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04/10/2012

KR'TNT ! ¤ 112. MIKE SANCHEZ. KENNY WAYNE. MR BOOGIE WOOGIE

 

KR'TNT ! ¤ 112

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

04 / 10 / 2012

 

 

 

SALON ROCK 'N' BOOGIE

 

 

PARC DES EXPOSITIONS / CERGY PONTOISE / 29 / 09 / 2012

 

 

ROCKIN' RAFFI / MR BOOGIE WOOGIE

 

 

KENNY BLUE BOSS WAYNE / MIKE SANCHEZ

 

 

 

PREMIER SALON DU ROCK'N'ROLL

 

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Un sous-titre alléchant. Organisé par wkproduction les mêmes qui font venir des milliers de visiteurs au Salon Country Western au même endroit. Sur le prospectus ils promettent plein de stands, de quoi parfaire sa panoplie de rocker de la tête au pied. L'on ne pouvait pas rater cela. Même la Teuf-Teuf Mobile a compris qu'elle se devait d'y être. A parcouru les cent trente kilomètres en un temps record, a même fait le coup de sortir pile au bon endroit à deux cents mètres du Parc des Expos. Pour la Nuit du Boogie, c'est Billy qui m'accompagne de la boutique Billy Style Elvis Presley. Pour vous faire prendre en photo, il n'y a pas mieux. Un look à la Elvis, mais aucune servile imitation cadavérique, à vous couper le souffle. En plus pendant le trajet, tout comme le Hillbilly Cat, il dédaigne la moindre goutte d'alcool ne carburant qu'au jus d'orange.

 

 

Accueil sympa, un lot de voitures d'époque ( 50 – 60 ) garées sur le paddock, cinq euros l'entrée, une cafet pas chère, et pour les plus fortunés une autre qui vous sert le café à deux euros cinquante dans un gobelet en plastique sous prétexte que vous ne vous asseyez point pour déguster leur plateau de frites à dix-sept euros, avec tasse en porcelaine pour l'arabica. Le genre de philosophie différentielle que je supporte difficilement. Ne dois pas être le seul car les tables vides sont légion...

 

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Pas un max de stands. L'orga a emménagé de vastes allées, sans doute attendait-elle plus de monde. Je ne crois pas que sur toute la journée le chiffre d'un millier de personnes ait été atteint. Ce sont là supputations toutes personnelles. Première déception, pas un seul vendeur de disques présents. L'est sûr qu'avec le Cidics ( Concvention Internationale des Disques de Collection ) qui se déroule aux mêmes dates à la Porte Champerret, les boutiques n'ont pas dû hésité une seconde. A repenser pour la deuxième édition, un salon du rock'n'roll sans prestigieuses galettes, c'est un peu comme une bouteille d'eau ( chacun peut changer la nature du contenu selon ses propres goûts ) sans eau.

 

 

Boutiques de fringues principalement. C'est simple, vous rentrez en slip et vous ressortez déguisé en Daniel Boone, ou en James Dean, ou en Johnny Cash, ou en tout ce que vous voulez. Comme je n'ai pas le gringue de la fringue, j'ai surtout zieuté le trucker de la boutique Western Bike, un magnifique Camion Kenworth, du genre que vous admirez dans le film Le Convoi de Sam Peckinpah. Une des plus insidieuses fables anarchistes made in USA. Mais le mastodonte transformé en supérette de bottes western y perd toute sa poésie. Question Santiags, il y a toujours des culs de pied aux culs du merchandising qui se perdent...

 

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Le seul stand qui m'ait plu, c'est DOM S-D pour Dominique Saraï Desseigne du Graphic Rock Art comme il écrit sur sa carte de présentation ci-dessus. L'on a déjà diffusé de ses images sur KR'TNT sans savoir qu'elles étaient de lui, l'affiche du film Violent Days de Lucie Chaufour par exemple. Pour en savoir plus allez faire un tour sur son site www.domsd.com, vous ne pouvez pas être déçu par un gars qui travaille par exemple autour d'Iggy l'Iguane, Little Bob et MC 5. Son site est en construction mais n'omettez pas de visiter la galerie de ses oeuvres personnelles, comme la superbe évocation de Gene Vincent dans Rock This Way et le poème graphique Défense d'Afficher. Un véritable artiste rock'n'roll, comme il en existe trop peu.

 

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ROCKIN' RAFFI

 

 

Dix-sept heures quarante cinq tapantes, le concert commence. Mouvement de foule vers le plateau. Rockin'Raffi sur son piano mécanique Roland entame La Nuit du Boogie Woogie par quelques boogies enflammés. Rien de surprenant. A part la taille du pianiste. Celle de son âge. Ni longue perche, ni petit Poucet. Celle tout à fait normale d'un enfant de dix ans. Qui joue. Pas avec sa play ( ce qui me plaît ), mais du boogie. Et il ne se défend pas mal du tout.

 

 

Le baby killer n'a les doigts dans ses poches. Fait bondir tout ce qu'il touche. L'est presque célèbre. Un concert au Balajo avec Rocking Malek, passage TV, un max de vidéos sur You Tube. Chante aussi. Juste, mais il faudra attendre la mue pour que la voix s'encrasse et s'enroue un peu. Suis toujours un peu mal à l'aise avec les mini-virtuoses. Combien de petits Mozarts n'a-t-on pas assassiné ( snif ! Snif ! ) à vouloir les faire grandir trop vite. Réaliser ses rêves d'enfants en étant encore un gamin n'est peut-être pas un cadeau. Souvenons-nous pour rester dans le domaine du rockabilly de Larry Collins qui se tapait des duos de guitares avec Joe Maphis et qui par la suite fut incapable de mener une carrière digne de ce nom...

 

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En attendant force est de reconnaître que notre apprenti autodidacte se débrouille mieux que bien. Un parfait petit Jerry Lee, ne reste plus qu'à attendre qu'il grandisse pour apprendre à tuer le maître. Avec d'autres armes que des Great Balls On Fire. Mais ne soyons pas pessimistes. Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années.

 

 

MISTER BOOGIE WOOGIE

 

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L'avons déjà chroniqué dans notre soixante-deuxième livraison du first september 2011. Nous avait prodigieusement ennuyé au festival de blues de Sem. Mais l'avait été accompagné par Nico Wayne Toussaint et son orchestre qui avaient su sertir ses performances pianistiques d'un enrobage de Rhythm and Blues plus que charpenté qui avait fait passer le médicament. Le voici ce soir sans son écrin musical, l'huître seule sans perle pour briller, et sans coquille pour la protéger. Est seulement accompagné d'un batteur et d'un bassiste électrique. Qui feront ce qu'ils pourront pour le tirer du guêpier.

 

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C'est que le boogie-woogie, c'est super mais tout de même un peu monotone. J'ai toujours pensé que ça ressemblait à du Bach ( home ! ), beaucoup plus enlevé, mais quelque part aussi répétitif. Faut être sacrément doué pour les variations. Et ce soir Mr Boogie Woogie manque d'imagination. Faut dire à sa décharge que sous la coupole aplatie du hall le son est un magma infâme dans lequel l'ouïe dit non. Dans des conditions si désastreuses faut avouer qu'il ne s'en sort pas si mal. Nous sort les classiques d'Hank Williams et de Fats Domino. Ne chante pas aussi bien qu'il joue mais cela l'oblige à s'appliquer et cet effort humanise sa prestation l'empêchant de devenir trop mécanique. Sous son chapeau haut de forme rouge, son litron de rouge et les gouttes de sueur qui coule sur son visage livide Mr Boogie Woogie ressemble un peu à un clown blanc triste. Mais un numéro de cirque qui captive les enfants. Rockin'Raffi viendra lui donner un coup de mains sur un tempo spécialement enlevé.

 

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KENNY WAYNE

 

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Entracte, le temps d'engloutir d'un sandwich je reviens vers la scène. Le rock'n'roll est-il une musique de petits blancs ? Toujours est-il que le noir placide qui traverse le public en train de discuter aurait du mal à vouloir passer inaperçu. C'est le seul de l'assemblée présente. Il disparaît backstage. Chat échaudé craignant l'eau froide je m'installe tout devant, contre les barrières. J'aurais ainsi l'immense privillège d'être parmi les rares à entendre distinctement le piano durant les deux premiers morceaux.

 

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L'orchestre prend place, un contrebassiste, un guitariste, un saxophoniste, et un batteur. Enfin Kenny Wayne. Tunique rouge flashante, veste de feu aux zébrures cramoisies, la cinquantaine apaisée, une légère corpulence, tout son corps respire la maîtrise de soi et semble habité d'un came Olympien. La sagacité légendaire du KR'TNTreader n'aura pas manqué de reconnaître le quidam de tout à l'heure qui passait l'air de rien.

 

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S'est assis au piano, nous dit bonsoir – l'on s'apercevra que c'est à peu près tout le français qu'il connaît - lève la main sur le clavier, se ravise, se retourne vers le micro pour féliciter Mr Boogie Woogie de son set, et tout de suite après c'est la splendeur. Suis bien placé pour le voir, s'est contenté d'abaisser deux doigts sur deux touches, mais le son qu'il en obtient est d'une tout autre résonance que tout ce que nous avons entendu jusqu'à maintenant. Little White Men, allez vous rhabiller, ici c'est de l'original, zéro pour cent d'imitation, directly from the New Orleans, air de fête et indolence bluesy garantis plus un swing à vous couper les jambes.

 

 

Un régal. Avec un arrière-fond jazzy, un presque rien, un effluve qu'il faut savoir reconnaître mais entêtant dès qu'on l'a saisi dans les narines. Une pulsation sourde mais qui colle à la peau. Du boogie à train d'enfer sur le piano, mais la tradition jazz n'est pas loin, très vite chaque instrument a droit à son moment de gloire, chacun nous soule de son solo empli de soul. De gauche à droite et puis pour ne pas faire de jaloux de droite à gauche. C'est déroulé comme du papier à musique. Une manière aussi de rompre l'interminable pompe à rythme du woogie qui ne s'arrête jamais. Méchamment bons les musicos, mais j'en parlerai après.

 

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N'a pas volé son surnom de Patron du Blues, Kenny Blues Boss Wayne, les deux plus beaux moments du concerts seront ses deux blues. Seulement deux, mais de dix minutes chacun. Le serpent déroule ses anneaux lentement. Un blues d'au-delà des tripes, lent et majestueux, aux ondulations miroitantes et scintillantes. Une corde qui s'enroule autour de votre cou et que l'on serre, que l'on serre, que l'on serre, sans arrêt. Si sournoisement, si insidieusement, que vous ne vous en apercevez même pas.

 

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C'est lorsque vous êtes presque mort que Kenny s'exclame : «  mais non je rigolai, vous avez de la wayne d'être avec moi, remettez-vous je vous emmène au bal. ! » Et il s'empare de Hammond 44 melodion qu'il avait caché sur le buffet. C'est un mini clavier de piano avec un cordon d'embouchure dans lequel vous soufflez comme dans un cotillon, vous pianotez et vous en sortez une sonorité qui allie au velouté du piano le bruit métallique de l'harmonica. Et Kenny Wayne s'en va déambuler sur la scène et s'amuser dans le public. Franc succès, surtout que l'orchestre continue à balancer salement une rifflette d'enfer. Merci Mr Kenny Wayne de ce grand momment.

 

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Je le rajoute en post-scriptum Blue Boss a appelé Rockin'Raffi pour un petit duo sympathique, tous deux côte à côte comme des grands et Raffi qui lui ressort le plan qu'il a piqué tout à l'heure avec Mr Boogie Woogie. Apprend vite la jeune pousse, bon signe.

 

 

 

 

MIKE SANCHEZ

 

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Reviens avec mon deuxième sandwich. Ca bouge sur la scène. A l'extrême-droite il y a un agent secret en manche de chemise de la CIA style watergate puisqu'il est en train de poser un micro presque à ras du plancher. Vous l'identifiez facilement à ses bretelles. Un harnais pour très gros calibre. Un grand sec à petite barbiche pousse le précédent batteur de son siège et prend sa place. L'on pressent le nerveux qui n'en laisse pas passer une. Les trois autres on les connaît, étaient déjà avec Kenny Wayne, un bassiste affûté, un sax sensas, et le guitariste qui a remisé sa grosse mèmère jazzique toute ronde, pour une petite torpedo électrique. Y a comme qui dirait du guitar hero dans l'air. Pas bêtes, vous avez tous reconnu le Drew Davies Rhythm Combo. Des fines gachettes du jump que depuis trois ans l'on retrouve dans tous les mauvais coups. Une équipe de tueurs. Que seuls les meilleurs peuvent se permettre d'embaucher.

 

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Font justement partie de la garde rapprochée de Mike Sanchez quand il vient en France, c'est que Mike Sanchez est un caïd qui ne s'embarrasse pas de petite bière. A traficoté avec Clapton, Jeff Beck et Bill Wyman, a même ouvert pour Led Zeppelin. Une grosse pointure pour résumer. Imelda May qui fit partie de son orchestre durant quatre ans lorsqu'elle s'appelait encore Mary Clabby a déclaré que c'est avec lui qu'elle avait appris le métier... La scène se vide. Le temps d'annoncer Mike Sanchez au micro. Ne le cherchez pas, c'est le géant aux yeux bleus perçants qui est resté collé contre le rideau. Ne s'est pas assis au piano qu'il fait signe de monter le son sur le retour. Sur tous les retours. Ordre d'une simplicité absolue, toutes les manettes vers le haut, dans le rouge.

 

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Et après ? Vous fout deux claques sur le clavier, deux coups à assommer deux boeufs d'une seule main et vous voici emportés dans un tourbillon. Mardi-Gras à la Nouvelle-Orléans. Mais à l'instant précis où Katrina se déchaîne et fond sur la ville. Hurricane tous azimuts. Martellement incessant du piano qui se bouffe des bouffes comme le boufon du roi. Le gars de la Cia, c'est pas un virtuose du gros calibre. Je peux vous donner son nom c'est Jean-Marc, tient un espèce d'énorme lance-missile à ogive nucléaire. Va pas s'arrêter une seconde de vous bazarder des dum-dums sax baryton à vous stopper une charge d'éléphants. Quel souffle ! une détonation de fond incessante, musique d'ambiance pour bataille de chars d'assaut. Drew Davie nous en pète quelques explosions de jalousie. Avec son petit ténor, il joue son cador. Barrit comme Dumbo, vrombit comme un hélicoptère, glapit comme une renarde à qui l'on vient de tuer ses petits, pisse sa colère, se roule par terre, le sax accroché à sa bouche, n'en démord pas de nous mordre à coups de chorus rageurs et ravageurs.

 

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Me demandez pas ce que Simon trafique sur ses caisses. Pas le temps de le regarder mais il assure sans faillir un roulement de tintamarre indispensable aux crises de délirium tremens que pique régulièrement Fabien sur sa guitare. Vibrato funk, personne ne descend car tout le monde est déjà mort. Quant à Thibaut profite d'être tout seul sur la gauche de la scène pour étriper sa contrebasse. Il tire sur les cordes comme sur un boyau de chat écorché. Au grondement de colère qu'elle éructe ça ne doit pas trop lui plaire.

 

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Inutile de porter plainte à la société protectrices des instruments de musique. Certes ils sont coupables mais le responsable c'est Sanchez, assis au bord de son piano. Suffit qu'il lève la main pour que tout s'arrête, la rebaisse et la folie reprend le dessus. Du Fats Domino ? Si vous voulez, mais Mike il abat les vingt-huit tablettes d'une seule de ses grosses paluches. Les blanches et les noires il ne connaît pas. Ecrabouille tout sur son passage. Rouge sang.

 

 

Impérial Mike Sanchez. Pas le genre de chef à se cacher derrière ses soldats. Fonce en tête, l'oriflamme déployé, une voix à réveiller les morts des cimetières, un boogie à faire dérailler les dernières locomotives à vapeur encore en service. Avec lui le son ne se perd pas, il se transforme en cataclysme.

 

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Nous laisse exsangues. Laminés. Concassés. Si vous vouliez savoir la différence intrinsèque entre la pulsation pâmoisante du jazz et le requin-drôle du rock'n'roll, suffisait d'assister aux sets de Kenny Wayne et de Mike Sanchez ce samedi soir 29 septembre 2012. D'un côté vicieuse mélancolie et bonne volonté humaniste, de l'autre sauvagerie festive et spasmes auto-destructifs.

 

 

Qui a dit que le rock était une musique vintage ?

 

 

THE LAST WORDS

 

 

 

Nous n'avions que la permission de minuit. Le hall ferme ses portes. Turky – toujours un choix de disques intelligent qui dénote une profonde connaissance de la musique populaire américaine – lance ses quatre derniers morceaux. Sur la piste je rejoins Billy, a trouvé le temps de faire danser les plus belles gerces du coin et de se payer le resto chinois de l'autre côté de l'avenue.

 

 

Devant la grille d'entrée. C'est le moment des adieux... et des retrouvailles. C'est à croire que toute la bande du Golf-Drouot, celle des mercredis après-midis des années 78 -81, s'est donnée rendez-vous. Emotions et embrassades. Remémoration des amis perdus. La vie prend parfois l'apparence d'une allée de cimetière.

 

 

Séparons-nous. Jusqu'à la prochaine fois. Rock'n'roll will never die. C'est bien connu.

 

 

Damie Chad.

 

 

PS : on n'était pas présent le dimanche trente pour Hot Gang et Be Bop Creek. On le regrette.

 

 

 

KROCKROCKDISC

 

 

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MIKE SANCHEZ and THE BEAT FROM PALOORAVILLE.

 

2010.

 

 

 

HIP BOOTS. THE QUESTION. BABES AND BUICKS. LET'S BE FRIENDS. DRIFTWOOD. ISABELLA. FOUND WHAT I'M LOOKING FOR. IT'S TIME TO ROCK. EVERYBODY'S GOT A BUICK. I'M WISE ( SLIPPIN' & SLIDIN' ). GOT YOU ON MY MIND. CRAWFISH. SHIVER AND SHARE. PRETTY LEGS. SCREAM AND HOWL. PARTY TIME.

 

 

MIKE SANCHEZ ( piano, vocal ). ANDERS LEWEN ( guitare ). URBE HED ( basse ). MARCUS ANDERSSON ( drums ) TOBBE ELIASSON ( Sax ). JACOB NORGREN ( Sax ). JOHAN SVENSSON ( drums ).

 

 

Sacré bordel en ouverture, verres trinquées et femelles éméchées. L'ambiance s'annonce chaude. Rires et piaillements divers. El maestro se fait attendre. Prenez le temps d'enfiler un demi-flacon de bourbon. Party Time, le CD commence par la fin, beaux chorus de sax, une voix à la Fats Domino mais survitaminée, avec une guitare qui s'amuse à imiter la scie sauteuse. Petit slow bien chaloupé avec sous-entendu graveleux, I got you on my mind. Appuie un peu trop sur les you pour être honnête. Je vous avais dit de ne pas y croire, pêche aux crabes sur le morceau suivant, percu inquiétante et sirène ondulante qui double la voix. Petite ballade dans les bois. Attention bois flotté. Ca change tout dans les bayous. Deux petits suppléments en prime, croisière en piano-pédalo dans les marais. Avec un sax qui susurre des galipettes dans l'oreille, et la voix de Mike qui se fait trop coquine pour l'honneur des demoiselles. Posez pas de question, Sanchez y répond à votre place, ça somme un peu comme sur les disques de Little Richard, je parle de la prise de son. Attention le piano s'énerve en acrobatie swing. L'on rentre dans le vif du sujet. Commence à s'énerver le gros Mike, tout le monde à une Buick sauf lui. Vous ferez mieux de dégager si vous ne voulez pas qu'un solo de sax vous roule sur les pieds. Attention, ça filoche dur. Finit par pousser des hurlements de joie quand il a pu vous chopper sur le passage clouté. Un petit air jazzy-jump pour vous prouver qu'il peut porter le costar cravate aussi bien qu'un autre, mais ça se détériore vers la fin, finit par chanter comme un rocker. Et c'est reparti pour une ballade en voitures, remplies de filles, les jupes au vent qui laissent voir les culottes... Je ne vous fais pas de dessin, ça balance en douceur, juste ce qu'il faut pour ne pas fatiguer les amortisseurs, et ces coups répétés de sex, pardon de sax. Tant qu'on y est un petit aperçu sur les jolies jambes des danseuses, ça ne peut pas faire de mal, surtout qu'il y en a qui se promènent en red blue-jeans, ah les crazy legs ! Sans être fétichiste l'on s'attarde sur les boots, tapenades endiablées Mike en oublie de chanter. Preuve que ça tangue sérieusement, et le sax qui aboie comme un chien fou de joie devant son os à moelle. N'en est pas resté muet pour longtemps Mister Sanchez, entame la conversation avec la belle Isabella, lui promet qu'il can rock et qu'il can roll, doit s'y mettre car c'est aux sax de couvrir les bruits, a l'air sacrément de bonne humeur quand il revient après son petit tour. Du coup nous en chantonne une autre tout aussi frétillante, let's the four wind blow, I like the way you walk, vous voyez le satyre qui s'annonce. Ca n'a pas dû lui déplaire à la jeune miss puisqu'elle vient nous affirmer qu'elle a trouvé ce qu'elle cherchait. En tout cas il semble méchamment content de la déclaration de Lily Mae, en pousse des rugissements de joie, that's my baby clame-t-il aux alentours. Je vous fais grâce des borborygmes qui accompagnent ses proclamations. Mais trêve de plaisanterie, c'est le temps du rock, petit instrumental bien balancé pour se secouer les genoux. Ca lui a vraiment fait du bien à Mike Sanchez nous répète à plusieurs fois qu'il feel so good qu'on en est presque jaloux. Deux petits arpèges de blues, une trompette qui aboie et l'on se dirige vers une minauderie taquine de voix de vieux matou qui se met à miauler. L'on termine sur un classique de Little Richard, ça glisse et ça zippe tout en douceur. Tout en sagesse. C'est Lily Mae qui aura les derniers mots. Frissons et secousses. Faut pas lui en promettre mais le programme a l'air d'agréer à Mike Sanchez qui se hâte de lui proposer de faire ami-ami. Rappel avec cuivre pour résumer le programme, Babes and Buicks.

 

 

Ce doit être son credo : l'a déjà enregistré Women and Cadillacs en 2008. Nous lui proposons Meuf et Teuf-teuf pour 2012.

 

 

Moins à l'emporte-pièce que le tour de chant. Fats mais pas obligatoirement furieux. Très agréable. Quelque part entre Little Richard et Domino, une manière de chanter un peu comme les rockers blancs voire comme Frankie Laine, plus un relent de Wison Pickett. Un gumbo très original. Comme vous n'en mangerez jamais ailleurs.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

REVUE DES REVUES

 

 

ROCK'N'FOLK N° 542.f25.jpg

 

OCTOBRE 2012.

 

 

 

Le rock se meurt la queue. Après le L. A. Woman des Doors, le Nevermind de Nirvana, c'est au tour des Sex Pistols de fêter l'âge canonique – qui est aussi le temps de l'andropause – du brulôt Nevermind the Bollocks. La totale, les prises alternatives, le remix, la photo, le 33 et le CD et le livret dans le packagin. Ca pue la récupération commerciale, le punk serait-il mort ?

 

 

 

Non il survit encore. Musicalement non. C'est terminé. Nous sommes à l'heure de la guimauve-pop. Patrick Eudeline vous enfonce le clou dans les gencives au cas où vous l'auriez oublié. Mais reste plein d'optimisme. Là-bas, très loin, des minettes encagoulées – fraise des bois, bleu nuage et jaune banane – s'en sont allées semées le souk dans une église. Ca s'est passé en Russie, pays où le communisme n'a pas dû être particulièrement virulent puisqu'après être resté quatre-vingt ans au pouvoir ils n'ont même pas réussi à éradiquer le christianisme de la tête du moujik de base. Bref les Orthodoxes ont porté plainte et le Président Poutine s'est fâché tout rouge. Enfin presque. Du moins pas le rouge que l'on aime. Bref trois petites minettes toutes mignonnettes condamnées à deux ans de camp ( plutôt de concentration que de vacances ). Rock'n'Folk nous sort la plus belle couve de l'année tous magazines-rock confondus. Avec interview en prison.

 

 

Faudra me prévenir quand la chasse au Daho sera ouverte. Voici que les BB Brunes ont cédé au bronchiteux asthmatique. Une victime de plus dans le rock français qui ne se relèvera jamais de la variétrockche des années 80. Mieux vaut ne pas lire la suite. Avant de rejeter le magazine, découpez l'article de Christian Casoni sur Robert Lee Burnside.

 

 

SOUL BAG. N° 208.f26.jpg

 

Octobre-Novembre-Décembre 2012.

 

 

 

Shemekia Copeland en reine du blues sur la couverture avec interview géante à l'intérieur. Une fille sympa qui ne s'y croit pas. Pas folle la guêpe, ne revendique rien sauf le fait d'être une chanteuse de blues. A ceux qui lui reprochent qu'elle n'est pas une puriste, elle répond que dans l'Amérique d'Obama la condition de vie des noirs n'est plus celle des champs de coton du delta. Se verrait plutôt dans la suite de Ma Rainey ou de Bessie Smith. Intelligente remarque. Ajoute même que le problème s'est déplacé ou peut-être simplement éclairci : ce n'est plus les pauvres noirs victimes des riches blancs, mais les pauvres dominés par les riches. Question de classe devant la couleur. L'on n'a pas envie de la contredire. S'insurge même contre la mode du blues. Que chacun y aille de sa goualante la gêne, beaucoup trop se refont ainsi une virginité sociale à moindre frais. Ce qui n'empêche pas que moi d'instinct je la classerais dans les chanteuses de rhythm and blues et non de blues. Pourtant faut reconnaître qu'elle sait argumenter.

 

 

L'on retrouve – tout comme dans Blues Magazine – Robert Cray en couverture. Quarante ans de métier et le sentiment de décrire les choses plus que de se battre pour les bousculer. A l'impression de faire beaucoup en se déclarant pour Obama. Certes quand on compare à la bêtise d'un Mitt Ronney, il n'y a pas photo. Mais tout cela me donne l'impression d'un blues qui a les pantoufles au chaud. Embourgeoisé dans sa tête. Même s'il s'en défend.

 

 

Un numéro qui fait réfléchir. Ne pose pas directement les questions mais donne assez de matière pour qu'elles puissent surgir dans votre tête.

 

 

Damie Chad.

 

 

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