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24/11/2010

KR'TNT ! ¤ 28.

 

KR'TNT ! ¤ 28

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES !

LIVRAISON DU 25 / 11 / 2010

A ROCK LIT BLOG'N'ROLL

 

 

 

 

RAPPEL

Bandes : ¤ 5 ¤ 6 ¤ 17

Blues : ¤ 21

Concerts : ¤ 1 ¤ 2 ¤ 3 ¤ 9 ¤ 12 ¤ 17 ¤ 26 ¤ 28

Country : ¤ 22 ¤ 23

Disques : ¤ 25

Gene Vincent : ¤ 4 ¤ 7 ¤ 8 ¤ 10 ¤ 11 ¤ 13 ¤ 15 ¤ 18 ¤ 19 ¤ 27

French Rockab : ¤ 1 ¤ 2 ¤ 9 ¤ 25 ¤ 26

Films : ¤ 6 ¤ 21

Livres : ¤ 4 ¤ 5 ¤ 7 ¤ 8 ¤ 10 ¤ 11 ¤ 13 ¤ 14 ¤ 15 ¤ 17 ¤ 18 ¤ 19 ¤ 20 ¤ 22 ¤ 27

Pionniers : ¤ 20

Rock Anglais : ¤ 12 ¤ 14

Rock Français : ¤ 3 ¤ 16 ¤ 24 ¤ 28

 

 

SAMEDI SOIR

 

Dépaysement complet cette semaine. Jusqu'à notre ving-septième livraison nous n'avons guère quitté les métaphoriques eaux boueuses du Mississipi. Une pincée de blues, un peu de country, beaucoup de rockab et pas mal d'électricité. Rien à redire. Pour cette vingt-huitième barrette nous allons tout au bout de l'autre côté du rock'n'roll, là où il se confond avec le bruit et entreprend de se faire artiste. Post punk, art'n'noise. De quoi se fâcher avec beaucoup de monde. Mais si le rock ne sert pas à se faire des ennemis, à quoi peut-il bien servir ?

 

5.160x132cm-.jpgLa scène se déroule en Brie profonde, un de ses villages perdus au fin fond de la cambrousse, où il ne se passe jamais rien. Même pas de temps en temps un corbeau tenant en son bec un de ces délicieux fromages emblématiques de cette région vouée à la culture de la betterave. Bref un bled paumé dans lequel je vous conseillerais de ne jamais traîner vos santiagues. Donnemarie-Dantilly, que ça s'appelle.

 

A part qu'une fois par an, un étrange vent de folie souffle sur la bourgade. La nuit venue l'on barre les rue, l'on transforme les fenêtres de la moindre bâtisse en vitrine d'exposition pour plasticiens débridés, et l'on s'offre un concert de musique d'avant-garde sous la halle centenaire.

 

Je vous ferai grâce de la visite des fenêtres antiques sommées de s'ouvrir sur l'art moderne. Il y a de tout. Surtout du pire. Soyons honnête, la peinture contemporaine m'ennuie. Pour le vin chaud généreusement offert par la mairie ou l'association organisatrice, je vous demanderai de ne pas vous précipiter sur le buffet spartiate, six assiettes de cacahuètes pour quatre-vingt personnes affamées, ça ressemble à ces jeûnes collectifs que dans les années 70 les cathos organisaient pour sensibiliser la population aux famines africaines. Pour être franc, il y a longtemps que je me serais sauvé en courant si je n'étais pas venu pour le concert. Gratuit. Comme quoi il ne faut jamais désespérer.

 

 

TOTAL ART

 

SONIC SURGEON

 

HALLE DE DONNEMARIE-DONTILLY. 15 / 11 / 2010

 

Vidéo projeté sur le mur. Indescriptible. De Craked Movies. Je ne sais qui est ce type, mais il porte bien son 7.164x132cm.jpgnom ce kraken vid ! Des formes qui se détruisent les unes dans les autres, un fouillis de mutations jamais en repos. Frédéric Atlan est sur son estrade penché sur son matériel. Trois amplis, un micro, un jack dans la main, une table de mixage, une guitare sur son trépied derrière lui. Electrique. Un chant pansouri s'élève. A moins que ce ne soit du japonais compressé. La voix monte dans les aigus. La bande a-t-elle été accélérée ? Sur le mur le déluge fantomatique se ralentit, dans l'entremêlement erratiques d'espèces de vers blancs dévoreurs de cadavres des images se devinent, violentes. Répétées à l'infini. Comme une scène mélodramatique d'un ancien film en noir et blanc dont on se repasserait la fin des centaines de fois. Le son arrive. Du bruit ? Non une espèce de musicolation énergétique qui de minute en minute gagne en force et en intensité.

 

Rupture. Blanc surprenant. L'artiste trifouille quelques boutons et le cauchemar reprend. Pas celui de vos oreilles, des groupes d'enfants se sont assis par terre, de vieux grand-pères s'appesantissent sur leur cannes. Personne ne veut en perdre une bribe. Tous maso. Le grondement qui nous submerge est celui de notre cauchemar de moins en moins climatisé. Cataclysmique oui. Atlan sonne la charge. Il souffle à s'en péter les cordes vocales dans un buccin, un cor de chasse en tuyau d'arrosage qui forme un cercle immense, vertical, mais dont la noirceur rappelle ces ronds que l'on resserre à terre autour de soi pour se protéger du Démon que l'on convoque.

 

Il ne faut pas jouer avec la politique du pire. Sur le mur les images s'entrechoquent et rivalisent avec notre réalité sordide, en maître d'oeuvre du désastre Frédéric Atlan crie des slogans, menaces et désespoir à l'ordre de notre nuit, il s'empare de sa strato et roule un riff répétitif empli de redoutables noirceurs. Le cri se change en récitatif, un poème araignée file une toile d'angoisse sur nos imaginaires malaxés par le son éclatant. La voix mâle récite le mal d'exister.

 

La boucle est bouclée, sur le mur l'actrice revient se refaire tuer, la musique s'emballe, nous sommes tous des poupées écartelées, des poupons démembrés, des icônes de nous-mêmes déglinguées. Fin de l'extase. Sonore.

 

Son, chant, image, textes, poésie. Frédéric Atlan nous offre une oeuvre totale. Synesthétiques amalgamant nos peurs et nos combats, nos terreurs et nos défenses, nos lâchetés et notre futur. Notre et pas neutre. Gris noir et cris noirs et cris gris. Très beau set. Emotion et réflexion. Vous en prenez plein les miroirs de l'âme. Que vous avez perdue depuis demain. Hier et aujourd'hui, tromboscope cortex, vous apprenez à penser avec vos yeux. Coda.

 

Damie Chad.

 

Les illustrations sont des photos de tableaux de Frédéric Atlan.

9.-164x114cm.jpg

 

Nous faisons suivre ce compte-rendu d'un précédent article consacré à un des tout premiers concerts de Frédéric Atlan. Le lecteur sourcilleux sera à même de vérifier les progrès de l'artiste.

 

 

 

FREDERIC ATLAN : LE ROCK SANS GUITARE

PERFORMANCE A L’HÔTEL-DIEU DE PROVINS

20/ 10 / 2007

 



Deux salles d’expositions bourrées à craquer, toiles, petits fours, invités, le monde se presse pour cette Deuxième Rencontre d’Art Contemporain de Provins. Mais nous ne sommes pas venus pour cela, nous nous contenterons de l’avant-salle réservée à l’œuvre peinte de Frédéric Atlan.

Affiches déchirées dans un coin, ce n’est pas ce qui retiendra notre attention, nous préférons de beaucoup ces grands tableaux noirs parsemés de gouttes de lumières ou de minces bandes blanches qui nous renvoient à l’obscure noirceur délitée de notre époque. Nous vous ferons un commentaire en trois parties sur l’œuvre peinte de Frédéric Atlan une autre fois, nous sommes venus only for the music.

Petite estrade, deux minuscules baffles dont, ô mon cœur !, un Tennessee, une boîte à rythme, une console, un ancien boîtier de cassette vidéo trafiqué, deux micros, quelques fils, un jack sans guitare, et c’est tout.

Frédéric Atlan lance le rythme, beaucoup de bruit avec rien, les spectateurs s’engouffrent et emplissent la pièce. Le set ne dépassera pas la demi-heure, pas assez pour atteindre la transe, mais suffisant pour déclencher une certaine hypnose rythmique sur un public provincial peu habitué aux contextes rock’n’roll.

Car il s’agit bien d’une mise en scène rock’n’roll explicitement revendiquée par Frédéric Atlan en ses lyrics, trop rares d’après nous. Atlan évite l’écueil principal de ce genre de manifestation : l’auto-dérision fétichiste de ceux qui crachent sur ce qu’ils font parce qu’ils n’ont pas la force de s’asseoir parmi leurs rêves de mineau, un jour frappé de plein fouet, en plein vol, par une bille d’acier rock’n’roll, et qui trente ans après admettent la naïveté de ne s’en être jamais relevé.

Paroles flash, meurs et consomme, misérabilisme du rock’n’roll, but we like it et nous n’avons que cela. Atlan entame la danse du serpent avec les deux micros, avaler le son et le recracher, boucles sonores reproduites qu’il ne faut pas quitter de l’œil fascinant du micro. Parfois il caresse le jack esseulé comme un effet masturbatoire et puis il se lance en de fulgurants solis énamourés à même son corps qu’il stride de son symbolique phallus électrique. Happy Jack comes back !

La machine solitaire s’arrête trop vite. Le public applaudit, Atlan salue et redescend. Pendant trente minutes il a mimé la rock star de ses rêves et nous avons joui de sa prestation aux démons agoniques des nostalgies efficaces. A suivre.



Parution : LE CYGNE NOIR.

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