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16/09/2010

KR'TNT ¤ 09.

 

KR'TNT ¤ 09

ROCK'N'ROLL CLANDESTZINE FLYER / N° 9 / 01 / 12 / 2009

A ROCK-LIT PRODUCTION

 

13 / 11 / 2009. Provins / au Local / 64 rue d'Esternay /

 

 

JULL & ZIO

 

Dès le premier numéro de KR'TNT l'on vous avait promis de reparler d'Old School. L'on ne devrait jamais faire de promesse. L'Old School est finie. Le groupe a fermé ses portes, mais inutile de verser des larmes de crocodile, deux de ses membres sont toujours là, et bien là. Avec Phil de Burning Dust en renfort à la batterie. Et autant en emporte le rock'n'roll !

 

Jull à la guitare et Zio à la contrebasse. N'est-ce pas suffisant pour un bon shot de rockab entre les deux oreilles ? Ce qui n'enlève en rien les mérites de Phil qui toute la soirée assurera un tempo à toute épreuve tout en se pliant avec un doigté admirable aux pires chevauchées de nos deux pistoleros. Mais ce soir nous ne quitterons pas des yeux nos deux électriques acolytes.

 

Donc Jull joue. Difficile d'être un guitariste de rockab en ce début de millénaire. Le genre est miné. Etayé de partout, avec à ses quatre points cardinaux les totems infranchissables des piliers du temple : Gene, Elvis, Carl,et Johnny Burnette. De purs génies certes, mais difficile de trouver la quadrature du cercle en un espace si confiné.

 

Jull n'est pas de ceux qui essaie de se maintenir fifties-fifties à égale distance de chacun d'eux, de chacun dieux. Sa guitare recherche la tangente. Il plaque des accords mais pas la sclérose. La pauvre syncope rockab en prend plein la tête. Faut voir comme il vous la malmène, la cisaille de breaks dévastateurs, pour finalement, l'air de rien, retomber sur ses pieds, l'éther de tout. Ni vu ni connu, va comme je t'embrouille.

 

Deux sets,et la gretch ne chôme pas. Il ne s'agit surtout pas de s'endormir dans la facile cadence en roue libre d'un honky tonk de grand-papa pour touriste auditif de pacotille. A ses côtés Zio a compris que l'on descend dans les roots de l'american music. Pas celle à l'accent nasillard des cow-boys malboro, mais l'autre qui brise sans arrêt les grilles d'accords pré-établies dans lesquelles on voudrait la cantonner.

 

Jull annonce un hommage à Cliff Gallup. Pas question de reprendre Be bop a lula à la note près. Ce genre d'exploit commémoratif n'est guère créatif. Jull cherche à retrouver l'âme du jeu de guitare du soliste des Blue Caps. Zio s'affaire sur sa basse qui vrombit à en barrir presque plus fort qu'un mastodonte, il martèle une matière chaude, vivante, brûlante, sur laquelle Jull pique des envolées et lamine des notes de feu. La petite Lulu n'a jamais été aussi be bop, et Gallup autant Django. Pas difficile après une telle démonstration de comprendre ce qu'un white Gene rocker est allé cherché chez les nègres du quartier, la swingante pulsation de la musique zigzaguante dont la syncope rockab n'est qu'une forme, peut-être la plus idéalement stylisée, mais tout de même une forme parmi tant d'autres.

 

Je reviens sur Jull, j'insiste, un peu comme lui, qui eut tant de mal de quitter la scène, qu'il nous régala d'un rappel fleuve . Jull est un de ces rares guitaristes qui refuse de figer la musique et de nous laisser traîner dans les mêmes plans éculés. L'on évoquera une démarche similaire à celle de Brian Seltzer, et l'on n'aura pas tort, même si personnellement j'évoquerai plutôt une expérimentation musicale beaucoup plus proche de celle d'Eddie Cochran. Avec cette approche, très moderne d'Eddie, de pratiquer toujours un son nouveau, de trouver le petit plus qui fait la différence, non pas pour la recherche un peu stérile d'une originalité forcenée, mais pour le plaisir d'explorer l'extension de tous les possibles d'un même accord. Bien sûr qu'il y a aussi du Jeff Beck dans cette concision rageuse !

 

De nouveau sur Zio et sa contrebasse qui pas une seconde ne se contente d'accompagner son guitariste. Zio ne livre pas un bruit de fond que Jull n'aurait plus qu'à découper en tranches saignantes de quelques savantes ponctuations gretchiennes. L'on a l'impression qu'il propulse sans arrêt sous le nez de la bête la cape qui s'en vient s'enrouler autour du mufle du taureau. Zio joue au plus près des cornes, il a compris qu'avec un tel partenaire plus il donnera, plus il recevra. Et le dialogue n'est pas prêt de s'achever en si bon chemin.

 

Précisons que Jull se charge aussi des parties vocales. Un chant sonore, rapide, à l'image de ses riffs décochés à toute vitesse, dont on ne saisit la justesse de l'intervention et l'à-propos vocal qu'une fois que la voix s'est tue. Et pour cause l'on reste en attente de la reprise de la voix ! Bref une superbe performance. Merci Zio, ave Jull César.

DAM CHAD.

 

Un grand merci à Totone et à son accueil, tout en souhaitant une longue vie au Local.

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