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04/03/2013

KR'TNT ! ¤ 134. JERRY LEE LEWIS / HOCICO

 

KR'TNT ! ¤ 134

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

07 / 03 / 2013

 

JERRY LEE LEWIS / HOCICO

 

 

 

ATTENTION !

Nous mettons dès ce lundi 04 mars la livraison qui aurait dû paraître le jeudi 07 mars.

Que le lecteur ne passe pas à côté de la livraison 133 consacré au Eight O'Clock Jump de Villeneuve Saint Georges. Nous en profitons pour remédier à une affirmation scandaleuse : non Jonasson ne joue pas sur une Gretsch mais sur une stratocaster ! Que les Dieux du rock nous pardonnent cette monumentale bévue relevée par Mister B.

Pour la livraison 135, elle risque d'avoir un jour de retard. A la revoyure les Alligaturs !

 

 

 

THE KILLER GOIN' ON

 

 

JERRY LEE LEWIS

 

LOST AND FOUND

 

 

JOE BONOMO

 

 

(Editions Camion Blanc /Traduction : Patrick Cazengler )

 

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L'homme par qui le scandale arrive. Ne le plaignez pas, c'est sa nature. Je ne suis pas arrivé au bout de ma première ligne que je m'aperçois qu'il est extrêmement scandaleux que nous n'ayons pratiquement jamais parlé de Jerry Lee Lewis sur KR'TNT. Un scandale ! Comme je vous le disais. Profitons donc de la sortie du livre de Joe Bonomo chez Camion Blanc pour réparer la catastrophe et évoquer le phénomène.

 

 

Traduit par Patrick Cazengler qui nous avait régalé chez le même rock-trucker, n'y a même pas deux mois d'une superbe translation du There's one in every town de Mick Farren consacré à Gene Vincent et que nous retrouverons très bientôt ici même pour ses Nouvelles Rock.

 

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Ce n'est pas tout à fait une bio. Presque une analyse discographique mais avec Jerry Lou tout prend très vite des proportions inquiétantes. Vous n'arriverez jamais à enfermer le bonhomme, ni dans les sillons de ses disques, ni dans sa propre existence. Ca dépasse de partout. Tellement énorme qu'il y a trop à faire. D'ailleurs Joe Bonomo a très vite pigé la leçon. Face à un tel énergumène Bonomo nous la joue gonzo. A compris que pour exister face à un tel pachyderme, vaut mieux ne pas oublier son propre sujet et parler avant tout de soi.

 

 

C'est que le rock n'a d'intérêt que dans l'étroite relation que vous parvenez à tisser entre son incommensurable grandeur et votre infinitésimale petitesse. Celui qui numérote ses vinyls comme des concertos de Mozart n'a rien compris. Le rock est une affaire vampirique par essence. Il bouffe votre sang jusqu'à vous dessécher la cervelle mais en contre-partie vous vous abreuvez à la substantifique moelle de son énergie intarissable. Le baiser de la vie en quelque sorte.

 

 

AMERICAN KID

 

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Ca se passe en Amérique. Joe nous évoque sa famille et sa découverte du rock. Petit gamin qui ne comprend pas grand-chose, et qui s'émancipe en grandissant. Disques familiaux, séries TV, films, retour au sixties. Comprend vite. La totale. Le rock, l'alcool et la drogue. Les filles aussi. Mais n'en parle pas trop. S'il fallait causer de toutes les gals l'on a ( un peu, beaucoup, pas du tout ) roulé faudrait un deuxième tome. Plutôt axé sur la musique donc. Pas d'oeillères et d'idées préconçues. Passe par tous les genres, old rock, reggae, country, garage, et tout ce que vous voulez. Pas obligatoirement les grosses pointures. Une prédilection pour les concerts. Pourvu que ça tangue salement et que ça remue proprement. Vous cite des groupes dont vous n'avez jamais entendu parler. Des locaux. Mais à la dimension américaine. De la façon dont il se remémore leurs exploits, nos Téléphones nationaux ne semblent pas être branchés sur le même réseau.

 

 

Jusqu'à ce qu'un jour, il tombe sur une pépite. Le Star Club. Electrochoc. Faudra qu'il comprenne l'incompréhensible. Obligé pour le restant de sa vie à enquêter sur un citoyen au-delà de toute innocence. Va falloir qu'il revisite ses classiques. Cas spécieux. Dans sa cervelle d'américain moyen embrumée de stagnantes vapeurs puritaines, il devra se fabriquer toute une théorie pour magnifier son admiration killerienne. C'est que le Killer n'a jamais donné dans la demi-mesure. Un livre pour se justifier d'aimer Jerry Lee. Je ne suis pas sûr qu'il ait réussi. Doit encore avoir des doutes. Il les tait, mais la culpabilité est un sentiment tenace.

 

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S'en sort en certifiant que parfois Jerry Lee Lewis a été sincère. Attention ne dit pas toujours. Peut-être même presque jamais. Mais un tout petit peu. Oui. L'a trouvé sa mauvaise excuse. On le sent soulagé Bonomo. Peut enfin rendre son culte au diable en personne. Possède son talisman d'authenticité. Douteuse.

 

 

AVANT LA CHUTE

 

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Vous me direz qu'il y a Fats Domino. Oui mais le gros pépère, il compte pour du beurre. Il a le swing. Et très peu peuvent se vanter de l'égaler. Mais le bonhomme est trop heureux de vivre pour être un rocker. Vous affiche un figure de gosse radieux qui vient de recevoir son cadeau de Noël. Vous émeut, mais n'est pas assez méchant. Le petit Richard ? Beaucoup plus sérieux. Un sauvage. Possède la folie pure que le précédent n'a pas. Joue pas du piano, il s'énerve sur une touche, il vous la tintanibule cinq cent quarante deux fois de suite, vous, vous marchez au plafond et vous vous apprêtez à mordre les lustres lorsqu'il se met à chanter, et à la seconde même vous oubliez le pianiste. Le chacal hurle à la lune et vous vous dépêchez de redescendre de votre perchoir pour mettre le feu aux rideaux. Little Richard est un chanteur de rock. Qui se souvient encore qu'il joue du piano ?

 

 

De toutes les façons le rock c'est la guitare. Même ces petites tapettes anglaises qui essayaient de singer les noirs, là-bas à l'autre bout de la Tamise ont entendu le message. Z'ont viré Ian Stewart du combo. Désormais le sixième Stone conduira la camionnette, le pianiste se contentera de porter les amplis. Le clavecin c'est pas pour le rock. Bien connu.

 

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Bref de tous les pionniers du rock. Jerry Lee Lewis est le seul qui ne se sépare jamais de son piano. Un maître du boogie. En gentleman sudiste, il ne s'en vante pas mais l'a aussi assimilé les secrets du blues. Les saines joies du bordel et les noires affres de la déréliction, une fois que vous possédez ces deux sésames de l'existence vous êtes vacciné contre la variole de la vie. Si là-dessus vous rajoutez un peu de bourbon-médecine, quelques cachets moins blancs que l'aspirine et un peu de poudre, vous voici immunisé contre la mort. Indestructible. La fureur de l'ange blond.

 

 

C'est le petit à la chevelure aide de corbeau qui a intérêt à se méfier. L'est arrivé le premier. Un vrai chat de gouttière. Un hillbilly cat comme on n'en fera plus jamais un seul autre aussi doué. L'a inventé le rock'n'roll à lui tout seul. Un jour comme ça, chez Sam Phillips en s'amusant entre deux chansonnettes country. Mais le firboule s'est pointé sur le pumpin' piano et s'est mis à tout saccager. Deux pour le prix d'un, car en plus il chante. Et pas mal du tout. Fait tellement de bruit à lui tout seul que l'on pourra rogner sur les accompagnateurs. Super musicien de studio prêt à accompagner n'importe qui pendant des heures si on lui laisse le clavier.

 

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Les vautours de la RCA ( Victor pour les intimes ) peuvent emporter le petit Elvis entre leurs serres, reste encore un joli oeuf de coucou dans le nid. Phillips jubile. Les 45 tours de Jerry Lee se vendent comme des pains au chocolat. Avec Elvis l'on criait au miracle lorsque l'on atteignait les 35 000, avec Jerry l'unité de base c'est la centaine de milliers. Si Presley est embringué dans la tour d'ivoire du succès, Lewis ne rechigne pas à porter la parole du rock'n'roll aux quatre coins du monde. Commencera par l'Angleterre. Dès 1957.

 

 

PERFIDE ALBION

 

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Le rock faut aimer. Surtout à l'état brut. Sans violon pour faire passer la potion. Aux States les autorités n'aiment guère. In England l'immense majorité des masses silencieuses trouvent cette musique de dégénérés, un tantinet shocking. L'on cherche la faille. On ne tarde pas à la trouver. Une adorable fillette de treize ans qui suit Jerry un peu partout. Pas de problème. La bouche en coeur qu'il dit le grand Jerry Lee Lewis : «  C'est Myra ma cousine. Et nous sommes mariés. » L'on n'a jamais compté le nombre de cuillères que la prude et chaste Albion avala en même temps que son thé pisseux du five o'clock.

 

 

Mais le pire était à venir. Ce furent les fans qui emboîtèrent le pas à l'establishment et aux parents. Tous ces jeunes gens assoiffés de real good music qui attendaient la venue de Jerry Lee Lewis avec plus d'ardeur que celle du messie se mirent à le traiter de pédé dès qu'il mit les pieds sur scène. Z'avaient tous oublié comment la veille encore ils jouaient au docteur avec leur petite soeur.

 

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Tournée annulée au bout de deux jours. Tant pis pour les rosbeefs. Hélas, les States suivirent le même chemin. N'oublions point que Nabokov n'ayant point trouvé d'éditeur américain pour sa Lolita se résolut à sortir le roman en 1955 chez un éditeur anglais... en France ! ( Aussi étonnant qu'il le puisse paraître notre pays gaulois mérite parfois son appellation de terre des Arts et de la Liberté ! )

 

 

Les ailes coupées. La cote de Jerry Lee est au plus bas. Lui qui gagnait dix mille dollars par concert doit désormais se contenter vingt fois moins dans des salles minuscules à moitié vide... La carrière de Jerry Lee ne s'en relèvera jamais.

 

 

LE RETOUR

 

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Des années de galère. A reconquérir le public, un par un. Avec en plein milieu de la traversée du Sahara sans dromadaire une oasis merveilleuse. L'un des meilleurs disques de rock jamais enregistré. Peut-être même le meilleur. Quand les martiens se décideront à nous attaquer. On leur en enverra un exemplaire. Une fois qu'ils auront écouté s'en iront chercher une autre planète à coloniser. Population animale formée de monstres barbares vagissant sans trêve que nos oreilles seront incapables de supporter qu'ils noteront sur le livre de bord du vaisseau amiral.

 

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Au Star Club. En Allemagne. A Hambourg. En plein quartier des putes. Ce qui n'était pas pour déplaire à notre héros. Le même que celui des Beatles. Là où Gene Vincent les tient par le col du perfecto sur la photo. Mais nous sommes en 64 et le Killer d'attaque donne un concert historique, partagé en deux sets, en ce soir du 27avril. Bonomo ne s'en est jamais remis. N'était même pas né. Est venu au monde deux ans plus tard. Mais il suffit de poser le disque sur le pick up pour que la tornade se lève. C'est le premier disque du Killer que je me suis acheté, à l'époque, sans rien connaître juste sur la pochette. Le genre de cadeau que l'on se fait à soi-même et dont on se remercie toute la vie, tous les matins, en se levant. Quand je pense à tous ces gens qui pourrissent dans les cimetières sans avoir jamais entendu le Star Club de Jerry Loup je me demande ce pourquoi ils sont venus sur cette terre. A la réflexion, ils ne méritaient pas de vivre. Très logiquement, ils sont morts.

 

 

KILLER MUSIC

 

 

Vais pas vous décrire le disque. Bonomo le fait très bien, la moitié du bouquin. De toutes les manières les disques de Jerry Lee Lewis se ressemblent tous. Certains sont meilleurs que d'autres. Le Star Club, hors-concours comme l'Everest pour toutes les autres montagnes. Une fois, je me suis écouté plus de trois cents morceaux de Jerry Lee à la suite, sans dormir. Ce n'est pas difficile. D'abord vous connaissez. Sachez qu'il vaut mieux dresser la liste des titres que Jerry Lee n'a jamais chantés, en vous creusant la cervelle vous en trouverez une petite dizaine. Pour les autres ne vous donnez pas la peine de repérer. Les interprète toutes sur le même ton. Piano + voix. Parfois quelques fioritures instrumentales exigées par les producteurs qui financent. Rapides pour les rocks. Plus lents pour les country.

 

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De la première à la dernière note Jerry Lee fait du Jerry Lee. Se plagie d'une façon éhontée. Mais comme personne ne sait jouer du piano mieux que lui, à chaque fois c'est l'embarquement pour Cythère. Des dizaines de chanteurs ont une voix bien plus diversifiée que la sienne mais aucun ne maîtrise ses propres possibilités avec une aussi grande précision. Toutes ses interprétations touchent à la perfection. Un rien les différencie, une pointe de lassitude, un ricanement, un soupir, une voyelle prolongée, un rire de merle moqueur, un commentaire désabusé, toute plage en devient unique. N'ai jamais été déçu par Jerry Lee. Même quand il est évident qu'il est plus intéressé par la secrétaire à forte poitrine qui porte une note urgente au prod dans l'aquarium, ou qu'il est manifeste qu'il n'a pas dessoulé depuis trois jours, il sauve toujours la situation par une pirouette inédite, place le refrain là où il ne faut pas qu'il soit, coupe un mot si mal que même celui qui ne comprend pas l'anglais ressent l'anomalie, baragouine un truc inaudible, et tout à coup le morceau en est transfiguré comme cette cicatrice sur la lèvre qui rend l'inconnue qui passe encore plus désirable.

 

 

COUNTRY ROADS

 

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Dans les années soixante-dix Jerry Lee remonte au top. Plus dans la même catégorie. Suit un peu la même trajectoire que Johnny Cash. A part que Johnny est toujours resté ancré dans une dominante country. Même aux temps légendaires du Sun Studio. Jerry Lee suit le courant. Profite de la vague outlaw pour s'insérer dans le paysage. Mais tout en restant à la lisière. Ne rentre pas dans le groupe.

 

 

Bonomo analyse le phénomène. Jerry Lee décroche des hits. Le public l'accueille à bras ouvert. Mais comme un étranger qui est invité par hasard à une fête de famille, qui enchante chacun par son élégance et son sens de la répartie. Tout le monde s'accorde pour décréter que sans sa présence la soirée aurait été ennuyeuse, mais le lendemain matin il n'est plus qu'un lointain souvenir.

 

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Jerry Lee ne capitalise pas ses succès. Aux USA il n'est pas comptabilisé dans la mémoire affective des amateurs de country. N'est pas assez pur. Son aura de rocker lui colle à la peau. Ses origines sont douteuses. Trop voyou des villes pour être un outlaw des campagnes. Côté rock, Jerry Lee s'interdit d'y penser trop souvent. Le regret de la carrière perdue est encore là aujourd'hui à de quatre-vingts ans. L'âge, la renommée, la reconnaissance, la gloire, l'institutionnalisation de sa personne, rien n'y fait Jerry Lee Lewis n'a été qu'une étoile filante du rock. Une météorite dont la chute aurait dû écraser la race mastodinienne des dinosaures mais il n'en fut rien. Le film s'est déchiré et l'on n'a jamais pu voir la suite.

 

 

Des pionniers il est le seul des survivants qui suscite encore admiration qui ne soit pas une simple hommagiale déférence, ses concerts sont encore loués pour leur qualité intrinsèque et sa vie sentimentale comme son nouveau mariage défraie encore la chronique... N'a pas vieilli, égal à lui-même. Comme sur la superbe couverture de Jon Langford qui illustra aussi l'édition originale américaine parue en 2009.

 

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Il est prévu une tournée européenne ce mois de juillet 2013...

 

 

Damie Chad.

 

 

HOCICOMME SI VOUS ETIEZ

 

 

LE DIVAN DU MONDE

/ PARIS / 23 / 02 / 2013

 

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Aujourd'hui, immersion dans l'univers fantastique de l'électro-indus mexicaine, amené là par un ami beaucoup plus au fait que moi en ce qui concerne ce vaste sujet.

 

 

19h30 → Arrivée à la salle de concert. Ça commence bien, juste en face se trouve une boutique de bière où toutes les bouteilles, quelle que soit la marque, sont à trois euros. Première bière en faisant la queue

 

 

20h00 → Entrée dans la salle, un jeune Russe parlemente en russo-anglo-français pour entrer dans la salle sans payer. Une fille vient l'aider car elle a compris son charabia barbare et explique que son nom est sur la liste, il entre.

 

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20h10 → La faune fanatique de Hocico est là et bien là. La salle est pleine comme une cannette de bière inouverte. Du gothique, du bariolé, des lentilles colorées dans les yeux, des ajouts capillaires multicolores et des piercings dans tous les coins (je n'ai pas poussé l'investigation au point de vérifier cette dernière affirmation). Le public est bouillant, prêt à en découdre !

 

 

20h20 → Le Russe de tantôt arrive sur scène. C'est bon signe : même au guichet de la salle dans laquelle il est censé jouer, ils ne le connaissent pas... C'est pourtant lui qui assure la première partie.

 

 

20h30 → C'est donc un soliste russe. Vous pensez tout de suite a Noureev. Cela ne va pas être le même style. Pensez plutôt Kupoboleev. Il se présente dans un anglais approximatif et l'on apprend que son “groupe” (je pense que les autres ont dû rester au goulag après avoir chanté dans une église orthodoxe) se nomme “Today to Die”. On doit en être à la vingtième ligne et toujours pas un mot sur la musique. L'homme à la coupe au bol nous balance un beat technoïde à la basse sursaturée, s'allume alors au niveau de son sternum un petite loupiote et lui commence à se trémousser seul sur scène comme s'il était en boîte de nuit. Mais tout seul. Et il chante aussi, ça ressemble même à de l'anglais, malheureusement la basse mentionnée tantôt bouffe ses paroles alors que nous aimerions les boire. Mon pote m'explique alors que de toutes façons, dans ce genre de musique, c'est toujours la même chose : un tiers des paroles parle de sexe, un tiers de mort et l'autre tiers je ne m'en souviens plus. Ça doit être la nécrophilie.

 

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20h45 → Il est temps d'aller au bar de la salle de concert. Ça prend bien quinze minutes pour jouer des coudes et attirer l'attention du barman pour commander deux bonnes pintes de bière. Quatorze euros. Tu te souviens du magasin en face ?...

 

 

21h00 → Retour sur scène, notre nouvel ami russe bondissant s'est allumé deux nouvelles guirlandes de Noël sur les épaules. Rien de neuf musicalement parlant. Tout le monde fait, au choix, pause pipi ou pause clope. Pour nous, ce sera la deuxième solution en couplant la pause avec un arrêt au fameux magasin de bière, et ça enchaîne... Il serait peut-être plus judicieux de me faire faire une chronique sur la bière...

 

 

21h15 → Nous rentrons juste à temps pour entamer le concert de Hocico ; notre entrée précède de deux minutes celle du chanteur qui, dans la lumière noire, fait une entrée acclamée par la foule. Bon nous on se retrouve comme des cons tout au fond de la salle... Le deuxième lascar de la bande entre ensuite et se met au synthé. C'est le vrai regret de la soirée. Aucun instrument de musique noble : ni guitare, ni basse, ni batterie. Juste un synthé bordel. On m'avait parlé de musique non ?

 

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21h30 → Je suis mauvaise langue car ça envoie pas mal. Niveau musical ce n'est pas du Mozart mais il faut quand même dire que pour mettre de l'ambiance Hocico se pose bien là. La fosse commence à bien chauffer et moi je commence à regarder ma montre, non pas parce que je m'ennuie, ce qui n'est absolument pas le cas, mais car je dois prendre le dernier train, afin de rejoindre mon coin de province paumé, qui part à 22h46.

 

 

21h45 → Le concert continue et le groupe enchaîne des morceaux fort semblables les uns par rapport aux autres (en tous cas pour mes oreilles profanes). Encore une fois, il est dommage de ne rien entraver aux paroles, pourtant en anglais, mais la voix éraillée que prend le chanteur ainsi qu'un reste certain d'accent indescriptible n'aident pas. Mais les paroles ne sont jamais ce qui importe avec ce genre de groupe, ce qui est important est bien d'avoir un beat de ouf.

 

 

22h00 → Mon immersion touche à sa fin car il est déjà temps pour moi de partir alors que le concert ne fait que commencer. Honnêtement, je me sens un peu con de m'en aller comme un voleur.

 

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23h00 → Je suis dans le train et que dire avec un recul d'une heure après ma dernière dose de ce concert ? Une : pourquoi appeler un concert ce qui ressemble plus à un karaoké (quelqu'un qui chante par-dessus un beat de synthé) ? Deux : bonne ambiance. Malgré mes perfidies, c'était bien cool. Je pense que j'aurais plus apprécié si je n'étais constamment à regarder ma montre, si j'avais pu me glisser dans la fosse et pogoter quelque peu. Et enfin cinq : y'a pas de cinq.

 

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THOMER

 

 

Pour ceux qui veulent voir à quoi ce concert ressemblait :

 

https://www.youtube.com/watch?v=63r0lIvRt6w

 

 

 

REVUE DES REVUES

 

 

Guitarist ACOUSTIC. N° 39.

 

Magazine GUITARIST PEDAGO.

 

Janvier – Mars 2013.

 

Les deux volumes sont chacun livrés avec leur CD, le nouveau groupe de jazz manouche qui monte, Les Doigts de l'homme, je préfère ceux de la femme mais ce n'est pas pour ça que je ne l'ai pas encore écouté, c'est qu'il y a tellement de disques de rockabilly dont je n'ai pas encore entendu la moindre note que je pense m'y coller un jour. Pour le Magazine, le CD offre une dizaine de guitaristes de jazz ultra-connus, mais vous savez moi le jazz...

 

 

Je suis sûr que vous êtes en train de ruminer une sombre question dans votre petit neurone handicapé qui vous sert de cerveau : est-il donc si riche que cela qu'il achète des journaux dont on devine qu'il retardera la lecture jusqu'en l'an 7617 de notre ère ? Non je ne suis pas riche, mais je suis affligé d'un problème qui empoisonne ma vie depuis des années et des années. Ne pleurez pas les filles, c'est beaucoup plus grave que vous ne le pensiez.

 

 

Comme je sens que j'en ai trop dit je vais donc déballer toute l'affaire en public. Je ne suis pas le seul, d'autres copains souffrent du même symptôme, mais je suis le premier à le révéler en public. Donc j'avoue, à ma grande honte, mais je ne tairai rien, que je suis incapable de discerner la guitare de Charlie Christian sur les enregistrements réalisés avec Benny Goodman.

 

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Peut-être que cet aveu n'aura aucune influence sur le reste des jours qu'il vous reste à vivre, mais j'avoue que cet handicap auditif me perturbe. Charlie Christian c'est tout de même le père de la guitare électrique. Bien sûr avant lui, il y avait eu Freddie King mais pour ce dernier le problème ne se pose pas. La guitare électrifiée domine tellement par son volume le reste de l'accompagnement que l'on entend qu'elle.

 

 

Par contre les interventions de Charlie Christian sont noyés dans un tel magma sonore engendré par l'orchestre qu'il faudrait avoir une oreille de sioux pour les percevoir. J'ai fait des efforts, je me suis même procuré le coffret Frémeaux consacré aux meilleurs enregistrements du maître en compagnie du chef d'orchestre. Frémeaux c'est pourtant du solide et du sérieux – je vous conseille d'écouter par exemple les tous premiers enregistrements de James Brown que la firme vient d'éditer sur un splendide coffret. Je reconnais que question façade les boitiers Frémeaux longtemps ornés d'une petite photo en noir et blanc perdue dans l'océan pisseux d'un monochrome d'une tristesse infinie n'incitaient point à l'acquisition immédiate.

 

 

Intrigué donc par ce guitariste légendaire resté à l'état de fantôme me suis donc rué sur ce numéro d'Acoustic, avec la belle figure de l'artiste en couverture – l'était très photogénique avec cette grâce native et cette tristesse nonchalante qui caractérisent tous ses clichés – et un article de fond de Romain Decoret – aussi doué au stylo qu'à la basse - à l'intérieur.

 

 

Vous conseille de lire, ce n'est pas très long, six pages avec de nombreuses photos, mettez You Tube en marche et recherchez les titres évoqués, vous comprendrez tout et aurez l'impression d'être doté de pavillon d'éléphant capable d'entendre une fourmi marcher à plus de quarante kilomètres. Le tout est de savoir écouter. En plus Charlie Christian c'est une comète fulgurante au destin romantique...

 

 

Un numéro que tous les amoureux de la guitare électrique devraient se procurer au plus vite.

 

 

Damie Chad.