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19/09/2012

KR'TNT ! ¤ 110. RANKKEN. CAT'S EYES. PAPY'S BLUES.

 

KR'TNT ! ¤ 110

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

20 / 09 / 2012

 

 

 

01 / 09 / 2012

 

 

 

PREMIER FESTIVAL ROCK'N'SOL

 

 

 

DE LA SAULSOTTE

 

 

Dix-huit kilomètres. Une paille pour la teuf-teuf mobile lancée à fond sur les petites routes de campagne. Fallait changer de département et de région, mais qui refuserait de parcourir les dix-huit kilomètres qui séparent son domicile personnel d'un festival de rock. Pas moi. Je devais être le seul car une fois sur les lieux j'ai été incapable de dégoter ne serait qu'une demie-âme de Provins.

 

 

Suis arrivé sur les chapeaux de roue, je ne l'imaginais pas si près à l'entrée du village le festival. J'ai même trouvé une place où me garer juste devant la salle des fêtes communales. Vingt bagnoles au maximum, sont tous venus à pieds. Sympa tout de suite, apéritif gratos et amuse-gueules à gogo sitôt acquittés les huit euros de l'entrée.

 

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L'on entendait de la musique, suis arrivé pour un pré-boeuf inaugural, une scène bourrée de guitares à se croire devant un magasin d'exposition de Pigalle, avec entre une dizaine de musiciens qui se la donnaient. Sweet home Chicago et Be Bop a Lula pour commencer. Que désirer de mieux, même si la version du classique de Gene est un peu trop confuse et jazzy.

 

 

Un deuxième apéro pour se mettre en bouche et les festivités commencent. Programme simple et égalitaire. Chaque participant aura droit à quarante cinq minutes, pas de rappel.

 

 

HOLOCENE

 

 

Sont deux sur scène. Un couple. Fille et garçon. Dans la vie aussi. Sont juchés sur des tabourets de comptoirs et n'ont qu'une guitare pour s'accompagner. Se la refileront à tour de rôle. Mais pas à tour de rock. Vous les voyez venir, avec leurs gros sabots folks. Tout juste bons à écraser les escargots. Chantent en anglais. Difficile de reconnaître les morceaux : incriminez mon manque de culture. Un peu ennuyeux. Je remarque que certains sortent se ravitailler en kir. Je les imite par deux fois. Mais ce n'est pas encore terminé quand je reviens. Le gars m'endort, la gerce possède une voix aux inflexions moins monotones, mais vous savez le folk et moi...

 

 

T & S

 

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Sont deux sur scène. Un couple. Fille et garçon. Dans la vie aussi. Non je n'ai pas fait un papier-collé. C'est pas les mêmes. Sont plus âgés. Plus du double. Tempes et mèches grises. Heureusement qu'ils ne sont pas les géniteurs des précédents car les mauvais esprits auraient pu parler de décadence de la race blanche. Sont meilleurs tout simplement. Ont un répertoire seventies, bonjour passez-moi le joint. Commence par le California Dreamin des Mama's and Papa's à la gratte sèche avec Simone qui nous fait le pont à la flûte à bec en plastique. Recommencera sur Gerry Rafferty. Entre nous Baker Street sans sax c'est pas sensas, mais ils s'en sortent tout de même sans ridicule. Sur le Can't Catch me de Chuck Berry, je me suis dit que cette manière d'introduire le riff était stonienne en diable. M'étais pas trompé puisque le titre suivant sort tout droit de l'Honky tonk des Stones. Jouent pour le plaisir, s'y croient pas. Genre, soirée chez les copains, l'on sort la gratte devant la cheminée.

 

 

KENAVO

 

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Kenavo ? Kesako ? Chut, soyez sérieux. Ce sont des têtes d'affiche. Ils auront le droit de rejouer en tout dernier. Finis les gratouilleurs du dimanche sous la couette. L'on passe aux choses palpitantes. A eux seuls ils sont aussi nombreux que les deux groupes précédents et pendant que l'on déroule les dernières bobines de fil le guitariste fait péter des débuts de riff à arrêter un char d'assaut en plein élan. Attention le peuple, les musicos sont là ! Mais que va donc nous sortir de sa grande boîte plate là-bas tout devant le jeune homme tressé ? Pas du tout stressé. Frime tout ce qu'il peut. Fait son important. L'on dirait un gosse en train de monter la surprise de son oeuf kinder. Pour l'instant ça ne ressemble à rien, mais dix minutes plus tard, mais oui ben Dieu ! Quelle divine surprise ! Qui l'eût cru ! C'est une cornemuse ! Livrée non pas en kilt mais en kit. Rock celtique à l'horizon.

 

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Finies les échappées rock de notre apprenti hard-rockeur, vous avez droit à une bouillie de seigle ( bio ), servie chaude, ça brûle la gueule et ça fait mal dans les oreilles. Surtout que le highlander de service nous la serine dans les aigus avec un biniou à trois sous. Recommence toujours les trois mêmes notes. Catastrophe cacatoès. Un truc infâme. A déprogrammer d'urgence vos prochaines vacances en Bretagne. Beaucoup de bruit et d'énergie, mais l'ensemble sonne faux. Du factice rock. Ont tout ce qu'il faut pour plaire, des compos personnelles hurlées en français, une zique bonne enfant aussi lourdaude qu'un menhir de granit rose. Rock celtique avec grosse touche de mauvais goût franchouillard.

 

 

RANKKEN

 

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Festival de rock ? Fichtrement folk plutôt. Rankken va nous réconcilier avec le sens de l'existence. Rien qu'à voir le logo menaçant qu'ils affichent derrière eux sur le fond de la scène l'on sent que l'on change de dimension. Galaxie hard rock. Du métal. Du lourd. Mais jamais statique. En fusion et en mouvement. Trois guitare devant. Trois grands escogriffes qui battent du pied et accélèrent le rythme. Derrière au centre, Jordane qui alimente la forge et l'enclume, un déluge de battements et d'étincelles de feu.

 

 

Plus sombre à gauche, légèrement en retrait Ugo, c'est lui qui lamine les solos, gerbes trash et coqueluches d'escarbilles. David s'occupe du chant. Bellement. Sépulckralement. Chapeau pour la balance, avec un plafond si bas, ça n'a pas dû être facile d'équilibrer cette voix, la rendre audible, l'extraire des roulements métalliques et nous la restituer dans son intégralité inquiétante. Le mur de pierre qui court sur toute la longueur de la construction a conduit le son sans l'écraser.

 

 

Quarante-cinq minutes d'extase pourpre. Un ruban de flamme qui vous enveloppe dans une fournaise de béatitude. Le sourire de Damien derrière son bouc méphistophèlesque s'étire en une grimace diabolique. Bienvenue en enfer. Personne ne ressortira de ce set indemne.

 

 

C'est le clou de la soirée. Un passage maîtrisé de bout en bout. Un son, une image, une attitude. Tout ce qu'il faut pour passer à l'étape suivante. Celle du disque. L'on attend. Avec impatience.

 

 

CAT'S EYES

 

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Pas des vieux matous. Presque des chatons. Sont tout jeunes. Pas pour autant nés de la dernière pluie. Encore en gestation. Le set zigzaguera entre divers styles. Leurs trois compos personnelles ressemblent à des explorations de tout ce qui s'est fait avant eux. Plutôt dans les années soixante. Pop anglaise et british boom. Débutent par un Wid Thing pas très sauvage, mais le chanteur s'en tire plutôt bien. Ne cherche pas redonner une mouture à l'identique. L'a compris que seul le sauvera la volonté de s'en tirer par ses propres moyens. L'élégance du geste et du style. Le guitariste est sur la même longueur d'ondes, a médité son habillement. Echarpe rose et veste anglaise.

 

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Parlerai pas du bassiste qui a assuré au pied levé la relève du membre original retenu ailleurs pour je ne sais quelle raison. M'attarderai davantage sur le batteur. Un minaud. Encore plus jeune que les autres. Une application un peu scolaire, l'on sent qu'il réfléchit à comment il va procéder à la prochaine séquence. N'en perd pas pour autant les pédales. Lorsqu'ils ont annoncé qu'ils allaient entamer – aussitôt et sans sitar - le Paint it Black des Stones – crédités de la nationalité américaine avant tardive rectification – j'ai eu peur pour lui. Pour les autres aussi. M'a sidéré. S'en est sorti comme un chef. Jamais en défaut et une compréhension rythmique du morceau étonnante. La guitare est restée propre et la voix n'est pas allée brouter là où il ne fallait pas.

 

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Ils ont le style anglais. Typically british. Je n'en veux pour preuve que cette version de New York avec toi, en même temps décalée et boursoufflée. Ne sais pas ce qu'ils deviendront. S'ils deviennent quelque chose. Mais quand on compare à Kenavo, l'on se dit que l'inexpérience de l'adolescence est mille fois plus préférable que la fatuité des adultes. Méfions-nous des petits chats qui se font les griffes sur les pieds de la table du rock. Peut-être qu'un jour l'on s'apercevra que c'était des tigrons. Nous leur souhaitons des dents de tigres mangeurs d'hommes.

 

 

TRIVENI

 

 

Ca faisait un moment qu'ils trépignaient d'impatience. Genre étudiants conscients de leur valeur. Deux filles, trois garçons. Pour avoir entendu l'une des deux fredonner une chanson d'Holocène à côté de moi en début de soirée, suis sûr que Lena a une belle voix. Simon le batteur la ramène un peu trop et Simon le guitariste se la pète à la David Lee Roth dans son pantalon en peau de panthère. Manque les rayures, et l'esprit. Du rock. Logique car ce sont des folkleux persuadés qu'ils en connaissent plus que le plus avancé des rockers et qu'ils délivrent une musique de très haute qualité. La deuxième blondinette, Marieke, est au violon. En joue sans imagination. N' y a que Charles le bassiste très classe qui semble là davantage pour la musique que pour affirmer son égo.

 

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A l'applaudimètre c'est eux qui ont remporté la soirée. C'est frais, c'est propre, c'est gentil. Gentillet même. Ont un minimum d'expérience, de la répartie et de l'humour. Celui que l'on attend et qui ne fait de mal à personne. La rurale population villageoise se ruera sur leur CD. Prix bas, cinq euros, retour aux racines idylliques de la douce France mythique. Ont leur propres compos ce qui est toujours un avantage. Tout ce que ne doit pas devenir le folk s'il ne veut pas être cantonné dans les bacs de zique d'ambiance.

 

 

PAPY'S BLUES

 

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Il est est minuit, la salle se vide après Triveni. Pierre Agutte et son band de vieux briscards montent sur scène. Un gars qui vous avoue en une petite conversation privée entre deux sets toute son admiration pour Dan de Burning Dust bénéficie d'emblée d'un capital se sympathie. Encore faut-il la mériter. Z'étaient dans le boeuf dubitatif du début mais maintenant ils vont nous montrer de ce dont ils sont capables. Le premier morceau Rocking Chair ( rien à voir avec le fauteuil d'Higelin ) est un peu longuet, Pierrot parle beaucoup et sa guitare n'a pas le temps de s'exprimer. C'est juste après que les Athéniens s'atteignirent. Et ça fit mal. Super guitariste. Le plus jeune de la bande mais un son à vous bouffer votre acte de décès dans le cercueil.

 

 

Du rock blues, du rhythm and blues, tout ce que vous voulez. L'on s'en fout, pourrait nous jouer la quarantième de Mozart ou le répertoire de Triveni en entier que l'on trouverait cela beau comme un lever de soleil sur les pics enneigés de l'Himalaya. Le genre de déferlante qui rentre par une oreille et que vous ne laissez jamais ressortir. Sucre candy au piment. J'en oublie de parler de la section rythmique, un bassiste qui aurait pu de temps en temps sortir du bois pour nous montrer de quel châtaigner il se chauffe car il s'est contenté de servir son soliste en fidèle deuxième couteau, alors que l'on devine qu'il en a aussi sous le capot. Et le batteur, tranquille qui assure sans chercher à mouiller sa chemise.

 

 

Pierrot s'en donne à coeur joie. N'est pas non plus manchot de ses dix doigts. En plus il interprète la reprise de Saint James Infirmary de Mitchell, l'hommage à Buddy Holly et Eddie Cochran. Emotion. De temps en temps Pierrot batifole sur son orgue. Ce qui nous privera de la reprise de Rock'n'roll de Led Zeppe. A la place l'on aura le Wither Shade of Pale de Procol Harum. C'est beau à pleurer, encore mieux que l'original ( sans mentir ), mais un peu funèbre pour un final, et puis nous priver du dirigeable à une heure du matin, c'est un peu dur. Devrait même exister une loi qui interdise ce genre de cruauté mentale.

 

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N'ont pas révolutionné le rock, sont branchés directement sur l'âge mythique du genre, mais au moins ils savent de quoi ils causent.

 

 

FIN DE PARTIE

 

 

Au secours Kenavo revient. C'est terrible comme les gens tiennent toujours leurs plus mauvaises promesses. Oh, non ! Tout mais pas ça ! Comme je ne veux pas cauchemarder le reste de la nuit, je me jette dans la teuf-teuf mobile et m'enfuis en roulant.

 

 

A la réflexion, le festival aurait dû s'appeler Folk and Sol. Ne dites pas que je suis sectaire, c'est totalement faux, c'est juste que je n'aime que le rock. Bien organisé, bonne ambiance. Groupes du coin. Du pire, du prometteur, et du meilleur. L'on espère qu'ils recommenceront. Un bon point à l'adjointe au maire qui se débarrasse de son discours en moins de quarante neuf secondes, chrono en main. On pourra pas accuser la municipalité de récupération politique. Plus que rare par ces temps qui courent ( vers la catastrophe ).

 

 

En plus, à la Saulsotte, ça saute et ça bouge. Le festival était à peine annoncé que déjà l'association fondatrice – on y retrouve Pierrot de Papy's Blues à l'intérieur - prévoyait de le continuer dans les années futures. Pourvu que ça dure !

 

 

Damie Chad.

 

 

FILMS

 

 

BUS PALLADIUM. CHISTOPHER THOMPSON.

 

2009.

 

 

J'ai trouvé le DVD sur le marché, le samedi matin. Bus Palladium, un club mythique pour les rockers. J'ai pris en croyant que c'était un vieux truc. Pas du tout, le film est sorti en 2009 et a reçu tout un tas de récompenses. Etre le petit-fils d'un cinéaste connu ( Gérard Oury ) doit aider à se faufiler dans le milieu.

 

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C'est l'histoire d'un groupe des années 80. Lust, un beau nom. Un groupe de copains qui veulent retourner au rock des Stones, en finir avec le déluge des synthés et des boîtes à rythmes fort à la mode en ces funestes années. Mais ce n'est pas un film musical. Plutôt un film à la française sur le passage initiatique de l'adolescence à lâge adulte, et le vieux fond gaulois égrillard qui remonte très vite, la jolie fille qui se glisse entre deux amis...

 

 

Attention c'est dramatique, le chanteur Manu à qui l'on a fait la coupe à la Jim Morrison terminera, plus tôt que prévu, comme ce dernier au cimetière pour avoir trop abusé de substances illicites. Pour traîner aussi une inquiétude métaphysique au-dessus de la moyenne qui le ronge de l'intérieur. Prenez mon mouchoir si vous sentez que les larmes vous montent aux yeux. Ce n'est pas la peine de me le rendre, je m'y suis déjà mouché dedans.

 

 

Christopher Thompson reste fidèle à son milieu d'origine. Lust ce n'est pas Little Bob Story dans les fumées poisseuses du Havre. Nous sommes à Paris, dans les milieux de la bourgeoisie libérée, ambiances maternelles qui n'est pas s'en rappeler celle qui présida à la formation d'Indochine, même si la référence première reste Téléphone.

 

 

Question musique Christopher Thompson a fait appel à Yarol Poupaud car un film sur un groupe de rock qui ne donne pas de concert ce n'est pas évident. N'y a que Daniel Cordier qui s'est permis cette incongruité avec Injun Fender dans les années 70. On ne présente plus Yarol Poupaud depuis qu'il a travaillé avec Johnny et M sur son soi-disant disque de blues, qui n'est qu'une galette de chansons tristes.

 

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Ce sont les acteurs qui jouent. Soyons clair : la musique. Sur scène et en studio. Yarol s'est inspiré du groupe Gush spécialisé dans les ambiances sixties-seventies qui tourne pas mal sur Paris. Le problème c'est le chanteur : ne possède pas une voix puissante à la Jim Morrison, taperait plutôt dans la catégorie sous-Jean-Louis Aubert. Sur les premiers morceaux, l'arrive à donner l'illusion de maquettes bien dans le ton au niveau des paroles mais qui balancent trop gentiment. Vers la fin l'on glisse insensiblement vers la variété de qualité, la tare indélébile du rock français... Voyez ce qui est en train de se passer avec BB Brunes. D'ailleurs comme par hasard l'on y retrouve Philippe Friday Manoeuvre qui joue son personnage avec ce zeste de distanciation ironique qui fait toute la différence.

 

 

A regarder un soir de grande fatigue. Sympa, mais rédhibitoirement petit-bourgeois. Manque la hargne.

 

 

Damie Chad

 

 

LOOK BOOKS !

 

 

TRUE GRIT. CHARLES PORTIS.

 

Traduit de l'américain par John Doucette.

 

Le Serpent à Plumes. 2011.

 

 

Belle couverture avec le Logo Nova aime, en bas à gauche. Avec en plus sous le nom de l'auteur mentionné en grosses lettres «  maintenant un film de Joël & Ethan Coen ». Le western – un univers assez proche du rock'n'roll tout de même - que j'ai raté à sa sortie ! Ca tombe bien ! Pas vu la pellicule, lirai le bouquin ! Faute de grives l'on se contente de merles !

 

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Me suis jeté tout droit dans le texte sans jeter un seul coup d'oeil à la quatrième de couverture, ni aux revers de la jaquette, encore moins à la postface de Donna Tartt. Pour le coup c'est l'éditeur qui est plutôt tarte, car proposer au lecteur français un article qui présente et résume le roman en en citant des pages entières alors qu'il vient juste de le terminer, c'est un peu cavalier tout de même ! Quand Donna Tartt qui est un auteur à succès made in USA nous dit que True Crit est à sa sortie devenu un classique de la littérature américaine, on peut la croire, n'a-t-elle pas elle-même intitulé une de ses nouvelles True Crime ?

 

 

Tout le monde ne parlant pas anglais, ils auraient pu tout de même proposer un titre en français. Nous traduisons, très platement, un véritable courage. L'histoire en elle-même n'est en rien extraordinaire. Deux marschals qui tentent d'arrêter un criminel. Dans le genre poursuite impitoyable, l'on fait mieux. L'astuce du scénario consiste en une gamine de quatorze ans qui se joint à nos deux pisteurs pour retrouver l'assassin de son père.

 

 

Si vous imaginez un truc sulfureux vous êtes sur la mauvaise piste. Rien de moins affriolant que ce récit. De l'anti-romantisme pur jus. Le premier rôle – vieux cheval borgne sur le retour – est un ancien de la bande de Quantrill – un épisode de Blue Berry est consacré à ce personnage, plus que controversé de l'autre côté de l'Atlantique, qui mena durant la guerre de Sécession un genre de colonne infernale oeuvrant en franc-tireur du côté des sudistes... Notre héros ne vaut certainement pas mieux que les bandits qu'il pourchasse. A part qu'au moment crucial, il saura faire preuve d'une grande témérité.

 

 

Le livre tient avant tout par la sècheté de son style. Au papier de verre. Sans fioritures. Aucun sentimentalisme. Des personnages qui ne savent pas ce que c'est qu'un rêve mais qui vont jusqu'au bout de leur volonté. Pas de regret. Les choses sont ce qu'elles sont. Point à la ligne. Inutile de s'en plaindre.

 

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C'est lorsque je suis arrivé à la fin que le déclic a eu lieu, déjà vu la scène du trou aux serpents. Quelques clics sur le net ont confirmé ma mémoire : avec John Wayne dans le rôle principal ! Tourné en 1969, tout de suite après la parution du bouquin en 1968. Me suis livré à un petit comparatif entre les deux westerns celui des Coen et celui avec Wayne. N'ai vu que de courts extraits. Fidèles au livre, l'on reconnaîtrait les scènes les yeux fermés et sur le peu entrevu, le film le plus récent n'apporte pas grand-chose de nouveau à l'ancien.

 

 

 

Portis est né en 1933 – même génération que Gene Vincent et Elvis Presley – il met en scène un monde en train de disparaître. Comme le dit si bien Donna Tartt «  True Grit commence au moment où le Vieux Sud et ses valeurs chevaleresque se diluent dans l'univers de la « frontière »... et se termine à Memphis, au début des années 1900, au milieu des wagons d'un show de l'Ouest sauvage. Le XX° siècle débute, et avec lui la mythification des légendes d'un monde disparu. »

 

 

 

En d'autres termes, True Grit, c'est Johnny Cash avant Johnny Cash. Western sans Country.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

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