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05/10/2011

KR'TNT ! ¤ 67. JOHN LENNON

 

KR'TNT ! ¤ 67

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

06 / 10 / 2011

 

 

JOHN LENNON

 

UNE VIE ( DE ROCKER ? )

 

JOHN LENNON - UNE VIE. PHILIP NORMAN

Traduction de PHILIPPE PARINGAUX

862 pp. Octobre 2010.

 

 

UN GROS LIVRE

 

Suis un peu mal placé pour blablater sur John Lennon. J'ai toujours été pro-Rolling Stones et anti-Beatles. Si cette chronique est illustrée par une seule couverture de single de Beatles c'est parce que dans ma discothèque en tout et pour tout je ne possède que cet unique disque des scarabées !

 

Remarquez que ce n'est pas logique, les Stones ont puisé à la racine blues et les Beatles bu à la source rock. A leurs débuts les cinq gentlemen se sentaient injuriés – n'éprouvaient aucune satisfaction pour parler leur langage - quand on les traitait de groupe de rock'n'roll. S'y sont faits très vite, l'appellation rock'n'roll étant plus attractive pour la petite bourgeoisie blanche qui achetait leurs disques que l'AOC rythm'n'blues qui sentait un peu trop fort le nègre.

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J'ai voulu en savoir un peu plus sur cette contradiction intime, pourquoi me suis-je senti plus proche de mecs qui se réclamaient de Muddy Waters que des autres qui ne juraient que par Buddy Holly ? Pour la petite histoire, remarquons que Norman Mailer qui se défend dans ses remerciements de ne pas être anti-Stones a aussi commis une biographie des Beatles, des Rolling, des Beatles et pour boucler la boucle de la quadrature du cercle, de Buddy Holly.

 

Emportez vos sandwichs si comptez le lire d'une traite, huit cent pages sans tricherie sur la grosseur des caractères, et pour ceux qui comptent se reposer sur les photos faudra se faire une raison, le mince cahier de 14 pages en noir et blanc, n'est pas attractif, n'y a que la Rolls Royce psychédélique à fleurs sur fond jaune qui flashe un peu. Passons sur la faute de goût, des rockers qui ne se promènent pas en cadillac rose ne sont guère crédibles.

 

IN THE BEGINING

 

Mais commençons par le commencement. On ne peut reprocher à Philip Norman de sacrifier les origines. Débute par le grand-père, musicien à ses heures, jouant même dans un groupe de minstrels amerloques, puis continue par le père. Ne m'interrompez pas pour me dire que Lennon n'a jamais eu de père qui l'avait abandonné tout petit. Norman nous soulève un drôle de lièvre, ce n'est pas le Papa qui s'en est allé sur les mers lointaines faire des galipettes, c'est la maman qui a pris un amant et qui a choisi de le garder ( l'amant ! ).

 

De même si vous avez fondu en larmes sur la légende du jeune John rencontrant par hasard à l'âge de quinze ans sa maman dans la rue, effacez le récit à la Cosette. Oui John a bien passé son enfance dans la maison de sa tante Mimi, mais a toujours rendu visite à sa maman et à ses deux-demi soeurs. Aurait sans doute préféré crécher chez sa mère qui était beaucoup moins cul-pincé que Mimi. Jouait de la mandoline, adorait chanter, l'esprit plus jeune pour résumer.

 

Mimi adulait son John, l'a gâté mais ne l'a pas pourri. Politesse, on dit bonjour au monsieur et tout le bataclan. N'avait pas sa langue dans sa poche Mimi, vous remettait en place avec trois mots définitifs qui vous cassaient en deux pour le reste de la semaine.

 

Me semble que John a hérité de ce savoir-faire, n'a jamais roulé sept fois sa langue dans sa bouche avant d'envoyer ce qu'il avait à dire de pas agréable du tout. Mais tout gamin il a ajouté une dimension qui manqua toute sa vie à Mimi, le sens de l'humour. Non pas la grosse blague à s'étrangler de rire couché sur le plancher, mais l'absurde, le goût inné de la contrepèterie, des jeux de mots, de la vanne vaseuse qui désarçonne et paralyse la pauvre victime innocente. John est le fils bien anglais de Lewis Carroll.

 

A passé son enfance dans les terrains vagues à jouer aux indiens et aux cow-boys, plutôt le côté outlaw de ces derniers. S'est vite imposé comme un leader, un chef charismatique, un dur. Mais qui n'oubliait pas de se frotter les pieds sur le paillasson avant de rentrer chez tantine. L'adolescence est venue doucement avec ce qui nous intéresse : la musique.

 

ROCK'N'ROLL MUSIC

 

L'a fait comme tous les ados de son époque, a rêvé de chanter aussi bien que Lonnie Donnegan. Premières amours skiffle. Un ressourcement très british d'une branche mineure du News Orleans qui au pays de la Reine s'est mêlé au folk celtique, et teinté de diverses influences plus ou moins accentuées comme le blues et le rock'n'roll.

 

Dès 1956 Heartbreak Hotel de Presley balaie le skiffle en deux minutes trente cinq secondes ( de bonheur ). Désormais John sera un rocker. Ce qui n'est pas du tout dans les goûts musicaux de Mimi. Soyons honnête Presley se serait attifé d'un costume trois pièces avec cravate et d'une coupe incorpo, Mimi aurait apprécié. Mais que John veuille ceindre un futal en jean à jambes en tuyau de poêle et mettre ses cheveux au régime banane gominée, il ne fallait pas y penser. C'était-là adopter le look des pires voyous de la terre les terribles Teddy Boys qui furent les premiers fans structurés des premiers chanteurs de rock.

 

Lennon restera toujours à la lisière des teddies, s'habillera comme eux, se bastonnera comme eux, se comportera comme eux, mais ne sera jamais un teddy boy à part entière. Retenu plus ou moins consciemment par l'éducation petite-bourgeoise de Tante Mimi et peut-être par le sentiment de se fourvoyer dans un milieu dans un milieu par trop lumpen-prolétarisé et en somme pas assez intellectuel pour sa pomme.

 

Elève intelligent, il coulera sa scolarité sans remords beaucoup plus intéressé par son groupe les Quarrymen. Les vidéos sur You-Tube parlent d'elles-mêmes...

 

C'est en visionnant La Blonde et Moi que Lennon rencontrera une de ses idoles, Gene Vincent. Pour laquelle il se conduira d'une façon assez désinvolte, attendant sa mort pour reprendre sur disque son morceau-phare Be bop a lula. Pour Gene les royalties sont arrivées un peu tard... Philip Norman n'insiste point trop sur l'influence de Vincent sur Lennon. Certes il le cite plusieurs fois mais ne s'attarde jamais. Quant il aborde le festival de Toronto, fait carrément l'impasse sur la présence de Gene...

 

C'est pourtant là que se situe la cassure entre ce qui sera le rock des Beatles et celui des pionniers. Un rock vécu just for fun et un rock'n'roll assouvi jusqu'au bout comme une passion mystique. Lorsqu'il faudra abandonner le cuir noir pour de ridicules et vieillots costumes de scène, Lennon acceptera sans trop d'état d'âme. He do(es) the job comme disent les ricains. S'en mordra les doigts quelques mois plus tard lorsqu'il verra le succès des Stones dans leur dégaines invraisemblables.

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Ce qui explique que Buddy Holly restera le rocker de référence des Beatles. Les morts ont l'immense avantage de ne pas parler et on peut leur faire dire ce que l'on veut. Il existe une lecture a minima de l'oeuvre de Holly, le rocker propret, gentillet, bien élevé avec des lunettes d'intello un peu fauché. Un type sympa. Tout ce qu'entre parenthèse John le fort en gueule n'est pas dans ses premières années. A sa décharge faut dire que sa rencontre avec McCartney va faire pencher la balance du mauvais côté.

 

McCartney est un complément indispensable. Se débrouille bien, tâte de tous les instruments, n'a pas honte de chanter, est rempli d'idée et adore composer : à eux deux ils seront la cheville ouvrière des Quarrymen et puis des Beatles. Oui c'est un bon garçon. Pas du tout un révolutionnaire. Au fur et à mesure que les années passeront l'écart se creusera entre les deux amis. Ressentiments et froissements divers s'en mêleront, mais John qui est plus en osmose avec l'onde de choc déconstructiviste des sixties aura de plus en plus de mal à supporter l'ami qui suit la vague sans en percer les signifiances. Entre le génie tourmenté et l'imbécile heureux, il y aurait comme un abîme.

 

Le pire c'est que Lennon n'ira guère plus loin que McCartney. Après son retrait des Beatles et ses premières frasques avant-gardistes avec Yoko Ono, Lennon devient le gentil toutou de sa femme chérie. Reste à la maison à langer le bébé ( encore que le petit personnel n'est point trop d'accord sur cette vision des choses ) gratouille sa guitare sans inspiration. Va passer les seventies au vert. Ne le plaignons pas, argent, sorties, restaurants chics, vacances sur bateau, etc... sont aussi au programme.

 

Après la tornade Beatles, John entre dans ce que Philip Norman se refuse de nominer du titre de dépression. Mais il m'est difficile de ne pas la nommer ainsi... Mais revenons en arrière.

 

FLASH-BACK

 

Après son secondaire, faute de mieux John entre dans une école d'art. Dominante dessin et peinture. Sera un très mauvais étudiant. Il aime les crobars et les caricatures, ferait un excellent illustrateur de journaux mais n'a rien de l'Artiste oeil limpide de l'univers. Passera son temps à draguer et à parfaire son éducation. Non pas en suivant les cours mais en discutant avec un de ses condisciples Stu Sutcliffe, un jeune peintre surdoué qu'il subjuguera au point de lui faire remettre à plus tard ses études pour jouer ( très mal ) de la basse dans les Beatles à Hambourg.

 

C'est à Hambourg que les Beatles apprendront leur boulot. Des heures et des heures, toutes les nuits dans des clubs enfumés et enivrés. Dur métier que le métier de rocker ! Y reviendront à intervalles réguliers durant trois ans. Stu s'y fiancera et finira par y mourir en des circonstances plus ou moins douteuses. Séquelle d'une ancienne bagarre avec des Teddies in England ou poings de Lennon ? Pour ma part j'innocenterais John. On ne prête qu'aux riches...

 

SUCCES

 

Difficile de comprendre comment les et pourquoi les choses arrivent par la suite. D'après les témoignages ils ne sont pas le meilleur groupe de rock'n'roll qui gravite autour de Liverpool, mais c'est sur eux que le public féminin cristallise... La solution est peut-être beaucoup plus simple : ils ont la chance de dégoter un manager Brian Epstein qui ne recherche pas l'argent – sa fortune personnelle l'en dispense -mais qui éprouve un désir plus que trouble pour John... Epstein ne calculera jamais à court terme.

 

La deuxième chance c'est de tomber sur George Martin lors de leur premier enregistrement chez Parlophone. Martin change très vite de fusil d'épaule, non il ne fera pas un clone de Cliff Richard and the Shadows. Exunt John Lennon et ( pourquoi pas ? ) Paul McCartney and the Beatles. Leur laisse la bride sur le coup et leur permet dès le premier single d'enregistrer un de leurs morceaux. Quand on connaît la religion de la reprise dans le la culture populaire américaine l'on reste confondu devant tant d'audace chez ce petit tommie issu d'un milieu très low-class...

 

Pour les premiers titres des Beatles j'ai du mal à suivre les éloges dont les couvre Philip Norman. M'ont toujours paru avoir un petit côté chansonnette exaspérante. Je me replace évidemment à l'époque de leur sortie. J'ai emprunté les disques à la médiathèque avant d'écrire l'article, et ma foi je reste sur mes positions. L'important c'est de reconnaître qu'en Angleterre les Beatles ont fait table rase de tout ce qui existait avant eux. Ont touché un public immensément large. Qu'on le veuille ou non, ils ont assis le rock'n'roll dans les phénomènes incontournables de notre modernité. Ce qui était une musique populaire de révolte latente ils l'ont transformé en bien de consommation courante. Pour le meilleur et pour le pire.

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Pour Sergent Pepper, et la suite, ce n'est déjà plus du rock. Cette timide incursion dans la musique contemporaine n'est pas inintéressante mais hors de notre propos. D'ailleurs très vite, après leur dissolution les quatre membres reviendront à leurs premières amours, de la variétoche rockéisante très souvent de deuxième catégorie. Avec le Plastic Ono Band du nom de son égérie, John essaiera de retourner à un rock'n'roll un peu plus primaire qui selon moi préfigure davantage les groupes skinhead que punk ainsi que le soutient Norman Philip.

 

POSTERITE

 

Difficile de dire ce serait devenu Lennon par la suite. Cinq coups de feu tirés par un fan qui se sentait trahi ont eu raison de lui, à l'âge de quarante ans alors qu'il reprenait le chemin des studios. L'aurait sans nul doute agi comme les autres, les millions de dollars à la clef, il aurait reformé les Beatles pour un come back nostalgie qui aurait été accueilli par la foule en délire...

 

Préfère le jeune Lennon, très politiquement incorrect qui ne pouvait pas voir un enfant handicapé dans le bus sans se mettre à le singer en adoptant un faciès de mongolo et une démarche d'hémiplégique. Celui qui déclara que les Beatles étaient plus célèbres que le Christ, même s'il a dû devant le tollé survenu aux USA essayer de mettre un peu d'eau dans la piquette du christianisme.

 

Lennon a à plusieurs fois affirmé qu'il aurait préféré appartenir aux Monthy Python's qu'aux Beatles. Mais Joe Brown, guitariste qui accompagna Eddie Cochran et bien d'autres sur scène s'est parfois détourné du rock pour se lancer dans des numéros de pantomime... De même la première vedette anglaise de rock'n'roll Tommy Steele se reconvertira en chanteurs de comédies musicales pour enfants. Typically british !

 

Nous terminerons ce mini rock'n'roll british tour par un dernier clin d'oeil à un des premiers pionniers du rock anglais, Tony Sheridan que les Beatles ont souvent accompagné sur scène à Hambourg. Il les laissait chanter plus souvent qu'à leur tour, préférant et de loin turbiner sur sa guitare solo. Il fut d'ailleurs le tout premier des chanteurs de rock britanique capable de tenir en même temps les rôles de chanteur et de lead-guitar.

 

 

ROCK AND MONEY

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L'argent ne fait pas le bonheur. Des chanteurs de rock. Il arrondit trop souvent les angles aigus de la hargne. A New York enfermé dans son Dakota Building, Lennon s'ennuie. Il retombe en enfance. Il n'est plus qu'un puits de douleurs. Ressasse son enfance à cheval entre Mimi et Maman. C'est un peu le papa qui écope de tous les défauts. Lui faudra des années avant de tout tirer au clair. Se crée des blessures à force de lécher les hématomes de la vie. Que de temps perdu à en vouloir à son père et à apprendre à lui pardonner. Psychothérapie du pauvre et autopsychanalyse dérisoire, Yoko n'a pas dû l'aider, pauvre petite fille d'une des plus riches familles du Japon !Tout compte fait le fisc de sa très Royale Majesté avait raison de bouffer quatre-vingt douze pour cent des royalties. Devrait le faire encore aujourd'hui pour les dividendes des banques et des actionnaires. Sans quoi il risque de ne plus avoir de future pour le rock anglais.

 

DAMIE CHAD.

 

URGENT, CA PRESSE !

 

 

VINTAGE GUITARE N° 5.numérisation0008.jpg

Octobre-Décembre 2011.

 

Peut-être êtes-vous de ces malheureux incapables de faire du premier coup d'oeil la différence entre une Fender et une Gibson. Mais ne vous inquiétez pas pour autant. D'abord des millions de vos semblables partagent votre ignorance sans se sentir obligés de se jeter par la fenêtre dans la demi-heure qui vient.

 

Ensuite, je ne sais comment ils ont fait chez Vintage Guitare, le genre de magazine ultra-spécialisé pour lecteurs ultra-branchés, mais leur cinquième opus se lit comme un roman policier. Nous ont jeté une photo de Bo Diddley tout jeune sur la couverture, je reconnais que ça aide à appâter le client, et puis ils ont affiché les mots magiques à côté, Gretsch Jet Solidbody. Pour du solide c'est du solide. Les numéros de séries des années rock, les variations de l'angle de bombance du manche entre 1957 et 1959, le genre d'indices à vous faire hurler tout nu dans votre jardin les soirs de pleine lune. Pas de hasard pour le jungle sound !

 

Ensuite c'est thriller poursuite au travers du monde entier pour retrouver la guitare perdue. Celle qui manque déjà à la collection que vous n'avez pas encore commencée. Interrogatoires musclés de collectionneurs qui se mettent à table et vous dévoilent tout ce que vous ne devriez pas savoir sur le mystérieux patron de la filiale Wandré à cheval entre la maffia italienne et les banques suisses. Rebond sur les dealers qui vous fournissent de tex-mex par camions entiers. Zoom sur l'occulte guitar-killer surnommé the Snake dont les notes empoisonnées se lovent sur les meilleurs sillons de votre discothèque. Plus les plans secrets double-page des Rickenbaker modèle G, BD et B et d'époustouflants clichés de dobros que même la CIA n'a pas dans ses tiroirs.

 

Je ne parle pas du grand écart dans les petits encarts : des Beatles à Malicorne ! Qui dit mieux ? A la page 72, votre attention sera attirée par Stella, non pas la bière de l'Artois, mais la guitare que tient Presley dans Jailhouse Rock et... ah ! Vous venez d'acheter le numéro à l'instant, ah ! Je vous empêche de lire, c'est bon j'arrête tout de suite.

 

Un seul mot tout de même, IRREMPLACABLE !

 

DAMIE CHAD.