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15/11/2012

KR'TNT ! ¤ 118. MARTYRS / DOCTOR DOOM / JOHNNY FAY /

 

KR'TNT ! ¤ 118

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

15 / 11 / 2012

 

 

 

DOCTOR DOOM / MARTYRS / MEGATONS / JOHNNY FAY / LIL'ESTHER /

SONNY AND HIS WILD COWS / TIN STARS

 

 

 

CONCERTS

 

 

03 / 11 / 12 / BELPECH ( 11 ) / LE VIXIEGE

 

 

DOCTOR DOOM / MARTYRS

 

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Belpech, nom de Zeus, n'ai pas mis les pieds dans ce patelin perdu depuis 1969, à l'époque les copains du coin avançaient le fumeux projet, qui ne dépassa pas le stade de l'hypothèse woodstockéenne aléatoire, de préparation d'un festival de pop-music dans la Basse-Ariège... En attendant la teuf-teuf mobile fonçait d'instinct à toute blinde sur les étroits rubans asphaltés d'un paysage aussi plat que le delta. Du Rhône. Je vous en prie cessez de prononcer le mot Mississipi à toute occasion. Par contre le Vixiège, inconnu au bataillon. Je subodorais un vague corps de ferme en bout de chemin vicinal, mais non ! à chaque croisement j'avais beau scruter les panneaux, rien de rien. Ai calmé la teuf-teuf à l'entrée du bourg. Remarquez j'aurais pu la traverser à 180 km /h, avec les volets rabattus sur les façades et les portes fermées à double-tour, restait même pas un seul bellopodien à écraser. Une rue centrale aussi longue qu'un sandwich sans beurre, je commençais à m'inquiéter lorsque enfin, tel Bernadette Soubirous, je connus enfin les joies de l'illumination. Le Vixiege, écrit en grosses lettres rouges électriques de ce qui manifestement se présentait comme la façade d'un café-restaurant.

 

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Billard, grand écran, six tables, quatre personnes au comptoir pas besoin de demander si c'est ici le concert. Sur ma droite s'ouvre une salle de restaurant, une dizaine d'individus silencieux mais vêtus de cuir noir occupent les chaises des tables rangées sur le côté. Tombe pile-poil, Doctor Doom est en train de parachever la balance. Je m'inquiète un peu, il est huit heures et quart et l'auditoire ne dépasse pas les quinze personnes, musiciens compris. Un peu râlant pour un concert gratuit, le premier organisé par Angry Pumpkin(09), dont la représentante toute pâle de stress essaie de faire contenance. Mais les Dieux du rock doivent veiller sur la Citrouille Coléreuse car le public arrive, petit à petit, mais sûrement, surgi d'on ne sait où dans cette nuit improbable... Pari gagné, la salle sera plein comme un oeuf à la coque avant que vous n'y trempiez vos mouillettes.

 

 

DOCTOR DOOM

 

 

De toutes les façons Doctor Doom monte sur scène pour calmer nos angoisses. Nous ont déjà délivré une potion – voir notre 107 ° livraison du 30 / 08 / 12 – mais ce coup-ci ils vont nous filer une piqûre de rappel. De cheval. Nous les avions bien appréciés sur la scène du festival Rock'n'Cook, mais le son se perdait un peu – l'orga auraient avancé le plateau de quelques mètres afin de mieux se protéger des espaces ouverts, tout le monde y aurait gagné – mais ici dans cette salle assez étroite vont pouvoir produire une matière sonore adéquate à leur style de musique.

 

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Ne sont formés que depuis un an mais on sent qu'ils travaillent dur. Ont déjà progressé depuis le mois de juillet. Des reprises et des originaux, se préparent à enregistrer leur premier CD. Nous accordons qu'ils ne proposent rien de révolutionnaire. Encore trop près d'un hard rock basique à la AC / DC même s'ils sont prêts pour les grandes envolées lyriques. Ils possèdent la hargne rock, le rentre-dedans à tous crins qui leur permet d'assurer un set juteux et gouleyant. Leur manque encore la maîtrise des architectures sonores. Mais cela viendra avec la pratique et les premiers enregistrements, lorsqu'ils seront confrontés à la décantation de leurs influences et face au problème crucial de poser les fondations de la singularité de leur style.

 

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En attendant tout le monde en prend plein les écoutilles, et le groupe gagne en assurance et en cohésion à chaque morceau. Immensément grand, rivière de cheveux blonds qui descend très bas dans son dos, le teint aussi pâle que les sons de sa basse sont sombres, Sébastien ourle de velours noir la pulsation rythmique du combo. Au chant de temps en temps et à la batterie toujours, Olivier s'en donne à coeur joie, mouline de toutes ses forces. Il est la plaque-tournante, celui qui met la loco sur les bons rails. Quant à Jérémie et Jean aux guitares, nos deux forçats du riff jettent des pelletées de feu dans le foyer de la bête qui ronronne de plaisir.

 

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S'en sortent comme des chefs. Le public les laisse partir à regrets. Un set carré, au cordeau. Un groupe d'avenir.

 

 

INTERMEDE

 

 

Napoléon définissait le département lapidairement : «  L'Ariège : des hommes et du fer ». Les temps ont changé : les mines ne sont plus exploitées depuis belle lurette et la population décline, mais la contrée reste fidèle à la définition impériale, suffit de moderniser les termes : L'Ariège : du métal et un public rock. Nous retrouvons Alex de Deadlight Entertainment le label d'Alex qui grandit, l'assos Angry Pumpkins et Logo live de Paris qui ouvre une section T-shirts dans le 09... Sans parler de Les photographies d'Alpha ( voir : www.facebook.com/SilberigesSpektrum ) à qui l'on a piqué les photos du concert sur www.facebooks.com/angrypumpkin09

 

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MARTYRS

 

 

J'avons remarqué un groupe de zozos, rigolards, grandes gueules, facétieux, joyeux lurons, vous l'avez deviné c'étaient les Martyrs. Portent mal leur nom, dans la vie civile. Sur scène aussi car on ne peut pas dire qu'ils soient dévorés par de masochistes conduites régressives. Plutôt du genre à vous foutre une beigne sur la joue gauche alors qu'ils viennent de vous en coller une sur la droite. Même si vous ne l'avez pas demandé. Côté martyrs tiendraient plutôt la place du bourreau, et il est manifeste qu'ils aiment appuyer là où ça fait le plus mal.

 

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N'ont pas déjà commencé à jouer qu' au premier demi-riff de guitare expédié pour vérifier la sono l'on sent que l'on change de dimension. Barrez l'identité française du groupe. Relève de la classe internationale. Mais assez de blabla, vous voulez écouter. Inutile de se lancer dans des dissections généalogiques. Est-ce du hardcore ou du black metal ? Et pourquoi pas du death ou du edge ? Les quatre mon général et bien plus encore, c'est Martyrs tout simplement.

 

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Une machine à tuer. A tirer dans la foule. Mais pas anonymement. Piétinent d'abord tous vos idéaux, vous prouvent par a + b que vous n'êtes rien qu'une illusion, une ombre de vous-même qui ne reflète que le vide absolue de la vacuité humaine. La légion des démons, celle sur qui vous aviez refermé le couvercle de la raison au fin-fond de votre boîte crânienne, en espérant qu'ils n'en sortiront jamais. Funeste erreur, ils se sont échappés et dansent leur sarabande mortuaire devant vos yeux hagards. Se sont peinturlurés de peintures de guerre, car ils vous en veulent à mort de ne pas vouloir les laisser vivre. Sont les zombies de vos cauchemars externalisés qui gesticulent et déambulent sous les lumières glauques des projecteurs. Ne disent pas un mot. Ils hurlent, ils éructent, ils crament vos oreilles de stridences éraillées et ferraillées de grommellements informes et infâmes. Pantomime du désespoir métaphysique de la solitude inhumaine qui nous fonde tel un puits sans fond dans lequel on nous jette dès notre naissance et dans lequel l'on dégringole pour la néantisation de nos glamoureuses infortunes et l'asepsie de nos existences étriquées.

 

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Martyrs sur scène c'est un crachat de comanches au galop sur la face du monde. Une cavalcade de hussards vers la mitraille de notre destin horrifique et cimeterrial. Tchang you very much au drumer fou qui s'agite comme l'imagination dans un bocal d'explosifs. Il kiffe le kit et tonne sur les toms des breaks denses comme des folies meurtrières. N'ont pas deux chanteurs, ce soir Guillaume est seul, hurleur à la lune noire, qui incite le public à sortir de ces gonds congelés de spectateurs amorphes. Nous sommes tous les fantômes de nos propres erreurs, autant rejoindre la ghost dance des clameurs qui ne s'éteindront jamais.

 

 

Le set s'achève comme un éboulis de blocs cyclopéens parmi les gravats d'une guitare qui a rendu l'âme, guerre à ses cendres électriques. Martyrs a fait sauter les fusibles. Celles de nos résistances intérieures. Martyrs, recommandé pour la chasse aux nuisibles. Grande claque et hourvari d'un public conquis, vaincu et KO debout.

 

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Sur disque Martyrs c'est comme en public. Sans concession, sans forfaitures, sans sucre ajouté. N'y a que la dose de curare qui n'est pas indiquée sur la pochette. Mais mortelle à tous les coups. Neuf ampoules létales sous forme d'un comprimé noir. EVERY DAY... YOU'RE ALONE, au cas où vous n'auriez pas compris, vous trouverez de brèves notifications à l'intérieur de la pochette toute noire.

 

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La copine est sortie à moitié ( hélas ) nue de la salle de bain lorsque j'ai glissé la galette des morts dans le lecteur. Pas le genre de truc à vous faire voir la vie en rose bonbon de mauvais matin. Par contre idéal comme complément énergétique. Z'aurez envie de bouffer le monde une fois que vous l'aurez écouté. Un disque vénéneux à perfuser d'urgence dans votre veine cave – celle qui descend dans les profondeurs de vos turpitudes - et qui enfonce la production rock de notre doux pays, et de loin. Ca se trouve sur www.deadlight.fr. Et si vous ne faites pas la démarche, c'est que vous n'êtes pas très futé ou alors trop peureux pour vous regarder dans la glace froide de vos atonies...

 

 

En tout cas un grand merci à Angry Pumnky ( 09 ) pour ce premier concert gratuit. Une superbe réussite. Un véritable cadeau rock'n'roll.

 

 

 

10 / 11 / 12 / VILLENEUVE SAINT GEORGE ( 94 )

 

 

THE MEGATONS / THE TINSTAR

 

LIL ESTHER / JONNY FAY

 

SONNY AND HIS WILD COWS

 

 

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Devrais être décoré de la légion d'honneur et la teuf-teuf mobile voir son nom inscrit sur la tombe de soldat inconnu car pour trouver la rue à Villeneuve Saint George sans GPS ni carte, peux vous affirmer que ce n'est pas de la petite bière. De rocker. Pénètre dans les lieux juste au moment où les Megatons débutent leur show.

 

 

MEGATONS + JOHNNY FAY

 

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Déjà vus à Appoigny ( voir notre 99 ième livraison du 24 / 05 / 12 ). Sont à l'identique dans leur costume bleu, le sax en avant et la machine par derrière qui tourne comme une bielle dans son huile. Manque quelque chose, une étincelle, un petit truc qui transformerait une honnête prestation en un très bon show. Elle arrive. Au bout de trois quarts d'heure. S'appelle Johnny Fay. L'on croyait notre américain en Italie, mais non il est là et bien là. Tout sourire et en pleine forme. Un adolescent de soixante dix berges qui ne demande qu'à brûler les planches, accompagnés par des gars qui ont la moitié de son âge spécialisés dans le rock garage du tout début des années 6o aux USA, l'on comprend vite que l'on ne va pas s'ennuyer.

 

 

L'était pas prévu au programme Johnny, croit monter sur scène pour un ou deux morceaux. Lui sera interdit de redescendre de sitôt, et par le public subjugué, et par le quintet qui le couve comme un poussin. L'on aura droit à un véritable petit tour de chant. Ai toujours pensé qu'un chanteur était un membre à part entière d'un combo et qu'il n'avait nul besoin de s'encombrer d'un instrument. Johnny Fay nous en apportera la preuve irréfutable. Pas le genre de gars à chanter du bout des lèvres, dégoise à plein gosier. Les mains et le corps ponctuent les intonations et les couplets. Et comme par miracle, derrière le groupe monte en ébullition. Changement total de régime, l'orchestre se trouve transcendé par son soliste.

 

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Surtout que Johnny ne tire pas la couverture à soi, ouvre de larges espaces de soli au saxophone et à la guitare. S'expriment en donnant de la gomme sur toute la gamme. La salle exulte, Johnny l'a tirée de sa léthargie soyons-polis-soyons-sympas-entre-rockers. Non, faut que ça pulse, que ça braille, que ça communique, que ça communie. Johnny Fay nous sert un Slippin'n' slidin démentiel – peut-être mon morceau préféré du grand Richard – et termine en apothéose sur deux morceaux de Presley avec une fille dans les bras. Que demander de plus ? One more ! Clame la foule désespérée mais les Megatons s'interposent. Johnny a un concert le lendemain en Belgique et un autre à Amsterdam. La Pologne est dans la ligne de mire, la tournée européenne de notre retraité de Cleveland n'en finit plus de s'allonger. Merci aux Mégatons de permettre la reviviscence d'un des derniers pionniers.

 

 

LIL' ESTHER + THE TINSTARS

 

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Ca fait plaisir de la retrouver. Même si l'on n'avait pas pu la voir au Tattookustom Festival ( livraison 111 du 27 / 09 / 12 ), cause de gros ennuis de santé. La voici, très sixty, rouge à lèvres écarlates, chevelure bouclée rejetée en arrière, une rose rouge et blanche piquée dedans, robe rouge qui se confond un peu avec le rideau d'arrière-scène, heureusement que les yeux sont bleus pour apporter une touche paisible à l'ensemble de ces sanglantes rougeurs.

 

 

Les Tin Stars sont autour. Lui concoctent un arrangement idoine. Le guitariste se met en quatre pour lui offrir un mélange étonnant, mid western jump avec paillettes d'accompagnements django-jazz, guitare hawaïenne pleurante sur fond de rockabilly endiablé. Lil' Esther oscille entre tous ces genres. Après la tornade Johnny Fay, ça tombe un peu à plat. Mais notre diva finira par s'imposer. Sans concession vis-à-vis du public, en défendant son propre style jusqu'à repartir sous les hourras de satisfaction. Chante un bon bout de temps, finit par vous envoûter, et vous emmène en des domaines dans lesquels vous ne mettez que très rarement les pieds.

 

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Elle sait être tour à tour tendre et romantique avec tous les malheurs de la terre qui tombent sur ce pauvre petit bout de femme fragile comme un flocon de neige, pour trois morceaux plus tard se transformer en harpie vindicative prête à lâcher son balai pour vous éloigner des ses jupes à coups de fusils. Un bouquet d'arômes divergent mais de fragrances subtiles. Je remarque que la plupart des jeunes femmes présentes ont beaucoup apprécié. Vous parle pas des Tin Stars puisqu'ils reviennent en fin de soirée. Lil descend de la scène les souliers à la main sous une ovation unanime.

 

 

SONNY AND HIS WILD COWS

 

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Avec un nom comme cela l'on ne sait pas si l'on ne va finir dans les abattoirs. En plus partent pour le rodéo avec un fameux handicap. Pourraient être français, anglais, américains, hollandais, allemands comme tout le monde. A la rigueur espagnol, ou italiens, on leur pardonnerait. Mais non, ils sont hongrois. On croit rêver. Du rockabilly hongrois, on aura tout vu dans ce bas-monde, ô funérailles comme disait ma concierge.

 

 

Z'ont le look d'avant. Costar-cravate pour trois d'entre eux. Profil d'étudiant sage pour le pianiste, look passe-partout pour le batteur. Un harmoniciste avec une casquette style britannique qui lui mange la moitié du visage, la deuxième voilée par les mains qui tiennent le micro et l'harmo. Le contrebassiste dans son costume rayé serait un magnifique employé de bureau. Avec un flingue dans la poche. Enfin j'ai gardé le plus beau pour la fin. Sonny, une gueule en lame de couteau, le nez qui part vers la droite, et les dents qui se barrent de l'autre côté, des rayures trop larges sur son pantalon et sa veste, une énorme guitare qui détonne avec sa silhouette longiligne. Bref une dégaine incroyable de cat sorti tout droit du rayon des années cinquante.

 

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Je peux vous le certifier l'anglais tout seul ce n'est pas facile à piger, mais l'anglais avec l'accent hongrois c'est carrément dur. Sonny se présente, l'assistance préfèrerait qu'il chantât. Deux balles traçantes coup sur coup. Le pantin semble se désarticuler. Mais c'est déjà fini. Un peu plus dans les retours, please. Et Little Tommy drummer qui n'entend pas l'harmo, et le chant qui... balance exaspérante un peu longuette. N'y a que Gordon Taylor appuyé sur sa contrebasse qui prend son mal en patience, un sourire radieux aux lèvres. En ce moment précis je ne donne pas cher ( à saucisses ) de la cote d'amour du rockabilly hongrois dans le public franchouillard.

 

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Et puis brusquement c'est l'apocalypse. Une énergie démentielle. Notre Crazy piano Benny nous bombarde d'un boogie dévastateur. Enfonce les touches une à une comme des épingles dans des abdomens de papillons vivants mais je certifie que cela vous ramone les oreilles plus rapidement qu'un détergent agricole. Sonny est partout à la fois, se plie en deux, en quatre, en huit, en seize, nous déverse un rockabilly au napalm. Brûlant tout droit sorti de l'enfer.

 

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Vont nous retracer l'histoire du rock'n'roll en quatre épisode, le rock'n'roll, le rhythm and Blues, le blues et le rockabilly. Pour les séquences deux et quatre l'harmoniciste monte sur scène. Aurait mérité un potentiomètre plus élevé, mais ne gâchons pas notre plaisir. Surtout que la quatrième station tourne à la folie furieuse. Sont plus que trois sur scène, basse, batterie et guitare. Je vous accorde que Sonny n'est pas un grand soliste, plutôt un rythmique fou. Ultra violent, ultra saccadé, hoquetant à merveille, se jouant de sa voix ( romaine ) qui court droit dans le mur avant de rebondir comme une balle de squash. On ne peut pas dire qu'il chouchoute sa guitare, la passe d'un côté à l'autre, la projette, la rattrape, s'y appuie dessus, elle n'est qu'une béquille qui lui permet d'atteindre à l'orgasme jouissif du dépassement de soi. A la fin du set l'on sent qu'il se retient pour ne pas la fracasser contre le plancher. Sonny donne dans le rockabilly destroy.

 

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Vous dis pas ce qui se passe dans la salle. Ca s'égosille à pleins poumons, les vaches décidément démentes de Sonny remportent le premier prix et le ruban bleu. Ces hongrois de malheur nous donnent une bonne leçon. Faudrait pas nous endormir sur nos lauriers. Nous filent de monstrueux coups de cornes dans le cul pour nous aider à avancer plus vite. Un sacré beau set. Et le pire c'est que tout cela repose sur une seule réalité : l'amour immodéré que Sonny porte au rock'n'roll.

 

 

THE TINSTARS

 

 

Les étoiles d'étain vont relever le gant avec brio. Ne vont pas chercher à courir après le taureau furieux et ses vaches folles. Pour définir grossièrement je dirais que les Tin Stars sont plus près de Buddy Holly que de Johnny Carroll, mais quelle prestance, quelle aisance !

 

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Rick de Bruijn qui qui s'était pratiquement caché derrière la contrebasse est maintenant devant. Focalise les regars et la lumière. Boucle d'or à l'oreille, baques aux doigts, haute stature, tunique noire de combat nouée par devant par sa ceinture, cravate et cheveux savamment en désordre, n'a qu'a ouvrir la bouche pour dominer son monde. Chante méchamment bien. Maîtrise rehaussée d'un filet d'humour, l'on s'en apercevra lorsque le son se coupera de manière très inappropriée aux trois quarts du set. Saura arranger avec le bassiste un petit intermède a capella vivifiant. L'on sent que Rick est la colonne vertébrale du groupe.

 

 

N'est pas entouré d'un équipage de manchots non plus. En retrait sur sa contrebasse Dusty Candre Hanselman est toujours là à l'endroit exact où on l'attend, sur le temps comme sur le contretemps. Possède un oeil fureteur braqué sur ses trois comparses, sait capter, prévenir le moindre signe d'inquiétude et se débrouille toujours pour y remédier de façon fort élégante. Joue un peu le rôle du père qui a tout vu, tout lu et tout connu et qui fait part de son expérience sans aucune lourdeur.

 

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De l'autre côté c'est Dusty Cigaar le jeune fils prêt à toutes les escapades. Pas un inconscient. Loin de là. Ne met les pieds quelque part sans savoir où il les pose. A totalement transformé son jeux de guitare entre les deux sets. A servi à Lil' Esther un fastueux jump de culasse, maintenant il balance du roll à en-veux-tu-en-voilà. C'est bien le même guitariste sur la même Fender crème, mais pas du tout le même son. Ici l'on s'énerve carrément. Parfois l'on frise avec le binaire un peu simpliste du style Ted, mais c'est Rick qui de la voix apporte une touche plus swinguante qui empêche le morceau de s'ossifier dans la facilité d'un binaire trop répétitif.

 

 

Vous parle pas du batteur un peu trop caché par la double bass. Ne m'a pas transcendé mais n'ai pas pu analyser son jeu. Tout ce que je peux affirmer c'est que Darryl Cigaar a donné au groupe l'assise rythmique qui lui est indispensable. Les Tin Stars ont tenu le public en haleine jusqu'à la fin. Ne feront qu'un rappel, mais après deux longs sets de longue et bonne tenue dans la soirée plus la route de retour à assurer, il était sage de ne pas leur en vouloir. Me suis aperçu ce soir comment la sonorisation du Tattookustom Festival était mauvaise, et comment une mauvais équilibrage du son peut nuire à la qualité d'un groupe. Non seulement les Tin Stars ne m'ont pas déçu mais ils ont emporté toute mon estime. Respect.

 

 

CODA

 

 

Quatre et demie du matin, j'arrête la teuf-teuf mobile. Rapide compte-rendu à mon chien avant de glisser dans les bras de Morphée. Très belle soirée, de plus en plus de filles dans ces soirées. Les rockers ont la cote ! Ne pas oublier les dames du bar, les étalages de fringues et bijoux. Plus sérieux, Steve Ryddell en personne qui présente ses disques ( que nous chroniquons fidèlement sur KR'TNT ), et la boutique Lenox avec ces caisses remplies de trésors rock'n'rolliens. C'est bon, vous pouvez faire de beaux rêves.

 

Damie Chad.

 

 

 

LOOK BOOKS

 

 

LES ANNEES BLUE NOTE.

 

PHOTOGRAPHIEES PAR FRANCIS WOLF.

 

Editions Plume. 1996.

 

MICHAEL CUSCUNA. CHARLIE LAURIE. OSCAR SCHNIDER.

 

Préface de Herbie Hancock.

 

C'est du jazz. Amis rockers vous allez adorer. Pourrez vous en servir comme plateau de la table de camping que vous êtes en train de bricoler. Sans regrets, trop grand, trop haut, trop large pour rentrer dans votre bibliothèque. De plus, pratiquement pas de texte, que des photos. En noir et blanc. Mais que voulez-vous les jazzeux n'aiment pas les couleurs criardes du rockabilly. De toutes les manières, à l'époque où elles ont été prises...

 

Enfin, ils auraient pu faire un effort d'imagination, en monochrome bleu, elles eussent été bien plus originales et auraient apporté la blue note idoine. Car il s'agit d'un livre d'hommage au label Blue Note. Une belle histoire, encore plus réjouissante que celle de Sun Records. C'est que Sam Phillips bien qu'il ait présidé à la naissance du rock, n'était qu'un talent scout des disques Chess à la recherche de la bonne affaire qui ferait Bingo ! En plus quand il l'a trouvée il l'a revendue à RCA.

 

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Avec Blue Note, c'est totalement autre chose. Le jazz existe depuis plus d'un demi-siècle lorsque Alfred Lion dirige sa première session. C'est un allemand fan transi de jazz que la misère et la montée d'Hitler au pouvoir poussent à se réfugier aux USA. Le pays de la liberté – c'est ce que l'on dit – et du jazz, ce qui est beaucoup plus véridique. Sera rejoint au dernier instant par un de ses amis qui quittera le pays de Goethe sur le dernier bateau empli de juifs que les nazis laisseront partir...

 

Aux pays des buffalos vont bouffer de la vache maigre et de l'encornée enragée aussi, nos deux immigrés. Qu'importe quand on aime le jazz, l'on ne compte pas. Enfin presque pas. Economiseront sou par sou. Tout cela pour le luxe de pouvoir offrir quelques heures de studio à Albert Hammons et Meade Lux Lewis... Non pas parce qu'ils pensent qu'ils vont se faire un max de pognon, mais tout simplement parce qu'ils aiment ces deux pianistes de boogie.

 

Se mettent au service des artistes. Les laissent longuement répéter tous frais payés, soignent la qualité de l'enregistrement, commencent à bosser sur les quatre heures et demie du matin quand tout le monde est encore chaud des concerts donnés la veille au soir dans les clubs... plus tard ils apporteront une précision maniaque aux notes des pochettes, et se serviront des photos de Wolf pour illustrer les covers. Ne courent pas après le fric, laisseront même Billie Hollyday et ses musiciens arrivés à l'improviste sur le trottoir car le studio est déjà rempli de musicos moins prestigieux mais en pleine création...

 

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Ce qui devait arriva. Blus Note devint le label d'avant-garde préféré des jazzmen. Un catalogue prestigieux d'Ornette Coleman à Wayne Shorter. Du Hard Bop au Free Jazz. Au milieu des années 60, le public se détourne du jazz, s'intéresse de plus en plus au rock... Alfred Lion, malade du coeur, prend sa retraite... le label sera vendu à Liberty – un nom cher à tous les admirateurs d'Eddie Cochran – dans les années 80, le label Mosaic se spécialisera dans la réédition des fastueux album Blue Note.... L'Histoire embaume ses plus chers cadavres. Alfred Lion refile à Mosaic les deux mètres cubes de négatifs et de photographies qui forment les archives de Francis Wolf. D'où le livre.

 

Un peu tristounet à mon humble avis. Wolf traque les expressions. Les visages se suivent, rires, sourires, inquiétudes, angoisses, malaises, tristesses, sérénités, réflexions... et finissent par se ressembler. Ne soyez pas traumatisés s'il vous semble qu'à force de le feuilleter le bouquin vous file le blues. C'est que vous vous êtes à point pour écouter le catalogue. Vous avez attrapé la note bleue. The Blue Note.

 

Avant tout pour les fans de jazz.

 

Damie Chad.

 

 

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