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13/09/2012

KR'TNT ! ¤ 109. GHOST HIGWAY / JAKE CALYPSO / CHARLIE HIGHTONE

 

KR'TNT ! ¤ 109

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

13 / 09 / 2012

 

 

 

7 / 8 / 9 SEPTEMBRE / DISNEY VILLAGE

 

FESTIVAL ROCK 'N' ROLL

 

 

GHOST HIGHWAY / JAKE CALYPSO

 

CHARLIE HIGHTONE AND THE ROCK-IT'S

 

 

Pour Alain, en lui souhaitant un prompt rétablissement,

 

 

A l'heure où en Russie l'on envoie les Pussy Riots en camp de travail pour avoir osé chanter une chanson anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, au volant de la teuf-teuf mobile je fonce tout heureux et comme un dératé vers les Parcs Disney symbole de la la consommation capitalistique et de l'abrutissement culturel des foules. Le rock a du mal à échapper aux tentatives de mastication du Système, il devient à son corps défendant, et parfois très consentant, une musique en marge... de récupération. Prenons ce qu'il y a prendre, glissons-nous dans les contradictions encore non résolue de l'hégémonie libérale sans être dupes de l'avenir des grains de sables qui sont voués à finir écrasés dans les rouages qu'ils étaient censés arrêter.

 

 

Me voici à pieds d'oeuvre. Beaucoup de monde. Énormément d'espagnols. Préfèrent apparemment de plus en plus la gentille et factice petite souris Mickey au sang des taureaux qui gicle dans l'arène. C'est les taureaux qui doivent être contents. Quant au peuple ibérique qui vient gaspiller ses derniers euros dans le portemonnaie sans fond de la multinationale Disney je me demande s'il ne ferait pas mieux de s'attarder chez lui para hacer la revolucion ! Mais chassons toutes ces pensées, ô combien opportunes, pour profiter du spectacle.

 

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RODS AND CARS

 

 

Beaucoup plus de voitures exposées que l'année dernière, de très beaux modèles, notamment des vieilles Ford montées en Hot Rod ( gang ) rutilantes, carrosserie noire avec moteurs surmultipliés sur fond rouge. Dommage qu'elles restent immobiles sagement entourées de leurs barrières. Je ne crois pas que leurs propriétaires s'aventureraient à lancer leur superbe camelote customisée dans une véritable course... Ce n'est pas un hasard si le festival est sponsorisé par les magazines Nitro et Rod Custom et l'Association Arizona US 66. Si vous pensez vous inscrire pour la grande virée aux USA, c'est râpé. Par contre pour exposer votre merveille au festival de Blues de Cahors, dépêchez-vous, pas plus de trente véhicules. L'est sûr que nombre de joueurs de blues dans les années cinquante ( et avant ) étaient incapables de s'acheter de tels paquebots, mais c'est ainsi le monde est tissé d'anachronismes.

 

 

Vous parle pas des motos, ça se déguste avec les yeux. Ni d'autres exhibitions style rock'n'roll acrobatique. Il y a en plus des trucs pas possibles, l'on annonce au micro que les garçons vont faire tournoyer les filles autour de leurs corps sans les toucher. Genre de sport qui me paraît relativement idiot, avoir une super meuf auprès de soi sans pouvoir la caresser je ne parviens pas à entrevoir l'intérêt de la chose.

 

 

Je décide d'y réfléchir plus tard car voici que je discerne de loin derrière un cercle de badauds un empilement d'amplis posés à même le béton de l'esplanade, avec quatre mecs qui discutent autour d'une guitare. Croyez-en ma longue expérience de limier es rock'n'roll, je subodore un groupe de rockabilly.

 

 

JAKE CALYPSO AND HIS RED HOT

 

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Encore une fois, je suis tombé juste. Inutile de ricaner en faisant remarquer deux cartons portant au feutre l'inscription Jake Calypso, et la valise grand-ouverte débordant de cd arborant les mêmes vocables. De près, ça n'a pas l'air formidable, deux guitares fatiguées trois gars qui approchent la cinquantaine, heureusement que le quatrième, le bassiste jette une note de jeunesse. Mais attention, il y a des indices comme ces petits amplis Gretsch qui rectifient le jugement. Vigilance, ces gars-là ne sont pas tombés de la dernière pluie. Et puis attention, un groupe peut en cacher un autre. Jake Calypso c'est d'abord le chanteur enveloppé dans son épaisse veste trois-quart marron qui doit lui tenir chaud, c'est aussi plus ou moins par extension le nom de l'ensemble, et si l'on farfouille un peu dans sa mémoire ni plus ni moins que Hot Chiken, un des légendaires combos français de rockab qui ont écumé la province durant près de quinze ans en servant à chaque fois un wild show de derrière les fagots, z'ont même un autre avatar le Wild Boogie... de quoi s'y perdre, mais suffit qu'ils démarrent pour qu'on comprenne.

 

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Vont nous jouer deux sets d'une demi-heure. En ont déjà accompli trois autres pendant l'après midi, mais on n'y était pas. Ca ne leur pas coupé les jambes. Sont en forme. Ne perdent pas de temps entre les morceaux. Sont du genre d'abord ont lance les scuds, ensuite on passe à la moulinette. Les titres s'enchaînent, Al ferrier, Charlie Feathers, Jerry Lee et des compos originales comme Indian Boppin'. Beau spectacle, se donnent à fond. Je ne comprends pas comment Jake garde sa lavalière impeccablement nouée autour de son cou. Saute comme un cabri en rut, court dans tous les coins, se roule par terre tout en chantant et en gardant une rythmique d'enfer sur sa gratte en simili isorel. La malmène salement, se fout royalement de la corde qui a craqué, ce zigue quand il joue du rock'n'roll faudrait plus qu'un tremblement de terre pour l'arrêter. L'énergie avant tout. Une voix puissante, imperturbable qui mène le rythme et récite le texte avec un accent américain à tromper un yankee. N'est même pas essoufflé quand il s'arrête. Les autres sont plus discrets mais du genre pistoleros en goguette toujours prêts à vous mitrailler dès que l'occasion se présente. Derrière le batteur s'amuse à passer sa jambe à la vitesse d'une pâle d'hélicoptère par dessus sa caisse claire. Ca balance comme les Crickets de Buddy Holly, un soir de grande forme en plus. Ces mecs-là ne sont pas des manchots. Vous feraient fondre la calotte glacière en deux heures.

 

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Bien sûr devant il y a une cinquantaine de passionnés, mais à voir le cercle qui s'agrandit et qui s'épaissit au fur et à mesure faut reconnaître que le grand public s'arrête et ne décampe pas. Durant l'inter-set les CD s'envolent à rendre fous de jalousie les pros du marketing. Carton plein et valise vide. Bientôt neuf heures et demie, Jake Calypso écourte sa performance pour permettre à l'assistance de gagner le Billy Bob's pour ne pas rater les Ghost Highway. Fair play.

 

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Un bémol. J'ai regardé sur leur site car j'aimerais les revoir en salle. Ces enfants de salauds n'ont pas une date dans les environs, se baladent en Angleterre, cavalcadent en Tchéquie, mais ignorent la Seine-et-Marne. Sont vraiment aussi mal élevés que la musique de sauvage qu'ils jouent.

 

 

GHOST HIGHWAY

 

 

Billy Bob's, c'est la foule des grands jours. Use du sourire et des épaules pour me frayer un chemin juste au-devant de la scène. Pas question de rester au fond lorsque passent les Ghosts. On les avait quittés à Corrobert lors de la dernière semaine du mois de juin – voir notre livraison 104 du 28 / 06 / 12 – avant qu'ils n'abordent leur périple espagnol comme backing group de Wanda Jakson. Faudra qu'on les interviewe pour qu'ils racontent l'épopée... en attendant tout le monde est là, ce n'est plus un fan-club qui les suit, c'est une tribu. Rançon de la gloire, ne reste pas beaucoup de place pour les simples curieux qui voudraient se faire une idée sur le phénomène. Z'ont beau dire sur le prospectus que le Billy Bob' est construit à l'identique sur le modèle d'un saloon d'Austin de la grande Amérique, l'on s'y sent à l'étroit lorsque les Ghost sont là.

 

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Pour le moment, n'y a que les instruments posés à terre. Et la batterie dans son habitacle de verre... Je zieute l'affiche de Wild in the country le septième film d'Elvis Presley que j'ai visionné hier soir, mais vous en foutez ce que vous voulez c'est les Ghost Highway. Ca tombe bien, justement ils arrivent.

 

 

Arnaud tout d'abord. Tout de noir vêtu. De profil, avec sa guitare noire il offre la silhouette austère du man in black. Réincarnation de Johnny Cash. De face, sous la veste cintrée une chemise rouge comme un champ de coquelicots. Ou les flammes de l'enfer, là où brûle l'âme des rockers. Jull est resté discret. Tout de gris vêtu. Un truc de guitariste pour faire ressortir l'orange cochranesque de sa Gretch dont il tire, en attendant que les hostilités commencent, comme s'il n'y prenait pas garde, du revers de la main, des paillettes de feu.

 

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Zio, le regard placide et en même temps aussi sombre que sa chemise noire, qui lui dessine un galbe de toréador, avec des a-plats écarlates, et une goutte de sang côté coeur. Comme s'il y avait essuyé un couteau ensanglanté. Jouera tout le set, collé à sa contrebasse, comme un fille que l'on serre de près pour ne pas la laisser échapper dans les série des slows, lorsque l'on est ado. Ce soir ce n'est pas la mama bonasse qui peut tout se permettre. Pas de joviale claque sur ses rotondités, Miss double bass a intérêt à filer doux. Ou dur. Zieutez Zio, l'a quelques explications à lui demander, lui arracherait presque les cordes, les tamponne comme un bûcheron à grands coups de paluches cascadeuses. Si j'étais elle je me plaindrais à la SPA, mais elle a l'air d'aimer ça puisqu'elle ronronne comme une chatte en chaleur.

 

 

Faudrait pas oublier Phil, retranché dans sa tour d'ivoire. Certes l'on n'arrête plus le progrès les sonotones dans les oreilles pour les retours, les écrans de plexiglass pour empêcher le son de la batterie de s'en aller folâtrer sur la structure en bois du bâtiment, mais l'on a tendance à perdre le Phil, à ne regarder que les trois autres en première ligne et à le laisser se débattre dans sa boîte à sons, comme le chauffeur de la loco qui alimente la fournaise depuis le fond du tender sans que personne ne le voie. De la pure injustice !

 

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Commençons par râler, chez Disney les concerts sont gratis ( merci, oncle Picsou ) mais il ne faut pas que les clients manquent de consommer. Ne doivent donc pas trop durer. Faut ménager des pauses. Ce qui est un peu rédhibitoire pour les Ghost. Ne resteront qu'une heure et quart sur scène. Ce qui est trop peu pour eux. Pour les autres aussi, mais pour le moment l'on ne parle pas d'eux.

 

 

C'est qu'un concert des Ghost Highway, c'est une dramaturgie implacable. Le principe est d'une simplicité absolue. Le set n'est qu'un long crescendo. Ne commencent pas du deuxième sous-sol. Méprisent ce genre de facilités. Les deux premiers morceaux débutent là où beaucoup de groupes terminent. Par la suite à chaque titre ils haussent non pas le ton, mais l'intensité. J'ignore comment ils se débrouillent. Ne sortent pas à chaque coup un morceau plus violent que le précédent, le tempo n'est pas en accéléré continu, ne cherchent pas l'épate, à inventer le truc que personne n'a jamais fait, non se contentent de leur répertoire habituel – je ne le reprends pas, on leur a consacré déjà pas mal d'articles – mais il y a une évidence qui s'impose. Ce ne sont pas quatre musicos plutôt doués en leur domaine qui font leur boulot, mais un ensemble, un véritable groupe qui possède un son. L'on a un peu perdu cette notion de son depuis les années 80, dans le rock. Parce que les protocoles d'enregistrement dans les studios informatisés ont eu tendance à formater des produits similaires, parce que les musiciens égotistes par nature jouent un peu trop perso et visent davantage la virtuosité que l'accompagnement, et vraisemblablement aussi parce que le rock a perdu de vue ses racines. Il vise le high tech, il a perdu la notion de fidélité à soi-même.

 

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Les Ghost Highway refont la route à l'envers. Se sont réappropriés l'héritage des pionniers ( au sens large du terme ). Mettent du temps à sortir leurs compos originales. Ne veulent pas faire d'imper. Si facile d'emprunter une mauvaise – et même une fausse bonne – direction. Il est sûr que depuis quelques années le rockabilly tourne en rond. Bien sûr il sort chaque mois quelques bons disques que l'on écoute avec plaisir et aussi sans nostalgie, mais rien de décisif.

 

 

Les Ghost ont atteint le niveau qui les a portés à la croisée des chemins. Fallait voir la frustration du public quand ils ont terminé le rappel. Nous ont amplement prouvé qu'ils ont la capacité d'aller encore plus loin. Non pas de progresser comme tout un chacun, mais d'apporter du nouveau, d'ouvrir une route...

 

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Pour vous faire patienter jusqu'au prochain concert je vous file une photo du concert que j'ai repiquée sur le site de rollcallblog.blogspot.com...

 

 

CHARLIE HIGHTONE AND THE ROCK - IT'S

 

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Ont la difficile mission de passer après les Ghosts. Malgré la demi-heure de battement, faudra la moitié de leur set pour encaisser la baisse de niveau. Y mettront du leur, sont de bonne volonté, et en fin de compte le public leur sera reconnaissant de leur envie de bien faire. C'est un peu l'exemple par la négation. Tout ce qu'il ne faut pas faire pour rester dans la cour des répétiteurs.

 

 

Viennent d'Espagne, tout comme le groupe de la veille, les Sun Rockets, qui passaient après Roy Thompson and The Mellow Kings ( voir KR'TNT N° 100 du 31 mai 2012 ). Pas pu avoir un avis généralisé sur les deux prestations, les quelques participants auprès desquels je me suis enquis de leur témoignage ne m'ont pas vraiment convaincu par la diversité de leurs jugements contradictoires, je m'abstiendrai donc de tout commentaire irresponsable. Pourquoi des groupes d'outre-Pyrénées, la réponse serait-elle parmi la liste des sponsors dans le logo du Rock'n'Race Jamboree qui se déroule dans le pays de Don Quichotte ?

 

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C'est un vieux groupe formé en 2002 avec des musiciens, cinq en tout, venus d'autres bands, les deux guitaristes ont tout de même l'air un peu intimidés. Ont pourtant réalisé une flopée de disques, notamment sur Sleazy, une référence européenne question label rockabilly. Ce n'est que dans le dernier tiers du set qu'ils se lâcheront un peu. A deux puis à trois sur la contrebasse ( bonjour Bill Haley ), commencent à sourire et à se dégeler. Encore un groupe maltraité par le gong. Parvenaient à prendre leur bonne vitesse de croisière, mais point trop n'en faut. Au bout d'une heure, il est temps de dégager la piste pour les danseurs de country !

 

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Trop court pour apprécier, surtout qu'au début ils débitent les titres, version vite expédié, je me suis même demandé même si ce n'était pas un groupe de teds, mais non sont bien branchés american rockab, nous fourguent un Kinda lovin' d'Hank Williams, un Blues around my door de Ceci Bowman -on affirme que mister Carl Blue Suede Shoes Perkins en personne se tapait la gratte sur l'original de 58, un Train with the Rhumba Beat de Johnny Horton, et délicate cerise sur le cake, le Heart of a fool de Cochran chanté par Jerry Capehart. Beau choix.

 

 

Au total, pas mécontent de les avoir vus. Je pense qu'ils doivent pouvoir faire mieux. N'étaient pas dans leur meilleur jours d'après moi. Charlie Hightone reste le plus charismatique. Parviendra à faire décoller le reste de la bande, sera d'ailleurs très applaudi au moment des adieux. Nos espagnols sont parvenus à tuer le taureau mais ils n'ont remporté ni la queue, ni les oreilles.

 

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Damie Chad.

 

 

 

LOOK BOOKS !

 

 

UN PUR MOMENT DE ROCK'N'ROLL. VINCENT RAVALEC.

 

Le Dilletante. 1994.

 

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Pouvais pas rester insensible à un tel titre, ni à une telle couverture – petits anges blonds sur fond bleu – en si désaccord complet avec le menu proposé. Paru à l'origine en 1992, et premier livre de Vincent Ravalec à qui les nineties ouvrirent les portes du succès. Est même devenu réalisateur de cinéma dans la foulée.

 

 

Un pur moment de rock'n'roll est le titre de la première des huit nouvelles du mince volume de 120 pages. Rock'n'roll certes puisque le héros cite Eddie Cochran et Gene Vincent. Mais le rock n'est que la musique de fond, en sourdine, que l'on entend à peine. La grosse attraction tourne autour de la dope, héro, cocaïne, éther et autres joyeusetés. Un peu de sexe parfois pour exciter le lecteur. Mais point trop. Mode comique plutôt.

 

 

Une histoire de manque. Les marioles du faubourg qui n'ont pas leur dose. Style à l'emporte pièce, qui caresse le lecteur dans le sens du poil. Ecriture facile qui vous lance des oeillades à tous les coins de paragraphes. Ce que les paumés peuvent être sympathiques ! On s'encanaille le sourire aux lèvres. Complètement givrés mais tout de même si pathétiques. De la tendresse, bordel ! Littérature un peu pute mais au grand coeur. Condescendance complice. Evitez les bouquins où l'auteur essaie de faire ami-ami avec vous.

 

 

Damie Chad.

 

 

LE LYCEEN. BAYON.

 

Le Livre de Poche.

 

 

L'ai pris uniquement parce qu'il était de Bayon. Né en 1951, un ancien de Rock & Folk, mais surtout le responsable des pages rock de Libération, dans les années 80. C'est déjà beaucoup. Si je compte pour rien ses amitiés avec Gainsbourg ( beurk ! ) et Bashung ( miam ! ) j'ai une haute estime pour son style. Méchant, incisif, cruel, libre. Se permet ce qu'il veut, de mauvaise foi parfois, mais a toujours des billes dans son lance-pierre, sait de quoi il parle, et vise bien.

 

 

Au demeurant ne cherche pas à se faire passer pour quelqu'un de bien. Fils de bonne famille. Qui voudrait nous faire croire qu'il a mal tourné. Mais a su négocier ses virages. Le Lycéen est présenté comme une bio. Pas mal corrigée. A grands coups d'encre noire empruntée à l'encrier de Céline. Mais Bayon, en rajoute trop. Ne sait pas s'arrêter. D'où quelques longueurs répétitives. L'aurait pu élaguer de cent cinquante pages, n'en aurait été que plus percutant.

 

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Pourtant a bien repeint son portrait, à la Reiser, con, dégueulasse, bête. Haine de soi. Avec rassurez-vous la happy end, la famille recomposée à la fin qui accueille l'enfant prodigue. Maintenant pour les amateurs de rock c'est une adolescence des années soixante : avec Vince Taylor, Johnny Hallyday et Ronnie Bird en toile de fond. Rock français, même si le début du livre se passe dans les colonies, au Togo.

 

 

Sortie de l'enfance et adolescence. La crise de la puberté puissance 1000. D'Henri IV à Michelet, jusqu'aux évènements de 68. Frustrations et colères rentrées. Carcan sexuel, mère idiote et père veule. Adultes lâches et mentalités de kapo. Tous les poncifs de l'adolescent en lutte contre la cellule familiale, l'école et le monde. Détruire dit-il. Ne pense qu'à foutre le bordel. Partout, dans la rue, dans le métro, au bahut. Révolte froide et sans but. Gratuite. Pas du tout anarchiste altruiste. Ne croit en rien et casse tout. Agit par devoir social. N'y prend même pas de plaisir. Faudra qu'il se fasse tatouer par les CRS ( SS ) pour qu'il comprenne que l'on doit un jour ou l'autre arrêter les conneries. De toutes les manières lorsque l'on veut jouer les hell angels métaphysiques et que l'on s'écrase la tête contre le trottoir en pilotant sa propre Norton...

 

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C'est écrit en trompe l'oeil. Joue à l'enfant de salaud. Cherche à se faire détester par le lecteur. Le problème c'est que l'on ne peut pas vraiment en vouloir à quelqu'un qui en 65-66 revendique Ronnie Bird ( Voir KR'TNT 47 du 08 / 04 / 11 ) comme idole. N'en parle pas beaucoup – à part une dizaine de pages sur Les rocks les plus terribles de Johnny – mais a compris la philosophie première du rock'n'roll. Ce qui n'est pas mal. Mais a su la mettre en pratique. Ce qui est déjà mieux. Foutrement bien.

 

Damie Chad.

 

 

 

 

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