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09/02/2012

KR'TNT ! ¤ 84. JOHNNY HALLYDAY / LAURENT CHALUMEAU

KR'TNT ! ¤ 84
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
09 / 02 / 2012


JOHNNY : PROFIL GAUCHE !

L'ÂGE – Déraison / DANIEL RONDEAU
VERITABLE BIOGRAPHIE IMAGINAIRE
DE JOHNNY H.

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    Avec le rock'n'roll il faut s'attendre à tout. Surtout au pire. Mais là, il est difficile de surpasser. L'on aura tout vu en ce bas monde, mais qui aurait osé au mois d'avril 1960 imaginer que cette espèce de paltoquet qui se roulait par terre devant les caméras horrifiées de la télévision aurait droit cinquante ans plus tard à une biographie écrite par un des plus célèbres et officiels ambassadeurs de notre nation !

    Et pas n'importe lequel. Directement nommé par le président de la République à un poste des plus prestigieux. Ambassadeur de France à l'Unesco, même Presley n'est pas arrivé à se dégoter une telle caution culturelle et honorifique de son vivant.

    Faut quand même rétablir un peu la vérité. Le roman de Daniel Rondeau est sorti en 1982. Depuis ce temps-là de l'eau a passé sous les ponts. Que voulez-vous, ma bonne dame, les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Certains disent même que de Gaulle à Sarkozy la situation s'est terriblement dégradée. Pas tous.

    Né en 1948, Daniel Rondeau a eu l'âge idéal pour être touché de plein fouet par le phénomène Hallyday, dès sa prime adolescence. Mais non il n'a pas mis ses pas dans le chemin tracé par l'idole. A fait d'autres choix. Que personne ne peut lui reprocher. Aux guitares électriques il a préféré les livres et les études.

    Beaucoup de chance notre Daniel Rondeau, né en 1948 il est tombé pile-poil dans les heures fastueuses du gauchisme. Avoir vingt ans en 1968, ce n'est pas tout à fait avoir vingt ans dans les Aurès. L'époque était bien plus propice au rêve. Daniel Rondeau s'engage. De la théorie il passe à la praxis. Militant de la Gauche Prolétarienne, le mouvement d'extrême gauche le plus radical, il n'hésite pas à interrompre ses études pour s'établir en usine. Inutile de prêcher la révolution aux ouvriers si de soi-même l'on ne mouille pas la chemise.

    Hélas, la Révolution n'est pas au rendez-vous de l'Histoire. Après plusieurs années d'atelier notre ouvrier idéologique songe à se reconvertir. N'oublie pas qu'à la base – goûtez le jeu de mot – il est avant tout un intello, il devient animateur radio et commence à écrire. D'abord un livre sur son expérience manufacturière puis ce roman sur Johnny Hallyday.

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    Paraît en 1982. Juste après 1981. Autrement dit, après l'élection de François Mitterrand. La gauche au pouvoir. L'extrême-gauche au cimetière. La fin des illusions perdues. Il est maintenant prouvé que l'on n'a pas besoin d'armes pour prendre le pouvoir, que les urnes vous emmènent jusqu'aux maroquins ministériels, les doigts dans le nez. Notre ancien gauchiste n'a pas droit tout de suite aux ors de la République, se contentera d'un poste subalterne. Il faut bien apprendre à jeter sa gourme.

    Sera tout de même convié à prendre les rênes des pages culturelles de Libération. Le quotidien d'extrême-gauche qui monte, qui monte, qui monte... et s'assagit à chaque palier. L'on connaît la suite de l'histoire, à force de suivre l'infléchissement libéral du parti socialiste, le journal perdra toute une partie de ses premiers lecteurs dégoûtés de ce changement de cap, à tel point qu'il finira par être sponsorisé par Rothchild pour survivre... Allo, maman gauche bobo oblige !

    Du maoïsme au sarkozisme, Daniel Rondeau a méchamment évolué en un demi-siècle. Fidèle en cela à toute une partie de sa génération dont la colère a été digérée et récupérée par le système qu'elle prétendait mettre à bas. Mais en 1982, Daniel Rondeau n'est qu'au tout début de son infléchissement idéologique. Il détient encore en lui les colères et les aspirations de sa jeunesse dont il lui faudra apprendre à se débarrasser. C'est son Johnny Hallyday qui portera les stigmates de de cette hargne accumulée dont lui Rondeau n'a plus que faire. Et quoi de plus agréablement opportun que de refiler à un tiers ou à un ami  le chien dont on ne veut plus. Cela évite de s'auto-accuser de l'avoir noyé. Pas de regret à avoir. Une sorte de transfert psychanalytique en quelque sorte. Dont on ressort l'âme lavée et délestée d'un péché. Serez-vous surpris quand j'aurai dit que Daniel Rondeau est revenu sur ses vieux jours à un christianisme ancestral !


BIOGRAPHIE IMAGINAIRE

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    Evidemment tout est faux dans cette biographie imaginaire. Un fan de la dernière heure tout frais sorti de l'oeuf de sa naïveté ignorante risque de gober de pieux mensonges et de se faire des premières années de la carrière de Johnny Hallyday une vision peu conforme à la l'anecdocité historiale. Ne le reprochons pas à notre auteur. La littérature n'a pas obligation de se conformer à la rugosité rampante de la réalité du monde. Au lecteur de ne pas tomber dans les chausse-trappes que lui tend l'auteur.

    Piège d'autant plus subtil que la moitié du livre s'avère être une reconstruction des plus plausibles. Certes Daniel Rondeau est trop souvent dans la tête du jeune Hallyday pour que l'on puisse y croire. Mais il reste dans l'ordre du possible. 1957, 1958, 1959, l'on avance lentement, l'on partage les pensées d'un Johnny Hallyday de synthèse générationnelle, nombreux ont dû être les jeunes gens de l'époque à penser et à agir comme cet adolescent fragile qui nous est présenté. Le lecteur curieux qui lira les articles d'époque consacrés à l'analyse du phénomène des blousons noirs reconnaîtra des similitudes comportementales évidentes. Tout individu est toujours représentatif du groupe social dans lequel il évolue, même s'il n'en représente qu'une infime fraction.

    Hallyday le solitaire, l'enfant blessé, qui lèche ses blessures sans se plaindre, silencieux, peu causeur, qui préfère se taire que s'exprimer avec une trop grande maladresse, enfermé dans sa timidité... Avec l'intime conviction d'être plus que les autres, mais se mouvant avec les autres dans une ambiance glauque et angoissante. Le rock venu d'Amérique comme une bouée de sauvetage mais qui vous éloigne du rivage et vous permet de dériver en un autre monde. Malgré les copains, les frères d'armes, ici réduit à Long Chris et à Aldo, future chaussette, le rock comme une cloche de plongée qui vous isole et vous entraîne vers le fond. Insolitudes. Pour reprendre un de ses plus beaux titre d'album.

    Des gosses perdus. Qui préfèrent se battre entre eux que de se confronter avec le reste de l'univers étranger à leur propre monde. Les virées sur les bases américaines en première partie de Gene Vincent sont à lire comme des séquences rêvées, les mêmes que l'on retrouve dans Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier. Le mieux serait de ne jamais sortir de l'adolescence, protectrice parce que clause sur elle-même.

    Avec ce qu'il y a de nouveau en cette moitié de siècle, cette colère, cette hâte, cette exigence, d'on ne sait pas trop quoi, mais si merveilleusement traduites par l'urgence du rock'n'roll.

VERITABLE FAUSSETE

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    Et le succès qui vient. Doucement. Comme l'esprit sur des pattes de colombe. D'abord celui d'une meute, celle des copains du Golf-Drouot, puis des bandes, et enfin de toute la jeunesse d'un pays qui se mobilise. L'argent qui gonfle les poches, les filles qui rappliquent, les soirées avec les copains, les fiestas, les tournées, tout s'enchaîne en une logique implacable. Les gens commencent à l'appeler l'idole des jeunes mais Daniel Rondeau vole à son secours. L'air de rien. Lui refile une première petite copine. Pas une amourette, une conscience. Du monde qui l'entoure et qui n'en continue pas moins sa ronde, politique.

    Fille de militant communiste. La guerre d'Algérie, de Gaulle, la nuit des généraux, voici notre chanteur enrôlé dans le bon camp. Celui qui garantit une certaine liberté. Voici Johnny qui côtoie Malraux et qui pousse des avions sur les pistes de Villacoublay pour empêcher les factieux d'atterrir... Plus tard il signe un manifeste pour le droit à l'insoumission contre la guerre d'Algérie... en Mai 68, il finance les gauchistes à coup d'argent... arrêtera les frais un an plus tard lorsque le mouvement s'enlise en ses contradictions...

    Voici un Johnny qui n'est pas parti à l'armée, qui ne s'est pas marié avec Sylvie, mais qui est restée un rebelle, qui incarne l'esprit et l'attitude rock'n'roll comme personne !

UN AUTRE JOHNNY

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    Jusque-là nous sommes dans l'à-peu près, rien ne s'est passé exactement comme cela  mais en flirtant sur quelques fragiles témoignages – Johnny sur sa moto venant apporter une grosse liasse de billets à un comité de soutien des blessés des barricades de 68 – l'on peut parler d'exagération, d'extrapolation, du droit du narrateur à monter en épingle quelques épisodes douteux afin de dégager une lecture un peu plus signifiante. Gauchir le trait pour tracer droit en quelque sorte.

    Mais dans la dernière partie Daniel Rondeau se déleste de tous ses phantasmes, voici Johnny parti pour deux ans aux States, côte ouest avec toute la clique remuante de l'époque : de Bob Dylan à Eric Burdon. En revient en parfait hippie, San Francisco, Fleur d'amour et d'amitié... Mais ne s'arrête pas aux illusions petites-bourgeoises, notre Jojo national, repris en main par son ancienne égérie qui a évolué,qui du Parti Communiste stalinien est passée au maoïsme spontanéiste, le voici fréquentant le Comité Renault. Pas celui d'entreprise tenu par les stals mais le révolutionnaire qui impulse les grandes grèves de 72.

    Johnny le prolétaire se lance dans l'action prog, il chante dans l'Ile Seguin pour les grévistes. Ce sont les permanents de la CGT qui coupent la sono et qui lui clouent le bec. Rebel without a cause du peuple n'a plus qu'à rentrer chez lui. Le rêve est terminé, le bouquin aussi. Daniel Rondeau a viré sa cutie. L'inflammation rouge du BCG ( Bonne Coite Gueule ) qui lui cisaillait la peau s'estompe. Elle pâlit doucement. Elle vire au rose bonbon délavé.

L'ÂGE DES RAISONS

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    Il faut savoir raison garder. Notre fils d'instituteur commet sa trahison de classe sans s'en apercevoir. Long est le chemin des ambassades, autant le commencer par un dernier barouf d'honneur. Se la péter rock'n'roll en agitant un tigre de papier qui ne fait pas peur. Regardez ce à quoi à vous avez échappé. Vous voyez que cela aurait pu être pire. Ne laissez pas le rock là où il est né, dans la rue. C'est un rasoir tranchant sur lequel vous pourriez trébucher et vous couper. Le mieux est d'en faire un objet culturel, un peu sulfureux, pour esprits avertis, avec la tête de mort interdit au plus de dix-huit ans, relégué sur l'étagère du haut, il n'effraiera personne même s'il s'en échappe parfois un peu de bruit. Vampire sympathique qui vous suce un peu de sang pour vous éviter l'anévrisme. L'éteignoir.

    Le plus comique, c'est que Johnny a adoré le livre. Quelle crédibilité ! lui que les médias s'obstinaient à faire passer pour un crétin incapable d'aligner plus de trois mots ah queue, ah queue, ah queue leu leu, devenait un héros de roman. Et attention pas d'un fan énamouré et inconnu perdu dans le maquis provincial mais de quelqu'un qui possédait de par ses fonctions éditoriales un droit de répercussion ou de veto intangible par rapport à tous les intellectuels du pays. Ne vous demandez pas pourquoi Daniel Rondeau a toujours bénéficié d'agréables critiques et renvois d'ascenseur chez ses collègues chroniqueurs. Caution de gauche bienpensante ! Que voulez-vous qu'il exige de plus notre Johnny, lui qui apportait son brin de muguet à l'épouse du président Giscard d'Estaing ! Comme quoi la littérature mène à tout, à condition de ne pas y rentrer. Suffit d'être dans le bon bouquin, celui qui fabrique et transmet le mythe.

    Sachons reconnaître les mérites de tout un chacun : Daniel Rondeau n'a jamais trahi Johnny, l'a accompagné tout le long de sa carrière d'articles fort élogieux – notamment dans le Nouvel Observateur. Lorsque en 2010 Hallyday est obligé d'interrompre son Tour 66 et de se faire opérer de toute urgence avec les funestes retombées qui s'en suivirent, c'est à Daniel Rondeau, qu'il invitera chez lui aux USA, que Johnny fera appel pour sa première grande interview, celle du retour, celle du phénix qui renaît des cendres du coma artificiel et des griffes de la mort.

UN BON ROMAN

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    Doit exister une cinquantaine de bios de Johnny sur le marché. Celle-ci est à notre avis, la meilleure de toutes. Pour la véracité historiale de l'ensemble du baratin, préférez n'importe laquelle sur le marché – enfin choisissez plutôt celle de François Jouffa et l'auto-Destroy du maître lui-même – mais si vous voulez accéder à la compréhension intuitive par l'intérieur d'un de nos rares mythes nationaux, faudra vous fader rondement la rondelle de Rondeau.

    Très bien écrite, avec des morceaux d'anthologie qui enthousiasment – la visite de Johnny chez Aragon, par exemple – et une très fine transcription des réalités sociologiques de la fin des années cinquante si franchouillardes, à ceci près qu'elle est à lire plutôt comme une vie imaginaire de Daniel R. que de Johnny H.

    C'est que tout le monde ne peut pas être une rock'n'roll star. Donc faut s'arranger avec les modèles à sa portée. Quitte à les remodeler un peu à sa guise quand ils ne correspondent pas à nos attentes les plus intimes. Relation d'amour-haine profondément masturbatoire, je t'aime parce que tu es tout ce que je ne pourrais jamais être puisque je suis moi. Miroir déformant en lequel l'on cherche à se voir en plus grand, en plus beau, en plus pur. Mettre la grandeur du rêve en adéquation avec la petitesse de notre moi. Un vrai livre de fan.

                                    Damie Chad.

FILM

LE HAVRE. AKI KAURISMÄKI.
2011.

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    Beau film qui déménage. Amateurs de sensations fortes et de thrillers foutraques abstenez-vous. Plongée dans la France profonde. Celle des petites gens et de la misère. Enfin pas si petites que cela, plutôt grand coeur et immense courage. Le Havre. Son port, ses migrants et ses clandestins. Ceux pour qui l'Angleterre est le but ultime. Rassurons-nous notre valeureuse police nationale veille au grain. CRS  armés de fusils contre femmes et   bébés, bulldozers sur les campements clandestins. Images terribles desquelles émanent des relents de proto-fachisme. Cela se passe tous les jours dans notre sainte et irréprochable démocratie et c'est fou de ne pas entendre nos grandes consciences nationales s'élever contre cette chasse aux hommes. Il est vrai que nous avons déjà connu des situations similaires – certes plus dramatiques mais moins hypocrites – en des années de triste ou joyeuse ( barrez l'adjectif qui ne correspond pas à votre point de vue ) collaboration.

    Tout est bien qui finit bien. C'est un peu la honte pour nos vaillants défenseurs de l'ordre public – du préfet péteux aux ordres du gouvernement au flic de base obéissant et servile – qui vont malgré leurs énormes moyens laisser échapper leur proie, un redoutable gaminos de 14 ans qui parviendra à rejoindre sa maman de l'autre côté de la Manche... Il est sûr que si l'on avait pu mettre un porte-avions au milieu de la mer l'on aurait fini par le pincer... Mais manque de pot, l'arme secrète et absolue se trouvait pour une fois du côté des sans-grade.

    A ce stade-là, vous ne voyez pas ce que ce film vient batifoler sur votre rock'n'roll blogue préféré. Tendez l'oreille, l'arme ultime possède un nom : Little Bob ! D'après vous, pourquoi ce film se déroule-t-il au Havre et pas à Calais ? Pour Little Bob, pardi ! Un de nos plus purs rockers français, et KR'TNT qui ne l'a jamais cité ! Shame on me ! L'on ne le voit que dix minutes en tout notre bobby préféré, mais juste le temps qu'il faut pour replacer le rock là où il doit être, du côté des intransigeants et des hors-la-loi. En plus il nous régale d'un super morceau in extenso.

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    Bon, on ne va pas en faire toute une story. Ce n'est qu'un film, après tout. Qui se termine bien sur un petit nuage rose. Pas tout à fait comme dans la vraie vie. Surtout que vous avez peu de chance de rencontrer dans vos pérégrinations quotidiennes un commissaire compatissant qui s'assiéra sur ses principes au nom de sa conscience... A moins que ce ne soit une subtile ruse du réalisateur pour rappeler à tout un chacun qu'il est toujours possible de désobéir. Ce film serait-il alors encore plus rock'n'roll qu'il en l'air ?

                                        Damie Chad.



LOOK BOOK !

BONUS. LAURENT CHALUMEAU.
GRASSET. 465 pp. Novembre 2010.

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    Couverture peu engageante, heureusement que le titre fait tilt ! Bonus, de Laurent Chalumeau en plus, stop on le descend de l'étagère pour regarder d'un peu plus près. C'est bien le Chalumeau qui écrivait dans Rock & Folk dans les années 80, et qui fut le complice d'Antoine de Caunes sur Canal +, l'on va prendre par acquis de conscience.

    Pour le milieu rock, c'est râpé ripoux, à part une cagole – nous sommes en Provence-Côte d'azur - qui ambitionne de devenir la nouvelle Céline Dion, pas grand-chose à se mettre dans les oreilles. Oui, mais on lui pardonne car il y a tout le reste. Sans exception, toute notre société qui va mal. De haut en bas de l'échelle sociale. La bourgeoisie d'affaires comme les laissés-pour-compte, avec au milieu ces chancres rougeoyants proto-fachisants que sont la justice, la police, les centres de rétention.

    L'est pas tendre avec le système, Chalumeau. Ni avec ceux qui essaient de s'en sortir ou d'en sortir. Subtile différence. Tous des véreux, tous des toquards. Du patron à l'intellectuel, du prolo au pédé de service, pas un pour racheter l'autre. Le comble c'est que Chalumeau ça le gondole. Et nous itou, car c'est parti pour 400 pages de rigolade. L'on reconnaît si bien son voisin, son chef, son beauf, sa femme, sa maîtresse, que l'on ne peut s'empêcher de jubiler. Très jouissif. En plus quand on se dit que l'on doit aussi ressembler quelque peu à cette triste humanité, l'on rigole plus fort pour ne pas avoir honte. La bonne conscience de droite et la bonne conscience de gauche, c'est un peu comme les augures de César qui ne pouvaient se regarder sans éclater de rire.

    L'on se croirait en Italie – géographiquement on n'est pas loin – comme dans les années de plomb ( ce métal qui est si près de l'or ), en ces temps bénis ( pas par le pape ) où l'on enlevait les grands patrons contre rançon sonnante et trébuchante, mais sans préavis l'on est forcé de s'avouer que les temps ont changé et nous voici en notre époque berlusconienne. La comédie inhumaine du capitalisme triomphant. Du fric, du sexe, du désir. Pour l'amour ce n'est plus en magasin depuis longtemps. Par contre, énormes promotions et soldes en continu sur les packs de bêtise garantie bioindégradable.

    C'est écrit comme l'on parle, mais les phrases tombent trop bien pour ne pas être hyper-travaillées. Chalumeau s'amuse comme un petit fou, finit même par nous concocter une fin morale qui n'est guère justifiée par les moyens qu'elle emploie. Evitez si vous n'aimez pas les miroirs. Ce n'est pas du rock'n'roll, mais ça participe déjà de la grande escroquerie.

                                    Damie Chad.

02/02/2012

KR'TNT ! ¤ 83. L'EQUIPEE SAUVAGE. THOM GUNN.

KR'TNT ! ¤ 83
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
A ROCK LIT PRODUCTION
02 / 02 / 2012

MOTO-ROCK

L'EQUIPEE SAUVAGE

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    N'avais jamais vu le film, si ce n'est quelques extraits par ci, par là. Je ne devrais pas le dire car ça ne fait pas sérieux pour un adepte du rock'n'roll... D'abord je n'aime pas trop le cinéma – préfère et de loin les disques et les livres – et puis je n'ai jamais trouvé ce gros joufflu de Marlon Brando -excusez-moi mesdemoiselles – très sexy. Me fais moins vibrer que sa moto, avec sa gueule de jeune premier.

    Ce qui n'empêche pas qu'avec cette pellicule nous sommes aux origines de la mythologie du rock'n'roll. Point musicales, mais sociologiques.

HOLLISTER

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    Tout rocker qui se respecte vous dira que le rock est né à Memphis, in the south, dans les studios Sun. La génération suivante vous parlera du surf sur les plages de Californie et du Summer Love à San Francisco. En fait le mouvement rock ne faisait que rejoindre ses racines géographiques.

    C'est en effet en Californie que se constitue dès la fin de la guerre ( la deuxième ) les premiers cercles de motards outlaws ainsi surnommés parce qu'ils ne suivent pas les règlements de la Fédération des motocycles. Les retours de campagne sont toujours difficiles pour les soldats. D'autant plus s'ils sont victorieux. Peuvent pas dire qu'on les attend les bras ouverts. Les bonnes places sont déjà squattées et après les horreurs et l'excitation des combats beaucoup de jeunes héros ne se voient point pantoufler à la maison avec la petite amie qu'ils avaient laissée avant de partir au front et qui très souvent est entretemps parti avec un autre. Désillusions et colères rentrées, l'armée les relâche sans le secours d'une cellule psychologique d'accueil. Va falloir se débrouiller tout seul, ne compter que sur soi, et les copains.

    Les dérivatifs seront vite trouvés, bécanes, alcool, vitesse, bars, bandes. Toute l'année, nul besoin d'acheter une voiture comme les petits-bourgeois besogneux du coin, le climat californien permet de  rouler même en hiver sur deux-roues motorisées... L'on est ente pots, en rupture avec l'idéologie dominante du business, dans une espèce d'inter-monde où si tout n'est pas encore possible, la possibilité d'une autre existence pointe le bout de l'oreille.

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    La moto existait déjà, mais elle était l'apanage d'une certaine gentry, un peu comme l'équitation de haute compétition en Europe aujourd'hui. Nos jeunes hors-la-loi se regroupent en clans aux noms provocateurs comme les Gallopin' Goose et les Boozefighters. A proprement parler cela ne tire pas à conséquence. Il faut bien que jeunesse se passe...

    Le malheur ( celui qui fait toujours le bonheur des petits malins ) va s'en mêler. Le 4 juillet 1947, la petite ville d'Hollister fête l'Independance Day, dignement en organisant une course de motos sur circuit. Les organisateurs vont être dépassés par l'affluence de motards, dont les fameux Boozefighters, venus de toute la Californie et parfois de très loin. Quatre mille jeunes sans structure d'accueil qui ne vont pas s'entasser sagement autour de la piste pour regarder le spectacle. Préfèrent s'amuser à faire des dérapages contrôlés dans la rue principale...

    Chaude ambiance, l'on s'amuse comme des petits fous, l'on boit, on crie, on chante, on danse, on se provoque, on brise quelques verres et quelques vitrines. L'ambiance reste désespérément bon enfant. Ce ne sont pas les barbares qui déferlent sur l'Empire Romain. La police tire sans conviction quelques grenades lacrymogènes, arrête quelques contrevenants et enferment quelques autres en cellule de dégrisement. L'on se débarrassera de la horde sauvage en lui faisant suivre un camion sur le plateau duquel l'on a installé un orchestre...

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    Les autorités ne sont pas mécontentes, tout est bien qui finit bien, elles sont prêtes à reconnaître et à minimiser leur faute, elles n'ont pas su prévoir le flot de visiteurs. C'est sans compter sur les deux journalistes du coin qui couvraient la compétition locale. Flairent la poule aux oeufs d'or, prennent quelques photos, croquent trois papiers avec titres à faire frémir les grand-mères et vendent le tout à Associated Press... Le scandale devient national avec l'entrée en jeu de Life Magazine...

    En une semaine, les motards sont promus au nom d'ennemis publics numéro deux ( faut pas exagérer les communistes gardent la plus haute marche du podium )... Et puis le mal se tasse... en 1948, les motards essaient de remettre cela le 4 juillet à Riverside, quand on a une réputation autant l'entretenir, mais c'est un pétard mouillé... Plus personne ne s'en souviendrait aujourd'hui si...

THE WILD ONE

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    … si à Hollywood Stanley Framer ne décidait de produire un film inspiré de ces péripéties hollisteriennes et d'une nouvelle de Frank Rooney intitulée The Cyclist's Raid parue en 1951 écrite à la suite des mêmes évènements. Stanley Framer n'est pas un inconnu il a entre autres produit Le Train sifflera trois fois qui fut reçu comme une dénonciation du maccarthisme et Ouragan sur le Caine. La deuxième partie de sa carrière sera beaucoup plus commerciale. Il abandonne dès la fin des années cinquante ses problématiques ambitieuses qui lui valurent davantage de bonnes critiques que de colossaux succès au box-office. Il semble que la chasse aux sorcières dans les milieux cinématographiques entre 1947 et 1953 l'ait incité à davantage de prudence avec l'establishment.

    Le film est réalisé par Laslo Benedek. Les studios refusent d'en faire un cheval de guerre. Série B en noir et blanc. Le budget ne sera pas pharaonique. Il sera en partie tourné dans la ville d'Hollister. Presque du réalisme socialiste ! Il débute par un texte appelant les citoyens à se mobiliser pour que l'histoire mise en scène ne se déroule pas à l'avenir dans leurs cités. Difficile de faire plus populiste putassier !

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    La sobriété du film servira son esthétique. Pourquoi de la couleur sur des blousons noirs ! Elle masquera aussi le jeu de Marlon qui n'en brante pas une. Le beau ténébreux se la boucle de ceinturon la plupart du temps. Se passe pas grand-chose non plus dans tout le reste du film. Une amourette – le chef de la bande elle a aimé - qui ne sera pas consommée et la mise à sac d'une ville qui toute proportion gardée ressemble plus à une gigantesque bataille de polochons qu'à massacre à la tronçonneuse.

    Bien sûr entre temps l'on a droit au théâtre d'ombre des marionnettes de la lâcheté habituelle – la ligue des citoyens vertueux qui ne valent pas le prix de la balle avec laquelle on devrait les abattre, le piège de la justice qui se referme sur l'innocent, un grand classique toujours d'actualité dans nos propres tribunaux nationaux, le flic au coeur trop grand pour son mauvais boulot – que des poncifs. Mais sacrément mis en scène. Dramaturgie parfaite.

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    L'accusé ne parle pas car il n'a rien à dire. Ne se sent ni coupable, ni responsable, du piège de la société dans lequel tout le monde est englué. Refuse de jouer son rôle. Toutes les contradictions sont ainsi mises à nu. Aucune ne sera résolue. Nos bikers de service s'en vont comme ils sont venus. Et la vie continue. Sans eux, comme avec eux.

REBELLE

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    L'incarnation du rebelle. Avec toute la panoplie : le perfecto, le jean, la moto : Triumph et Harley. Un beau choix. L'uniforme du parfait rocker. L'on n'a rien trouvé de mieux depuis. Mais attention nos rebelles 53 ne s'éclatent pas à écouter du rock. Nous sommes avant Bill Haley, c'est le jazz qui mène le jeu. Certes  des orchestres de danse pour public blanc ravi de s'encanailler, mais le rythme est là. L'on sent qu'il n'en faudra pas beaucoup pour trouver la note juste, juste un petit coup de guitare électrique. C'est déjà post-be-bop et proto-lula.

    Rebelle de quoi ? Que me proposes-tu ? Une question réponse qui sonne dix ans à l'avance  comme l'humour décalé si spécifiquement non-sense-british des Beatles. L'important n'est pas d'apporter une réponse mais de poser la question. Soixante ans plus tard l'on n'a pas avancé d'une roue ( de secours ). Génération après génération les jeunes sont toujours aussi mal à l'aise dans leur peau. Et le rock'n'roll est au pire un entertainment, quelques autres fois un   dérivatif – pour ne pas dire un soin palliatif - et au mieux une révolte trop souvent stérile qui dégénère en guerre de clans... Lorsque l'on ne peut pas faire de mal à son ennemi l'on retourne ses propres armes contre soi-même. Auto-mutilation suicidaire comme disent les précis de psychologie appliquée. L'imbécillité même, au sens étymologique du mot qui signifie faiblesse...

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    De toutes les manières, même lorsqu'il se pavane en moto, le rock est d'abord à l'intérieur.

                                    DAMIE CHAD.

   
THOM GUNN ( 1929 – 2004 )

    Ne dites pas que vous ne savez pas qui c'est. Si vous avez ne serait-ce qu'une seule fois fois fredonné dans votre vie In The Ghetto d'Elvis Presley, vous connaissez au moins une de ses oeuvres puisque c'est lui qui en écrivit les paroles.
    Soyez fier de vous car vous avez échappé au pire. La poésie de Thom Gunn est en général mille fois plus complexe que la ritournelle entonnée par votre chat des collines préféré. Mais on lui pardonne car il a été le premier des poètes reconnus par l'establishment universitaire à prendre publiquement fait et cause pour Presley dès 1957. Fallait un certain courage pour s'y risquer. Que la sauvagerie et la vulgarité de la musique populaire puisse être revendiquée par un intellectuel de haut niveau, admis dans l'élite intellectuelle du pays, a choqué. C'était une époque où l'on ne mélangeait pas encore le torchon du rock'n'roll avec les serviettes blanches de la poésie...
    Thom Gunn était un rebelle dans l'âme. En 1954, il fuit la pudibonde Angleterre pour la libérale Californie, il y restera jusqu'à sa mort en 2004. Homosexuel, ouvert aux expérimentations psychédélique avant l'heure, l'homme était aux aguets de ce vent de révolte qui commençait à se lever dans les States. Le texte que nous avons traduit est son poème le plus célèbre paru en son deuxième recueil en 1957. Les lecteurs de KR'TNT ne manqueront pas d'y discerner en filigrane la figure de Marlon Brando menant sa horde infernale vers d'inquiétantes aventures...
    Notre connaissance de l'anglais ne nous a permis que de vous offrir non pas une véritable traduction mais ce que l'on pourrait surnommer une tentative d'équivalence approximative. Nous l'avons fait suivre du texte original...
    A notre connaissance il n'existe pas de recueil de poésie de Thom Gunn traduit en français. Coupable négligence, car il suffit de lire quelques strophes pour s'apercevoir que c'était un homme libre qui a chevauché la moto de la poésie à des vitesses que beaucoup sont loin d'égaler. 

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Dans le mouvement : Mec, tu te dois de bouger !

Dans les buissons se faufilant le geai bleu poursuit
Quelque obscur dessein, mais l'envol d'oiseaux
A tire-d'ailes au-dessus du champ, les véloces hirondelles
Sont restées dans les arbres et les taillis,
Obéissant soit à leur instinct, soit à leur fatigue, soit aux deux à la fois,
L'homme se meut en une violence aléatoire
En la poussière soulevée par l'incertitude du monde
Ou selon le tonnerre émoussé des mots approximatifs.

Sur leurs motos, du fond de la route, ils se rapprochent
Minuscules, noirs, telles des mouches dans la chaleur de l'été, le Garçon,
Tant que le voyage les projette en avant, ils pétaradent
Des ronflements de tonnerre, sanglés de peaux de veau et de cuissards.
Derrière leurs lunettes, cuirassés d'impersonnalité,
En blousons brillants parsemés de poussière,
Le doute en bandoulière – le dissimulant, sous leur force -
Ils entrevoient presque un sens à leur vacarme.

L'exacte signification de leur vigueur
N'est pas encore définie ; mais de là d'où ils viennent
Ils chevauchent, vers là où leurs roues les emportent.
Ils effraient un vol d'oiseaux à travers les champs,
Car souvent ce qui est naturel doit être soumis à la volonté de puissance.
Les hommes façonnent, et la machine, et l'âme
Et se servent de ce qu'ils maîtrisent imparfaitement
Pour risquer un futur en bout de vieilles routes.

C'est une partie de la solution, somme toute
Nul n'est nécessairement sujet de discorde
Sur notre Terre, ou damné parce que, à moitié animal,
L' Homme manque d'instinct naturel,  car l'Homme s'éveille
Flottant sur la vague qui disperse et brise.
Dans un monde dévalué, l'Homme rejoint le mouvement,
Le chevauchant, jusqu'à ce que, à la fois jouet et joueur,
L' Homme se meuve aussi, en avant, en avant.

Une minute les réalise, eux qui sont venus pour partir :
Leur auto-dénigrement, à califourchon sur l'exigence de leur volonté.
Ils s'enfuient au loin, les villes qu'ils traversent
Ne sont des refuges ni pour les oiseaux ni pour la sainteté,
Car les oiseaux et les saints accomplissent leurs desseins.
Pour le pire comme pour le meilleur, l'Homme est en mouvement
Sans atteindre d'absolu en lequel se poser,
L'homme est toujours au plus près quand il ne reste pas en place.

 

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On The Move 'Man, You Gotta Go.'

 
The blue jay scuffling in the bushes follows
Some hidden purpose, and the gush of birds
That spurts across the field, the wheeling swallows,
Have nested in the trees and undergrowth.
Seeking their instinct, or their pose, or both,
One moves with an uncertain violence
Under the dust thrown by a baffled sense
Or the dull thunder of approximate words.

On motorcycles, up the road, they come:
Small, black, as flies hanging in heat, the Boy,
Until the distance throws them forth, their hum
Bulges to thunder held by calf and thigh.
In goggles, donned impersonality,
In gleaming jackets trophied with the dust,
They strap in doubt--by hiding it, robust--
And almost hear a meaning in their noise.

Exact conclusion of their hardiness
Has no shape yet, but from known whereabouts
They ride, directions where the tires press.
They scare a flight of birds across the field:
Much that is natural, to the will must yield.
Men manufacture both machine and soul,
And use what they imperfectly control
To dare a future from the taken routes.

It is part solution, after all.
One is not necessarily discord
On Earth; or damned because, half animal,
One lacks direct instinct, because one wakes
Afloat on movement that divides and breaks.
One joins the movement in a valueless world,
Crossing it, till, both hurler and the hurled,
One moves as well, always toward, toward.

A minute holds them, who have come to go:
The self-denied, astride the created will.
They burst away; the towns they travel through
Are home for neither birds nor holiness,
For birds and saints complete their purposes.
At worse, one is in motion; and at best,
Reaching no absolute, in which to rest,
One is always nearer by not keeping still.




LOOK BOOKS

CARENAGE. SYLVAIN COHER.
ACTES SUD. Mai 2011. 150 pp.

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    Moto, l'autre face du rock'n'roll. Born to be Wild. Laissez tomber. Sylvain Coher a fait trente-six métiers. Mais il n'est ni rocker ni motard. Remarquez qu'il a l'instinct. Triumph. A chacun sa marque. Pas le logo. Mais ce qui griffe. Tatouage de la mort à même la peau. Pas très loin autour. Un espace mobile, qui se déplace, jamais plus loin que le devant de la roue.

    Pas trop de place par derrière. Un peu sur le fin bout de la selle. Passagère. Vite débarquée. Anton n'épouse que sa propre vie. N'habite que dans sa peau. De cuir. Telle la bête. Lâchée uniquement la nuit. Au petit matin. L'essentiel et l'absolu. A réduit le reste du monde des autres au néant. Rien n'existe que cette terrible solitude de l'homme et de la machine.

    Sauf l'intruse qui s'est immiscée par effraction dans cette vie d'anachorète qui s'aperçoit qu'il n'y a rien à voler. Un point de ralliement autour duquel l'on se contente de tourner pour le transformer en point de non retour à soi-même, alors même que l'on revient dans le carénage exigu de sa cellule. Afin d'oublier que cette vie ne vaut pas la peine d'être vécue.

    A part ces heures de froid délire aux commandes  de la mort. Guidon comme ces cornes de taureau que l'on a empoignées et qui ne deviendront mortelles qu'au moment où on les relâchera. Car la bête rue aussi fort que le bête rut.

    La lointaine Leen mouille sa culotte. Seul le silence est grand. Que rajouter à cela sinon d'aller dans l'absence de l'enfance, trop tôt disparue, caresser la mort une dernière fois avant qu'elle n'ait tout emporté. L'homme et la moto. La jouissance est au-delà du sexe. Et peut-être même au-delà de la mort.

    Méta-moto. Sans le cirque et la panoplie qui obscurcissent la donne. Plutôt Wild to be born ! Pas de frime. Juste le crime de soi-même. On the road again !

                                Damie Chad.