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14/02/2013

KR'TNT ! ¤ 131. JALLIES / BLACK PRINTS / HOOP'S 45 / TONY MARLOW/ GHOST HIGHWAY

 

KR'TNT ! ¤ 131

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

14 / 02 / 2013

 

 

JALLIES / BLACK PRINTS / HOOP'S 45 / TONY MARLOW

GHOST HIGHWAY

 

Pour les photos, on a piqué sur les Facebooks des artistes, souvent sur des concerts que l'on a déjà chroniqués notamment pour les Jallies et les Ghost Highway au Saint Maximin, les photos du final sont de la soirée même... merci aux photographes, notamment Jacques Fatras.

 

 

08 / 02 / 2013 / BALLAINVILLIERS

 

SAINT SAUVEUR

 

 

THE JALLIES

 

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Quand ils ont su que j'allais aux Jallies les copains ont voulu que j'installe un tourniquet à numéros comme à la Sécurité Sociale avec liste d'attente, tout cela pour être sûr de squatter un quart de banquette de la teuf-teuf mobile. Pas fou, j'ai fait semblant d'acquiescer mais au dernier moment me suis barré en douce. Il est des combats que le héros se doit de livrer seul. Bye bye les demi-sels.

 

 

Me suis retrouvé sur les bords de l'Orge – un sacré nid de bandes à rockers dans les années soixante – sans trop de problèmes. C'est pour situer Ballainvilliers que ça été plus dur. Une douce princesse africaine à la peau pulpeuse plus ombreuse que la nuit – j'ai toujours été pour le rapprochement des peuples – vint à mon secours. Elle m'indique un raccourci que sur la foi de son sourire j'emprunte sans hésiter. Breuh ! Un paysage de cauchemar, le décor idéal pour Le Retour des Morts-vivants, me serais-je fait avoir par une prêtresse vaudou ? Mais non dans la brume fantomatique se détache le panneau de Ballainvilliers. Aurais bien fait un brin de conversation ( et plus si affinités ) mais le devoir m'appelle.

 

 

Pour une meilleure compréhension du paragraphe suivant le lecteur sérieux aura soin de se rapporter à notre 129 ° livraison du 31 / 01 / 2013.

 

 

Suis un peu perdu dans le dédale des rues, m'arrête pour farfouiller dans mes papiers qui ne m'apportent guère de lumière. Pas une âme vivante aux alentours, alors plutôt qu'à Dieu j'adresse une prière mentale aux seins des Jallies. Incroyable mais ça marche ! Lorsque je relève les yeux j'aperçois sur un mur à vingt mètres une belle inscription en céramique : Rue Saint Sauveur ! Je suis sauvé, le bar Le Saint Sauveur ( faut bien que quelqu'un s'occupe des ivrognes ) est sis au numéro quatre.

 

 

LE SAINT SAUVEUR

 

 

J'y pénètre en vieux habitué. N'y suis-je pas déjà venu le 05 novembre 2010 à l'un des tout premiers concert de Ghost Highway ? Me fait délester incontinent de sept euros. Au Saint Maximin c'était gratuit. Je ne suis pas contre le fait de payer une somme modique pour un concert, c'est juste une remarque d'ordre théologique sur les mérites comparés des divers saints catholiques. Les Jallies sont attablées sur ma droite. Je fais semblant de ne pas les voir - c'est un truc qui marche toujours avec les filles – et m'en vais à la recherche de je ne sais plus qui, puisque j'ai oublié son nom, un mec hyper-passionnant qui m'avait branché sur l'agriculture raisonnée, mais non il n'est pas là. D'ailleurs il n'y a personne. N'ayez crainte, je parle des aficionados rockab homologués que l'on retrouve de lonely week end en lonely week end, comme disait Eddie Cochran. Sinon c'est rempli. Des locaux, toute la jeunesse du coin et les habitués du bar qui soutiennent systématiquement toutes les soirées organisées par le patron. Et ils n'ont pas tort car l'ambiance est chaleureuse et accueillante.

 

 

Dans la salle du fond, à ciel ouvert – ce doit être super au printemps, zut nous sommes en hiver - l'on sert un chili sin carne pero con arroz ( oui, oui les rockers ne baragouinent pas que l'amerloque ) brûlant. Très bon, mais il est temps de se rapprocher de la scène car du côté des Jallies l'on commence à s'agiter comme des guêpes.

 

 

THE JALLIES

 

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Sont pas difficiles. Se jugent à l'aise dans leur réduit même si elles doivent se mettre de trois-quart pour ne pas se gêner. Mais c'est la loi du genre, les cafés ne sont pas des lieux modulables et se révèlent vite exigus pour un concert. Mais tout revers possède aussi sa médaille, le contact avec le public est des plus faciles.

 

 

Derrière sa caisse claire Vanessa est toute pâlotte. Inutile de vous précipiter pour la réconforter dans vos bras puissants même si vous en brûlez d'envie. La pauvrette se débat contre une vilaine bébête, le microbe de la grippe qui s'agrippe. Mais elle sourit et en brave petit soldat du swing rockabilly elle va se battre jusqu'au bout contre l'ennemi intérieur. Montera pas au plus haut des aigus mais se défendra plus que bien sur le reste de la gamme.

 

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Dans sa robe rouge, ce soir Céline est moins lointaine. Elle sourit et rit volontiers. A l'air moins tendue que les premières fois. Prend vraisemblablement de plus en plus goût à cette excitation si particulière de la scène. Plus proche de nous en quelque sorte. Mais toujours cette pointe de distinction naturelle.

 

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Ah le décolleté d'Ady, vous aimeriez que je vous en décrive les profondeurs interdites, mais non je ne m'y risquerai pas. Les cats-rockers ne sont pas de vulgaires matous-vus, et puis je me méfie, le vieux sang des premières blues women coule dans ses veines, n'a pas l'air d'avoir froid aux yeux, ni l'habitude de se laisser mener par le bout du nez.

 

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J'allais oublié l'autre, l'intrus. Les Jallies en ont tellement honte qu'elles le cachent derrière une grosse contrebasse. N'a même pas de nom proprement défini : tantôt elles l'appellent Julien, tantôt Jules, ou Julos ou Julios, sans doute une pièce rapportée qui a échoué là par hasard et dont elles devraient se séparer au plus vite. Je ne voudrais pas être méchant mais un mec dans un groupe de nénettes, ça fait un peu tache.

 

 

Faut être juste autant je suis prêt à voter son exclusion immédiate et définitive, autant je dois reconnaître que c'est un gars qui balance pas mal. Il assure par derrière. Les tient au bout de ses cordes comme des marionnettes. Peuvent faire les malines devant. N'importe quoi pour se faire remarquer, changent de place et d'instrument, genre c'est à mon tour de chanter et à vous deux de vous charger des choeurs. En plus malgré tout ce qu'elles en disent, elles l'aiment bien leur souffre-douleur, sous prétexte qu'il est par ailleurs bassiste dans un groupe de steady-funk les Smokin'Fuzz, elles ont même mis un titre de jump-ska, Boogie in my Bones, dans leur répertoire.

 

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PREMIER SET

 

 

Je les dévore des oreilles les Jallies, et commence à comprendre comment ça fonctionne. D'un côté la musique, de l'autre les voix. Pratiquement chantées a capella, mais comme elles jouent de leurs instruments dans le même temps l'on ne s'en aperçoit pas. D'habitude c'est la voix qui s'appuie sur la musique, c'est d'ailleurs ce qui se passe lorsque Ady se chargent des blues rock'n'hurlés, mais chez les Jallies en règle générale c'est la musique qui repose sur les voix.

 

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Au début l'on n'y voit que du rose. L'on se dit que c'est leur charme qui opère, que tout cela c'est aussi frais que leur jeunesse et autres fariboles du même tonneau. C'est la voix qui swingue d'abord et la musique qui suit. D'ailleurs à entendre de plus près l'on réalise que la musique est des plus ténues, pas question de noyer les cantatrices sous un déluge wagnérien. D'où ce besoin du bourdon continu de la contrebasse au swing acrobatique pour étoffer le fond musical.

 

 

Suis désolé mesdemoiselles mais ce n'est pas votre beauté – même si elle est un atout des plus indubitables - qui arrache l'assentiment des spectateurs, mais le dialogue emmêlé de vos voix et contre-voix, qui emporte l'adhésion du public. Charme charnel de l'organe vocal, de l'orgasme focal de cette union vocalique et volcanique de vos souffles entremêlés. Le résultat de tout cela c'est le plaisir des auditeurs qui se sentent entraînés dans un boogie-swing des plus délicieux sans opposer de résistance.

 

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L'espace est si riquiqui que l'on peut se rendre compte de phénomènes plus diffus en de plus vastes surfaces. Certes les Jallies drainent sans surprise tout un pôle de garçons, mais aussi un pôle féminin – c'est aussi un combo électrique - qui vu l'exiguïté des lieux se retrouve quasi-automatiquement regroupé. Phénomène qui n'est pas pour me déplaire, mais qui prouve avant tout que la formation fonctionne au mieux et porte en elle la possibilité d'atteindre une notoriété bien plus grande que celle de ces débuts actuels.

 

 

DEUXIEME SET

 

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Beaucoup plus de monde qu'au premier acte. Ceci n'est pas dû à l'arrivée inopinée de nouveaux clients mais au fait que durant l'entracte les conversations sont allées bon train dans les deux pièces excentrées du bar. Désormais tout le monde veut voir de près de quoi il en retourne. Et dès que le groupe reprend sa place les interjections de contentement fusent. En trente secondes se crée un réseau de complicité entre les Jallies et l'assistance

 

 

Vanessa se sent mieux. De chanter lui a permis d'éliminer les toxines du virus qui agonise. Céline est déchaînée et Ady ne se retient plus. L'on n'écoute plus, l'on danse. Ou plutôt vu l'étroitesse de la piste l'on se balance sur place, même si certains n'hésitent pas à se lancer dans des passes plus audacieuses.

 

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Entre chaque morceau le dialogue s'engage. Suis toujours étonné par le respect qui leur est témoigné. Des sous-entendus malicieux, voire des sur-entendus canailles, mais rien de sale et de vulgaire. L'on joue, des deux côtés - car Ady ne se prive pas de réparties ou de réflexions lestement envoyées - mais en respectant les règles d'une bienséance bon enfant.

 

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Ca rocke and roule sans problème jusqu'à la fin de la soirée. Malgré les voisins qui n'aimeraient point que le bruit se propageât au-delà de la demi de minuit, les Jallies se verront obligées devant la volonté populaire unanime de nous octroyer deux rappels.

 

 

ROCKABILLY

 

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Sur la route du retour je repense au concert. Les Jallies se distinguent de la plupart des groupes de rockabilly non pas vraiment par leur répertoire - Presley, Vincent, l'on est en plein dans sujet - mais par leur manière d'aborder le problème. Ne donnent pas dans le mimétisme. Elles retaillent à leur mesure. Comme elles sont plutôt douées nos petites mains, ce n'est jamais cousu de fil blanc et elles surprennent par leur démarche de fait très originale.

 

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Les puristes pourraient trouver qu'elles s'aventurent un peu trop loin dans les marges, mais les favorables réactions des publics très variés qui les congratulent à chaque fois pour leur prestation démontrent à l'envi que leur mode opératoire est compris et accepté. Faut qu'elles parviennent maintenant à capter leurs joyeuses trépidations sur un disque qui leur permettra d'avancer plus vite. Je ne doute pas de leur réussite, d'autant plus que Julios n'a pas l'air manchot quand il cause technique. Un avenir prometteur se profile pour le groupe. Déjà ce dimanche 17 février elles tournent sur Paris. Vous refile l'adresse, je suis vraiment sympa, ferais mieux de la garder rien que pour moi, Espace Vintage Swing 9-11 rue Debille, elles passent à 17 heures lors de la Broc'n'Roll. Métro Voltaire.

 

 

Mais entre nous, ce mec tout seul avec ces trois nanas, n'y aurait-il pas un additif à la Déclaration des Droits de l'Homme qui stipule que c'est interdit ?

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

09 / 02 / 2013 / FONTENAY-SUR-LOING

 

 

BLACK PRINTS / HOOP'S 45 / TONY MARLOW

 

GHOST HIGHWAY

 

 

DEHORS

 

 

Fontenay-sur-Loing à une heure de Paris qu'ils ont marqué sur le flyer. Le problème c'est que nous ne venons pas de Paris et que l'agglomération de Fontenay est loin derrière nous. «  Tournez à droite » c'est la voix impérative du GPS qui ne pipait mot depuis un quart d'heure qui nous intime cet ordre sans préavis. La teuf-teuf-mobile vire aussitôt à quatre-vingt dix degrés à tribord toute, toute fière de nous montrer qu'elle est capable de faire aussi bien qu'à Indianapolis. Noir absolu autour de nous. Plus nous avançons, plus la perspective de toucher au but s'éloigne. Le doute s'insinue en nos esprits encore plus fortement que dans le Discours de la Méthode de Descartes. Je ne suis pas superstitieux mais à à courir après des groupes aux noms aussi évocateurs que le Fantôme de l'Autoroute ou les Empreintes Noires, la malédiction des chacals de Béthune va nous tomber dessus plus vite que prévu...

 

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Sans doute errerions-nous encore dans la rase campagne Montargitoise si dans un dernier réflexe de survie je n'avais freiné à mort devant la crêpière. Je ne parle pas de l'appareil à faire les crêpes mais de la gente dame qui verse la pâte sur la plaque ronde et brûlante. Le temps de reprendre nos esprits nous nous apercevons que nous n'avons point stoppé devant une crêperie ambulante mais devant un camion à pizza tout éclairé arrêté au milieu de nulle part dans un no man's land improbable. Mais qui peut bien avoir l'idée de venir se chercher une Quatre-Saisons au chorizo en pleine campagne dans cette froidure à décourager un ours polaire ?

 

 

Pizza-woman est jolie, aimable, agréable et accueillante. Pour un peu l'on serait restée près d'elle et de la douce chaleur du four toute la soirée... après ses explications elle nous propose de nous faire un plan. Nous prendrait-elle pour des demeurés ? Nous ne sommes pas n'importe qui, mais des rockers, le summum de l'évolution humaine, nous avons donc obligatoirement compris. Clair comme de l'eau de roc. N'empêche que dix kilomètres plus loin Mister B se demande si l'on n'aurait pas dû accepter le petit croquis charitable. En désespoir de cause j'effectue un demi-tour acrobatique lorsque Mister B se met à hurler «  Sur le panneau, là ! Théatro ! » Moi je ne vois que SETRACO écrit en grosses lettres rouges sur le fronton d'un bâtiment d'entreprise, mais il insiste tant que faute de mieux on traverse la voie rapide pour nous retrouver sur une petite route qui serpente paresseusement entre des nids de poules ( géantes ). Deuxième mini écriteau, Théatro. Approcherions-nous ?

 

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Nous voici sur un immense parking. Pas un cat à l'horizon. Il est 19 heurs 50 et le flyer indique que les festivités débutent à vingt heures. Mais quelle est cette dame manifestement frigorifiée qui semble attendre toute seule dans le noir l'ouverture d'une porte vitrée derrière laquelle ne brille aucune lumière ? Renseignement pris, elle est venue pour le concert, non il n'y a personne d'autre, mais elle a vu le camion des Ghost Highway de l'autre côté de cette espèce de hangar géant. Ouf ! Sauvés !

 

 

DEDANS

 

 

Retrouvailles et rigolades autour des camionnettes. Ont eu autant de mal que nous à dénicher el Théâtro. Mais eux en plein jour ! Retour devant l'entrée, une quinzaine de personnes se les gèlent en tapant des pieds. Une à une des voitures arrivent. Les moins courageux retournent s'enfermer dans leur véhicule. Il est près de vingt et une heure lorsque les portes s'ouvrent...

 

 

Ce n'est pas une salle mais un véritable à hangar à Boeings. Une allée centrale aussi large qu'un champ de course pour quinze sulkies de front, à droite des rangées de table où vous installez à l'aise un mariage de trois cents couverts, idem sur la gauche pour la communion du petit dernier. Mais c'est aux extrémités que ça devient intéressant, au sud, un bar surélevé aussi mastoc qu'un porte-avions, et enfin au nord une scène assez vaste pour recevoir les huit éléphants du cirque Pinder. Quatre groupes y ont entreposé leur matos et il reste encore par devant assez de place pour garer deux semi-remorques.

 

 

L'on se sent minuscule là-dedans, heureusement que ça se remplit peu à peu. Enfin Thierry Credaro, l'organisateur s'approche du micro pour annoncer deux bonnes nouvelles. Prévoit quatre concerts par an dans le hall. Vu la grandeur du site nous subodorons quelques festivités énormes. L'on sera là ( maintenant qu'on connaît le chemin ).Mais tout cela c'est dans un futur pas si proche alors que dans les secondes qui suivent il hurle le nom des Black Prints qui sont juste derrière lui, le médiator en position d'attaque sur la guitare.

 

 

THE BLACK PRINTS

 

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J'ai râlé comme un putois au mois de janvier lorsque la neige verglacée nous a interdit de tracer vers Roissy où ils étaient programmés. Pas question de les rater à Fontenay-sur-Loing ! Et les voici tous les quatre déjà en route pour une ballade à tout berzingue sur la rock'n'roll Highway.

 

 

Pas tout à fait des nouveaux venus, les deux frères Clément, Olivier et Thierry, sévissaient déjà dans les années 80 dans la région de Versailles avec les Dixie Stompers qui ont laissé de mémorables souvenirs de super concerts si l'on suit les blogues de discussion sur le net. Je n'y étais pas, mais je peux certifier que ce soir-ci les Black Prints n'auront pas démérité de la flatteuse réputation de leurs débuts. N'y a qu'à voir le sourire de Thierry sous son chapeau blanc de cow-boy pour comprendre qu'ils sont heureux d'être là.

 

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Attention les Black Prints portent bien leur nom. N'allez pas penser qu'avec eux c'est cui-cui les petits oiseaux et la vie en rose. Sont plutôt noirs. Comme le cuir de Vince Taylor et de Gene Vincent. Sont ancrés dans le triangle fondateur – ajoutez Eddie Cochran aux deux précédents - de la mythologie des froggies rockers.

 

 

Au coeur du rock'n'roll et pas question d'en sortir. Les Black Prints c'est avant tout une émulation entre basse et guitare. Attirent le regard, Olivier dans son futal de cuir à lacets qui grandit encore sa silhouette et Jean-François, trois pas en arrière mais pas du tout le rôle de second couteau. Au phrasé très rythmique d'Olivier, accentué par la netteté tranchante de son vocal – c'est lui qui trace et ouvre la route – Jean-François ajoute la violence de ses à-coups de basse qui s'insinuent dans les contre-temps et s'en viennent mordre la ligne mélodique comme des mambas affamés. Quel que soit le tempo, vous êtes emporté dans une hypnose infernale. Accoutumance assurée. Au bout du troisième morceaux vous êtes accros et dépendants pour la vie.

 

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J'ai toujours aimé la frappe de Yann, pour une fois que la scène est assez large pour permettre de le voir en pleine action, je ne m'en prive pas. Pas vraiment rockab, plutôt rock'n'roll. Moins de saccades, mais davantage de brisures ce qui n'exclut nullement la rapidité et l'ouverture. Les Black Prints c'est tout le monde droit devant tous ensemble mais chacun se réserve ses chemins personnels. L'important c'est d'être exact au rendez-vous au bon moment. Et ils y sont.

 

 

Seulement entre temps Yann vous a foutus de ces dérapées de breaks à vous chavirer le coeur avec toujours ce balancement incessant du tom écrasé qui rebondit et retentit comme le souffle d'une explosion qui emporte tout sur son passage. Un style qui n'est pas sans me rappeler Jojo Dumoutier qui accompagna Gégêne en France, plus rapide que Yann sur les tempos, mais beaucoup moins puissant quant à la lourdeur. Tout l'apport du british psyko blues entre ces deux générations de batteurs.

 

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M'étais toujours demandé pourquoi les premiers guitaristes électrifiés de jazz s'inspiraient des interventions des sax pour trouver leur place dans le groupe. J'ai compris ce soir en entendant Jean-François reproduire sur sa basse l'aboiement rauque du saxophone. La colère et la hargne transforment la rondeur métallique des cordes en cuivre criard. S'imposer pour survivre. En voici un qui ne joue pas pour produire des notes. Joue sa peau à chaque accord. Le rock est une chose trop importante pour être laissé aux seuls musiciens. Le rock est une mise en danger permanente. Un duel avec soi-même, pour apprendre à grandir. C'est parce que l'homme est toujours seul avec lui-même que Jean-François joue de la basse en soliste.

 

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Avec ces deux mord-la-mort à ses côtés Olivier a les coudées franches et l'esprit libre. Chant et guitare. Se débrouille plus que bien sur les deux. Ai causé de rythmique tout à l'heure mais c'est aussi un satané envoyeur de riffs. Les peaufine à la dentelle et les chauffe au chalumeau. N'hésite pas à s'attaquer aux chef d'oeuvres du répertoire, n'y est jamais ridicule et se sort de l'exercice avec une aisance qui en dit long sur son talent. Bluffe la salle par son interprétation de Up a Lazy River de Mister Craddock. L'on ne pose pas une voix sur une telle mélodie sans danger. Y-a là-dedans des coupures et des reprises à vous désarticuler les cordes vocales.

 

 

Thierry Credaro les rejoint sur scène avec sa guitare, restera durant le dernier tiers du set. Excelle dans le phrasé de précision. Trop discret dans son attitude, pourrait se mettre en avant sans que personne n'y trouve à redire. Little Nico - voir plus loin - est invité à rejoindre les Empreintes Noires. Restera un peu trop tétanisé, la main collée sur le manche, un rien de trop statique pour du Cochran.

 

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Font un tabac. Pour moi je retiendrai ce Baby Let's Play House – un de mes morceaux préférés, version Holly que je trouve mile fois supérieure à celle de Presley – une interprétation d'anthologie. Dans la foule beaucoup se demandent pourquoi un aussi bon combo est passé en première position. Notez que la réponse est dans la question. En fait ce soir, l'on est gâtés. Faut écouter chaque groupe sans se préoccuper de qui vient après ou avant. Que du premier choix.

 

 

HOOP'S 45

 

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C'est comme quand on avale un cachet trop gros. Ca reste bloqué dans la trachée artère. Hoop's – dites 45, docteur – mais c'est trop tard. Vous ne reprendrez plus jamais votre respiration. Vous êtes déjà mort. Please don't touch. Pas de souci à se faire. La force impétueuse avec laquelle Stéphane se jette sur le micro, est assez éloquente, on n'y touchera pas une seule seconde. D'ailleurs il ne nous en laisse pas le temps, est déjà parti en courant dans les escaliers du Twenty Flight Rock d'Eddie et à la vitesse à laquelle il les escalade, on ne va pas le suivre longtemps.

 

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Les Hoop's démarrent en trombe. 45 en force. N'oubliez pas que nous sommes dans le Loiret. Faut vous y faire. Hoop's Rockabilly, ce n'est pas du hillbilly swing nasillard, plutôt de l'électric cat en rut qui saute sur tout ce qui bouge. Ne sont pas depuis dix sept secondes sur scène qu'ils abordent les vitesses de pointe. Ne redescendront jamais en dessous. Intervention commando.

 

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Suffit de regarder Jean Eric pour comprendre. Joue deux fois chaque titre. Avec les doigts sur la guitare, et c'est vif, tranchant et saignant. Découpé à même la chair. Puis avec son corps qui se plie à chaque cassure du morceau dont il mime et redessine chaque contour. Appuie surtout là où ça fait mal. Mais n'oublie pas les mimiques expressives, parfois il semble que ses yeux – très bleus - vont sortir de sa tête, mais non il les range dans son regard, et il profite de votre surprise pour vous asséner quelques notes en uppercut sur la carotide. Faut saisir au vol, sur King Creole, l'espace de trois secondes il adopte la pause du batracien repu sur sa feuille de nénuphar dans le bayou. Puis il vous décroche un riff alligator qui vous cisaille le cerveau en deux coups de mâchoires redoutables.

 

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La semaine dernière à Rocker Kulture Richard était resté fair-play. Placide. Puis l'air de rien il vous plantait quelques coups de poignard dans le dos. Ce coup-ci, il adopte une tout autre tactique. Méchant dès la première épreuve. Vous fixe bien en face et ne vous promet aucun cadeau, si ce n'est ces coups de boutoirs ultra rapides, recommencés avant qu'ils ne soient terminés.

 

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Le groupe tourne à fond. C'est Kevin qui se charge de la soudure des trois excités de devant. Vous recolle les morceaux à coups de caisse claire. Cloue et agrafe en même temps. Sacré boulot. Tient le rôle du berger qui ramène les brebis égarées sur le bon chemin du rythme carré. Mais les trois ostrogoths n'en font qu'à leur tête. Presque, parce que dans ce joyeux désordre, mine de rien les morceaux gardent leur singularité. Sont déployés sur un mode ultra-rapide mais terriblement efficace.

 

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Ont leurs compos à eux que l'on retrouve sur le disque. Tiennent la route. Memory - une sombre histoire de morts-vivants – bénéficie d'un éclairage verdâtre à vous faire regretter de n'être pas resté tout le week end chez belle-maman, s'affirme comme un futur classique. Kevin claque le rythme à la perfection. Le groupe est lancé comme un obus téléguidé qui cherche sa victime. Eclate au beau milieu du public qui ne s'en plaint pas. Serait même plutôt satisfait du résultat.

 

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Terminent aussi brutalement qu'ils ont commencé. C'est que l'on y prend vite guHoop's à ces fulgurances trépidantes. Ils ont tout donné mais l'on a tout pris. Et on n'est pas prêts à le leur rendre. N'ont qu'à recommencer. Pour le plaisir de tous.

 

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TONY MARLOW

 

 

L'on ne présente plus Tony Marlow. Dans les années 80 il officiait chez les Rockin' Rebels. Beaucoup d'aventures par la suite. Nous retiendrons qu'il accompagna Vince Taylor à la batterie. Aujourd'hui il est le créateur du concept Rockers Kulture, nous en parlions la semaine précédente. Si ses premières amours furent dévolues au druming, il est peu à peu devenu avant tout un guitariste renommé et c'est derrière sa Gretsch métallisée qui projette des reflets blancs de ventre de requin affamé que nous le retrouvons sur scène.

 

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Formation minimaliste. Contrebasse et batterie. Point à la ligne. Mais d'abord la guitare. Il a le son Marlow. L'on dirait qu'ils sont trois à jouer ensemble tellement il possède d'épaisseur. Et tout en finesse avec cela. Un son clair à la Shadows mais Tony soit qui mal y pense, survitaminé et surtout pas estampillé vieux style. Vole et plane haut. Vous emporte, et ne vous laisse plus tomber. L'on sent que le gars ne joue pas au hasard. L'a beaucoup écouté et intégré. N'y a pas que du Marvin là-dedans, du Burton, du Berry, du Link Wray, du Grady Martin et bien d'autres encore mais le mélange obtenu c'est du cent pour cent Marlow. L'a su créer sa propre pâte. Son propre style.

 

 

Maîtrise au millimètre près. Arrête son envolée en plein délire pour reprendre trente secondes plus tard à l'endroit exact où il avait mis sur pause. Une horloge. De précision. Doit être un bon prof. Ou plutôt un bon coach. La preuve lorsqu'il appelle le petit Nicolas sur scène, la jeune pousse est beaucoup plus détendue. Faut dire qu'il vient d'enregistrer un disque avec Tony Marlow ( à la batterie ) : Jamy and The Rockin' Trio ( en fait come les tris mousquetaires ils sont quatre ) chez Paradise. Little Nico est cette fois beaucoup plus crédible sur les standards de Cochran. Fine moustache blanche mon voisin me tape sur l'épaule pour me dire que du haut de ses quatre-vingt ans il apprécie cette transmission in vivo à la jeunesse. Me dit qu'il s'appelle Jacques et s'en va se trémousser sur la piste comme un adolescent.

 

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Marlow chante aussi en anglais et en français, ces titres-là me semblent sonner un peu moins bien. Nous sert un fastueux Raw Hide mais depuis un moment je n'ai d'yeux que pour le contrebassiste. Une dégaine incroyable. Le rock'n'roll personnifié. Gilles Tournon himself. Il suffit de citer son nom pour mettre tout le monde d'accord, a fait partie des Virginians d'Ervin Travis et on retrouve son crédit sur beaucoup d'enregistrements de french rockabilly ( souvent les meilleurs ). Je ne peux plus détacher mes yeux de sa personne. L'est dans son monde. N'y a plus que sa contrebasse et lui. Et encore je me demande si dans ces moments de turpitudes rock il arrive à penser à autre chose qu'à la musique qu'il slappe comme dans un état second. Rock'n'roll tour d'ivoire. Quelle leçon ! Quelle grandeur ! Solitude de grand seigneur.

 

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Je reviens à moi, juste pour me rendre compte que Jacques s'est lancé dans une espèce de quadrille enflammé en compagnie de trois jolies filles. L'a de la ressource le frère Jacques !

 

 

GHOST HIGWAY

 

( L'ordi refuse de prendre les photos des Ghost, désolé )

 

Il se fait tard. Ne restent plus que la dernière cohorte des passionnés. Les femmes et les enfants sont partis. C'est le moment de tous les dangers, les Ghost entrent en scène. Ne vont pas donner un concert, ils survolent. Sont tout sourire et de bonne humeur. N'ont pas joué trois mesures de Snatch it & Grab il que l'on sent qu'il va falloir s'accrocher car ils sont en pleine forme.

 

 

Déconcertants de facilité. La dimension au-dessus. D'emblée dans la stratosphère de l'aisance. Zio ne zieute même pas sa contrebasse, beaucoup plus intéressé par le public que par son instrument. A croire que c'est nous qui faisons le spectacle. Ne la regarde pas mais lui allonge de ses paires de claques à vous dévisser la tête et à vous faire sortir la cervelle par les oreilles. L'on dirait qu'elle est en pilotage automatique et qu'il se contente, sourire goguenard aux lèvres, de corriger sa trajectoire à coups de battoirs homériques dès qu'elle fait mine de vouloir baisser la cadence.

 

 

De l'autre côté Mister Jull agit de même avec sa Gretsch. Ne la frappe pas, mais l'air de ne pas y faire gaffe il en extirpe des notes à vous faire pâlir de jalousie. Trois gratouillous de rien du tout, en passant, et le riff vous encercle de sa ceinture de fer. Résonne dans toute la salle et vous revient en pleine gueule pour vous laminer le coeur. Géant.

 

 

Arno se marre – mais sans canards – littéralement. Grande forme. En verve. Sur Country Heroes, bye bye la nostalgie. N'a pas l'alcool triste comme Hank Williams III. Plutôt excessivement gai. Se lance dans une longue intro à l'espagnole. Arno à l'harmo se sent lâme flamenco, nous offre un festival fandango à mourir de rire. N'ai jamais vu les Ghost aussi heureux. Aussi rigolards.

 

 

Et ces sacrés cats retombent toujours sur leurs pattes. Sont comme ces garçons de café qui jouent au freezbee avec leur plateau mais sans jamais perdre la note. Ne vous inquiétez pas pour Phil, l'est en grande forme aussi. Tape comme un madurle sur ses caisses mais de temps en temps il se permet de petites fantaisies. Fait le cake pour se faire remarquer, et s'en vient en rampant siffler le verre de bière qu'Arno gardait au pied de son micro.

 

 

Autant dire que ça délire sec, Mister Jull nous chante – avec la salle qui reprend en choeur – l'hymne international de la quéquète qui colle, Zio nous prend en photo tout en baffant à mort son instrument qui n'y est pour rien, Arno imite Earl à la soirée de Rockers Kulture en sortant sa fausse set-list ( voir KRTNT 130 ), et Phil écrase ses caisses comme on bat sa femme sans haine mais méthodiquement.

 

 

Le grand cirque rock'n'roll et le groupe se paie le luxe de sonner comme jamais. Pas un pain, pas un imper, l'on baigne dans une euphorie musicale et lorsque ça se termine l'on devine que l'on ne se trempera pas deux fois dans un tel fleuve de jouissance pure. Jubilation impériale.

 

 

FINAL

 

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Terminent sur un Johnny Law d'anthologie qui met le feu aux poudres. N'ont pas eu le temps de débrancher les jacks que la scène est envahie par une nuée de musiciens. Y a neuf guitares sur scène, plus Zio qui tient sa contrebasse comme une gratte... chacun a droit à deux petits solos. Just for fun... Merci à Thierry Credaro pour une soirée de telle qualité, dire que l'on va recommencer quatre fois par an !

 

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Cinq heures du matin, je gare la teuf-teuf mobile devant la maison, pas de concert en vue pour ce dimanche. La vie qui sait être douce aux rockers peut aussi se montrer cruelle.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

Commentaires

hello,
merci pour cet article ...
tu as vraiment tout compris a propos de notre vision de la musique.
Jean-François (the black prints)

Écrit par : jeff | 18/02/2013

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