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26/09/2012

KR'TNT ! ¤ 111. GHOST HIGHWAY / TINSTARS / JOHNNY TROUBLE.

 

KR'TNT ! ¤ 111

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

27 / 09 / 2012

 

CONCERTS TOUJOURS !

 

 

I : 22 / 09 / 2012 – NOGENT-SUR-OISE

 

 

3° FESTIVAL INTERNATIONAL DE COUNTRY

 

 

GHOST HIGHWAY

 

 

A fond dans la teuf-teuf mobile avec Mister B – un pseudonyme, si vous ne vous en étiez pas aperçus - pour rallier dare-dare Nogent-sur-Oise. Sur Seine, sur Marne, on connaissait, mais sur Oise, sans vouloir chercher noise, que les oisillons du lieu nous pardonnent, l'on n'en avait jamais entendu parler. L'on y est quand même arrivé sans GPS, oublié à la maison.

 

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L'on avait un doute, festival country c'est souvent pas grand-chose, un orchestre de danse, un plancher branlant et pour spectateurs tous les recalés des concours d'entrée dans la police ruminant la grande déception de leur vie tout emplis de griefs troubles et de colériques ressentiments. L'on avait tout faux. Super orga et mentalité pas crade.

 

 

L'on a trouvé un râtelier à notre teuf-teuf diligence sur l'esplanade goudronnée de l'Eglise. D'après nous, l'ancien cimetière du bourg transformé en parking, comme quoi il ne faut jamais désespérer de la modernité. Il y a un remède à tout, même à la mort. L'était près de dix-huit heures lorsque nous nous sommes mis en quête du festival. Facile, suffisait de remonter les cohortes de porteurs de faux stetsons ( made in simili-communist China ) qui rentraient chez eux tout joyeux. Des centaines de personnes. Nous voici à l'entrée, un quarteron de jeunes filles s'occupent de nos billets. J'ignore totalement pourquoi mais Mister B and Myself jugeons très agréables cet accueil de jolis minois, tout sourires.

 

 

C'est bien le pays des cowboys, la prairie verte s'étend à perte de vue autour de nous. Z'ont vu vaste. Tout le périmètre est bordé de grandes toiles blanches, emplies d'on ne sait trop quoi. Je vais être honnête avec vous on n'a pas regardé. L'on a senti l'enclos des baudets du Poitou aussi poilu que ZZ Top, mais desquels émanaient une odeur bien plus pestilentielles, et l'on a couru comme des dératés vers la grand tente centrale, d'où s'échappaient des flots de musique.

 

 

Ce n'étaient pas les Ghosts. Y avaient seulement trois centaines de zozos – beaucoup d'adultes, très peu d'enfants - en transe, qui levaient le bras droit – position voyageur de l'autobus debout qui se tient à la courroie – et qui au commandement du meneur de jeu tiraient sur une manette invisible en faisant Tuuuut ! Tuuut ! avec un guitariste qui s'essayait à imiter le shuffle, ce bruit très caractéristique du train à vapeur qui prend son élan... Passionnant. Mais cela ne répondant pas à mon questionnement métaphysique principal «  Les Ghosts seraient-ils déjà passés ! » j'avisai la seule personne qui ne paraissait pas prise par l'hypnose ferroviaire collective, en l'occurence l'ingénieur du son, tout au fond, qui depuis ses tables de mixages me semblait contempler la scène d'un oeil vaguement circonspect.

 

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Lui répétais deux fois la question mais au bout de deux essais infructueux il m'a avoué qu'il doesn't speak french et m'a demandé de lui blablater à l'oreille en anglais ! J'étais tombé sur un amerloque, un vrai de vrai. Pas étonnant, country oblige. Dans vingt ans il pourra écrire ses mémoires, je vois le titre d'ici : Chevauchée chez les franchouillards... En attendant, il ignorait tout des Ghosts.

 

 

C'est un organisateur qui nous a mis sur la piste. Ce n'était pas là, mais là-bas. Tout au bout. Z'avaient monté la tente des rockers à côté du camp indien. Faudrait tout de même pas exagérer. Faut pas mélanger, ni les torchons avec les serviettes ni les rebelles avec les shérifs. L'on a traversé la cohue qui assiégeait le défilé des stands de frites, l'on a longé un second plancher dévolu aux danses de saloon et surchargé de ballerines en mexicaines. Nous voici enfin au grand marabout. Les Ghosts ne nous ont pas attendus, z'ont déjà commencé. Du coup avant de les regarder on achète quelques munitions au bar voisin ; un euro le demi, deux euros trois ( 3 ! ) sandwichs, cinquante centimes le café, difficile de faire mieux !

 

 

GHOST HIGHWAY

 

 

Etrange. L'on n'a pas jugé bon de pousser les tables d'un précédent repas, posées perpendiculairement à la scène. Tous ces rockers assis à la queue leue leue sur leur banc, sanglés dans leur perfectos noirs – ressemblent à un classe d'enfants sages qui écoutent religieusement la parole du maître. Le naturel reviendra vite au galop. Cris, interpellations diverses, danses, bousculades amicales, les Ghosts n'ont aucune autorité, le chahut règne.

 

 

Faut dire qu'ils vous lancent des fourmilières en travers des jambes. Difficile de rester immobile sous un tel flot d'énergie. Aujourd'hui Zio est amoureux de sa basse. La caresse voluptueusement. Au-dessous du nombril. Elle en glapit de plaisir, un son rond et juteux, roboratif et chaleureux. Phil est en forme, a choisi un T-shirt bleu, la même couleur que sa batterie. Peut-être qu'il change cette dernière chaque fois qu'il endosse une nouvelle chemise, mais m'a foutu une sacrée trouille. J'étais tranquille, juste devant les baffles, inondé de bonheur lorsque mon coeur a explosé. Boum ! Boum ! Boum ! J'ai cru à une attaque, trois durites qui pètent à la fois, mais non c'était Phil qui s'acharnait sur sa grosse caisse. C'était sur Poor Charlie. A partir de ce moment-là, personne n'aurait pu le retenir. L'a d'ailleurs fini le set debout à fouetter sa cymbale qui ne lui avait rien fait comme un forcené, puis s'est mis à cogner, dos au public, sur ses caisses et ses toms, comme un berseker, non plus sur la peau, mais sur le bois.

 

 

Mais n'anticipons pas, revenons à ce Poor Charlie. Je ne sais pas ce qu'il a fait à Jull mais il était clair que Maître Jull lui en voulait à mort. Lui a cisaillé la gueule de deux coups de gretsch bien saignant, un je t'arrache les dents, deux je te les replante dans l'oeil, puis s'est mis à lui triturer tout le reste chalumeau. Sans parler d'Arno qui lui découpait les doigts de pieds avec sa rythmique d'acier tronçonneuse. Du pur Ghost. Ecrit par les Ghost. Composé par les Ghost. Joué par les Ghost. Chanté par les Ghost. Quand ils auront quinze morceaux pro domo de cet acabit, balancés et malmenés avec cette fougue, plus une reprise de Cash et de Burnette pour indiquer d'où ils viennent, ils seront les rois du rockabilly français.

 

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Les plaisirs les plus courts ne sont pas les meilleurs. Même avec le rappel, le public n'est pas rassasié. Mais dans les gros rassemblements de cette envergure, il faut dégager top chrono car la programmation une autre festivité dans le quart d'heure qui suit. M'étendrai pas sur l'ovation finale. Le son n'était certes pas d'une perfection absolue sous ce chapiteau de toile ouvert un peu partout, mais il dégageait un parfum de sauvagerie des plus délectables. Une fois de plus les Ghost Highway nous ont offert un concert impeccable..

 

PS : on a fauché l'image sur picardieweb

 

FIN DE L'ETAPE

 

 

Bien sûr avant les Ghost Highway y avaient eu Freddy Della, Tony Marlow, Jimmy Rock et Justina Kelly, mais on n'était pas encore là. Tant pis pour vous, tant pis pour nous. Les absents ont toujours tort. L'on n'est même pas resté pour les bagarres de saloon, ni pour l'indien traîné au sol par des chevaux, ni pour la chariot poursuivi, ni pour les poneys dans les flammes, c'est que notre soirée ne faisait que commencer...

 

 

Tout de même une bonne ambiance. Très populaire, dans le bon sens du terme. Jusqu'à la sécurité qui nous ouvre les grilles interdites pour que nous puissions rejoindre la teuf-teuf mobile nous évitant ainsi un grand détour.

 

 

Petit bémol. Nous tombons nez à nez avec trois chiens et leur maîtres. Caresses aux toutous, frétillement de queue ( celles des chiens, voyons mesdemoiselles ), petites discussions amicales sur le tas. Lorsque je serre la main de l'un d'entre eux, il me remercie de lui avoir parlé. Ah ! Misère de la solitude ! Ces milliers de personnes qui s'amusent d'un côté, et cette souffrance de l'autre. Rock et blues.

 

 

PARMAIN / 22 – 23 / 09 / 2012

 

 

II : TATTOOKUSTOM FESTIVAL N° 7

 

 

JOHNNY TROUBLE TRIO / THE TINSTARS

 

 

JACK BAYMOORE AND THE BANDITS

 

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Mauvais point pour la teuf-teuf -mobile, l'est arrivée vingt minutes après le camion des Ghost qui ont quand même eu à débarrasser la scène et à charger le matériel. Rien à dire, ces mec-là sont des rapidos. L'on a quand même rien raté. Devait y avoir Lil' Esther en première partie avec les Tinstars. A fait faux-bond au dernier moment, la petite Esther. Pas du tout un caprice de star. Suffit de tomber sur la page d'accueil de son site pour comprendre tout de suite l'étendue du désastre, l'annonce d'un concert de soutien le cinq décembre 2012 pour aider à payer les soins d'un sein méchamment attaqué par un vilain crabe...

 

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SALLE JEAN SARMENT

 

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Parmain est un village près de l'Isle-Adam que nous qualifierons de... labyrinthique. Par contre le patelin possède une salle municipale aussi vaste qu'une cathédrale. Dehors c'était carrément Kustom, une invraisemblable collection de grosses carrosseries américaines. Un musée en soi. Avec des baraques à crêpes pour les affamés. Dedans, c'était rondement Tattoo ( you comme disent les Stones ). Des stands d'acupuncteurs à encres colorées par dizaines. De quoi transformer votre épiderme en manga. Avec la couleur en plus. A l'heure qu'il est il ne reste plus que quelques boutiques de bibelots ouvertes. Une assemblée de fantômes ont dû laisser leurs suaires au vestiaires car la plupart des éventaires sont recouverts de draps blancs. Le bar ne désemplit pas, c'est qu'il y a du monde, beaucoup d'agglutinés au bord de la scène où officie Johnny Trouble Trio.

 

 

JOHNNY TROUBLE

 

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If you're looking for Trouble, keep the right place, l'avait pas prémonitoirement tort Vince Taylor. Difficile d'échapper à cette armoire à glace de Johnny Trouble. L'a un nom tout droit sorti de la première génération des rockers anglais, mais il vient d'Allemagne, de Stuttgart pour être précis. En plus c'est du côté de l'Amérique qu'il louche. Porte sur sa tronche un peu de la tristesse de Johnny Cash. S'est un tantinet spécialisé sur les reprises du mari de June Carter. Pas un vulgaire copiste, regarde aussi vers Hank Williams, Elvis et tous les autres. Compose même ses propres morceaux.

 

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Sont quatre sur scène, Johnny en noir mais avec une rythmique presque toute en blanc, le batteur caché par la stature de son chanteur, un contrebassiste qui s'escrime contre une double-basse couleur bois pâle de peuplier aussi énorme que le buffet en formica de la Grand-Mère. Plus un guitariste. Z'ont le son. Un sacré sound très fifty. Une bonne assise rythmique qui rebondit de manière élastique comme les deux balles du billard pourchassées par la carambole écarlate. Binaire mais trio.

 

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Entre les morceaux Johnny essaie de placer quelques mots en anglais. Mais revisitées par l'accent teuton ses interventions restent incompréhensibles. On le préfère – et de loin – en train de chanter. Imite très bien la voix de Johnny Cash, surtout dans les graves, souvent en attaque, mais il est incapable de monter plus haut sans changer de registre et du coup il se mue en contralto, pas du tout désagréable à entendre. He walks the line very well.

 

 

JACK BAYMOORE AND THE BANDITS

 

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C'est écrit sur le programme. Entre les deux sets l'on a rendez-vous avec Miss Bloody May et son show burlesque. Le genre de truc qui a-priori ne me fait pas rire. Pas de regrets, toute la soirée. elle brillera par son absence. Jack Baymoore et ses acolytes sont déjà prêts.

 

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Jack Baymoore est un représentant du rockabilly suédois. A aussi pas mal tourné aux Pays-Bas. Plusieurs disques à son actif, Mister B doit en posséder la collection complète et attendait de le voir depuis longtemps. Sera un peu déçu, accusera le son, trop binaire. Je serai plus sévère que lui. Un bon premier morceau, comme un coup de poing qui vous arrive en pleine gueule mais très vite une question me turlupine. Pourquoi ces trois guitares sur scène ? L'on se demande ce qu'elles tricotent. On ne les entend pratiquement pas. Pourtant il y a de beaux modèles. Une Bingsby. Pas une originale, une reconstitution. Maintenant si vous voulez vous en acheter une, revendez votre pavillon. C'est à l'identique. La même que celle que possédait Grady Martin lorsqu'il jouait sur les disques de Johnny Burnette. L'était aussi en studio avec Buddy Holly, Elvis Presley et Roy Orbison – le glissando de velours syncopé sur Pretty Woman, c'est lui.

 

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Quant à la stratocaster c'est moins cher, c'est peut-être pour cela qu'on l'entend moins. Jack Baymoore, vous en donne pour votre argent. Connaît tous les plans. Vous les refile en parfait état. Mais c'est un peu comme la Bingsby, une réplique exacte mais pas une originale. N'oublie pas de se rouler consciencieusement par terre tout en continuant de chatouiller sa rythmique. Une belle voix en plus. Il a vaincu mais ne m'a pas convaincu.

 

 

THE TINSTARS

 

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Devaient accompagner Lil'Esther en début de concert. Mais il était prévu qu'ils mettent un point final à la soirée. Allez savoir pourquoi, mais ils seront les seuls à ne pas avoir droit à un rappel, qu'ils auraient amplement mérité. Se faisait-il trop tard ? Il est vrai aussi que le public devait fatiguer. Beaucoup sont partis après la prestation de Jack Baymoore. Preuve qu'ils étaient venus pour.

 

 

Moi, c'était plutôt pour les Tinstars. Ce sont un peu les Hollandais volants du rockabilly. Le vaisseau fantôme aussi puisque l'on oublie régulièrement de les citer. Presque trente ans qu'ils sont dans le circuit, ils ont côtoyé les plus grands de Johnny Carrol aux Cramps. Connaissent le genre sur le bout des doigts. En ont explorés les recoins les plus obscurs et les plus sauvages.

 

 

Ne bougent pas beaucoup. Seraient du style statique. Mais à l'intérieur ça bouillonne dur et ils vous recrachent de la lave fumante. Rick est au chant, concentré, penché sur sa guitare, une espèce de truc à pseudo-damier agrémenté de deux petits trous à même la caisse. Caché derrière ses espèces d'accroche-coeurs pendouillants tombés de ses cheveux graisseux sur son front, il ne prend même pas le temps de sourire aux filles, mais il mène le groupe, droit devant et à vitesse constante.

 

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A la contrebasse – la même depuis le début du concert, quand il y en a pour un combo, il y en a pour trois – André Haselman se démène. Des mains. Parce que le reste du corps reste placide. Mais faut voir comment ses paluches montent et descendent comme des écureuils. Dusty est un peu le double de Rick, voûté sur son engin, lui aussi les cornes de Belzébut collées à son front, mais bénéficiant de l'électricité il tire de ses cordes une espèce de son surf – surfin'sound, disent les ricains - qui vous glissent sur les pectoraux comme des serpents venimeux en colère. Tellement bons que le premier souvenir que je garde de la prestation des Tinstars ce sont ces moments de galop musicaux qui vous emportent en de fantastiques chevauchées.

 

 

J'en ai encore les oreilles qui tintent. Trois quart d'heures de bonheur et c'est fini. Les musiciens ne perdent pas de temps. Débranchent les jacks, roulent les fils, enferment les instrus dans leur étui. Il est sûr qu'ils ne rejoueront pas. Un unique lot de consolation : l'on ne sera pas venus pour rien !

 

 

T'AS PAS TATTOO VU

 

 

Le lendemain dimanche dans l'après-midi, sont prévus Dollar Bill et Spunyboys. De même à Nogent-sur-Oise, Ghost Highway repassent à 16 heures avec Gunshot et Eddy Ray Cooper. Et nous n'y serons pas. Appelés par d'autres devoirs. Je hais les dimanches.

 

 

 

 

Damie Chad.

 

 

 

LOOK BOOK !

 

 

 

HENRI SALVADOR, L'ELEGANCE DU FUNAMBULE. SERGE LE VAILLANT.e19.jpg

 

2009. TEXTUEL.

 

 

 

Peu de texte et beaucoup d'images. Je n'aime point Salvador, mais puisque certains le créditent du premier 45 tours de Rock français en compagnie de Boris Vian, suis allé voir cela de près. D'abord une petite confirmation, les deux acolytes étaient trois, puisque c'est Michel Legrand qui avait ramené des USA les disques de Bill Haley. Ca ne m'étonne guère, n'ai jamais compris les trémolos des speakers de radio dès qu'ils annoncent un disque composé par cet immitateur de seconde zone. N'est même pas capable de faire du bon jazz, alors pourquoi voulez-vous qu'il pige quelque chose au rock'n'roll !

 

 

Salvador atteint la quarantaine et Vian le suit de près lorsque explose la comète rock. Ressentent le phénomène comme une insupportable mise en demeure. Du jour au lendemain, ils tombent dans la catégorie des has-been, l'on se permet de marcher dans leur pré-carré. Eux qui se targuaient de posséder un train d'avance sur leurs contemporains puisqu'ils faisaient partie de cette élite bien-pensante qui écoutait du jazz, z'étaient renvoyés sans préavis à leurs chères études.

 

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C'est Vian qui l'eut la plus mauvaise. N'avait pas la caution jazz de son ami, l'amuseur-public N° 1 qui après la guerre s'était retrouvé sur scène dans l'orchestre de Django Reinhart. Le divin Manouche s'était vite aperçu que Salvador pensait plus à lui piquer ses plans qu'à jouer de la musique. Henri fut rapidement débarqué de la formation. Django n'ignorait pas que dans la vie il vaut mieux être seul que mal accompagné. Faudra que je vous ressorte un jour les gentilles phrases assassines que Vian a décoché à Elvis, très régulièrement jusqu'à sa mort, dans les journaux. Quelle jalousie d'artiste ! L'est vrai que Presley possédait tout ce qui manquait au pauvre Boris, une totale maîtrise de son art avec en plus une insolente beauté. Sûr que Boris mal fagoté en ses trenchcoats miteux et ses costumes fatigués pouvait aller se rhabiller, et ramener en rasant les murs son trombone et sa trombine au clou.

 

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C'est en juillet 1956 – visez la symbolique de la date - que nos trois scrofuleux de la jalousie commirent leur sordide imitation de Bill Haley. Il paraît que certains en rient encore. Pour ma part je serais plutôt partisan d'en pleurer. En 1984, Salvador, dans une interview pour Jazz Magazine, en remettra une couche pour être sûr de se faire bien comprendre «  … le jazz lui est parvenu au top. Et puis est arrivé cette merde de rock qui a drainé tout le monde. »

 

 

Est-il nécessaire de rajouter quelque chose ?

 

 

Damie Chad.

 

 

REVUE DES REVUES

 

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JUKEBOX MAGAZINE N° 310.

 

Octobre 2012.

 

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Comme pour rajouter un contrepoint à l'article précédent, Les années Rock and Twist 1960 – 1964 qui répertorient par orde alphabétique les chanteurs français de la mouvance Rock – Yé-Yé n'oublient pas de mentionner en abordant la lettre M, le batteur de jazz Mac-Kac qui enregistra en mai 1956, soit quelques semaines avant Henry Cording ( alias Henri Salvador ) le premier Extended-Play quatre titres, sobrement intitulé Rock'n'Roll. Vian-Salvador-Legrand n'ont fait que reprendre l'idée de Mac-Kac, des paroles un petit peu plus loufoques, des cuivres plus enlevés et une voix moins nonchalante. Mac-Kac parviendra à sortir ses morceaux sur un 33 tours Atlantic aux USA. Véritable premier pré-pionnier du rock français, Mac Kac finira sa vie en 1987 à Sète, pour être enterré à quelques mètres de George Brassens. Dans la vie, comme dans la mort, Mac-Kac se sera toujours fait voler la vedette !

 

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La revue est à acheter d'urgence. Eric Burdon et Jimi Hendrix en couverture avec leur interview respectif réalisé par Jacques Barsamian à l'époque lors de leurs Musicorama à l'Olympia en janvier 1968. Le public est composé de rockers de la première génération – c'est après Mai 68 et surtout en 1969, que les gros bataillons de la jeunesse découvriront le rock en France – qui renâcle quelque peu au modernisme de Jimi Hendrix... Trop petite interview de Noël Deschamps ( voir KR'TNT 48 du 30 / 03 / 11 ) qui promet un retour en studio. A suivre en attendant, il chantera les 29 ET 30 septembre au 76° Cidisc à l'Espace Champerret à Paris.

 

 

Comme toujours j'ai gardé le meilleur pour la fin : Jacques Barsamian qui commente et décrit la Tournée Française de Gene Vincent en 1967 avec photos ( connues ) et un superbe compte-rendu du concert du 20 octobre. Mais ce n'est pas tout : six pages consacrées à Buddy Holly, non pas les éternelles redites mais l'interview de Sonny West à qui Buddy emprunta deux de ses meilleurs titres Oh Boy ! Et Rave On. Vous croyiez tout savoir, eh bien non, je vous laisse découvrir. En plus ce n'est pas fini, c'est autour de Tommy Allsup qui accompagnait Buddy lors de dernier fatal tour... Ce qui ressort de tout cela, la simplicité et le talent de Buddy... A lire.

 

 

Damie Chad.

 

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BLUES MAGAZINE. N° 66.

 

Octobre – Novembre – Décembre.

 

 

Est en train de devenir ma revue de blues préférée. Comment parviennent-ils à faire rentrer tant de gourmandises en ces 96 petites pages. Certes ils trichent un peu en faisant paraître l'opus quinze jours avant la date prescrite mais nous serons les derniers à nous en plaindre.

 

 

On n'a pas commencé par le début, l'on a filé tout droit vers la Highway 49 pour suivre le troisième volet du Mississippi Blues Trail sur les traces du Blues, celui du delta et des alentours. Une tonalité plus triste que les deux précédents. Même là-bas aux States, ils se rendent compte que le blues est une cause perdue. Un vieux truc du passé. Que l'on conserve dans des musées. Sans esbroufes, car le blues est une légende qui s'est auto-consumée. Ne reste plus grand-chose. Quelques instruments, quelques livres, quelques photos. Et puis des émotions. Comme ce Sherman Cooper, petit blanc fou de blues, à qui sa vieille grand-mère apprend que Charley Patton ( Charley Patton ! ) était le père de Rosetta la nounou de la famille !

 

 

Reste l'inquiétude que le blues ne soit que la musique d'une génération, que bientôt son souvenir deviendra aussi insaisissable et fantômal que la pierre tombale de Mississippi John Hurt. Qui se souvient encore de ces orchestres noirs de fifres et percussions qui disparurent à la fin du dix neuvième siècle ? Ces espèces de bandas blues créèrent ce que l'on pourrait appeler le bourdon originel du blues avec cris et chants alternés et se répondant ?

 

 

Qui perd son passé ne s'accrochera que très difficilement à son futur... Sonny Boy Williamson, Skip James, Robert Johnson, et les autres, tous les autres. Où seront-ils lorsque nous-mêmes aurons disparu, lorsque la transmission sera définitivement coupée ? Très beau reportage de Béatrice Chauvin – écrivain et photographe - qu'elle espère finaliser un jour sous forme d'une exposition, d'un blogue, d'un livre... Affaire à suivre. En tout cas le rédac-chef a dû se rendre compte que les mini-espaces dévolus aux photographies ne leur rendaient pas justice. La taille en a été augmentée, et l'article se termine sur un carnet d'une douzaine de photos.

 

 

Soyons féministe ! La lecture de la monographie d'André Perronnet sur Etta James s'impose. Portrait qui vise juste, des mots simples qui embrassent et résument toute une vie d'orages et de miel. Etta James telle qu'en elle-même la mort la statufie. Chanteuse de jazz et puis chanteuse de blues. Fut même embrigadée dans la série Les Rois ( reine conviendrait mieux ) du Rock présentés par Eddy Mitchell chez Barclay. L'on ne prête qu'aux riches ! En tout cas elle a su soigner sa sortie, leucémie du sang en phase terminale. La maladie bleue. Indispensable pour une chanteuse de blues.

 

 

Véronique Sauriat n'en est pas encore à ce stade. Mais il se murmure dans les milieux du blues que la chanteuse des Mama's Biscuits est appelée à devenir la diva française du blues. Deux CD à son ( à leur ) actif, W.O.M.A.N en 2006 et Evil Gal en 2012... Fallait être au Belvédère à Champigny ce 12 mai 2012 pour acquiescer ( ou pas ) à cette proposition. Pour nous qui n'y étions pas nous retenons l'adresse pas si éloignée que cela de la maison, mais pour Blues Magazine la cause est entendue !

 

 

Et l'on n'a même pas parcouru un tiers de la pagination ! Pas toujours d'accord avec leur choix, comme cette interview de Francis Rossi, le leader de Status Quo qui reste tout de même groupe de seconde zone pour ceux qui ont vécu les années 70. Un groupe pour lycéens, incapables de s'abreuver aux bonnes bouteilles... Mais de ces dernières Blues Magazine en est rempli. Je vous laisse déguster. A consommer sans modération.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

 

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