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21/02/2013

KR'TNT ! ¤ 132. / BLACK PRINTS / RIOT ROCKIN' TEDS / JUNGLE TIGERS /JALLIES

 

KR'TNT ! ¤ 132

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

littera.incitatus@gmail.com

 

21 / 02 / 2013

 

 

 

BLACK PRINTS / RIOT ROCKIN TEDS / JUNGLE TIGERS

JALLIES

 

 

LES COMBUSTIBLES / PARIS / 16 - 02 - 2013

 

« ROCKERS KULTURE »

 

TEDDY BOY STOMP

 

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Rue Abel, pour un concert rock on aurait préféré la rue Caïn ou alors Renegate Street, mais dans la vie l'on ne choisit pas toujours. Me dirige vers un lieu mythique du rock parisien. Ce n'est pas moi qui le dis, mais le dernier numéro de Rock & Folk qui consacre quatre pages au stoner. L'on a très peu parlé de Stoner rock dans KR'TNT, hormis Vellocet ( voir compte-rendu du concert dans notre livraison 16, du 08 / 07 / 2010 )...

 

 

Magie de l'écriture de Jonathan Witt, après cette évocation du rock du désert j'imagine une immense crypte voûtée perdue au troisième sous-sol des catacombes dans laquelle camperaient autour de feux charbonneux mal éteints de vagues tribus de rockers fous adeptes des plus violents orages électriques... Me faut déchanter. Rien à voir avec une cave abyssale, de plain-pied avec le rez-de-chaussée et au bout d'un simple couloir l'on se retrouve dans une de ces petites salles de spectacles comme il y a en tant à Paris. Quant à l'idée si poétique du désert, une fois que tout le monde est rentré la densité de la population au mètre carré avoisine davantage celle du rocher de Monaco que celle de la Vallée de la Mort.

 

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En plus il est impossible d'y mourir de faim, restaurant à l'étage, ce doit être bon puisque toute une partie des convives est venue là pour la bouffe et non pour le concert. Ne lèveront même pas le cul de leur chaise pour jeter un coup d'oeil. Que voulez-vous question Kulture Rock, le français creuse sa tombe avec sa fourchette. Pour la soif, n'ont pas coupé la poire en deux, l'ont l'a multipliée par deux, un bar en haut, un bar en bas. Oasis pour tout le monde.

 

 

BLACK PRINTS

 

 

La première silhouette entrevue de loin en arrivant c'est celle de Yann le batteur des Black Prints, reconnaissable entre tous avec ses cheveux bouclés au milieu de toute cette faune de cats et de teds à bananes soigneusement entretenues qui tirent sur leurs clopes sous l'auvent protecteur de l'entrée des Combustibles. Seront donc là, j'en suis tout aise moi qui suis venu pour les entendre une nouvelle fois, le set de la semaine dernière au Théâtro de Fontenay-sur-Loing ayant eu un fort bon goût prononcé de revenez-y.

 

 

Le set commencera à neuf heures et des poussières, le temps de faire causette avec diverses connaissances... Mais déjà Tony Marlow sonne l'heure du rassemblement et le spectacle démarre. Une estrade à peine marquée, un espace scénique confiné, suffit de se mettre devant pour avoir le groupe à portée de la main. Difficile d'être plus plus proche des musicos, communication rapprochée, contact établi en trois minutes.

 

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Le hic c'est qu'apercevoir Yann derrière ces futs n'est pas toujours facile, mais rassurez-vous il saura se faire entendre ! C'est que les Black Prints vont marquer leur prestation d'une empreinte encore plus noire que la dernière fois. Cette fois-ci impossible de ne pas se focaliser sur Olivier, chant et guitare. Occupe la place centrale et ce soir l'énergie passe par lui. L'est au four et au moulin. Voix et soli. Un vocal de découpe au laser, ne mange pas une syllabe, ne se réfugie jamais dans un yaourt approximatif, des inflexions d'une netteté impitoyable. Ne bouffe pas les mots, les sculpte, les dessine et les met en valeur.

 

 

Etrange à dire mais il joue comme il chante. Jamais à côté dans le chuintement d'une corde mal maîtrisée, la note pure, la note sûre, ne s'attarde pas, ne traîne pas en chemin, fonce tout droit, les solos ne sont pas là pour étaler sa virtuosité mais pour nous amener par le chemin le plus court à la reprise du balancement binaire initial à la base du rock'n'roll. C'est peut-être pour cette cadence imperturbable qui est à la base de son jeu que le combo a été invité à ce Teddy Boy Stomp.

 

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De si près l'on peut mieux saisir le rôle de Thierry aux percussions. Avec Yann qui déménage par derrière il serait facile de dire que maracas et tambourin ne sont que ponctuation d'appoint, mais ce soir il m'apparaît que ce léger contrepoint redonne à la rectitude du beat primaire du rock la profondeur tripartite du blues originel. Lorsque Thierry chausse ses dés à coudre de métal et se saisit de la washboard, l'incessant crépitement de ces mini-sabots ferrés confère une profondeur surprenante au jeu de son frère. La goutte de son qui fait déborder les marécages de la Nouvelle-Orléans.

 

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Olivier marque les arbres, Yann les abat, et avec sa basse Jean-François trace la piste sinueuse. Les Black Prints sont beaucoup moins monolithiques qu'il n'y paraîtrait à une oreille pressée. Produisent une musique simple mais envoûtante, ensorcelante, ils captent votre attention et vous emportent dans un voyage sans fin, les acclamations qui concluront la fin du set en sont une preuve éclatante. Généreux, ne sont pas enfermés dans une formule stérile, lorsque Thierry Credaro est invité à les rejoindre pour les derniers morceaux, il trouvera sans peine l'espace où insuffler le jeu, très fin et très subtil, de sa fender. Tout en douceur mais incisif, comme ses coups de vibrato sur le Shakin All Over de Vince Taylor.

 

 

Dans ses longs fûtals noirs à pressions Olivier fut impérial, sous sa houlettes les Black Prints emportèrent l'adhésion de toute une partie du public qui ne les connaissait pas. Un set très hot rock'n'roll.

 

 

RIOT ROCKIN' TEDS

 

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Viennent de Bretagne. Ce n'est pas étonnant, la mauvaise herbe des teddies ça pousse partout même à Nantes. Le mouvement Ted est né en Angleterre, sur les décombres de la deuxième guerre mondiale. Fils de prolétaires qui se sont forgés une identité à partir de rien si ce n'est d'eux-mêmes. A l'époque ils ont commencé par écouter du jazz et du swing. Etaient sur le quai lorsque le bateau du rock'n'roll est sorti des chantiers. Sont montés à bord d'instinct et vogue la galère !

 

 

Mouvement de révolte qui s'est cherché des ancrages in the South, profond et mythique. Ont adopté la mentalité du Sud vaincu, mais pas soumis. L'esprit rebelle les habite comme la moelle peuple l'os. Ce qui au début n'était qu'un mouvement de jeunes a survécu à toutes les modes. Sont plus nombreux aujourd'hui qu'au moment de leur naissance. Sont devenus une véritable institution avec ses codes, ses lois, son économie, son idéologie et ses pesanteurs.

 

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Dans les années soixante ils n'ont jamais renié les pionniers submergés par la vague du british boom. Vont peu à peu créer leurs propres groupes dès le début des années 70. Le plus célèbre d'entre eux reste Crazy Cavan – nous devrions le chroniquer en septembre prochain lors de sa venue au festival de Conches en Ouche avec notamment Ghost Highway et SpunyBoys. Crazy Cavan a créé un genre ce qui n'est pas donné à tout le monde, le style teddy-rock. Certains adorent, d'autres le trouvent trop répétitif et lassant, voire primaire. Mais il en est de la musique des teddies comme de toutes les autres, certains la jouent mieux que d'autres.

 

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Le mieux est de juger sur pièces. The Riot Rockin' Teds sont sur scène. Ont amené du monde. C'est toujours bon signe lorsqu'un groupe parvient à se constituer une cohorte de fans prête à l'accompagner dans ses déplacements. Certains viennent même du 59. Me faudra quelques minutes pour me faufiler jusqu'aux premiers rangs. Concert historique comme le signale Jessy en nous apprenant que c'est la première fois qu'Antoine joue en public avec eux... mais ce grand gaillard de Jessy préfère de loin les actes aux paroles. Un ! Deux ! Trois ! et c'est parti. Les Riot Rockin Teds are on the line.

 

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Pur teddy ! Pratiquement tous les morceaux sont à la gloire des boys. Ne pratiquent pas l'autocritique, les teddies ! Sont les chantres de l'auto-glorification. Tout ce qui est teddy est très beau, le reste vaut mieux ne pas en parler. Jessy monopolise l'attention, tient sa basse très horizontale, laisse faire ses doigts, regarde la foule, et chante. Belle grosse voix infatigable, ses yeux vous cherchent et sa voix vous trouve. Une stature de chef viking que l'on ne peut ignorer. Prend toute la place. Un meneur de band.

 

 

Antoine regarde la set-list toutes les trente secondes. A peur de commettre un imper. Mais il se tirera fort bien de cette épreuve initiatique et lorsque Jessy lui passera le micro pour qu'il interprète deux de ses propres compos, il n'hésitera pas une seconde. Son premier morceau ne sera spécialement Teddy, plutôt instrumental et très flashy, le deuxième répondra beaucoup plus aux canons du genre.

 

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La stature de Jessy obstrue tout regard qui se porterait vers Emeric le drumer. Me faudra du temps pour dévisager ses larges rouflaquettes qui lui filent un air de western-doctor, celui qui vous retire trois balles de la poitrine tout en vous recommandant de reprendre au plus vite votre colt vu que les Sioux cernent le saloon... de toutes les manières ça fait un bon moment que je suis sa trace, l'oreille aux aguets. N'est jamais seul. Fait la section rythmique avec John le soliste. Jessy a trop à faire par-devant. Affutent tous les deux comme des dingues. L'on dit très Teddy, mais ces deux-là ne dépareraient pas dans certains groupes de hard, tellement ils sont à la recherche d'une complémentarité sonique exponentielle. Binaire de mes deux, sont plutôt à la poursuite d'une rapidité de jeu assez exaltante.

 

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Le groupe assure. L'on fait la tête lorsque Tony Marlow leur souffle à l'oreille que les aiguilles du réveil tournent. L'on était bien, grand vent, malgré le roulis et les paquets d'embrun. Je ne suis pas un fan du Teddy Rock, mais je m'incline, séduit par la puissance du combo. Riot Rockin Teds, je note dans ma tête, si par hasard ils repassent par la région, je ne les manquerai pas.

 

 

DAN GOFFRETEAU

 

Petites retrouvailles entre les deux groupes. D'abord, Dan Goffreteau l'ancien meneur des Burnin Dust, et maintenant manager, l'oeil aux aguets, rencontré il y a deux semaines au New Morning. Fait passer Jim and the Beans – le samedi 23 à 20 heures - et Earl and the High Tones – le dimanche 24 février – au Festival Country and Western de Saint Paul dans l'Oise. Fourmille d'idées et de projets. Un gars à suivre.

 

 

EMILIE AGAIN

 

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Enfin Emilie Credaro – digne fille de son père – qui nous avait régalés de quelques solos bien sentis lors du deuxième festival de Corrobert au mois de juin 2012 ( le KRTNTreader impénitent se reportera à notre 104 ° livraison du 28 / 06 / 12 ). Beaucoup de scènes par monts et par vaux, évoque sa difficulté à se fixer définitivement dans un groupe, ça ne m'étonne pas, le sang indien de la liberté coule dans ses veines. Elle fait partie des indomptables. Lorsque je la quitte pour me rapprocher du dernier combo, je me dis que ce soir la vive flamme d'Eddie Cochran n'est pas dans cette mollasonne et poussive version de Summertime Blues avec laquelle les Jungle Tigers ouvrent leur show mais qu'elle brûle dans les simples intonations de la voix d'Emilie Credaro chargée de l'âpre pulsation de ce que Rimbaud appelait la vraie vie. Notre propre exigence à être ce que l'on est.

 

 

JUNGLE TIGERS

 

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Viennent d'Allemagne. Auraient pu y rester. Serais bien ennuyé de déclencher une troisième guerre mondiale, mais nos tigres de la jungle rhénane sont aussi ridicules que le Shere Khan de Walt Disney. Se présentent en annonçant que le groupe vient de fêter ses vingt-cinq ans de carrière. Sont un peu fatigués. Les rangs s'éclaircissent très vite. Finirai moi aussi par rentrer à la maison au bout de dix morceaux.

 

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Les commentaires sont imparables, auraient dû passer en première partie et laisser la place aux Black Prints. Pris un par un, ils ne sont pas mauvais mais l'ensemble ne forme pas un groupe. Massacrent Cochran et se rattraperont un peu mieux sur Bo Diddley, mais une collection de hits ne fait pas un répertoire même si l'on possède ses propres morceaux. Faut les assimiler, faut avoir sa marque de fabrique pour en estampiller ce que l'on emprunte d'un coup de tampon indélébile.

 

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Parlent un peu trop entre les morceaux, ce qui a pour effet de casser le rythme déjà peu engageant. Lorsque je raconterai cela à Mister B, m'apprendra qu'il les a vus deux fois sans plaisir et qu'ils ont fait le coup d'enfiler un masque de tigre en plein milieu de leur set. Je comprends mieux la finalité de leur costume de scène  aux parements en simili-tigre. Rockabilly de carnaval.

 

 

Un dernier quart d'heure devant le bâtiment à discuter et plaisanter avec Fred, rencontré à Fontenay -sur-Loing, et divers inconnus qui préfèrent tirer sur une tige qu'entendre les chats (même pas de gouttière ) se prendre pour les seigneurs de la jungle.

 

 

Damie Chad

 

 

 

 

ESPACE VINTAGE SWING / PARIS

 

 

BROC'N'ROLL / 17 - 02 – 13

 

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THE JALLIES

 

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Dès que je me suis assis dans la teuf-teuf mobile j'ai compris qu'il y avait un bleime. Le piège était en train de se refermer sur moi. Caramba yo suis démasqué, moi le sombre héros du rock'n'roll ! Autour de moi, siège avant, siège arrière – je n'ai pas vérifié dans la malle mais je suis certain qu'il devait y en avoir deux ou trois – que des filles ! Toutes les copines qui se radinent et s'entassent comme des sardines, comme par hasard le jour des jolies Jallies, hou ! les jalouses ! Pire que si j'étais pisté par la CIA ! L'a fallu supporter leurs patelines présences soupçonneuses toute la route. Rien à voir avec la franche et virile amitié des gars en goguette à l'humour peut-être pas très raffiné, mais si intègre...

 

 

BROC'N'ROLL

 

 

Faudrait être débile pour rater l'entrée de la rue Debille, une grosse queue qui s'allonge devant la porte, la large pancarte BROC en lettres d'un mètre de haut, nous sommes au bon endroit au bon moment. Me faufile dans la file, offre généreusement l'entrée à mon quarteron de chaperons – à deux euros par tête de pipe, notez que je ne me suis pas ruiné - et pénètre enfin dans la salle.

 

 

Ce n'est pas immense mais ce n'est pas minuscule, des recoins partout, un balcon, un sous-sol et je ne sais pas quoi encore parce que moi, les fringues, les sacs à mains, et autres babioles issues du siècle dernier, je n'en suis pas fou. Pendant que mes gardiennes assoiffées de fripes s'égaient entre les stands, enfin libre je fonce sur le vendeur de vinyls, pour extraire de ses bacs un superbe 33 tour de Gene Vincent, le Dressed in Black – un noir qui quelques minutes plus tard fera pâlir d'envie Mister Jull le guitar-hero des Ghost Highway - je l'avais déjà, mais comme tous les collectionneurs je suis un peu fétichiste.

 

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Maintenant dans cet infâme bric-à-brac ne circulent pas que des vieux trucs recouverts de poussière que l'on vous vend au double du prix sous prétexte que ce fut fabriqué juste à la fin du néolithique. De jolies petites choses se promènent aussi entre les rayons. Je ne parle pas du lampadaire à 200 euros que vous avez acheté pour l'anniversaire de tante Yvonne, mais de ces mannequins en tenue légère de la griffe Le Boudoir de Marie qui déambulent dans les allées, vêtues ( ou plutôt dévêtues ) de gaze transparente et de tulle translucide. Je ne sais pas si dans les années cinquante les jeunes filles se promenaient ainsi dans les rues, mais je commence à comprendre le pourquoi de ce regain de nostalgie chez mes contemporains. Vous me connaissez, dégagé des putrides et basses pensées qui vous assaillent, je me suis contenté de jouir de ce spectacle vivant en parfait esthète amoureux des pures formes que Mère Nature nous offre à profusion. Mais ne nous laissons pas pervertir, je voulais dire divertir, nous sommes ici pour les Jallies, rien que pour les Jallies, uniquement pour les Jallies.

 

 

LES JALLIES

 

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Bourré de monde, le matériel des Jallies est posé à même le carrelage entre un stand de maquillage, et le bar au centre d'un demi-cercle de spectateurs qui prévoyant l'affluence se sont postés aux meilleures places bien avant que les Jallies n'apparaissent. Premier concert parisien pour le groupe, et il est déjà clair que beaucoup sont venus alertés par la rumeur flatteuse qui les précède. Des inconnus, mais aussi de nombreux représentants du milieu rockabilly – Tony Marlow, que décidément nous suivons à la trace, en tête – s'en viennent juger sur pièces cette formation encore inconnue, il n'y a pas deux mois.

 

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Les voici, parviennent à se caser dans le maigre espace imparti. Dans sa longue tunique pseudo militaire Turky, le général en chef des fifties-broc les présente en quelques mots. Il a la classe Turky mais il ne s'attarde pas, sait qu'il ne peut pas soutenir la comparaison avec le trio de choc et de charme qui s'aligne derrière lui. Il est cinq heures de l'après-midi et les filles ont la niaque. Je vous livre le programme afin que vous ne vinssiez point réclamer qu'elles vous ont eu par surprise. Un premier set pour vous séduire. Un second pour vous détruire.

 

 

Commencent par dire du mal de Julios. Le pauvre gars. Ce que les filles peuvent être méchantes ! C'est la première fois que je le plains. Elles ont vraiment un coeur de pierre, plus dur que le bois de sa contrebasse. N'ose rien dire, des quatre cordes de sa big mama, il leur tisse sans faillir un velours de notes qu'il jette à leurs pieds et qu'elles piétinent de leurs talons rouges ou noirs.

 

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Céline ouvre le bal. Drapée dans sa robe magenta comme dans une muleta que l'on agite devant le mufle des taureaux, femme sang et dame swing, boucles noires et lèvres purpurines, sourire cruel et rire mutin, elle se charge des premières danses qu'elle mène tambour battant. Se joue de tout et de nous. Toute en rouge qui bouge. Ecarlate elle s'éclate. Longue folle qui batifole dans son rôle dont elle raffole. Avec ce soupçon de distinction jazz qui la classe à part de ce monde platitude. Rockabillie, mais Holyday.

 

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Ady bleue. Pas la couleur mais l'esprit. Le prix à donner. La force et la violence contenue. Les doigts sur la corde, la vie sur le fil. Ady a dit adieu au faux-semblant. Hurle la rage et le feu qui la consume. Ady l'incendie intérieur qui dévaste tout. Ne se livre guère mais nous délivre par la guerre qu'elle déclare à la terre entière. Colère volcan du chant mais la guitare comme une perle bleue de solitude, tombée dans le gouffre du rock'n'roll. Soeur cyanoise de Janis.

 

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Vanessa, la troisième pointe du triangle féminin. Espiègle et câline. Petite merveille qui nous émerveille de son sourire vermeil. Une voix à charmer les serpents. Une fragrance capiteuse qui vous alarme l'âme mais vindicative comme la lame du sabre qui vous décapite. Princesse capricieuse qui se moque de vous et flèche inflexible qui vous cloue sur la roue du temps arrêté sur la rose de ses lèvres.

 

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L'une jazz, second moon blues, l'autre rock. Trio grande. D'enfer. Passent d'une dominante à la suivante, par le chemin de l'accro-jump. Ou alors surfent sur le swing. S'entraident. Ne sont jamais seules sur leur route. Le deuxième set sera un régal. La pression du public est telle qu'elles se prennent les pieds dans leur set-list et qu'elles se lancent à brûle-pourpoint dans les premiers titres qui leur traversent la tête. Elles se surpassent. Nous offrent une version de Stray Cats Strut dantesque. Vanessa qui feule à souhait, Ady qui rocke le choeur et Céline qui imite chatte en chaleur, vous ne trouverez pas miaou comme interprétation de ce classique des Stray Cats sur notre planète.

 

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C'est la fête. Nicolas, un de leurs amis est appelé pour s'occuper de la Fender, c'est un garçon, donc il est relégué derrière, avec Julios, avec qui il ne tarde pas à se créer un lien de complicité, et les deux boys assurent telles des bêtes vicieuses. Mais comme il y a une injustice sur cette terre, c'est Tagra qui emportera le pompon. Durant l'inter-set elle a demandé à Ady si elle pouvait interpréter These Boots are Made for Walkin de Nancy Sinatra. Une chanson phare du suprématisme féminin qui est en train de s'installer un peu partout. Connais pas Tagra, sinon qu'elle porte sur le haut de ses cheveux une espèce de béret plat rouge qui lui donne vaguement l'apparence d'une fraise tag(r)ada, mais elle est loin d'être pitoyable sur l'exercice, et elle partira sous les applaudissements de l'assistance.

 

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Pour les Jallies c'est le triomphe. On ne peut plus les aborder. Le public est ravi. Reçoivent l'adoubement de la vieille garde rockabilly conquise. Même les copines qui ont fini par me rejoindre me remercient de les avoir amenées à un si bon concert. Ont abandonné leur fiel, sont au septième ciel.

 

 

RETOUR

 

 

Sur le chemin du retour ça papote dur dans la teuf-teuf mobile ( je devrais plutôt écrire la meuf-meuf mobile ). Et de quoi croyez-vous qu'elles parlent nos péronnelles qui étalent leurs idées personnelles ? De Céline ? D'Ady ? De Vanessa ? Point du tout. A croire que grippées elles n'ont pas pu assurer le concert. Non, apparemment, elles n'ont vu que Lui ! Lui, Lui et encore Lui ! Mais oui de Julios ! Elles le trouvent gentil, beau, intelligent, sensible et toute une série d'adjectifs du même acabit dont je vous épargne la litanie.

 

 

Les filles sont vraiment difficiles à comprendre ! Heureusement qu'il existe les Jallies pour nous réconcilier avec la deuxième moitié de l'Humanité.

 

 

Damie Chad.

 

(Photos prises sur les Facebooks des Artistes )

 

 

 

 

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