24/01/2013
KR'TNT ! ¤ 128. ROCK & FOLK HISTORY
KR'TNT ! ¤ 102
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
24/ 01 / 2013
ROCK & FOLK HISTORY |
ROCK & FOLK
HISTORY / 1966 – 2012
ALBIN MICHEL / ROCK & FOLK / Octobre 2012
Rock & Folk est sans contexte la revue de rock la plus haïe de France. C'est aussi la plus lue. L'un n'empêche pas l'autre, toute réussite entraîne au choix, reconnaissance, flagornerie et jalousie. Il est certain qu'en notre hexagonale patrie l'on aime et les perdants magnifiques et les seconds couteaux dont le nom n'apparaît qu'en tout petit dans les génériques. Alors un mensuel dédié à une musique aussi fluctuante que le rock'n'roll qui dure depuis plus de quarante ans et qui en est à l'heure où j'écris ces mots à son cinq cent quarante cinquième numéros vous reconnaîtrez qu'il y a de quoi susciter bien des envies et des rancoeurs... On lui plante d'autant plus de couteaux dans le dos qu'elle n'est plus ce qu'elle a été. Ayez un moment de faiblesse, soyez sûr que l'on ne vous le pardonnera pas. L'on ne respecte que les forts. Evidemment l'on tape sur le symptôme pour mieux fermer les yeux sur la maladie qu'il dénonce. Inutile d'accabler la revue de tous les mots, c'est le public rock français qui s'est désagrégé ces dernières décennies, mais cela beaucoup refuseront de l'admettre, car il est des problématiques idéologiques qu'il vaut mieux ne point soulever...
IMAGES 66 – 12
Ne se sont pas fatigués pour le texte. Devrais plutôt dire, ne s'est pas crevé pour les commentaires, car c'est Philippe qui est à la Manoeuvre. Tout seul comme un grand. Quatre pages en gros caractères à l'orée de chaque nouvelle décennie, plus un éphéméride récapitulatif des évènements politiques et culturels de toute nouvelle année. Ce n'est pas un livre à lire mais à regarder. Toutes les couves – attention, elles ne sont pas toutes là - de Rock & Folk répertoriées une à une, certaines en pleine feuille mais la plupart à quatre par pages. Pour les hors-séries en fin de volume, il en manque encore une dizaine, tout cela fait un peu économie de bouts de chandelles, l'on a l'impression que l'on a enlevé la couche de sucre glace sur notre millefeuille préféré.
Je vous laisse libre de vos jugements esthétiques ou à l'emporte-pièce. Evitez de vous écrier que plus les années passent plus David Bowie ressemble à une drag-queen brésilienne, et qu'Amy Winehouse toute maigrelette a le charme d'une pendule à roulettes, car vous risquez de choquer votre entourage de moins en moins rock'n'roll et plus en plus à cheval sur les règles des déclamations politiquement correctes. Si vous voulez mon avis personnel, je n'ai jamais été un grand fan des grandes gueules d'artistes placardées en une des revues de rock'n'roll. Cela me semble facile. J'ai lu des centaines de numéros de Rock'n'Folk, mais je ne me suis jamais attardé plus de cinq secondes sur la couve. Certes l'intention peut être hommagiale et respectueuse mais je perçois trop les stratégies d'appel et de captation financière du public... Je reconnais toutefois que certaines couvertures peuvent être des provocations et des risques. Nous en reparlerons. Préfèrerais des images plus symboliques, des oeuvres imaginatives de graphistes et de peintres, tout ce que vous ne retrouvez pas dans KR'TNT !
SIXTIES
Philippe Manoeuvre a beau se vanter que Rock'n'Folk ait paru un an avant la prestigieuse et américain Rolling Stone, la revue arrive un peu tard. Rappelons que Gene Vincent passe à l'Olympia en décembre 1959 et quand le numéro spécial de Jazz Hot déboule dans les kiosques en aôut 66 dans les kiosques, c'est un peu après la première bataille.
C'est un jeune nancéen Jean-Claude Berthon qui allumera la mèche avec son mythique Disco Revue en septembre 1961. Gloire lui soit rendue. Lorsque sa revue meurt en 1967, Disco Revue a plus que largement ouvert la route, elle a permis l'émergence d'un premier public indispensable à l'éclosion du rock en France, mais elle a surtout défini les cadres conceptuels d'une certaine réception très intellectuelle du rock en notre gaullienne nation. D'une manière d'autant plus surprenante que les articles de la revue sont souvent au ras des pâquerettes. De très jeunes gens qui ne possèdent aucune sensibilité littéraire et qui n'ont pas compris que pour écrire sur le rock l'on se doit de se forger une écriture rock. C'est grâce à Disco Revue et Jean-Claude Berthon que l'on révèrera particulièrement les pionniers en France. Et la revue, encline à aucun passéisme, accueillera très naturellement Beatles et Rolling Stones.
Moins d'un an après son lancement, Disco Revue se voit doubler sur sa droite par Salut les Copains. Nous ne sommes plus dans la même dimension. Au niveau économique Salut les Copains bénéficie des appuis d'Europe 1 et Frank Ténot, un de ses fondateurs venu des milieux de l'édition, apporte une expérience familiale qui n'a rien à voir avec l'amateurisme d'un Jean-Claude Berthon. Mais en privilégiant le Yé-Yé français Salut Les Copains ouvre un boulevard rock'n'roll au futur Rock'n'Folk.
L'ostracisme de Boris Vian vis-à-vis du rock'n'roll pèsera tellement lourd sur les esprits de la rédaction de Jazz Hot qu'il faudra attendre sept longues années après sa mort pour qu'une équipe de jeunes loups menés par Philippe Koeklin ose sortir un numéro spécial enfin favorable à cette « nouvelle » musique qui emporte l'adhésion d'un public pas obligatoirement stupide malgré sa jeunesse. Rock & Folk en titre et en gros et en haut, mais la mention Numéro Spécial Jazz Hot est en bas à droite, en un fin lettrage très discret... il n'est jamais bon de mélanger les serviettes avec les chaussettes ( noires ).
Une revue rock qui s'intitule rock, cela coule de source. Pour le folk, c'est moins évident. La loupe de l'actualité n'est guère prophétique, mais nous sommes en 1966 et Dylan est en pleine ascension, il vient d'électrifier son folk, le rock et la folk-music semblent s'engager à partager une longue vie commune. Il n'en sera rien. Mister Rock s'acoquinera à de nombreuses autres maîtresses dans les années qui suivront, mais qui peut connaître l'avenir ? Dylan se retrouve en couverture du numéro 0 de Rock'n'Folk. L'on allait tout de même pas miser sur ce pantin d'Elvis en perte de vitesse, ou les Beatles connu de tous, ou les Stones encore un peu trop voyous ! Et puis Dylan c'est tout de même le porte drapeau d'une écriture rock de qualité. Un véritable chanteur à textes. Quelqu'un que l'on peut opposer à la grande chanson française si près de la poésie !
Le virage anglo-saxon ne sera pris que dans les seventies. Sur les trente cinq premiers numéros les frenchies occupent la couve une fois sur deux, quatre fois Hallyday, trois fois Eddy Mitchell, Dick Rivers apparaît sur une couverture partagée avec des anglo-saxons, deux fois Dutronc, deux fois Polnareff ( dès le numéro 1 ), une fois Hughes Aufray, une fois Sylvie Vartan... L'on ne s'en vante guère dans les colonnes actuelles de R &F, sauf pour Johnny qui a toujours bénéficié d'un traitement de faveur jusqu'à la dernière livraison... Par contre l'on se gargarise encore du malheureux numéro 20 avec Brel, Brassens et Ferré et la fameuse photo historique... Plus qu'un crime es rock'n'roll, une erreur. Une faute de goût. Une horreur anti-rock'n'roll ! Pour mieux signer le crime, ils ont encore refourgué la mine du vieux-anarcho-con-servateur de Brassens sur le 34. Remarquez celle de Gainsbourg n'avait rien à faire par là, non plus. Me feront jamais avaler qu'il n'y avait pas une photo des Yardbirds qui traînait sur la table à maquette.
Côté anglais les Stones et les Beatles dominent. Dylan chez les Amerloques. Otis Redding reçoit en cadeau de consolation une couve six mois après sa mort, Hendrix qui est encore vivant décroche la sienne, c'est la moindre des choses, félicitations pour Julie Driscoll, tout le monde l'a oubliée, mais cette nana reste une de mes rockeuses préférées.
De tous les pionniers seul Elvis – mais le King n'est-il pas hors-catégorie ? - a droit à sa couverture. Pour les autres on met leur nom sur la couve mais ils n'émargent pas au suprême honneur. Le nom de Vince Taylor apparaît sur le numéro 1, suivis dans l'ordre de Jerry Lee Lewis, Little Richard, Buddy Holly, Carl Perkins, Chuck Berry, Lary Williams, Screamin Jay Hawkins, Gene Vincent, Eddie Cochran ( deux fois de suite ), Fats Domino, Chuck Berry. Ray Charles est lui aussi gratifié d'une couverture, on l'a manifestement préféré à Bo Diddley plus rugueux et moins consensuel.
La réussite de Rock & Folk créera des émules. EN 1968 naissent deux grandes revues appelées à jouer en nos franchouillardes frontières un grand rôle dans la diffusion du rock'n'roll et de la musique noire : Best et Soulbag. Cette dernière toujours en activité.
SEVENTIES
Rock'n'Folk aborde sa décennie magnifique. Le tirage finira par tourner autour de cent trente mille exemplaires. Le rock explose et se démultiplie. Tous les six mois une nouvelle tendance. Mais le magazine a réponse à tout. Il s'éloigne des rivages étriqués des pionniers – et ce partant il fera l'impasse sur le blues, le country et le rockabilly – pour aborder les rives nouvelles. A babord l'on suit in vivo les fondations du hard-rock Who, Deep Purple, Led Zeppelin, à tribord l'on commente les dérives progressives, Pink Floyd, King Crimson, Genesis, Emerson, Lake and Palmer, Yes. Le gros du public suit d'ailleurs cette dernière pente.
Par la qualité de ses rédacteurs Rock'n'Folk draine des cohortes de gentils étudiants séduits par le vernis culturel sécurisant – et peut-être même sécuritaire – de cette écriture qui ne se contente pas de rapporter les évènements mais qui essaie de réfléchir sur leur signification. Une fêlure invisible se dessine dans le public. Chacun trouve encore à boire et à manger. Chaque courant bénéficie de son petit espace privilégié où les amateurs dénichent les informations les plus pointues. Plus que dans ses articles la force de la revue réside en ses chroniques de disques. Suffit de regarder la signature en fin de colonne pour ré-interpréter la critique selon vos propres goûts. Exemple : un disque descendu plus bas que terre par Vassal est susceptible de faire le bonheur du fan de rock.
Rock'n'Folk ne prend pas parti. Elle devient une revue généraliste. Les yeux sans cesse tournés vers l'horizon à la recherche du nouveau. Tout en perdant conscience de ce qui se passe tout près d'elle. Dire qu'elle n'a pas vu venir le punk serait une erreur. Yves Adrien l'a pressenti en toutes lettres dès 1973, mais quand la tornade Sex Pistols s'abat sur le monde du rock pachydermique comme la petite vérole sur le bas-clergé, le magazine n'a pas la prescience de l'importance du phénomène. Quoique trépassé depuis plus de quinze ans c'est le concurrent Best qui aujourd'hui encore se prévaut, avec raison, de sa propre réactivité.
Les médias ont inventé un nouveau mot. Rock'n'roll est encore connoté trop négativement. Désormais nous écouterons de la pop music. Se dépêchent d'éclore toute une série de magazines porteurs de la nouvelle estampille : Pop Music, Spécial Pop, Le Pop... Sur Rock & Folk invasion anglo-américaine : Who, Zappa, Creedence Clearwater Revival, Stones, Led Zeppe, Jimi, Roxy Music, Neil Young, Doors, Grateful Dead, Johnny Winter, Alice Cooper, Rod Stewart, Santana, Lou Reed, Bob Marley, Iggy, Queens, Sex Pistols, Patti Smith, Eric Clapton, Debbie Harris... le gotha du meilleur et du pire.
Rock'n'Folk tire un trait sur la vieille chanson française, Moustaki, Ferré qui s'est pourtant acoquiné avec Zoo, Charlebois qui sent le brûlé, apparaissent en début de décennie. Seront remplacés par Jo Lebb des Variations le premier grand groupe de rock hexagonal, Ange aux ailes brisées qui passe, Téléphone qui ne parviendront jamais à tenir leur promesse de devenir les Stones français, et Bijou le groupe le plus intelligent.
Trois couvertures spéciales : honteuse celle de décembre 71 qui offre un atroce dessein de Joe Cocker bien oublié depuis, alors que la disparition de Gene Vincent est un des articles phares du numéro, l'irremplaçable ( la seule que j'ai regardée plus de cinq secondes ), une belle image sortie tout droit des Rock Dreams de Guy Pellaert, la merveilleuse, cette photo croquis flouté d'Elvis en rockabilly cat qui vient de quitter le siècle qu'il aura marqué à jamais de son feulement de cougar des rocky mountains famélique... 59, 82, 129, numéros loto gagnant pour tous les beautifull loosers.
EIGHTIES
Le punk a filé un grand coup de balai. Après lui ce ne sera plus jamais pareil. Le public a pris un sacré coup de vieux. L'on préfère fermer les yeux et faire comme si cela n'avait jamais existé. Les vieux groupes ronronnent bien au chaud dans leurs panières à côté des radiateurs à royalties. Les jeunes qui voudraient lever leur tête ne sont pas écoutés. Prudentes les maisons de disques préfèrent les gosses bien élevés propres sur eux. A grands coups de synthétiseurs le rock est châtré, par mesure de prudence car l'on sait que le ventre de la bête est encore fécond.
Hivernage et pantouflage. Les fans s'occupent du bébé, les ventes s'amenuisent selon une régularité des plus inquiétantes, les journalistes quittent le navire sans bruit. Ceux de Best émargent désormais chez Rock'n'Folk et ceux de Rock'n'Folk frappent à la porte des magazines sérieux : Nouvel Obs, Télérama, Libération... Sauve qui peut généralisé. A tel point qu'il ne restera plus qu'à mettre la clef sous le paillasson. En 1990, Rock'n'Folk est cédé aux Editions Larivière. Un peu comme on se jette à l'eau.
Le bébé du rock, longtemps qu'il est parti. Ne restent plus que les derniers de la classe. Renaud, Daho, Lio, Mitsouko, Niagaro, Charlelo Couturo, Noiro Désiro et tous les zéros que vous voulez. L'est sûr qu'au niveau international c'est aussi la dèche, Sting, Collins, Boy George, Madona, Depeche Mode, George Mikael, U2, pas très bono tout ça ! C'est à la même époque que les politiques ont inventé l'expression je vois le bout du tunnel. Z'avaient de la chance, car du côté du rock l'on ne voyait rien venir in the main stream. C'était même la mouise noire. Le cambouis qui tue.
Dans sa préface Philippe Manoeuvre tisse des couronnes de lauriers à cette nouvelle revue « indépendante » qui pendant une dizaine d'années siphonnera le lectorat de Rock'n'Folk. M'en suis toujours méfiée. Font semblant d'aimer le rock pour pousser à petites saccades insensibles le lecteur vers la pop. L'alibi culturel sentait la récupération social-démocrate à plein nez. Dès les premiers numéros. Aujourd'hui les Inrock sont clairement devenus ce pourquoi ils étaient nés : une succursale du Parti Socialiste néo-libéral. De toutes les manières le rock n'était pas plus dans les resucées abâtardies de Rock'n'Folk que dans la soi-disante intransigeance des Inrocks.
En ces temps-là le rock était ailleurs. Dans les garages survit un punk underground destroy qui se politisera de plus en plus à la fin de la décennie. L'on assiste à une alliance improbable entre les résidus idéologiques du gauchisme des années 70 et les volitions anarchisantes d'autonomes en pleine déroute politique qui se rattraperont aux petites branches de la subversion culturelle du rock'n'roll. C'est de ce milieu disparate que naîtra dans les années quatre-vingt dix le rock français alternatif. Avec le temps la hargne revendicative laissera place à un vouloir vivre beaucoup plus festif.
L'émotion suscitée par la mort d'Elvis, l'incroyable et inespéré succès international des Stray Cats, le travail obstiné des vieux fans clubs de rock'n'roll, tout se conjugue pour favoriser dans l'ensemble des pays occidentaux un mouvement rockabilly qui renaît de ses cendres. Mythiques. Donc d'autant plus opératives. Ce phénomène s'articule aussi sur le renouveau Ted made in england.
Aiguillonné par le succès d' AC/DC, de nombreux adolescents se transforment en hordes infatigables de bulldoggers. Les assises du continent hard rock sont encore sous-marine, mais rien n'enrayera cette lente mais entêtante levée de légions de l'ombre... Rock'n'Folk ignore tout cela. Les Inrockruptibles aussi.
NINETIES
Le retour. Philippe Manoeuvre se retrouve bombardé conseiller spécial de la nouvelle équipe concoctée par les Editions Larivière. Son influence occulte se manifestera pleinement lorsque en juin 1993 il en devient le rédacteur en chef. L'a du flair. A souvent un coup d'avance sur l'attente du lecteur. Sa devise est simple : mieux vaut précéder le mouvement que le suivre. A ce petit jeu il pourra se prévaloir de bons scoops populaires.
A souvent plusieurs fers au feu. Z'avaient pas vu le punk en 77, ne laisseront pas passer le grunge. Hélas le leader de Nirvana ne supportant pas la pression tire sa révérence alors que la vague n'avait pas encore atteint son niveau culminant. Qu'à cela ne tienne Rock'n'Folk a son produit de remplacement Noir Désir. Le côté désirant de la force obscure. Sympathique, mais ne me serait jamais venu à l'esprit l'idée de les ranger dans le rayon rock. Plus grave l'on accueille à bras ouvert les premiers groupes électro. De grosses promesses pour finir par de la musique d'ambiance à la Michel Jarre...
Sur les couves Daho, Miossec, Manu Chao, Daft Punk, Air, M, avec en cadeau Bonux le désir toujours aussi noirâtre... je tais quelques noms, par pitié. Plus les héros bien-aimés des sixties, Bowie qui vieillit mal, Keith de plus en plus beau, Robert Plant toujours en expérimentation. La revue s'est remise sur roue. Mais ses hot rails ne mènent plus to hell. Elle redevient un magazine de qualité mais d'un rock ignorant de ses racines.
2000-2012
Je n'en ai pas parlé mais durant les vingt dernières années évoquées le rock a changé. Musicalement il s'est éventé. Le crotale que l'on avait enfermé dans le flacon de bourbon a profité que la bouteille soit restée ouverte trop longtemps pour prendre la poudre d'escampette. S'est réfugié où il a pu. Au fin fond des garages, chez les adorateurs des grosses ondes satanistes et ophidiques qui l'ont accueilli comme le nouveau messie, niche aussi dans le creux des contrebasse, l'adore entendre chanter Mystery Train, se croit déjà de retour au pays.
Mais de tout cela Rock'n'Folk n'en parle que par la bande. Pas celle des anciens revox en tout cas. Tout a changé, le matos et les manières de faire. Le rock est une industrie. Tous comme les petits commerçants des années cinquante n'ont pas vu arriver les hypermarchés des années 70, les majors sont à la traîne, l'informatique et le net les ont dépossédées de leur pouvoir. Tout un chacun peut jouer à l'apprenti-sorcier du Do It Yourself.
Philippe Manoeuvre est devenu un personnage médiatique. Parade dans des émissions de télé très variétoc... Beaucoup le lui reprochent. Moi je leur reprocherai surtout d'avoir une télé. Si encore ils ne la regardaient pas ! Bronca terrible lors de l'affaire des baby-rockers. Désolé, ce n'est pas un scandale pédophilique caractérisée. De simples soirées hebdomadaires organisées au Gibus pour permettre à de jeunes groupes parisiens de rencontrer leur public. Naast, BB Brunes, Plasticines en couve ! Un scandale ! C'est à ce moment-là que j'ai recommencé à lire la revue. Enfin un truc qui dérangeait ! Oui ils n'étaient pas au niveau des Stones en 63 et sonnaient aussi aigrelets que nos Pirates ( pas ceux de Johnny Kidd, mais de Danny Logan) de l'époque, mais qu'est-ce qu'ils ont secoué les certitudes ouatées d'un public rock assoupi depuis trop longtemps ! L'on ne remerciera jamais assez Manoeuvre pour cette bouffée d'air frais.
C'est que le rock est revenu. Libertines et White Stripes ont permis à toute une nouvelle génération de sortir de la voie sans issue du rap commercial ou spasmodique des cités, de s'échapper des envolées électroniques petites-bourgeoises des romantismes de pacotille et avant tout de recoller les morceaux d'une filiation perdue. Pas toute la jeunesse, ce qui est mieux. Le rock se doit de rester une musique minoritaire. C'est sa seule chance de survie. Ce qui ne le tuera pas, le rendra plus fort. Le mouve rockab et la wawe hard qui ont pratiqué des formes de d'auto-productions autarciques et, vis-à-vis du monde extérieur hostile la politique de la terre brûlée, sont devenus des citadelles inexpugnables qui se sont développées et affirmées en marge des médias.
LA CHEVRE ET LE CHOU
L'on ne survit pas cinquante ans dans le monde de la presse sans ménager la chèvre folle du rock'n'roll et la soupe au chou du business. Rock'n'Folk c'est un peu l'Histoire officielle du rock'n'roll. Toute légende y trouve un jour ou l'autre son conte. Mais toute bénéfique réussite y possède son compte. Faut la prendre comme elle est. Souvent un train de retard et parfois une locomotive d'avance.
Cet amoncellement de couvertures fera office de Radio-Nostalgie pour les vieilles générations. L'on râle mais faute de mieux on y revient. Les nouveaux arrivants en tireront de multiples enseignements. De belles surprises aussi. Risquent de voir se modifier les perspectives. De toutes les manières les choses ne signifient que ce que l'on veut qu'elles signifient.
Soyez comme Damie Chad. Sectaire, injuste, menteur, de mauvaise foi, calomniateur, vindicatif, péremptoire et dénonciateur. C'est encore la meilleure façon de se sentir vivant. Bouffez le chou et sodomisez la chèvre. C'est alors que vous serez rock'n'roll !
Damie Chad.
ROCK'N'FOLK.
METAL. Hors Série. N° 28.
Décembre 2012.
Cadeau de Noël de l'année. Non ce n'est pas donné. Ou alors contre 7,50 euros au point presse du coin de la rue. Pour le Hors-série de l'année R & F a sorti la grosse artillerie. Blindage épais. Spécial Métal. Attention tout le monde n'est pas invité. Huit élus plus deux medleys pour le Hair et le Black métaux. Lot de consolation pour tous les autres en fin de revue, dans la discographie sélective.
On ne s'aventure pas dans les groupes inconnus, l'on ne cherche pas à rivaliser avec Metallian qui peut vous sortir de son armure trente groupes plus destroy les uns que les autres dont vous n'aviez jamais entendu parler auparavant. Valeurs sûres. Par ordre chronologique, enfin presque, d'apparition publique.
Black Sabbath donne le la, funèbre. Cheveux longs et idées noires. A l'époque tout le monde rigole. Rock un peu primate. A fond la caisse. Et quand le morceau est fini, l'on en recommence un autre. Similaire. N'y a que des gamins de treize ans sans culture qui peuvent aimer cela. Les grands-frères sont barrés plus loin. Tripent encore sur les Beatles, ou autres chansonnettes. Vous pouvez ne pas aimer le sabbat noir – Ah ! Ah ! Ce satanisme de pacotille – n'empêche que l'Histoire du rock leur ont donné raison. Ils ont défini les codes.
L'on a déjà tout dit sur Led Zeppelin, alors Denis Parent nous raconte l'effet dévastateur des deux premiers opus du Dirigeable sur son cerveau de gaminos de quinze ans qui attend que le monde se révèle à lui et qui connaît l'illumination lorsque déboule sur son tourne-disque le riff incandescent de Whole Lotta Love. S'en est jamais remis. En bafouille encore quarante ans plus tard. Lui ce n'est pas grave. Mais Led Zeppe non plus. La fêlure au coeur du fan. Certes Led Zeppe a commis nombre de monstruosités merveilleuses conne cet Achille Last Stand, par exemple, mais ce n'était plus pareil. Des artistes. Des ciseleurs de riffs. Mais ne bétonnent pas assez. L'on regrette les grosses pelletées de ciment qui vous arrivent sur la gueule et vous l'arrachent en moins de deux. Le Zeppelin nous a joué de bien sales tours, le plus grand groupe de hard. On applaudit. Mais le plus grand combo progressive de la planète aussi. Meilleur en tout. Blessure secrète. L'on reste radical dans ses choix. Pas radicool.
Deep Purple. N'ont pas su s'arrêter comme le précédent. Changement de personnel incessant. L'arbre généalogique est aussi compliqué que celui des Valois. Eux aussi ils ont oscillé, se sont chauffés au tout électrique. Mais comme radiateurs ils se sont servi d'un réacteur nucléaire. Avec explosions en chaîne. Et en même temps jouaient aux écolos avec des orchestres classiques. J'avais un copain qui trichait: il copiait ces disques en ne gardant que les parties électrifiées. N'empêche que des galettes comme Machine Head, In Rock et le riff ( beethovenien ) de Smoke on the water en ont amoché plus d'un d'une sale manière.
Blue Öyster Cult. Le plus grand groupe de hard de tous les temps. A part qu'ils se sont lamentablement cassé la gueule à leur quatrième album. Agents of fortune avec son succès the Reaper qui leur a fauché toute l'énergie. C'était leur premier tube. Une douceur pralinée, un truc mentholé entre les Beach Boys, les Byrds et le Summertime de Gene Vincent. N'auraient jamais dû le sortir. Auraient dû détruire la bande. D'un coup ils ont balayé leur trois premiers albums. Tyranny and Mutation, c'était le titre du second. Tout un programme. Des idées en avance sur leur temps. Avaient pigé que tout est une question de son. Et de guitares. Par la suite ils ont tenté de recoller les morceaux. Mais ce ne fut plus jamais pareil. Ne sont plus qu'un bon groupe de scène. Sympathiques mais un tantinet has been. Quand on voit tout ce que Kiss mille fois moins doués ont réussi à tromper le public pendant quarante ans, l'on se dit qu'ils ont raté le coche.
Je passe rapidement sur AC / DC, les copains les ont tellement écoutés que je n'ai jamais éprouvé le besoin de posséder un seul de leurs disques. Motörhead. Pas vraiment du métal, mais un combo rock comme on les aime. Avec Lemmy qui joue son rôle de rocker, bête et méchant, cradingue et violent, tellement à la perfection qu'il ne sait plus quand il est lui-même ou quand il est son propre reflet. Avev Lemmy, vous doutez de tout sauf du rock'n'roll et de l'authenticité de son attitude.
Je vous laisse découvrir le reste du numéro par vous-même. Après tout vous êtes assez grands pour vous dépatouiller tout seuls. Un conseil méfiez-vous de Metallica et de Pantera. Portent bien leurs noms.
Damie Chad.
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