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28/09/2011

KR'TNT ! ¤ 66. ORPHEUS PAIN / MOON SQUARE

 

KR'TNT ! ¤ 66

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

A ROCK LIT PRODUCTION

29 / 09 / 2011

 

FESTIVAL DES MUSIQUES

 

24 / 25 SEPTEMBRE / NANGIS

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Pas la peine de songer à déménager tout près de chez moi ( à moins que vous ne soyez jeune, jolie, intelligente et très riche ). Deux festivals coup sur coup à quinze jours de distance à quinze kilomètres de la maison, en pleine Brie profonde, c'est défier les calculs de probabilité les plus optimistes, je le confesse, mais c'est pourtant la vérité vraie comme disent les petits enfants.

 

Vous connaissez le protocole, la teuf-teuf à fond la caisse, direction Nangis, capitale de la betterave sucrière pour les analphabètes qui ne connaissent pas leur géographie. Suis arrivé sur les 17 heures trente pour revoir Orpheus Pain ( Chose promise, chose due ). Pile sur les trois derniers morceaux du Hot Club de Samois. Soyons franc et avouons toutes nos turpitudes, n'ai prêté une oreille attentive que pour le final, à cinquante centimes la consommation - aurais-je omis de préciser que l'entrée est gratuite ? - j'ai d'abord opéré un arrêt-buffet au stand buvette.

 

HOT CLUB DE SAMOIS

 

C'est du jazz. Du old trad assureraient les englishes, oui mais nous sommes en France, au pays de Django Reinhartd, ce qui n'est pas rien – nous aussi nous avons une tradition ! _ et Samois ce n'est ni plus ni moins que le bourg où repose Django, et où tous les ans au mois de juin, vous pouvez assister à un super festival de jazz manouche avec des guitaristes venus de toute l'Europe. Une concentration de roms que notre cher ministre Hortefeux n'a pas encore osé reconduire à la frontière, mais il ne saurait tarder.

 

Vu la concurrence étrangère qui débarque à chaque printemps, lees membres du Hot Club de Samois n'ont pas intérêt à laisser rouiller les jointures de leurs doigts durant les longues soirées d'automne. Je vous rassure, se sont lancés dans une interprétation des Yeux noirs que je n 'hésiterai pas à qualifier d'échevelée. Quatre cuivres et trois gratteux. Ce sont les guitares qui ont remporté la mise, me demande encore comment ils ont pu s'arrêter à la fin du morceau. Leurs compères venteux en ont été les premiers sidérés. Se sont inclinés avec respect. Nous aussi.

 

Applaudissements chaleureux. Ne serait-il pas temps de passer aux objets plus proches de nos désirs ? Je ne suis pas sectaire, mais je n'aime que le rock.

 

LE BUS ROUGE

 

Pas de chance, faut encore attendre le bus. Rouge. Un beau nom pour un groupe de rock. La surprise c'est que ce n'est pas un groupe de rock. C'est une fanfare. Et c'en est peut-être mieux. Viennent de Lyon, tout de noir et de rouge vêtus.

 

Ne sautez pas le paragraphe. Pour sûr ce n'est ni le Magic Bus des Who, ni le Blue bus de Jim Morrison. Mais ça n'a rien à voir avec ces pelotons de quinquagénaires ventripotents et municipaux des philharmoniques villageoises. Sont pas plus d'une dizaine dont trois ou quatre jeunes femmes fort accortes.

 

Se la pètent pas un brin mais n'empêche que ça pète de tous les côtés, z'ont attrapé la danse de Saint Gui, sautent partout, se mêlent et s'entremêlent avec les spectateurs épatés, poussent des pas de deux avec les badauds esbaudis, font même du hip-hop, s'amusent comme des fous, improvisent des chorégraphies de clowns pas tristes, s'amusent plus qu'ils ne jouent, même si parfois ils sonnent comme une section de chez Stax, tuba, saxophones, trombone, clarinette et piccolo, le tout ponctué de caisse claire et de tambour occitan. Ne se présentent pas pour rien comme un orphéon déjanté. Un régal de roi.

 

Remportent l'applaudimètre de la soirée. Le public demande un bis bus, mais non, l'heure c'est l'heure, et c'est au tour d'Orpheus Pain.

 

 

ORPHEUS PAIN

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Le temps de se diriger vers le deuxième podium la foule s'éclaircit. Sous prétexte de rentrer les enfants avant la petite fraîcheur du soir l'on en profite pour filer à l'anglaise. Vous savez, avec ces musiques de sauvages, tout peut arriver. Tant pis, pour une fois ce seront les meilleurs qui seront restés. En plus l'audience n'est pas si maigrelette que l'on pourrait le subodorer, et il est évident que le bouche à oreille commence à drainer un public de connaisseurs autour d'Orpheus Pain.

 

J'ai l'impression de ne pas voir le même groupe. Attention, niveau qualité c'est la même tension. Mais paraissent plus détendus. Maya qui au Cri de la Betterave avait été pour ainsi dire, introverti et hiératique, enfermé dans un monde de solitudes n'appartenant qu'à lui, exulte. Il introduit les morceaux, donne quelques explications et virevolte autour du micro. Lui qui avait été comme emmuré dans la peine d'Orphée, marque de tout son corps la moindre vibration de la musique.

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Musique moins lourde mais de toute splendeur. Ondes noires et draperies funèbres. Chaque morceau divisé en séquences que l'on se doit de parcourir comme un chemin initiatique. La mort rôde. Cauchemardesque. Orpheus descend aux enfers. Sans doute ne va-t-il chercher nulle autre présence que la sienne. On ne badine pas avec l'amour dans cette musique en quelque sorte littéraire. Ambiance igiturienne.

 

Sans oublier pour cela de rutilantes chevauchées historiales. Fracas extérieurs et tourbillons de poudre. Eclats de bombes, pour mieux vous ramener à l'intérieur de vos propres souterrains, volutes d'escaliers qui descendent sans fin et s'incurvent vers le Styx alimenté par les larmes de tous les chagrins du monde.

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La voix aigüe de Maya fêle le cristal de votre âme. Orpheus Pain vous happe et vous entraîne dans les colimaçons du désespoir. Il existe une musique noire au diapason de cette lumière de même noirceur qui découpe les ombres afin de les rendre encore plus sombres. Cérémonie secrète en plein air, dévoilée à tous, mais dont les portes vous resteront hermétiquement closes si vous n'êtes pas à même de vous retourner sur vous-même afin de vous opposer aux lémures de la laideur qui marchent sur vos traces. Afin de vous poignarder dans le dos. Car l'on n'est jamais trahi que par soi-même. Orpheus Pain vous tend le miroir de vos cauchemars. Hélas ! vous ne pouvez vous empêcher de penser qu'ils vous ressemblent, comme deux gouttes d'eau de l'Achéron que vous ne traverserez jamais en vainqueur triomphaliste.

 

Et Maya qui a soif débouche une mini-bouteille de plastique. Geste à l'image du rock. L'eau mythique du Styx d'un côté, et de l'autre ce déchet consumériste de notre civilisation en fin de cycle. Grandeur et décadence de notre Eurydice perdue à tout jamais. Eau de source manufacturée et ce seul objet mallarméen dont le néant s'honore pour l'empaquetage.

 

Orpheus Pain nous rappelle que le rock est aussi la grandiose musique du dérisoire. Dans lequel nous taillons notre linceul.

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Orpheus Pain n'est pas un groupe à suivre. C'est un groupe qui vous précède.

 

 

MOON SQUARE

 

Retour sur le podium A. Plus personne à l'horizon. Pas très fair-play les gars. Personne ne s'attend à des miracles. Difficile de passer après Orpheus Pain. Qui est un groupe adulte. Nous voici face à des poussins sortis de l'oeuf. Groupe de lycée, avec tout ce que cette expression peut contenir de mépris et de dédain. Ce qui est une terrible absurdité. Passé vingt ans, l'on est déjà trop vieux de quelques années pour jouer du rock.

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Le rock est par excellence une musique rebelle portée à bout de bras par de très jeunes gens. Si votre public niche dans les décennies supérieures, demandez-vous quels barreaux de l'échelle vous avez ratés. Vous vous croyez tout en haut, mais en fait vous êtes au fond du trou. Que vous avez creusé vous-même. Il est vrai aussi que l'on n'est jamais mieux servi que par soi-même !

 

Bref à part quelques parents et les copains du lycée, pas grand monde pour zieuter ce carré de lune. C'est un tort. Moon Square n'a peut-être pas trouvé la quadrature du cercle, mais vous non plus. Voici une bonne raison pour se rapprocher.

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Surprenant. Groupe de musique. Avant tout. Longues envolées de guitares. Parfois Robin chante dans le micro, mais l'on sent que c'est un exercice un peu obligé. Moon Square n'en est pas pour autant un groupe instrumental. L'on se croirait au local de répète, lorsque l'on a trouvé le bon tempo et que l'on joue pour le plaisir de jouer, sans se presser, pour exprimer sa seule satisfaction de produire un son qui se tient.

 

A droite, Nicolas le bassiste ne nous paraît pas à la fête. Est un élément rapporté, la première basse s'étant enfui à la première bise de l'insuccès. On fait confiance à Nico pour prendre toute sa place.

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Sacré batteur. Nathan bataille pour deux. Assure le roulement et le fond de train. Du costaud. Jamais fatigué, énergie sans limite, c'est lui donne au groupe sa cohérence. Avec une telle machine actionnant ses pistons sans relâche l'on peut couler quelques bielles par-devant. Les guitares d'Armand et de Robin entrent peu à peu dans le rythme. Ce n'est que dans les derniers morceaux qu'Armand imposera son propre jeu. Jusques alors il aura laissé Robin tirer un peu trop les cordes à lui.

 

Le résultat n'est pas du tout mauvais. Faire chanter deux guitares et rien que cela n'est pas à la base très excitant lorsque l'on n'est pas des as du manche. Mais Armand et Robin ne se débrouillent pas trop mal. Ce qui est certain c'est que l'on ne s'ennuie jamais. Pourtant les morceaux ne sont pas particulièrement courts. Apparemment chez Moon Square l'on aime la difficulté.

 

N'ont pas des dizaines de concerts à leur actif. L'on peut postphétiser la fête du Lycée et la fête de la musique ( passée ou à venir ) mais ce retour au rock de toute une partie de la jeunesse après toutes ces années perdues à rapper sur de mauvais play-back téléchargeables à la pelle sur internet cause un bien fou.

 

Nos quatre corners du carré lunaire fabriquent leur propre musique et les voir s'appliquer est jouissif. Comme souvent nous préférons le direct live à la démo – qui vaut le détour - que vous trouverez sur myspace.com/moonsquare/music/.

 

Moon Square s'offre d'infinies chevauchées psychédéliques. Elles possèdent le défaut de ces errances par trop bavardes qui engorgèrent bien des sillons à la fin des années soixante. Il peut paraître étrange que des jeunes d'aujourd'hui aient envie de renouer avec de telles prouesses. L'admirable c'est que l'on revient aux fondamentaux, aux racines en faisant l'impasse sur les dérives nationalo-franchouillades de ces vingt dernières années. Un tel parti-pris est la preuve éclatante que les lignes bougent et qu'une nouvelle génération, encore informelle, se profile à l'horizon rock.

 

Damie Chad.

 

Pour les photos on les a fauchées sur les sites des groupes . Elles ne correspondent pas au festival de Nangis.

 

 

GUITARES ET GUITARISTES DE LEGENDE. DOM KIRIS.

Préface de Louis Bertignac et de Paul Personne.

Présenté par Gilles Verlant.

 

126 pages, un livre qui se feuillette avec amour. Pardon, avec désir. Pas du tout exhaustif mais suffisant pour faire rêver. Rien que les dix premières craquantes pages sur Gretsch : de la White Falcon à la Blazing red rectangulaire de Bo Diddley en passant par la 6120 d'Eddie Cochran et de Brian Setzer, sans oublier Duanne Eddy et Lee Hazelwood le producteur touche-à-tout de génie, vous vous sentirez heureux.

 

Passons sur les Guild et les Ibanez ( enfin si vous en avez en trop chez vous envoyez-les à la maison ). Tiens, tiens Joe Satriani joue sur Ibanez JS... Halte sur les bonnes vieilles acoustiques Martin : Jimmie Rodgers, Dylan, Hank Williams, Elvis... qui dit mieux ? Et Johnny Cashh avec sa Martin aussi noire qu'une aile de corbeau sur un catafalque !

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Gibson, on commence par la mandoline, l'on poursuit avec Maybelle Carter et Emmylou Harris ( décidément certaines femmes ont vraiment tout pour nous séduire lorsqu'elles sortent le grand jeu ). Mais les messieurs ne sont pas de reste non plus, Charlie Christian, Scotty More, Merle Travis, B. B. King, Alvin Lee, Marc Bolan, Jimmy Page, Eric Clapton, Mick Taylor, Jimmy Hendrix, n'en jetez plus ! Il n'y a que pour Charlie Christian que j'opposerai un bémol, difficile de discerner sa touche particulière trop souvent noyée dans les grands orchestres. Mais peut-être faut-il une oreille musicienne plus subtile que la mienne pour la discerner.

 

Abordons l'autre gros chapitre : Fender. Telecaster et Strtocaster. Avec ces deux noms, vous avez déjà résumé l'histoire du rock'n'roll. Steve Cropper, Muddy Watters, James Burton, Albert Lee, Jeff Beck, Bruce Spingteen, Keith Richards, Hendrix, Buddy Holly ( décidément l'on trouve toujours le moyen de citer son nom à chaque livraison de KR'TNT ), Hank Marvin ( fureur Apache dans notre coeur ), Mark Knopfler, Clapton, Steve Ray Vaughan, et pour finir sur un coup de feu, Kurt Cobain.

 

Ovation la guitare à Dadi. Je n'aime pas beaucoup Marcel. L'avais entendu sur scène, en 74, ironiser sur Mitchhell qui était parti enregistrer son Rocking in Nashville... à Nashville comme il se doit. Trois mois plus tard le petit Marcel a pris son billet d'avion pour commettre lui aussi son pickin' avec les pros du genre à... Nashville.

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Rickenbacker, l'instrument des Beatles. On évitera de dire du mal. Roger McGuinn des Byrds sera beaucoup plus concluant. D'après nous. Le bouquin arrive à sa fin : Taylor, ce n'est pas la guitare à Vince, mais celle de Prince. Passons. La Paul Reed Smith ( dites PRS, vous aurez l'air de mieux vous y connaître ) utilisée par Carlos Santanas ( toujours pensé qu'il valait mieux traiter avec la Fender de Clapton Dieu qu'avec la PRS de ses santanas ).

 

L'on revient aux sources : la Dobro de Jerry Douglas, et la National de Son House et d'Elmore James. La Selmer de Django Reinhart, autre chose que l'Epiphone et l'Höfner de Paul McCartney ! Je vous laisse feuilleter la Valco, la Dean, et la Jackson... + les quatre pages sur les amplis et les pédales Ouah-Ouah comme dit mon chien.

 

Bref, rien que l'on ne sache déjà mais que l'on ne cesse d'apprendre.

 

Edité en 2008, aux éditions Fetjaime. Beau format paysage. Belles repros. Excellent petit manuel de vulgarisation pour les néophytes. A notre connaissance ( qui n'est pas infaillible ) ce que l'on peut trouver de mieux, en son genre, sur le marché, actuellement.

 

Damie Chad.

 

 

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