Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/10/2010

KR'TNT ! ¤ 23.

 

 

KR'TNT ! ¤ 23

LIVRAISON DU 19 / 10 / 2010

A ROCK LIT BLOG'N'ROLL

 

 

EDITROCK

 

Parler de LEFTY FRIZZEL ne peut pas faire du mal. Plutôt du bien, même. La suite logique de notre précédente livraison consacrée au Man in Black, si l'on veut. LEFTY nous a quitté depuis plus d'un demi-siècle, mais sa figure nous paraît aussi essentielle et actuelle que nos jours les plus récents.

 

N'empêche que ces dernières semaines, le rock'n'roll se décline dans la rue. Ne tournez pas la tête pour chercher de nouvelles affiches. Ce n'est pas à proprement parler le rock qui est dans la rue, mais la rue qui devient rock'n'roll.

 

Appelez cela comme vous voulez, les gens, le peuple, les jeunes ( et les moins jeunes ) défilent et parfois se heurtent pas très gentiment avec nos amis les cops, de plus en plus nombreux, et de plus en plus en colère. Dans la rue. Côté artistes, c'est le calme plat, la dérobade à l'anglaise. Nos hurleurs patentés ne donnent plus de la voix. Nos chanteurs adorés sont aux abonnés absents. Et pas sur la liste rouge et noire.

 

Ainsi va le rock, un peu à côté de ses pompes de daim bleu. Rebelle, aristo du perfecto, de la dégaine à gogo, mais n'aime pas trop se mélanger au populo. Le rock n'apprécie point trop que ses racines refassent surface. Que nenni, ce ne sont ni le blues, ni la country, mais la pauvreté et la misère.

 

Un sacré creuset, qui métamorphose les humiliations de la vie en rage adolescente, et les frustrations refoulées en cris de haine et de triomphe. Ne tombons pas dans le simplisme, non plus. L'on peut être un grand artiste sans être nécessairement un révolutionnaire patenté. Mais parfois l'on exprime par sa voix, ou son instrument, des émotions et des vécus qui viennent de loin et dont on est le médiateur plus ou moins inconscient.

 

Il est arrivé à plus d'une de nos idoles de troquer leur paire de santiagues de lonesome cow-boy qui cavalait dans leur tête... pour les charentaises de la respectabilité qui roupillent sur leurs royalties. Tant vont les cruches au dollar qu'elles n'apaisent plus notre soif.

 

Le rock a toujours eu le cul entre deux chaises. Entre la flambe et la brûlure. Et beaucoup, aussi bien parmi les créateurs que les fans, ont vite fait de reposer les lauriers de leurs fesses sur le fauteuil le plus respectable. Pas le rocking-chair de la bascule à tout crin, mais l'autre le strapontin du show-biz de la suffisance.

 

Voici un sujet que l'on n'aborde guère dans les fanzines. Triste réalité de nos contradictions que nous soldons dans la case des pertes et profits. Surtout profits, d'ailleurs. Si aujourd'hui le rock se meurt, c'est qu'il devenu trop gros, trot gras, trop mou du vide. Pas tout le monde, mais beaucoup trop.

 

Ce vent brûlant qui souffle dans la rue est à écouter. C'est ainsi que le rock'n'roll chevauchera à nouveau la tempête.

DAMIE CHAD.

 

 

 

 

SPECIAL LEFTY FRIZZELL

 

 

Le nom de Lefty Frizzell ne dit plus grand chose à beaucoup de monde. Il fut pourtant en son temps l'alter ego d'Hank Williams. Les deux hommes ont tourné ensemble et jouaient à pile ou face lequel des deux passeraient en vedette... Sans doute n'a-t-il manqué à Lefty Frizzell qu'une mort rapide pour acquérir une gloire immortelle. Tous deux écrivirent et interprétèrent leur propre musique. Hank Williams avec cette voix nasillarde qui aujourd'hui fait si authentique, si roots... et même un peu artificielle couleur locale, péquenot du sud profond.


Lefty Frizzell n'était pas pourvu d'un aussi campagnard papier verre au fond de la gorge. Non son organe répondrait plutôt à l'appellation velouté pur sucre. Ne pas confondre avec la guimauve. Il y a autant de tristesse dans le timbre de Frizzell que chez Williams, mais avec la classe en plus. On ne les a pas tous les deux surnommés les bluemen de la country par hasard. Pour me faire mieux comprendre, je dirais que la voix de Frizzell est à mi-chemin entre Hank Williams et Elvis Presley. Je ne sais si je vous aide à mieux entendre. Mais le gars Presley a tout de suite pigé. L'anecdote est peu connue mais, vers la fin, Presley forma le projet d'un trente-trois tours composé uniquement de chansons de Lefty Frizzell.Encore une fois, Frizzell devança le disciple et montra le chemin. Il disparut en 1975, le King se hâta de l'imiter dans les mois qui suivirent. L'on peut se demander ce qu'il serait advenu d'Hank Williams si les petites pilules ne l'avaient ravi avant son heure. Serait-il tout de même une légende, ou un bon chanteur plus ou moins oublié parmi tant d'autres ? Frizzell avait choisi une autre route. L'alcool. Au milieu des années soixante Lefty Frizzell connut une certaine éclipse. Mais tous les témoignages sont formels, lorsque le succès revint dans les seventies et qu'il enregistra ses deux derniers disques souvent considérés comme son chat du cygne, il employa son argent à boire encore plus qu'avant.Frizzell qui reste un des princes de la country était une roc'n'roll star dans l'âme. Né en 1928, son itinéraire et son mode de vie high on life, n'est pas sans parallèle avec Gene Vincent. Bien avant le King, les gosses rêvaient de sa grosse cadillac, point rose mais aussi noire que ses idées, dans laquelle il se rendait à ses concerts. La voix de Frizzell est inimitable. Encore faut-il savoir l'apprécier. Merle Hagard qui dépensa 50 000 dollars pour entrer en possession de sa guitare personnelle, aujourd'hui déposée au Country Hall of Fame, prétend que Lefty Frizzell est avant tout un chanteur pour chanteurs. Nous dirions plutôt que pour un public non anglophone pas très habitué aux différents accents des Etats du Sud, il n'est pas évident d'apprécier la subtilité du phrasé de Frizzell, cette façon si particulière d'allonger démesurément les syllabes. Mais il vous suffira d'écouter la quarantaine de versions de The Long Black Veil disponibles quasi instantanément sur le net et de la rapprocher de l'original de Frizzell pour sentir la différence. Comparée à cette dernière combien celle, tiens au hasard, des Chieftains + Mick Jagger, malgré sa pompeuse instrumentation folk-progressive, risque de vous écorcher les oreilles !

 

 

Certaines reprises sont très belles, mais pour faire écho à notre vingt-deuxième livraison il faut reconnaître que seules celles ( notamment avec Joni Mitchell ) de Johnny Cash se démarquent en bien – mais pas en mieux - de l'originale. Poussons un petit cocorico, celle de Burning Dust est très loin de se classer parmi les plus mauvaises.

    LEFTY FRIZZELL VERS 1950

Lefty Frizell.jpgQuand survint la vague rockabilly, Lefty Frizzell sacrifia aussi au vent nouveau. Rien de tel pour mettre en évidence son côté mauvais garçon ! Frizzell qui passa quatorze mois en prison pour vol ne fut pas pour rien l'idole de l'Outlaw Country des années soixante-dix. Il chante méchamment bien, mais ses morceaux rockab sont un tantinet trop longuets. Pourquoi ferait-il court alors qu'il sait si bien se perdre dans les labyrinthes du désespoir de tous les hôtels aux coeurs brisés !

 

Lefty Frizzell est un des chantres du honky tonk, non pas ce style de piano de bastringue ultra syncopé employé par les jazzmen pour chauffer leur auditoire – mais ce genre de chansonnette sentimentalo-larmoyante, et nostalgo-romantique, qui reste l'essence de la musique country. Qui rappelons-le n'est pas une musique de balloche, comme certaines inflexions commerciales s'acharnent à la transformer, mais l'expression tragique de la solitude de l'âme humaine confrontée à la grandeur immémoriale des espaces américains.

 

Et puis un homme qui affirmait que la vie est comme la poésie, ne peut pas être totalement mauvais..

DAMIE CHAD

 

Pour vous en rendre compte par vous-mêmes, allez écouter la box set Life's like poetry chez Bear Family. L'intégrale. 12 cd, plus de 300 morceaux. Strongly expensive but very indispensable ! Vous pouvez aussi devenir an re-appropriation's outlaw adept. Typically country !

 

Les commentaires sont fermés.