Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/11/2010

KR'TNT ! ¤ 26.

 

KR'TNT ! ¤ 26

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIMES !

LIVRAISON DU 11/ 11 / 2010

A ROCK LIT BLOG'N'ROLL

 

 

 

 

RAPPEL

Bandes : ¤ 5 ¤ 6 ¤ 17

Blues : ¤ 21

Concerts : ¤ 1 ¤ 2 ¤ 3 ¤ 9 ¤ 12 ¤ 17 ¤ 26

Country : ¤ 22 ¤ 23

Disques : ¤ 25

Gene Vincent : ¤ 4 ¤ 7 ¤ 8 ¤ 10 ¤ 11 ¤ 13 ¤ 15 ¤ 18 ¤ 19

French Rockab : ¤ 1 ¤ 2 ¤ 9 ¤ 25 ¤ 26

Films : ¤ 6 ¤ 21

Livres : ¤ 4 ¤ 5 ¤ 7 ¤ 8 ¤ 10 ¤ 11 ¤ 13 ¤ 14 ¤ 15 ¤ 17 ¤ 18 ¤ 19 ¤ 20 ¤ 22

Pionniers : ¤ 20

Rock Anglais : ¤ 12 ¤ 14

Rock Français : ¤ 3 ¤ 16 ¤ 24

 

 

 

GHOST HIGHWAY IN CONCERT !

 

AU St SAUVEUR. 05 / 11 / 10. BALLAINVILLIERS

 

 

numérisation0001.jpgFaut pas nous en promettre, GHOST HIGHWAY en concert à moins de 90 kilomètres de chez nous, on n'allait pas les rater, après tout le bien que l'on a dit d'eux dans la dernière livraison ! On s'est empilé dans la petite Torino ( tout le monde ne peut pas voir grand ) et à tout berzingue vers Ballainvilliers. Par l'autoroute, cela va de soi lorsque l'on a rendez-vous avec son fantôme ! Ce n'est pas gentil pour les autochtones, mais un bled paumé au fin-fond d'on ne sait trop où. On est même passé devant le troquet sans le voir ! Ceux qui venaient de Paris ont aussi galéré, alors nous qui arrivions de la Brie profonde je ne vous en parle pas. De toutes les manières vous vous en foutez.

 

Dès qu'on a été à vingt mètres du rade l'on a compris que l'on était sauvé. De la musique, ah les enfoirés ils ont commencé avant l'heure ! Rassurons-nous ce n'était que la balance. Ils ont d'ailleurs balancé un morceau pas trop pêchu, vite fait, bien fait, mais pas plus.

 

Le Saint Sauveur – un nom qui de là-haut doit plaire à Johnny Cash – est un café sympathique. L'on y sert davantage de bière que d'eau bénite et les icônes disposées sur les murs ne sont guère catholiques : affiches de concerts passés ou à venir, plaques d'immatriculations américaines, posters made in USA. Un véritable petit paradis avec son coin tabac encore ouvert à trois heures du mat, et ses croque-monsieurs maisons, peut-être pas de la haute cuisine, mais very good hot rocker cookin'.

 

Pour la clientèle de la soirée on va pas vous dire que ce sont tous des anges, pour certains ils pencheraient même un peu du côté des hell's, mais l'ambiance est bonne et tout le monde, teds, rockers, cats, fifties, se mélange sans problème. Les filles sont belles mais déjà maquées, que voulez-vous rien n'est parfait en ce bas monde.

 

Donc une cinquantaine – le bar ne pourrait en contenir plus – d'amateurs. De ceux qui suivent le groupe et de ceux qui suivent les groupes. Sachez goûter la différence. Des conversations s'engagent de tous côtés, beaucoup se connaissent, et les musicos bouffent à votre table sans préséance. Le rock'n'roll, c'est aussi une grande famille.

 

Mais il est plus que temps de passer aux choses sérieuses. Ghost Highway s'installe aux manettes. Et ils ne vont pas jouer à l'économie, trois sets d'une heure chacun, entrecoupés d'entractes assez courts. Finiront claqués mais heureux. Car Ghost Highway c'est avant tout le plaisir de jouer ensemble et de libérer toute l'énergie. Chaque set comme un shoot d'adrénaline pure.

 

Le premier plus country puisera à pleine mains dans le disque, le deuxième plus rockabilly traquera les petites reprises de derrière les fagots, ces fines perles des faces B dont on a oublié qu'elles existaient et que l'on redécouvre avec d'heureuses stupeurs. Le troisième plus décontracté comme un mélange des deux précédents avec un long final plus rock'n'roll. La palette entière de l'arc-en-ciel, mais avec une cohésion qui force l'admiration.

 

Mais dirigeons un peu le projecteur sur chacun d'eux. Au fond Zio et Phil. Basse et numérisation0003.jpgbatterie. Pardon contrebasse, avec un Zio en pleine forme, le sourire plein les dents, déchaîné, dansant et giguant autour de sa grosse mama, les mains tellement agiles qu'il donne l'impression de jouer en soliste et non en rythmique. Et puis ces moments presque somnambuliques où il rentre à l'intérieur de lui-même, hypnotiquement collé contre le flanc de son violon géant, et paraît très loin de nous dans un autre monde, perdu dans une pluie d'arpèges nostalgiques sur votre coeur dont le rythme déraille...

 

N'ayez pas peur Phil est la pierre angulaire du combo. Le port d'attache où les trois autres, gratteux reviennent toujours après leurs escapades les plus folles. Le phare dans la tempête qui ne s'éteint jamais, la forge et le feu, les pistons de la loco qui mènent un train d'enfer. Phil c'est l'économie du geste et une force de frappe d'une justesse absolue. C'est l'homme qui tue les temps morts, qui relance sans arrêt la machine et oblige tout un chacun à se mettre à son diapason. Avec lui, la diligence est sans retour.

 

Devant Arno et Jull, frères de chants dont les organes ( vocaux ! ) ne se marient pas mais se superposent à la perfection. Arno a l'avantage de l'harmonica, rock'n'roll rif, trémolos blues, et tristesse des grands espaces. Toute la gamme. Nous lui reprocherions de ne l'utiliser qu'avec parcimonie. Il est vrai qu'il souffle si puissamment dans son instrument qu'il pourrait changer la couleur stylistique du groupe. Faut bien aussi qu'il délaisse ses orgues à bouche s'il veut pousser la ritournelle. Et il se débrouille plutôt bien en la matière. Une voix impeccable avec en plus cette allure, cette façon de se tenir droit, d'attirer le regard, pôle d'attraction magnétique. Tient aussi une guitare, en quelque sorte discrète, d'accompagnement qui passe après l'incisif impact de la voix. D'un usage très country, à mille lieues du rock'n'roll guitar hero, l'on entend très bien qu'Arno regarde du côté d'Hank Williams et de Johnny Cash.

 

Le contraire de Jull. Un guitariste certes, mais un électrique. Ce n'est peut-être pas au carrefour du blues que le diable lui a refilé tous les plans, mais il les connaît tous sur le bout des doigts. Un régal de le voir jouer. Il cherche toujours le chemin le plus court entre deux cordes. Invente sans arrêt quelques barrés supplémentaires à glisser entre deux accords. Il ne pince pas, il invente. Il produit du neuf. Ce que j'adore chez lui c'est qu'il démontre sans oser encore le crier sur les toits que les habits du pure american rock-a-billy sont un peu étroits, qu'il est urgent de faire péter quelques coutures. Ce mec ne recopie pas Cochran, il en ressuscite l'esprit de découverte et de curiosité. N'est pas figé dans ses phalanges. Et encore moins dans sa tête. A suivre.

 

*

* *

 

Nous atteignons ici le vieux débat entre tradition et révolution. J'entends s'élever les clameurs. Mais à voir l'âge du public l'on peut s'inquiéter du futur de notre musique. Ne changeons rien et dans dix ans le rock'n'roll connaîtra le même destin que le jazz, compassé dans un académisme stérilisant et ayant perdu tout esprit d'innovation et de renouvellement.

 

Un combo aussi doué que Ghost Highway ne peut se permettre de reproduire à l'identique le lourd héritage du passé si glorieux soit-il. Il faut composer, créer et ne pas avoir peur de se perdre dans des pistes inexplorées. Le french rockab est en train de vivre son âge d'or de la maîtrise instrumentale. Jamais nous n'avons eu d'aussi bons groupes mais il faut capitaliser tout ce travail de conquête des racines et aller plus loin.

 

Combien convenues, par exemple, sont les paroles du rock-a-billy ! Si éloignées de la réalité sociale et même sociologique de la jeunesse d'aujourd'hui. Tout un sacré boulot nous attend ! D'urgence. De telles paroles peuvent troubler mais casser les codes et les cadres, faire péter les archétypes, n'est-ce pas l'essence de la rébellion rock par excellence ?

 

Pour résumer : une superbe soirée, un très bon concert, et un groupe déjà mature mais encore muni d'un énorme potentiel. La preuve évidente que le rockab n'a pas encore dit ses derniers mots. Ghost Highway : un fantôme de plus en plus vivant qui risque de nous tirer de notre léthargie dans les mois prochains.

 

*

* *

 

Nous nous quitterons avec Fat l'ancienne batteuse du précédent groupe d'Arno qui prend dans le dernier set la caisse claire de Phil pour trois morceaux. Rien à dire, miss cat, à la chevelure aile de corbeau a du chien, pas une grande technique mais sait jouer à l'arrache et au feeling, et emporte notre adhésion. Charismatique, devrait monter un autre groupe.

 

 

*

* *

 

St Sauveur nous reviendrons. En attendant prends pitié de l'âme ( très ) pécheresse de tous les rockers du monde !

 

DAMIE CHAD.

 

Quoi faire de votre dimanche ?

numérisation0002.jpg

Les commentaires sont fermés.