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28/02/2013

KR'TNT ! ¤ 133. / CHRIS ALMOADA / SPO DEE O DEE / PAT MCGINIS / HOT RHYTHM AND BOOZE

 

KR'TNT ! ¤ 133

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

littera.incitatus@gmail.com

 

28 / 02 / 2013

 

 

SPO DEE O DEE / PAT MCGINIS & HIS THREE STARS

CHRIS ALMOADA & THE BROKEN HEARTS /

THE HOT RHYTHM & BOOZE

 

 

VILLENEUVE-SAINT-GEORGES - 23 / 02 / 2013

 

 

troisieme

 

EIGHT O'CLOCK JUMP

 

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La teuf-teuf mobile roule plein pot vers Villeneuve Saint George la cité maudite aux mille labyrinthes, mais ce coup-ci nous possédons notre arme secrète, bien mieux qu'un GPS, un habitant du cru, en chair et en os. Avec Patrick ce sera du tout cuit, nous a déclaré Mister B et l'on a fait confiance. Remarquez ça avait très bien commencé, chez Patrick au coeur même de la ville piège, accueil sympa, apéritif roboratif, chat noir ronronnant, vidéos de Ricky Nelson plus un choix de titres tous azimuts sur lesquels on retrouvait Grady Martin et sa guitare magique.

 

 

C'est quand nous nous sommes lancés dans les explications qu'il y a eu comme un flou. «  Mais si tu sais y aller, c'est à côté d'un grand parc ! » et comme indication finale l'on a ajouté la cerise qui tue «  C'est à côté d'une cité ! ». Patrick nous a regardé avec commisération : « Des cités à Villeneuve-Saint-Georges, il n'y a que ça ». Exagérait un peu Patrick, n'y a pas que des regroupements d'Habitation à Loyers Modérés à Villeneuve, l'on y trouve aussi la plus belle collection au monde de panneaux de sens interdits. Il y est carrément impossible de tourner dans la direction que vous avez choisie, mais vous avez encore droit à des gâteries un peu spéciales : au choix ( nous on les a toutes essayées ) : la voie obligatoire qui débouche dans une impasse, la rue barrée, sans préavis, par une clôture grillagée, ou une autre variante, l'avenue condamnée par des plots de béton, enfin très marrante, la déviation qui vous ramène au point de départ, et autres joyeusetés du même acabit.

 

 

Seul Patrick gardait la tête froide et se dirigeait au feeling malgré nos approximations dans la bonne direction, pour notre part l'on commençait à envisager la seule hypothèse raisonnable – celle du suicide collectif – lorsque nos regards angoissés ont croisé la pancarte blanche marquée du doux nom de Rock'n'roll ! Sauvés. Enfin presque, c'était un sordide cul-de-sac étroit comme une sente de haute-montagne d'où s'enfuyaient – allez savoir pourquoi - des voitures remplies d'individus femelles que nous avons qualifiées, au faciès, d'institutrices de maternelle près de la retraite. C'était bien la salle André Malraux. Mais du côté opposé au parking. Pas le genre de détail à nous arrêter. L'on a stationné la teuf-teuf mobile sur l'unique place possible, juste en plein devant la porte d'issue de secours, manière que personne ne puisse s'échapper sans notre consentement, et nous nous sommes dirigés vers l'entrée. Payante. Vingt euros pour quatre groupes. Un rapport qualité-prix honnête.

 

 

CHRIS ALMOADA

 

& THE BROKEN HEARTS

 

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Entamaient leur second morceau lorsque l'on est rentré dans la salle. L'on a reconnu Chris tout de suite. Facile, c'était écrit en grosses lettres sur sa guitare. Non ce n'est pas une Gretsch mais une Aria ! Chris, calligraphié en caractères géants pour non-voyants à la manière des chanteurs country des années cinquante, plus des doubles croches qui sautillent sous le passage des cordes et trois étoiles pour que l'on ne doute pas de la qualité proposée. Un avantage sur vous chers KrtntReaders, Chris Almoada nous l'avions déjà rencontré au bar L'excuse ( nous n'en cherchons pas ) à Longjumau, le 8 juillet 2011 – voir notre soixante et unième livraison du 14 juillet de la même année ), il officiait alors comme guitariste dans Eazy Lazy – C – and his Silver Slippers.

 

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Mais en fait on l'aurait reconnu les yeux fermés, l'on a trop écouté le disque Come To New Orleans – chez Rydell's Records – pour oublier le son. Pascal Freyche à la contrebasse, fin, grand, figure allongée par une maigre barbiche à la Ho Chi Minh, Jean-Pierre Cardot au piano, une blonde mèche rebelle à la Jerry Lee Lewis échappée de sa gomina, mais la plupart du temps il sera à la guitare, et un batteur – je subodore Gaël Pétetin - qui finira par chanter un des derniers morceaux. L'ensemble dégage une immense cohérence. Rockabilly avec un relent de blues tenace comme la boue des bayous de la Nouvelle Orleans. Très symboliquement, Chris Almoada arbore une cravate rouge marquée d'une fleur de lys jaune sur fond bleu. Cocorico, notre french touch n'a pas été pour rien dans la concoction gestatoire du blues et du jass in the old Louisiana.

 

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Peut-être ai-je préféré les instrumentaux comme Come to New Orleans ( quel hasard ! ) qui n'ont qu'un seul défaut, leur brièveté. Mais ciselés à merveille. Très roots mais en même temps très moderne. La guitare de Chris fait toute la différence avec ce que l'on peut entendre ailleurs. Jamais le riff n'est donné pour le plaisir du riff, mais pour son interaction avec le changement de modalité rythmique qui suit. Beaucoup de subtilité et en même temps un maximum d'intensité. Au fil du set le tempo s'accélèrera doucement mais sûrement. Vers la fin et lors du long rappel, ce sera franchement très rock'n'roll, ça déménage sec. Un Rock Rock saignant, un Gone Really Gone, réellement bien parti. Un Rock Crazy baby à rendre votre petite amie folle de vous ( soyons gentil avec vos illusions ).

 

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Très à l'aise Chris Almoada, planté au centre de la scène il est le boute-feu du set. L'oeil du maître et le médiator du connaisseur. La voix est encore meilleure que sur disque, plus chaude, plus ample, plus détendue en même temps que plus percutante. C'est une chance de savourer Chris et ses Broken Hearts, ils tournent surtout dans le nord de notre doux pays et beaucoup en Belgique. Mais trêve de regret, laissons la place à la nostalgie ! Chris demande à Chris de monter sur scène. Non il n'est pas atteint de dédoublement de la personnalité ni de schizophrénie chronique. C'est Chris l'ancien leader d'Easy Lazy qui s'en vient s'emparer d'une Fender de Chris et c'est reparti comme en 2011 pour de longues glissages endiablées saumonées au savage rock'n'roll...

 

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Mais comme tout à une fin, on les a laissés partir. Se sont éclipsés rapidement, l'on aurait bien aimé discuter avec Monsieur Almoada de ses projets et de son passé, l'était présent au commencement du commencement, lors de la naissance du rockabilly français au tout début dans les années 77-78. Un pionnier, mais qui ne se repose pas sur ses lauriers d'ancien combattant, qui n'a pas encore délivré tout ce qu'il a dans le ventre et qui arrive à maturité.

 

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SPO DEE O DEE

 

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Le genre de nom que mémorisez de travers. Un classique du rock'n'roll, immortalisé par Johnny Burnette et Jerry Lee Lewis – difficile de posséder plus grande caution morale rock – mais avant tout une chanson à boire due à l'étylique inspiration du blues-man Sticky McGhee. Devenue l'appellation contrôlée d'un des groupes de rockab les plus connus d'Allemagne. Sont de Berlin et les voici qui font le mur de par chez nous.

 

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Par devant, deux grands échalas, Andy Warren et Ike Stoye, se partagent le chant et la guitare. Gregor Gast est à la batterie. J'étais en train de discuter sur le côté de la scène sans les regarder – je sais ça ne se fait pas, mais je l'ai fait et n'en ressens aucun remord – j'aurais juré que Ralf Sommer usinait sur une simple basse. Lorsque je me suis tourné j'ai dû convenir qu'il tenait en main une grosse contrebasse. Je ne cherche pas d'excuse mais le son était si rapide et si électrique que l'on aurait pu les prendre pour un groupe proto-stoner.

 

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Mais non, ils ont réduit la voilure et ont commencé à nous livrer un bon son rockab garanti vintage de derrière les fagots. De la belle ouvrage, mais sans imagination. J'ai un peu décroché, les ai surveillés du coin de l'oeil mais en ai profité pour faire un tour dans les stands. Posters plastifiés de nos idoles chéries, boucles de ceinturons et roses rouges à s'accrocher dans les cheveux pour les filles qui suivent la mode fifty, Chez Rockin Recods me suis dégotté le Live at The Hamburg de Jerry Lee, version vinyle de chez Teddy Bear, avec la pochette intérieure qui se déplie comme les livres pour enfants, et petit trésor à sept euros, le 45 tours de Vince Taylor Live in Paris, avec en face B, l'interview donnée par notre rocker national ( on annexe ) préféré réalisée après le saccage du Palais des Sports en 1961. Un semi-pirate qui me manquait.

 

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Mais il serait temps de revenir à nos bergers ( allemands ) du rockab germanique. Ont profité de ce que j'avais la tête occupée pour filer à l'anglaise. Ne vous alarmez point, sont toujours à la même place, mais ils ont changé de braquet. Z'ont adapté un moteur sur leur bicyclette post hillbilly. Bye bye les collines des Appalaches, ils foncent à tombeau ouvert sur la mythique route 66. J'exagère un tantinet. 63 suffira. Z'ont de nouveau électrifié à outrance leur rock et ils filochent à toute vitesse. L'on se croirait sur une Gitane Testi. Ca file tellement vite que je vous conseille de vous retourner afin de vérifier que vous n'avez point perdu en route votre petite amie. Mais ils ont su emballer les morceaux tellement bien que tout le monde applaudit. Etrange orchestre qui picore à tous les râteliers. Ne veulent fâcher personne. Vous rend la monnaie et la pièce. Comme avant et comme maintenant. Pour le futur, on vous dira cela plus tard. Ne laisseront pas un mauvais souvenir, mais rien d'impérissable non plus. Sont un peu hors-débat. Tout se jouera entre les deux groupes qui suivent.

 

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PAT McGINIS

AND HIS THREE STARS

 

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Une heure de dance-floor à supporter avec des couples déchaînés qui vous bousculent de tous côtés. L'en faut pour tous les goûts comme disait ma concierge philosophe. Quand la lumière s'éteint et que le groupe entame son set c'est le soulagement général, les uns peuvent à loisir recouvrer leur souffle et les autres vérifier de visu l'aura sacro-sainte qui a précède le groupe depuis des mois. Une vidéo ne remplacera jamais un concert.

 

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Viennent du Nord, pas du grand mais d'un pays tout de même coupé par le cercle polaire, de Suède. Nation à qui Carl Perkins a octroyé depuis plus d'un demi-siècle un label cent pour cent rock avec ses fameuses Blue Suede Shoes. Pat Fenlund n'a que vingt-cinq ans et depuis trois ans il est la coqueluche des milieux rockab. Faut lui reconnaître qu'il est doué, une voix magistrale, à la Johnny Horton, plus américaine que le plus bouseux des natifs du Texas. Un don de dieu, ou du diable, ou de personne. L'est né avec, un cadeau de la nature. Mourra peut-être avec, s'il arrive à la préserver. Avec un tel organe, point besoin d'imagination, l'inspiration coule de source. Une fois que vous avez trouvé des musicos qui touchent, l'affaire est dans le sac. Avec Robin Andersson sur sa gauche capable de lui refiler pendant des heures un swing de slap imperturbable quoique sans monotonie, et Johan Jonasson qui lui découpe sur mesure de riffs d'acier ( suédois ) trempé et inoxydable, Pat Fenlund a gagné le gros lot du rockabilly avant même le tirage.

 

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Personne ne l'attend au tournant et dès la première seconde du set tout le monde s'est massé sur la ligne d'arrivée pour l'ovation triomphale. Manifestement la foule s'est déplacée pour lui. Des connaisseurs enthousiastes, qui ont parfois parcouru plusieurs centaines de kilomètres pour l'applaudir. A peine les premières notes d'une intro sont-elles distillées que le public reprend le refrain en choeur.

 

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Donne de sa personne, un peu ridicule sous son chapeau de cow-boy blanc et ses yeux d'un bleu naïf qui le rajeunissent encore davantage, il assure une rythmique d'enfer sur sa guitare non électrifiée. Se contente d'un micro pour transmettre le son. Bombarde les strings de vifs mouvements du poignet. Cassera une corde, puis deux, puis trois, sans pour autant s'arrêter. Peut y aller en confiance avec le boulot qu'effectue Jonassons sur sa Gretch, l'est pas prêt de manquer de munitions. Petit incident qui en dira gros sur l'énergie qu'il déploie. Subitement un vaisseau de son nez éclate et il doit s'enfourner dans la narine un bout de coton pour étancher la fuite. Mister B. me soutient qu'il est coutumier du fait à chacune de ses prestations.

 

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Vous l'avez remarqué un + trois égalent quatre, mais avec eux l'on en restera à trois, pas de batteur. Malade ? Viré ? Retenu au pays natal ? Vendu pour se faire de l'argent de poche ? L'on n'en saura rien. Vous savez moi et le suédois... En plus, c'est encore plus authentique que nature, la batterie qui nous semble aujourd'hui indispensable dans un groupe, n'a été introduite que bien tard dans les formations de musiques populaires. N'était pas fondamentale, l'on marquait le rythme avec n'importe quoi, le bois de la guitare ou le bout du pied du violoneux. L'on touche au hillbilly primitif. Chant et claquement des mains dans les fermes isolées. Agreste et rural, pensez à la poétique appellation de la contrebasse, Bullfiddle qu'ils l'ont surnommée, le violon qui voulait se faire aussi gros qu'un taureau.

 

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Succès complet. Ce qui n'empêche pas dehors les conversations d'enfler en intensité durant la reprise du Dance-floor. L'éternelle querelle des Anciens et des Modernes. Un show impeccable : musicos au top, et vocal au poil. Me rangerai plutôt parmi les modernes. La musique c'est comme les filles. Une beauté trop parfaite peut paraître fastidieuse. Je préfère les tromperies et les surprises du charme. Et puis cette impression de monotonie avec ce riff sur les cordes du haut qui revient à chaque fois comme l'aiguille de la pendule, immanquablement sur le chiffre douze. Quant à la voix sans fêlure, qui ne porte la trace d'aucune traversée orageuse, elle ne m'émeut pas. Irréprochable mais elle ne contient ni la colère, ni la peur, ni la hargne, ni la lassitude, ni la violence, ni la tendresse, ni le désir, ni le manque. Le genre de gars trop lisse à qui vous n'avez rien de rien à reprocher mais dont vous savez que vous ne l'accepterez pas parmi vos amis.

 

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Comme pour abonder dans mon sens, je remarque que beaucoup de ses vidéos sur You Tube sont créditées de scores très décevants. N'attire pas tant de monde que cela, hormis le noyau dur des puristes et la nébuleuse plus tendre des connaisseurs. J'y vois aussi la preuve par l'absurde d'une certaine authenticité. Pat McGinis ne caresse pas le public dans le sens du pop.

 

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HOT RHYTHM AND BOOZE

 

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Le débat ne fera que rebondir après le passage de Hot Rhythm and Booze. Nous les retrouvons avec plaisir, les trois quart de l'effectif proviennent d'Easy Lazy, Chris, Lulu et Manu, et les derniers vingt cinq pour cent se sont condensés en Vince Harris, ce beau jeune homme qui nous avait tant inquiété lors de notre première rencontre au mois de juin dernier ( voir livraison 106 ) mais qui semble plus que guéri de la monstrueuse tendinite qui l'avait tant handicapé...

 

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Plus qu'un mauvais souvenir à la façon dont il intervient sans arrêt sur le laminage rythmique de ses trois condisciples. Des notes de feu. Etincelles et escarboucles. Commande la bordée de tribord. La babord est aux ordres d'un passager clandestin, un fameux pirate, Jean-Pierre Cardot, qui s'est installé au piano et qui durant tout le set fera preuve d'une énergie débordante plaquant accord sur accord, laissant s'envoler des traînées de notes sans fin, martelant sauvagement les touches, pratiquant avec une joie tellement communicative toutes les arcanes du pumpin piano à la Jerry Lee que bientôt il sera rejoint sur le clavier par un membre du public désireux de prêter son concours à de telles cavalcades. Nous les aurons donc parfois à quatre mains puisque selon la sainte loi des jouissances partagées, plus on est de fous, plus on s'amuse.

 

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Ne seront pas de trop de deux car Vince les défie sans arrêt. Pincées de guitare balancées à toute vitesse et rincées de notes bazardées à tout barzingue. C'est que dans le même temps, au milieu l'on ne chôme pas. Chris est au micro et à la rythmique, enfile les tubes à la pelle d'Heartbreak Hotel à She's a bad motorcycle, de Diamond Rock à Let's rock, ça coule comme un coulis de framboise au testostérone. Lulu enchaîne les breaks bras en avant, passe toujours par le chemin où on ne l'attend pas mais percute le fût à l'instant précis et nécessaire. Seul Manu a l'air de ne pas s'en faire. A confiance en sa contrebasse. Part du principe qu'elle répond au doigt et à l'oeil à toute sollicitation. Comme le balancier de la pendule qui s'écarte tantôt à droite et tantôt à gauche pour retomber pile dans l'axe central du rythme impavide.

 

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Un jeu en totale opposition avec celui de McGinis. Ce n'est pas la rondeur équidistante du riff qui définit la mesure de toute intervention, c'est l'inspiration de Vince qui jette de l'huile sur les flammes : à ses compères de choisir à chaque fois s'ils veulent jouer au pompier ou au pyromane. Le morceau se construit un peu aléatoirement selon la volonté de chacun. Peut en résulter un certain désordre, parfois il faut se rattraper aux petites branches mais l'ensemble qui intègre une certaine dimension de risque n'en est que plus palpitant. C'est pêchu et goûteux. Les fruits ne sont pas calibrés au millimètre près mais le goût est souvent plus âcre et quelquefois davantage sucré. Les saveurs de la vie.

 

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Le set se termine malheureusement en queue de poisson. L'arête en est restée au travers de la gorge de beaucoup. A deux heures trente tapantes, on coupe l'électricité aux musicos. Lulu essaie un barouf d'honneur et de survie sur sa batterie mais l'orga ne remettra pas le jus. Manque de tact. Il eût été tellement plus respectueux d'attendre deux minutes que le groupe arrivât à la fin de son morceau... Plutôt incroyable, d'autant plus qu'aucune explication ne sera donnée. Entre un terrain de foot et un centre commercial, le risque de gêner le sommeil des riverains reste des plus hypothétiques... Déjà que le son n'était pas génial, faudrait pas que les organisateurs de telles manifestations conviviales ne se transformassent en prestateurs de services minutés...

 

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RENTREE AU BERCAIL

 

 

 

Merci à Patrick de nous avoir conduit dans la bonne direction malgré nos fumeuses indications ! Gloire à la teuf-teuf mobile qui nous a tous ramenés sains et saufs au bercail sur des routes recouvertes de neige – la surprise de la nuit - et totalement verglacées sur les derniers kilomètres. Pas de quoi nous faire regretter une soirée si contrastée qui résume à elle seule la problématique de la survie de notre musique. Ô Rock'n'roll !

 

 

Damie Chad.

 

( Les photos du concert ont été fauchées sur le facebook des artistes )

 

 

records

 

 

JAMY & THE ROCKIN' TRIO

 

SALLY WANTS TO ROCK

 

 

 

Honey Bun. Sally wants to rock. Pepper hot Baby. That's what you are. Corrine, Corrina. Please mama please. First ride. Crawdad hole. That rockin' cat. Starlight, starlight. It's late. P. T. Cruiser. Little mama. Ileana. Gwendolyn.

 

RPRCD 26. Rock Paradise.

 

 

Jamy : Jean-Michel Moglia : vocal + guitareoustique / Little Nico : Nicolas Caseau : guitare solo / Gérard Rocky Babbucci : contrebasse / Tony Marlow : batterie.

 

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Chez Rock Paradise bien sûr, enregistré au studio de Mister Jull une connexion efficace qui s'avère être un des tremplins actuels les plus importants pour le rockabilly national. Un nouveau groupe qui commence pratiquement par le disque. Mais pas exactement des nouveaux venus : Tony Marlow qui repasse derrière les fûts où il officiait chez les Rockin Rebels dès 1977, et Rocky Babbuci ancien des Cotton Pikers avec Jamy Moglia. Mais l'oreille se porte naturellement sur la guitare de Little Nico qui n'a pas seize ans. Se débrouille pas mal du tout. Ne faut pas lui demander l'impossible, son jeu reste très classique et il ne sort pas des clous de la tradition. Laissons-lui le temps de grandir.

 

 

Jamy mène la danse. Il a signé presque la moitié des morceaux , s'en tire plutôt bien car elles ne déparent le reste des reprises chipées à Larry Donn, Dorsey Burnette et même Presley. Manifestement inspiré par Elvis, voir le très beau slow Gwengolyn, Jamy sait s'en détacher pour les titres les plus sauvages. Sa voix mixée très en avant n'est pas sans évoquer les enregistrements de nos années 60, mais ce n'est qu'un parfum agréable pas un tic lourdingue trip radio-nostalgie pleurnichard. Par derrière ça swingue méchamment bien. Entraînant, L'on sent qu'ils ont pris un pied d'enfer à réaliser le bébé.

 

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Rien de neuf sous le soleil, mais un disque pour exposer et liquider de solides acquis qui donne envie de les rencontrer sur scène, et qui suscite le désir d'entendre le suivant qui pour être aussi réussi que celui-ci devrait être le moment aventureux d'un certain renouvellement. Mais n'anticipons point, profitons de notre plaisir.

 

 

Damie Chad.

 

 

ROCK'N'ROLL REVUE. N° 63.

 

( Octobre / Novembre / Décembre 2012 )

 

 

La revue de pointe spécialisée dans le rock des pionniers, au sens très large de cette appellation. La preuve, si les pages centrales sont dévolues à des repros couleurs de 45 tours rares d'Elvis Presley édités en Espagne, en Europe, en Australie, en Argentine, d'importants articles sont consacrées à Sanford Clark, ce qui me permet de comprendre comment Lee Hazelwood avait pu approcher Nancy Sinatra et à Richard Berry dont on oublie trop souvent qu'il fut le créateur de Louie Louie, un des morceaux constitutifs de rock garage américain.

 

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Très intéressant aussi l'histoire du morceau Rock Around the Clock, pensai que Bil l'avait découvert un peu par hasard ( objectif ) sur Sonny Dae & his Knights, il n'en est rien Bill l'aurait bien enregistré en premier mais... la suite de l'histoire est assez compliquée et je vous laisse la découvrir par vous-même. Le titre possède même sa préhistoire tout aussi passionnante – quand je pense aux reproches qu'ont endossés Hallyday, Mitchell et Rivers pour leurs reprises, étaient bien loin des « inspirations » américaines ! - et Bernard Boyat nous promet la suite des pérégrinations au prochain numéro... Va falloir s'abonner.

 

 

Rock anglais. Jacques Barsamian – le premier rocker français – s'en charge. Article sur Marty Wilde, années 1957 – 1959, les meilleures. Avec Larry Parnes en Pygmalion et la maison de disques Philips qui impose un grand orchestre au lieu d'enregistrer avec son groupe les Wildcats, Brian Bennett, Bobbie Clarke, Big Jim Sullivan et Brian Licorice... faudra attendre une nouvelle génération avant que les artistes n'aient leur mot à dire sur leur enregistrement. Tommy Steele, Marty Wilde, Cliff Richard – remarquez l'ordre chronologique d'apparition auront essuyé les plâtres... L'on comprend le découragement de Marty Wilde et la lourde dépression qui suivra, lorsqu'il annonce en 1959 qu'il se consacrera désormais à la chanson de qualité au détriment de ce rock trop sauvage...

 

 

Revue indispensable.

 

 

Damie Chad.

 

 

JUKEBOX MAGAZINE. N° 315.

 

Mars 2013.

 

 

 

Chaussettes Noires en couverture. Supers souvenirs de Bernard Bayoux qui les voit et les rencontre, en 1963, lors de leur passage à l'Olympia et dans le Hall d'Europe 1. De grands moments mais déjà ce ne sont plus les grandes cohues tumultueuses de fans des années précédentes...

 

 

Rock anglais. L'on retrouve – quelle surprise ! - Jacques Barsamian qui nous donne la suite de son article sur Billy Fury, parue dans le numéro 303, suffisait d'avoir un peu de patience. La même histoire que pour Marty Wide. Larry Parnes et la maison de disques – c'est Decca, mais c'est exactement la même chanson – estiment que leur poulain aux oeufs d'or les pondra en platine s'il abandonne le rock un peu trop bruyant qui ne plaît pas au grand public. Manque de chance les premiers titres enregistrés dans cet optique se vendront comme des petits pains, pardon d'énormes portions de pudding. Fury n'ose rien dire, évidemment au bout de trois ans la formule n'est plus aussi juteuse mais le créneau rock est occupé par de nouveaux venus... Sur scène Billy gardera longtemps ses titres rock qu'il interprètera toujours avec autant de maestria et de fureur. De santé fragile et grand amateurs d'excitants comme l'alcool ou d'adoucissants comme le ja-ja Billy Fury succombera à l'âge de quarante quatre ans à une crise cardiaque. Si son nom reste encore très respecté de nos jours en Angleterre, l'on ne peut s'empêcher d'avoir la nausée devant une carrière saccagée par la rapacité des supports artistiques.

 

 

Finies les rééditions de Disco Revue, ce coup-ci l'on passe à 15 à 20, le dix-septième numéro du mensuel de novembre 1967, belles photos de Noël Deschamps et de James Brown, le reste nettement moins intéressant, mais d'époque comme on dit. Un article sur les Zombies plus les chroniques habituelles, News, Disques, Livres...

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

 

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