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17/02/2014

KR'TNT ! ¤ 177 : SUBWAY COWBOYS / LES ENNUIS COMMENCENT / FESTIVAL PUNK DE MONT-DE-MARSAN

 

KR'TNT ! ¤ 177

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

LITTERA.INCITATUS@GMAIL.COM

 

20 / 02 / 2014

 

 

ATTENTION !

L'Ami Damie prenant une semaine de vacances cette livraison 177 du jeudi 20 février a été mise sur le site dès le lundi 17. Ne ratez pas pour cela la lecture de la livraison 176 ( Rock & Boat / King Baker's Combo / Everly Brothers ). La livraison 178 sera effectuée à la date attendue : le 27 février 2014. KEEP Rockin' Till Next Time !

 

 

SUBWAY COWBOYS / LES ENNUIS COMMENCENT /

FESTIVAL PUNK DE MONT DE MARSAN

 

 

MONTREUIL-sous- BOIS

 

14 – 02 – 14 / CROSS DINER

 

 

SUBWAY COWBOYS

 

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La teuf-teuf mobile mouline à quatre vents mais partir à huit heures moins vingt pour un concert à quatre-vingt kilomètres à vingt heures relève du défi. Vous parle pas des places de stationnements aussi rares dans le centre de Montreuil-sous-Bois que des billets de cinq cents euros dans mon porte-monnaie. Tout cela pour dire que lorsque nous pénétrons dans le Cross Dîner, les Subway Cowboys sont debout sur la scène, les bras ballants en train d'échanger avec le public. Arriverions-nous juste à temps ! Hélas, non ! S'apprêtent à signer leur CD. On a raté le premier round. Sur le moment l'on n'a pas mesuré l'étendue de la catastrophe. L'on en a profité pour serrer les poignes et faire les bises. Et puis avec Mister B l'on s'est commandé un super-croque américain avec un steack aussi épais qu'une porte de coffre-fort et aussi tendre que la nuit. Celle de Keats, point celle de Fitzgerald peuplée de cauchemars angoissants. L'on s'est immiscé dans la conversation du couple voisin, parce que voyez-vous les rockers ça ne respecte rien, même pas la Saint Valentin. L'on est comme Germain Nouveau, l'on préfère la Sein Valentine. On aurait presque remercié les Cowboys du métro de nous laisser au moins une heure de répit.

 

 

DEUXIEME SET

 

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C'est lorsqu'ils ont commencé à chanter que l'on a déchanté. On les a maudits et signalé par SMS leur nom à la mafia. Il y a des choses qui se font et d'autres non. La cruauté mentale je ne supporte pas. C'est que ce soir-là les Cowboys sont sortis du souterrain. Etaient habités par les Dieux. Tous les trois. N'avaient pas terminé leur deuxième morceau que déjà on regrettait notre absence du premier set. Nous ont ouvert une plaie au coeur, qui ne se refermera pas de sitôt. Un regret de plus que l'on emportera dans la tombe. Plus tard ils ont fait les modestes, se défendront, argueront qu'ils ont marché sur un tapis de braise ardente sans s'en apercevoir poussés par un public particulièrement réceptif et chaleureux. Sophistique diabolique qui dénoue les rapports conséquentiels des causes premières. C'est juste le contraire, c'est parce qu'ils délivraient de la splendeur en barre que le public les a ovationnés. Je plaide pour une culpabilité totale. Je vote la peine capitale. Exécution immédiate. Toutefois mon coeur magnanime commue la peine en travaux forcés, condamnation à donner à perpétuité de tels concerts.

 

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Maintenant je vous explique. Sont trois, je procède avec ordre et méthode. Le plus petit – ils lui ont sadiquement refilé le plus grand des instrus – c'est Matt. Un gamin vicieux. Doit lui chatouiller salement le clitoris à sa grand-mère pour qu'elle chantonne comme ça. L'avait tout pour être heureux, ses parents lui ont payé le conservatoire, et à peine ses études terminées il a mal tourné. L'aurait pu finir comme Rostropovitch mais l'a préféré jouer les caïds dans les groupes de blues comme The Swinging Dices tout en s'acoquinant avec ce gang de pistoléros connus dans toute sa Picardie natale comme la bande des Subway Cowboys. Faut entendre comme il abat les slaps sur la contrebasse. Un boxeur dans les cordes qui en prend plein le buffet pour pas un rond. Un mitraillage de première zone. Plonk ! Plonk ! Plonk ! King Plonk qui court à grands pas, la terre tremble sous ses pieds, et il arrache les arbres centenaires comme des brindilles solitaires. Et puis parfois, vous avez l'impression de vous trouver sur le passage d'un essaim en goguette. Des milliers d'abeilles bourdonnent à vos oreilles, le restaurant s'emplit d'un plaumk imperial et quasi-métaphysique, vous êtes sur les rives du Gange et des centaines d'ascètes essaient d'atteindre la vide cavité du nirvana en se laissant emporter sur les ailes de l'aum initial et transcendantal. La tempête s'achève et vous respirez.

 

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Pas pour longtemps. A cause de l'autre, le plus grand. Répond au prénom de Will. L'est au milieu. Pour ne pas trop se faire remarquer, des trois cowboys il est le seul qui porte un chapeau. L'a dû penser qu'en arborant le costume traditionnel de l'emploi, il deviendrait en quelque sorte anonyme. Le raisonnement se tient, mais alors dans ses cas-là, il faut rester discret, et ne pas la ramener à tout propos. Faut savoir la fermer. Mais lui il la laisse grande ouverte. Aussi large qu'une bouche de métro. L'aurait un minuscule filet vocal ça pourrait passer. Mais non possède un organe impressionnant. Avec cet accent texan inimitable. Suffit qu'il ouvre sa boite palatale pour que sa voix couvre toutes les conversations, et pourtant le bar est plein, on est tous les uns contre les autres comme les rangs de l'armée mexicaine qui montent à l'assaut d'El Alamo, serrés telles des fourmis cannibales sur une charogne de chacal abandonnée dans le désert. C'est simple, peut vous prendre l'accent d'Oxford, mais manifestement il préfère celui de Tupelo. Propose les différents modèles, du résonateur force cinq à la Johnny Cash au tremblé nasillard de Hank Williams ( le 1, le 2, le 3 au choix selon l'amplitude désirée ). Un véritable collectionneur de timbres. Un amerloque plus vrai que nature, un hankmerlrock !

 

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Les deux autres s'étant adjugé les deux premières places il a pris la troisième. N'est pas venu tout seul. L'a emmené sa frangine. Sont inséparables tous les deux. Font tous les coups ensemble. Surtout les jeux interdits. Des rapports quasi incestueux. Elle est totalement sous sa domination, la soeurette. Lui fait faire tout ce qu'il veut. Et l'en exige plus que la moyenne. Quant à elle, elle obéit au doigt et à l'oeil. Pas de caprice, il commande et elle exécute. Fidèlement. Une technique éblouissante. Lui, pas elle. Elle, se laisse mener, consentante sous les cordes qui la lient à son maître. Country, blues, jazz, tous les goûts sont dans la nature. Elle pourvu qu'on lui donne, elle rend au centuple. L'a des doigts de magiciens. Connaît tous les plans, le A, le B, et tout le reste de l'alphabet, le grec et le phénicien aussi. Sort toujours l'adéquat au bon moment. Les deux collègues font le mur du son. Dressent le gros oeuvre. Fab passe les enduits. Pas la pâte mollassonne tout terrain qui se craquèle dès que vous avez tourné le dos. De la finition spécialisée. Rebond garanti pour le squash à la Cash, glissando larmé à la larme de chaux vive pour les pleurs de Willie Nelson, élasticité permanente pour les secousses répétées de Jerry Lee, etc, etc... la liste des options est infinie. Mériterait le nom de guitar man.

 

 

Dans la salle personne ne se trompe. Les Subway font un tabac. Le milieu rockab ne s'est pas dérangé pour rien. La prestation au New Morning au dernier Rockers Kulture n'est pas tombée dans l'oreille de sourds muets. Sont venus chercher confirmation et ils font entendre leur contentement bruyamment.

 

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Les ai présentés séparément mais ils jouent ensemble. Un trio finement soudé. Chacun sait ce qu'il doit faire, et agit en contrepartie en toute sécurité. Subway Cowboys c'est tout l'Ouest américain ressuscité, suffit de fermer les yeux pour se croire en plein western ou alors en train de surveiller les troupeaux de long-horns à perte de vue. Un peu carte postale mythifiée et mythifiante. Alors on descend vers un sud plus authentique que ce soit dans les collines des Appalaches ou les marécages du Delta.

 

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Maîtrisent comme des bêtes. Pour fêter l'apparition ( plus tardive que la nôtre ) de Tony Marlow ils incluent une petite séquence jazz and swing. Nos cordiers s'en donnent à coeur-joie. Ils entrelacent à loisir les lignes rythmiques et mélodiques. Très vite ils reviendront à un répertoire beaucoup plus Honky T-rock. Rançon de la gloire, pour contenter le public, ils joueront longtemps.

 

 

BOEUF MUSQUE

 

 

Will reviendra vite sur scène. Ses deux acolytes blancs de fatigue reprenant quelques forces il joue quelques chansons en solo. Un beau Dylan, notamment, mais j'avoue que je n'écoute plus que d'une oreille distraite, panthère Karen, la programmatrice s'est assise à notre table pour nous signaler les futurs concerts.

 

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Devant l'insistance générale Fab et Matt remontent sur scène pour le boeuf final. Matt interprète tout seul à la contrebasse un étrange Allumez Le Feu qui prend des allures bien insolites de chanson réaliste du début du siècle, du coup à trois mais accompagnés par toute la salle qui reprend en choeur paroles et refrains ils nous livrent une version incendiaire de Gabrielle. Serait-ce la fin ? Non on a encore faim. Blanco et Vince du King Baker's Combo investissent la scène pour que la fête continue un peu.

 

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L'on a du mal à se quitter. Ne posez point de question sur l'heure légale de fermeture puisque l'on était en pleine ouverture. Les Subway Cowboys seront à l'Utopia ( Paris ) le 14 Mars.

 

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RETOUR

 

 

Dans la voiture l'on cause si ferme que par deux fois l'on néglige le bon embranchement. Sujet de conversation : guitare, guitaristes et qualité de jeu. Nous sommes d'accord sur les progrès réalisés par le groupe en moins d'un an ( voir KR'TNT 146 du 30 – 05 – 13 ) et plus spécialement par l'assurance engrangée par Fab à la guitare. Mais Mister B notre spécialiste guitare pense qu'il devrait hausser le volume lors des solos. Pour sonner, vu sa technique, comme Grady Martins. Si vous connaissez meilleur compliment, téléphonez-moi.

 

 

Merci au Cross Diner pour l'accueil, et à cette famille d'origine africaine à qui nous demandions notre chemin qui nous a gentiment passé sa carte de réduction.

 

 

Damie Chad.

( Photos : Chris Dixie Straet )

 

 

 

15 – 02 – 14

 

CAFE DE LA POSTE / M°BELLEVILLE

 

 

LES ENNUIS COMMENCENT

 

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Les ennuis commencèrent très tôt. A peine avais-je décidé de me rendre au concert que les difficultés se sont amoncelées. Tapez Café de la Poste, Paris, sur votre ordinateur et vous n'aurez que l'embarras du choix. Devant une telle pléthore de troquets ( shake, baby shake ) postaux vous comprenez qu'il va falloir la jouer finaud tel Oedipe devant l'énigme du sphinx. Dans la teuf-teuf mobile je ne la mène pas large, je sens une menace qui plane au-dessus de ma tête, un nuage noir invisible pire que la malédiction de la Maison d'Usher, chère à Edgar Poe. A ma grande surprise le trajet se déroule sans encombre. Je n'en suis que plus angoissé. Ne riez pas, car les rockers possèdent un sixième sens. Z'ont mis sur leur Facebook qu'il fallait se manier le popotin car le concert démarrait très tôt à vingt heures. Merdum, bombax, le quai du métro est noir de monde, et dans la sono la catastrophe se concrétise. Suite à des ennuis sur la voie, le trafic est appelé à subir de forts ralentissements ! Toutes les mêmes, sans doute une jeune fille désespérée que je n'ai point répondu à son sourire engageant qui de désespoir s'est jetée sous les roues du tromé ! Mais pour une fois les agents techniques ont fait leur boulot avec diligence, ils ont dû retirer les morceaux de viande en vitesse et éponger le sang liquide en cinq sec, car au bout de six interminables minutes d'attente, les voitures repartent comme si de rien n'était.

 

 

CAFE DE LA POSTE

 

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Huit heures 09, je franchis le seuil du Café de la Poste. Le matos du groupe n'attend plus que les musicos. Les tables ont été dégagées et ma foi, un assez bel espace a ainsi été libéré. Le comptoir est au fond à droite, il reste encore deux rangées de place assises. Peu de monde mais ça arrive. Longtemps que je voulais voir ce groupe, Les Ennuis Commencent, c'est attirant et tentant comme la poignée rouge des trains qu'il ne faut pas tirer, tout abus sera puni, mais vous êtes incapable de résister. Alors un jour vous cédez, et vous ne savez pas dans quel engrenage vous avez glissé votre petit doigt si innocent.

 

 

Une affiche sur le mur, Les Ennuis Commencent, Bonne Année Rock'n'roll ! Astro Rockabilly Mambo, avec un tel programme, l'on peut s'attendre au pire, ce sera le meilleur.

 

 

ONE SET

 

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Gus Tattoo est à la basse. Toile d'araignée sur le coude, sa contrebasse, aussi noire qu'un fourgon funéraire pour enterrement de première classe, jure un peu avec sa collection de tatouages de toutes les couleurs. Jouera les yeux semi-clos, imperturbable, en véritable shaman immobile qui sans bouger une paupière mène de son regard intérieur la danse du feu des métamorphoses. De l'autre côté Arnaud KLX ( Calixte pour les intimes ), tout de discrétion vêtu, derrière sa Fender Stratocaster ivoirine, de la répugnance à se mettre en avant, laisse le miaulement argenté de ses cordes parler pour lui. Trois immenses cymbales pour lui tout seul, Hugo le Kid au kit rouge, tout jeune mais déjà de grandes responsabilités, le moustique n'est pas mutique, c'est lui qui décidera des titres de rappel, l'on sent qu'il a su capter la confiance de ses aînés. A eux trois, ils forment le vecteur, mais à lui tout seul il est la bombe, Atomic Ben.

 

 

Bonjour on est un groupe de rock and roll, l'on va commencer par un blues. Atomic Ben, vous prend une mine désolée à vous faire haïr le blues jusqu'à la fin de votre vie. Mais il nous balance un John Lee Hooker, pas une ruralité appitoyante du fond du delta, non, mais un bâton de Chess, électrifié à la haute tension. Une interprétation à la Muddy Waters mais avec un avant goût prononcé à la Rolling Stone des débuts. Confirmation dès le troisième morceau, une reprise de Come On assénée à coups de maillet bienfaisants, certes un original de Chuck Berry, mais un titre emblématique des Pierres Roulantes.

 

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Entre temps, ils nous ont laissé fuir un All Shook Up du père Elvis, le groupe n'est-il pas inscrit dans la mouvance des rockabilly band actuels ? Atomic Ben se lance dans une déclaration fracassante : contrairement à ce que nous disons, nous ne sommes pas un groupe de rockabilly. L'a tout à fait raison si vos préférences penchent vers le pure roots rockab authentifié 1954-1958, et tout à fait tort si l'on se rapporte à l'esprit festif et rebelle de la bête originelle. Les Ennuis commencent ont un pied dans le blues, n'avez qu'à écouter leur interprétation hot de gamme de My Baby Left Me, un titre phare de Presley mais de d'Arthur Crudup à l'origine.

 

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Les Ennuis commencent sont difficiles à définir, pas vraiment rockabilly, mais pas non plus cent pour cent psycko, une forte dose de blues électrifié mais sans cet esprit de chapelle claquemurée qui a tant nuit à de nombreux groupes anglais des années soixante qui eurent un mal fou à sortir des lois du genre qu'ils avaient pourtant enfreintes avec plaisir par leur apport électrique, piégés qu'ils furent par l'appel d'une virtuosité instrumentale qui agit très vite comme un carcan. Au fond du style des Ennuis qui commencent, vous trouverez la saccade de Bo Didley mais dépourvue de l'aspect purement jungle – un concept difficile à élaborer vous retenez le sound mais vous rejetez le livre de la jungle. You can't jungle a book just by his cover pour reprendre un adage célèbre. Par contre vous gardez la folie de ladite végétation luxuriante. Des riffs de guitare à la Chuck Berry, pas le grattage original, plutôt les savage rules des versions enregistrées pour Mercury, débarrassées de leurs emprises blues, cet espèce d'arrière-fond mid tempo bluesy qui collait à la peau de Chuck malgré son parti pris country de ses débuts. Mais Atomic Ben possède un mot magique pour définir sa musique : Rock And Roll. C'est vrai que c'est un véritable sésame qui ouvre les portes de toutes les contradictions pourvu que vous ayez l'énergie nécessaire à son déploiement.

 

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Ne font pas que des reprises. Possèdent leur propre répertoire. Atomic Ben possède la manière de les mettre sur orbite. Cette jeune femme qu'il a tant aimée mais dont il lui a fallu se séparer car c'était une espionne soviétique, du coup l'en a écrit ce cri roboratif de frustration colérique qu'est The Soviet Secret Bomb, et tout à l'avenant. Entre deux explications désopilantes ils envoient la purée de riffs avec des gros grumeaux brûlants qui vous plombent l'estomac et vous cisaillent les tripes.

 

 

Et le public dans tout ça ? Remue, danse et jerke sans façon. Des blancs, des noirs, des jaunes, tous mélangés et tous heureux. Ca s'attroupe sec devant la porte d'entrée, grand sourire sur les visages et hop sans hésiter, les nouveaux venus s'agglomèrent sans façon à la transe générale. C'est que quand Les Ennuis Commencent vont au charbon, ce n'est pas à reculons – normal ils viennent de Decazzeville et vous abattent le boulot à ciel ouvert – viennent de l'Aveyron et croyez-moi, ça tourne rond.

 

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Savent pas s'arrêter. Dix fois le coup du dernier morceau. Et dix fois ils refont chauffer le riff à mille degrés. Lorsqu'ils s'inquiètent des amendes éventuelles pour dépassement d'horaire, c'est Kader le patron qui exige par trois fois un supplément. Nous on prend tout ce qui vient, une reprise flamenrock des Ricky Amigos – Ricky est présent dans la salle – clin d'oeil au rock alternatif, un Apache qui permet d'apprécier le jeu subtil d' Arno à la strat – une montée en puissance tout le long du set, les timides en confiance ne savent plus s'arrêter - et une reprise du groupe culte Jezebel, mais aussi une version de La Belle Saison des Dogs, et un Great Balls Of Fire, de Jerry Lou, le fou. L'éventail du rock and roll ouvert en grand.

 

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Mais les bonnes choses ont une fin, comme les bouteilles de sky, faut se quitter en emportant leur dernière galette que nous chroniquerons dans la prochaine livraison.

 

 

JEZEBEL

 

 

Une bonne soirée qui se termine par une agréable surprise, retrouvailles avec deux membres du groupe Jezebel, des toulousains, un des tout premiers combos qui ont préparé la renaissance rockabilly des années 80, en plein milieu des seventies. Ont une bonne nouvelle, retournent sur scène très bientôt avec Alex Mazzoleni, je vous refile leur adresse pour les amateurs de rockabilly : tapez jezebel rock blog, vous y arrivez de suite dessus.

 

 

RETOUR

 

 

La teuf-teuf comme une fleur. Quatre-vingt dix minutes plus tard je me couche. Caresse à la chienne sur le dessus de lit et je m'endors comme un bébé. Suis réveillé à six heures du matin pile. Le commissaire n'a pas l'air content. M'accuse d'avoir poussé sous le métro une jeune femme qui n'avait pas répondu à mes pressantes avances. Lui demande si par hasard ils n'auraient pas récupéré un morceau pour la chienne. Pique une colère et me passe les bracelets. S'apprête à m'emmener chez le juge lorsque ses yeux tombent sur Superfriends le CD des Ennuis Commencent. Son visage s'adoucit : «  Ah ! Vous connaissez les Ennuis Commencent, je suis fan, moi aussi. Evidemment, ça change tout ! » Il me retire les menottes et s'excuse de ce réveil impromptu. Avant de refermer la porte il m'adresse un clin d'oeil complice : «  La viande on l'a mise de côté pour la brigade canine, je vais voir ce que je peux faire, ce serait bien le diable si je n'arrivais pas à prélever une dizaine de kilos. Ne vous inquiétez pas, je m'occupe de tout. Ah ! la prochaine fois que vous irez les voir, prévenez-moi, on ira ensemble avec la voiture de fonction et le gyrophare. »

 

 

Décidément les ennuis continuent.

 

 

Damie Chad.

 

( Photos prises sur le facebook des artistes )

 

THIERRY SALTER

 

 

LE MASSACRE DES BEBES SKAÎ

 

 

PUNK ROCK FESTIVAL

 

 

MONT DE MARSAN 1976 – 1977

 

 

preface de Marc ZERMATI

 

 

JULIE EDITIONS / Novembre 1913 / 240 pp

 

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Me suis retrouvé dans ce livre. Non, je n'étais pas au festival de Mont de Marsan, ni au premier, ni au second. Surtout pas par antipathie naturelle. Quoique rocker dans l'âme, j'ai toujours adoré le punk. Lui ai dès le début trouvé une parenté d'esprit évidente avec le rock des pionniers. Le même désir de rébellion. Vingt ans après les illusions de la jeunesse se sont envolées et ont laissé place à un sombre désespoir. Mais sous la banane ou sous la crête, les révoltes qui grondent sont similaires. Les oripeaux changent, le perfecto laisse la place au blouson en simili-cuir, c'est plus économique, une défroque bon marché qui imite tout en singeant, l'auto-dérision se niche dans les détails.

 

 

Are-you ready ? Le massacre des bébés Skaï peut commencer. Cocorico ! Pas coutume de lever le drapeau tricolore quand on parle de rock. La bannière étoilée et l'Union Jack, tant que vous voulez, sans retenue. Ces deux countries sont les deux pays homologués du rock. Mais pour la France, c'est une autre affaire. Une fois que l'on a enfilé nos pauvres chaussettes noires sur les pattes de rares chats sauvages qui passent dans le pays, n'y a plus beaucoup de choses dont on puisse se vanter. Et encore ! Il est de bon ton de faire suivre ces historiques rappels d'un sourire de commisération.

 

 

Oui, mais. L'est toutefois une fois où l'on a damned le pion et aux Ricains et aux Rosbeefs. On le leur a mis, et bellement. Jusqu'au trognon. Certes pas à Paris, mais dans un bled paumé et pourri dont personne n'avait jusqu'à lors entendu parler dans les éphémérides du rock'n'roll. A Mont de Marsan. Quelque part en Aquitaine, 25 000 habitants à l'époque, un trou. Un des plus profonds de la France profonde.

 

 

Nous on n'avait rien. Aux States ils avaient au moins le CBGB et les Ramones avaient déjà commencé à ramoner les conduits auditifs des new-yorkais branchés, de l'autre côté du Channel, le Doctor Feelgood distribuait sa potion magique dans tous les pubs londoniens, et nous rien. J'exagère, tout un peuple de fans transis ne juraient que par MC 5, connaissaient les disques des Stooges par coeur et vénéraient les New York Dolls. Rock et électricité, l'on avait tout compris. Pour la pratique on n'était pas les meilleurs, mais l'on possédait notre cheval de course, le Little Bob Story, tellement bon qu'il était nettement plus admiré en la perfide Albion que sur ses propres terres.

 

 

Par contre en théorie l'on ne se défendait pas mal. En France l'on a aimé le rock, peut-être davantage que partout ailleurs, sans doute parce que l'on n' en avait pas ( ou si peu ) par chez nous. L'absence de l'objet aimé exacerbe les flammes de la passion, comme dirait Racine. L'on n'y connaissait rien, mais l'on savait. Le punk n'était pas encore né que l'on avait déjà prophétisé sa naissance. On l'a même porté sur les fonds baptismaux.

 

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Les grandes masses faisaient la sourde oreille, mais l'on possédait des activistes prêts à remuer le ciel et la terre pour assouvir leurs phantasmes. Le premier d'entre eux qui fut la cheville ouvrière du festival s'appelait Marc Zermati. Fit partie de la bande du Drugstore, on les appelait les minets mais c'était avant tout des apprentis dandies. Parmi eux se trouvait Ronnie Bird, preuve que ce n'était pas que des caves embourgeoisés. Comme par hasard, c'est Zermati le zigue qui signe la préface du livre. A tout seigneur, tout honneur. A l'heure où l'histoire commence son tableau de chasse n'était pas à dédaigner : une boutique de disques, l'Open Market spécialisé dans l'import américain et anglais, un label Skydog avec déjà un des disques mythiques de notre musique, le Metallic KO des Stooges, un condensé de bruits et fureurs comme l'on n'en fait plus. Plus les locaux, André-Marc Dubos l'autochtone, Alain Lahana de Toulouse qui manage le Bracos Band – les ai vus à l'époque, vous en reparlerai. Enfin un agitateur multi-cartes Pierre Thiolay que les années suivantes l'on retrouvera dans l'aventure de la revue rock Feeling et puis de Vinyl...

 

 

 

UN FESTIVAL

 

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Fallait trouver une municipalité qui veuille accepter un festival rock et un public. Pour ce dernier, vous tracerez une croix dessus pour la première année. Ce ne fut pas Woodstock, cinq cents âmes qui daignèrent participer, c'est la canicule et la buvette qui épongeront le déficit. Fallut user de diplomatie pour convaincre le maire et la police. Nos quatre compères réussirent l'impossible. L'exploit est d'autant plus méritoire que tous les grands festivals du Sud-Est se voient tour à tour interdits par crainte d'hypothétiques violences. Profil bas et fortes doses de diplomatie furent nécessaires. Pages truculentes à lire.

 

 

FROM PUB TO PUNK

 

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Années charnières, années critiques. Zermati ne revendique pas la création du mot punk. Mais Thierry Saltet lui donne raison. Le punk rock festival de Mont de Marsan a assis le vocable dans la tête des gens. L'on cherchait un terme pour désigner cette nouvelle déclinaison du rock. Les deux festivals aquitains auront précipité l'adoption de la future appellation contrôlée. En old England les punks rasent les murs, aux USA ils ne sont qu'une infime poignée. Le sel de la terre, peut-être, mais en attendant ils se terrent dans d'improbables sous-sols. Dans l'Hexagone, ce sera devant tout le monde, au su et au vu des autorités, en plein soleil, sous le cagnard. Z'ont réalisé l'impossible. Apparaître sur le devant de la scène du monde. Avant Mont de Marsan, le punk est une gestation improbable, lors de la tenue de la deuxième édition, c'est un phénomène de société. L'on a entendu parler de lui et là l'on vient voir de ses propres yeux la bête immonde. On lui rendra la monnaie de sa pièce en la transformant en la monstruosité qu'elle n'était pas. Sous prétexte de papiers gras, d'un supermarché pillé ( en français correct, cela s'appelle une redistribution des richesses des plus légitimes, car je ne comprends pas que l'on se laisse mourir de faim lorsque les entrepôts sont pleins ) et de quelques minimes dégradations, la troisième version sera tuée dans l'oeuf. Le rêve ne déploiera pas ses ailes chatoyantes une autre fois. Plus de trente-cinq années après, le festival est devenu une légende. Dans le milieu rock. Parce que par ici tout le monde l'a oublié, de toutes les manières l'immense majorité de la population n'a jamais été avertie de son déroulement... Nos quatre mousquetaires initiaux en témoignent : côté professionnel, la carte de visite du festival est encore aujourd'hui un sésame qui ouvre bien des barrières.

 

 

MUSIQUE 1

 

 

Le livre commence par un état des lieux. A Paris, le fan de base parvient à trouver pitance, mais dans les provinces, le rocker de base pleure de bonheur chaque fois qu'il met la main sur une demi-ration de survie. Les concerts sont si rares ( les disques et les revues underground aussi ) que l'on se moque un peu des étiquettes. Rock, pub-rock, punk, l'on s'en fout, l'on range ces courants sous le terme fédérateur de de rock 'n' roll. Tant que l'écoute ne se transforme pas en progressive spleen, l'on est content. Réclamez-vous de qui vous voulez, mais remuez le cocotier – celui-là même du haut duquel, trois décennies plus tard, Keith Richards se vautrera.

 

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Beaucoup d'improvisation en ce samedi 21 août 1976 pour les derniers réglages, l'on carbure au feeling et au coup de coeur. Backstage on se pousse un peu pour les passages. Des étincelles habituelles, mais rien de grave. Railroad – imitation suisse de Statu Quo – lance la locomotive. Personne ne s'en souvient. Shakin' Street cornaqué par la Fabienne la féline offre son hard rock musclé. Hard rock car l'on n'a pas été la muse de Jimmy Page sans qu'il n'en reste quelque chose. Le public n'est guère convaincu. Nous encore en pleine francophonie. Par définition, un groupe français ne peut concourir que chez les semi-amateurs... Enfin, la première tribu punk déboulent sur scène. Les Damned ! Un set d'anthologie ! Il Biarritz et Jean-Pierre Kalfon emmerdent leur monde. Bijou explose l'ambiance. Des Français qui n'ont pas honte de leurs racines nationales de Ronnie Bird à Noël Deschamps, et qui jouent aussi fort que des anglais et chantent aussi bien, mais en français. Little Bob écrit une nouvelle page de l'histoire du rock'n'roll. Plus tard les Gorillas, reportez-vous à KR'TNT 173 du 22 – 01 – 13, l'ami Cat Zengler vous apprendra tout ce que vous vous devez de savoir pour apprécier à leur juste mesure ces Gorillas qui mettront le feu à l'arène. Je ne vais pas tout vous raconter, j'en ai passé et des meilleurs. Le livre se commande sur julie.prod@worldonline.fr

 

 

MUSIQUE 2

 

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Vous en dirai même moins, même si en 77 le festival s'étala sur deux jours. Régalez-vous à l'écoute du programme : Strychnine, 1984, Asphalt Jungle de Patrick Eudeline, les trois premiers groupes français qui ouvrent en ce vendredi 5 août 1977 n'emportent pas l'adhésion du public, les Lou's groupe aussi grenouillard que les précédents mais uniquement composé de filles tirent leur épingle ( à nourrice ? ) du jeu. Les Maniacs cassent quelque peu la baraque, Police qui suit, trop policé pour être du côté des anarquists et des antéchrist. Les Damned des revenants qui redonnent de la chair au terme rock'n'roll, suivis par les Clash qui enflamment les imaginations.

 

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Shakin' Street avec sa diablesse Fabienne revient ouvrir pour le jour du seigneur, le combo gagnera un aller simple pour les States via les majors. Marie et les Garçons ne tiendront pas toutes les promesses de leur passage, Sean Tyla l'ancien leader des Ducks Deluxe remporte la mise, les Jam's mal cornaqués refuseront de jouer pour une embrouille de pacotille. Litltle Bob leur pique la place et obtient un triomphe. Eddie and The Hot Rods ont raison de tomber en dépression, la pluie interrompt un set prometteur, Doctor FeelgooD déjà sans Wilko Jonhson, Bijou encore avec Vincent Palmer, et The Clash font basculer définitivement l'histoire du rock dans l'âge du punk. Quatre mille participants, le festival a transformé l'essai de l'année précédente.

 

 

MAUVAIS EXEMPLE

 

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Ne faudrait pas que le mauvais exemple fasse tache d'huile. Les autorités se dépêchent d'enlever son homologation au terrain de jeu. Mais ce n'est qu'un début, le combat se doit de cesser, les majors et les médias lissent les aspérités : dans les mois qui suivront le punk aura la crête rasée, on procurera aux foules réveillées un ersatz de substitution, la New-Wawe, qui fut au punk ce que le twist fut au rock. Un édulcorant. Bromure grand public pour les étalons trop fougueux qui mettent le désordre dans le troupeau voué à l'abattoir de l'exploitation sociale.

 

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Un livre terrible sur l'histoire de l'impossible propagation du rock'n'roll en nos contrées nationales. Le microckbe apporte une fièvre d'étalon, mais en face l'on possède toute la panoplie nécessaire pour calmer ces poussées intempestives qui deviendraient vite incontrôlables si l'on ne savait y remédier. Mais ils auront beau faire, il se trouvera toujours un Thierry Saltet pour lutter contre l'oubli programmé et reconstituer la saga pièce par pièce. Le book est solidement documenté, plus que l'histoire des deux festivals de Mont de Marsan il relate la tribulation des artistes qui y participèrent. Thierry Saltet ne cherche pas à tout nous apprendre la totalité anecdotique du passé d'un groupe, il préfère dégager les articulations signifiantes de son itinéraire. De même il s'interroge sur la passation générationnelle du témoin rock, de Marc Zermati le mod au punk en passant par les hippies, il y aurait une succession logique autre que tout simplement chronologique. Ne pensez pas aux babas avachis sur leur coussins à motifs indiens, abrutis de shit et autres substances hallucinogènes, le mouvement des freaks portait aussi la volonté militante de changer la vie, d'instituer une nouvelle façon d'être avec soi-même et les autres.

 

 

Le lecteur pourra se reporter au livre de de Jean-Marc Quintana, Décélération Punk, ( voir KR'TNT 94 du 20 / 04 / 12 ), c'est un peu la même histoire, mais racontée de l'autre côté du miroir cassé aux alouettes consentantes, du côté des fans, pas de vedettes, pas de festivals, mais une jeunesse rock and roll qui se cherche et qui ne se trouve pas...

 

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Thierry Saltet – idées claires et plume à beau ramage - est le chanteur et le bassiste du groupe Stalingrad, en cherchant sur le net, vous découvrirez sans trop de peine des traces ( suspectes on espère ) mais néanmoins électriques de ce groupe culte. Un livre essentiel sur l'histoire du punk en France.

 

 

Damie Chad.

 

 

P. S. : pour ceux qui n'aiment pas lire, vingt-quatre pages de photos, noir et blanc et couleur.

 

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