03/06/2015
KR'TNT ! ¤ 238. GRAHAM DAY / JALLIES / PULSE LAG / SCORES / LE FAISEUR D'ECLIPSES / ROCK STORY / DOCUMENT EDDIE COCHRAN /ERVIN TRAVIS NEWS
KR'TNT !
KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME
LIVRAISON 238
A ROCK LIT PR ODUCTION
04 / 06 / 2015
GRAHAM DAY / JALLIES / PULSE LAG / SCORES LE FAISEUR D'ECLIPSES / ROCK STORY DOCUMENT EDDIE COCHRAN ERVIN TRAVIS NEWS |
ERVIN TRAVIS NEWS Puisque l'argent est une denrée maléfique mais utile nous partageons l'annonce suivante : Á LA VENTE POUR L'ASSOCIATION Lyme - Solidarité Ervin Travis COURAGE ERVIN !
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BOURGES ( 18 ) - 15 / 05 / 2015
COSMIC TRIP FESTIVAL
THE WILD 'N'CRAZY ROCK'N'ROLL FESTIVAL
DAY TRIPPER
Trente ans après l’âge d’or des Prisoners, Graham Day n’a rien perdu de son panache. Souvenez-vous, les mighty Prisoners s’étaient jetés dans la nasse des groupes cultes, grâce à leur brouet mod-psyché-garage. Quatre albums irréprochables n’ont pas réussi à les tirer de là. Ils s’enfoncèrent ensuite dans les fameuses ténèbres de l’underground britannique, réapparaissant ici et là avec des effectifs remaniés et de nouveaux noms : les SolarFlares, les Prime Movers et plus récemment les Goalers. Les Prisoners pouvaient prétendre égaler les Who et les Small Faces, mais ils n’ont pas su canaliser leur talent et leur énergie dans un rock plus direct, comme a su le faire Oasis, un groupe que les Britanniques ont à juste raison porté aux nues. Graham Day navigue aujourd’hui en eaux troubles. Il enregistre sur des petits labels et croise dans le circuit des clubs des gens aussi doués et aussi malchanceux que lui : Wild Billy Childish, Sir Bald Diddley, James Johnston ou encore Mickey Hampshire des Masonics. Quand Graham Day monte sur scène, on voit bien qu’il a depuis longtemps perdu toutes ses illusions. Il affiche une sorte de distance qui le protège certainement de l’amertume. Mais le garage britannique a la peau dure. Heureusement que ces gens-là continent de s’agiter, car après eux s’étend le vide sidéral.
Graham Day jouait au Cosmic Trip le vendredi soir, en milieu de soirée. Franchement, on plaignait d’avance les pauvres Warlocks qui devaient jouer à la suite. Graham Day était avec les Gories et Big Boss Man l’un des héros de cette édition 2015 du Cosmic Trip. Il venait de remonter Graham Day & the Forefathers avec ses deux vieux complices des Prime Movers, Wolf Howard et Alan Crockford pour enregistrer un album. Ils affichaient donc la même prestance qu’à la Boule Noire, en mai 2013, mais le son sur la grande scène du Cosmic était un peu foireux. Graham Day tenta de sauver le set à la force du poignet. Le brouet mod-psyché semblait se dépiauter parmi les soucoupes volantes qui pendouillaient au dessus de la scène. Ceux qui connaissent bien les Anglais savent que ceux-ci ne renoncent jamais et ce fantastique power-trio réussit à retourner la situation à son avantage. Les mauvaises langues diront que ce n’est pas difficile quand on dispose d’un stock aussi énorme de grosses compos. Ils jouaient en effet les morceaux rassemblés sur l’album «Good Things» paru l’an dernier, sur lequel ils reprennent un choix de classiques des SolarFlares, des Prime Movers, des Prisoners et des Goalers. Pourquoi s’embêter à composer des morceaux quand on dispose d’un stock aussi mirobolant ? L’album est d’autant plus convainquant que la basse d’Alan Crockford est poussée devant dans le mix. Il faut entendre ce mec jouer. Il navigue quasiment en solo, comme jadis John Entwistle. Graham Day, Wolf et lui ont réussi à retrouver le secret de la pierre philosophale du rock anglais qui est le son des Who. Wolf génère une sorte de perpétuelle évanescence de cymbales pendant qu’Alan joue la mélodie volubile. Et Graham Day jette dans cette fournaise des palanquées d’accords moddish, des tortillettes de fuzz et un chant d’invective.
Sous son petit chapeau, Alan Crockford a des allures d’habitué du PMU. On aurait tendance à ne pas le prendre au sérieux, car il n’a pas vraiment le look d’un bassman anglais. On est d’accord, ce n’est pas Captain Sensible ni Danny McCormack des Wildhearts, mais c’est un mec qui navigue au niveau de Jack Bruce et de John Entwistle. Quant à Wolf, c’est autre chose. Jusqu’alors, il portait une barbe taillée qui lui donnait un faux-air de baron d’industrie de la Rhur. En plus, c’est un mec qui monte toujours sur scène avec des bouteilles. En se rasant la barbe, il a complètement changé de look.
— Hey Wolf ! What happened to your face ?
— Oh, I’ve shaved it !
Et du coup, il paraît maigri et rajeuni de vingt ans. Il ressemble désormais à un petit clerc de notaire du Dorset échappé d’un roman de Thomas Hardy.
Comme le set, l’album des Forefathers est d’une rare densité, le genre de densité qui peut noyer le poisson. «The Good Things» donne le La, porté par l’énorme bassline d’Alan Crockford. Quand on connaît bien les albums des Prisoners, on n’est pas surpris d’entendre une telle énormité. S’ensuit «Mary» qui date de l’époque des SolarFlares. Voilà du pur jus de psyché dévastateur bardé de coups de guitare, des grosses notes de basse et d’un perpétuel scintillement de cymbales. Nos trois amis jouent des ponts qui sonnent exactement comme ceux des Small Faces. On aurait tendance à les voir ancrés dans le passé, mais non, Graham Day est un esprit moderne tourné vers le futur. Il reshoote dans l’actualité toute l’énergie du grand rock anglais des sixties, car pour lui, il n’existe pas d’autre forme de rock crédible. Graham Day se veut l’héritier des Creation, des Wimple Witch, de The Attack et de tous ces groupes freakbeat qui ont à une époque très précise chatouillé les colonnes du temple. Sur l’album, Graham et ses amis tapent aussi dans les classiques des Prisoners, avec ce fantastique «Whenever I’m Gone», tordu à l’extrême et joué à la densité ultime. Pas de pitié pour les accords boiteux. Ils s’inspirent véritablement de l’énergie foutraque des Who et leurs morceaux cherchent désespérément à exploser. Ils reprennent aussi le fatidique «Be On Your Way» qui est monté sur les accords de «Midnight To Six Man». C’est d’une classe qui pourrait paraître arrogante, mais en fait, Graham et ses amis sont tellement imprégnés de ce son qu’ils le restituent le plus naturellement du monde. Ils retapissent aussi «You Want Blood», l’un des hits les plus violent des SolarFares. Ils n’en finissent plus de prévenir - Si tu veux la shoote, tu vas l’avoir - Curieusement, ils reprennent aussi deux morceaux des Goalers, la formation précédente. «Begging You» et ««Get Off My Track» n’ont pas le même son que sur les albums des Goalers, car Alan Crockford instille une énergie considérable dans ces deux bêtes de juke. On a là un son incroyablement poissonneux. Il n’en existe aucun équivalent sur le marché.
C’est vrai que les deux albums des Goalers, «Soundtrack Of The Daily Grind» et «Triple Distilled» valaient largement le détour. Johnny Barker, Dan Elektro et Buzz Hagstrom y accompagnaient un Graham Day rescapé de la fameuse traversée du désert. «Get Off My Track» faisait d’ailleurs l’ouverture de Soundtrack, joué à l’up-tempo et grouillant d’accords. En entendant ça, on avait l’impression de tomber dans le chaudron d’une sorcière. Le morceau titre qui suivait renvoyait directement à l’âge d’or du rock anglais, à cette pop miraculeuse des Move, des Hollies et des Creation, cette pop bardée de chœurs de rêve, et en plein milieu de ce tout ce foisonnement, Graham Day balançait un solo atrocement perforant. Dès le deuxième cut de l’album, on ressentait le même malaise qu’à l’époque des Prisoners, : trop de densité dans la qualité. La seule chose qu’on pouvait reprocher à Graham Day était justement d’en faire trop. Il nourrissait tellement d’ambition pour ses compos qu’elles prenaient vite des tournures épiques et grandioses, au sens psyché de ces deux termes, bien sûr. Sur «Too Few Things», Graham Day renouait avec la grande veine moddish du rock anglais, grâce des chœurs dignes de ceux des Who et des Hollies. Puis il envoyait le foutraque «Dreaming My Life Away» exploser au firmament, tellement il l’arrosait de sauce montante et de nappes de cuivres. En face B, il chantait «Part-Time Dad» à la façon de Phil May et en prime, il riffait ça brutalement - It’s not easy to be part-time dad - Avec «Forgetten», on avait l’impression de tenir l’un des hits du siècle. C’est le genre du cut dont rêvent tous les jukes du monde, un cut plein d’une fantastique exubérance, d’une vraie fluorescence, d’une prolifération incontrôlable d’accords et d’éclats moddish, un cut gimmické à tous les coins de rues, effrayant de santé viscérale, nappé d’orgue et repris aux chœurs malins. Graham Day est sans doute le dernier musicien anglais osant orchestrer de tels maelströms. Et quand on entend «Too Busy To Try», on se pose des questions à la con. Ultime prétendant au trône ? Dernier porteur du flambeau ? Ultime gardien du temple ? Dernier alchimiste freakbeat ?
«Triple Distilled» pullule aussi de coups de génie, comme ce «Wanna Smoke» d’une violence dignes des Pretties - Yeah I wanna smoke - et les chœurs font - Wanna smoke/ Wanna smoke - Nous voilà plongés au cœur du vieux garage anglais, celui des Pretties, des Downliners et des VIPs, mais avec une dimension Dayienne en plus. Et le voilà qui screame pour introduire le solo ! Il nous aura tout fait ! La version de «Begging You» qui se trouve sur cet album est plus pop que celle des Forefathers. Elle est bardée des meilleurs chœurs d’Angleterre et agrémentée de jolis breaks de bongos. Nouveau coup d’éclat avec «Pass The Whiskey», traité à la Love Affair. Magnifique épicentre de l’art britannique. Graham Day éclate au grand jour. Et puis il faut écouter et ré-écouter «I’m Glad I’m Not Young» qui fait l’ouverture du bal, car voilà un cut riffé avec une belle brutalité. On sent l’âpreté de la brique rouge et du destin working class. C’est de la pure violence intrinsèque. La flamme de Prisoners brûle encore en Graham Day, car il passe un solo vitriolique à la mode de Tottenham. Tous les autres titres de l’album sont d’un niveau irréprochable, nappés d’orgue comme au temps où James Taylor jouait dans le groupe. Oui, ils sont durs comme l’épaule d’agneau qu’on vous sert dans les fermes du Kent. Oui, ils sont littéralement blastés au compteur, comme jadis, au tableau de bord d’une Triumph TR3. Graham Day défoncerait n’importe quelle rondelle, surtout celle des annales. S’il devait monter sur le trône, il se ferait appeler Virulent 1er et, aussitôt après les acclamations du peuple d’Angleterre, il balancerait sa couronne dans le miroir aux alouettes.
Signé : Cazengler le posséDay
Cosmic Trip Festival. The Wild’n’Crazy Rock’n’Roll Festival. Bourges (18). 15 mai 2015.
Graham Day & the Goalers. Soundtrack Of The Daily Grind. Damaged Goods 2007
Graham Day & the Goalers. Triple Distilled. Damaged Goods 2008
Graham Day & the Forefathers. Good Things. Own Up 2014
De gauche à droite sur l’illustration : Graham Day, Wolf Howardet Alan Crockford
MAROLLES-SUR-SEINE
29 / 30 / 31 MAI
UN MAX DE SOUVENIRS
C'est nettement moins classe que le « J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans » de Baudelaire, mais à trente minutes de la maison, on ne résiste pas. L'on a laissé les filles à leur sortie culturelle et ni une, ni deux le grand Phil nous emmène au fin fond de la Brie agreste. A peine croyable, mais de loin, en fermant les yeux, ça ressemble à la Louisiane. Trois ponts successifs qui enjambent des bras d'eau glauques, mais si étroits que deux voitures ne peuvent s'y croiser. Remarquez ce n'est pas très grave, c'est un peu le désert aquatique par là-bas, l'on débouche enfin dans le village de Marolles-sur-Seine. Le paysage change, nous voici en Californie dans la banlieue de Los Angeles, rangées de maisons identiques des deux côtés de la rue avec le jardinet devant. Une grosse différence, ça ne s'étend pas sur des kilomètres carrés, une simple artère de trois cents mètres de long, le rond-point au bout et la flèche jaune qui indique le festival.
En vieux rockers chevronnés l'on est passé sans encombre, comme une lettre d'amour-toujours à la corbeille à papiers. Un quart d'heure plus tard, il y aura le comité d'accueil aux regards suspicieux. La maréchaussée veille sur le bien-être des citoyens. Attention, ce soir ce n'est pas le même public qu'à Vézelay, ici les cathos coincés du cul on ne les compte même pas sur l'unique doigt d'une seule main d'un mutilé du travail. Voyez-vous, c'est plutôt les décoincés du joint. Amis rocker, ne faites pas les hypocrites, l'existe des photos d'Eddie Cochran où il est manifeste qu'il n'est pas en train de fumer des gauloises bleues. De toutes les manières, si vous aperceviez le programme, vous programmeriez un suicide sans assistance respiratoire. Du reggae, du dub, de l'électro, du rap, du hip-hop, que des affreusités sans nom. Vous vous demandez ce que nous sommes venus faire sur cette galère.
Primo : c'est organisé par des militants anartistes – chef ! Je ne sais pas ce que c'est au juste, mais je subodore des drogués. Secondo : vous les avez déjà rencontrés dans KR'TNT puisque le noyau dur de cette terrible organisation – chef ! Je pressentimente des séditieux – forment le groupe Natural Respect. Tertio : leur association étant implantée à Marolles-sur-Seine, pour ne pas avoir à trop se fatiguer – chef ! Je parie que tous ces jeunes chevelus sont des feignasses qui encombrent les statistiques du chômage ! - ils ont décidé de créer sur leur lieu de turpitudes habituelles, leur premier festival.
L'on débarque avec la pluie qui saura rester discrète de toute la soirée. De toutes les manières, pour les concerts ils ont squatté la salle des fêtes municipale ma foi assez vaste. Heureusement que nous sommes là, à nous tout seuls en fin de soirée l'on aura représenté au minimum deux pour cent du public. Je pensons que le samedi, il y aura eu un max de monde, mais on n'était plus là. Pour incompatibilité musicale. On le leur souhaite, car c'était super bien organisé – c'est le paradoxe des anarchistes – pas cher du tout, cinq euros pour trois jours avec possibilité de camper et bouffe pas chérotte du tout.
C'est bien beau, mais je n'ai pas encore répondu à votre question angoissée. Que faisions-nous parmi cette faune de rastas seine-et-marnais. On n'était tout de même pas là pour chanter No Woman No Cry, tous en choeur ! Bien sûr que non ! Mais les anartistes avaient battu le rappel de tous les groupes du coin qu'ils avaient croisés lors de leurs précédents concerts. Et pour ce samedi soir, d'un bloc, ils avaient regroupés trois de nos groupes locaux préférés que l'on suit régulièrement dans KR'TNT ! Je vous laisse juger par vous-mêmes de l'affiche :
JALLIES / PULSE LAG / SCORES
Rien de plus. Mais rien de moins. Vous excuserez le mensonge. Après les Scores on s'est carapatés en douce, car nous le reggae on aime bien. Mais c'est encore mieux quand on n'en entend pas. Avant les Jallies, il y eut aussi un autre groupe. On ne l'a pas vu, on s'occupait d'une chose plus sérieuse – de la cuisson de nos hamburgers frites – mais les malheureux échos qui nous en parvenaient étaient assez calamiteux pour nous dissuader de toute bienveillante curiosité. Nous tairons le nom de ces impétrants, nous ne sommes point des adeptes de la dénonciation.
JALLIES
Pourront pas se plaindre qu'elles n'avaient pas d'espace. Le plateau est aussi vaste que la Sierra Nevada. Nos trois mignonnettes sont devant, de noir vêtues. Mais leurs sourires repeindraient le monde de mille couleurs. Dans la salle c'est la multiplication des petits pains. Mathématiquement parlant lorsqu'elles ont attaqué la première note, l'on était quatre devant la scène. Trois minutes plus tard les terrains aux alentours ont dû subitement se vider car la salle s'est remplie.
Antépénultième concert de la saison, pour les Jallies, un peu fatigués mais ils ont la frite. Un petit Be Bop A Lula fuselé comme carène d'avion de chasse et le set décolle vers les plus hautes altitudes. Nos trois lulettes - nos trois échappées de la bande dessinée rockabilly -par devant et les deux navigateurs par derrière qui déterminent les azimuts les plus incroyables. Tom ne tarde pas à se faire remarquer. Doit changer de guitare – corde cassée, pan-pan fessée - en plein vol. Ne comptez pas sur les filles pour l'attendre. Elles essaient de se racheter une conduite en entonnant Rehab, mais c'est de la pure gallopante hypocrisie-swing – que les garçons se débrouillent comme ils peuvent, elles, elles filent sur la route et n'ont pas de temps à perdre. Pauvres gars, vont prendre tous les risques pour rester à la hauteur, autant dire que ça carbure sec.
Leslie est à la fête, elle adore les tempos rapides, avec elle faut que ça glisse comme sur ski-nautique quand vous êtes remorqué par un hors-bord surpuissant. Les deux copines s'amusent comme des petites folles, Nathalie nous fait le coup du kazou et Vanessa s'empare de la caisse claire. Pour les petits soli de basse et de guitare, Cros et Tom iront se faire cuire un oeuf à la barre fixe. Ce soir, les filles ont pris les commandes. Ne peuvent pas en placer une. Mais avec les boys la vengeance est un plat qui se mange brûlant. Dogs are on the tin heat roof. Vous ne voulez pas nous laisser nos trois petites minutes de gloire, tant pis pour vous, l'on sera aussi présents que l'oeil du remords dans la tombe de Caïn. Pas des menteurs, tiennent leur promesse. Ca bourdonne sec par derrière et les abeilles chantonnent dans un véritable halo de cordes vrombrissantes. Ce qui les met en joie, sautent par-dessus comme quand elles étaient mômes dans la cour de récréation.
Le grand Phil esquisse un sourire béat. Vient de découvrir une facette du groupe qu'il ne connaissait pas. Le vite fait, excellemment fait. La montagne change d'aspect, les sirènes changent de vibrato. Toujours aussi envoûtantes, mais plus tout à fait les mêmes. Jolis minois, mais visage différent. Peut-être plus swing que rock, mais je n'en mettrai pas ma main à couper. Le public gigote comme l'agneau innocent qui découvre l'herbe fraîche du printemps. Salves d'applaudissements, et avant, et après, et pendant, et entre chaque morceau. Un grand Goin'Up To The Country, une véritable cavalcade de Hell's Angels particulièrement pressés, et le bonheur s'achève.
Un tourbillon, une tornade, vous n'avez pas le temps de dire ouf, et elles s'en vont en emportant votre coeur, votre cerveau, et vos viscères. Ne vous reste plus rien que les yeux pour pleurer. Des hypnotiseuses, vous les voyez et hop elles sont déjà parties. Vos oreilles n'ont pas eu la berlue, c'est juste les Jallies, ont disparu dans un coup de vent. Un nuage de sauterelles qui s'abattent sur vous et vous rongent l'âme jusqu'à ce qu'il n'en reste rien, en trois minutes. Se sont fait la malle. Des Indes.
Ce dernier mot juste pour rebondir sur une bien triste nouvelle. Va falloir déclarer la guerre à l'Inde. Je sais, il y aura des millions de victimes innocentes. Me mets à la place des Indiens, si j'étais à leur place j'agirais comme eux. Pas l'ombre d'un millimètre de doute. Vous aussi. Hélas ! L'engrenage fatidique du destin est déjà en marche et personne ne l'arrêtera. Figurez-vous que Vanessa, notre Vanessa, a signé un contrat pour aller restaurer une fresque dans un ashram. En Inde. Six semaines pour recouvrir de peinture un dessin mural que le temps, l'humidité et les mites, ont en quelques siècles sérieusement endommagé. Souci artistique devant lequel je m'incline. Mais soyons sérieux quelques instants, vous croyez que les bonzes qui passent vingt-trois heures par jour à prier et la quatrième à se nourrir de riz blanc à l'eau, ils vont la laisser repartir, notre blondinette, pas fou ils vont la garder pour eux. Elle a promis qu'elle serait de retour pour le premier août, depuis je ne dors plus.
PULSE LAG
Portent bien leur nom, car ça pulse large. Trois mois que je n'avais pas vu le groupe, mais que de progrès. C'est la nature, Margot a grandi. Peut-être deux ou trois centimètres, mais c'est sans importance. Que de maturité acquise en si peu de temps. L'occupe la scène même quand elle ne bouge pas, qu'elle reste immobile, penchée en avant, le micro pendant dans sa main. S'approche bien de temps en temps de Théo ou de Thomas, mais elle n'en a plus besoin. En contre-partie, faut dire que les garçons n'ont pas le temps de s'ennuyer car ils envoient grave. Pulse Lag, c'est d'abord une chanteuse, et puis deux musiciens. Deux guitaristes. Ensuite c'est un jeu : je chante et puis tu joues, ou alors je chante et nous jouons. Ensemble mais aussi chacun notre tour. Donc Margot chante. Ne dites pas qu'elle ne sait faire que cela, car elle crie aussi. Phénoménalement bien. Sort la voix de gorge du fond de ses tripes. Pas un cri de fille qui s'égosille ou qu'un rien émoustille, non un cri du corps qui met tout le monde d'accord. Une houle profonde qui monte de la chair, et qui s'épanouit dans l'air. Où a-t-elle bien pu apprendre à crier comme cela ? C'est nouveau chez elle, c'est sa voix qui se cuivre, étincelle et resplendit. Et à chaque fois, qu'elle sort son péan de triomphe elle emporte le public qui se met à hurler avec elle, mais bien en-dessous, coincé à l'étage inférieur. Sa voix comme un arc-en-ciel qui enjambe le vide pour joindre le blues au funk.
Mais Pulse Lag, ce n'est pas la diva et ses accompagnateurs. Margot sait se taire et laisser tout l'espace désiré à ses gratteux. Et ils ne s'en privent pas. Savent parler, s'expriment, prennent leur temps et ne nous ennuient jamais. Plus funk qu'eux tu meurs, mais ils ont retrouvé la liberté instrumentale du jazz, sont un ensemble et aucun des trois ne prévaut sur l'autre. Ne se passent pas le bébé, chacun le prend quand il en éprouve la nécessité. Nous sommes loin des misérables petits égoïsmes qui se feraient la guerre pour avoir le meilleur temps de parole. D'ailleurs l'en est un autre, tellement prégnant, tellement essentiel, que l'on aurait tendance à l'oublier. Tristan sur sa batterie. Il colle aux trois autres, il bâtit leur colonne vertébrale, il les façonne, les pétrit, les sculpte, les ponctue, les délimite. Sait tout faire, soutenir le gosier de Margot, dribbler à mort les atémis de Théo sur sa Gretsch, section rythmique demi-tour droite ! et la basse de Thomas exécute son mouvement de conserve avec le halètement sec des peaux tendues.
N'alignent pas les titres. Les interprètent, les recomposent, les symphonisent à mort. Selon l'inspiration, selon l'humeur, selon la fièvre qui s'instaure entre eux et le public. Faut avoir entendu leur labyrinthique version de I Shot The Sheriff. Quelle aventure ! Z'ont eu cinq fois l'occasion de casser le fil d'Ariane de la compo, mais ont retrouvé leur chemin, tâtonnant dans le noir, mais jamais à l'aveuglette. Dans la bonne direction, même si vous vous avez égaré votre boussole depuis longtemps. Too Low, Find my way, Movin'on, autant de monuments qu'ils ont construits, devant nous, assemblés pierre par pierre. Ne sont que quatre mais ils orchestrent comme s'ils étaient un big band. A l'énergie, ils ne sont qu'un trio de rock emmené par leur lead singer.
Evidemment, ça se termine trop vite. C'est l'horreur des festivals. Même pas le temps d'un rappel. Faut laisser la place au suivant. Etaient en train de nous délivrer les lois de la grammaire du rhythm and blues et ils nous quittent au milieu de leur démonstration. Pas assez long, mais si bon.
SCORES
L'on change de registre. Swing, funk et maintenant carrément hard. De celui qui vous rentre dans le lard. Personne sur scène si ce n'est une guitare qui fuzze toute seule, et les voici qui chacun à son tour s'installe derrière son instrument. Nous rappellent que le hard est la combinaison de deux taureaux furieux, l'énergie brute du rock and roll et l'orchestration de la masse sonore. Certains n'y voient que du bruit alors que cette musique repose malgré son haut volume sonique sur un équilibre musical somme toute mozartien. Les détracteurs du hard ne l'admettront jamais, mais les Scores sont en train de le comprendre. Une moyenne de dix-huit années, des concerts dans tous les azimuts de la région, un mini CD à leur actif, pourraient se laisser emporter par la machine de la facilité, mais ils sont en train de se poser, à l'exubérance de leur prime jeunesse ils substituent une volonté de progression et d'affinage. Sont en train de rechercher leur son, de recalibrer le passé, pas question de se renier mais au contraire de se recentrer sur soi-même comme la main se referme en poing à la ligne afin de distribuer des coups plus violents et plus efficaces.
Et cela se voit tout de suite. Jusqu'à lors Scores c'était un chanteur, Benjamin avec des musiciens autour. Mais le groupe a gagné en puissance, la voix est moins devant, elle se fond dans les autres instruments. Un peu trop peut-être, mais l'on ne parvient pas à la formule idéale en peu de temps. Ce qui est remarquable, c'est qu'à aucun moment elle n'a été engloutie dans l'ébullition instrumentale. C'est que le groupe s'est vraiment soudé, produisent une musique, une seule, la leur qui devient beaucoup plus musclée et de plus en plus en place. S'agit plus de s'embarquer dans des courses folles de guitares, sans trop se préoccuper de ce qui reste en arrière. Faut une pulsation primordiale, un moteur qui ne s'éteigne jamais, et qui soit capable à tout moment d'accélérer la cadence. Nico s'est emparé de ce rôle. Ayez une bonne batterie – pardon, un bon batteur - et vous n'avez plus besoin de rien. Je n'irai pas jusqu'à dire que les guitares sont superfétatoires, qu'elles ne sont que les guirlandes de la fête, qu'elles pourraient rester dans leur étuis, mais que seraient les chevaux fous s'il n'y avait pas le char et son conducteur pour les atteler au succès de leur performance. J'ai pris un plaisir fou à voir officier Nico. Sait toujours où il faut aller. Les autres ont beau courir devant, c'est lui qui prévoit les chemins à suivre, les sentes à emprunter. Lui qui impulse le rythme fornicateur par derrière, a comme un coup d'avance sur ses coéquipiers. L'a l'intelligence stratégiques de la succession des plans.
Du coup les trois autres n'ont plus de souci à se faire. Peuvent se concentrer sur leur établi. Elie est à la basse. La position la plus difficile, à cheval entre les deux guitares et la jonction obligatoire avec le batteur. De quoi devenir bi-polaire. Un grand batteur doit être à heure fixe victime dune crise schizophrénique en phase maniaque. C'est le seul moyen pour lui de n'être le groom de personne. Elie n'en est pas encore à ce stade-là de surpuissance, se contente d'essayer d'accorder son violon sur les parcours parallèles des guitares de Léo et de Simon. Se tiennent tous deux à la cravate, Léo plus nerveux, Simon plus posé. A chacun sa méthode. Ce qui est sûr c'est que la vitesse impulsée par Nico exige davantage de roll que de riff. Pour les articulations rythmiques destinées à assurer les brisures en quelque sorte répétitives, Elie retrouve en ces instants cruciaux un rôle de pivot central. Bref un set à fond la caisse qui demande à chacun un maximum de concentration opérative. Du coup leur répertoire en sort transfiguré, Grave, Hero, Fire, Free, Road, défilent vitesse grand V. Les morceaux ont perdu de leur grandiloquence, sont plus vifs, plus nerveux, emplis d'une plus grande violence. Scores a dépassé le stade de la frime adolescente, je fais les gros bras pour impressionner et les filles et les garçons. La ramènent moins mais en sont d'autant plus crédibles et dangereux. Un très beau set, très puissant et prometteur. Signe qui ne trompe pas, toute une partie du public habituée à écouter des musiques moins primordiale s'est retirée lentement. Le rock and roll nécessite des âmes d'acier trempé. Tempéraments fragiles s'abstenir. Pour nous nous crions, enScores ! Enscores ! Enscores !
RETOUR
Nous sommes revenus sans problèmes. Certains n'auront pas notre chance. La maréchaussée a fait preuve de vigilance, contrôles d'alcoolémie et tests de glandes salivaires. C'est fou comme l'on prend soin de notre santé. Si ça continue, l'on va diminuer nos horaires de travail pour que nous ne nous épuisions plus au boulot, et augmenter nos salaires pour ne plus avoir à subir les stress cancérigènes des fins de mois sans un flèche. Nous vivons décidément dans un monde merveilleux.
Damie Chad.
( Les photos ne correspondent pas au concert )
LE FAISEUR D'ECLIPSES
Si je ne m'abuse, vous aimez le rock and roll et les guitares. Alors tapez sur wwwlefaiseurdeclipses.fr . Vous y retrouverez deux personnes que vous aimez bien. Hervé Picart pour commencer, celui qui tenait la kro des disques de hard rock dans Best, il y a plus de trente années. Un connaisseur, un amateur. Le nom du second ne vous dira peut-être rien : Vernon Gabriel. Cela vous rappelle quelque chose ? Mais oui ! c'est lui, le tenancier de l'Angel Music Shop, boutique de rêve spécialisée en guitares vintage ! Vous l'avez rencontré dans sa première aventure L'Arpeggio Oscuro, une histoire aussi ébouriffante que la crête de Sid Vicious, et vous croyiez que c'était terminé, et bien non, c'est reparti comme un riff sur la guitare de Keith Richards... toujours le même principe, chaque semaine une livraison. Un véritable work in progress ! Urgez, la huitième tranche du saucisson vient de sortir, une intrigue encore mille fois plus ténébreuse et mille fois plus rock and roll ! Et vous êtes encore en train de me lire, gros bêtas !
Damie Chad.
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S'est entortillé deux fois plus dans sa paire de draps le Jean-Michel, l'a même rabattu l'édredon sur sa tête. Ne voulait rien entendre, l'est sûr qu'avec la biture de la veille et les cloches qui carillonnaient dans sa boîte crânienne il n'avait pas besoin qu'on en rajoute. Mais la voix s'est de nouveau faite entendre, pour la troisième fois, et méchamment cinglante : « C'est ton Seigneur qui te parle, Jean-Michel, lève-toi, saute sur ton ardent coursier et fonce à travers champs jusqu'à l'aire de repos de mes enfants chéris, va sans crainte un rayon de lumière céleste t'indiquera le chemin. » L'a essayé de parlementer : « Seigneur, je jure que je mets le réveil à neuf heures pas plus tard, un bon café, une douche et... ». N'a pas fini sa phrase, issue de nulle part un main surgie du néant tenant une bombe de peinture a tracé les trois mots comminatoires et maudits du suprême commandement, sur la tapisserie de la chambre qu'il avait juste terminée le week end précédent : Dépêche ! Sale bâtard !
S'est grimpé tant bien que mal sur son BMX et suivant le maigre rayon de sa pile électrique scotchée sur son casque de chantier, l'a coupé ( péniblement ) par bois et forêts, guérets et marécages en bougonnant. Ne savait pas où il allait mais s'est retrouvé devant le portail marquée d'une pierre d'abbé blanche. L'a pénétré dans le capharnaüm en ouvrant tout grand les yeux. Les enfants chéris du bon dieu sont logés à mauvaise enseigne, se dit-il tout bas. L'endroit ressemblait à un camp de roms, après le passage d'une colonne de CRS. Mais il n'a pas eu le réfléchir plus avant. Une force mystérieuse le poussait vers le deuxième bâtiment, il poussa un cri d'effroi, un demi-hectare de piles de livres hautes comme la tour Eiffel s'étendait devant lui. Il sut que c'était-là, tout au fond. Un vieux grimoire épais comme une armoire normande ! S'en empara, le glissa sous son tricot et reprit sa route comme un forcené. L'était sûr qu'il emportait avec lui, le Cinquième Evangile, celui dont l'ouverture déclencherait les trompettes de l'Apocalypse.
C'est le lendemain au boulot que Jean-Michel m'a tendu le bouquin : « Tiens Damie, j'ai trouvé ce truc chez les Emmaüs, je ne vois que toi que ça peut t'intéresser. Garde-le tant que tu veux, pas le temps de le lire, il faut que je retapisse ma chambre à coucher. »
ROCK STORY
JEAN-JACQUES JELOT-BLANC
PAC / 1985
N'en avais jamais entendu causer, ignorais jusqu'à la possibilité de son existence, tout de même avec ses trente centimètres de hauteur et ses huit centimètres d'épaisseur il s'était débrouillé pour échapper à mes radars ! Comme quoi, nul n'est parfait. Même moi. Ce qui – entre nous soit dit - m'étonne tout de même. Jean-Jacques Jelot-Blanc, l'est surtout connu pour ses livres sur les cadors du cinéma français Bourvil, Gabin, de Funès, toutes ces vieilles barbes qui me rasent un peu, gratis et en plus sans que je leur demande. L'a tapé dans tous les râteliers le Jelot-Blanc, la presse, la télévision, le ciné, les séries. Que voulez-vous, faut savoir s'adapter pour survivre sur cette immonde planète. Tout le monde ne peut pas être Françis Viélé-Griffin.
Les polygraphes multirédactionnels me sont suspects par nature. Mais devant un livre sur le rock and roll toutes mes préventions tombent comme une robe de jeune vierge au soir de ses noces. L'est vrai qu'au premier feuilletage j'ai tiqué par deux fois. D'abord les photos. En noir et blanc. Y a en plein. Toutes les vingt pages, un cahier. Classées par ordre alphabétiques et leur choix totalement indépendant du texte. La sélection n'est pas mauvaise, avec une prédilection marquée pour les visages en gros plan. Autre cause de diffus mécontentement : plusieurs fois en ouvrant la pagination me sont apparus de vastes feuillets aux trois-quarts vides, composés de noms de groupes + nom des musiciens + la date de fondation et de dissolution, quelques rares mentions de tubes pour les plus heureux. Je l'avoue avant que je ne jetasse dans une lecture méthodique, la méfiance m'avait gagné.
Quand j'aurai rajouté que le livre est sorti en plein milieu des eighties – la funeste décennie qui marqua le reflux du rock – vous comprendrez pourquoi je n'en menais pas large. Je m'attendais au pire. A tort, nous avons affaire à quelqu'un qui a connu les différentes étapes de l'épopée du rock. Pas du genre à se contenter d'un petit hommage obligé à Presley pour se reporter en un bond prodigieux au début des années 70 et pop music. Marqué par les pionniers et l'écurie Sun, Mister Jean-Jacques Jelot-Blanc, commence par deux belles pages sur Gene Vincent – ce qui classe son homme – et poursuit sans oublier Charlie Gracie, Buddy Knox, PJ Proby, Chalie Rich, Billy Lee Riley et quelques autres du même tonneau. Ne délaisse pas non plus le revival, de Robert Gordon à Crazy Cavan, tout ça mélangé à tout le monde, de Ted Nuggent à New York Dolls, dans un ordre alphabétique qui a pour parfait corollaire la plus grande pagaille musicale... Tout le monde n'est pas traité à égalité. Johnny Cash n'a droit qu'à dix lignes, à peine cinq de plus que Glen Campbell. Parfois, les partis-pris frisent l'inconscience : deux tiers de page sur Duran Duran et pas une ligne de commentaire sur Led Zeppelin. Je veux bien que charbonnier soit le maître chez lui, mais ce n'est pas une raison pour se mal chauffer.
Chose terrible quand on analyse les choix de Jelot-Blanc, c'est en prenant de l'âge qu'il a perdu de la bouteille. L'on ne devrait pas vieillir : commence par adorer les pionniers et finit par idolâtrer Village People qui en surface rédactionnelle rivalise fort bien avec les Rolling Stones. Décadence et déliquescence du goût. Je sais bien qu'il faut flatter les ondoiements du public, mais est-il vraiment utile de se livrer à de telles abjections ? Autre exemple, cite trente groupes français – les plus connus, en oublie les Dogs et Little Bob Story -– mais ne consacre une chronique qu'à Téléphone qui en 1985 n'avait pas besoin de lui pour lustrer son étoile ( déjà moribonde ). Ne faut pas s'aliéner les acheteurs captifs de leurs propres représentations, inutile de les déstabiliser. L'on sent que l'éditeur a su veiller à ce que l'ouvrage ne dérape pas dans l'ultra-spécialisation...
Si vous tenez à acquérir cette curiosité, vous le trouverez facilement sur internet, entre trente et quinze euros. Cette dernière dent de la fourchette est déjà sur-évaluée, à trois euros dans une brocante, ce sera parfait. Ne vaut guère plus. Depuis l'on a fait beaucoup mieux. A taper dans ce genre de bouquins préférez le Spécial Pop édité en 1968 chez Albin Michel et le Vingt Ans de Rock Français de Christian Victor et Julien Régoli paru en 1978, toujours chez Albin Michel – tous deux chroniqués chez KR'TNT - peut-être pas meilleurs mais plus authentiques. Si tant est qu'un produit destiné à la vente puisse être prisé selon son authenticité. Méfions-nous de la fétichisation de toute marchandise. Fût-elle estampillée rock. Notre passé nous joue des tours. Aime bien se repasser les mêmes scènes. C'est plus rassurant. L'on a l'impression de maîtriser.
Le livre se termine sur Vince Taylor, qui est encore un survivant en 1985. Comme il est encore vivant en nos rêves. The never ending rock and roll dream !
Damie Chad.
DOCUMENT EDDIE COCHRAN
Letter: Remarkable that Eddie Cochran fans still send donations to St Martin's Hospital
By Bath Chronicle | Posted: May 28, 2015
Someone told me about the Eddie Cochran Memorial stone and sundial placed at St Martin's Hospital in Bath. When I went up to the hospital I saw the memorial stone and the design is on the same lines as a star on the Hollywood Walk of Fame. The sundial was the original memorial. It is remarkable that its loyal fans still send donations in his memory and the address is the Sirona Foundation Trust, St Martin's Hospital, Clara Cross Lane, Bath BA2 5RP.
This is a worthwhile project and all the money given to this hospital is spent on the care of the older people. With public support, we will ensure this hospital doesn't close in years to come.
Chris Jones
Lower Bristol Road, Bath.
22:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
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