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15/09/2011

KR'TNT ! ¤ 64. ERVIN TRAVIS / THIERRY LE COZ / JOHNNY GEE

 

KR'TNT ! ¤ 64

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

15 / 09 / 2011

 

BILLY BOBS

 

DISNEY VILLAGE / 09 / 09 / 2011

 

LA LEGENDE DU ROCK

 

VINCE TAYLOR / EDDIE COCHRAN / GENE VINCENT

 

JOHNNY GEE & BLACK MACHINE

 

THIERRY LE COZ / ERVIN TRAVIS

 

 

On a pris la totomobile et l'on a foncé comme des fous au travers les plaines ombreuses de la Brie. On the road again ! On n'avait pas intérêt à rater la soirée. Au Billy Bob's à Disney Village. Tribute to Vince Talor, Eddie Cochran, Gene Vincent. Trois rock'n'rollers mythiques. L'on n'a même pas jeté un coup d'oeil aux somptueuses américaines – des bagnoles, c'eût été des demoiselles aux carrosseries aussi rebondies l'on aurait lancé la causette - exposées sur le macadam ( cow-boy ).

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La boîte est pleine comme un oeuf. L'on s'attendait à retrouver la faune habituelle, creepers, bananes, blousons et toute la panoplie, oui ils sont bien là, mais surprise beaucoup de jeunes venus écouter cette musique qu'ils avouent mal connaître mais dont les sons leur titillent les oreilles de plus en plus souvent..

 

 

JOHNNY GEE & BLACK MACHINE

 

Sur scène, costume noir cravate blanche les Black Machine, piano électrique, guitare, basse, batterie, Johnny Gee au centre dans sa tenue de cuir noir, fermons les yeux et pensons à Vince... Faut être un peu fou pour s'amuser à incarner le grand Vince Taylor, les écueils sont nombreux, faut naviguer à la casse gueule entre clonage à l'identique jamais parfait et parodie désopilante qui vous met vite mal à l'aise... Johnny Gee qui barre au plus près évite les récifs dangereux.

 

Il est servi par tout ce qui lui manque. Il ne bouge pas comme Vince Taylor et il n'a pas la timbre de Vince Taylor. Non il n'en possède ni la grâce féline et sa voix n'a rien de ce mélange grasseyant explosif qui fut la marque caractéristique de Vince. Ce qui ne l'empêche pas de tenir la scène sans difficulté et de garder l'attention du public fixée sur sa personne. Johnny Gee n'est pas prisonnier du fantôme de Vince, il rend hommage mais reste lui-même, à aucun moment il ne sera le chien de la voix de son maître ( je sais Vince enregistrait chez Barclay, mais je n'ai pas pu me retenir de la placer ).

 

Johnny Gee fut le pianiste des Aigles Noirs. Ce vieux groupe des années 60 venu d'Algérie ( française ) au temps des Chaussettes Noires et qui se reforma en 2006. Tout un programme inauguré par les Soquettes Blanches et la vague nostalgie de toute une génération qui passée les cinquante ans se sont mis à courir après leur jeunesse enfuie... parfois pour la meilleure défonce et souvent pour le pire pathétique.

 

Les Black Machines se classent dans la première phalange. Simon Eliott et son clavier , Bernard Decoret et sa basse et Alain Mazzoleni ont joué avec Joey Greco et Bobby Clarcke le batteur des Play-Boys de Vince Taylor, quant à Gérard Coulondre il a carrément tenu la batterie derrière Vince Taylor en personne, nous sommes en présence d'un véritable carré d'as.

 

Johnny nous la refait plusieurs fois. Annonce un morceau et en joue un autre. Pas grave, les incontournables de Vince nous seront tous offerts sur un plateau de Shakin' All Over à Jet Black Machine en passant par Brand New Cadillac. Se tirent même comme des chefs d'un morceau aussi piégeux que I'll be your Hero qu'ils dynamisent et dynamitent au plaisir. Beau jeu de guitare de lead-Mazzoleni qui nuance à la perfection et vous pique de ces accélérations foudroyantes qui vous laissent pantois.

 

Au final, un set des plus agréables. Vingt ans que Vince nous a quittés et son aura ne cesse de grandir. Johnny Gee et les Black Machine nous aident à entrevoir l'importance de son influence sur nombre de chanteurs des années soixante-dix et à comprendre comment son personnage s'est peu à peu inscrit en filigrane dans les processus de mythification du rock'n'roll.

 

Ce soir Johnny Gee & Black Machine ont servi Vince Taylor et ne s'en sont jamais servis. Si vous voyez ce que je veux dire. Nous les en remercions.

 

THIERRY LE COZ & THE NEW VIRGINIANS

 

Thierry Le Coz n'est pas un pionnier du rock français. Ce n'est pas de sa faute, naissait tout juste au moment où la première vague des groupes nationaux ravageait le paysage musical de la douce patrie. S'est bien vengé, dix-sept ans plus tard. Avec les frères Provenzano et Didier Tireau – beaucoup plus connu sous l'appellation incontrôlée de Zio, actuel bassiste de Ghost Highway – il forme les Teen Kats qui, avec Jezebel Rock, les Alligators et Victor Leed, sont à l'origine du renouveau rockab dans les années 80. Fallait oser, à l'époque le good old rock'n'roll est une cause perdue. Les grands bénéficiaires de ce retour de flamme inespéré seront les Stray Cats qui trouveront en France et en Angleterre la poignée de fans nécessaire à leur mise sur orbite.

 

Plus tard, en 86, Thierry Le Coz quittera son pays natal pour le pays du rock'n'roll, sera un des rares french rockers à se faire admettre par les ricains. Jouera avec tout ce qui compte, je ne vous cite que deux noms pour vous faire saliver Johnny Carrol et Chris Isaack. Dick Rivers a romancé cette incroable aventure dans Texas Blues, un très beau bouquin que je vous chroniquerai un de ces jours. L'orchestre s'est installé, le set est dédié à Eddie Cochran mais Philippe Fessard à la guitare nous la joue un peu à la Gene Vincent, arrivant sur des béquilles et se calant contre un tabouret dès que ses interventions ne sont plus de première importance. Ne soyez pas inquiets, assurera comme une bête tout le concert malgré son handicap. Thierry arrive la Gretsch à la main, tatouage sur le bras, l'oreille percée d'un anneau, sa silhouette évoque irrésistiblement Brian Setzer. Quand on sait l'admiration que ce dernier porte à Eddie Cochran l'on se dit qu'il n'y a pas de hasard, rien que des rencontres.

 

Dès la fin du troisième morceau Thierry Le Coz met les points sur les i. «  Quoi qu'il arrive, je ne serai jamais un imitateur. » Ce n'était pas la peine de préciser. D'abord parce que Cochran était inimitable, ensuite parce que Le Coz ne nous donne jamais l'impression de singer le Maître. Ne recherche pas l'identique. Si son approche – goûtez la subtile densité du vocable – reste respectueuse, Thierry joue en toute liberté, il enchaîne tous les standards d'Eddie sans retenue, un jeu de guitare que je qualifierai de dense et de dru, laissant à Fessard la possibilité de souligner à bon escient - et il ne s'en prive pas.

 

Derrière au piano on s'en donne à coeur joie, Skinny Jim, Jenny, Jenny, Jenny, Pretty Girl ont de quoi ravir un virtuose du clavier ! Quant aux morceaux comme C'mon Everybody, Summertime Blues, Somethin'Else, il serait si facile de les marteler comme du hard rock, mais Le Coz et les New Virginians ne donnent pas dans la facilité, ils les poussent au maximum et les emportent comme des gerfauts qui se laissent tomber sur leur proie. La salle ne reprend pas en choeur, elle double la voix de Le Coz. Moins profonde que celle d'Eddie, plus rauque , cassée comme abîmée par l'alcool et la cigarette. Que serait devenue celle d'Eddie à cinquante balais si la camarde n'était venue nous l'enlever ?

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N'iront pas au-delà de la quinzaine de morceaux, trop court. Intense, mais l'on aurait repris quelques cuillères de plus. Personne n'aime rester sur sa faim. J'aurais aimé entendre comment Thierry Le Coz se serait tiré du frappé d'Eddie sur les cordes de Three Steps to heaven. Mais le paradis n'étant pas de ce monde, il ne faut point trop exiger. La musique qui envahit les hauts parleurs nous obligent à comprendre qu'il n'y aura pas de rappel. Il est vrai que parfois il vaut mieux couper le cordon tout de suite. Sacré coup de blues suite à cette évocation d'Eddie, quel gâchis, mais avec des si l'on réécrirait l'histoire du rock'n'roll sans problème. Et peut-être pas en mieux.

 

L'on sort tirer une sèche sur le bitume. Un petit jeune – expression des plus idiotes, c'est justement lorsque l'on est jeune que l'on est au sommet de sa force, après l'on ne fait que du ratatinage, vu que l'on n'est jamais aussi grand que nos rêves – aborde Alain, nous cause de Luther Allison – et croyez-moi un gars qui connaît ce géant du blues ne peut pas être entièrement mauvais – et cherche à savoir ce qui se cache derrière l'image d'Epinal du milieu rock... vaste sujet et je ne crois pas que nous ayons comblé son manque d'informations... Il arrêtera la conversation pour entendre Ervin Travis. Très bonne initiative.

 

ERVIN TRAVIS & HIS NEW VIRGINIANS

 

Longtemps que je voulais le voir. J'ai tellement visionner ses vidéos sur You Tube ! Une toute autre démarche que Johnny Gee et des Black Machine qui ont profité des vingt ans de la disparition de Vince pour lui rendre hommage, ou de Thierry Le Coz qui s'est lancé dans un tour de chant Eddie Cochran pour fêter le cinquantenaire de la mortelle randonnée que fut la dernière tournée d'Eddie et de Gene en Angleterre. Ervin Travis a ervidemment participé à cette précédente aventure, mais son cas relève d'une problématique différente.

Passion Gene Vincent. Ainsi pourrait-on la résumer. Ervin Travis s'est voué corps et âme à Gene Vincent. Les esprits chagrins feront remarquer que l'oeuvre et le souvenir de Gene Vincent se suffisent à eux-mêmes. Ce qui n'est pas faux. Rien à rajouter et peut-être même rien à retrancher. Toutefois pour mieux comprendre il faut se référer aux rapports très particuliers que la France et Gene Vincent ont depuis le tout début entretenu.

 

Le personnage de Gene Vincent a traumatisé les rockers français. Gene possédait peut-être tous les défauts du monde mais il n'était ni un faiseur, ni un entertaineur. S'amusait pas. Ne suivait pas la mode. Le rock'n'roll était consubstantiel à sa personnalité. Un teigneux qui s'est accroché jusqu'au bout et qui n'a jamais renié son propre engagement. Des disques prestigieux, des concerts légendaires, et toujours dans la marge. Un outlaw plus près de ses fans que du show-biz. Et puis surtout cette aura chaotique qui le précédait et le suivait partout. Un gentil garçon qui refusait qu'on lui marche sur les pieds. Le croquemitaine de l'establishment et des bien-pensants.

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Beaucoup d'entre nous ont encore aujourd'hui un Gene Vincent qui claudique dans notre tête. Il nous sert de boussole, il est l'oiseau tempête de nos rêves. Chacun essaie de s'en approcher comme il peut. Alors que beaucoup s'engluent dans les méandres de la voie humide des regrets toujours recommencés, Ervin Travis a opté pour le chemin alchimique de foudre de feu et de flamme. Dont on ne ressort que brûlé. Mais plus fort et initié.

 

Méfiez-vous des imitations. Il n'y a qu'un Ervin Travis. Il me faudrait au moins trois pages recto verso pour allonger à la queue-leu-leu les noms de tous ceux qui se sont ingéniés à reprendre du Gene Vincent, je rajouterais quelques lignes de plus pour ceux qui ont agi avec ferveur et respect. Pour les lecteurs de KR'TNT je renvoie ainsi à notre cinquante-troisième livraison sur le set des Capitol's à Auxerre du 18 mai 2011. Mais Ervin Travis c'est autre chose de beaucoup plus prégnant.

 

De l'intérieur. Non pas des noirs oripeaux de l'idole, ce qui est trop facile, mais du dedans de sa sensibilité. Ervin Travis ne recopie pas, il se glisse dans un état d'âme. Il n'est pas un clown qui pastiche. L'on a l'impression que c'est le fantôme de Gene qui vient l'habiter. Non pas pour s'imiter, mais pour écouter Ervin Travis chanter. Car c'est cela le miracle Travis, Ervin ne chante que des morceaux de Vincent mais avec une telle authenticité que l'on n'écoute plus que Travis. A aucun moment l'auditeur n'est dupe, ce n'est pas Gene Vincent qui hurle et gémit près de nous mais Travis dont le chant nous transporte, nous transpose en une évocation des plus émouvantes.

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La foule ne s'est pas trompée qui reprend en choeur Over the Rainbox et ce silence angoissé sur You'll never walk alone. Deux balades déchirantes d'Ervin Vincent, à moins que ce ne soit de Gene Travis, qui nous mouillent les paupières.

 

N'en oublions pas pour autant les New Virginians, Philippe Fessard notamment qui nous distille sur Mr Loneliness un crescendo au vibrato digne des plus grands. De même ses shots d'adrénaline sur Catman nous transpercent le coeur comme des balles de magnum 357. Ervin Travis ne manque pas de feuler tel un puma bléssé à mort sur ce qui peut être considéré comme la quintessence de l'art de Gene Vincent en compagnie des Blue Caps.

 

Deux parties séparées d'un court interlude musical, l'une en rouge et blanc, la seconde revêtu d'une combinaison de cuir noir. Attitudes caractéristiques de Gene Vincent, arque-bouté sur le micro, penché en avant. La voix qui monte, le sourire extatique, la fièvre du dedans et l'éruption au-dehors. Un set hors du temps mais dans le tumulte du monde. Actuel.

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Git It, Say Mama, je ne vais pas tous vous les citer. Vous les connaissez déjà par coeur. Je suis ailleurs emporté par le tourbillon de la voix d'Ervin qui m'emmène au plus haut. Ovation finale. Pas de rappel. Hélas, quelle stupide habitude du Billy Bobs ! Backstage Ervin Travis fatigué mais heureux nous dédicace une photo. L'homme se livre en mots simples, chaleureux, accueillant. Il parle de son enfance, de sa vie, des mots de tous les jours mais percutants. Rock'n'roll jusqu'au bout de l'âme.

 

Damie Chad.

 

PS : les photos non dédicacées sont prises sur le blogue Ervintravisandthenewvirginians.blogspots.com

 

URGENT, CA PRESSE !

 

VINTAGE GUITAR. N° 4.numérisation0001.jpg

Juillet-Septembre 2011.

 

En quatre numéros Vintage Guitar est en passe de faire l'unanimité autour d'elle. Nous sommes particulièrement gâtés dans cette livraison : un article sur les premières Telecaster produites par Fender en 1951. Appelée d'abord Broadcaster, dénomination qu'il fallut abandonner suite à la moue de Gretsch qui vendait des batteries Broadkaster ! Que ne ferait-on pas pour gêner un concurrent ! Surtout que comme le démontre l'article suivant avec sa Jet Solidbody Gretsch n'avait pas à mouronner... Plus que quinze jours à attendre, la suite de l'article d'Edward Ball – le spécialiste Gretsch devant l'Eternel - est prévu pour le cinquième numéro.

 

BB King en couverture. Normal Arnaud Legrand nous raconte la légende des guitares bleues. Un must. Mais il me faudrait tenir le même discours pour tous les articles. Soyons plus bref, ces quatre premiers items de Vintage Guitar sont indispensables à tous les amateurs de rock'n'roll. Ou de musique américaine. Je ne parle pas des musiciens qui feraient mieux de s'abonner pour ne pas avoir l'air d'en savoir moins sur leur instrument fétiche que le fan de base. Indispensable.

 

Surprise ! Surprise ! Le N° 4 de Vintage Guitare est empaqueté dans un plastique transparent qui laisse apparaître le N° 234 de GUITARIST & BASS MAGAZINE

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C'est un vieux numéro de juin 2010. Aucune explication quant à sa présence. Stock excédentaire, échantillon de pub ? Z'auraient pu mettre un petit flyer explicatif ! Une cinquantaine de pages de partitions + le CD qui va avec, une bonne trentaine sur le matos ( qui m'a tout l'air d'être de la pub déguisée ) voir la nouvelle Gretsch noire la G5191BK Tim Armstrong Electromatic, tous terrains, distorsions garanties. L'on est loin de la Duo Jet d'Eddie Cochran, mais la qualité est toujours au rendez-vous.

 

Un article sur la reformation d'Aerosmith – j'espère que vous avez leur lointain Toys in the Attic dans vos bagages et une interview de Wilko Jonhson l'ex-guitariste de Dr Feelgood qui raconte comment il a voulu apprendre à jouer de la guitare en écoutant Mick Green dans les Pirates de Johnny Kidd et qui après la dissolution de Feelgood s'en est allé jouer avec Ian Dury l'immortel créateur de Sex, Drugs and Rock'n'roll et de Sweet Gene Vincent.

 

Comme quoi l'on revient toujours aux sources !

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Damie Chad.

 

 

 

 

 

 

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