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12/04/2012

KR'TNT ! ¤ 93. BO DIDDLEY

 

KR'TNT ! ¤ 93

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

12 / 04 / 2012

 

 

 

 

 

STORY OF BO DIDDLEY

 

 

 

BO DIDDLEY / JE SUIS UN HOMME

 

 

 

LAURENT ARSICAUD

 

 

 

CAMION BLANC / MARS 2012

 

 

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Tout arrive à point pour qui sait attendre. A part que Bo Diddley ça fait des années qu'il piétine dans le purgatoire du rock. De tous les grands pionniers il est celui que l'on cite en dernier, quand on le cite. C'est que l'heure de gloire de Bo Diddley est passée. Il fut incontournable dans les années 62 – 64, après son astre a doucement décliné, soleil pâli, puis oublié.

 

 

Il fut l'égal de Little Richard et de Chuck Berry, mais aujourd'hui certains connaissent mieux Screamin Jay Hawkins ou Larry Williams qu' Ellas Mc Daniel. Et pourtant Bo Diddley est au rock'n'roll ce que le feu est à la fournaise. Essentiel. L'est vrai que l'on a un peu laissé de côté les origines noires du rock'n'roll. A Memphis, Sam Philips avait eu l'intuition de la combine : lui qui commença par enregistrer des joueurs de blues noirs, cherchait un blanc qui chanterait comme un noir. L'a fini par dénicher l'oiseau rare, le corbeau blanc susnommé Elvis.

 

 

Oui mais voilà, Bo Diddley c'était un noir qui chantait comme un noir, plus quelques autres cordes à sa guitare, nous y reviendrons. Encore que Bo Diddley ne se voulait pas totalement noir, revendiquait une arrière-grand-mère indienne – faudra un jour que nous reparlons de l'apport des premiers occupants de la terre américaine au blues – et se définissait vu ses origines novélo-orléanaises comme un noir français. Ce qui est très sympathique pour notre égo national, mais un peu mythique. Faut dire qu'abandonné par sa mère de quinze ans le petit Ellas a dû hélas se forger sa petite mythologie personnelle de secours.

 

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L'aura tout de même de la chance dans son malheur sera recueilli par la cousine de sa mère qui s'en ira vivre à Chicago. N'aura pas besoin plus tard de s'extirper du delta pour monter à la ville. Lorsque son beau-père le mettra dehors à quinze ans ( âge familial fatidique ) s'en ira chanter l'urban blues sur les trottoirs de la big city. N'accusez pas le beau-papa, n'était pas méchant, seulement un peu rigide et ultra-croyant. N'a pas apprécié que le gamin ramène à la maison l'instrument du diable – nous appelons cela, beaucoup moins poétiquement une guitare – mais à part l'harmonium, le violon, et le gospel, la musique n'était pas en odeur de sainteté, chez ce pur puritain.

 

 

DANS LA RUE

 

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La vache enragée notre apprenti-bluesman, il va connaître... mais comme il est décidé à prendre le taureau par les cornes il s'en sortira. Puisque personne ne le remarque sur son pavement, il finira par comprendre que pour attirer l'attention du passant il suffit de savoir s'imposer. C'est dans la rue que Bo Diddley mettra au point les prémisses de son jeu de guitare. Il n'en joue pas, il la percute, il cogne et ne se perd pas dans les détails, rythme entêtant répété à l'infini, il ne charme pas le passant, il le poursuit et ne le lâche plus. N'est pas un styliste, mais un rabâcheur, si fort, si longtemps qu'il finit par vous importuner. Ne vous inquiétez pas, vous allez finir par aimer et bientôt vous ne pourrez plus vous en passer. Dès qu'il a un peu d'argent il s'achète un ampli un tant soit peu puissant.

 

 

Demande à son voisin du dessous un certain Jerôme Green de passer le chapeau afin de récolter un maximum de cents. Comme il n'a rien à faire entre deux morceaux, Bo trouvera à l'occuper en lui filant une paire de maracas. L'est pas tombé sur un imbécile, il acquiert la méthode Diddley en quelques semaines. Tout ce qui rentre fait ventre. Un fond de blues, des rythmes latinos, des transes africaines, du calypso antillais, tout ce qui secoue et se peut répéter indéfiniment, est bon à prendre. Ce n'est pas tout à fait le love supreme de Coltrane, plutôt le bordel intégral à Diddley. Jerôme double très vite la mise en s'adjoignant une deuxième paire de maracas.

 

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L'écoute et regarde tout ce qui passe à portée des ses oreilles, Louis Jordan, T-Bone Walker, John Lee Hooker, et le roi de Chicago, l'étalon séminal des écuries Chess, Muddy Waters. N'est pas seul Diddley, assez grande gueule pour en imposer et s'imposer, a son petit groupe, un peu à géométrie variable, et surtout un style de guitare assez inimitable. Ou plus exactement ce que dix ans plus tard les groupes anglais rechercheront comme la pierre angulaire de la Mecque, un son, la sonorité qui n'est qu'à vous, qui vous appartient et qui vous identifie.

 

 

JUNGLE BEAT

 

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The jungle beat. A première écoute une espèce de grondement indistinct, dans lequel on ne reconnaît rien, une clameur musicale, qui survient de l'horizon, et passe en trombe sans s'arrêter. De prime oreille ça ressemble à une horde de sauvages qui jouent du tam-tam en poussant d'abominables hurlements. Plus des ricanements de hyènes satisfaites d'on ne sait trop quoi. De la véritable musique de nègres à donner des cauchemars aux membres du klu klux klan.

 

 

Lorsque en mars 1955 il enregistre ses quatre premiers morceaux, Bo Diddley déclenche l'apocalypse rock. Monte dans les charts rhythm'n'blues comme une flèche. La communauté noire se pâme, reste à opérer la grande transmutation, l'oeuvre aux blancs. Qui vont vite voir rouge. N'y a pas de Colonel Parker derrière Bo pour arrondir les angles et faire tomber la monnaie. En novembre 55, passage à l'Ed Sullivan Show, Ed lui demande d'interpréter « Sixteen Tons » de Tennessee Ernie Ford, en direct Diddley entonne son hymne national à lui « Bo Diddley ».

 

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Du Diddley tout cru. Sûr de lui. Cette indiscipline lui coûtera cher, Ed Sullivan tiendra parole, télés et radio blanches mettront Diddley sur liste noire. Diddley ne fera jamais la grande carrière qui s'ouvrait devant lui. Il ne faudrait tout de même pas que les noirs n'en fassent qu'à leur tête. Fort opportunément Laurent Arsicaud rappelle que l'éviction du disc-jockey Allan Freed – à qui certains imputent à tort l'invention du mot rock'n'roll – était davantage due à son entêtement de mêler dans ses programmes radio artistes noirs et artistes blancs qu'au scandale des pots-de-vin qu'il aurait touchés de la part des maisons de disques désireuses de pousser la carrière de leurs poulains.

 

 

HEY BO DIDDLEY !

 

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Difficile en France de trouver des disques de Bo Diddley dans les années 60. Il y avait bien ce volume des Rois du Rock présentés par Eddy Mitchell, avec sa superbe pochette marron, un peu au-dessus de ma bourse de collégien. L'on se rattrapait comme on pouvait. Quelques passages à la séquence rock du pop-club de José Arthur, mais le son Diddley était tel si particulier, si différent qu'une fois enregistré dans votre cerveau vous le reconnaissiez partout où il était repris. Chez Buddy Holly et son Not Fade Away adapté plus tard par les Stones – voir Jagger aux maracas - et surtout le splendide Hey Bo Diddley des Animals. D'ailleurs en fin de son bouquin Laurent Arsicaud donne les paroles – avec traduction – de ce morceau qui fit connaître à beaucoup Diddley en Europe.

 

 

Quand on y pense Buddy Holly et Bo Diddley sont antinomiques. Holly recherchait une certaine pureté du son alors que Bo encrasse le sien à volonté. Pourtant Holly a eu besoin de reprendre Diddley afin de percer les arcanes d'un certain balancement rythmique, comme s'il cherchait à s'approprier les racines noires de sa propre musique à laquelle il avait accédé par l'autoroute texane.

 

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Un des mérites de Laurent Arsicaud réside en l'exhumation musicale de Lady Bo. Elle fut la première guitariste femme de studio. C'est à dix-sept ans qu'elle rencontre par hasard – à l'Apollo d'Harlem tout de même – Bo Diddley qui se décide à lui apprendre la guitare. Nous sommes loin d'une histoire graveleuse, Peggy Jones deviendra non pas la deuxième guitare de l'orchestre de Bo mais la guitare double de Diddley. Vous n'entendez qu'une seule guitare, mais en fait il y en a deux qui jouent à l'identique. Ce n'est pas du re-recording, car les hommes ou les femmes ne sont pas des machines, tous deux suivent le même jeu mais de fait ils créent une espèce d'amplification du son qui est en même temps une réverbération. Quelquefois le son se condense et parfois il s'échoïfie. La superposition du même ne reproduit pas le même. N'allez pas chercher plus loin le secret du mur du son de Phil Spector ou les préférences de l'enregistrement live par rapport aux montages pro tools...

 

 

De Bo Diddley l'on n'a retenu que la forme de ses guitares, rectangulaires ou recouvertes de fourrure, effet garanti sur les photos, mais il fut surtout un sorcier du bricolage, un essayeur de génie, un bidouilleur de haut-niveau, un précurseur. Une comparaison entre le son de roadrunner de Bo et le Summertimes blues de Cochran est à poursuivre. Les morceaux sont bien différents mais c'est la même attaque de base sur les cordes en début de riff.

 

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Entre nous soit dit je préfère la version des Animals de Roadrunners à celle de Bo. Peut-être parce que c'est celle que j'ai connue en premier, mais je ne pense pas. La voix de Burdon est chargée d'une intensité tragique – nous sommes à une époque où le rock est pour toute une génération une chose de la plus haute importance existentielle - que Bo ne partage pas. Rigole et plaisante, le double-sens des paroles s'y prête à merveille, mais on reconnaît aussi le super-contentement de soi qui forme le socle de l'égo plus qu'affirmé de notre pionnier.

 

 

Il vaudrait mieux que les chiennes de garde du MLF ne tombent jamais sur la traduction des paroles de Bo Diddley. Se verrait interdire d'antenne, vite fait. Déjà qu'il n'y passe plus beaucoup ! Elles sont d'un machisme échevelé, son premier morceau n'est pas pour rien intitulé I'm a man. Revendication de la fierté noire certes, mais aussi affirmation d'une masculinité débordante, pénétrante.

 

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Beaucoup d'humour machiste que Laurent Arsicaud tempère en rappelant toutes ces femmes qui ont gravité autour de Bo sur scène et en studio. Notamment la fameuse Duchesse – pas plus aristocrate que Parker colonel, mais qui fit phantasmer plus d'un rocker en son temps. Je renverrai à un article de Rock & Folk sorti au début des années 80 qui suivait Diddley et son combo en tournée.

 

 

ROCK'N'ROLL

 

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Diddley a sillonné l'Amérique pratiquement jusqu'aux derniers jours. Se plaint de devoir continuer à bosser à plus de soixante-dix piges pour faire bouillir la marmite. Les droits d'auteur sur tous ses premiers morceaux ne sont que très parcimonieusement retombés dans son escarcelle. Chess et tout un tas d'intermédiaires se sont abondamment sucrés. Diddley a vécu en rocker. N'était pas le mieux doué pour lire les contrats et en a contresigné certains en des périodes de disette...

 

 

A dépensé sans compter quand les dollars étaient là, se trouva fort dépourvu quand ils sont partis. Mais le fric ne fut pas le vrai problème de Diddley. De tous les pionniers il fut peut-être celui qui comprit le plus tôt la nouveauté de son apport au genre de musique qui était en train de se créer.

 

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Se vantera d'avoir inventé le rock - dira qu'il a mis du rock dans le rock - ce qui n'est pas faux. Sans être vrai non plus. Mais il est certain que les premiers disques de Bo opèrent une coupure dans la musique noire. L'a ouvert la porte du rock star system, chanteur qui gagne ses galons par ses talents de musicien. Bo ouvre la voie à Hendrix qui aime Cochran et a accompagné Little Richard sur scène. Hendrix qui fut aussi lancé par Chas Chandler le bassiste des Animals alors que l'on retrouvera la guitare de Lady Bo sur le San Francisco Nights d'Eric Burdon. Comme quoi le monde du rock est un vaste continent, bien plus petit qu'on ne l'imagine.

 

 

Après 1975 les disques de Diddley ne sont plus ce qu'ils ont été, court un peu après le funk et ce qui se fait, essaie de se rattraper aux petites branches pour rester dans le coup. Inutile de singer Prince lorsque l'on est Bo Diddley, c'est un peu le côté décourageant de Diddley. Le tigre ne hurle pas aussi fort qu'il rugissait aux temps de ses jeunes colères. Le succès le rend légaliste, contre la drogue, pour le président et la police. L'on reconnaît certaines accointances avec le comportement déviant d'Elvis en ses dernières années. Ces rockers qui se laissent amadouer par le système et qui préfèrent les shérifs aux indiens sont décevants.

 

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Mais le rôle de Bo Diddley est essentiel. Il aura réussi ce que Muddy Waters n'aura peut-être jamais rêvé de faire. Le pont entre la musique noire et non pas la musique blanche – mais le public blanc adolescent. C'est en cela qu'il reste essentiellement un artiste rock'n'roll, un pervertisseur révolutionnaire du système d'écoute. Ce n'est pas un hasard, remarque Laurent Arsicaud qui signe là un bouquin indispensable, si ce sont des musiciens en grande majorité blancs qui ont endossé l'héritage du grand Bo. Refus du repliement identitaire. Bo est sorti du ghetto. Ce n'était pas pour y rentrer de nouveau par la petite porte de derrière, celle de l'anonymat du père fondateur que l'on cache tout à fait au fond du trou !

 

 

Bo Diddley aura été aussi important pour le rock dans les années cinquante que les Doors dans les années soixante. Pour l'Amérique, bien sûr. Le pays qui a inventé rock'n'roll. Mais qui ne l'aime pas du tout.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

LOOK BOOKS

 

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LES PECHES DE NOS PERES. LEWIS SCHINER.

 

Traduction de Fabrice Pointeau.

 

SONATINE. Septembre 2011. 595 pp.

 

 

Inconnu au bataillon, mais comme c'est estampillé Sonatine j'ai pris les yeux fermés. Jamais été déçu par un de leurs bouquins. Certes ils nous refilent beaucoup de trucs qu'ils vont chercher chez les Amerloques, ce qui à notre humble avis ne correspond pas à un véritable travail d'éditeur, mais comme tout ce qui touche de près ou de loin à la culture populaire américaine nous agrée, nous ne nous plaignons pas. Faut aussi avouer que depuis Edgar Poe les ricains ils tâtent un peu en littérature. Presque aussi bons qu'en rock'n'roll.

 

 

Ce qui tombe bien car Les Péchés de nos Pères sont très proches du rock'n'roll. Vous laissez pas embobiner par le titre qui pue le corn belt et le puritanisme. Lewis Shiner qui est quand même le mieux qualifié pour savoir de quoi il parle l'a très sobrement intitulé Black & White. C'est ce que l'on appelle annoncer la couleur. Enfin au pluriel parce qu'il y a les Noirs d'un côté et les Blancs de l'autre.

 

 

Non on ne va pas remonter à la guerre de Sécession. L'action commence en 1962. Ne vous emballez pas, sur la couverture l'on parle de trhiller, mais il s'agit plutôt d'une enquête, genre un homme se penche sur le passé de son père. Robert un brave petit blanc qui vient de se marier avec Ruth et de trouver du boulot comme chef de travaux pour construire des autoroutes en Caroline du Nord. Marche à fond dans la combine, nouvelle frontière, modernisation du pays, plein emploi, great american democracy number one in the world...

 

 

L'a juste un défaut, l'adore écouter, le soir chez lui, après une épuisante journée de boulot, en éclusant une bière, sa collection de disques de jazz. Lorsque son chef apprend cette innocente manie – non, il ne le vire pas – au contraire lui affirme que le jazz en vinyl c'est comme le cassoulet en boîte, faut le consommer in situ. N'ira donc pas à Castelnaudary mais dans le quartier noir de sa ville de Durham.

 

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Se retrouve vite le cul entre quatre chaises, d'abord la highway qu'il est en train de construire va passer sur le quartier noir, ensuite il tombe amoureux de la copine du leader noir qui tente de s'opposer à la complète démolition des maisons de ses condisciples. Voilà c'est juste le début, je vous laisse lire la suite.

 

 

Peux tout de même ajouter que Robert est en train de mourir à l'hôpital dès les toutes premières pages et que le livre raconte l'histoire de son fils Michael, et que nous sommes en 2004.

 

 

Black and White. Lewis Shiner nous conte une Amérique inconnue – inutile de réciter le couplet sur l'esclavage – celle du racisme ordinaire, du quotidien d'une communauté condamnée à subir et à fermer sa gueule. Pas de manichéisme. Ne dit pas qu'il y a des salauds des deux côtés, beaucoup plus subtil que cela Lewis Shiner, plutôt que les méchants sont moins bêtes que les crétins et les laisser-pour-compte peu enclins à se regrouper pour se défendre.

 

 

En plus au-delà du groupe social qui induit une appartenance et un comportement grégaires, il y a toutes les failles de l'individu plus fragile que l'on ne croit. Les supermen sont rares... L'on se contente trop souvent de minimes victoires symboliques qui permettent de se mentir à soi-même. Par contre le broyeur social ne donne pas dans le symbole. Ou tu t'écrases ou l'on t'écrase. C'est le fameux do it yourself, bien compris.

 

 

Les blancs et les noirs. Les riches et les pauvres. L'on ne prend pas tout à fait les mêmes, mais l'on recommence exactement la même chose. Du moment que certains n'y voient que du bleu, ce n'est pas très grave...

 

 

J'ai voulu en savoir plus sur Lewis Shiner, préférez son site personnel, une grosse bio qui le rend sympathique. A fait mille boulots à la London, a même beaucoup écrit sur le rock – je me disais aussi qu'il parlait trop bien du jazz pour ne pas aimer le rock. J'espère vous avoir mis l'eau à la bouche. Me mets en chasse de ses autres bouquins.

 

 

Damie Chad.

 

 

JAYNE MANSFIELD 1967. SIMON LIBERATI.

 

196 pp. Collection : Ceci n'est pas un fait divers. Grasset. Septembre 2011.

 

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L'ai pécho chez mon bouquiniste le même jour que le Shiner. Double pioche. Très content, j'avais entendu l'auteur à la radio parler de son héroïne. Jayne Mansfield n'est pas n'importe qui. Liberati assure qu'elle est la femme qui a été le plus photographiée au monde. Pourquoi pas après tout ! Cet aspect du personnage me laisse totalement froid.

 

 

Comme tout rocker qui se respecte je n'ignore pas queJayne Mansfield est l'actricce qui a tourné La Blonde et Moi avec Gene Vincent et Eddie Cochran. Pour dire toute la vérité ils ne l'ont jamais croisée même le jour où ils sont venus enregistrer leur apparition dans le scénario. Ce n'est pas grave, le film a contribué à lancer le rock'n'roll aux USA. Une grande actrice comme Jayne Mansfield avait autre chose à gratter qu'à rencontrer nos deux hillbillies boys.

 

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En plus le film est sorti en 1956 et le livre se passe en 1967. Triste année pour Jayne, c'est là qu'elle va mourir. Le livre commence ( et se termine ) par la longue description de l'accident qui lui coûta la vie. La Buick Electra 225 bleu métallisé dans laquelle elle avait pris place avec ses trois enfants et ses quatre chiens ( + compagnon + chauffeur ) ira s'écraser sous le train arrière d'un gros american Trucker sur la route de la Nouvelle-Orléans. Sera punie par là où elle aura péché, ne restera rien de son visage qui séduisit foules et nombreux amants si ce n'est une espèce de plaque raplapla toute sanguinolente.

 

 

En 1967 Jayne Mansfield est déjà une has-been. Les blondes hyperoxydée genre Maryline ne sont plus à la mode. Les goûts de l'industrie et du public changent très vite. Mansfield vit sur sa légende, touche le cacheton pour s'exhiber dans les hôtels et chanter pour la clientèle. Pour elle qui a connu le firmament de la gloire, c'est la déchéance. Qu'elle feint de ne pas apercevoir.

 

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Laisse tout de même 345 000 dollars sur son compte bancaire lorsqu'elle disparaît. Pas si malheureuse que cela. Mais mes comptes d'apothicaire ne font pas la joie de mémé Mansfield. A trente quatre ans, elle sait qu'elle entame le déclin de sa beauté. N'a pratiquement joué que les blondes idiotes et les évaporées bien en chair, avec un tel bagage difficile qu'un producteur pense à vous pour des rôles de composition ! Se console comme elle peut, possède une collection de quatre-vingt dix gros classeurs constamment mis à jour dans lesquels elle colle la moindre coupure de presse qui lui soit consacrée. Ne sont pas toutes élogieuses.

 

 

Mais tant que l'on dit du mal de vous, c'est que vous êtes vivante !

 

 

Très court, écrit gros, nous laisse sur notre faim. A obtenu le Prix Femina. M'enlèverez pas de l'idée qu'il y a eu comme du parti-pris dans cette élection.

 

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Damie Chad.

 

 

 

 

 

 

 

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