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10/05/2012

KR'TNT ! ¤ 97. RHYTHM & BLUES AVANT ELVIS

 

KR'TNT ! ¤ 97

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

10 / 05 / 2012

 

 

 

RYHTHM & BLUES / COUNTRY / ROCK & ROLL

 

 

LA MUSIQUE QUI VIT GRANDIR ELVIS

 

 

JEAN-CHRISTOPHE BERTIN

 

 

( Editions Didier Carpentier / Mars 2012 )

 

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Grand format, la taille idéale de vos vingt-cinq centimètres, superbes photos à toutes les pages, plus un disque ( ne rêvez pas : un CD, pas un vinyl ) de vingt titres ! Que voulez-vous de plus ! Elvisnolâtres je vous vois déjà saliver, prêts à acheter les yeux fermés puisque le nom de votre idole figure dans le titre. L'arrive à la fin, page 122, certes il y a eu quelques petites apparitions de ci, de là, au détour d'un commentaire, vient d'avoir trois ans, passe le cap de ses treize printemps, sa baraque à Tupelo, son sweet home à Memphis, rien que vous ne connaissiez déjà... mais l'on s'en fout, Presley n'est que la dernière perle du collier, celle qui brille le plus je vous l'accorde, mais que serait-elle sans toutes les autres qui la mettent en valeur ?

 

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Le rock'n'roll est un mot magique. Il suffit de le prononcer entre amis pour que chacun se sente obligé de réciter la discographie de ses idoles préférées avec les numéros de série et les dates de sortie. C'est le coup de l'iceberg. Tout blanc, celui qui coule le Titanic et que l'on applaudit. Ce qui est au-dessous de la mer, l'on oublie d'y penser, ça descend si profond que l'on n'y voit plus rien, que du noir.

 

 

UNE HISTOIRE QUI NOUS RESSEMBLE

 

 

Jean-Christophe Bertin n'est pas homme à se laisser subjuguer par les feux de la rampe, passe son temps dans les coulisses. Nous raconte donc la préhistoire du rock'n'roll. Côté musique, ne craignez rien, vous en aurez pour votre argent, mais la face B d'un disque n'est pas obligatoirement de l'autre côté de la galette. L'est tout autour. Le serpent est comme la poule, il sort de l'oeuf. Parfois de son plein gré, souvent de force. Le malheur c'est que si l'omelette du capitalisme épouse la même recette que celle de la révolution, celui qui sert d'ingrédient ogival ne participe que très rarement au festin de la mixture qui procède de lui.

 

 

Certains se disputent à n'en plus finir : le rock'n'roll vient du blues, que nenni il sort de la country, pas du tout il provient du jazz, vous êtes fous il tire son origine du rhythm'n'blues, Bertin met tout le monde d'accord : autant des Appalaches que de la New Orleans, et de partout d'où vous voulez, mais avant tout il est né de la misère des hommes. Des esclaves noirs et des pauvres blancs. Ce qui ne veut pas dire que des plus riches n'y ont pas investi quelques dollars lucratifs et quelques idéalistes généreux englouti leurs économies.

 

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1920 – 1929, dix ans d'histoire d'Amérique, de la prohibition à la grande crise. Le baromètre n'est pas au beau fixe. Surtout que les années suivantes qui se profilèrent n'apportèrent guère de lots de consolation, de la Dépression à la fin de la Guerre, les basses classes ne sont pas à la fête. Certes le New Deal de Roosevelt et sa politique de grands travaux ajoutés à la mise en marche de l'industrie de l'armement aidèrent à remonter la pente, à donner un peu de travail à des millions de chômeurs qui crevaient littéralement de faim, mais la machine économique ne se remit en route que lentement et les temps furent d'une dureté extrême.

 

 

Jean-Christophe Bertin pose les cadres nécessaire à la compréhension de l'émergence de la musique populaire américaine. A proprement parler c'est un peu flippant. Ce n'est pas un leader d'extrême-gauche qui essaie de vous enturlubiner, se contente de résumer à grands traits la situation économique du moment et ça nous fait froid dans le dos. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'on ne tremble pas pour les pauvres américains de la première moitié du siècle dernier mais pour nous. Très égoïstement. Les phénomènes qu'il décrit ressemblent un peu trop aux craquements actuels de notre vieille Europe pour que l'idée prémonitoire d'un destin identique ne vienne à notre esprit.

 

 

En plus, ce qu'il y a de terrible, nous avons beau nous enfoncer dans une récession interminable, nous avons beau ajouter chaque jour quelques milliers de chômeurs aux millions déjà existants, fermer les usines, voir la bourse dégringoler, ce n'est pas pour cela que la qualité de notre rock'n'roll hexagonal s'améliore ! C'est à n'y rien comprendre !

 

 

SEGREGATION

 

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C'est une réalité dont nous avons eu du mal à embrasser l'amplitude. Lorsque en 1968 Martin Luther King s'effondre sous les balles de ses assassins l'on a pensé à un combat d'arrière-garde, des nostalgiques du Klu Klux Klan qui faisaient leur baroud d'honneur. Leur dernier tour de piste. Nous partagions les colères des jeunes étudiants de Berkeley contre la guerre du Viet-Nam, mais l'engagement pour les droits et les libertés civiques nous semblaient des batailles obsolètes gagnées d'avance. Dylan, Joan Baez, ne nous déplaisaient point mais nous l'on révérait tellement les chanteurs et les musiciens noirs, d'Armstrong à Little Richard, d'Howlin'Woolf à Chuck Berry, que nous les imaginions en leur pays comme ici on les voyait : des stars qui n'avaient qu'à lever le petit doigt pour que le moindre de leurs caprice soit exaucé séance tenante. Stupidement l'on pensait que les Américains étaient racistes comme les Espagnols mangent de la paella. Une image d'Epinal, avec un fond de vérité, mais rien de bien méchant et de bien grave.

 

 

Bien sûr au fur et à mesure que les années se sont écoulées, que des livres ont été traduits et que des témoignages ont afflué, tous concordants et homogènes, il a fallu se rendre à l'évidence. Avec l'âge nos yeux ont perdu de leur naïveté. Cette histoire des racines du rock'n'roll de Jean-Christophe Bertin est décapante à souhait. Elle remet les les pendules à l'heure. Around the Clock ! Pour ceux qui ne connaissent de la musique afro-américaine que les frasques de Mickael Jackson ou la poignée de main, gantée et dédaigneuse, de Prince au président, la surprise risque d'être grande.

 

 

LA GRANDE DISSOLUTION MORALE

 

 

Entre 1945 et 1956 – les années que couvrent principalement le livre - les noirs vont livrer un combat de longue haleine. Jamais frontal. Mais finiront par contourner l'obstacle. L'on peut dire qu'ils vont gagner la guerre idéologique car leurs ennemis seront trahis par leurs propres enfants. C'est la jeunesse blanche du pays qui va emporter la mise. Au grand dam de leurs parents de nombreux adolescents de la petite-bourgeoisie blanche vont contracter de mauvaises habitudes, celle de se brancher sur les radios noires du pays et de ressentir au travers de ces flots rythmiques et joyeux qu'elles déversent qu'un autre mode de vie était possible.

 

 

Retournement ironique des choses, cette musique black qui est en grande partie née dans les Eglises chrétiennes des communautés noires va agir à l'encontre du christianisme puritain des blancs comme le plus puissant des dissolvants. L'expression musique du diable employée pour qualifier le rock'n'roll ne sera pas lancée au hasard. Elle s'inscrit dans une logique critique des plus pertinentes et repose sur une analyse des plus justes. En sapant les bases de la morale religieuse, la nouvelle musique remet en cause la cohésion sociale de toute une nation.

 

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Les jeunes blancs ne vont pas chercher si loin. Ils admirent cette façon si rutilante de s'habiller des artistes noirs, cette décontraction souveraine des corps, cette prégnance sexuelle de toutes leurs danses, et peut-être plus que tout – car c'est ce qui leur est le plus directement accessible - ces paroles à double-sens d'une naïveté si salace qu'il faut vraiment être stupide pour ne pas en saisir la véritable signification.

 

 

CRITIQUE SOCIALE

 

 

A chacun son combat. Que les noirs insinuent leurs délétères valeurs dans la société est difficilement supportable, toutefois l'on veut bien faire semblant de fermer les yeux à condition de ne pas se boucher le nez. C'est que l'argent n'a pas d'odeur et les droits générés par l'édition des titres et les ventes des disques ne sont pas à dédaigner. Les capitalistes blancs ne sont peut-être pas assez bête pour vendre la corde avec laquelle ils seront pendus mais ils vont vous inonder le marché de centaines de milliers de disques qui véhiculent une musique contraire à leur idéologie. Ce qui ne tue pas définitivement le système, le conforte.

 

 

Evidemment, même si Bo Diddley n'a pas encore inventé le jungle sound, l'on en applique pas moins les fameuses lois de la végétation tropicale : les gros mangent les petits. Petits labels seront avalés par les majors. Les uns défrichent, les autres s'engraissent. Mais dans le pays de la libre entreprise l'on ne se formalise pas de la problématique. Les nouvelles étiquettes poussent comme des champignons à la première occasion. L'industrie discographique américaine avait horreur du vide.

 

 

Les noirs américains n'avaient pas le monopole du malheur. Les petits blancs n'étaient guère mieux lotis. Le racisme n'est qu'un des camouflages habituels de la lutte de classe. Diviser pour mieux régner, l'adage est bien connu. Mais il ne correspond pas toujours à la réalité. Dans les grandes plantations du Sud, sur les chantiers d'endiguement du Mississipi et de terrassement des infrastructures de communications, ouvriers blancs et travailleurs noirs travaillent coude à coude. Si aujourd'hui la country music souffre de sa mauvaise réputation de musique populaire des milieux blancs et réactionnaires de l'Amérique profonde, il n'en a pas toujours été ainsi.

 

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En ses débuts la proximité transcapillaire des musiques blanches et noires est patente. Le va-et-vient organique entre les musiques folkloriques européennes véhiculées par les populations fermières des Appalaches et les formes primales du blues apportées par la main-d'oeuvre noire d'origine servile est encore audible de nos jours pour celui qui veut bien y prêter une oreille attentive.

 

 

L'existence des petits blancs n'est guère plus enviable que celle des noirs. Jean-Christophe Bertin s'attarde sur le sort de ces mineurs attachés pieds et poings liés à leur mine. Ce n'est qu'une métaphore, mais nos gueules noires sont dans l'impossibilité d'échapper à leurs employeurs : ils sont les débiteurs de la Compagnie qui les emploie, c'est elle qui leur loue leur maison et c'est elle qui possède l'unique magasin d'approvisionnement, le fameux Company Store de la chanson de Merle Travis si bellement interprétée par Tennessee Ernie Ford. A la fin du mois, le mineur doit plus qu'il ne touche à extraire ses seize tonnes de charbon quotidien. Sixteen Tons !

 

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Toute une page de l'histoire de l'Amérique que l'on a oubliée. Celle d'une Amérique anarchiste, dotée d'un mouvement ouvrier fort et vindicatif dont on a réussi à effacer la mémoire. Là, encore toute ressemblance avec notre pays qui ne se souvient plus de son passé de luttes prolétariennes et de tradition révolutionnaire est des plus instructives. Sixteen Tons fut interdite d'antenne, ce cris de révolte et de haine rappelait par trop les grèves violentes qui dès la fin du dix-neuvième siècle accompagnèrent l'exploitation des mines ( et des travailleurs ) durant plus de soixante ans.

 

 

Composée en 1945, Sixteen Tons ne connut le succès qu'en 1955. Nous sommes à un an du rachat d'Elvis par RCA Victor, en dix ans la situation a changé.

 

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RHYTHM'N'BLUES

 

 

De fait ce que le système politique américain a parfaitement réussi à opérer c'est que les colères sociales noires et blanches ne parviennent jamais à s'associer sur un plan politique. Un exemple parmi tant d'autres : au milieu des années soixante Les Black Panthers ne recueillirent que l'appui de groupes blancs des plus marginaux. Quand les sonorités cuivrées du rhythm'n'blues des disques Stax envahit les antennes l'on assiste une fois de plus à ce que l'on pourrait appeler une jonction musicale qui n'atteindra jamais une pleine dimension politique.

 

 

Entre 1945 et 1956, le rhythm'n'blues noir est une véritable révolution culturelle qui prépare les grands bouleversements sociétaux des années soixante. L'explosion rock a occulté toute cette phrase préparatoire. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la redécouverte de ce continent englouti de la musique noire a été souvent initiée par les amateurs de rock'n'roll à la recherche des origines de leur musique.

 

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Le livre de Jean-Christophe Bertin – qui vient après un premier volume intitulé Les Racines De La Musique Noire Américaine : Gospel, Blues, Jazz dont nous parlerons bientôt – fourmille de renseignements. Ah ! Ce merveilleux premier chapitre sur Miss Caldonia

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au bal des Indépendants : A good rockin' Tonight, ce n'est pas un roman, mais un poème à la gloire de la créativité des artistes noirs. A lire, non résumable, chaque page fourmille de renseignements essentiels. Et puis vous avez le disque qui suit le parcours du bouquin et qui sera pour les néophytes un précieux aide-mémoire qui permettra de clarifier les idées.

 

 

BORDERLINE ET CROSSOVER

 

 

Pour les patrons des maisons de disques le rêve était d'enregistrer des titres capables d'effectuer le crossover, autrement dit de s'installer dans le peloton de tête des classements blancs et noirs. Double jackpot en perspective. Mais le rock'n'roll est davantage borderline que cross over. Très symboliquement lorsque les parents d'Elvis viennent s'installer à Memphis ils logent à la limite des quartiers noirs. Il suffit de traverser la rue pour changer de monde et de musique.

 

 

Elvis n'est pas le seul à se risquer à de telles virées. Sam Philips qui ouvre son studio d'enregistrement et qui n'enregistre que des artistes noirs rêve de tomber un jour sur l'oiseau rare : un blanc qui chante comme un noir. Le dénichera un peu par hasard. En fin de session, car Elvis n'a pas encore compris qu'il doit opérer le saut qualitatif qui sépare la ballade européenne de cow-boy de la rythmique primaire du rockabilly. Rufus Thomas et Ike Turner ont déjà dans le même studio réussi la métamorphose mais du côté obscur de la force.

 

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Un Philips peut en cacher un autre. Dewey, moins créatif mais encore plus courageux. Le disc-jojey qui passe des disques de nègres sur les ondes d'une radio blanche de Memphis. Un scandale ! C'est lui qui emportera les deux acétates de Presley sur ses consoles et qui mettra le feu aux poudres. Le rock'n'roll est né ! La musique noire vient de trouver son pasteur blanc. Ne mourra pas sous les balles du Klu Klux Klan, mais sous les pilules du star-system. Le système du crossover a tout de même fini par le dévoyer.

 

 

QUELQUES FIGURES

 

 

Le livre se clôt hâtivement ( hélas ) sur les grands noms du rock'n'roll : Jerry Lee Lewis, une merveilleuse photo de Myra au passage – celle par qui le scandale arriva – délicieuse vraiment, Gene Vincent, Little Richard, Johnny Cash... Notons que plus tard Cash ajoutera une couleur primaire de plus au mélange explosif – rouge sang - en déclarant qu'il est l'Indien dans le camp des Blancs et peut-être même le Blanc dans le camp des Indiens... enfin Carl Perkins dont le titre Boppin' the Blues - qui clôt la sélection du CD - résume parfaitement la métamorphose de la musique du diable...

 

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Un livre qui s'écoute avec les yeux de l'intelligence.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

 

REVUE DES REVUES

 

 

LONGUEUR D'ONDES. N° 63.BERT15.jpg

 

Printemps 2012.

 

 

Une belle couverture. Lève le poing. Sont fiers. N'ont pas tort, fêtent leur trentième anniversaire. Du coup ils ont tiré à 100 000 exemplaires. Pas de souci à se faire pour la vente. C'est un gratuit, je le trouve toujours sur les présentoirs des Centres Culturels Leclerc. Entre parenthèse la culture et Leclerc c'est un peu comme l'alliance du tigre avec la coccinelle. La dernière fois que j'y ai mis les pieds, j'y ai pas trouvé un seul malheureux CD d'Imelda May. Par contre si vous êtes gaga de la Lady ( sans marmelade ) ils vous en débitent au mètre cube.

 

 

Des pleines pages de pub pour tous les festivals de l'Hexagone. Ca limite un peu la crédibilité de l'indépendance éditoriale mais chez Longueur d'Ondes ça ne se voit pas trop car ils sont dans le mainstream variété rock de qualité française un super arc-en-ciel qui s'étend de Noir Désir aux derniers gadgets de l'électro-zique. S'ils étaient anglais seraient les affidés de l'insupportable britt-pop. Juste – soyons gentil - à côté du rock, mais pas dedans. Sont du genre à défendre Thiéfaine et Dominique A ( AH ! Ah ! ). Intello-bobo.

 

Bien foutu tout de même. Bien écrit. Des tas de chroniques de disques – mais rien sur la réédition des années Barclay de Vince Taylor, quel hasard ! Le morceau de roi est une présentation de tous les anciens numéros, un particulièrement mis en exergue pour chaque année. J'ai cherché dans les sommaires, rien de bien excitant. Comme dit ma concierge, il en faut pour tous les goûts. Même pour ceux qui en manquent tant.

 

 

Alors comme toujours chaque fois que je feuillette Longueur d'Ondes je me suis rabattu sur la dernière page. Celle de Jean Luc Eluard qui trempe sa plume dans le vitriol étoilé. Bilan oblige il a dressé le hit-parade de ses haines passées. Très éloquent. Déteste tout ce que je n'aime pas. Mitterand, BHL, Kouchner, Sarkozy dans l'ordre à l'arrivée. N'a pas l'habitude d'épiler les poils qui dépassent au rasoir électrique, préfère les arracher à coups de fourche. C'est plus marrant, et ça saigne davantage. Pas de doute, ce gars-là c'est un méchant, un teigneux, qui ne respecte rien ni la droite choucroute, ni la gôche caviar, re-situe les gens à l'endroit qui leur convient le mieux. Le trou des chiottes. De toutes les manières un homme qui déteste ses contemporains ne peut pas être tout à fait mauvais !

 

 

Damie Chad.

 

 

 

KROCKROCKDISK

 

 

LITO.numérisation0003.jpg

 

IL Y A LONGTEMPS.

 

Auto-production. Avril 2012.

 

 

JE NE VOUS DIS QUE CA. MESSIEURS LES PREMIERS. IL Y A LONGTEMPS. TAMBOUR DU ROI. TROIS MILLE ANS. J'AI VU MA DOULEUR. LA DIABLESSE. CHANTE LA VIE. CA SERAIT BIEN. PARLE-MOI ENCORE. RITOURNELLE DE LA TERRE. LA CELINE. EUROPA BLUES. ATHEE GRÂCE A DIEU. BABY PLEASE, UN BAISER. TE QUIERO MI AMOR. FILLES. BOOGIE LOUP.

 

 

 

J'avais pas chroniqué le premier disque de Lito – voir KR'TNT 94 du 19 avril 2012 – qu'il en mettait un second sur le marché. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas le produit d'une multinationale, c'est Lito qui a soixante balais nous refait le coup des sixties. De l'auto-production avec l'appui de la famille des copains et des copines. Se fout pas de votre gueule, pour dix euros livret couleur, dix-huit morceaux, une heure de musique.

 

 

A passé la barrière qui sépare le rêve de la réalité, dans la série mieux vaut tard que jamais, Lito commet les disques qui n'ont fait que tourner dans sa tête. En plus il s'améliore. Son premier opus – nous l'avions noté - était un peu monotone du côté de l'instrumentation, pour ce deuxième l'a intégré deux guitaristes qui ne sont pas spécialement manchots du manche.

 

 

A aussi joué la carte de la diversification des rôles. Avec le défaut qui marche avec : quelques relents variétés à la Schmoll sur quelques titres. Mais l'ensemble se tient et ne manque pas de cohérence. Les paroles ne sont pas sur les feuillets intérieurs, dommage car certaines valent le détour comme cet Europa Blues sur les roms et les sans-papiers pourchassés sans relâche dans notre si bel espace de Shengen si démocratique.

 

 

Evidemment les morceaux sont connotés, blues, boogie, rockabilly, slows, ballades, chanson, pop hispanique, de Ray Charles aux Chats Sauvages les réminiscences et les clin d'oeil se bousculent dans cette joie de vivre qui furent la marque des années frenchy soixante. L'ensemble sonne country rock avec un petit côté outlaw qui n'y croit plus, dans le genre j'ai beaucoup vécu et on ne me la fait plus. Lucide mais pas extrémiste.

 

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Lito ne cherche pas à révolutionner la musique. Rien à voir avec le renouveau rockabilly actuel, ni psycho, ni racine, se contente d'être ce qu'il est, un fan transi des années de la grande époque du rock, qui n'achète pas les compilations de sa jeunesse, préfère mettre en boîte son petit jukebox personnel. Ne cherche à rivaliser avec personne, se contente de coller à sa propre authenticité, et c'est cette démarche, cette course après le temps perdu, dont il est entendu, qu'il ne reviendra plus, qui rend ce disque émouvant.

 

 

Rétro-devant. Lito-graphies d'une vie projetée dans le futur de son propre passé.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

 

 

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