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18/03/2015

KR'TNT ! ¤ 227. ERVIN TRAVIS / ALLAH-LAS / JALLIES / SONNY TERRY & BROWNIE MCGHEE / JOHN LENNON

 

KR'TNT ! ¤ 227

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

LITTERA.INCITATUS@GMAIL.COM

 

19 / 03 / 2015

 

 

ERVIN TRAVIS / ALLAH-LAS / JALLIES /

SONNY TERRY & BROWNIE MCGHEE

JOHN LENNON

 

 

Ervin news

 

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Ervin n'est pas au mieux de sa forme. C'est le moins que l'on puisse dire. La solidarité commence à se mettre en place en région parisienne. Une partie des bénéfices du concert de Tony Marlow donné le dimanche 15 mars à la Salle des Fêtes de la Mairie du XIV° a été réservé à l'Association Lyme – Solidarité Ervin Travis. Un autre concert est prévu pour le quatre avril, voir affiche ci-dessus. Nous reproduisons ci-dessous un message du FB de l'Association, afin que chacun puisse selon sa convenance manifester son amitié avec Ervin à qui nous renouvelons notre sympathie et souhaitons courage.

 

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CAEN ( 14 ) - 28 / 02 / 15

 

LE BIG BAND CAFE

 

ALLAH-LAS

 

ALLAH-LA QUELLE HISTOIRE !

 

 

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— Eh oui, ma bonne dame, quelle histoire, en effet ! Figurez-vous que les petits Allah-las débarquent dans notre bonne ville de Caen !

 

— Oh lolo ! Ben dis donc ! Ça risque de faire des vagues dans le bol de tripes !

 

— Ah ah ah ! Comme vous êtes drôle ! Cette vieille barbe de Guillaume le Conquérant va jerker dans sa tombe !

 

— Et l’église Saint-Jean, vous allez voir, elle va bien pencher pour de bon !

 

— Oh lolo, quelle affaire ! Ça va Malherber dans le bocage ! Bon alors on se retrouve ce soir au Big Band Café ?

 

— Ah bah oui ! Vous y montez comment ?

 

— En autocar. Y fait un encore un peu frais pour monter à Hérouville en mobylette ! Et vous ?

 

— Je vais demander à mon petit-fils de me conduire, comme ça nous redescendrons ensemble par le dernier autocar et nous pourrons échanger nos impressions ! J’en ai la chair de poule, brrrrrrrrrrr, rien que d’y penser, pas vous ?

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— Bah forcément ! J’ai vraiment adoré les deux albums de ces petits Allah-las, alors vous pensez si je trépigne à l’idée de les voir sautiller sur scène ! Je suis aussi excitée que le soir où je suis allée voir Otis Redding à l’Olympia avec mon mari et mes deux enfants en 1967 ! On avait pris la Simca et hop ! En voiture Simone ! On chantait «Try A Little Tenderness» à tue-tête dans la voiture. Mon mari en était dingue ! Il a même failli nous envoyer dans le décor en beuglant le final les yeux fermés - Gotta gotta gotta - C’est moi qui ai redressé le volant juste à temps ! Quelle rigolade ! Les gosses à l’arrière en pleuraient de rire ! Ils disaient : ‘Ah papa c’que t’es con !’ Au moins il aura eu des bons souvenirs à emmener avec lui là-haut, au paradis, mon pauvre Raymond... Quand j’y repense... Vous vous souvenez de sa disparition ?

 

— Oh oui, bien sûr... Il est tombé dans un four pendant une ronde de nuit... On a rien retrouvé, même pas ses lunettes qui avaient fondu, comme le reste, dans l’acier en fusion... Affreux...

 

— Oh mais on ne retrouve jamais rien dans les hauts fourneaux. Il devait avoir trop bu. Il aura sans doute trébuché et plouf ! De toute façon, il se savait condamné. Il avait chopé cette saloperie de silicose, à cause du minerai de fer, comme tous les autres... Pareil que les gars des corons. Il toussait sans arrêt, du matin jusqu’au soir...

 

— C’est vrai qu’il suffisait de voir l’état des jardins potagers de l’autre côté de la route, à Mondeville, et on avait tout compris. Les pauvres poireaux et les pauvres choux étaient rouges comme des betteraves ! Ah quelle misère ! Bon on ne va pas se laisser aller ! Faut que j’aille faire mes courses et trouver un grrros nonos pour Rogaton, mon petit compagnon !

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— Et moi je vais aller au cimetière fleurir la tombe vide de mon cher Raymond. Je vais lui parler des Allah-las, je suis sûre qu’il aurait adoré les voir. On avait tous les disques des Byrds sur Columbia à la maison, vous savez ?

 

— Oui oui, vous me l’avez déjà raconté vingt fois ! Donc à ce soir vers 20 heures ?

 

— Couvrez-vous bien, car la météo annonce du gel pour cette nuit ! Nous mettrons nos doudounes au vestiaire, comme ça nous pourrons aller danser le jerk au pied de la scène et applaudir les petits Allah-las.

 

La pluie avait radouci le temps, ce soir-là. À l’entrée de la salle stationnait la petite troupe de fumeurs habituelle. Les deux amies se retrouvèrent facilement au pied de la scène, car la salle n’était pas comble. Elles durent endurer deux interminables premières parties puis elles virent les petits Allah-las débarquer sur scène pour brancher leurs jolies guitares de collection. Elles admirèrent les boots des deux guitaristes, mises en valeur par de judicieux feux de plancher. Le soliste se glissa sous son ampli Fender, comme on se glisse sous une voiture pour réparer quelque chose.

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Le spectacle put enfin commencer. Les petits Allah-las se lancèrent dans l’interprétation appliquée d’une douce série de chansons groovy. Oh, ils n’étaient pas du genre à se rouler par terre. On sentait bien que ces jeunes gens étaient d’un naturel profondément pacifique et que jamais il ne leur viendrait à l’idée d’écraser un moustique. Ils chantaient avec une douce ferveur et grattaient des beaux airs psyché, légers et délicats comme ces libellules qu’on voit danser l’été dans l’air chaud près des étangs. Les deux amies durent poireauter une bonne demi-heure avant de pouvoir commencer à jerker. Elles se penchaient par dessus les retours pour lire la set-list et s’assurer que leurs morceaux préférés y figuraient. Le petit chanteur des Allah-las n’en revenait pas de voir danser les deux mémères à ses pieds. Elles roulaient des hanches et moulinaient l’air de leurs bras nus. Elles semblaient émoustiller le petit chanteur des Allah-las qui se mit lui aussi à rouler des hanches, mais pas trop. Il veillait à bien rester dans le giron du softy-softah psyché de fête foraine.

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— Ah quel concert ! Ces petits Allah-las étaient épatants, même s’ils me paraissaient un peu mous du genou ! Je vais aller aux toilettes m’éponger un peu et me rafraîchir !

 

— Vous avez raison, nous avons toutes le deux le rimmel qui coule ! On ressemble à des filles de joie ! Et puis nous prendrons une bière avant de redescendre. Il nous reste une grosse demi-heure avant le dernier autocar. Tenez, je vous l’offre !

 

Après un rapide détour par les toilettes, elles s’installèrent au bar devant deux belles pintes.

 

— C’est tout de même curieux. Je les trouve bien meilleurs sur leurs disques que sur scène, pas vous ?

 

— Je n’osais pas le dire, mais j’ai ressenti exactement la même chose, Simone.

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— Tenez, prenons un exemple : le morceau que j’aime bien sur leur deuxième album, c’est «De Vido Voz» qui sonne exactement comme un tube des Byrds !

 

— Je préfère «Had It All», ce psyché aristocratique joué à l’arpège et balayé par des vents d’Ouest, comme dans «Eight Miles High», vous voyez ? Ils savent aussi mettre le cap vers le Heurte Of The Sunne ! Ces petits gars sont épatants car ils nous ramènent vraiment à l’âge d’or du psyché californien ! Quel bonheur ! D’ailleurs, dans «Ferus Gallery», ils sont byrdsiens comme cochons ! Chez eux, de toute façon, c’est tout l’un ou tout l’autre !

 

— Que voulez-vous dire ?

 

— Je veux dire qu’ils sont soit dans les Byrds, soit dans Syd Barrett. Tenez, un morceau comme «501-415», c’est bien du pur Barrett, n’est-ce pas ? On croirait vraiment entendre chanter ce pauvre Syd ! Et «Buffalo Nickel», c’est vraiment digne des Byrds de la première époque, quand David Crosby faisait encore partie du groupe. Quelle science de l’arpeggio ! Ces jeunes gens cherchent vraiment la petite bête en titillant les harmonies vocales. C’est le genre de chose qui me fait perdre la tête, voyez-vous !

 

— Oh je vous comprends parfaitement, mais il y a sur ce deuxième album une autre perle.

 

— Ah je vous vois venir... «Follow You Down» ? Je sais que vous préférez le garage... Et j’irai plus loin ! Je vous suspecte d’aimer le garage parce que vos parents tenaient un garage à la Demi lune, pas vrai ?

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— Alors là bravo ! J’admire votre perspicacité. Mon père avait du noir sous les ongles et il mettait les Them sur le tourne-disque le dimanche midi alors qu’on était à table tous les trois avec maman. Alors forcément, un morceau aussi primitif que «Follow You Down» ne peut que me parler. Et vous avez aussi le dernier morceau de l’album, «Every Girl», avec ses terribles descentes de yeah yeah yeah ! J’appelle ça du sale petit garage merveilleux. Mon père aurait donné sa caisse à clous en échange d’un 45 tours comme celui-là. Et j’aime autant vous dire qu’il y tenait à sa caisse à clous ! Comme à la prunelle de ses yeux !

 

— Bon, je remets une tournée !

 

— Mais nous allons rater le dernier autocar !

 

— Pour une fois qu’on s’amuse ! On trouvera bien une âme charitable pour nous déposer en ville. Barman ! S’il vous plaît, deux grands verres de bière, oui les mêmes. Permettez-moi de vous demander un petit service, jeune homme... Connaîtriez-vous quelqu’un qui serait assez aimable pour nous redescendre en ville ?

 

— Oh, pas de problème, madame. Je m’occupe de vous trouver un chauffeur, vous inquiétez pas.

 

— Merci monsieur ! Vous voyez, ma chère, tout s’arrange ! Je tenais quand même à vous faire une confidence. Je préfère nettement le premier album des petits Allas-las... Quand je le passe sur mon lecteur, franchement, je crois entendre un album enregistré en 1965 à Sausalito ! Vous avez entendu les gros tambourins dans «Don’t You Forget It» ? En tous les cas, je peux vous dire qu’ils savent titiller l’oreille d’une dame ! J’ai même établi un troublant parallélisme avec le Brian Jonestown Massacre ! Ça m’est apparu clairement à l’écoute de «Busman Holiday». J’adore ce garage racé qui se profile sous le soleil, on se croirait dans Easy Rider, vous ne trouvez pas ?

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— Oh que oui ! Par contre, avec «Tell Me», ils reviennent au bon garage malveillant, tel que l’avait imaginé Van Morrison à Belfast ! J’adore ce riff de basse. On sent que ces petits Allah-las ont écouté les groupes de garage mexicains qui comptent parmi les plus pernicieux, je vous assure !

 

— Et ce morceau embarqué à l’arpège de Rickenbacker... «Vis-A-Vis», comme c’est beau ! Ça faisait une éternité qu’on n’avait plus entendu des gens capables de rendre hommage aux Byrds. Notez bien que tout cet aplomb et tout ce talent, c’est un peu louche, quand même... Mais je sais que vous préférez le dernier morceau, «Long Journey», avec ses accords glacés et ses écrans psychédéliques, ses riffs noyés de fuzz et ces Down by the river qui font penser aux Stand...

 

— Mais qu’avez-vous Simone ? Vous venez de pâlir d’un seul coup, comme si vous aviez vu un fantôme...

 

— Vous ne croyez pas si bien dire... Regardez discrètement le couple, là-bas, à l’autre bout du bar...

 

— Oui, et alors... Le vieux monsieur avec la dame trop maquillée ?

 

— Ben oui... C’est... C’est Raymond... J’en mettrais ma main à couper.

 

— Mais enfin, ça fait quarante ans qu’il est mort ! Il y a une petite ressemblance, en effet, mais de là à imaginer... Mais enfin Simone, où allez-vous ?

 

Elle ne répondit pas et fendit la foule jusqu’à l’autre bout du bar. Elle se planta devant l’homme :

 

— Raymond ?

 

L’homme qui l’avait vue arriver ne cilla pas.

 

— Pardon ?

 

— Mais tu es Raymond ! Je te reconnais... Voyons, c’est moi Simone, ton épouse !

 

— Vous devez faire erreur, madame. Je m’appelle Albert. Vous voulez voir mes papiers ?

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Simone ne répondit pas et fit demi-tour. Elle revint à sa place au bar, siffla le restant de sa pinte d’un trait et sortit prendre l’air. Son amie vint la rejoindre. Puis un type surgit pour leur dire qu’il pouvait les ramener. Il les conduisit jusqu’à une Mercedes garée sur le parking.

 

— Où voulez-vous que je vous dépose ?

 

— À l’entrée de la rue Jean Romain, si ça ne vous ennuie pas.

 

— Aucun problème, c’est sur ma route.

 

Elles s’installèrent à l’arrière du véhicule.

 

— Je suis certaine que c’était lui. Voyez ma chère comme la vie est bizarre. On passe une bonne soirée, on voit un bon petit groupe psyché frais comme un gardon et on finit par croiser un fantôme. Je me demande vraiment si tout ça est encore de mon âge !

 

Signé : Cazengler, l’à la ramasse

 

Allah-Las. Big Band Café. Caen (14). 28 février 2015

 

Allah-Las. Allah-Las. Innovative Leisure Records 2012

 

Allah-Las. Worship The Sun. Innovative Leisure Records 2014

 

De gauche à droite sur l’illustration : Matthew Correia (drums), Miles Michaud (chant et guitte), Pedrum Siadatian (guitte) et Spencer Dunham le basman.

 

THOURY-FEROTTES14 / 03 / 15

 

BAR LE THOURY

 

JALLIES

 

Je suis mort. Inutile de rire. Depuis cette nuit funeste du 12 au 13 décembre 2014, si vous désirez la date exacte. Depuis lors les textes signés de mon nom que vous avez pu consulter sur ce site ne sont qu'émanations délétères dues à un ectoplasme de résidus psychiques qui rôdent au-dessus du clavier de mon ordinateur. Un nuage chtonien que le temps s'acharne à grignoter afin de le mieux disperser. Mais ce soir, le mortier sépulcral qui scelle les pierres de mon tombeau d'élite se délite et s'effrite dans le silence. Mon cadavre couché dans sa bière ( une mort subite ) rouvre les yeux. L'énergie du rock and roll recommence à couler dans mon corps froid. Tel le phénix qui renaît de ses cendres, tels les premiers Dieux lovecraftiens qui s'apprêtent à sortir de l'abîme, je renais à moi-même et mon âme de chair et de sang recomposée hurle de terribles imprécations à la lune qui se voile d'un halo d'effroi. Je suis de retour. Ma mission, en ce bas-monde n'était pas terminée, car je porte gravé à même la paroi de mon cœur tumultueux le talisman d'immortalité des trois roses sacrées dont je suis le hérault. Le devoir m'appelle dans le bourg fantôme de Thoury-Férottes. Vous pouvez avoir les chocottes.

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Je ne suis pas le seul. Une véritable malédiction. Chaque fois que je décide d'aller voir les Jallies en concert – un plaisir égoïste qui d'après moi ne se partage pas – la voiture se remplit comme par miracle. Le grand Phil – je veux bien admettre, me sert de chauffeur – mais la copine suspicieuse comme le commissaire Maigret et Richard le jazzeux, devrait y avoir des interdits municipaux qui notifient expressément la non-nécessité métaphysique de leur présence. Enfin qu'y puis-je, trois mois pleins sans avoir vu les Jallies, je suis prêt à faire des concessions pour ne pas perdre de temps et éviter d'interminables discussions sur l'inaliénable droit démocratique de tout un chacun à pouvoir user des éléments indispensables ( eau, air, logement, Jallies ) au bonheur de vivre.

 

Vous en eussiez eu le coeur chaviré. Les retrouve toutes les trois, pauvres oiselles affamées, pépiant de désespoir, attablées devant une mince tranche de pâté sans croûte et une étroite pointe de calendos crayeux, manifestement le couscous royal distribué à la clientèle n'était pas pour elles. Au Thoury l'on partage l'adage populaire selon lequel c'est le ventre creux que les artistes maudits produisent leurs plus belles œuvres. Ah ! Vous vous prenez pour des cigales, eh ! bien chantez maintenant !

 

PRESENTATION

 

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Solidarité masculine oblige, commençons par les garçons. L'on ne va tout de même pas céder à tous les passe-droits de ces demoiselles, déjà qu'elles se sont adjugées les premières places d'honneur. Thomas, chemise blanche, jeans et chapeau de feutre noirs, guitare meurtrière en bandoulière. Kross, le nouveau venu, lunettes, contrebasse, tenue, toutes d'un noir suppôt de Satan, n'y a que les pansements enroulés autour de ses doigts qui soient blanc comme l'innocence. Sérieux et virils les gars vérifient leurs instruments, devant les poulettes caquètent. Quelle est la plus belle ? Indéniablement, chacune des trois. C'est comme la règle ( celle de trois ) quand vous gardez un seul élément, ça ne fonctionne plus. Les blondes couettes accroche-rêves de Vanessa, la sombre jupe au-dessus interdit du genou d'albâtre de Céline, la robe candide ocellée de motifs écarlates de Leslie, un poète dirait que tous ces charmes aigus sont autant de preuves et de promesses de la beauté souveraine de ce monde.

 

PULSATIONS

 

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Trois mois que je n'ai pas vu mes Jallies préférées. C'est vrai qu'entretemps j'ai fait autre chose, je suis mort et ressuscité, mais là je suis cueilli à l'estomac dès les premières notes. We Are The Jallies, Céline ouvre les portes vocales et libère les fauves du swing. Ventres vides mais pleines voix, derrière et à côté les chœurs ratissent large, le morceau devient vite un labyrinthe échevelé, un entremêlement sans fin, faut aussi écouter Kross. Vient du punk, et ça s'entend, pas franchement un adepte de la sardane catalane. Ne cajole la grosse grand-mère que depuis trois mois, mais n'entend pas la faire ronronner en douce comme un chat sur le canapé. Faut qu'elle miaule par devant, comme si on lui marchait sur la queue. N'en a plus de peau sur les doigts, mais il en rajoute à chaque fois. Du scotch autour de ses phalanges meurtries et de la force de frappe sur les cordes. L'a compris qu'il n'est pas là pour étendre le linge. Se partagent les soli avec Thomas. A toi le premier, à moi le second. Saine et saigne émulation. Se lève tôt, Thomas. Pilote une guitare sans frein à disques. Faut que le solo fuse comme un feu follet. Les trois minettes ont compris le message, dès qu'elles sont à la caisse claire, elles accélèrent le rythme et frappent comme des sauvages. Faut envoyer. Direct par avion et pas de poste restante. Les Jallies n'ont jamais été aussi percutantes.

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Je jette un regard à Richard, l'ignominieux jazzeux, dans son orbite, sa pupille frétille. Les filles pétillent. Sa main ondule sur la table. Y trouve son compte. Ça part dans tous les sens, mais ça retombe pile à contre-temps sur midi tapante comme la grande aiguille de la pendule. L'est ravi par ces harmonies qui s'interpénètrent, se chevauchent, se mordent à belles dents, et puis s'épurent, se dispersent et se réunissent comme les serpents entremêlés d'un caducée musical.

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Un invité de marque. Tristan, prend la guitare sèche. Les premières mesures ne sont pas concluantes, l'électro-acoustique se révèle un peu faiblarde dans l'accompagnement, mais lorsque l'on rentre dans le solo, faut entendre comme il glisse son jeu dans le feu des dieux entretenu par Thomas et Kross, tisse sa toile comme la divine Araknée, c'est le Goodbye Bessie May. Une bricole d'Hendrix, à la sèche et sans wah-wah faut avoir du chien pour jouer si méchant. Recueille une telle salve d'applaudissements le Tristan que les trois Iseult le rappellent pour un deuxième morceau.

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L'on pointe ici le mystère de la grâce jallienne. Tout réside dans le traitement architectural des morceaux. Que ce soient les originaux ou les reprises. Tout se passe, non pas dans les arrangements, mais dans ce que je nommerai les dérangements. Au sens clinique de parfum de folie. Je ne sais pas comment ces demoiselles font le ménage chez elles, mais dans leurs musiques elles pratiquent le tohu-bohu appropriatif et le remue-ménage ordonnatif. Détruisent tout en surajoutant. Tellement mignonnettes que l'on ne sait pas laquelle regarder, mais chantonnent si friponnes que l'on ne sait plus laquelle écouter. Se passent le témoin. Céline en forme olympique, Leslie qui chante plus vite que les paroles, Vanessa qui pulvérise le record. Des championnes. Plus tard, après trois ricards, Richard le jazz-hard s'extasiera sur le timbre ( de collection ) de leurs voix. Pas de hasard dans leur bazar, nous parle de cathédrale vocale, avec tympans colorés et chœurs angéliques. N'a pas tort, mais diaboliques conviendrait mieux, car leurs trois organes entrecroisés se livrent à des sarabandes de rubans phoniques qui vous font autant perdre la tête que les mélodieuses sirènes d'Ulysse. GRS, Gymnastique Rythmique, Rock And Roll.

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Dès le début du deuxième set, Kross n'a plus de doigts. Tant pis, découvre le jeu de paumes. Davantage d'impact sur les cordes, aucune envie de descendre du ring. De toutes les manières c'est la grosse mémère qui encaisse les coups. Lui résonnent dans la charpente, en font trois fois le tour et ressortent par la fente des S pour venir claquer à nos oreilles. A vous fragmenter le cérumen. Thomas en profite pour vriller quelques licks en piqué, dans le but assassin de nous transpercer le conduit auditif de ses balles traçantes. N'ont rien eu à manger, mais ce soir les Jallies ont bouffé du lion. Les trois femelles devant, qui chassent à mort et les deux mâles derrière qui rugissent pour les encourager.

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Le groupe n'a jamais sonné comme ce soir. ( Je dis cela à chaque fois, mais c'est vrai à chaque soirée ). Le même répertoire, mais une surprise à chaque morceau. Se débrouillent pour nous clouer le bec. Céline qui chante comme une diva, Kross qui arpège à tout va, Leslie qui nous envoûte, Thomas qui nous séduit, Vanessa qui nous étonne.

 

REVELATION

 

Dans la voiture Richard le jazziste émérite – l'est un fan de Django et des manouches - épanche ses regrets. Des mois qu'on lui signale les concerts de nos trois sorcières du rockabilly-swing, et lui qui faisait le difficile. L'est sous le charme des jouvencelles, leur naturel, leur simplicité, leur espièglerie, leur énergie qui fuse comme des bouchons de champagne. Leur ballet incessant, leur aisance, leur sympathie et cette connivence chaleureuse qu'elles installent avec le public, très vite conquis. Pour le faire râler, avec le grand Phil l'on évoque les concerts passés, la copine sentimentale verse une larme pour Julien, le précédent bassiste, parti pour d'autres aventures. Bref, une superbe soirée, une quintessence rockab-swing qui vous requinque pour la semaine suivante. Fameux fortifiant. Dépasser la dose prescrite est fortement conseillé.

 

INHUMATION

 

Juste avant que le soleil ne se lève, je soulève la dure pierre tombale de mon repos éternel. Je descends les longs escaliers du désespoir et me couche sur les cendres indivises de mes ancêtres. Je ferme les yeux et ma respiration s'estompe. Je ne suis pas comme ces pauvres mortels, ces vils cloportes humains, qui s'obstinent à vivre alors que les trois enchanteresses se sont tues. Le monde n'est plus qu'une vaste grotte sombre sans soleil et silencieuse...

 

Je suis mort. Seul et oublié de tous. Mais je ne me plains pas. Car je sais, qu'un soir ou l'autre, l'appel du devoir retentira, que je rouvrirai mon regard de glace, et que - telle une fusée s'arrachant à l'orbite terrestre, de mon tombeau je jaillirais pour revoir les Jallies.

 

Ô mon coeur tatoué du talisman sacré

 

de trois roses diaprées sans épines !

 

Damie Chad.

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( Les photos qui ne sont pas du concert ont été prises sur le FB de Mégapix'elle – elle, photographe douée )

 

 

 

SONNY TERRY & BROWNIE MCGHEE

 

HARMONICA TRAIN

 

STRANGER BLUES / I DON'T WORRY / FOUR O'CLOCK BLUES / LONESOME ROOM / BABY LET'S HAVE SOME FUN /NO LOVE BLUES / WINE HEADED WOMAN / BAD LUCK BLUES / MAN AIN'T NOTHIN BUT A FOOL / WOMEN IS KILLING ME / DANGEROUS WOMAN / NEWS FOR YOU BABY / HARMONICA HOP /DOGGIN'MY HEART AROUND / SONNY IS DRUNKIN' / I'M GONNA ROCK YOUR WIG / DANGEROUS WOMAN / I LOVE YOU BABY / HARMONICA TRAIN.

 

Enregistré : NY 1952 / 1953 / 1954 – Philadelphia 1952.

 

Past Perfect. Siver Line. 2002. TIM Instrumental Music Company. 220357 / 203.

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Encore ramené à l'aveugle – normal pour Sonny Terry – de la deuxième rangée de Cd sur l'étagère inaccessible. Bonne pioche ? Désolé, on est loin des camps de vacances de Perchman... Du blues ? Serais plutôt tenté de dire du country blues en appuyant un maximum sur le premier mot. Peut-être même du folk blues. Dans le mauvais sens du terme. Du genre, chic regardez-nous, les choses se combinent à merveille, par un coup de chance inespérée nous sommes à la mode.

 

Faut que je me calme, d'habitude je ne suis pas aussi méchant. Surtout que question authenticité historique je n'ai rien à opposer à ces gars-là, qui ont vu le jour en 1911 ( Terry ) et 1915 ( Brownie ). Ne sont pas tout à fait nés dans les profondeurs du delta mais plus haut, à l'est dans les premiers contreforts des Appalaches, ce que l'on appelle le Piedmont. Z'ont tout de même la guigne sur une vie qui n'est pas du gâteau. Brownie Mc Ghee, ne rencontre peut-être pas le diable à un carrefour, mais il en porte la marque, une jambe tordue par la poliomyélite. Quant à son collègue devenu aveugle à quinze ans, il ne pourra même plus se voir pleurer. Mais suffit d'avoir une bouche pour souffler dans un harmonica, le jeune Terry n'a plus que ce jouet pour communiquer avec le monde. Tous deux qui ne se connaissent pas prennent la route. Sonny Terry rencontre une pointure en la personne de Blind Boy Fuller. Guitariste et chanteur. Qui décède en 1941. Juste à temps pour être remplacé par une nouvelle connaissance, Brownie McGhee. Guitariste et chanteur. Two stars are born. Enregistrent dès 1941, mais notre CD nous offrent des sessions postérieures d'une dizaine d'années.

 

Je ne vais pas vous faire un titre à titre. Pour une raison bien simple. Sont tous parfaits. Le blues comme vous l'avez toujours désiré. Un beat qui balance avec nonchalance. Un harmo qui shuffle comme une Pacific 231 qui aborde les premières pentes des Rocky Mountains sans ralentir, et une guitare qui joue les deux partoches en même temps, les grosses cordes pour tirer en ahanant le lourd seau du chagrin sur la margelle du puits, et les petites qui trottent comme l'insouciance d'un foal fou dans un pré d'herbe verte ( vous permets de traduire blue grass ). Deux belles voix quand elles chantent à l'unisson, et celle de Brownie qui s'écoute avec plaisir. Dix neuf morceaux, dix neuf délices d'oreilles. C'est si bath que l'on a l'impression d'entendre deux fermiers aux francs sourires, deux braves bûcherons aux cœurs sains comme deux tranches de bon pain blanc. Rien à voir avec deux vieux poivrots de nègres vicieux qui passent par la porte de derrière pour aller beurrer la boîte à confiture de votre poupée. Deux mecs tellement honnêtes que ce sont les yankees qui ont acheté leurs disques et fait leurs succès. Pour tromper le client nos deux compères poussent de petits yodels de cowboys à l'entrée des intros. Et puis comme ils savent qu'il ne faut pas exagérer en singeant de trop près les tics des anciens maîtres, retombent tout de suite dans la syncope bluesy lancinante. Savent tout faire, dans le morceau suivant vous la refont en rock and roll, avec un pianiste qui touche et une batterie qui tache.

 

Z'en êtes qu'à la piste huit et déjà vous savez que vous vous enquillerez tout le reste sans ciller. C'est du blues de tout repos, pouvez l'écouter en vous balançant dans un hamac. Pas le poison qui vous incite à ouvrir le tiroir du buffet pour vous saisir du revolver et vous l'appuyer sur la tempe. Du solide, du revigorant. A tel point que Woody Guthrie a joué avec eux. Du blues qui file la pêche, pas spécialement révolutionnaire, mais avec un enthousiasme communicatif capable de pousser les foules hors de leur léthargie. Vous matraquent des rock à vous faire enfler la banane. Mine de rien, ils arrachent et n'attachent pas leur blues mélodique avec des saucisses de Strasbourg. Prennent des hot dogs de préférence au harissa. Et paf retombent dans un de ces blues alcoolisés, du faux honky tonk pour club de jazz fatigués quand les musicos étirent les notes pour en jouer juste le minimum syndical. Y a même un accordéon – plutôt un dobro qui en imite les sonorités - pour vous faire guincher. La maison ne recule devant aucun sacrifice pour vous satisfaire.

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Excusez-moi de faire comme vous, qui louchez sur la plus jeune des filles de la famille lorsque l'on vous présente la digne matrone de la maison, moi dans ces séances c'est le piano de Bob Gaddy qui me fascine. Ce zigue pâteux vous l'auriez incorporé dans les Blue Caps de Gene Vincent pour par exemple baldinguer le piano sur Rocky Road Blues, l'aurait été à son aise comme dans les clubs de New York où il avait ses entrées. Question dates nous sommes en 1952 et 1954, à deux ans des premiers enregistrements du Screamin' Kid. Pas de hasard, uniquement des rencontres.

 

J'ai fait la fine bouche, m'en resservirais bien une louche. Presque Sonny Terryble et Brownie Mcgheeque !

 

Damie Chad.

 

 

LA BALLADE DE JOHN ET YOKO

 

( Traduit et adapté de l'anglais

 

par C. DERBLUM )

 

( Le Serpent à Plumes / 2005 )

 

A l'origine Le Serpent à Plume fut une revue. L'œuf du reptile fut fécond. Une maison de d'éditions en naquit. Le petit Quetzalcoalt eut la folie des grandeurs, voulut devenir aussi gros qu'un anaconda amazonien. Ce qui devait arriver arriva. Fut mangé avant d'avaler les autres. Car la forêt amazonienne littéraire est une jungle capitaliste sans pitié. Durant une dizaine d'années ce ne fut que tours de passe-passe, jeux de mécano financier et de monopoly pas très poli. Le petit ophidien qui voulait jouer dans la cour des grands se retrouva aux Editions du Rocher, ses ennemis idéologiques... Il y eut comme un infléchissement de ligne éditoriale... la suite des aventures devint complexe, sociétés mises en faillite, vendues et rachetées, selon des logiques financières qui nous échappent... Fin 2014, Le Serpent à Plumes se retrouve dans les mains d'un de ses premiers créateurs qui en avait été chassé, lors du premier rachat, et qui a dû récupérer la coquille vide pour pas très cher... Je me demande pourquoi je m'occupe tant de ce Serpent plutôt déplumé qui ne prit jamais trop de risques se contentant la plupart du temps d'éditer des auteurs étrangers très connus – c'est ce que les libéraux nomment la prise de risque – ou des auteurs du tiers-monde - c'est ce que les médias officiels appellent le développement de la francophonie - à qui l'on fait miroiter des contrats mirifiquement léonins...

 

Je ne suis un fan ni du Serpent à Plumes, ni des Beatles, ni de John Lennon. Et encore moins de Yoko Ono. Mais un élégant volume de poche, tout neuf, chez mon soldeur provinois préféré, à soixante huit centimes, qui pourrait refuser ?

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La Ballade de John et Yoko, proprement dite, n'occupe qu'une trentaine de pages. Ecrites en 1978, elles participent pleinement des illusions hippies. Peace and Love. John y relate ses fameux bed-in avec sa chérie. Nous explique d'abord qu'il a toujours rêvé d'une femme brune et asiatique. Et plouf, manque de chance, il tomba sur Yoko et son charmant minois japonais. L'amour et la politique font-ils bon ménage ensemble ? Bien sûr que oui, lorsque l'on est aussi populaire que le leader des Beatles. L'est vrai qu'il veut un peu le beurre et l'argent du beurre. L'a déjà la crémière, sa Yoko chérie, lui manque la carte de résident ad vitam aeternam au pays de l'Oncle Sam. Manifestent depuis sa chambre d'hôtel pour la paix dans le monde ce qui ne fait pas plaisir aux autorités du pays empêtrée dans la guerre du Vietnam... Les journalistes se pressent dans la chambre des tourtereaux. Les réflexions de Lennon sont d'une naïveté confondante. Pas un seul moment il n'entrevoit l'atroce vérité des médias démocratiques qui préfèrent offrir à leur public un panorama sur les deux popotins les plus célèbres de la planète plutôt que de faire réfléchir leurs lecteurs par quelques articles corrosifs sur la nature de la guerre en tant que rouage économique du marché... Se perçoit comme le grand manitou manipulateur, alors qu'il n'est qu'une marionnette que l'on agite pour distraire l'esprit des foules décervelées.

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D'ailleurs élude vite le problème dès qu'autorisation de stationner à volonté sur le territoire amerloque lui est donnée. Notre penseur qui s'est dépensé sans compter se retire en sa tour d'ivoire. Retourne au travail – c'est ainsi qu'il le revendique – il s'occupe du bébé. Entre les biberons, il écrit de la poésie. Enfin un peu n'importe quoi. Ce qui lui passe par la tête. Sans queue ni cervelle. Avec caution dadao-surréaliste. Attention nous avons affaire à un intello. Dommage que son Alphabet ressemble aux galimatias que l'on retrouve dans les poèmes d'expression libre des classes de sixième. Nul n'est parfait. Même pas John Lennon. Mais contrairement aux autres, lui il ne s'en est pas aperçu.

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L'a tout de même des projets plus ambitieux. Ce sera Eclats de Ciel. Une oeuvre digne de ce nom. Un projet pharaonique. Un roman. De cent cinquante pages. Avec un début, un milieu, une fin. Une histoire avec deux personnages. Annoncé de cette manière, l'ensemble ne manque pas de cohérence. L'ai lu jusqu'au bout. Pour vous faire plaisir. En fait non, erreur sur toute les lignes. C'est Yoko, la veuve éplorée qui tient à conforter sa maigre pension de retraite et qui étant du genre à ne rien laisser traîner, regroupe quelques textes écrits au fil de la plume, très rapidement, sans vouloir se revendiquer de l'écriture automatique, just a thousand jokes qu'il aimait à lire à haute voix à sa dulcinée, pour éclater de rire de connivence.

 

De petits récits qui se suivent à la queue leu leu, délire surréaliste pour les premiers, mais au fur et à mesure que l'on avance, la réalité reprend ses droits, à la fin de simples histoires de rencontres éroticoq-amoureuses. Soyons francs, l'est parfois difficile de ne pas rigoler. De l'humour bien british, un vieux fonds de loufoquerie de Nursery Rhymes, une cacophonie cacaphonique réjouissante. Mais aussi de longs passages ennuyeux. Quand l'écriture devient un système, le lecteur ne suit plus. Se fatigue. Les répétitions abracadabrantes produisent un effet lancinant.

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De quoi ça parle au juste ? De tout et de pas grand-chose. L'on a l'impression que par-devers les personnages qui n'arrivent jamais à une stabilité existentielle et affective, les phrases tournent en rond, c'est l'écriture qui se mord la queue. Mais qui comme une chienne idiote croit détenir entre ses dents le fil d'Ariane de la création poétique . Critiques de la société et de nos travers individuels sont donnés en prime et ne constituent pas la base idéologique de ces historiettes nombriliques et dépourvues de la chair du monde. Elles furent jetées sur le papier dans ces années de repliement où le couple emmuré vivant dans son bunker relationnel se referma sur lui-même comme les deux valves d'une coquille d'huître autiste. Projets avortés de dérivations personnelles à la dé-pression de Lennon, après toutes les années de pression que fut la carrière tumultueuse des Beatles. Vaut quand même mieux écouter les disques.

 

Damie Chad.

 



 

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