Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/10/2012

KR'TNT ! ¤ 115. SPYKERS / HOT ROCKS / STARGAZERS

 

KR'TNT ! ¤ 115

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

25 / 10 / 2012

 

 

 

PUB ADK / ROISSY-EN-BRIE / 20 / 10 / 12

 

a19.jpg

 

SPYKERS / SPUNYBOYS /

 

HOT ROCKS / NELSON CARRERA

 

GHOST HIGHWAY / KEYTONES / STARGAZERS

 

 

L'on avait galéré comme des bêtes au mois de février pour trouver le Pub ADK caché en un endroit inimaginable et incertain. Nous invitons le KR'TNTreader qui aime à résumer les épisodes précédents avant de se lancer dans nos nouvelles aventures à se rapporter à notre livraison N° 85 DU 19 / 02 / 12. Cette fois-ci grâce à notre prodigieuse mémoire des lieux et des paysages la teuf-teuf mobile s'est garée toute seule comme une grande avec une heure d'avance sur le parking intérieur de la Ferme d'Ayau. Obnubilés de précision historique comme nous le sommes nous nous devons de préciser que nous nous étions munis d'un GPS performant. Quand on ne court pas après le progrès c'est lui qui nous rattrape.

 

a20.jpg

 

Cette fois c'était du sérieux, fallait réserver à l'avance car s'ils avaient repris le trio infernal de la première mouture, ils avaient doublé la mise allant jusqu'à faire venir de l'United Kingdom deux groupes mythiques, Keytones et Stargazers. Pas plutôt descendus l'on tombe sur Stéphane des Hoops qui nous annonce des bonne nouvelles, leur participation sur le volume 4 Frenc Rockabilly, l'enregistrement d'un CD, la refonte de leur site sur le net... M'est avis que l'on reparlera très bientôt des Hoops sur KRTNT !

 

 

Le pub ADK n'a pas changé. En six mois l'idée de repousser les murs ne les ont pas effleurés. Se sont contentés de sortir les banquettes et de les regrouper dehors sous un marabout. Vingt-cinq euros la place, le sandwich à quatre et la boisson à deux. L'on ne peut pas dire que l'arrivée de la gauche aura fait baisser les prix. L'est sûr que que si la droite s'était maintenue l'on n'aurait pas noté de différence non plus. C'est ce que l'on doit appeler la malédiction des rockers.

 

 

THE SPYKERS

 

 

Non pas non plus songé à enlevé le pilier en bois – dont on fait les cercueils - juste devant la scène. C'est dommage car il y a toujours un musicos qui échappe à votre oeil. Ce doit être un jeu. Mais où donc se trouve le batteur ? Risquez pas le trouver. Les Spykers n'en ont pas. C'est le gars qui est assis sur son caisson. Tape dessus comme une lavandière du Portugal avec ses deux grosses mains. S'en sort plutôt bien d'ailleurs. Alterne les rythmes et les sonorités.

 

 

Difficile de juger les Spykers. C'est qu'un chanteur sans son c'est un peu comme un sandwich sans saucisson. Manque un peu l'essentiel. La guitare et la basse ce ne serait pas trop mal, la rythmique – auquel s'accroche le préposé à la chansonnette - non plus. Font un peu dans le style country cowboy. L'on percevra un Brown Eyed Handsome Man prometteur mais ce sera à peu près tout. Et pourtant je suis devant au deuxième rang ! Les copains qui sont restés pochtroner au bar n'en ont pas entendu une miette. D'autant plus râlant que lorsqu'ils ont terminé depuis moins de trente secondes et que l'on demande Emile au micro l'on entend une voix tonitruante qui retentit dans tout l'édifice. M'est avis que l'on s'est endormi du côté de la console. Vaut mieux penser cela qu'à un sabotage délibéré... Perso, je me serais cassé de la scène dès la fin du deuxième morceau.

 

 

THE SPUNYBOY

 

a27.jpg

 

Eux sont pas du genre à la lâcher. La prenne d'assaut le couteau entre les dents comme un équipage de pirates qui s'emparent d'un galion espagnol chargé d'or. Sont venus avec l'envie délibérée de faire main basse sur le public. Le mettre dans leur poche et repartir avec. Que ceux qui les suivront essaient de leur survivre !

 

 

Ne sont que trois, mais décidés à rafler la grande rifle. Rémi et sa contrebasse. L'on ne présente plus. Ce n'est pas une banane qu'il arbore fièrement comme un étendard, mais deux régimes entiers séparés par le canal de Panama. Rassurez-vous l'indolence des rythmes sud-américains, ce n'est vraiment pas son truc. Lui c'est le versant rockabilly sauvage. Grabuge assuré. Genre gosse suractivé. Peut pas rester sagement à côté de son instrument comme tout le monde. Faut qu'il la manie comme une poële à frire le jour de la chandeleur ou une raquette de tennis dans le grand chelem. Grand sportif, spécialité omnisport : sa calebasse blanche lui sert de tout : de cheval d'arçon pour un numéro d'équilibre au milieu des spectateurs la jambe gauche décrivant une élégante arabesque vers le plafond tandis que de son pied foudroyant il s'entraîne pour une future compétition de savate. Revenu sur scène debout sur le plan latéral nous fait aussi la démonstration qu'il n'est pas mauvais en surf surtout par temps de grosse houle. N'a pas tenté le bobsleigh en rentrant carrément dedans mais l'on sent que le désir frénétique le titille. Mais à force de faire le singe dans les auto-tamponneuses je remarque que toutes les coutures de sa contrebasse sont comme rembourrées d'une gaine protectrice. Ce mec-là c'est un personnage de dessin animé à lui tout seul, une espèce de Woody Woodpecker halluciné car non seulement il tente à tout instant d'arracher le pédalier des cordes mais en plus il pousse à toute blinde la locomotive du rockab sur sa voix, vers l'enfer de l'urgence et les territoires Comanches interdits aux hommes blancs.

 

a21.jpg

 

Pas longtemps que nous avions vu les Spunyboys à côté d'Auxerres. Voir notre chronique 99 de la dernière semaine de mai 2012. Je ne sais pas à quoi Eddie à passé ses vacances. J'ai l'impression qu'il a pris des cours d'accélération de guitare. Se débrouillait déjà mieux que bien. Mais là il est passé de la conduite vieux coucous au pilotage super-jet. Ne sort pas le grand cirque comme Rémi, ne quitte pas sa fender des yeux, reste tout près d'elle, mais qu'est-ce qu'il aligne sur le manche. Ne connaît plus la syncope, fonce droit devant sans regarder si quelqu'un ou un arbre traverse la route. Speed, speed, speed. Pas le temps de souffler. Court après le riff, le rattrape et le dépasse souvent. Dès le troisième morceau Mister B hurle dans mon oreille que le groupe joue un peu trop ted, un, deux, un, deux et ultra-rapide. Ce qui n'est pas faux. Mais c'est comme le paysage que vous matez de l'intérieur du train, au début vous percevez le bercement du shuffle, mais si vous êtes dans un TGV qui tente d'acquérir le ruban bleu de la célérité, au bout d'un moment vous ne voyez plus rien, les couleurs se fondent et se mélangent.

 

a28.jpg

 

Et je peux vous certifier que l'Eddie il aligne les poteaux électriques. Pouvez plus les compter, déferlent sur votre gueule et laissent la place au suivant. Pas le temps de perdre haleine. Pas d'arrêt buffet entre les morceaux. Un, deux, trois, et c'est arrivé. Apparemment personne dans le public ne souffre du mal des transports, tout le monde est debout en train de hurler sa joie dans les wagons et c'est parti comme en quatorze. Peux pas vous décrire comment Guillaume se démène à la batterie car ce maudit pilier central me le cache totalement. Heureusement qu'il n'arrête pas le son, car à ce que l'on entend doit pas être couché dans une chaise-longue à bronzer sous les sun-ligths. Un raffut sur les futs de tous les diables. Il est le boogie de sécurité, celui qui joint à coups de tampon les cavalcades de Rémi, mortelles galopées solitaires à cheval sur sa grande basse, et la charge héroïque du septième de cavalerie mené par Eddie. Doit bricoler dur, mais soude bien. Car quand chacun des deux solistes tire à hue et à dia, lui il fait la jonction et l'on se retrouve en présence d'un véritable groupe uni et indissociable.

 

a23.jpg

 

Par contre ils manquent de vocabulaire, n'ont jamais entendu parler des mots frein et stop. Vont tellement rapidement qu'ils nous offrent une parfaite application de la théorie de la relativité d'Einstein, plus ça va vite plus le temps se rétrécit. A peine une demi-heure qu'ils jouent – temps réglementaire imparti par l'orga - et il faudrait déjà ramener la loco à la gare. Rémi nous consulte du regard, sans préavis il tire sur le signal d'avertissement, l'on brûle le feu rouge et l'on s'offre une nouvelle course effrénée d'une demi-heure. Les autres groupes peuvent attendre. De toutes les manières, il ne sera pas facile de s'imposer après tant de fougue. La jeunesse n'a peur de rien. Elle a raison, surtout quand elle nous sert des plateaux repas de tels acabits avec boisson survitaminées au sang de dragon cracheur de flamme à volonté.

 

 

Puisent dans les reprises et dans leur propre répertoire. Nous bombardent de quelques grenades dégoupillées de leur futur – fin novembre- début décembre - deuxième CD pure dynamite.

 

 

Petit Papa Noël quand tu descendras du ciel

 

N'oublie pas de déposer dans mes souliers

 

Le Rockabilly Legacy des Spunyboys

 

Sinon je ne croirais plus jamais en toi

 

Et je ne pourrais pas jouer à la guerre nucléaire !

 

 

Sont sortis de scène comme ils ont joué, à toute vitesse, Guillaume se taillant la route parmi le public qui reprendrait bien un aller-retour, à grands coups de contrebasse. Z'ont mis tout le monde knock out. K.O. Debout. On n'a rien vu venir, mais on l'a senti passer.

 

 

HOT ROCKS

 

a29.jpg

 

A eux de relever le gant. L'on n'aimerait pas être à leur place. Réfugié derrière le bar, à la recherche de rafraîchissements, je les examine du coin de l'oeil. N'ont pas l'air inquiet. Semblent même être pressés de battre le fer tant qu'il est brûlant. Installent leur matos en un temps record. Sont sûrs d'eux. L'on sent que face à la jeunesse débridée ils vont opposer la carte de la maturité chevronnée. Les racines contre la modernité, le billy contre le rocka. L'expérience contre l'enthousiasme.

 

 

Les Spunyboys n'étaient qu'un tourbillon de spermatozoïdes vibrionnants dans les poches spermiques de leurs papas que les Hot Rocks écumaient les scènes françaises. Red Denis tapait déjà sur sa caisse claire dans les Sprites un groupe que l'on peut classer juste après le Rock and Roll Gang de Gilles Vignal qui accompagna Gene Vincent lors de sa tournée 1967 en France.

 

a30.jpg

 

Ont revêtus de leur tenue de gladiateur. Chemise rouge sang et veste blanche à zébrures noires. La réplique exacte de celle que portait Gene Vincent lors de la fameuse tournée en Australie avec Eddie Cochran et Little Richard. La tomberont vite, car il règne dans l'étroitesse de l'établissement une température qui doit avoisinaient les 45 ° à l'ombre. C'est Francis Gomez qui attaque du côté où on les attendait pas. Passe pas par la case Sun. Z'en auraient le droit eux qui ont joué avec D.J. Fontana. Non sort directement l'as de pique de chez Chess.

 

 

Gomez met la gomme d'entrée. Montagne de chair et voix tonitruante. La slap bass se fait toute petite dans ses mains. Une de ses caresses doit équivaloir à trois coups de boule sur le museau. Réincarnation de Willie Dixon. Nous voici projetés cinquante ans en arrière à Chicago. Les Hot Rocks jouent un autre film que celui interprété par les Spunyboys. Aux trois premiers accords, l'on réalise qu'ils ne vont pas jouer les figurants.

 

a32.jpg

( image empruntée sur michourock.centerblog.net )

 

 

Dès le second morceau c'est Alexis Mazzoleni qui se charge du chant. Je regrette un peu. Non pas que Mazzeloni soit moins bon, serait même plus technique que Gomez mais j'adore cette façon gomezienne de catapulter les mots, de les arracher un par un afin de vous les jeter à la figure comme autant de coups de poing sur le visage. Rentre dedans et ne permet pas à l'ennemi de s'échapper.

 

 

Faut avouer qu'Alexis Mazzoleni en impose davantage par sa guitare. Sacrée gâchette. Est capable de jouer tous les styles. Maîtrise toujours ce qu'il fait. Sur le manche il ne court pas après son ombre, il la précède. Mène la salle par le bout du nez. Les Spuny c'étaient des apprentis sorciers qui nous ont emportés dans les airs sur le balai impétueux de l'énergie. Les Hot Rocks, remettent les ampoules en place et revissent les boulons. Savoir-faire et maîtrise totale du sujet. Dommage qu'ils se contentent d'un set si court. L'on aurait aimé qu'ils doublent la mise. Veulent pas en profiter, il est prévu qu'ils accompagneront Nelson Carrera pour le set suivant qu'ils enchaînent sans le moindre entracte.

 

a37.jpg

 

NELSON CARRERA

 

 

Figure reposée, sourire aux lèvres, Nelson Carrera monte sur Scène. En février je l'avais trouvé un peu fatigué, manquant de pêche. Ses yeux pétillants démontrent qu'il n'en sera pas ainsi cette fois. Emmène avec lui Dominique Sorel, tout comme lui armé de sa rythmique, vieux complice du bon temps des Cool Cats. Trois guitares, autant dire que ça remue fort. Nelson se lance dans son répertoire, rock'n'roll mais avec un arrière goût country qui passe très bien. N'a pas fait trois morceaux qu'il rend hommage à Jerry Dixie l'un des pionniers du french rockabilly.

 

a34.jpg

 

Dix minutes plus tard, ce coup-là Nelson Carrera invite son «  maître » à le rejoindre. C'est un tout petit monsieur timide dans un costume de professeur qui monte sur scène. On le devine gêné par tant d'honneur. L'aurait préféré rester incognito. Trop modeste. Nelson lui passe sa guitare et tout de suite c'est la métamorphose. Nous bombarde d'un rockabilly de derrière les fagots dont il a à peine claqué les derniers lyrics qu'il cherche à s'échapper. Interdit. La demande de rappel est si unanime qu'il se fend d'une deuxième interprétation, aussi nette et précise que la précédente, mais déjà il décroche sa bandoulière et regagne l'ombre protectrice de la salle plongée dans le noir. Nelson reprend le micro pour souligner l'apport de Jerry Dixie au rockabilly français dans les années 80. Rajoute son plus grand titre de gloire, avoir composé des paroles pour Johnny Caroll. Personne d'autre ne peut s'en vanter dans notre pays.

 

a31.jpg

 

Mais la générosité de Nelson ne s'arrête pas là : c'est au tour de Dominique Sorel, ex-Cool Cats de s'avancer et de nous montrer ce qu'il sait faire. Après quoi Nelson se réapproprie enfin la fin du set auquel il donne une couleur country plus soutenue. Il est bien connu que le country est une musique propice à la nostalgie. Carrera s'en tire comme un chef. Aisance et élégance ce qui n'exclut pas précision dans le tracé et un volonté incisive de trancher dans le vif des morceaux. Public subjugué et conquis, on le laisse repartir avec regret.

 

a37.jpg

 

GHOST HIGHWAY

 

 

Moment crucial pour Ghost Highway. On les attend au tournant. Si Hot Rots et Nelson Carrera ont pu revendiquer un intelligent retour aux sources qui les a exemptés d'être comparés d'un peu trop près avec la rage des Spunyboys, les Ghost Highway ne s'en tireront pas comme cela. Même si leur répertoire est adossé à une certaine remastérisation de classiques rockabilly, ils sont par la faute ( pardonnée ) de Mister Jull sur une pente trop électrifiée pour ne pas relever le défi.

 

a38.jpg

 

L'espace est réduit. La section rythmique est comme regroupée autour d'Arno. C'est lui qui mènera l'attaque avec Jull qui n'aura qu' à se concentrer sur son jeu. Dès les trois premiers morceaux les Ghost hausse le ton. Pas très fort mais l'interprétation est plus ramassée, resserrée sur elle-même, presque plus âpre. L'on n'attendra pas longtemps pour avoir la confirmation de ce que l'on pressent. L'orage éclate sur Burning Love. Ne me dites pas que vous savez ce que c'est que l'amour si vous n'êtes jamais parvenus avec votre partenaire à une telle incandescence. Mister Jull ne nous fera pas le coup de foudre. Trop prévisible. Nous emporte dans une puissante envolée d'un lyrisme extraordinaire. Pluie de sperme et de foutre aux alentours. Aux cris d'extase frénétique que pousse la foule, elle doit aimer cela.

 

a39.jpg

 

Quatrième titre et les Ghost ont déjà gagné, nous tiennent dans leurs mains comme le potier sa boule de glaise. Reste toujours le danger de s'arrêter en si bon chemin et de relâcher la pression. N'y comptez pas, de toutes les manières qu'ils voudraient qu'ils ne pourraient pas, maintenant c'est le public les porte. Leur public qui comprend qu'on ne peut les laisser se dépatouiller seuls au milieu du gué. Les titres défilent secs, un Hypnotyzed à paralyser un cobra et ce sont les fantômes de Country Heroes qui s'incrustent dans nos nerfs surmenés. Jamais entendu l'harmo d'Arno si déchirant, nous découpe le coeur à la scie sauteuse tandis que par-dessus Phil siffle la plainte du loup perdu dans la nuit en mal ardent de sa harde.

 

a42.jpg

 

Je n'aperçois Zio que par intermittences. Pas de jeu de scène. Légèrement penché et les mains qui slappent sans s'arrêter. Pas de démonstration, juste de petites mesures en réponse à la batterie, pas plus de cinq secondes de t'es-là-j'y-suis-aussi pour replonger aussitôt dans son oeuvre souterraine de basse forge. Construit le mur du son, Zio et n'a pas le temps de chantonner avec les petits oisiaux. Plus tard, je ne sais plus quand au juste, il y aura ces deux notes, deux pas trois, moelleuse et fondantes, chaudes, craquantes à croquer, comme une aisselle de jeunes femme énamourée, un instant de grâce hors du temps, au-delà de la folie ambiante, comme le nid de l'alcyon dans la tempête. Et puis le grondement du tonnerre des cordes sous-tensions reprendra toute sa puissance.

 

a40.jpg

 

Ont l'audace de jouer Please Don't Leave comme dernier morceau. On aime bien les Ghost mais va falloir qu'ils rattrapent cette faute d'ironie douteuse par un final d'apothéose. Ce qui est le plus terrible c'est que tous ceux qui n'étaient pas là ne pourront jamais imaginer le moment de paradis qu'ils auront perdu. C'est un meddley de Goin'up the country et de Johnny Law. Non pas un truc à la va-vite bâclée en deux minutes trente cinq de malheur. C'est un coup de vent, une bourrasque qui semble ne jamais vouloir fini qui dure qui dure et qui emporte tout sur son passage. Jull ne joue pas de la guitare, il s'en joue. Il transcende. Chaque corde lui obéit au doigt et à l'oeil. Derrière Phil est devenu totalement fou. Il ne frappe pas. Il cogne. Il démolit. Il détruit. Arno tisse une rythmique d'enfer, Zio tsumanise les ondes sonores, et sur ce chaos sonore Jull fait chanter sa guitare, note par note, riff par riff, comme le rire d'un Dieu qui se baigne dans la tempête. Ô le délire mes amis ! C'est un charivari indescriptible, Mister Jull enragé couché par terre et sa guitare qui ne s'arrête jamais comme la flamme du phare au milieu de l'océan en furie. Zio et Arnaud sont sur lui, tous trois soudés à leurs instruments, l'un soutenant l'autre, tels des piliers à moitié effondrés qui se souviennent que sans eux la voûte du ciel s'écrasera sur le monde. Un moment magique. Un tumulte digne des dieux de l'Olympe. Grandiose. Terrible ovation finale du public fanatisé.

 

 

THE KEYTONES

 

a46.jpg

 

C'est au tour des anglais. Les Keytones qui prennent leur temps. Ce qui nous permet de sortir prendre le frais et discuter. Mais professionnalisme oblige, je rentre pour ne pas rater le début du show. Un voisin enthousiaste me demande si je connais. Que nenni, je ne savais même pas qu'ils existaient. Au début je pensais même que ça s'écrivait Quettone et que donc c'étaient des gars de chez nous, du nord. Ce que l'ignorance vous ridiculise !

 

 

Heureusement mon voisin me met au parfum. Suit le groupe depuis les années 80. A l'époque le bassiste possédait des cheveux, maintenant il a une boule de billard parfaite. Ont changé de batteur dans l'intervalle mais ont gardé le même style de musique. Du rockab agrémenté de Doo Wap et de jazz. En mon fort intérieur j'émets quelques doutes. Le jump et le jive me fatiquent un peu. Attendons de voir.

 

a47.jpg

 

Vite vu. De superbes musiciens. Connaissent leur table d'harmonie. Chantent juste. En choeur et chacun à son tour. Marient leurs voix. Font des wap-wap- bidou, et des bidou-bidou à n'en plus finir. Me hérissent vite le poil. D'accord, ils font d'abord un rockabilly parfait. Rien à reprocher tant au niveau du chant que du son. Mais après il faut se fader trois interminables laïus d'onomatopées bidon. Un petit rockabilly pour retenir le public et re-hop trois langoustines jazzizantes. Au bout de la neuvième roucoulade, suis sorti rejoindre Mumu et Billy pour discuter le coup.

 

a48.jpg

 

Mumu revient de Belgique, a vu le concert de Crazy Cavan, qu'elle a trouvé émouvant. Beaucoup fatigué le Cavan, mais s'est assis au milieu des gosses de huit-dix piges qui connaissaient ses chansons par coeur, et a chanté avec eux. Les rockers sont de grands sentimentaux. Très fleur bleue. Quand il lui a signé le billet de son concert à l'Olympia, il a regardé la date, 1980 ! « Oh ! Its a long time ago ! » a-t-il déclaré avec mélancolie.

 

a26.jpg

 

Mister B. nous avertit de la fin du succès. Les Keytones ont fini de japper, le Cavan s'enfuit loin de notre espace. Les avis sont partagés, un groupe de jeunes a beaucoup aimé, pour les autres c'est assez mitigé. Ce qui est sûr c'est que la salle a perdu la moitié de ses occupants.

 

 

LES STARGAZERS

 

a43.jpg

 

Mettent encore plus de temps à s'installer, c'est qu'ils sont nombreux : un organiste, un saxo, une guitare, un contrebassiste un drummer et un soliste. Faut les caser tous les cinq ! Encore un groupe mythique de la renaissance rockabilly en Angleterre dans les années 80. Beaucoup sont venus spécialement pour approcher les idoles de leur tendre adolescence.

 

a44.jpg

 

Avec leur veste noire et leurs noeuds pap, on les prendrait pour des néo-sixties pro-Shadows. Ont débuté en même temps que Crazy Cavan, mais du rock ils ne sont jamais allés beaucoup plus loin que Bill Haley. Ont plutôt remonté vers Louis Prima et le boogie-woogie. En 1980, c'était vraisemblablement nouveau pour beaucoup mais aujourd'hui avec toutes les rééditions l'on a accès beaucoup plus facilement aux originaux et il faut avouer que l'original est souvent meilleur que la copie.

 

a45.jpg

 

N'avaient pas la grande forme. Y mettaient du coeur mais parfois ça sonnait davantage comme un groupe de baloche, malgré le soliste éminemment sympathique... Ne restait plus qu'une vingtaine de personnes devant l'orchestre quand ils ont terminé...

 

 

IN THE TEUF-TEUF MOBILE

 

 

Dans la voiture l'on échange les impressions. L'on tombe d'accord. L'aurait fallu deux concerts. Mettre les deux derniers bands dans une autre programmation et laissé plus d'espace aux quatre premiers. Par contre c'était rempli serré comme le porte-feuille d'actions d'un PDG de multinationale. Z'ont même refusé du monde. Les habitués qui forment la moitié de l'auditoire et puis des gens très divers, jeunes ou couples qui viennent là, aux concerts rockabilly, parce que c'est un des rares endroits festifs où il se passe encore quelque chose.

 

 

Je range la voiture devant la maison. Cinq heures trente. Avais démarré à 17 h 15 tapantes. C'est ce que j'appelle une journée à moitié bien remplie.

 

 

Damie Chad.

 

 

URGENT, CA PRESSE !

 

 

MUSIC. N° 4.

 

La Bande Son des Sociétés.

 

Octobre – Décembre 2012.

 

 

Plusieurs fois que j'aperçois ce nouveau magazine sur les étagères du kiosque à journaux. La couverture ne m'avait jusqu' à lors, point trop engagé : un mélange de ringardise et de modernité douteuses. Mais ce coup-ci, comme il n'y a rien de bien intéressant sur le présentoir je me laisse tenter par le titre à l'extrême droite de la couverture : Virée à Memphis avec les fans d'Elvis.

 

a51.jpg

 

L'est pas tout seul le garnement de Tupelo, Hendrix, James Brown, Bob Dylan et Archie Shep l'accompagnent. L'on ne peut pas dire que chez Music l'on mégote sur le plateau des stars. Ne manque que Mickael Jackson et tout le monde aurait été content. C'était pourtant une occasion souveraine pour l'afficher, sans passer pour des ratisse-large, vu qu'en tout gros ils ont écrit : La Bande-Son du Black-Power. Comme il y avait aussi à l'affiche, Martin Luther King et Obama, se sont peut-être dits qu'il ne fallait pas exagérer.

 

 

Mais quel est ce vieux beau en pleine page couleur ? Comment donc une rockstar que je ne connaîtrais pas ? Peut-être Charlie Watts avec dix-sept liftings de plus et une nouvelle coupe de cheveux ? Que non ! Je déraille ! C'est Jean-Louis Servan-Schreiber ! Mais que vient-il faire dans les parages ? La première question de l'interview illumine ma lanterne : «  Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l'Aventure Radio-Classique en 1982 ? ». Je ne peux m'empêcher de chantonner Roll Over Beethoven de Chuck Berry, mais réfrénant mes natives tendances anarcho-culturelles destructrices je me plonge dans la lecture de l'entretien. Ne vais pas vous le résumer parce que l'on n'y apprend strictement rien. A part que Radio-Classique se voit depuis une dizaine d'années contrainte de repasser sempiternellement les mêmes tubes qui ont la cote auprès des auditeurs pour garder son panel d'annonceurs publicitaires... Ce sur quoi je leur souhaite intérieurement de disparaître tous, et les publicistes et la station, de telle manière que, la bande FM nettoyée de ses scories, l'on puisse entendre quelques radio-pirates rock'n'rolliennes...

 

 

Mais que vient faire ce vieux plumeau desséché de Servan-Schreiber dans Music ne manqueront pas de se demander les âmes naïves ? La question est mal posée. Il est chez lui. Music n'est pas un champignon hallucinogène surgi de nulle part. Derrière Jean-Louis Servan-Schreiber se cache un empire de presse à multiples tentacules. Chacun d'eux un peu indépendants, mais en sous-main tout cela se ramifie en un chemin sinueux qui part de L'Express, passe par L'Expansion, batifole dans les magazines Psychologies et Clés... Quand on fouille un peu l'on ne tarde pas à tomber sur le nom de François Lagardère... Que des gens de droite ! A vernis culturel. En apparence ouverts et affables. Se permettent même d'être impitoyable avec l'idole sarkoziste Johnny Hallyday, qu'ils couvrent de sarcasmes. Nous feraient prendre des vessies pour des lanternes, et leur gauchitude affectée pour de dangereuses options révolutionnaires. En réalité des éponges à fric. Pas des conservateurs rétrogrades. Beaucoup plus dangereux, des modernistes-libéraux. Qui avancent masqués.

 

 

Suffit de lire l'article sur la bande-son du black power pour comprendre leur tactique. Présentent les limites de l'acton non-violente de Martin Luther King. Embrayent sur les émeutes de Watts, vous citent les noms des principaux leaders des Black Panthers, poussent quelques larmes de crocodile sur la déconfiture du mouvement, mais retrouvent le sourire grâce à Obama. N'en dressent pas un portrait de super-héros. Le premier président noir a déçu son électorat. C'est triste, mais il vaut mieux que son challenger. CQFD, pourvu qu'il soit réélu. Cela nous enlèverait une sacrée épine du talon. Couperait l'herbe sous les pieds de toute révolte montante. Avec le ras-le-bol généralisé il ne faudrait pas qu'un crouton mormon attise sans le faire exprès le feu qui couve sous la cendre.

 

 

Ces gens-là prennent leur précaution. Instillent de bons sentiments à leur lectorat. Music c'est une resucée des Inrockruptibles. Mais ces derniers affiliés à la banque Lazarre jouent la carte socialiste. Music est positionné beaucoup plus au centre-droit – vous me direz que la différence n'est pas bien grande ! - une droite décomplexée qui affirme qu'elle aime le rock, le rhythm and blues, le blues, le jazz, le funk et toutes les musiques du monde. Pas raciste pour deux sous avec les musiciens noirs et africains. Sympa, mais qui surtout ne remettent jamais en cause les mécanismes de l'exploitation et des peuples et des pauvres, et des noirs.

 

 

Vous m'avez compris : Music pue de la gueule. Méfiez-vous de ceux qui sponsorisent vos révoltes. A ce jeu-là vous serez toujours perdants. Vous enferment dans une cage dorée ( ou en fer blanc ). Vous serviront tout ce que vous aimez sur un plateau, pourvu que payiez vos consommations.

 

 

Damie Chad.

 

JUKEBOX. N° 311.

 

Novembre 2012.

 

a50.jpg

 

Sympa, mais pas folichon. A part l'article de Tony Marlow sur Bo Diddley, très bien documenté, même si on regrette qu'il n'ait pas commenté d'une manière beaucoup plus technique le jeu de guitare de Bo, ce qui s'était révélé passionnant lorsqu'il s'était penché en juillet dernier sur Chuck Berry. Insiste tout de même sur l'apport fondamental de Bo à la constitution de ce nouvel idiome : le rock'n'roll, et la proximité de cette musique avec le blues de Muddy Waters.

 

 

Le fan du early french rock trouvera sans problème ses rubriques habituelles. Notamment les news et les chroniques de disques finales signées par Jean-William Thoury. L'on fait un peu trop souvent appel à votre porte-monnaie pour vous proposer des rééditions de morceaux ultra-rares, voire inédits. Toutefois avec Johnny, Eddy et Sylvie en couverture, la revue donne l'impression de tourner en rond.

 

 

Quant au fac-similé du N° 98 de Disco-Revue il vaudrait mieux l'oublier. Vide sidéral. Ca, une revue rock, laissez-moi rire ! La couve étale la gueule de gosse de riche de Frank Alamo. Interview désolante, ce jeune bourgeois qui habite encore chez ses parents ne savait que parler d'argent. Peut-être qu'il a réussi à emporter tout son fric dans sa tombe. C'est tout le mal que nous pouvons lui souhaiter.

 

 

C'est Laurent qui bat le Tambour pour Sylvie : quarante et un albums réédités format vinyl replica. Uniquement les enregistrements RCA Victor dont le mythique Sylvie à Nashville avec les musiciens d'Elvis. Quoique personnellement j'aurais un petit faible pour sa version de I'm Watchin' de Paul Anka, en anglais s'il vous plaît. En 1963 Vartan était la seule chanteuse française capable d'interpréter de tels morceaux.

 

 

Damie Chad.

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.