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19/10/2016

KR'TNT ! ¤ 299 : BOB DYLAN / PLAYBOYS / POPA CHUBBY / JALLIES / TOM ROISIN / SENTINHELL / NICK COHN / TENNESSEE WILLIAMS

 

KR'TNT !

KEEP ROCKIN' TILL NEXT TIME

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LIVRAISON 299

A ROCKLIT PRODUCTION

LITTERA.INCITATUS@GMAIL.COM

20 / 10 / 2016

 

BOB DYLAN

PLAYBOYS / POPA CHUBBY

JALLIES / TOM ROISIN / SENTINHELL

NICK COHN / TENNESSEE WILLIAMS

UN PRIX NOBEL POUR BOB DYLAN ?

La nouvelle en a fait sursauter plus d'un, Bob Dylan se voit décerner le Prix Nobel de littérature 2016. Pour une fois au moins l'on cause dans les médias de ce satané prix de Littérature que l'on avait pris l'habitude d'escamoter au plus vite depuis une vingtaine d'années. L'est vrai que Bob Dylan est diantrement plus célèbre que Sveltana Alexievitch couronnée en 2015. Au moins Dylan, tout un chacun connaît, et peut émettre un avis non autorisé sur cette attribution.
Certains abordent le problème sous un angle d'attaque riquiqui : se délectent de l'angoissante question : Dylan le mérite-t-il ? Vu le nombre de nobélisés retournés à l'anonymat depuis un siècle, vaudrait mieux ne point se risquer à de prophétiques conjectures. Rappelons que ni Rainer Maria Rilke, ni Robert Musil, ni Marcel Proust, ni James Joyce, n'ont accédé à cet honneur. Ces absences remettent le prix à sa juste place de distinction somme toute hasardeuse. Ni un sacrement, ni un couronnement. Tout juste une récompense. Un colifichet mal fichu de la gloire. Que Stéphane Mallarmé se plaisait à accroire irréfragable.
Ma première réaction ? C'est sympa pour Dylan, mais en avait-il besoin ? Financièrement non. L'aurait mieux valu le refiler à un écrivain qui a du mal à boucler ses fins de mois. Au moins cela aurait été utile.
Ensuite l'envie de bomber mon torse ( velu et musclé ) de rocker. En honorant Dylan c'est toute la culture rock qui est hissée sur le grand pavois. Notons que dans bien des avis égrenés sur les antennes et la toile, les impétrants emploient à quatre-vingt dix neuf virgule neuf pour cent le doucereux vocable passe-partout de chansons pour évoquer l'oeuvre de Dylan. A croire que le mot rock and roll leur écorche encore la bouche....
Je terminerai par cette inquiétude. Recevoir le Prix Nobel de Littérature n'est pas obligatoirement bon signe. A l'échelle nationale le jeu consiste pour un écrivain à être élu dans un des fauteuils de l'Académie française. Cela sent un peu la naphtaline et le faisandé. Le rock'n'roll, vecteur dune certaine idée de contre-culture underground et de révolte existentielle serait-il devenu si inoffensif que l'on puisse déjà initier son embaumement ?


Damie Chad.

BETHUNE RETRO / 28 AOÛT 2016
PLAYBOYS

Playboys don’t cry

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Rob Glazebrook est arrivé sur la grande scène de Béthune Rétro en plein dimanche après-midi ensoleillé. Quoi, les Playboys passent dans le camp des rockabs du dimanche qu’on charge de brasser large ? Non, heureusement, Rob ne mange pas de ce pain là. Il porte une chemise Tahiti comme tous les rockabs en été, et tient haut sur la poitrine sa vieille Les Paul noire. Il porte une barbe miteuse et affiche une bouille rigolarde à la Bukowski.

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Des tatouages lui mangent le cou et en deux ou trois cuts, il remet les pendules à l’heure. Rob est là pour shaker le shook. C’est une grande gueule, un vétéran de toutes les guerres, un vieux briscard du circuit, il sait toiser un beffroi et régaler la compagnie. Rob est un géant du rockab anglais, il nettoie les ardoises et redore les blasons, il plie les genoux et swingue sa soupe avec une aisance confondante. Il ébahit sans le vouloir. Il ouvre sa grande gueule et le Rétro reprend tout son sens.

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Il claque ses solos et se marre comme une baleine, il revient au micro raconter des conneries, il parle du fromage et du pinard, il crée les conditions du contact, il fait l’effort de truffer son délire de mots français, ce qui est assez rare pour un Anglais, et puis entre deux cuts qui passent comme des lettres à la poste, il nous tape une version magique de «Wild Cherry», ce cut bizarre et envoûtant monté au shuffle de charley et qui doit être si difficile à jouer, car bien déboîté de la clavicule de Salomon. C’est peut-être ce qui intéresse Rob, le déboîté, le déclassé, le chemin de traverse, l’exotica et les syllabes sauvages, celles qui sautent en marche du beat pour créer du vénal moite.

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Ce mec a du jus en réserve, s’il calme le jeu avec une pièce un peu suave, c’est pour mieux revenir au rockabilly sauvage qui a sûrement nourri toute son enfance, car il ne se contente pas de le jouer, non, il le chevauche, comme un cow-boy de rodéo chevauche un étalon sauvage. On sent la poigne, le métier et la passion. Rob is burning hot ! Rob Glazebrook entre dans la caste des puristes activistes, ceux qui comme Bloodshot Bill ne lâcheront jamais la rampe et qui ont assez de talent pour que personne ne puisse douter un seul instant de leur détermination.

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Il va parfois sur des choses plus rock’n’roll, comme sur ses albums, mais ça passe bien, car la voix est au rendez-vous. Son stand-up man et son batteur charpentant bien le son, Rob peut se livrer à quelques facéties et son copain saxophoniste amène la petite touche wild fifties qui lubrifie bien le passage des cuts d’exotica.

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Oui, Rob fait partie des gardiens du temple. Sur scène, il rappelle qu’il fait ça depuis trente ans, et on le croit sur parole. All the way from non pas Memphis, mais UK Bop city, ce qui au fond revient au même. Rocking wild with Rob. Twisting the beff’ away.

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Discographiquement parlant, on compte quatre époques dans l’histoire du dysnate Rob : le temps où il accompagnait Ronnie Dawson, puis les Playboys, ensuite les Houserockers et un projet plus bluesy, les Broadkasters.

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Si vous voulez l’entendre gratter derrière Ronnie Dawson, alors il faut mettre le grappin sur une copie de Rockinitis, paru en 1989. Rob joue sur trois cuts (le morceau titre, «A Real Good Time» et «I’m Tore Up») et Boz Boorer des Polecats joue sur les autres. Le morceau titre est un rocky road blues à la Bo Diddley, haché menu avec une belle intention vaudou. On assiste à un retour en force du slap dans «Yum Yum Yum». Ce brillant slappeur s’appelle Matt Redford. Son de rêve, slap sourd et finement métallique, structure classique mais la qualité du chant et le pulsif ventral du slap font toute la différence. En B, on se régalera de «The Cats Were Jumpin’», un beau rockab joliment agencé, bien juteux, sévèrement swingué. Finalement, les Anglais s’en sortaient plutôt bien. «A Real Good Time» est du pur Jerry Lee, même assise de voix, même penché de glotte, même façon de dominer le monde, même prestance de chef de guerre dressé sur ses étriers. Pareil pour «I’m Tore Up», chanson de poivrot d’Ike Turner dans laquelle Ronnie raconte comment il dépense sa paye dans les bars avec les copains. On imagine le bonheur qu’a dû éprouver Rob à jouer ça.

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L’ère des Playboys s’ouvre en 1989 avec l’album Invitation To Death. On y trouve deux belles choses, à commencer par «Anna Mae», pur jus de rockab saxé de frais. Voilà l’Admirabilis de Paracelse, le grand bop du Pic de la Mirandole. Si vous aimez bien le British bop bien intentionné, c’est là que ça se passe. On tombe plus loin sur l’excellent «What’s The Matter» qui sonne comme un hit rockab condamné à l’underground des collectionneurs. Just perfect. Voilà encore un cool cut joué au slap, mais comme les Playboys n’intéressent qu’une poignée de gens en France, c’est condamné aux oubliettes. Dommage, car Rob sait bigner le bop. Il adresse aussi un clin d’œil à Buddy avec «You Cheated Me» et sort pour l’occase le chant idiot idoine. Puis il joue «Dreamer» la main sur le cœur et propose plus loin un autre hit de juke qui s’appelle «The Cats Come Back» et qui sonne comme un message d’espoir.

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Rob comes back cinq ans plus tard avec l’album 21. Quatre merveilles s’y nichent, notamment «Bloody Mary», aussi repris par Barrence Whitfield. Rob pousse des cris et part en drive de cruise. C’est l’une de ses spécialités. Il fonctionne comme Frankie Ford, il avale le bitume. Il sait créer l’événement avec du cousu de fil blanc et soudain, il casse le beat et se cale sur la charley, l’un des trucs les plus difficiles à réussir. Il fait aussi un joli carton avec «Wild Cherry» qu’il prend d’une voix bien alerte. Ce qui frappe le plus chez lui, c’est son énergie. Il sonne terriblement anglais, il pousse son falsetto infecté dans les orties. Rob est l’un des chanteurs de rockab les plus attachants. Plus loin, il emmène «Is It True» au pas de charge. Ce mec est marrant car complètement dévergondé. Il sait aussi piquer des crises et faire le survolté. Un solo de sax tombe là-dessus comme de l’huile sur le feu. Encore un hit avec «Come Back Judy», joué plus heavy. Les Playboys tiennent bien leur rang, ils jouent avec une classe impériale. Rob cuit ça au gratin de heavy boogie dauphinois. On trouve aussi sur cet album une belle reprise d’«Ooh Wee Pretty Baby» de Long John Hunter.

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La même année paraît Strike It Lucky, encore un gros album-dinde farci de hits. Sur «Orieta», Rob hurle comme un démon. Ça joue au beat des vainqueurs. Dans «Skippy Is A Sissy», Rob passe un killer solo et son copain saxeur arrose au sax pour activer l’incendie. Tiens, encore une histoire de bonne femme avec «Cindy Lou». On assiste là à une belle voltige de rock’n’roll et Rob y place un solo enragé, digne de l’institut Pasteur. Encore un hit avec «The Train», un cut magnifique de waiting at the station for the girl come home. Rob a du feeling plein les bronches et plein les rotules. Il est magnifique de défiance et d’exaltation. Il bat tous les records de véracité. «Flying Fish» compte aussi parmi les cuts endiablés de l’album. D’ailleurs, tout est endiablé sur cet album. Tout est noyé de son, d’énergie et de sax. Avec Strike It Lucky, les Playboys reviennent au pur rock’n’roll des fifties.

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Quand on écoute Feeling Good paru en 1996, on comprend que Rob Glazebrook fait partie du patrimoine britannique. Ce mec est ce que les anglais appellent un buried treasure, un trésor caché. La preuve ? Tiens, écoute «Feeling Good», le boogie d’ouverture du bal qu’il joue avec sa Gibson bien haut sur la poitrine. On assiste là à une fantastique débauche de bon beat de boogie. On sent bien battre le pouls du boogie. Il prend plus loin «Mean Ol’ Frisco» au riff teigneux. Voilà encore un cut terrifiant de grandeur d’âme et claqué aux accords violents. Rob a le diable au corps. Quand on l’écoute jouer, on le revoit twister du genou sur scène. Encore un cut diabolique d’énergie et de son avec «Slippin’ The Strings». Les Playboys foncent ventre à terre et Rob gratte toutes ses notes aux allers et retours. Il enchaîne avec un autre brûlot, «Little Lil’», un cut du set sur scène - You go to hang on the string - Rob enroule son chant sur la musicalité de Little Lil’/ Little Lil’ et il relance encore et encore, il enroule les little Lil’/ Little Lil’ you make my heart sing. Pur génie. Et le sax chauffe la marmite.

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Easy Rocking restera sans doute le meilleur album des Playboys. Ce disque est un gros tas de dynamite. Allumons la mèche et paf, «Shake Your Hips» explose dès les premières mesures. Rob salue Slim à coup de boogah shooté d’hot harp. Rohan Lopez souffle dans son harmo comme le fils caché de Little Walter et de Saint-Guy. Rob et ses diables d’amis en font une fantastique version longue, bien ancrée dans un mix de rockab et de hot boogie swampy. On frise l’hypnose fatale. Bien sûr, Rob va revenir à son cher rock fifties, celui qu’il affectionne particulièrement, avec des cuts comme «Little Miss Pancake», ou encore un «Rockin’ N Scrapin’» très saute au paf et drivé par un jive d’exception, oh yesss, le pire bop de swing qui soit ici bas, Bob. Retour au boogah rockab avec «Baby Treat Me Right», joliment slapé à la bonne franquette d’early in the morning, bien endiablé et digne des third-rate ragtag bands de bucket of blood down in Louisville, Louisiana. Bienvenue dans l’enfer du boogie ravageur, baby, dans un infernal bayou d’hot harp. Encore plus déterminant, voici «24 Hour Girl», un vieux boogaloo chauffé au sax - She’s my girl ! Well she’s my girl - Rob fait du crawling Gene Vincent de cuir noir qui ne va pas bien - Oh oh man she’s my girl - Eh oui, c’est un disque hanté par des esprits, Gene, Slim, the Conjure Woman de Tony Joe et Rob le hâbleur. Dans «She Sure Can Rock me», Rob se prend pour une espèce d’Esquerita blanchi à la chaux de fond et quand Rohan le guerrier prend son solo de sax, eh bien figure-toi qu’il se croit dans les godasses de Lee Allen, l’animal on est mal. Few ! ferait l’Anglais, it rocks ! On passe au groove des auto-tamponneuses avec «Revenge», paradis de la bigne et des blondasses ! C’est saxé de frais et perdu dans les fifties. Quel shoot de nostalgia et d’amertume mercuriale ! Alors, attention, car l’«Easy Rockin’» qui donne son titre à l’album est beaucoup trop endiablé. Franchement, le batteur Ritchie Taylor est beaucoup trop doué. Il se croit dans les godasses de Gene Krupa, il se prend littéralement pour la charge de la brigade légère et fait un vrai numéro de cirque. Mais on assiste au retour de Rob le démon avec «Dizzy Miss Lizzy». Son petit jeu consiste à rallumer la mèche à chaque morceau. Sa version de Dizzy est une merveille d’énervement carabiné. Inutile de vouloir calmer un mec pareil. C’est Lucifer avec une guitare. Il claque son solo en accords. Comme il est dit dans le Nécronomicon, le génie jaillira des entrailles de la terre. En voilà la preuve avec «Don’t Start Cryin’ Now», et cette fois, Rob ne rigole plus. Dégage connasse ! Arrête de chialer ! T’es pas contente ? Il joue les cadors et lâche un pur jus de rock de rockab avec des oh yeah qui se fondent dans les coups d’harmo, et soudain, Rob part en solo flash. On l’aura compris, c’est un album dramatiquement bon. Rob est un roi du rock fifties, il en cultive l’essence. Il finit avec «Rock-A-bye Baby Blues», coup de chapeau écœurant de classe à Buddy Holly, explosé dans le contexte du cortex. À ce stade de la situation, les Playboys sont complètement irrécupérables.

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Le dernier album en date des Playboys s’appelle Gotta Be Lose. Rob y présente une sélection de cuts qu’il adore, à commencer par l’effarant «Sugar Doll» de Johnny Jay. C’est slappé à l’os du bop et Rob charge bien son Sugar Doll. Il tape aussi «Henrietta» de Johnny Dee, un solide walking-rock chanté au vieux guttural. Rob s’énerve après Henrietta. Il y frise à la fois Jerry Lee et Little Richard. Il tape aussi «Mutha» de Jimmy Bing, un hit inconnu de plus avec un solo monté sur le pont de la rivière Kwai. Dans ses notes de pochette, Rob se souvient d’avoir accompagné Rusty York sur scène pour «Sugaree», et il dit le plus grand bien de «Gotta Be Loose». Mais bizarrement, l’album est nettement moins dense que les précédents. Ouf, ça permet de se reposer.

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Les Houserockers sont probablement l’un des meilleurs groupes de la scène rockab actuelle. Playin’ It Cool vaut son pesant de slap, Slim ! Dès «You’re Gone», Rob sonne comme l’Elvis de 56, quand il shakait le shook de Mama dans «That’s Allright Mama». Il faut se pincer pour être sûr de ne pas rêver. Il enchaîne avec un autre coup de Trafalgar, l’excellent «Shorty The Barber», pure dégelée de rock’n’roll swinguée au bop de base et de rigueur, summum de la vénérable véracité versatile. Sure Rob can rock ! Il reprend aussi le fameux «Fire Of Love» de Jody Reynolds et il enroule «Buy Me A Car» dans son cornet à piston. Rob est un fin renard rockab, il pouette-pouette ses petits solos avec une belle assurance. Encore du pur rockin’ rockab de Rob avec «Don’t Be Gone Long». Ce mec reste dans la ligne du parti. Il prend «Fancy Dan» à la furia del sol et pique sa crise de fièvre rockab. Wow ! Quelle fabuleuse slabette de real cool cat in a pink Cadillac ! Quel crac ce Rob ! On trouve plus loin un virulent coup de rage intitulé «You Don’t Bug Me No More». Rob sait rider le rumble, il sait vraiment monter à l’offensive et claquer ses syllabes dans le micro - Don’t bug me no more yeah ! - Et puis on trouve encore un slob de slab extraordinaire, «Cats Got Back In Town», joué à l’écho fatal et au slap métallique de doigts chargés de bagues.

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Shake Around With The Houserockers fait partie des albums classiques du rockab, pour au moins cinq raisons. Un, «Rock On The Moon», qui ouvre le bal, pur rockab dans les règles de l’Art Suprême selon Villiers. Rob connaît bien Charlie Feathers, car il chante le bop avec la même classe. Deux, «Bye Bye», boppé et strummé au pas lourd. Rob tire bien son bah-bah sur le beat, c’est rythmé de la nuque, avec un solo éclair et des cymbales qui scintillent. Diable, comme ces mecs sont bons ! On reparlera des passes d’armes de Rob, dans dix mille ans, comme dirait Léo. Trois, la fantastique reprise de «That’s All Right Mama». C’est là où les Anglais sont très forts, car un mec comme Rob est capable de taper dans l’intapable et d’en faire une version inspirée qui n’entre absolument pas en concurrence avec elle d’Elvis qui est si parfaite qu’elle en est devenue intouchable. Rob dispose de toute la vitalité d’un vitaliste prévaricateur. Quatre, «Please Give Me Something», et là, il faut bien parler de coup de génie. Car Rob tape dans l’essence même du rockab. Il en fait une version définitive, aussi dévastatrice que dévastée, très différente de celle de Tav Falco. Cinq, «One Kiss», où Rob joue du solo clair sur fond de slap intense. Il faut avoir entendu ça au moins une fois dans sa vie, si on ne veut pas mourir idiot. Encore une merveille avec «It’s Good To Know». Les Houserockers sont dans leur trip de tripe et Rob joue avec le brio d’un croyant macqué de la Mecque du rockab. Il est invincible, voilà ce que ça veut dire.

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L’an passé, les Houserockers enregistraient Blue Swingin’ Mama, un bien bel album chauffeur de paillasse. On y trouve du rockab pur jus avec «Slippin’ In». Rob sait brosser le rockab dans le sens du poil. Cet admirable shouter ne se refuse aucune crise de guttural. Avec le morceau titre, il propose une belle fournaise rock’n’roll. Il nous embarque dans son territoire qui est le rock’n’roll fifties, et même si c’est cinquante ans après la bataille, Rob se bat encore. Ses exploits sonnent comme des coups d’épée dans l’eau, car à part les gens de son âge, qui va aller écouter ça ? Il n’a aucune chance de passer dans les radios à la mode. Tant mieux pour lui. Il reste dans le rock fifties avec «If I Had Me A Woman», encore du rock vintage à l’ancienne. Rob ? Mais c’est un seigneur de l’occase et de la tôle rouillée. Quel merveilleux ferrailleur ! Il chante dans la clameur du parc de carcasses abandonnées. Encore du pur jus de rock’n’roll avec «She’s Mine» que Rob prend du bas - So long oh all the time/ She’s mine - Il est sûr de lui, pulsé par un fabuleux strumming des sous-bois non pas de l’Arkansas, mais du Kent. Et il jette là-dedans un solo en forme de bombe artisanale. Le hit du disque s’appelle «Trapped Love», joué à la démence de la partance. Rob reste dans le rock’n’roll high energy bien buté du bulbe, mais avec un vieux fond de pulsion rockab. Le son est si épais qu’on se pâme. Rob riffe comme un démon et grave sa légende dans le marbre des falaises d’Orion, là-bas, vers le Septentrion.

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En 2014, il montait un projet parallèle, les Broadkasters et enregistrait un album de blues rockab, 21 Days In Jail, très axé sur Little Walter et Big Dix. Rob partait lui aussi en quête du Graal, c’est-à-dire le son qui croise le blues et le rockab. Eh bien, il n’est pas rentré bredouille, car il propose dans cet album deux cuts géniaux, «Mellow Down Easy» et «Come Back Baby». Avec Mellow, il tape dans le languide des bas-fonds de Chicago, mais sur fond de slap rageur. Il nous verse dans l’oreille du pur jus de jute de juke. Voilà un cut de rêve, bien slappé derrière les oreilles. Little Walter serait fier d’entendre son cut joué ainsi. Encore du pur génie interprétatif avec «Come Back Baby», toujours signé Little Walter. Rob joue le fameux riff fantôme. Il a tout compris. Il transforme ça vite fait en pure sorcellerie et invoque l’esprit de Little Walter. Il tape dans un autre cut de l’ami Jacobs, «Ah’w Baby», mais c’est joué plus heavy et arrosé d’harmo, donc plus prévisible. Il tape aussi dans Big Dix avec «Crazy Mixed Up World» qui vire aussi en tour de magie, clip clap, Rob des bois sort d’un Sherwood of blast, c’est swingué à l’épaule et twisté du genou. Impossible de rester assis. Rob sait aussi faire du boogie sale et violent. La preuve ? «A Fool No More» - I said babe/ You’ve just got to go - Il lui dit de se tirer et joue ça au riff rampant. Un dernier coup de Little Walter avec «Just Keep A Lovin’». C’est éclaté à coups d’harmo, cousu de fil blanc, mais ça passe bien. Rob bouffe Walter tout cru, c’est un goinfre, il fallait voir ses yeux briller lorsqu’il évoquait vin et le fromage sur scène à Béthune. Il adore Little Walter au point que ça devient louche. Il finit cet album réconfortant avec un excellent blues de slap intitulé «Baby Done Left Me». On rêve d’une temps où le slap régnera sur la terre comme au ciel.

Signé : Cazengler, playbaye (aux corneilles)

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Playboys. Béthune Rétro. 28 août 2016
Ronnie Dawson. Rockinitis. No Hit Records 1989
Playboys. Invitation To Death. Fury Records 1989
Playboys. 21. Joker Records 1994
Playboys. Strike It Lucky. Joker Records 1994
Playboys. Feeling Good. Joker Records 1996
Playboys. Easy Rocking. Vinyl Japan 1997
Houserockers. Playin’ It Cool. Pink ‘N’ Black Records 2005
Houserockers. Shake Around With The Houserockers. Rhythm Bomb Records 2013
Playboys. Gotta Be Lose. Rhythm Bomb Records 2013
Broadkasters. 21 Days In Jail. Rhythm Bomb Records 2014
Houserockers. Blue Swingin’ Mama. Rhythm Bomb Records 2015


BRUGUIERES / 14 – 10 – 2016
POPA CHUBBY

Nous voilà, mes amis et moi, au Bascala, à Bruguières petite bourgade à 20 km au nord de Toulouse pour découvrir Popa Chubby. On m’en avait parlé mais je ne connaissais pas (hé oui !).

En arrivant, nous découvrons dans le hall, Popa Chubby, « himself », assis derrière une table assurant lui même la promo de son dernier disque et se prêtant volontiers à quelques selfies. Allez j’ose ? Oui ! J’ai jamais fait de selfie avec une star car je trouve ça stupide mais de voir Popa, gros poupon, tout seul dans ce grand hall, tout triste devant des cd et des tee shirts, j’avais envie de….je ne sais pas, de lui dire : « on est là pour toi ».

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Et puis le concert débute avec le pianiste Dave Keyes pendant 20 minutes. C’est bien, du blues, classique, correct mais voilà….

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Et puis déboule Popa !!! C’est une tornade, que dis-je un tsunami !!!! On ne voit rien venir à part sa masse imposante. Une vague gigantesque nous emporte pendant près d’une heure trente ! Une onde que  les surfeurs ne peuvent même pas imaginer dans leurs rêves les plus fous. D’un souffle, tu nous as dispersés sur les flots, Popa ! Nous sommes happés, nous n’avons rien vu venir. Le rythme est époustouflant ! La vague nous soulève, nous emporte avec elle, entraînant tout le monde sur son passage !!! Nous sommes là, haletants ! Nos corps ne touchent plus terre, d’ailleurs nous n’avons plus d’enveloppe corporelle ! Nous ne sommes plus que les arpèges de Popa ! Nous essayons de reprendre notre souffle mais impossible de revenir en arrière ! On ne peut lui échapper et c’est tant mieux ! Est-ce du rock, du blues ? Peu importe nos corps flottent dans la houle ! Nous ne sommes plus que du son à l’état pur ! Des sens, du sens ! Le son nous pénètre, nous sommes devenus ta musique ! Les corps s’arqueboutent, ondulent…Nous faisons corps avec la musique mais en même temps notre enveloppe charnelle ne nous appartient plus ! Le marionnettiste Popa !!! Nous sommes tes cordes, tu joues avec nos corps ! Il paraît que ton nom de scène serait tiré d'une expression d'argot, « pop a chubby », qui signifierait « avoir une érection » !
Tout devient crescendo, s’accélère, nous sommes en apnée !!!!!!!!!!!

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Et puis, ce regard !!!! As-tu déjà croisé le regard de Popa ? Il te regarde, appose deux doigts boudinés sur la guitare… en une fraction de seconde le temps s’est figé… et puis tout devient indescriptible ! Ta poésie nous harponne Popa, en équilibre sur la vague, au bord de l’écume. L’écume devient de la dentelle, tu tisses la voile et tu nous enveloppes, délicatement, avec elle, Popa ! Puis dans un slow (celui qui tue), tu nous déposes ensuite sur la grève, tels un autel. Tu nous laisses, là, haletants, ballotés, rompus, laminés, bouleversés, échoués, frissonnants, écorchés à vif !!! Notre âme effilée par les embruns !


(beaucoup, à ce moment là, dont moi, se sont assis par terre tellement nous étions épuisés physiquement )


Quel voyage Popa !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Au cœur de la musique, ton amour, au pays des sens…Tu nous as offert tant d’émotions ce soir-là, tu nous as offert ton âme ! Tant de volupté avec ta guitare de baroudeur ( Fender «  66 sunburst Stratocaster », je pense) barbouillée de scotchs, d’autocollants où l’on peut lire « Support Hell Angels » Mais on dirait la guitare d’un gosse de 16 ans ! Et j’adore ça.

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Puis tu repars Popa vers une seconde partie du voyage, toujours magnifique, mais tu ne réussiras pas à nous amener totalement avec toi cette fois-ci. On dirait plutôt une performance : « écoutez tout ce que je sais jouer ». Mais le répertoire est infini pour Popa… Et s’enchainent du rock, toujours, mais aussi du jazz, du blues, de la country, du funk, de la soul (et même du reggae il parait, mais je n’ai pas entendu. Trop lessivée par la 1ère partie sans doute !).

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Petit break où tu joues de la batterie, Popa. Bof, petit solo avec ton air désabusé (pour moi ça « rythme » à rien). Dave Keyes exécute quelques « trémolos » à l’orgue façon Rhoda Scott. Suis pas trop fan ! Un petit reproche quand même, depuis le début du concert tu ne laisses pas beaucoup de place à tes musiciens. Tout tourne autour de toi. Il est vrai que ton excellence prend beaucoup de place.

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Tu reprends ta guitare ! Hé marathon man ! Mais tu ne veux plus t’arrêter ! Tu veux jouer jusqu’au bout de la nuit et nous accompagner jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne dans la salle ! Cela me rappelle un film : « On achève bien les chevaux ! ». Et tu te distrais de cela. Tu t’en enivres peut-être... Eh mec, tu gagnes ! Beaucoup de personnes partent… presque trois heures de concert Popa !!! Où veux-tu en venir ? Mais si on est attentif, on se rend bien compte que tu ne te lasses pas de donner tout ton amour, d’offrir une musique puissante comme ta carcasse mais tout en délicatesse. Tu auras raison de mes amis qui doivent rentrer et je pars avec eux. Je vais manquer le bouquet final mais tu m’as offert l’un des plus beaux parfums de ma vie, un ineffable bonheur !

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Patou Rock


TROYES / 15 – 10 – 2016
Le 3B
JALLIES / TOM ROISIN



Je file en teuf-teuf sans meuf avec le grand Phil, tout droit sur route à deux voies vers Troie. Mission importante. Ouverture de la saison des concerts du 3 B en fanfare ( non, elles n'ont pas embauché une section de cuivres ) avec les jolies et joyeuses Jallies, nos joyaux, nos jouvencelles préférées. Pas grand monde devant le rade... à part nos demoiselles. Mais le miracle s'accomplit, à peine s'installent-elles pour leur premier set que le bar se remplit par enchantement. Zut ne manque que Duduche dans la ruche ! Par contre tout un tas de têtes nouvelles dans la clientèle habituelle. L'effet Jallies qui rejaillit.

CONCERT

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Les laisse se débrouiller avec leur intro. We are the Jallies. Que se passe-t-il ? Exactement comme avant, mais totalement différent. Enfilent un Be Bop a Lula qu'elles boppent à mort, immédiatement suivi de Boots sinatriennes qui sont faites pour galoper à fond de train. L'est temps de faire le point. Avant même que les hostilités ne commencent. Ont tenu leurs promesses du mois de septembre. Nous avaient assuré avant de monter sur scène que l'automne serait studieux. Allaient se mettre au boulot. Le résultat est indéniable. Décapant. Juteux, jouissif, jaillisif. Elles ont bossé non pas comme le dromadaire monobosse mais comme le chameau à deux panses dorsales que, dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche nous indiquait comme la première des trois métamorphoses qui conduisent au Surhomme. En l'occurrence ce soir aux Surfilles. Y a un velours dans les choeurs qu'elles ne nous avaient jamais offert jusqu'à maintenant. Sacredieu, elles ont peaufiné ! Du miel de châtaigner. Une aisance déconcertante. L'impression qu'elles se coupent la parole à tout bout de chant, et les voix s'enlacent et s'encastrent à merveille comme le lierre qui se coule sur les branches du chêne. Et la vitesse ! Vous entendez, mais pas le temps de voir. Sont pourtant adorables, polo à rayures bleues de marin,  robe rouge, tunique blanche à pois roses, des adolescentes dans la cour de l'école, pas les plus sages, celles qu'il faut garder à l'oeil pour éviter leurs espiègleries. Qui font le mur dans un murmure. Courent telles des gazelles qui gazouillent. Les deux gars sont à la bourre. Thomas en cassera deux cordes coup sur coup. S'en fout, au fond l'a son copain Bertrand qui se charge de ressusciter les cadavres. Et Kross se lance dans des soli démentiel qu'il balance comme la rose à tout vent du dictionnaire Larousse. A peine est-il revenu dans le swing que Tom hâte sa guitare, vous la joue en vrille, qui s'insinue partout à tel point que les filles lui font les gros yeux. Ce soir, qu'il soit bien entendu que ce sont-elles les stars. Ne sont pas venues les mains vides mais la bouche pleine. Déballent leur cadeau.

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Attention ce n'est pas de la balle. Des surprises. Une petite adapt ( c'est astap ) par exemple. Un truc qui fait peur. Au début. Commencent comme des tourterelles, roucoulent La vie en rose. Evidemment ça vit aussi longtemps qu'une rose flétrie par le vent d'hiver. Les deux gars derrière doivent être jaloux, vous cisaillent la mélodie, vous la découpent en morceaux et les recollent dans le désordre. Et les fillettes qui s'énervent et qui vous les transforment en charpie, le rose passe à l'écarlate, dégage un parfum manouche qui touche, et s'apothérose en fouillis d'épines carnivores. Ovations. Plus tard ce sera à la vie à la mort, morceau ( en anglais ) composé à la suite des évènements du Bataclan, aucune sensiblerie, aucune pleurnicherie, ni pleurs, ni haines, une explosion énergétique, la célébration incendiaire du triomphe de la vie. Ensuite, elles nous conteront l'histoire du chaton mignon qui ne fait que ce qu'il veut, doit se torsader sans arrêt le pauvre animal pour retomber sur ses pattes s'il ne veut pas être piégé dans le labyrinthe rythmique. Pour nos félines pas de souci, leurs voix ondulent, hululent, et pullulent. Un festival contrapuntique. Encore une nouveauté, une mélodie sonore, guitare early sixtie et les garçons qui mêlent leurs timbres au choeur des filles. Un dédale vocal répétitif recouvert par les clameurs du public. Y a longtemps que les couples dansent et se remuent à qui mieux-mieux, aussi quand elles annoncent le dernier morceau de la soirée, Béatrice la patronne vient mettre de l'ordre dans la cambuse. Pas question. Arrêt immédiat. Tout le monde descend. Pause pipi dix minutes, et c'est reparti mes kikis pour un troisième set. En sont toutes contentes. Nous aussi. Elles ont été extraordinaires, pétillantes, pétulantes. Avec leur défaut de filles bien sûr. Le pauvre Jérem extrait de force du public et contraint par deux fois de venir taper sur la caisse claire sous prétexte de leur fatigue, et Bertrand sommé de tenir la rythmique sur Goin' up the country et Johnny B. Goode. Ce que Marx a oublié de théoriser l'exploitation ( éhontée ) de l'homme par les jolies filles. Mais on leur pardonne, z'ont peut-être donné, de l'avis de la colonie qui les suit, leur meilleur show. En plus, elles minaudent, les derniers morceaux pas tout à fait calés, joués pour la première fois en public... Bref des broutilles de filles. Qui vous émoustillent de leurs fausses faiblesses. Sourires, rires, chamailleries, railleries, elles ont décliné tout l'artifice du charme ensorceleur de la gent féminine pour le plus grand plaisir de l'assistance. Attention, enregistrent leur deuxième album en février. Ne vais pas vous quitter sans vous donner leurs prénoms, par ordre alphabétique. Notez bien, je ne répèterai pas : Céline, Leslie, Vanessa. N'insistez pas, aujourd'hui vous n'en apprendrez point davantage sur le secret des déesses.

TOM ROISIN

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Un garçon tout seul. Chemise blanche, cravate noire et guitare en main. L'a du cran. L'a demandé à passer dans le premier interset des Jallies. Après la grâce virevoltante des demoiselles, la solitude dépouillée, une attitude qui n'est pas sans rappeler Johnny Cash. Pas tout à fait son idole. Lui, c'est Hank Williams. Coup sur coup nous interprètera Lonesome Boy, I saw the Light et devant la demande du public il enchaînera par Jambalaya. Tom Roisin ne donne pas dans la facilité. A peine dix-huit ans, une voix qui n'a pas encore atteint sa plénitude, mais l'émotion – rien à voir avec le trac – cette adhésion à l'attitude country, ce timbre qui parfois nasille à merveille et cette gravité inhérente au style, l'a tout compris d'instinct.

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Ne s'en tirera pas comme ça. Faudra qu'il revienne dans le deuxième interset. Kross le suit à la contrebasse. Du coup son jeu de guitare s'affirme, l'on comprend mieux pourquoi il se réclame de Duane Eddy. Un petit Honky Tonky et après avoir tergiversé quelques secondes – l'on ne sait pourquoi, il se murmure qu'il est resté sur scène une et demie dans un bar de Romilly-sur-Seine – il rechante Lonesome boy. Cinq morceaux et l'on se presse autour de lui. L'a séduit. Sait rester humble, avoue qu'il est autodidacte, que c'est la troisième fois qu'il monte sur scène et qu'il aimerait former un groupe avec un contrebassiste et un violoniste. Juste un brin d'herbe qui pointe dans la prairie, mais déjà empli de l'esprit qui souffle sur les Appalaches. A suivre.


Damie Chad.


SENTINHELL
THE ADVENT OF SHADOWS

THE ADVENT OF SHADOWS / THE ARCHMAGUS / TIME / DARK LEGACY / SEA OF SANDS / THE STORMRIDER / DEMON'S RUN / SENTINHELL .
Bass : Olivier Bernal / Guitars : Angelo Di Luciano / Vocals : Nicolas Garuana / Keyboards : Anna Garic / Drums : Adrien Djouadou.
2013.

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The Advent of Shadows : une porte qui grince et l'orage qui gronde. L'horreur peut commencer. La lourdeur de la rythmique épaissit le trait. Ce qui s'avance n'est pas rassurant. La voix grave de Nicolas Garuana détache les syllabes comme des balles. Emphase et avertissement. Insistance et provocation. La musique se déploie comme un générique de film. Accélération finale. Il ne suffit pas d'attendre, le mieux est de se porter au-devant du danger. The Archmagus : Vous l'aurez voulu. L'intensité de l'obscur déboule sur vous. Vous voici investi de tous les secrets qu'il vaudrait mieux ignorer. Il en est ainsi de toutes les initiations, vous infusent sur le même tempo et un poison mortel et une force accrue. Comptez sur votre volonté de puissance pour vous tirer du piège. La guitare d'Angelo Di Luciano émet des larmes de sang. L'orgue d'Anna Garic tisse des toiles d'araignées monstrueuses. Time : Le temps est un monstre : arrive toujours trop tôt ou trop tard, qu'importe l'heure il est urgent de fuir au devant des ombres funéraires. Vous ne courrez jamais assez vite malgré le drummin d'Adrien qui martèle la cadence et joue au métronome de la mort. Peut-être tournez-vous en rond sur le cadran du désespoir. Dark Legacy : l'orgue d'Anna se déploie comme des tentures sépulchrale d'église maudite un jour d'enterrement. L'angoisse est dans la gorge de Nicolas. Course éperdue, n'a hérité que d'une perle encore plus noire que son âme carbonisée. La noirceur de l'abîme galope à ses côtés et l'enveloppe. Sea of Sands : bande-son de film oriental. Méfiez-vous des plages trop belles. La musique se tortille comme la danseuse du ventre dans Les Mille et Une Nuits. Inversion des rôles, le serpent des perfidies charme de ses yeux obliques le malheureux musicien. Les guitares deviennent folles. Inutile de crier comme si vous voudriez avaler le monde. C'est juste le contraire qui est en train de se dérouler. The Stormrider : entrée wagnérienne. Vous vous êtes enfui sur le tapis volant. Vous croyez chevaucher la tempête. Vous n'êtes qu'un fétu de paille emporté par l'orage du destin. Lorsque les éclairs vous traversent la sensation de puissance ouranienne alterne avec celle de votre humaine impuissance. Danse du sabre. Demon's Run : plus noir que noir. Gradation dans l'inéluctable. Vous n'échapperez pas à la meute des démons qui courent autour de vous. Peut-être même êtes-vous l'un d'eux. Est-ce vraiment si important ? Reprenez votre souffle. Vous n'êtes pas encore au bout du chemin. Plus vous avancez dans les guitares qui flambent plus vous vous éloignez de vous-même. Chemin d'ordalie. SentinHell : ce qui est devant vous n'est autre que la porte du début qui s'est entrouverte. Inutile de prendre à témoin le monde entier. Egosillez-vous avec tout le lyrisme dont vous vous croyez capable. Vous ne saurez jamais de quel côté de l'huis vous vous trouvez. En défendez-vous l'accès ou attendez-vous les ombres qui en sortiront ? Vous êtes la sentinelle de l'Enfer. Encore plus profonde la basse d'Olivier Bernal.

Ce n'est pas la formation que nous avons vue la semaine dernière en concert. Princesse Anna Garic n'est plus là, pleurez son altière beauté et la blondeur de ses cheveux évanouis. Nicolas Guruana a laissé sa place à Niels Bang. La musique de Sentinhell a changé. N'a rien perdu de sa puissance, mais s'est transformée, aujourd'hui moins hard et davantage rock'n'roll. L'orgue qui permet les mises en son mélodramatiques a disparu et la voix ample de Nicolas Garuana s'est tue. La première mouture de Sentinhell n'était pas désagréable même si perso mes préférences opteraient pour l'actuelle. Nous offrait un hard super maîtrisé. Pas du métal extrême mais une grosse production quasi-cinématographique. Super bien en place. Ne manque rien. Pas du carton pâte. Du carton rock. Drôlement bien fait. Toutes les instrumentations judicieusement calées. L'on ne pourrait lui reprocher que son manque d'originalité. Nous a fait penser aux deux premiers albums d'Uriah Heep, avec une plus grande amplitude sonore. Mais pour un premier disque il est demandé avant tout que l'on maîtrise pleinement le genre. Romantisme grandiloquent et surnaturalisme exacerbé. Et en ce sens le disque est parfait. Mais qu'un groupe puisse redéfinir ainsi ses positions esthétiques est avant tout la preuve bluffante de sa créativité. Ne nous reste plus qu'à attendre la venue du second album. Risque d'être brûlant. Cette fine équipe a toutes les chances de nous surprendre.


Damie Chad.

ANARCHIE AU ROYAUME-UNI
MON EQUIPEE SAUVAGE
DANS L'AUTRE ANGLETERRE


NICK COHN


( Editions de l'Olivier / Février 2000 )

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Désolé pour ceux qui aiment étiqueter les partis politiques, ce livre n'est pas le bottin des groupuscules anarchistes rangés par ordre alphabétique. Pas non plus un relevé des fiches de police des militants d'extrême-gauche repérés par les renseignements généraux de sa très gracieuse majesté ( yes, she's just a fascit pig ! ). L'est vrai que le terme anarchiste attire le client. Les éditeurs n'ont pas su résister. D'autant plus regrettable que le bouquin est remarquablement traduit en langue françoise par Elisabeth Peellaert. Le titre original, s'il n'est pas plus explicite, ne se permet aucune référence à la mouvance libertaire. Yes, We Have No.

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Pour Nick Cohn nous abrègerons les présentations. Il nous suffira de mentionner deux de ses ouvrages précédemment parus en France pour que le déclic s'opère dans le cerveau fatigué des lecteurs de KR'TNT ! L'est l'auteur de « Awopbopaloobop alopbamboom, l'Âge d'Or du Rock », et des légendes votives du rock and roll inscrites au bas des plus belles représentations iconographiques - jamais réalisées et réunies dans le volume de Rock Dreams - dues au pinceau de Guy Peellaert qui fut le compagnon d'Elisabeth la traductrice.
Je vous épargne une deuxième fausse route. Non ce n'est pas non plus un ouvrage super pointu sur des groupes inconnus de la perfide Albion dont vous n'auriez jamais entendu parler, mais puisque c'est Nick Cohn qui officie, confiance absolue, l'on se tait et l'on prend des notes. Niveau rock, c'est un peu vache maigre, en monopolisant une armée de détectives vous parviendrez à isoler une ou deux fois les noms Beatles et Rolling Stones, mais jetés là un peu au hasard, et encore peut-être est-ce mon imagination qui les rajoute quasi-pavlovniennement sur le paquet cadeau. A part cinq lignes dévolues à un ancien guitariste de Napalm Death ( ouf, on   a parlé du groupe voici deux semaines ! ) qui s'adonnerait à la production de musique concrète, vous n'aurez pas grand chose à vous caler dans le creux de l'oreille droite.

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Le sous-titre ne vous avancera guère. Equipée sauvage, certes par deux fois l'on croise des bikers mais pour les chevauchées à fond la caisse sur les routes du Sussex, vous pouvez vous la sucer grave. Ce qui est sûr, nous sommes bien au Royaume-Uni, toutefois hâtez-vous de biffer les deux mentions inutiles : Royaume et Uni.
En fait nous sommes en République, et vraiment désunie, totalement séparée. Pas tout à fait un territoire. N'existe pas sur la carte. Aucune frontière ne la circonscrit. Ou vous en faites partie, ou vous n'en êtes pas. Pas besoin de remplir des formulaires pour recevoir sa carte d'identité. Je ne vous résume point un roman d'anticipation uchronique. Encore que dans quelques années - cinq, six, voire deux ou trois de moins avec un semblant de chance - et la France a toutes les malchances de suivre le mouvement. C'est que l'Angleterre a été pionnière. Par la faute de Maggie. Rien à voir avec la Marguerite du mois de May des mandolines de Rod Stewart sur Every Picture Tells a Story. Celle-là, l'est beaucoup plus méchante, une demoiselle de fer qui a broyé les classes populaires et moyennes d'Angleterre. Thatcher, la jument de Troie du libéralisme européen.
L'a fini par crever de sa sale mort. L'on n'en causera plus. Reste les conséquences de sa politique. Pas joyeuses. Un champ de ruines – et cette expression n'est pas une métaphore mais la description objective d'une sordide réalité - et des franges entières de la population abandonnée dans la misère la plus noire.

En soins hospitaliers pour trouver la chair saine, l'est nécessaire de casser la croûte afin de libérer le pus. Ne détournez pas les yeux. La pourriture n'est pas belle à voir et pue du cul. L'homme est un animal doué de déraison. Attaqué il se défend en attaquant ceux qui sont dans une situation identique à la sienne. Les skinheads ne font que passer dans ce bouquin mais Nick Cohn en montre l'autre face, celle que le roman de John King ( voir notre chronique de Skinheads in KR'TNT ! 296 du 29 / 09 / 16 ) occultait quelque peu, cette violence, ces coups de pieds et de poings, ces tabassages qui vous déglinguent le squelette et les organes, distribués sans compter à tout individu un peu trop brun de peau. Attention les policiers censés vous protéger usent des mêmes méthodes, même sauvagerie mais administrée avec moins de coups de pieds mais avec davantage de matraques. Dans la série varions les plaisirs tous en coeur, visent moins les parties génitales mais vous fendent l'occiput.

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No regrets. Soit vous mourez, soit vous survivez. Les survivants forment cette République pétulante que Nick Cohen décide d'explorer. Voyage non pas au bout de l'horreur mais après le bout de l'horreur. Nous fait visiter des villes célèbres, les banlieues de Londres, Newcastle, Manchester, Bradford, et bien d'autres. Les a parfois traversées et connues dans sa jeunesse. Ne les reconnaît plus. Là où s'étendaient zones industrielles et quartier ouvriers ne restent plus que des ruines, des murs écroulés, des toits effondrés, des cheminées éteintes. Un paysage de désolation. Sur des hectares et des hectares. Y eut un temps où certains de ces bâtiments furent squattés mais ces années de loyers gratuits sont en train de disparaître. La police déloge les squatteurs sans pitié, les rejette à la rue sans état d'âme.
Les industries ont été délocalisées. La main d'oeuvre n'est plus bonne à rien. L'Etat et les élites ont abandonné le peuple. Bye bye la fierté prolétaire. Les syndicats ont eu les reins brisés. Ceux qui se sont faits tout petits en espérant qu'on leur saurait gré de ne pas avoir cédé à la colère, à la confrontation physique avec la milice policière, ont subi les conséquences de la défaite des braves qui avaient osé résisté, et à qui il a manqué la force d'appoint représentée par les lâches qui n'eurent pas l'intelligence tactique de les rejoindre. Maintenant il est trop tard. C'est même de l'histoire ancienne.
No future. Aucun avenir pour les gamins de prolos sans travail. S'ennuient, errent désoeuvrés dans les rues. Les gangs, les trafics de toutes sortes se mêlent et s'entrechoquent. Rien n'est certain. Rien ne dure. Une nouvelle idéologie du plaisir est née sur ces brutaux paradigmes. L'éthique collégiale n'existe plus. Les groupes qui se forment ne sont plus d'essence protectrice mais prédatrice. Vivre vite et jouir tout de suite. Le sexe et l'argent. La prison si tu tombes, ce n'est pas un malheur. Si tu prends des risques, ne t'étonne pas d'en payer les conséquences.

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Une fois que tu as compris, une fois que tu as intégré les règles du jeu, se produit chez beaucoup une métamorphose intellectuelle. Les temps sont durs, mais ils te permettent d'exercer le monopole de ta liberté individuelle. Ce qui ne t'a pas tué t'a rendu plus libre. Nick Cohen ne pleure pas sur les malheurs des pauvres, nous peint une série de rencontres avec des hommes et des femmes extraordinaires. Ne détiennent aucun savoir ésotérique mais ils vivent un bonheur au-delà du déraisonnable. Le Système ne veut plus d'eux, ils s'ingénient à vivre sans. Créent leurs réseaux de survie individuelle et collective. Parfois sont un peu frappés de la cafetière, mais leur délire est des plus rationnels. Ne luttent même plus. Utilisent tous les interstices et le jour où ceux-ci sont obstrués ils ne se désolent pas, partent ailleurs. Des adeptes de la flexibilité d'un nouveau genre. Celle qui vous permet d'éviter le travail et l'exploitation.
La grande union qui s'étend des vieux hippies rescapés des premières célébrations du solstice d'été de Stonehenge durement réprimées par la police dans les années 80 aux communautés de pakistanais proto-islamistes en passant par les bikers, une étrange galaxie disparate est en train de se regrouper. Des extrêmes qui s'attirent et se repoussent mais qui ont compris qu'une certaine entraide festive n'est pas inopérante... Et dieu dans tout ça ? Plus présents que jamais. Des sectes comme s'il en pleuvait. Des suprématistes blancs affiliés aux cultes nordiques, des groupements de sorcières, des partisans du sado-masochisme, des églises protestantes dévoyées, il y en a pour tous les goûts. Toujours les mêmes schémas d'adhésion. J'ai fait toutes les conneries possible et imaginables durant toute ma jeunesse, maintenant j'ai pris de l'âge, j'ai réfléchi, j'ai d'autres résolutions... Un schéma mental que vous retrouvez chez presque toutes les personnes interrogées par notre auteur. L'est un moment où devant la réponse de plus en plus violente du Système lors de leurs primes révoltes, elles éprouvent la nécessité d'un réajustement de leurs conduites. Ne se rangent pas des voitures mais tentent d'entrevoir des modalités d'attitude plus positives non pas sous forme d'accommodements avec la réalité sociale mais selon une articulation plus efficace de leur propre vécu avec une espèce de situationnisme individuel en accord avec leurs désirs les plus profonds.
Ce livre commence à dater. L'est un témoin de la déflagration que subit la société anglaise dans le dernier quart du vingtième siècle. J'ai bien peur que ces quinze dernières années la situation ne se soit guère améliorée... Le pire c'est qu'il sonne comme un avertissement...


Damie Chad.

SOUDAIN, L'ETE DERNIER

JOSEPH L. MANKIEWIZC
( Film / 1959 )

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Faut de sacrés arguments pour m'emmener au cinéma. Je ne suis que modérément sensible aux images mouvantes. Pas d'erreur si je me mêle à la cinquantaine d'adeptes du ciné-club provinois, ce soir s'agit de Tennessee Williams, l'un de mes écrivains préférés. Une adaptation d'une des pièces les plus fortes de notre dramaturge. N'est pas venu seul, l'a emmené pour parfaire le scénario son meilleur ami. Gore Vidal, que l'on oublie trop souvent de citer parmi les meilleurs plumitifs américains. L'a commis quelques sacrilèges. Tennessee a tiré un peu fort sur le zizi de la prude Amérique, mais Vidal a laissé échapper deux ouvrages scandaleux dont on ne cause jamais, et pour cause ! Une bio de Julien l'apostat et une espèce de road movie burlesque au travers de L'Empire Romain avec Saint Paul dans le rôle principal, qui reste à mes yeux la plus violente attaque contre le christianisme jamais écrite. Nous français qui sommes si fiers d'être citoyens du pays aux mille fromages, que sommes-nous face au pays aux cent mille Eglises ! Vous comprenez pourquoi le Nobel ne lui a jamais été décerné. Entre parenthèses, lui non plus n'en avait pas besoin.

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Le film n'a pas la force de la pièce. Si vous devez choisir entre les deux, n'optez que pour la pellicule que si vous désirez une happy end, avec un beau bisou d'amour tout tendrou. Comporte de belles scènes, les deux plongées dans les culs de basse-fosses de l'asile des lunatiques. Mais le meilleur, c'est surtout le début. Du théâtre pur. La caméra en plans fixes et Katharine Hepburn qui nous fait son numéro de milliardaire givrée, désespérée d'avoir perdu son fils chéri. Face à elle Elizabeth Taylor ne fait pas le poids. Tant et si bien que lorsque arrive son tour, les mots qui sortent de sa bouche ne se suffisent plus à eux-mêmes, l'on pose sa tête en surimpression sur les scènes qu'elle raconte. L'on prend aussi un peu ( beaucoup ) le spectateur pour un imbécile : ne vous inquiétez pas, si par hasard vous ne comprenez pas, l'on a mis le dessin ( qui bouge ) à côté pour que vous puissiez suivre sans difficulté...
Par contre, pour ce qui est le noeud gordien de la pièce – celui qui ne verra aucun Alexandre le trancher d'un coup d'épée – Gore Vidal et Tennessee Williams ont mis la pédale douce. Vous donnent les rudiments mais à vous de trouver la solution. Cela pourrait s'intituler sexe et poésie. La poésie conçue comme une maternité sans mère porteuse. Dans la mythologie grecque Héra déteste que son mari ait pu cacher en son corps de mâle sa fille Athéna avant de la mettre au monde d'une manière fracassante, tout seul, la faisant sortir tout droit de sa tête d'un unique coup de hache héphaïstonien, sans l'assistance d'un seul élément féminin ! D'autre part, c'est bien connu, ces êtres fragiles et romantiques que sont les poètes se révèlent être des pédés. Des pédérastes pour faire semblant de rester poli.
Ce scandale ne peut plus durer. Les Orphées de service finissent mal. D'habitude un quarteron de femelles enragées d'être sexuellement dédaignées passent à l'attaque. Se précipitent sur le malheureux et vous le découpent rondement en petits morceaux. C'est-là que Tennessee Williams pousse les mégères ensauvagées dans les orties. Nous n'avons plus besoin de vous, vous pouvez disposer, allez hop au placard !

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Une histoire d'hommes vous répète-t-on. Ce sont eux qui se chargent de la besogne macabre. Totale émasculation par manipules virils. Tout rentre dans l'ordre. Tout un chacun peut reprendre son rôle. Faudra faire sans celui du poète. L'est le grand absent. Pas grave, nous reste ses poèmes. Dans le livre. Et dans le cinéma z'avez encore le film à déguster. Pas mauvais du tout. Avec Tennessee vous ne serez jamais déçus. Une âme rock and roll.


Damie Chad.