at home ( pas très sweet ) pour les prisonniers dont vous étiez un membre agréé.

 

C'est que dans les années 70, l'on avait perdu – en ce grand pays démocratique, ainsi qu'il aime à se présenter, que sont les USA – l'habitude d'exécuter les condamnés à mort. Mais il y avait longtemps que Gary avait mangé son pain dur en prison et il avait l'envie et la rage de mordre non pas l'aumône du pain blanc de la condamnation à vie, mais la main de la justice immanente des hommes qui la lui tendaient.

 

Histoire typiquement américaine qui n'est pas s'en rappeler Moby Dick, la baleine blanche, le mammifère dont l'innocente et candide couleur se révèle être celle du mal absolu. Entre la grâce et la punition, fais comme le Christ demande à ton père la plus grande sévérité. Et ne compte surtout pas être sauvé sous le fallacieux prétexte que tu aurais exigé pour toi la peine la plus lourde.

 

Les Anglais n'ont pas été contents de perdre leur colonie américaine. Mais la liberté qu'ils ont due octroyer au rustique joyau mal dégrossi de leur couronne n'était pas un cadeau. Le ver du puritanisme anglican était dans le fruit depuis les premières heures du Mayflower. Les américains ont beau essayé de faire semblant de n'en plus se souvenir, la bestiole indésirable a pondu une larve qui, depuis les originelles générations, se transmet de cerveau à cerveau. Don du sang, don du sexe et don du sperme, toute chair y concourt. N'allez pas chercher plus loin la cause des outrances du rock'n'roll american dream.

 

Mikal Gilmore est né dix ans trop tard. Il est arrivé après la bataille. Il vivra dans la bonne ville de Portland en territoire affectif protégé. Une belle maison, trois grands frères, un père qui exerce une combine des plus légales pour gagner de l'argent. Une maman qui le protège. Ne partez pas dans un trip nostalgo green green grass of home ou alors c'est du vert caca d'oie d'homme, car c'est ici que débite le hot rod'n'roll !

 

Le père se trimballe de sacrées casseroles, origine douteuse, plusieurs vies derrière lui,numérisation0022.jpg de mystérieux ennemis qui le traquent sans cesse, dont personne jusqu'à aujourd'hui n'est parvenu à percer l'identité. Un gars en fuite, marié plusieurs fois, avec un nombre d'enfants indéterminés, un escroc qui place des publicités pour des revues qui n'existent pas, interdit dans plusieurs états, assez vieux pour être le grand-père du premier garçon que lui donnera la mère de Mikal.

 

Quant à celle-ci, soyez sûrs qu'elle s'est mariée plutôt pour le pire que pour le meilleur. Ne lui cherchez pas d'excuse, en toute connaissance de cause. Elle était en rupture de son milieu familial, c'est qu'être une jeune mormone dans les années d'avant-guerre n'était guère folichon. Complice du père, et dans les premières années ce sont des pérégrinations qui se situent à l'intersection d'un roman de Jules Verne et d'un morceau de Bruce Springteen. L'Amérique profonde, celle des eaux les plus glauques. Voyage au bout de la nuit, du côté des paumés, du côté du lumpen prolétariat, du côté de la marge.

 

Deux autres gosses qui pointent leur nez. La vie devient de plus en plus dure à assumer. Le couple naufrage, il coule mais l'épave continue à flotter. Elle tiendra jusqu'au bout. Envers et contre tous. Bye bye l'amour, bonjour la haine. Les gamins n'ont pas le droit de moufter. Le père s'amourache d'eux à leur naissance mais le suivant détrône le précédent. Etant le dernier né Mikal bénéficiera d'un traitement de faveur, puisqu'il n'aura pas de remplaçant. C'est pour cela qu'il sera le seul à s'en sortir.

 

Le père a la main lourde. Les corrections sont quasi-quotidiennes, à coups de cuir de rasoir, longues, interminables. Ce qui ne vous tue pas vous rend fort. Plus tard l'aîné Franck sera une cloche, Gaylen n'arrivera pas à maîtriser son walk in the wild side et terminera sa vie dans un lit d'hôpital. Mais Gary, est un rebelle, les coups ne lui font pas peur, les coups ne lui font plus mal. Mikal est né en 1951, juste au moment où Gary commence à ruer dans les brancards. Ecole buissonnière, planques avec les copains dans les broussailles, alcool, premiers larcins, premières filles, Gary n'est jamais le dernier dans les mauvais coups.

 

Une adolescence au bon vieux temps du rock'n'roll, Elvis Presley, disques et radios, concerts de Little Richard, l'on écoute Bo Diddley et Jerry Lee Lewis. Gene Vincent n'est pas nommé. Tout cela se terminera en maison de redressement. Gary en ressortira métamorphosé, il était un petit gars bien de chez nous qu'avait mal tourné, la violence institutionnelle de ces bagnes pour adolescents, l'a transformé en rebelle métaphysique. Désormais, rien ni personne n'empêchera Gary de prendre du bon temps et de s'adonner aux délices de la vraie vie. Pas poète, mais voyou.

 

Il le paiera très cher. Quatorze ans de sa vie derrière les barreaux. Il essaiera bien de refaire sa vie. Mais lorsque Nicole le quittera, il s'en ira tuer les deux premiers péquins qui passaient à sa portée. Faute de mieux. Faute de pire. Spirale vers l'enfer, spirale vers la mort. L'on n'évitera aucun des écueils habituels, le père qui paie les meilleurs avocats pour sauver son fils bien battu de ses premières peccadilles, la famille déchirée qui fait bloc autour du rejeton maudit qui s'en fout comme de sa première chaussette... Chez les Gilmore les liens du sang versé sont plus fort que ceux de l'amour refusés.

 

Mikal se réfugiera dans sa prime adolescence dans la religion, l'Eglise mormone lui vient en aide. Mais en définitive ce n'est pas Dieu qui le sauvera, mais... le rock'n'roll ! Beatles, guerre du Vietnam, la jeunesse américaine rêve d'un monde meilleur. Mikal vivra le rock comme une utopie. De son côté Gary qui avait tant flashé sur Elvis se tournera de plus en plus, au fur et à mesure que les nuages s'amoncellent sur sa tête, vers Johnny Cash. Difficile mais significatif passage de l'adolescence à l'homme adulte.

 

Un Gary que Mikal se garde bien de nous présenter comme un héros. Pas même comme un anti-héros. La révolte de Gary est inutile et perverse. Elle le mène à la mort. Gary qui en fut la première en est aussi la dernière victime. Elle est un train lancé à pleine vitesse qui déraille. Preuve qu'elle ne mène à rien puisqu'elle tue son propre facteur déclenchant et germinatif. C'est une condamnation sans appel à laquelle se livre Mikal, mais nullement un réquisitoire.

 

Le livre est d'autant plus fort qu'il ne se permet aucun jugement moral. Aucune recherche de sensationnalisme. Tout est dit, mais les scènes choc sont racontées sans racolage. Mikal Gilmore ne quitte pas d'une semelle sa famille, jamais une prise de vue hors-champ. Plan américain du début à la fin. Malgré cet acharnement à montrer non pas uniquement la vérité, toute la vérité rien que la vérité abstraite des choses que l'on peut construire dans sa tête, mais la seule et simple nudité des faits familiaux rapportés sans forfanterie, Un Long Silence vaut son pesant d'or d'étude sociologique.

 

La société américaine est passée au scanner. L'acte de Gary est monstrueux mais n'est révélateur d'aucune monstruosité morale. Gary n'est pas meilleur que vous. Ni pire non plus. Le combat de Gary ne manqua jamais de courage. Les moments les plus chauds de son existence furent toujours de sang-froid. Lorsque l'on fait remarquer à Gary que s'il obtient satisfaction il rouvrira de fait les couloirs de la mort, il se met en colère et déclare que les fautes des autres ne l'intéressent pas. Sa mort qui est son ultime vengeance, son ultime pied de nez au système qui l'a broyé, ne regarde que lui.

 

Gary est en tous points semblables aux maîtres du système qui se contentent de prendre en toute légalité leurs parts de bénéfices, que cela lèse ou non les autres. Révolte d'anarchiste de droite et prise de position éminemment républicaine. Avec en plus cette notion de culpabilité toute personnelle qui est au fondement de l'idéologie protestante. Gary dénonce la fausse hypocrisie du système qui ronronne de plaisir quand les circonstances lui sont favorables mais qui n'hésitera pas à vous déchirer de toutes ses griffes dès que vous précipitez un grain de sable dans l'engrenage.

 

Gary ne bloque pas la machine. Il démontre par l'absurde la preuve de son efficacité. Il est le one self-destructive-man. Sa révolte est une auto-mutilation cadavérique. Elle n'a même pas la beauté désespérée et tourbillonnante des guerres indiennes. Gary rend la monnaie de la pièce symbolique que la société américaine lui enjoint de payer au trésor public des comportements asociaux susceptibles de troubler l'ordre privé des milices économiques du grand capital. Mais son acte terminal ne crée aucun désordre. Au contraire elle en consolide les fondements constitutionnels. Les outlaws qui s'abritent derrière la loi pour organiser une auto-protection toute illusoire s'adonnent à un jeu de dupes. Dont ils sont les bouc-émissaires auto-proclamés.

 

Tout cela à mettre en relation avec ce que l'on appelle la rébellion rock.

 

Damie Chad.

 

P.S. : les lecteurs intéressés ne manqueront pas de se procurer aussi Le Chant du Bourreau de Norman Mailer, paru en 1979, qui traite aussi de l'étonnant destin de Gary Gilmore

QUE FAITES-VOUS LE DIMANCHE ?

 

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INDEX KR'TNT !

 

ALAIN DISTER / 38

ALEXIS QUINLIN / 38

BASTON GENERAL / 2

BB BRUNES / 36

BOBBY COCHRAN / 41

BRITT HAGARTHY / 10

BURNING DUST / 1 / 25

BUSTY / 34

GARRETT McLEAN / 15

CHARLES BURNETT / 21

CHRISS WELCH / 14

DANIEL GIRAUD / 3 /

DARREL HIGHAM / 30

DAVE SMITH / 19

DJ PREMIER / 33

DICK RIVERS / 29

EDDIE COCHRAN / 30 / 36 / 41

EDDIE MUIR / 11

EDDY MITCHELL / 24 / 29 / 35

ELVIS PRESLEY / 29 / 45

EVAN HUNTER / 20

FABRICE GAIGNAUT / 42

FRANCOIS BON / 43

FRANCOIS JOUFFA / 42

GENE VINCENT / 4 / 7 / 9 / 10 / 11 / 13 / 15 / 18 / 19 / 27 / 36 / 45

GERARD HERZHAFT / 32 /

GHOST HIGHWAY / 25 / 26 / 45 / 48

IGGY POP / 34

JACQUES BARSAMIAN / 42

JEAN-MARC PAU /

JEAN-PAUL BOURRE / 5

JEAN-WILLIAM THOURY / 18

JOHN COLLIS / 36

JOHN SINCLAIR / 39

JOHNNY CASH / 22

JOHNNY HALLYDAY / 3 /

JULIE MUNDY / 30

JULL & ZIO / 8

KEITH RICHARDS / 43

LANGSTON HUGHES / 21

LEFFTY FRIZZEL / 23

LIZA CODY / 47

LUCILLE CHAUFOUR / 6

MC5 / 39

MICHEL ROSE / 41

MICK FARREN / 27

MIKAL GILMORE / 48

NEGRO SPIRITUALS / 46

NICK MORAN / 12

NOËL DESCHAMPS / 46

NOIR DESIR / 35

OLD SCHOOL : 1 /

O. MURCIE : 32 / 35 / 44

PATTI SMITH / 30

PATRICE LEMIRE / 17

PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

PETER GURALNICK / 32 / 35 / 37

PHILIPPE MANOEUVRE / 33 /

PIERRE HANOT / 30

PETER GRANT / 14

PLASTICINES / 36

ROBERT JOHNSON / 35

ROCKERS CULTURE / 25 / 45

RODOLPHE &VAN LINTOUT / 9

ROLLING STONES / 43

RONNIE BIRD / 47

SONIC SURGEON / 28

STEPHANE PIETRI / 38

STEVE MANDICH / 4

SUSAN VANHECKE / 7 / 41 /

THIERRY LIESENFIELD / 13

VAL HENNESSY / 38

VELLOCET / 16

VINCE TAYLOR / 44

WANDA JACKSON / 37

YVONNET GUITTON / 45

 

FILMS

 

DEVIL'S FIRE / CHARLES BURNETT / 21

TELSTAR / NICK MORAN / 12

VIOLENT DAYS / LUCIE CHAUFOUR / 6

 

KRONIKROCK

 

BB BRUNES : NICO LOVE TENN / 36

BURNING DUST : BURNING... LIVE / 25

CULTURE ROCKERS ( collectif ) / 25

GHOST HIGHWAY : GHOST HIHWAY / 25

PLASTICINE : ABOUT LOVE / 36

VELLOCET : INSOMNIA / 16

 

LOOK BOOKS

 

A TRIBUTE TO GENE VINCENT / EDDIE MUIR / 11

ASPEN TERMINUS / FABRICE GAIGNAULT / 42

CASH / L'AUTOBIOGRAPHIE / 22

CLASSE DANGEREUSE / PATRICK GRENIER DE LASSAGNE / 17

COMPLOTS A MEMPHIS / DICK RIVERS / 29

COUNTRY BLUES / CLAUDE BATHANY / 40

DON'T FORGET ME / JULIE MONDY & DARREL HIGHAM / 30

ENCYCLOPEDIE DE LA COUNTRY ET DU ROCKABILLY / MICHEL ROSE / 40

ELVIS MON AMOUR / LUCY DE BARBIN / 29

ELVIS. SES DERNIERS JOURS / CHARLES C. THOMPSON II / 29

FEEL LIKE GOIN' HOME / PETER GURALNICK / 32

GENE VINCENT / GARRET McLEAN / 15

GENE VINCENT / RODOLPHE & VAN LINTHOUT / 9

GENE VINCENT DIEU DU ROCK'N'ROLL / JEAN-WILLIAM THOURY / 18

GHOSTS SONG / JEAN-MARC PAU / 29

GRAINE DE VIOLENCE / EVAN HUNTER / 20

GUITAR ARMY / JOHN SINCLAIR / 39

IN THE GUTTER / VAL HENNESSY / 38

JUST KIDS / PATTI SMITH / 31

KIDS ROCK / BUSTY / 34

L'AGE D'OR DU ROCK'N'ROLL / 42

LA VEUVE ROCK'N'ROLL / LIZA CODY / 47

LE NARCISSE / PHILLIPE VAUVILLE / 37

LIFE / KEITH RICHARDS / 43

LITTLE BOATS ENSALVAGED / DAVE SMITH / 19

EDDY ET MOI / ALAIN DUGRAND / 32

NOUVELLE ENCYCLOPEDIE DU BLUES ( N° 10 ) 32 /

PAS DE CHARENTAISES POUR EDDIE COCHRAN / PATRICK LEMIRE / 17

PRESAGES D'INNOCENCE / PATTI SMITH / 31

PRIVATE COLLECTION ( 3 volumes ) YVONNICK GUITTON / 45

PUNK ROCKERS / ALAIN DISTER / 38

PUNK SEVENTEE RUSH / STEPHANE PIETRY – ALEXIS QUINLIN / 38

QUAND J'ETAIS BLOUSON NOIR / JEAN-PAUL BOURRE / 5

RACE WITH THE DEVIL / SUZAN VANECKE / 4

ROCK FRANCAIS / PHILIPPE MANOEUVRE / 33

ROCK'N'TAULE / PIERRE HANOT /

ROLLING STONES / UNE BIOGRAPHIE / FRANCOIS BON / 43

THE BITTER END / STEVE MANDICH / 7

THE DAY THE WORLD TURNED BLUE / BRITT HAGARTHY /10

THE MAN WHO LED ZEPELIN / CHRISS WELCH / 15

THE STORY BEHIND HIS SONGS / THIERRY LIESENFIELD / 13

THE WEARY BLUES / LANGSTON HUGHES / 21

THERE IS ONE IN EVERY TOWN / MICKK FARREN / 27

THREE STEPS TO HEAVEN / BOBBY COCHRAN / SUSAN VAN HECKE / 41

TROIS / PATTI SMITH / 31

UN LONG SILENCE / MIKAL GILMORE / 48

 

 

URGENT CA PRESSE !

 

BLUES AGAIN ! N° 10. 32 /

BLUES MAGAZINE ( N° 59 ) 35 /

COUNTRY MAGAZINE USA ( N° 2 ) 42 /

COUNTRY MUSIC MEMORIAL ( N° 10 ) 42 /

CROSSROADS / 33 /

DREAMWEST ( N° 21 ) 45 /

GUITARIST MAGAZINE ( N° 241 ) 43 /

HARD ROCK ( N° 106 ) / 37 /

JAZZ MAGAZINE ( N° 622 ) 41 /

JUKE BOX ( N° SP 11 ) 29 / ( N° 281) 30 /

LES GENIES DU BLUES ( N° 3 ) 32 /

LOUD ! ( N° 120 ) 41 /

METALLIAN ( N° 63 ) 42 /

OBSKÜRE ( N° 1) 33 /

PALPABLE ( N° 5 & N° 6 ) 39 /

PUNK RAWK ( N° 16 ) 38 /

RAP MAG ( N° 7 ) 30 /

ROCK'N'FOLK ( N° 519 ) 30, 31 / ( N° 522 ) 37 / ( N° 524 ) 45 /

ROCK'N'ROLL REVUE ( N° 51 ) 40 /

ROCK SOUND ( HS N° 8 ) 39 /

SO JAZZ ( N° 13 ) / 43

SOUL BAG ( N° 201 ) 36 /

STARFAN ( N° 5 ) 45

VINTAGE GUITAR ( N° 2 ) 34 / ( N° 3 ) 47 /