Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/01/2011

KR'TNT ! ¤ 35.

 

KR'TNT ! ¤ 35

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES

A ROCK LIT PRODUCTION

13 / 01 / 2010

 

 

2009 : PREMIERE ANNEE

¤ 1 / 01 / 05 / 09 : Old School + Burning Dust

¤ 2 / 01 / 06 / 09 : Baston Général / Bill Brillantine

¤ 3 / 05 / 11 / 09 : Johnny Hallyday / Daniel Giraud

¤ 4 / 06 / 11 / 09 : The Bitter end / Steve Mandich

¤ 5 / 07 / 11 / 09 : Quand j'étais blouson noir / J- P Bourre

¤ 6 / 10 / 11 / 09 : Violent days / Lucie Chaufour

¤ 7 / 15 / 11 / 09 : Race With the Devil / Susan Vanecke

¤ 8 / 20 / 11 / 09 : Jull & Zio

¤ 9 / 01 / 12 / 09 : Gene Vincent / Rodolphe & Van Linthout

¤ 10 / 02 / 12 / 09 : The day the world turned blue / Britt Hagarthy

¤ 11 / 03 / 12 / 09 : A tribute to Gene Vincent / Eddie Muir

¤ 12 / 03 / 12 / 09 : Telstar / Nick Moran

¤ 13 / 05 / 12 / 09 : The story behind his songs / Thierry Liesenfeld

 

2010 : DEUXIEME ANNEE

¤ 14 / 20 / 01 / 10 : The man who Led Zeppelin / Chriss Welch

¤ 15 / 15 / 06 / 10 : Gene Vincent / Garrett Mc Lean

¤ 16 / 08 / 07 / 10 : Concert Vellocet

¤ 17/ 22 / 07 / 10 : Pas de charentaise pour Eddie Cochran / Patrice Lemire / Classe dangereuse / Patrick Grenier de Lassagne

¤ 18 / 16 / 09 / 10 : Gene Vincent Dieu du rock'n'roll / Jean-William Thoury

¤ 19 / 23 / 09 / 10 :Gene Vincent's blue cap / Dave Smith

¤ 20 / 30 / 09 / 10 : Graine de violence / Evan Hunter

¤ 21 / 07 / 10 / 10 : Devil's fire / Charles Burnett

¤ 22 / 14 / 10 / 10 : Cash / L'autobiographie

¤ 23 / 21 / 10 / 10 : Special Lefty Frizzell

¤ 24 / 28 / 10 / 10 : Eddy Mitchell

¤ 25 / 04 / 11 / 10 : French Rockab ( Burning Dust / Ghost Higway / Rockers Culture )

¤ 26 / 11 / 11 / 10 : Ghost Higway in Concert

¤ 27 / 18 / 11 / 10 : There's one in every town / Mick Farren

¤ 28 / 25 / 11 / 10 : Sonic Surgeon

¤ 29 / 02 / 12 / 10 : Elvis Presley / Urgent ça presse ! / Look books

¤ 30 / 09 / 12 / 10 : Eddie Cochran / Urgent ça presse ! / Look Books

¤ 31 / 16 / 12 / 10 : Patti Smith / Urgent ça presse ! / Look Books

¤ 32 / 22 / 12/ 10 : Feel like going home / Peter Guralnick / Urgent ça presse / Look Books

¤ 33 / 28 / 12 / 10 : Rock français / Philippe Manoeuvre / Concert / Urgent, ca presse!

2011.TROISIEME ANNEE

¤ 34 / 06 / 01 / 11 : Kids Rock / Busty / Urgent, ça presse !

 

 

TRIBUTE TO ROBERT JOHNSON

 

 

numérisation0017.jpgNotre rocky road blues serait-elle plus bluesy que rocky ? Il est à craindre que la route du rock ne nous ramène immanquablement au blues. J'ai connu le blues en écoutant Memphis Slim, à l'époque c'était notre bluesman national. He lived in Paris, mais c'était un grand qui avait connu les grands. L'a même croisé Robert Jonhson, c'est dire. Mais enfin le piano ( pardon ô Jerry Lee ! ) c'est un peu de la musique européenne. Le piano sonne plus blanc que noir. Si ceci n'est pas un mensonge... c'est une impression. Plus bourge que péquenot. Mais la guitare, ça c'était l'american instrument du pauvre ! On n'y peut rien, l'on a la tête mal faite, farcie de clichés.

 

Toujours est-il que lorsque j'écoute mon coffret The Complete Recordings de Robert Johnson, il me faut toujours deux morceaux avant de m'y mettre. Quel son de guitare aigrelet ! Ca pue le vieux et le mal enregistré. C'est que voyez-vous, comme beaucoup j'ai été mal élevé, trop gâté dès les débuts. Love in Vain par les Stones c'est du super vitaminé, surtout si vous avez seize ans et que vous écoutez sur un pirate qu'un copain a ramené direct d'Angleterre ! Ca vous classe un homme ! Quel son ! Quelle épaisseur ! Vous rentrez dans l'oeuvre de Robert Johnson par l'entrée marbrée érigée pour les touristes, alors lorsqu'en enfin vous vous retrouvez devant la misérable cabane originelle, ça vous fout un coup. De blues.

 

Oui, mais pour du blues, c'est du blues. De l'authentique et vous êtes vite pris dans l'engrenage. C'est Keith Richards qui demanda le nom du second guitariste quand Brian Jones lui passa son disque de Robert Johnson pour la première fois. Regardez les doigts de l'artiste sur la photo, pouvait balayer le manche entier d'une seule main et secouer la poussière de l'autre. N'allez pas chercher de signification scabreuse à I believe I'll dust my broom.

 

C'est cela Johnson, tout, tout seul. Un solitaire. Venu d'on ne sait où. Du ventre de sa mère, pour sûr mais la graine n'a pas été posée par le jardinier officiel. Famille plus éclatée que recomposée. L'a eu un mal fou à habiter son nom. L'a fini par choisir Robert Johnson. C'est ainsi qu'il est passé à la postérité. L'on se demande pourquoi. L'a tout fait pour aller à la vitesse d'une étoile filante. Et n'a pas laissé grand-chose derrière lui. Vivre vite et mourir jeune. N'avait pas fini d'inventer le blues qu'il avait déjà créé le rock'n'roll.

 

En France l'on possède moins que les ricains pour cerner le personnage. Dans les années soixante-dix, ils ont organisé une chasse à l'homme, une cavalcade de chasseurs de prime ont tenté de retrouver les traces du petit black au costume rayé. Nous on a que le bréviaire de Peter Guralnick qui a été traduit. Pour le reste, faut se débrouiller avec ce l'on ne sait pas. Notre seule consolation c'est que de l'autre côté de l'Atlantique ils n'en connaissent pas vraiment plus. D'ailleurs dans les trois-quart de son bouquin le Guralnick s'interroge sur le miracle. Comment diable, a-t-il pu rester en mémoire humaine souvenir d'un tel feu follet ?

 

Contrairement à la plupart d'entre nous Johnson avait pris soin de forger sa légende avant de mourir. Les Stones refourgueront le mythe d'une manière un peu plus évoluée. Sympathie for the Devil qu'ils l'appelleront. Avec même des semblants de petits yodels directement pompés sur King Hearted Woman Blues. Mais l'histoire de Satan qui lâche ses chiens sur votre piste et qui s'en vient vous apprendre la guitare au premier croisement, ça en a bouché l'imagination à plusieurs générations.

 

Rien que Clapton, pour commencer par le premier de la classe. Il a appris à poser ses notes, exactement comme Johnson, une espèce de fausse nonchalance dans la conduite alors que le moteur de la Terraplane grand sport tourne comme un moulin à café. Electrique. C'est aussi cela le génie de Johnson, il gratte sec mais vous entendez la fée électricité chanter. En plus – puisque l'on aborde le sujet – il chante aussi. Que voulez-vous Johnson c'est Keith + Jagger en même temps. Un seul, pour le prix de deux. Et même trois si l'on relit les paragraphes plus haut.

 

Mais une voix que Clapton s'est empressé de lui piquer. Qui a dit que l'on ne pouvait pas chanter de rock'n'roll lorsque l'on a une diction de jeune fille au pair ? Ce n'est pas pour rien que Cream s'est attaqué à Crossroad. N'ont d'ailleurs fait que réaliser le rêve de Johnson avec leur super groupe. A la fin de sa vie, jouait avec deux musiciens, le nom de Robert Johnson en gros sur la batterie.

 

C'est que si le nom de Johnson a survécu c'est qu'il était connu. A parcouru le delta de fond en comble, a même joué à New-York et est monté jusque au Canada. Walkin' Blues porte bien son titre. Des errances avec souvent un compagnon de misère, qui ne sont pas sans rappeler celles d'un Rimbaud et Verlaine. Mais attention en tout bien tout honneur. Du moins c'est ce qui n'a pas transpiré. Apparemment quand il invite à venir dans sa cuisine c'est au beau sexe qu'il s'adresse. Encore que le sexe a semblé l'intéressé davantage que la beauté. Un peu maquereau, notre Robert tout de même. Vous savez son costume rayé, devait avoir besoin d'être repassé. Soyons magnanimement freudien, Robert recherchait-il à coucher avec sa maman ?

 

Un peu trouble. C'est son côté Jim Morrison avant l'heure. Sur ses dernières années il ne dédaignait pas la bouteille non plus et même mieux s'il y avait. Sexe, drogues et rock'n'roll, un deux, trois c'est party après le concert. Suscitait l'envie et le désir. Se méfiait, voulait pas qu'on lui pique ses plans, cachait ses doigts ou tournait carrément le dos aux pros qui cherchaient à en savoir plus. Pour le désir, quand ça monte, on n'arrive pas toujours à stopper le lait qui déborde sur le feu ( au cul ). A été empoisonné par le mari jaloux d'une nana qui le reluquait d'un peu trop près.

 

Il avait tout pour lui. Un jeu d'enfer, une gorge qui crachait des couleuvres sans jamais en avaler une seule. Un organe flexible, une espèce de truc haut-perché qui ramonait dans les bas-fonds de l'âme humaine – Clapton a essayé mais il n'a jamais su se vautrer dans les inquiétantes souillures de la déréliction nègre. Trop blanc, trop petit garçon bien propret. Mais nous ne sommes pas ici pour dire du mal du british blues. Revenons à Robert.

 

Pas n'importe qui. A enregistré, certes après Son House et Charley Patton, ses deux premiers mentors. Mais une poignée de disques sur le marché et un hit, ne nous affolons pas 10 000 copies vendues dix ans après sa mort.... Mais l'on sentait – et dans le public et dans le milieu, qu'il était porteur de quelque chose. Mais de quoi au juste ? Dans son autobiographie Keith Richards esquisse une réponse : Johnson c'est un comprimé de Muddy Waters. Ce que Robert trafiquait tout seul, Muddy l'a refait avec un véritable groupe. Johnson c'était l'exode rural qui ne voit jamais le bout du chemin, et Waters les débuts de l'industrialisation.

 

L'on pourrait dire qu'il est venu trop tôt. Mais comme toux ceux qui étaient là au bon moment, il a façonné les bases du futur idiome. Restera important et incontournable, indétrônable et inamovible, puisque il a inscrit les tables de la loi. Né en 1911, Robert Johnson est mort en 1938. Elvis naquit en 1935. Il est inutile de donner davantage d'explications.

 

Reste à poser l'impossible question ? Et si Robert Johnson avait survécu ? Quelle eût été sa trajectoire ? Un quasi anonymat à la Charley Patton dans les années 60 ? Une discographie complète chez Chess Records ? Tous les phantasmes sont permis. On a supputé – tout comme pour Hendrix – qu'il se serait dirigé vers le jazz, d'autres ont insinué qu'il était prêt à jouer n'importe quoi pour satisfaire son public. Aurait-il délaissé le blues ?

 

En tout cas, nous, nous pensons que le blues ne l'aurait pas abandonné.

numérisation0014.jpg

Damie Chad.

 

 

 

ROCK CONTRE ROCK !

 

( … en réponse à l'édito du ¤ 33... )

 

OU L'ON VEUT RALLUMER LE GRAND INCENDIE

 

j'ai douté des détails, jamais du don des nues

 

Alors voilà, c'est la fin de Noir Désir. Pas grand-chose, juste une petite déception pour ceux qui pensaient pouvoir entendre encore la voix de Cantat se suspendre à la musique du groupe, pour ceux qui les aimaient. Nous n'allons rien vous cacher, nous aimions Noir Désir, leurs textes surtout. Ce n'est ici ni un hommage, ni une oraison que nous voulons écrire. Juste un constat, quatre ans de prison, une liberté conditionnelle et l'explosion de l'un des groupes les plus unis du rock français actuel. La justice, la répression, ne touche pas que les chanteurs de rock, elle fait tomber des dizaines de têtes, elle détruit la vie de toutes sortes de gens. D'habitude, d'ailleurs, ce sont plutôt les pauvres qui trinquent, qui apprennent à leurs dépens combien le couloir d'un palais de justice peut-être long, que parfois, il vous faut toute une vie pour l'arpenter, que parfois, vous n'en sortez jamais. Le plus souvent, il n'y a pas de caméras lorsque vous sortez de prison, seulement le monde qui a continué à tourner, qui n'a même pas cillé pendant que vous tourniez en rond entre quatre murs. Alors, on vous demande de vous réadapter du monde, de vous réinsérer. Mais se réadapter, ça veut dire quoi ? Réapprendre à longer les murs d'une centrale comme si elle n'existait pas, réintégrer ce putain d'engrenage qui vous a privé de plusieurs mois ou années de vie ? Sourire à l'assistante sociale qui avait recommandé votre incarcération et qui vous demande ce que vous allez faire maintenant, maintenant que vous avez purgé votre peine, que vous êtes un homme neuf, lavé, maintenant que l'on vous rend ce que l'on vous avait pris, c'est-à-dire tout ?

 

Alors, bizarrement, Noir Désir est mort. Pourquoi ? Parce que, peut-être, c'est le rôle de la prison que de détruire tous les liens qui liaient un individu au reste du monde, que de briser tout et de vous laisser seul, puni, avec votre guitare qui n'est plus une guitare mais un morceau de bois. Vous l'avez compris, nous ne partageons pas le jugement sévère de Damie Chad. Pour nous, Noir Désir, c'est du rock. D'ailleurs, n'est-ce pas hautement rock que de finir par zigouiller sa gonzesse, malgré la gloire jusque là accumulée ? En un sens, Noir Désir a bien porté son nom, jusqu'au bout. Et a bien tenu son rôle. Celui de mettre des vrais mots en musique, d'être capable d'écrire quelque chose qui ressemble à de la poésie, qui en appelle à la

littérature. Ce n'est pas seulement une prose rebelle à la Berrurier Noir ( forts sympathiques au demeurant), ce sont de vrais textes sanglants, puissants avec, parfois, de beaux éclairs inspirés. Politiquement, évidemment, c'est un peu facile de cracher sur la maison de disque qui a fait votre célébrité, c'est un peu facile de se la péter révolté jusqu'auboutiste aux victoires de la musique, mais bon, ils en ont quand même gueulé pas mal dans leur micro, ils ont fait fredonner à une bonne partie de la jeunesse française des choses pas particulièrement conventionnelles. Et puis, le Rock, est-ce que ce doit être vraiment, absolument, une institution à laquelle on doit constamment se plier, se référer, pour avoir le droit d'en faire partie ? La voix de Cantat qui se brise en chantant « et la victoire, caresse l'espoir, de ne nous appartenir ! », le côté sombre, désespéré, d'une musique suspendue dans ses contradictions avec le grand capital, pour nous, c'est bien plus rock que Téléphone. Téléphone s'est contenté de gazouiller des chansons pour midinettes françaises des années 80, Noir Désir a rallumé une flamme, produit quelque chose qui, certes, s'inspire beaucoup de la chanson française ( Brel, Ferré... ) mais qui collait parfaitement à son temps, à son public. C'est en ce sens que Noir Désir est rock. Elvis n'a pas craché sur sa major, il a bouffé du beurre de cacahouète. Et même si le riff ne fait pas le moine, même s'il y a certainement un aspect pop dans leur musique, on est bien loin des Beatles, on n'entend rien d'acidulé, rien qui nous donne envie de sucer bêtement des bonbons à la fraise. On danse sur le feu, on est pressé par Lautréamont, on écarte le rouge, on écarte le blanc, la seule couleur c'est noir brillant, on boit le sang de nos ennemis, on allume le grand incendie.

 

Nous voulions rendre à César ce qui est à César. Il n'était pas possible pour nous de voir Noir Désir enterré en trente lignes assassines. Alors, Mr Chad, même si vous avez certainement raison, même si Bertrand Cantat ce n'est pas Johnny Rotten, laissez aux jeunes des années 90-2000 le temps de pleurer un peu sur la tombe de Noir Désir, le temps d'oublier le battage scandalisé des médias et d'écouter encore une fois le bouquet de nerfs qu'ils nous auront laissé.

 

Feu, feu à toutes les musiques ! Feu, feu à toutes les prisons !

 

O. Murcie.

 

 

URGENT, CA PRESSE !

 

BLUES MAGAZINE. N° 59.

Janvier. Février. Mars 2011.

 

Petit format mais grande longévité. Presque quinze ans que ça dure et ils n'ont dévié d'un iota de leur ligne. numérisation0015.jpgPlus près du blues-rock que du blues rural, mais assez près d'une actualité made in France. Salut et déférence aux grands anciens certes mais suivi prolongé des nouvelles têtes. Un travail de fond, un peu lent le rythme de parution oblige, mais l'équipe réunie autour de Christian Le Morvan connaît son boulot et, chose assez rare en France... le blues. Pour vous en convaincre, allez faire un tour sur leur site et étudiez le sommaire des numéros précédents. Une véritable encyclopédie du blues vivant.

 

L'on tique un peu sur les premières pages, le compte-rendu de tous les festivals de blues de l'été. C'est loin, déjà ! De quoi vous refiler le summertime blues en plein hiver ! Mais l'on s'y fait, les articles ne sont ni trop longs, ni pesants. C'est juste après que les rockers boivent leur petit lait au southern comfort, un dossier de six pages sur Sun Records, on connaît par coeur, mais entendre une nouvelle fois la légende nous touche toujours autant...

A peine sorti des festivals l'on repart sur la route des festivals et puis sur la 66, pas la mythique, mais la tournée qui faillit se terminer très mal pour notre Johnny national que l'on aborde ici de biais, non pas par les coulisses, mais depuis la scène, avec Greg Zlap. Sacré Jojo, a toujours su choisir ses musiciens, que du beau monde, mais un harmoniciste bien de chez nous, un élève de Jean-Pierre Milteau, dont certains assurent qu'il aurait dépassé le maître. Un grand monsieur ce Greg Zlap qui ne tarit pas d'éloges sur le côté professionnel du roi Hallyday. Et courageux avec cela, car il ne va pas se faire que des amis dans l'intellingentsia française à couvrir de lauriers celui qu'il est de bon ton de ridiculiser à chaque interview.

 

Je ne le savais pas ( honte et confusion sur moi ) les choeurs masculins sur The Girl can't help it de Litlle Richard sont dus aux voix des Coasters. Plus qu'un groupe noir de Doo-Wop, avec derrière deux des plus fines gâchettes de l'écriture rock Leiber & Stoller, qui n'écrivaient pas que des chansonnettes. C'est un peu police partout et justice nulle part. Vous me direz que ça n'a peut-être pas changé, mais mettre ce genre de paroles à la fin des années cinquante dans la bouche de descendants d'esclaves, c'était plutôt osé.

 

Sautons quelques festifs pour arriver à Napoleon Washington, venu de Suisse avec trois albums sous le bras et pas sa langue dans sa poche quand il parle. A découvrir. Il reste encore plein de pages, un conseil attardez-vous sur les chroniques de disques, DVD et livres. Du solide.

 

Damie Chad.

 

 

LOOK BOOK !

 

(… une ancienne chronique de 2005, écrite pour une revue à haute visée littéraire ( ! )retrouvée par hasard dans l'ordinateur... )

 

M. EDDY ET MOI. ALAIN DUGRAND.

209 p. FAYARD. 2005.

 

Ca vient de sortir. Ce n’est pas un service de presse. M’y suis précipité dessus. Evidemment je suis fan. D’Eddy Mitchell, bien sûr. Pas d’Alain Dugrand, inconnu au bataillon jusqu’à ce jour. J’apprends avec effarement qu’il a reçu le prix Roger Nimier, le prix Paul Léautaud, le prix Louis Guilloux, qu’il a déjà publié une vingtaine d’ouvrages, et qu’il est lui aussi fan d’Eddy Mitchell. Comme cela nous aurons au moins quelque chose en commun.

 

Ne soyons pas méchant, le livre est assez bien fait. Je n’y rien appris sur Eddy Mitchell. Mais cela c’est normal. J’aurais pu en écrire la plupart des pages sans difficulté. Je me suis par exemple beaucoup amusé à reconnaître un par un les documents originaux sur lesquels Alain Dugrand s’est appuyé pour évoquer les aléas de la carrière de notre rocker national préféré. A la lettre M notre bibliothèque doit comporter les mêmes livres, les mêmes revues, les mêmes classeurs bourrés d’articles découpés avec le même soin maniaque…

 

Pour sûr je n’aurais jamais procédé comme lui, il est des décrochements chronologiques qui me navrent, des digressions – par exemple celle sur la famille Kennedy- qui me fatiguent, des insistances sur des broutilles qui m’impatientent, des manquements sur des points particuliers qui me choquent, mais tout cela n’est que roupie de sansonnet !

 

L’essentiel dans ce bouquin sur M’sieur Eddy, c’est le « et moi » qu’ils ont écrit en tout petit, en rouge tout de même, sur la couverture. Car le personnage principal reste avant tout Alain Dugrand. Je doute fort que le lecteur qui ne connaîtrait pas Eddy Mitchell s’en rende compte. Mais d’un autre côté quel intérêt pourrait pousser un quelconque quidam qui ignorerait tout du chanteur à acheter ce volume !

 

Chacun trimballe ses propres nostalgies. Celles d’Alain Dugrand sont si éloignées des nôtres ! Certes Alain Dugrand s’efforce à ne pas être dupe de lui-même. La jeunesse est une chose, pas question pour autant d’idéaliser les années soixante qui furent de plomb. A l’époque, la guerre d’Algérie a singulièrement rétrécit l’horizon des jeunes gens ! Le service militaire, la mort, les combats, la peur, la honte, l’OAS, tout cela a crêpé de larges bandes noires le drapeau multricolore des illusions perdues et saccagées… Quant aux années soixante dix elles furent un interminable tunnel, dans lequel notre écrivain semble avoir eu autant de mal que Mitchell à trouver sa place…

 

Par contre les années 80 auraient apporté éclaircies et longues journées ensoleillées. J’ignore dans quel monde Alain Dugrand a traversé les eigthies, mais sa disposition d’esprit n’est en rien comparable à la nôtre. Ce n’est pas parce que la carrière d’Eddy a atteint en cette période précise une amplitude qu’elle n’avait jusqu’à lors jamais connue qu’il faut oublier que c’est en ces deux funestes lustres que l’on a implanté avec succès et que se sont installés dans la tête de nos contemporains ces schèmes idéologiques de base qui président encore au déploiement planétaire du libéralisme marchand…

 

Ce livre d’Alain Dugrand nous a foutu un sacré coup de blues. D’abord parce que la jeunesse s’éloigne, et que le parcours d’Eddy Mitchell, comme celui de son biographe, comme le nôtre, s’apparente, par le seul fait que les ans s’empilent les uns sur les autres, davantage à une survie aléatoire de soi-même qu’à une marche triomphante. Ensuite et surtout parce qu’il n’y a rien que l’on puisse opposer à cet état des faits.

 

Sinon de nous replonger avec délice dans ce M’sieur Eddy et Moi d’Alain Dugrand.

 

DAMIE CHAD

Les commentaires sont fermés.