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07/02/2013

KR'TNT ! ¤ 130. ROCKERS KULTURE # 5

 

KR'TNT ! ¤ 130

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

07 / 02 / 2013

 

 

 

rockers kulture

 

FRENCH ROCKABILLY SCENE # 5

 

 

NEW MORNING / 02 / 02 / 13

 

 

PERFECTO / SEVRIAN VETS / ANGRY CATS /

 

EARL AND THE HIGHTONES / MEGATONS /

GUN SALOON  ESPECIAL / HOOP'S 45 / OL BRY / ATOMICS  / WILD BOOGIE COMBO / ATOMIC CATS

 

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Grande honte. C'est le cinquième French Rockabilly Scene et nous n'en avons pratiquement jamais parlé. A peine avons-nous chroniqué la première compilation ( voir KR'TNT 25 du 04 / 11 / 10 ), en tout cas nous n'avions jamais assisté à une des soirées organisées par Tony Marlow. Aussi ce soir pas de tergiversations. Malgré l'averse de grêle l'on s'entasse dans la teuf-teuf mobile direction Paris. Un petit tas tout de même, car je me retrouve tout seul. Même le chien a refusé de descendre du canapé après avoir jeté un coup d'oeil dégoûté au jardin devenu tout blanc. Je ne voudrais pas être méchant mais la semaine dernière avec un temps aussi pourri, il y avait davantage de monde pour les Jallies. Serait-ce que le charme de nos trois demoiselles serait particulièrement attirant ? Pas du tout, chez KR'TNT on est insensibles aux privilèges extra-musicaux. La preuve : le concert des Jallies fut un régal. Pour nos oreilles. Les yeux aussi d'ailleurs.

 

 

Traversée sans histoire, me voici devant le New Morning. Un lieu culte. Non, le lieu culte. Même si je n'y ai encore jamais mis les pieds. Depuis trente ans tous les grands du jazz sont passés en cet endroit. Plus les musiques annexes, soul, funk, reggae. Je ne citerai pas de nom si ce n'est celui de Rufus Thomas, que j'adore. Le site a ouvert le 16 avril 1980 – l'on voit bien que sont des fans de jazz, les rockers auraient attendu le 17 – et depuis la programmation est des plus méritoires.

 

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J'arrive un peu en avance. Personne. Pas un chat. Mais au café d'en face quelques cats se pourlèchent les babines devant le comptoir. La porte s'ouvre, surprise c'est Richard des Hoop's en conversation avec Hugo des Atomics Cats qu'il me présente. Mais il est temps de rentrer dans le saint des saints. Long et large couloir qui débouche sur une grande salle encadrée de piliers, des ailes surélevées sur le côté, et la scène tout au fond.

 

 

AVANT L'ORAGE

 

 

Reste une vingtaine de minutes avant le début des festivités. Le temps de dire bonjour à toutes les connaissances. Surtout Dan, des Burning Dust. Rappelons que la première livraison de KR'TNT du 01 / 05 / 08, alors sur papier, était un compte-rendu d'un concert de Burning Dust. Mais depuis Dan a jeté l'éponge. Vingt ans sur les routes vous usent facilement. Les Burning se sont transformés en Earl And The High Tones, mais Dan n'a pas lâché le morceau. Les manage toujours, mais il a aussi pris plusieurs autres groupes sous son aile comme les Angry Cats, et il continue à composer. Bref, un Dan en pleine forme débordant de projets et qui n'a pas fini de nous surprendre.

 

 

Taisons-nous, Tony Marlow a pris le micro, pour son petit speech d'accueil, ne dit que l'essentiel, remercie Rock Paradise, Guitare Extrême, New Morning, et en quarante deux secondes ( chrono en main ) il laisse la place au premier groupe.

 

 

LES PERFECTOS

 

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Sont deux. Non sont trois. En fait deux. M'explique – n'accusez pas les mojitos du bar - deux en perfecto et un bassiste sur la gauche, très discret. Mais c'est un duo. P'tit Rockeur à la guitare, et Doc Lou à la classe claire et à l'harmonica. Parti pris minimaliste. Comme si ça ne suffisait pas, se sont encore imposés une contrainte. Chantent – chacun son tour - en notre douce langue, de fait le seul groupe 100 % cent français de la soirée.

 

 

Très chouette, en trois titres n'ont pu donner que quelques facettes de leur talent. Des textes originaux qui racontent une histoire, retrouvant ainsi la veine de la chanson réaliste française, tout en flirtant avec la naïve stupidity des lyrics de nos premiers groupes : «  Josette , qu'est ce que t'en jettes ! ».

 

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Peu d'instruments, du coup la voix prend davantage d'importance et ce sont les césures du texte qui découpent l'instrumentation des morceaux. L'ont compris puisqu'ils se présentent comme un groupe de rock'n'blues. Rock pour la mythologie blouson noir revisitée, et blues pour cette façon de conter la déprime moderne de notre jeunesse. Beaucoup de dérision et refus de trop se prendre au sérieux. Mais attention le Blues qui rit est aussi triste que celui qui pleure. Entre les mots et les rimes court le constat amer d'une existence pas toujours rigolote. Contrairement aux idées véhiculées par le rockabilly américain les rockers ne culbutent pas tous les jours des super poupées sur les sièges arrière de la première cadillac qu'ils croisent. D'abord dans les rues de Paris, il n'en passe pas tant que cela et les rockers prennent plutôt le métro. Mais gardons l'optique Cadillac Rock dans le coeur, car le plus gros défaut des rockers français c'est de s'abaisser à rouler en Renaud.

 

 

Caisse claire mais guitare très électrique. Un son inauthentiquement rockabilly. Mais il est bon de secouer les cocotiers. On peut s'en tirer en leur collant l'étiquette néo-rockabilly qui ne mange pas de pain. Définirai plutôt cela comme imaginative and experimental french rockabilly. A suivre.

 

 

THE SEVRIAN VETS

 

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Après la jeunesse, les vétérans. Après l'innovation, la tradition. Tony Marlow s'installe à la batterie, les frères Lherm au vocal et Mimi King à la basse. Ballade plein sud. Pas la Provence et les cigales, le delta avec ses bayous et ses alligators endormis. Aucune surprise l'auto-radio diffuse de la bonne musique. Belle voix légèrement nasillée de Bruno, preste silhouette longiligne en jeans usés, l'on ira ainsi jusqu'à la Nouvelle Orleans. Rien à reprocher. Le rêve américain par des petits frenchies qui au bout de cinquante années de poursuite, pas obligatoirement vaine, ne sont pas encore prêts à le renier. Applaudissements nourris, mais le genre de musique bien envoyée qui met tout le monde d'accord. Moi le premier.

 

 

 

ANGRY CATS

 

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Petit avertissement de Tony Marlow. Angry Cats est un groupe à conviction. Je précise anarchisantes pour ceux qui ne lisent pas entre les lignes. L'on prononce ce genre de phrase lorsque l'on s'attend à quelques remous dépréciateurs. Mais tout le monde avait compris avant que le trio ne se lançât à jouer, la courte balance pour régler les retours nous en avaient déjà mis plein les oreilles. Avant ce soir les Angry cats ont traversé bien des paysages musicaux différents comme le punk par exemple.

 

 

Angry Cats se contrefout de la réverb estampillée Sun. Fred Alpi qui mène le combo ne cherche pas à reproduire le phrasé perdu de Grady Martin. La guitare pour lui, c'est gros son et tout électrique. De quoi électrocuter un puriste au deuxième accord. Ou ça passe, ou ça casse, a semblé dire Tony Marlow, les Angry Cats cassent la baraque et passent la ligne d'arrivée en vainqueur.

 

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Le rockabilly ce n'est ni le son ni l'authenticité, mais l'énergie et la volupté. Les chats en colère ne se contentent pas de ronronner, chassent l'aventure sur les gouttières. Ca sent le baston et la rébellion. Explorent l'autre côté du rock'n'roll, pas l'instant festif, mais la face révoltée. A peine trois groupes de passé et les lignes de force de ce cinquième Rockers Kulture se dessinent. Le programme très intelligemment concocté oscille entre fidélité et modernité. La majorité du public rockab censée être très passéiste par essence commence à perdre ses oeillères. Le débat ne se situe plus entre cats et teddies, ni entre fifty-rockab et Stray cats dont l'apparition date de plus de trente ans. L'audience qui est en train de se renouveler pousse à la roue d'une redéfinition des tables de la loi. Les nouveaux groupes qui apparaissent n'éprouvent pas envers le son des années post-soixante le rejet générationnel des premiers combos issus de la renaissance des années quatre-vingt. Les choses bougent beaucoup plus vite qu'on ne le pense.

 

 

EARL AND THE HIGH TONES

 

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Quatuor de choc. M'ont impressionné par leur facilité et leur aisance. Pure rockabilly, surtout si on les compare à Angry Cats. Dominent leur sujet. Earl mène son monde à tout berzingue. Phil qui bastonne sur sa batterie et Vince qui cartonne sur sa basse assurent une rythmique d'une précision absolue. Les deux guitares peuvent s'en donner à coeur joie. Andras s'amuse comme un fou. Vous prend toutes les six secondes une pose de guitar-hero à étonner les appareils photos. Earl le rejoint parfois, et ils vous font alors des voltes-faces d'une précision parfaite, dignes des cadres noirs de Saumur.

 

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Earl est en verve. Nous sort trois fois le coup de la fausse set-list, puis arrête tout à coup pour se livrer à une confession publique. Avec un tel énergumène l'on s'attend au pire, il a dû pousser trois mémés ( au minimum ) sous le métro en venant au concert. Hélas non, il a commis un crime bien plus horrible. Pendant vingt ans il a craché sur... son propriétaire ? Son percepteur ? Son directeur de conscience ? Vas-y, avoue Earl, on te pardonne ! Non, on ne peut pas ! sur Ricky Nelson ! On aurait dû l'abattre sur place mais il joue trop bien pour que l'on se prive d'une des meilleures prestations de la soirée.

 

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Comme quoi il est encore possible de mijoter les meilleures soupes dans les vieilles marmites du fifty sound. Authenticité et énergie se marient très bien ensemble. Les High Tones en apportent une preuve irréfutable.

 

 

MEGATONS

 

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N'étaient pas prévus sur l'affiche. Petite douceur glissée dans la pochette surprise. Costumes de scène blancs et noirs amidonnés de près. A mon avis, seront un peu desservis par le son, ou de mixage car l'on n'entend pas assez le sax. Devrait être devant, en première ligne, en tête de la cavalcade, mais là il est noyé parmi les guitares. On les a assez souvent présentés chez KRTNT pour que le lecteur ne soit pas déçu, mais c'est d'autant plus regrettable qu'ils étaient en forme. Vous promets qu'à la première occasion on les ressortira de leur rock garage des toute premières années des sixties.

 

 

GUN SALOON ESPECIAL

 

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Tony Marlow nous prévient. Malgré le nom ce n'est pas un groupe country. L'on aime bien Tony et l'on ne voudrait pas le contrarier, nos trois pistoleros sont tout de même engagés dans un sacré tumulte dans les grandes plaines de l'Ouest. Ca pue le western, crottin de cheval et odeur de poudre, à plein nez. Pas les scènes du début, quand les charriots cheminent avec une lenteur d'escargots asthmatiques sur les premiers contreforts des Rocheuses. Plus tard quand les Apaches attaquent. Pas la cavalerie légère menée par Hank Marvin, une autre tribu montée sur des apaloosas à huit pattes qui galopent en laissant des traînées de feu derrière eux. La contrebasse de Dan Deluxe en est toute noire, des flammes femmes y dessinent de leurs silhouettes claires et graciles les mouvements d'une ghost-dance gorgée de menaces.

 

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Chantent un peu, mais on ne les écoute pas. Seule résonne dans notre tête la guitare d'El Babuino qui ronfle, rumble et rugit à tous crins. Sauvage et lyrique, grandiloquente et épique. L'ouest défile sous nos tympans, c'est extraordinaire tout le bruit que l'on peut tirer d'une guitare. Espécial ce parti-pris instrumental, ce dernier saloon où l'on tire à vue est des plus convaincants. Conseil n'allez pas défier El Babuino sur son terrain, ce mec-là gratte plus vite que son ombre. Rockab-spaghetti, un plat qui se mange froid. Comme la vengeance d'un psychorider maniaque qui a juré de vous pendre aux six cordes de sa guitare. Haut et court, bel et bon.

 

 

Forte impression, le groupe qui suivra aura intérêt à faire parler la poudre s'il veut éclipser le souvenir du passage de la horde sauvage. Cinq étoiles. De shérif.

 

 

HOOP'S 45

 

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Ce sont les Hoop'45 – désormais managés, par Dan ce qui nous permettra de les voir plus souvent sur scène. Le 45, c'est parce qu'ils viennent du Loiret, ce n'est pas le colt. N'en ont pas besoin. En quatre ou cinq morceaux – pas eu le temps de les compter, ils vont nous faire le coup de la tornade. Après leur passage l'on entendra partout la même réflexion : «  Je ne les avais jamais vus sur scène, qu'est-ce que c'est bien ! Qu'est-ce que c'est fort ! ».

 

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Steph au centre, guitare rythmique en transe, n'a pas chanté, l'a craché du feu tout le long du set. L'a tout sorti, les tripes, les nerfs, et le rock'n'roll, transporté, hors de lui même, la voix n'est plus qu'un rugissement, une transe communicative qui s'est répandue dans le public. Nous sert un Gene and Eddie des Stray Cats à remuer les deux grands ancêtres dans leur tombe.

 

 

Faut dire qu'à l'autre bout de la scène Jean Eric l'a poussé dans ses retranchements, riff sur riff, une trouvaille toutes les quinze secondes, la fièvre des grands soirs, un corps à corps avec l'instrument, violent, incessant, leçon de guitare gratuite pour tout le monde, nous a cisaillé le coeur et transpercé le corps de ses notes, tellement dans son jeu qu'il nous a donné l'impression d'avoir ourlé tout le long du set un solo ininterrompu de vingt minutes. L'a smashé tout le monde. Moment d'extase endiablée où tout bascule dans une autre dimension.

 

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Richard, derrière son électrique, un sourire goguenard aux lèvres du genre vous voulez du Hoop's, l'on va vous en envoyer une charretée rien que pour vous, tissait des lignes de basse plus noires que l'enfer, un canevas volcanique sur lequel ses deux acolytes tissaient leurs téméraires embardées. Ne me demandez pas ce que trafiquait Kevin sur sa batterie, il y avait trop à regarder avec les trois mousquetaires de la première ligne. Mais vu la rapidité avec laquelle ça filochait, n'a pas dû avoir le temps de compter les mouches au plafond.

 

 

Fallait entendre l'ovation quand ils ont arrêté, avec en même temps ce silence, le calme après la tempête, et le brouhaha de contentement qui est monté de la salle. Un grand moment.

 

 

OL BRY

 

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Le groupe le plus surprenant. Les lecteurs de KR'TNT connaissent un peu puisque Eddie le chanteur était monté sur scène avec les Atomics ( livraison 122 du vingt décembre dernier ). Un mec gentil, sympathique, simple avec qui l'on avait discuté assez longtemps. Nous avait rencardé pour cette soirée, presque en s'excusant du manque de maturité de son groupe.

 

 

Oui mais maintenant qu'ils sont sur scène les Ol Bry, faut changer de braquet. D'abord Eddie, impérial, au centre de la scène, visiblement le boss, sûr de lui et de sa musique. Je n'ai pas dit un tyran, non quelqu'un d'habité, qui ne se contente pas de reproduire à l'identique le répertoire rockabilly, que manifestement il connaît par coeur.

 

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Sacré mélange ce combo, Rémy, un sax qui vient du jazz, Marcelo, un batteur qui sort du Brésil, Thierry un contrebassiste amoureux des fifties, and Eddie issu de la même famille de rockers... Un soupçon de brocante quand on y songe, mais une sacrée cohésion à l'arrivée. Peuvent pas jouer comme tout le monde. Recréent les morceaux à leur image, un patchwork rythmique de toute beauté. De l'invention à chaque titre, de l'originalité à revendre, sans tomber dans la gratuité, sans aucune faute de goût. De la perspicacité et de l'intelligence.

 

 

Ah, cette adaptation d'Unchain My Heart de Ray Charles, le titre totalement recréé, revu et corrigé, fidèle à l'esprit du Genius, mais si différent ! L'on aurait bien fini la soirée avec eux. Même que Tony Marlow n'a pu résister et leur a demandé une petite faveur - alors qu'ils avaient déjà débranché les guitares et dévissé les cymbales – My Girl de Smokey Robinson qu'Eddie nous a interprété avec un soupçon de nostalgie parodique inimitable. Quel talent !

 

 

THE ATOMICS

 

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Vous ne confondrez pas pas Atomic Cats. L'on vient de parler d'eux, les voici donc. Durant son set Earl des High Tones avait précisé qu'ils étaient son groupe préféré. L'on comprend pourquoi. Du sur mesure. Du rockabilly pur jus. Un peu trop attendu à mon goût. Après la fougue des Hoop's 45 et l'inventivité des Ol Bry, l'ensemble sonne un peu vieux jeu. De la belle ouvrage certes. Les avais beaucoup mieux appréciés au concert précédent, ce soir ils méritent le respect mais pas l'enthousiasme.

 

 

WILD BOOGIE COMBO

 

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La seule prestation qui m'ait vraiment déplu. J'avais pourtant aimé Hervé Loison en tant que Jake Calypso au dernier Festival Rock Disney, mais là le guitariste des Hot Chiken m'a déçu. Surfait, de la frime. De l'esbroufe, rien d'authentique. Trop facile. Quatre morceaux identiques avec Loison assis dans son fauteuil à ras de scène pour marquer le rythme qu'il tape avec le pied sur une cagette en bois. Quatre variations sur le Shake It Baby de John Lee Hocker. Sans le phrasé et la pulsation originelle. Heureusement qu'il y avait l'harmoniciste qui couvrait un peu les dégâts. Soulagé quand il a quitté la scène. Sitôt disparu personne n'y a plus fait cas, comme la pierre que l'on oublie une fois les ronds dans l'eau évanouis.

 

 

THE ATOMIC CATS

 

 

Vous ne confondrez pas avec les Atomics. Viennent de Dijon. Dernier groupe à passer. Il est à peine minuit passé mais il faut se dépêcher. Une jeune fille qui s'occupe de la sono m'explique que le New Morning c'est avant tout un club de jazz et que ce n'est pas trop l'habitude de la maison de se lancer dans des marathons de dix groupes rock'n'roll... On en conclura que les jazzmen se couchent plus tôt que les rockers... pourtant à la belle époque dans les bouges de la Nouvelle Orleans... mais Tony Marlow laisse la place aux Atomics Cats.

 

 

Tout à l'heure devant la porte Bruno se demandait pour quelle raison ils passaient en dernier. Vous me direz qu'il en faut bien un. Ne joueront que trois morceaux mais la démonstration est éloquente. Dur de passer après eux.

 

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Sont trois mais dégagent de l'énergie pour douze. D'abord ils ont un batteur. Attention j'ai dit un batteur. Pas un marqueur de rythme qui indique la mesure sur sa caisse claire. Non un cogneur fou qui déménage sur tous les toms. Une turbine insatiable qui ne s'arrête jamais. Plus près de Keith Moon que de Slim Jim Phantom si vous voyez ce que je sous-entends.

 

 

Ensuite un guitariste. Jean-Michel, un méchant, un teigneux. Superbe Gretsch rouge de collection entre les mains, en voilà une qui n'est pas tombée entre les doigts d'un sous-doué, vous aligne de ces phrasés à vous rendre malade de jalousie. Riffs d'acier. Et généreux avec cela, distribue un déluge apocalyptique de stridences comme d'autres l'absolution dans les cimetières.

 

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Enfin Hugo. Cuir noir, tête de mort en bout du manche de la double bass. Pas le genre à presser amoureusement contre son corps les formes arrondies de sa contrebasse. Ne joue pas. Distribue de façon méthodique de grandes baffes sur le cordage, la tape à outrance, la slappe à coups de monstrueuses gifles rapides comme la foudre. Doit être un peu maso car elle a l'air d'aimer ce traitement de défaveur à l'entendre ronronner comme un quadrimoteur qui s'arrache du sol.

 

 

Un gang de destroy rockabilly boys. Hugo jette son instrument par terre, va-t-il le piétiner ? Se contente de sortir un harmonica de sa bouche et c'est parti pour un solo à la Sony Boy Williamson II, d'une main, parce que de l'autre il a récupéré sa basse qu'il se remet à frapper comme un forcené.

 

 

Non de Zeus ! Le rockabilly comme je l'adore, brûlant comme de la braise ardente, droit devant et sans concession avec la tradition. Seulement un petit quart d'heure et il a fallu arrêter alors qu'ils venaient juste de se mettre en train. Ces Cats méritent leur appellation Atomic.

 

 

RETOUR A LA CASE DEPART

 

 

L'est temps de retrouver la teuf-teuf mobile qui attend sagement sur son parking. Bonne soirée, cette nuitée est la preuve que le rockabilly a encore de beaux jours devant lui.

Damie Chad.

 

PS : l'on a volé les photos sur les Facebook des groupes, sur You tube ( dixiefred ) pour les vues du New Morning, sur vimeo pour les Hoop's 45. Merci à tous.

 

Je ne suis pas revenu les mains vides. Quelques galettes au stand de Rock Paradise, que je m'empresse d'écouter...

 

 

THE ANGRY CATS.

 

FAN THE FLAMES OF DISCONTENTS. OLVIDADO. I WILL NOT TOUCH YOU. TRAIN KEPT A ROLLIN.

 

Nidstang.

 

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Elégant CD quatre titres. Le logo du chat colérique au recto, le band au verso. Surprise, pas très bonne. Le disque ne vaut pas le live. Son trop léché, la voix trop en avant. Etrangement c'est le vieux Train Kept a Rollin de Burnette qui sonne le plus moderne. Quoique à la réécoute Fan the Flames of Discontents avec ses échelles de basse et ses choeurs noyés dans la trame sonore n'est pas mal du tout. L'a tout de même un bel et grave organe Fred Alpy, un peu à la Johnny Cash, sur un son résolument électrique assez Flamin' Groovies.

 

 

Damie Chad.

 

 

HOOP'S 45.

 

BLESSING IN DISGUISE. NO MORE Mr NICE GUY. BLUE MOON NIGHTS. KING CREOLE. ORDINARY MAN. YOUR KISS. MEMORY. MEMPHIS FREEZE. WROTE A LITTLE SONG. IGNITION. WHY DON'T YOU. DON'T GO. LONESOME TEARS IN MY EYES. RECLESS.

 

Rock Paradise Records. Jull Records.

 

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On l'attendait depuis longtemps, un groupe sans disque c'est un peu comme un tigre sans rayures. Ne déçoivent pas. Quatorze titres dont cinq originaux signés de Stéphane Coignoux qui nous paraissent les plus intéressants. Surtout qu'ils n'ont pas hésité à les mettre en compétition avec des morceaux de roi comme le King Creole du King himself avec ce passage yoddlé et cette fin si différente de toutes les versions déjà existantes.

 

 

De toutes les manières le disque présente une sacrée unité. Les Hoop's ne se contentent pas d'emprunter, ils refondent les morceaux dans leur propre alchimie. Superbe travail de guitare. De la broderie pur sucre. Une évidence s'impose, ça ne sonne pas groupe français, qualité américaine. Deux jours que ça tourne et je n'arrête pas de m'étonner. Un véritable Hoop'sni venu d'une autre planète. Une mise en place au millimètre près. Horlogerie de précision.

 

 

Rien à voir avec une collection de standards. Faut parler d'album en donnant au mot sa signifiante acception. Un son à part, une création pensée et réfléchie. Un tout indissociable. Plus de deux ans qu'ils le couvaient. L'ont soigné et peaufiné. Ont bien eu raison de ne pas se précipiter, ont laissé le temps faire son oeuvre de maturation. Le résultat est là. Une sacrée pierre dans le jardin du rockabilly national. Va falloir se lever tôt pour relever le défi.

 

 

DAMIE CHAD.

 

 

THE OL' BRY.

 

WE DON'T CARE.

 

CRY TO ME. LET ME DANCE. MY GIRL. CAROLINA. REEL PETITE. SHE DON'T CARE. CUTE &PRETTY. NUMBER NINE TRAIN. GHOST HIGHWAY. RAMBLIN' IN MY HEART. BIM BAM. NORTH SIDE GAL. TAKE MY SHOES.

 

Rock Paradise Records. Jull Records.

 

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CD à pochette cartonnée, plus classe que les boîtiers plastique qui s'abîment trop vite. Treize morceaux dont six tout droit sortis de l'inspiration d'Eddie et Thierry Gazel. Comme par hasard ce sont les titres les plus rockabilly avec ajout d'un parfum country très prononcé. Ceux empruntés aux ricains sonnent beaucoup plus rhythm'n'blues. Dans tous les cas les morceaux sont portés par la voix d'Eddie qui s'affirme d'ores et déjà comme un chanteur des plus doués de sa génération. Aborde tous les styles avec une facilité déconcertante. A l'aise partout, dans le swing comme dans le doo wop. Un gang d'accompagnateurs – ses alter ego – qui ne le laissent jamais en repos. Particulièrement le saxophone de Rémy. Ambiance festive assurée.

 

 

Un disque qui a toutes les chances de ne pas passer inaperçu, pas nécessairement dans le public rockabilly. A suivre.

 

 

Damie Chad.

 

 

ROCKERS KULTURE

 

THE FRENCH ROCKABILLY SCENE # 4.

 

THE CAPITOLS. THE SLACKJAWS. ATOMIC CATS. DREW DAVIES RHYTHM COMBO. THE WILD GONERS. MARILYN AND THE ROCKIN'BOMBS. DUCKY JIM TRIO. HOT GANG. GUN SALOON ESPECIAL. HOOP'S 45. ANGRY CATS. THE MID QUAKERS. LITTLE LOU. MOSCATS. WILD BOOGIE COMBO. SIX-FIVE SPECIAL. LOS PERFECTOS. MILWAUKEE. RED HOT NIPPLES. THE SEVRIAN VETS. EDDY RAY COOPE. KAD AND THE 55. THE ALLEY CATS. THE FLYIN'CATS. STEPHANE HERMLYN. THE RED CABS.

 

Rock Paradise Records.

 

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L'on ne se quittera pas sans quelques mots sur notre précieux, l'objet qui fut la raison et le prétexte de cette cinquième édition de Rockers Culture. Si vous n'étiez pas à cette chaude soirée, sachez que les groupes qui nous ont régalés sont sur ce CD.

 

 

L'on sait l'importance de la série Nuggets dans l'éclosion du punk. Ce n'était qu'une compilation de garage américain mais toute une génération s'est branchée là-dessus et le rock n'a plus été pareil depuis les années qui suivirent. Tony Marlow est en train de réaliser une même onde de choc dans le milieu rockabilly. A L'échelle française, juste un pavé dans la petite mare du pays des mangeurs de grenouilles, mais la vague de front fait son chemin. En à peine deux ans c'est près de cent groupes qui ont accédé à une certaine notoriété. Des têtes d'affiche, des moins connus, mais l'un poussant l'autre, tout le monde y gagne.

 

 

Certes beaucoup y verrront à boire et à manger. Tony Marlow n'a pas privilégié un style. A misé sur une certaine qualité de base mais n'a fermé la porte à aucun des genres assez disparate en leur forme et parfois antagonistes quant à leur esprit. Mais le choix est fait avec assez d'intelligence pour que chacun y retrouve ses petits ( chéris ). Pour reprendre ses propres mots : «  Hepcats, teddy boys, rockers or neo-rockabilly » la table est ouverte à tout. Ces quatre premiers CD forment une belle vitrine.

 

 

Il est bon de les avoir à portée de la main pour nourrir les conversations ( et pourquoi pas les prises de bec ) d'exemples précis et concrets. Vais pas m'amuser à distribuer les légions d'honneur, voire le mérite agricole pour les plus countrysant, et à vous passer la liste un par un. Les kr'tnt readers sont assez grands pour n'écouter que leurs propres ( ou sales ) oreilles. Petit livret à l'intérieur avec photo des artistes, leurs noms et leurs instruments. Parfois l'on aimerait en savoir plus, mais il y a aussi le site ou le contact possibles.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Bonjour Damie, merci d'avoir su restituer la diversité des styles de la soirée, ce qui montre la richesse d'interprération(s) qu'offre le rockabilly. À bientôt. Keep on Rockin' ! Fred

Écrit par : Fred ALPI | 11/02/2013

Hello Damie! Merci pour tes écrits et surtout ton attention sur le travail de tous par rapport à la scène r'n'roll/rockabilly Française!

Aussi éspère te rencontrer un de ces quatres pour en parler de vive voix...Si tu peux me laisser tes coordonnées c'est cool tel/facebook ou site...

Bien à toi!

Dan

Écrit par : DAN GOFFRETEAU | 13/02/2013

Les commentaires sont fermés.