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04/10/2016

KR'TNT ! ¤ 297 : BIG BEAT / BIG SANDY & HIS FLY-RITE BOYS / JO L'IGUANE ET SES REPTILES / CRASH TES COUILLESBRUCE SPRINSTEEN / SKINHEADS

 

KR'TNT !

KEEP ROCKIN' TILL NEXT TIME

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LIVRAISON 297

A ROCKLIT PRODUCTION

LITTERA.INCITATUS@GMAIL.COM

06 / 10 / 2016

BIG BEAT / BIG SANDY & HIS FLY-RITE BOYS

JO L'IGUANE ET SES REPTILES

CRASH TES COUILLES

BRUCE SPRINGSTEEN / SKINHEADS

 

BONNE NOUVELLE

Renaissance de la revue BIG BEAT à l'ordre du jour. La numérotation reprend là où elle s'était arrêtée en 1982. ( Oui, nous avons été abonné ) Donc voici le numéro 22 consultable en cliquant sur l'adresse ci-dessous. Ce fascicule sonne un peu comme un appel aux armes. Les passionnés de pure rock'n'roll et du blogpost ROLL CALL supprimé par Google ( voir KR'TNT ! 287 du 23 / 06 / 2016 ) y retrouveront un lot de chroniques déjà parues sur ce site.

http://www.calameo.com/read/00009080439a5fae454e0

Il ne nous reste plus qu'à attendre le numéro 23 !

BETHUNE RETRO / 27 – 08 – 2016
BIG SANDY & HIS FLY-RITE BOYS

Big Sounding Big Sandy

, Big Beat 22, Big Sandy & His Fly - Rite Boys, Bruce Springstee, Skinheads - John King,

Après Wanda Jackson, Sleepy LaBeef, Barrence Whitfield et Lee Rocker, Big Sandy et ses Fly-Rite Boys se retrouvent en tête d’affiche de Béthune rétro 2016. Une consécration ? Big Sandy n’a plus besoin de ça. Apparemment, il tourne bien aux États-Unis, c’est un professionnel de l’Americana, il brasse un public large et, comme Elvis avant lui, il plait beaucoup aux ménagères.

, Big Beat 22, Big Sandy & His Fly - Rite Boys, Bruce Springstee, Skinheads - John King,


C’est toujours très impressionnant de voir de grands artistes américains sur scène. Big Sandy dispose de deux atouts majeurs : une présence indéniable et une voix de rêve. Il déroulait ce soir-là le velours de sa voix dans la tiédeur de la nuit picarde. Même si ses chansons laissent parfois le bobo baba, il finit toujours par enjôler ses cajolés. Impossible de résister au charme de ces roucoulades de haut niveau, Big Sandy amène avec lui les grands horizons, la grand-canyonisation des choses, il hollywoodise le bop et tartine son swing de crème au beurre.

, Big Beat 22, Big Sandy & His Fly - Rite Boys, Bruce Springstee, Skinheads - John King,

Son western-swing n’est pas celui des campements de mineurs du Nord, non, Big Sandy va plus vers le soleil et la douceur de vivre, vers les virées en roue libre et les routes qui se noient dans l’horizon enflammé. Il fait vibrer ses trois gouttes de sang mexicain et ses cheveux noirs plaqués brillent du meilleur éclat sous les projecteurs picards. Comme tous les gros, et notamment ceux qui sont des artistes, Big Sandy déborde de pâte humaine et de générosité. Il déborde même de talent et d’énergie. Il mène son show à la patte molle, mais il ne court aucun risque, car ses amis jouent comme des cracks, à commencer par Ashley Kingman, Telecaster-man redoutable de fluidité et incisif en diable, une sorte de virtuose sorti d’on ne sait où et qui se tape tous les raids éclairs.

, Big Beat 22, Big Sandy & His Fly - Rite Boys, Bruce Springstee, Skinheads - John King,

Ces mecs-là savent jouer, pas de doute. On sent les professionnels aguerris, les vétérans du circuit. Le set de Big Sandy passe comme une lettre à la poste. Il compense l’absence de sauvagerie par un gros shoot de swing et le swing vaut tout l’or du monde, lorsqu’il est bien joué. Si on vient chercher sa dose, on repart content. On repart même doublement content, car on sent bien que Big Sandy assure d’une certaine façon la relève des pionniers qui auront tous bientôt disparu.

, Big Beat 22, Big Sandy & His Fly - Rite Boys, Bruce Springstee, Skinheads - John King,

On ne se relève pas la nuit pour écouter le country-boogie de Big Sandy, c’est évident, mais en même temps, on apprécie de pouvoir écouter ses albums et de le voir jouer sur scène, car à sa façon, il porte le flambeau. Ce soir-là, face au vieux beffroi, le gros semblait ravi de jouer. Il n’en finissait plus de louer la grâce de Bitoune et de remercier les people.

, Big Beat 22, Big Sandy & His Fly - Rite Boys, Bruce Springstee, Skinheads - John King,

Et pourtant, les gens de la technique faillirent bien saboter le set en envoyant trop de fumigènes. Le grand rigolard qui jouait de la stand-up n’y voyait plus rien et Sandy cherchait lui aussi son chemin à travers les volutes de fumée. Quand vint le moment des adieux, Big Sandy fit une effort de communication insolite en lançant : «I’m Big Sandy !» et pour ceux qui n’avaient pas compris, il ajouta : «Yé souis glos Sandy !»

big beat 22,big sandy & his fly - Jo l'Iguane et ses reptiles. Crash tes couilles, rite boys,bruce springstee,skinheads - john king


Son premier album Jumping From 6 To 6 paraît en 1994. Big Sandy est donc encore un débutant. But what an album ! Dès le morceau titre qui ouvre le bal, on assiste à une fantastique partie de jump de swing et comble d’exotica, c’est traversé par un troublant solo hawaïen. À les entendre, on croirait voir arriver le 6e de cavalerie au triple galop. Avec des yah d’éclaireurs bop ! Quelle énergie ! Le fête continue avec «Different Girl», jazzé au débotté du bop. Big Sandy chante d’une voix gaie, il fait du hip shake de real cool cat. Il faut voir comme ça swingue ! Dans «True Blue», il sort sa meilleure diction de rockin’ cat pour balancer : I was born on the banks of the mighty Mississippi ! Avec sa voix, il épouse les virages du bop à la perfe. Il tape plus loin dans le swing-along pour «When I Found You». Big Sandy chante tout à la bouche pleine, avec une réelle gourmandise. Il est tout simplement admirable. Dans «Who Tell Me Who», on note la fabuleuse présence du who expiré. Il sait colorer la musicalité du chant. C’est un chanteur parfait, plein d’initiatives. Les gros sont toujours les meilleurs. Il passe au jumpy bon enfant avec «Hi-Billy Music». Ce mec est un diablotin plein d’allant. C’est jumpé à la stand-up, bien sûr. Il s’amuse aussi à chanter des bluettes agitées du popotin, comme ce «Honey Stick Around A While». Retour de l’extravagante débauche de rythme avec «Honky Tonk Queen». Le gros embarque son monde à la régalade d’un drive de stand-up. On a encore des coups de guitare hawaïenne derrière. Ces mecs sont vraiment pleins de vie. L’album se termine avec des raids éclairs dans le country-boogie et le swing surexcité de «Juiced». What a bum !

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Ils se déguisent en cow-boys sur la pochette de Swingin’ West qui sort l’année suivante. Dave Alvin des Blasters produit l’album. On s’en doute, c’est une fois de plus bardé de swing, avec des merveilles comme «You Don’t Matter Anymore», pas loin du jazz manouche, tellement c’est enjoué et passionné. On y sent même une tension sourde et douce à la fois. Ils retapent dans le swing élancé avec «Blackberry Wine». C’est taillé comme l’aile arrière d’une Thunderbird, magnifique de finesse et d’éclat - Hey mister Call ! - Encore une belle pétaudière. Ils enchaînent ça avec «Murphy’s Law», un instro de classe nuptiale, d’allure royale, complètement envoûtant. C’est même un hit. Retour à l’absolu du bop avec «You Said You Don’t», pur rockab de juke, bien boppé au chant. Big Sandy chaloupe son cut comme un cat cool. C’est même du bop délicat, un vrai travail l’artiste. Il faut voir comme il étire bien ses syllabes, le bougre. Il termine son bel album avec «The New Ball», une merveilleuse sautillade de boppin’ cat - It’s a ball ! - Eh oui, Big Sandy s’y connaît en ball ! Un petit conseil, comme ça, en passant : écoutez ses albums.

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Feelin’ Kinda Lucky est encore un disque frais comme un gardon. Sur la pochette, un couple danse le rock à l’ancienne. Et pouf ! Ça part avec «The Loser’s Blues» que le gros chante avec délectation - I lost my appetite - Une vraie voix de miel. Il sonne comme un maître chanteur. Voilà encore un album qui s’annonce délicat et pur. Quelle classe il a dans le délié ! Pur coup de swing avec le morceau titre qui suit. Voilà le swing cristallin, du vrai jive de juke - Lucky you baby ! - Et la fête continue avec «Let’s Make It Tonite». Le gros chante vraiment dans tous les coins. Quelle leçon de swing ! Ils tapent aussi dans le jazz manouche avec «If You Know Now» et «Strange Love» et dans le jazz swing avec «Have And Hold». Un album idéal pour l’amateur de swing pur.

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Le gros s’écarte et laisse jouer ses copains surdoués dans l’album Big Sandy Presents The Fly-Rite Boys paru en 1998. Si on aime la musique bien jouée, il faut l’écouter. Si ce n’est pas le cas, alors il faut passer à autre chose. Les Fly-Rite jouent de gros instros diabolo. Ce sont de vrais swingers. Ils vont chercher le croisement du jazz manouche et du groove de rêve. Dans «Wizard’s Dust», l’infernal Ashley Kingman passe un solo jazz digne de Wes Montgomery. Ces mecs-là sont capables de toutes les entourloupes. Mais c’est mieux quand Big Sandy chante. Cet album sert juste à montrer qu’ils sont vraiment capables de tout jouer. Aucun doute là-dessus.

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Encore du swing à la pelle sur Night Tide paru en l’an 2000. Ashley Kingman passe un solo de confédéré au tototo de la régalade dans le morceau titre qui ouvre le bal. Une fois de plus, les Fly-Rite frisent la dextérité sautillarde du jazz manouche. «When Sleep Won’t Come» sonne comme du swing à la dentelle de Calais, c’est tissé fin à la note diaphane et battu à discrétion. Sacré Sandy, il sait y faire. Et quand ils tapent dans le rockab, ça redevient magique. Exemple avec «Hey Lowdown» - Hey lowdown you better slow down - Fabuleux leitmotiv et le gros active sa pompe à jive alors il redevient le cool leader cat du combo jive. On se régalera aussi d’«I Think Of You». Le gros a envie de limer la belette, alors il pense à elle - At half past twooooo - Et il boucle ce très bon disk avec «Let Her Know», chevauché ventre à terre par un gros déchaîné, yahhh ! il y va, il fonce comme un messager de la Wells Fargo sous les flèches apaches, yahhh ! Quelle vision de la plaine sous le vent au tagada de l’étalon jive ! Voilà de la pure Americana jouée sur des accords de concasse.

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En 2003 ils passent avec armes et bagages sur le label de Tony Joe White, de Chuck Prophet et du bon Révérend Horton Heat, Yep Roc Records. Ainsi sort l’album It’s Time. Quelle bombe ! Dès le premier cut, «Chalk It Up To The Blues», on tombe sur une fabuleuse attaque, un riff à la Eddie Cochran et un chant classieux à la Elvis, avec le gras de la voix, celui d’un seigneur du rock américain. Quel fantastique gros lard ! Ça swingue comme au paradis, lorsque les anges dansent le bop. Encore mieux, voilà «Bayou Blue», monté sur un tempo de beat inexorable, emmené à la bonne franquette. Le gros sait pulser un hit et derrière lui, Ashley Kingman joue des riffs tahitiens, puis il pique une crise à la Duane Eddy. On entend même l’accordéon. Effarant ! Big Sandy revient à la country avec «Her Hair Is A Mess», mais comme il fait ce qu’il veut de sa voix, ça tourne à la sorcellerie. Il caresse l’Americana dans le sens du poil. Ce gros lard pourrait charmer un cobra rien qu’en chantant. Il enchaîne avec le morceau titre, slappé de base et de rigueur. Voilà une magnifique sauterie de gros au pinacle de sa gloire. Il chante à la régalade de la délectation et derrière, ça slappe au paradis des rockab. Encore de la country au miel avec «Wishing Him Away». Il est plus sucré qu’Elvis, mais il fait autant de ravages chez les ménagères. Avec «Catalina», il tape dans l’exotica d’exception. On dirait presque un cut des Pixies. C’est plein de soubresauts de bourrelets de cellulite, comme on en voit sur les hanches des danseuses, dans les restaurants de Marrakech. Puis il éclate «(You Mean) Too Much To Me» à la country éclair et ça vire au groove de surdoué. Quelle énergie ! Son «The Money Tree» flirte avec le jazz manouche. On sent bien qu’ils se régalent à jouer ça. L’infernal Ashley Kingman allume «Heaven Is The Other Way». Il joue des plans intermédiaires qui damnent l’oreille pour l’éternité. Et le gros finit cet album fascinant avec «The Night Is For Dreaming», un swing de rêve, une nouvelle preuve de son génie.

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Attention, Turntable Matinee figure aussi parmi les grands albums de swing moderne. Le gros développe une pure énergie rockab dès l’ouverture du bal avec «Power Of The 45». On a un joli slap à l’avant du mix - Start to move ! That’s the power of the 45s - Le gros rend hommage à des héros comme Lew Lewis, Link Wray, Johnny Powers et Little Esther ! Fantastique ! Voilà un homme de goût. Cut après cut, on renoue avec la vivacité de ce grand groupe de swing. On retrouve le «Hauted Heels» chanté sur la grande scène du Rétro. Ça sonne comme un embarquement pour Cythère et le gros use et abuse de sa belle voix - They took my baby away ! - Il enchaîne avec un autre cut joué sur la grande scène, «Spanish Dagger», d’apparence très pépère, mais bien atmosphérique. Pure exotica. Back to the country strut avec «Mad», joliment slappé derrière les oreilles. Le gros sait conduire sa diligence. Voilà un chanteur bien vivant et très diversifié. Et derrière, ça ne chôme pas ! Quelle ambiance ! Trop de son, trop de texte, trop de qualité - And I got mad/ Sometimes I’m mad - Comme chez Johnny Cash, on se régale de la diction. Le gros chante «Lonesome Dollar» à l’admirabilité des choses et il passe au r’n’b avec «Slippin’ Away» monté sur le riff de «Keep On Runnin’». Oui, le gros fait du Spencer Davis Group sans le faire exprès. En prime, il sonne comme un black de l’âge d’or de Kansas City. Il finit avec un slight return de «Power Of The 45». Dommage que tout l’album ne soit pas de ce niveau.

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Son dernier album en date s’appelle What A Dream It’s Been. Il s’y niche une énormité intitulée «Three Years Blind». Voilà du pur bop chanté à la cantonade, plein de vie et gratté à coups d’acou - I was three years blind - Extraordinaire débauche d’énergie. Sur ce joli coup de bop de base qu’est «Glad When I’m Gone», Ashley Kingman passe un solo de picking diabolo. On entend rarement des mecs gratter des cordes avec une telle frénésie. Rien que pour cette partie de picking incendiaire, il faut écouter l’album. On y trouve aussi un joli duo avec une nommée Grey Delise : «What A Dream It’s Been». Derrière, ça joue carrément à la Django. Ces mecs-là sont beaucoup trop puissants. On comprend que l’Amérique profonde puisse les plébisciter.


Signé : Cazengler, Big Saindoux

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Big Sandy & His Fly-Rite Boys. Béthune Rétro. 27 août 2016
Big Sandy & His Fly-Rite Boys. Jumping From 6 To 6. Hightone Records 1994
Big Sandy & His Fly-Rite Boys. Swingin’ West. Hightone Records 1995
Big Sandy & His Fly-Rite Boys. Feelin’ Kinda Lucky. Hightone Records 1997
Big Sandy Presents The Fly-Rite Boys. Hightone Records 1998
Big Sandy & His Fly-Rite Boys. Night Tide. Hightone Records 2000
Big Sandy & His Fly-Rite Boys. It’s Time. Yep Roc Records 2003
Big Sandy & His Fly-Rite Boys. Turntable Matinee. Yep Roc Records 2006
Big Sandy & His Fly-Rite Boys. What A Dream It’s Been. Cow Island Music 2013

TOULOUSE / 01 – 10 - 16

L'AUTAN

JOE L'IGUANE ET SES REPTILES

CRASH TES COUILLES

L’Autan en emporte le vent…

 

C’est dommage, c’est fini. C’était bien, mais c’est fini. Toulouse perd, encore une fois, un lieu culte pour les rockers, après la fermeture du Mandala et celle de la Dynamo, même si ces lieux n’étaient ni le temple, ni le Graal, ni le muséum d’histoire naturelle. Il y a sans doute d’autres zones à dénicher, allez savoir où…

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Ce soir, la dernière, organisée par Marco et Pablo, en hommage à la voisine acariâtre et pas rockeuse pour deux cents, laquelle fut la grande inspiratrice du déménagement pour cause de décibels prétendument nuisants et illégaux, est dédiée justement au hard et à la fiesta : La garde meurt et ne se rend qu’au fût de blonde, qu’on aura vu couler à flot. Il y a même un photographe (gros calibre, milliards de pixels et zooms prodigieux) dont un quidam renverse le seau posé par mégarde, ou par excès de confiance, à même le sol. Bonheur du platane dont les racines poussaient se frayant un chemin sur la place Arnaud Bernard, à l’angle du boulevard d’Arcole et de l’avenue Honoré Serres…

Depuis près de trente ans, le zinc de ce bar Punk’n Roll du quartier Arnaud Bernard voit défiler les amateurs de musique et les piliers de comptoir. Mais c’est en 2003 avec la reprise en main de Paulo et Marco que l’établissement devient résolument rock. Paulo affrète même des bus pour transporter les fans de Motörhead jusqu’à leurs concerts au Zénith.

La notoriété du bar passe aussi par sa décoration. Sacs à main couverts de toiles d’araignées aux murs, flexibles de douche enlacés au-dessus du comptoir, robots métalliques et squelettes en plastique : l’Autan a des airs de brocante et de train fantôme.

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Avant de partir, samedi soir, Paulo et Marco ont fêté leur départ avec dernier un baroud d’honneur : un double concert de Joe l’iguane et Crash tes couilles. « On a prévenu la voisine, et on lui a dit qu’on ne l’embêterait plus », explique Paulo. « Elle a souri ».

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Bien carré, tape dure, énergie à revendre, tout aurait été parfait si cette triste et funeste circonstance n’avait drainé autant de populo : impossible même de battre le rythme, impensable même de tenter de claquer des doigts, inutile d’essayer de les porter aux lèvres pour siffler notre admiration. On se marchait littéralement dessus ! Quelles jolies paires de fesses frottaient quels pantalons pour tenter un passage au plus près de la scène, quelles paires de seins forçaient les torses supposés velus autant que tatoués pour la même ambition ? On savait bien que le corps se maintient à 37,2°C (ou 99 Fahrenheit si vous préférez) mini, mais là, on se serait cru dans une étable bourrée de testostérone qui n’aurait nul besoin de chauffage d’appoint…

Cette chaleur aura finalement eu raison de notre enthousiasme, et aura un peu gâché la fête…

Heureusement, on entendait bien quand même, de la fraicheur relative de l’extérieur où il y avait autant de monde… Un enterrement de 1ère classe, la voisine aura probablement effacé rapidement son sourire. Mais quelques mots sur les musicos :

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"Joe L'Iguane & ses Reptiles", groupe punk rock toulousain célèbre dans les années 90 qui s'est reformé récemment. A mon avis, moins punk qu’au millénaire dernier, mais tout aussi hard. Samy, voix de ténor sanglant, Flo à la basse, Troll à la batterie et en slibard (c’est sa marque de fabrique), Laurent et José aux grattes défoncées. Z’étaient déjà passé par là (6 juin 14), puis à l’Internazionale (autre bar toulousain, c’est marrant comme la bière et le rock font bon ménage), et enfin au Bikini (octobre 14, lors du festival « La France dort »). Bref, du bon, du hard, pas forcément du très original, mais ça s’écoute bien.

« Crash tes couilles », c’est autre chose, c’est la 4ème dimension, à un point tel qu’on ne pourrait (presque) plus parler de musique. C’est trash à souhait, c’est complètement déjanté, et en même temps ça passe des slogans aimablement accueillis par l’underground toulousain.

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Dans son livre « Histoire secrète du Rock français » Jean-François Manœuvre en parle ainsi : «Quand j’ai vu ces mecs en string ce fut la révélation. Les Crash tes Couilles on croit que c’est de la musique mais ce n’est pas de la musique, les Crash tes Couilles c’est surtout la meilleure chose qui soit arrivé au Rock n’Roll… ». Pour ma part, je ne partage pas : la meilleure chose qui soit arrivée au R’nR, c’est… l’invention du R’nR ! Et là, on en est quand même un peu loin. OK, OK, chacun sa moutarde.

Allez, ciao, je vais me coucher, comme d’habitude avec les oreilles en vrac, je n’entends même plus les ronflements de la ptite louloute, bonne nuit.

BELUGA ROCK

 

 

 

BORN TO RUN


BRUCE SPRINGSTEEN

( Traduction : Nicolas Richard )

( Albin Michel / Septembre 2016 )

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Plus de six cents pages. Pleines à ras bord. Le boss ne fait pas les choses à moitié. Une véritable autobiographie. Pas une broutille torchée sur un magnéto. Rédigée avec soin. Ne vous inquiétez pas, il raconte sa carrière de rocker en long et en large. Pour les petites anecdotes croustillantes, la récolte sera maigrichonne. Un torchon à la Closer aura du mal à prélever une dizaine de bonnes pages. L'est sans doute un peu pudique le Bruce, l'on sent le gars qui n'aime pas étaler ses frasques et ses intimités au grand jour, mais son projet est tout autre. N'écrit pas pour se raconter mais pour faire le point, l'a des tonnes de renseignements à nous offrir, mais de fait il préfère se livrer à une véritable introspection. Essaie de répondre à quelques questions essentielles, qui suis-je ? D'où viens-je ? Où vais-je ? – le vieux questionnement de la célèbre toile de Gauguin.
Pour l'origine, ne s'en cache pas. Né en 1949. Milieu prolo. Famille d'origine italo-irlandaise. Y a toujours eu à manger à la maison. Guère plus. Mais la pauvreté n'est pas le problème. L'a eu faim d'autre chose de bien plus important. La reconnaissance du père. Un véritable boss lui aussi. A sa manière. Un handicapé du sentiment et de la communication. Ne parle pas, reste assis à la table de la cuisine à allumer clope sur clope. Boit. La statue du commandeur pourvue d'une terrible force d'attraction négative. Une présence pesante. Un trou dans la psyché du petit Bruce. Recouvert dans ses neurones par une formidable appétence de vivre. Qui ira s'agrandissant sournoisement avec l'âge. Un abîme dans lequel il tombera lorsqu'il sera devenu adulte.

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Pas de père. Pas de mère non plus. Elle adore ses trois enfants. C'est elle qui lui paiera sa première guitare et qui n'hésitera pas à prendre un crédit pour un engin plus évolué. Elle aime son fils, l'encourage, lui conseille de vivre ses passions, vive, enjouée, mais qui abandonnera ses deux grands Bruce et Virginie, aux âges cruciaux de dix-sept et dix-neuf ans, afin de suivre son mari qui a décidé de partir pour entamer une deuxième existence en Californie...
La voie pour l'usine était toute tracée. Entre temps y avait eu n grain de sable. Un véritable tempête de rocs. Vous connaissez le nom du coupable. Elvis Presley. Qui fait son apparition sur l'écran de télévision en l'année de grâce 1956. Pour Springsteen dans sa caboche de gamin de sept ans, c'est l'étincelle rassurante, il existe un autre monde possible. L'aura une piqûre de rappel en 1964, par le même canal, I want to hold your Hand, avec les Beatles. Confirmation, lui aussi sera un musicien de rock and roll.

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Les débuts ne seront pas faciles. L'apprentissage se fera par étape. Le cousin qui au bout de quelques mois lui révèlera qu'il est nécessaire d'accorder une guitare avant de jouer... Bruce tâtonne. Doucement mais pas très sûrement... Plus tard après les premières répètes informelles avec les copains, le bal du lycée, les premières formations aléatoires l'accède enfin à sa première guitare potable. Pas très maniable, mais il est indubitable qu'elle possède un son fabuleux, une grave plénitude à nulle autre pareille. Faudra l'admiration d'un gamin qui vient le féliciter de sa géniale idée d'avoir osé monter des cordes de guitare sur une basse pour qu'il comprenne enfin le pourquoi de l'onctuosité de sa sonorité ! Presque aussi bien que Bashung qui brancha et explosa sa première gratte directement sa gratte sur la prise de courant... Apprentis rockers, ne désespérez pas ! Tous les espoirs sont permis aux obstinés. Ce qui ne vous électrocute pas, vous rend plus fort !
Progressera tout de même, d'expériences cuisantes en tentatives plus ou moins réussies. Ne se découragera pas, s'entêtera, accumule de la pratique, s'aperçoit bientôt que par rapport aux copains et aux gratteux du coin, il n'est pas le plus foireux. Serait même dans le peloton de tête. Son premier vrai groupe commence à se faire remarquer. Les Castiles moulinent bien, avec Steel Mill ce sera encore mieux, commence à réunir les premiers éléments de l'esprit de ce qui sera un jour le E Street Band. Sont même devenus les rois de la petite ville d'Asbury Park et de tout le New Jersey, les gloires locales, avec même un amateur Tinker qui investit sur le groupe. Bossent dur, donnent des shows qui soulèvent l'enthousiasme du public, commence à se former un noyau de fans. Sont parvenus à un stade critique, se pensent assez bons pour aller jouer dans la cour des grands mais il leur manque les réseaux qui leur faciliteraient l'entrée en contact avec un label et l'argent qui leur permettrait de tourner hors du comté natal.

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Tentent le gros coup. Si la bonne fortune ne vient pas à toi, il te suffit de courir vers elle. Faut quitter le New Jersey, une taupinière à blaireaux, le futur du rock se fait de l'autre côté du pays, sur la côte ouest. Matériel entassé dans un camion, une voiture suiveuse et avant pour le California Dreamin ! A les en croire on n'attend qu'eux. Ces damnés surfers vont apprendre ce que c'est que le rock couillu. Sont gonflés à bloc, et au début les dieux leur semblent favorables. Mettent le feu, ont un bel article dans un grand journal et décrochent une place pour passer au Fillmore à San Francisco. Montée en flèche ? Cible ratée. Enregistrent une démo qui n'emballe personne, mais le coup de Trafalgar survient au moment où ils ne s'y attendent pas. Participent à une sélection, sont sûrs d'être les lauréats, mais c'est un autre groupe qui est pris. Quelle injustice ! Non pas du tout ! Rien de plus utile qu'une bonne gifle pour remettre les idées en place. Les autres groupes étaient meilleurs. Point barre. Suffit pas de sortir le grand jeu des guitares malmenées, faut jouer mieux.
Retour à la case départ. Le moment de se remettre en question. Pour Springsteen ce moment de doute est primordial. Pas question d'abandonner. Prend pleinement conscience de sa position de leader. C'est à lui de prendre ses responsabilités. Faut revoir sa copie. Fini le rock échevelé, à l'arrache, l'adolescence est terminée, un peu de finesse, désormais l'on tapera davantage dans le rhythm'n'blues, avec section de cuivres, s'il vous plaît. Le groupe est remanié, change de nom, voici The Bruce Springsteen Band. Et cette fois Monsieur le Responsable Springsteen s'aperçoit d'une simple règle mathématique, plus vous devez payer de musiciens plus cela vous coûtera cher ! Exunt les saxophones, et bientôt Bruce décide de faire cavalier seul.

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Quitte ou double. Ce sera double. L'a rencontré Mike Appel qui le prend en main. Lui trouve une audition chez Atlantic qui ne mord pas, et puis avec John Hammond de Columbia, le mythe en personne celui qui a signé Billie Hollyday et Bob Dylan... et qui finit sa carrière en signant Bruce Springsteen. Nouveau départ pour Springsteen, ne fonce pas dans le brouillard, l'a ses idées et ses modèles. Pour la voix lorgne sur Roy Orbison pour le son des guitares guigne sur Duane Eddy, et pour les textes l'a Bob Dylan dans la mire. Le premier album Greetings s from Asbury Park, N. J. sortira en janvier 73. L'en vendra, 25 000 exemplaires. En novembre de la même année paraît un deuxième album The Wild, the innocent, and the E Street Shuffle, qui ne perce pas davantage.

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Bruce saisit le taureau par les cornes. Si les disques ne parviennent pas à faire la différence, il établira le forcing grâce aux concerts. Ira chercher les fans un par un. Tournent un maximum. C'est en ces mois sur le fil du rasoir que Springsteen se révèle à lui-même. La pression est énorme mais décuple ses facultés créatrices, le groupe acquiert une cohésion qui touche à la perfection, l'est un vecteur qui le pousse en avant, qui lui donne la confiance en lui-même qui lui manquait. C'est le début de la décennie fabuleuse, Springsteen pond des chefs- d'oeuvre à la chaîne. Born to Run ( 1975 ), Darkness on the edge of the Town ( 1978 ) , The River ( 1980 ), Nebraska ( 1982 ), Born in the USA ( 1984 )... Années fastes, le groupe tourne à plein régime, l'argent entre à flots, mais les premières fêlures apparaissent. Une grosse fatigue à l'origine vraisemblablement, mais cette explication n'en est pas une. Pas plus que celle du fisc qui lui tombe dessus après les deux couvertures de Newsweek et du Times la même semaine et qui lui réclame les impôts qu'il n'avait jamais payés. Jusqu'en 1982 la majorité de ses gains serviront à régler l'ardoise. Bruce a recherché la célébrité, l'a désirée, l'a recherchée, l'énonce clairement, s'il a marné si dur c'est qu'il voulait atteindre le haut de l'échelle et pas un échelon inférieur, et maintenant il doit faire avec. Les contradictions seront de deux ordres, personnelles et idéologiques.

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Qui règle ses dettes s'enrichit. Le fils de prolo se retrouve avec des revenus de millionnaires. L'est le patron. Pas un anarchiste. Ses camarades du E Street Band, il les paye selon les besoins qu'ils déclarent avoir. Un principe simple : celui qui doit une pension alimentaire reçoit davantage que celui qui n'a point ce genre de poids mort à sa charge. Démarche sympathique qui ne court pas après un égalitarisme de façade. Certains exagèreront. Bruce s'en plaint. Avec humour. Nous voulons bien le croire, toutefois il oublie de mentionner l'épaisseur de la tranche du gâteau qu'il se réserve. Mais ce n'est point ce genre de problématique – que appellerons la recherche de l'injuste milieu - qui le gêne.

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Le problème qui le taraude n'est pas d'ordre individuel. Lui suffit de ne pas rougir de lui-même, de pouvoir se regarder chaque matin dans sa glace. Patron mais pas exploiteur. Ses amis, ses musicos, c'est de la sphère intime, n'a pas l'impression d'être un esclavagiste. C'est par rapport au reste du monde qu'il se sent mal. Pour circonscrire sa mauvaise conscience nous la limiterons à sa réalité existentielle américaine. Ne se contente pas d'être un artiste qui apporte du plaisir à son public. N'est pas là pour faire passer du bon temps à la foule qui assiste à ses concerts ou qui achète ses disques. Ni pour leur procurer quelques heures de plaisir et l'oubli facile d'un quotidien grisâtre... Revendique ses origines prolétariennes, n'est qu'un simple fils d'ouvrier, fait partie des humbles, et lui qui a magnifiquement réussi se sent redevable de la masse informe des sans-grades, des anonymes, des petites gens, des misérables. Aucune culpabilité, mais l'envie de les défendre, en leur donnant la parole au travers de ses textes et chansons.

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Une démarche à la Dylan. Mais Bobby a rapidement effectué une marche arrière en s'apercevant qu'il était devenu le porte-drapeau de toute une contestation à laquelle il n'était pas insensible mais qui ne le taraudait pas plus que la moyenne. Entre le partage des idées et l'engagement militant il existe une sacrée marge. Le sieur Zimmerman a eu la désagréable sensation qu'on lui forçait la main... Pour Springsteen la donne sera différente. Entame un parcours qui se peut résumer musicalement, de Hank Williams à Woody Guthrie. De l'homme perdu en ses tourments intérieurs, tournoyant dans le tohu-bohu d'un mal-être existentiel, à l'individu attentif à ses semblables, soucieux de leur montrer un chemin de lutte et de combat.

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Le dépouillement de Nebraska et la batterie claironnante de Born in the USA traduisent chacun à leur manière ce souci de Springsteen. Certes son rock and roll avait jusqu'à lors toujours mis en scène des personnages ou des attitudes appartenant à la riche faune des déclassés de la grande America. L'Amérique des loosers. Mais la guitare et la voix dans leur nudité dénoncent tout ce qui pouvait y avoir de convenu et de stéréotypé dans tous les textes précédents de Bruce. L'on est en quelque sorte plus près de la germination sémencielle du blues. Les paroles charrient une authenticité à laquelle le boss n'était jusque-là jamais parvenu.
A l'inverse le Born in the USA sonne comme une déclaration de guerre... à la guerre. Toutes les guerres. Les répliques du Vietnam, de l'histoire faussement ancienne, une catastrophe morale pour les Etats-Unis, contre laquelle les artistes de la rock-music de l'époque s'étaient élevés, mais surtout le piège qui s'était refermé sur les soldats traumatisés et inadaptés de retour dans la mère patrie. Springsteen prend position.

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Semble avoir résolu ses distorsions. Il n'en est rien. Tout ce qui précède n'était que l'écume de la mer. En 1988, Bruce congédie l'E Street Band. Continuera à enregistrer des disques, mais le combat est ailleurs. Se colleter avec son pire ennemi est devenu une nécessité. L'a toujours su, le rocker n'est qu'un leurre. Un épouvantail utile qui attire les oiseaux pour les mieux chasser dès qu'ils deviennent trop pesants. Le rock lui a permis de tenir à distance la grande trouille de sa vie. La trajectoire agitée du baladin est le meilleur moyen de ne pas replonger dans l'enfer familial. Joue de la guitare et chante pour ne pas avoir le temps de s'arrêter et de ne pas être confronté au plus insupportable des défis. Ne pas se comporter comme son père. Être à la hauteur de ce que son géniteur n'a pas su faire. Savoir s'occuper de ses enfants et de sa famille. Analyse son comportement avec les filles. Les admiratrices, les groupies, les rencontres d'un soir, a su en profiter. Pas un collectionneur, parle de ces accointances fugitives avec respect et sans une once de mépris, mais ne s'y attarde pas. Plus importante ces liaisons qui ont duré deux années et qu'il a sciemment sabordées avant qu'elles ne deviennent trop sérieuses. Pas un chaud partisan du développement affectif durable. Un mariage de quatre ans, séparons-nous bons amis, tu es une fille formidable. Le chanteur engagé a peur de s'engager. Faudra l'intelligence amoureuse de sa choriste pour qu'il accède enfin à la stabilité affective qu'il recherchait. Pat lui donnera trois enfants, aujourd'hui bien grands.

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Le denier tiers du livre est consacré à cette vie familiale, ce simple bonheur de vivre partagé. Mais le rocker n'est pas mort, l'a rappelé le E Street Band et les tournées recommencent. Reste encore le problème du père qui fera deux fois huit cents kilomètres en voiture juste pour lui dire qu'il ne s'était point trop occupé de lui gamin. Une reconnaissance paternelle qui a dénoué bien des noeuds d'attente et de désespoir. La vie est facétieuse, ce père qu'il l'a si longtemps haï d'un amour insatisfait, lui a transmis plus qu'il ne croit. Son hérédité. Sa folie. Sa schizophrénie. Sa paranoïa. Ne l'a pas vécu comme son père. Cela s'est traduit par d'immenses crises de désespoir nihiliste. Un monstre tapi au fond de lui qui attend l'ouverture des portes. Des bouffées d'angoisse incapacitante. A su les éloigner, les tenir en respect, ne pas le montrer, faire semblant, les juguler, seul, puis avec le secours de docteurs et d'entretiens psycho-psychanalytiques, et de gros médocs en dernier recours. Séances de musculation et interminables virées en moto pour se tirer des griffes de la dépression. Merci papa ! Sans ironie. Ne lui en veut pas. Constate le fait en toute simplicité.

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Preuve d'humilité tout le long du chemin. Ne tire pas la couverture à lui. Ne se prend pas pour un grand chanteur. Son timbre manque de cette profondeur mystérieuse que les plus grands ont acquis à la naissance. L'a tenté d'en tirer le maximum. A rusé, a surtout exploité ses qualités les plus fiables. Pragmatisme bien américain. Do it yourself, but do the best. Parle beaucoup des musiciens qu'il a côtoyés, trace de très beaux portraits de Nils Lofgren, de Steven Van Zandt et de tous les autres qui ont émargé dans ses groupes. Clarence Clemons reste le plus attachant. Possède cette folie nonchalante si particulière, cette touche de génie fulgurante qui le classe dans la hors-classe. Ce n'est pas qu'il était le meilleur saxophoniste du monde, c'est qu'il habitait le monde si pleinement qu'il n'était pas ces clones de fantômes tremblotants que sont les autres hommes. L'était présent. C'est tout. Dans la démesure de sa présence. Le plus malheureux de tous. Le plus heureux de tous. Ce cette gousse de vanille noire qui tant fait défaut au rock and roll blanc.
Une biographie différente. Des ressemblances par ci par là, les longues années de progression ressemblent à celles que Steven Tyler narre dans sa bio, ce qui n'est pas étonnant deux gamins qui se hissent aux premières places à la force du poignet, les premiers pas chez Columbia ne sont pas s'en rappeler ceux de Dylan racontés par François Bon. Mais la seule qui puisse rivaliser avec celle-ci reste Life de Keith Richards. Très différentes, pour ne pas dire exogènes. Celle de Keith pue la vieille Europe. Personnalité faisandée jusqu'au trognon. Celle de Springsteen fleure bon la rusticité américaine. Richards referme le buffet et c'est à vous d'entrevoir par les fentes du battant ce qui se cache à l'intérieur. Springsteen ouvre les portes en grand. Montre tout, ne voile rien, pas question de laisser la housse sur le canapé de doctor Freud. Keith l'européen respire le blues et Springsteen l'américain transpire le country rock.
Bruce raconte sa carrière, officie chronologiquement. Mais l'aurait été chauffeur d'autobus qui à la retraite se serait décidé à rédiger ses mémoires que le livre n'aurait pas été profondément différent. Certes vous auriez tout su sur les vicissitudes de la ligne 24 ou sur les moeurs douteuses de ses passagers. Les amuse-gueules de l'apéritif. Le gros du déjeuner aurait consisté en ces tempêtes sous les crânes chères à Victor Hugo. Un galimatias sans fin de pensées tordues qui tourneraient en rond en s'entrecroisant sans répit dans sa boîte à ruminations à l'instar d'un essaim de poissons rouges dans un bocal à cornichons. Maintenant soyons francs, les affres de la vie de Bruce Springsteen nous auraient-elles autant intéressés s'il n'avait pas été un chanteur de rock and roll ? Et pourtant la relation de ces atermoiements psychologiques représentent la partie la plus profondément springstéenne de son autobiographie !


Damie Chad.

SKINHEADS


JOHN KING


( Traduction : Alain Delfossé )
( Au Diable Vauvert / 2012 )

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John King, n'avais jamais lu une ligne de lui. De sa faute, l'a été célèbre à la fin du siècle précédent pour son bouquin Football Factory qui conte les aventures d'un groupe de hooligans fans de Chelsea. Or moi je déteste le sport, cet opium du peuple... Et puis chez le soldeur, j'avise de loin sur la gondole aux livres le pavillon de l'Union Jack qui ne flotte pas au vent mais qui s'étale sur une couverture, serait-ce un opuscule sur les Who ? Ne faut jamais prendre ses désirs pour la réalité, le titre est sans équivoque, un truc sur les Skinheads, un roman en plus, j'hésite mais à un euro l'exemplaire je ne risque pas la banqueroute.

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Les Skinheads ont mauvaise réputation. L'existe l'antidote, les fameux redskins qui font la chasse aux fachos-skins, mais John King n'en parle point, n'agite pas le chiffon rouge du communisme. N'en a pas besoin. Aborde la problématique d'une autre manière. Ne s'intéresse pas aux épiphénomènes, nous plonge directement en plein coeur du mouvement skin. Et pour être très précis dans la tête de ses héros. Car la fantasmagorie du monde, c'est votre cervelle qui tient les crayons de couleur et qui distribue les teintes qui vous conviennent le mieux. Le monde en tant qu'objet de ma représentation. Pour la volonté, King donne comme l'impression qu'elle est surtout l'expression d'une fondamentale poussée collective exercée par une force étrangère. La désigne par un nom simple : le Système.

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Le Système possède son carburant de base. Les prolétaires. Bossent dur, sont peu payés, et cerise empoisonnée sur ce maigre gâteau sans crème, sont mal vus... De quoi engendrer quelques sentiments de frustration et quelques manifestations de colère... Chair à patrons et chair à canon. Question artillerie, ce sont les futurs pères qui engendreront la première génération skin, eux qui ont donné leur vie, leur sang. Lors de la deuxième guerre mondiale. Les prolos anglais seront de toutes les batailles. Et revenus du combat se sont attelés à la reconstruction. N'aiment guère parler de leurs exploits guerriers à leurs rejetons qui les regardent trimer et fermer leur gueule avec étonnement. Se contentent de ramener de quoi payer le loyer et nourrir la progéniture. Assurent l'essentiel. Ce sont eux qui fournissent la base de l'idéologie conservatrice qui irriguera le futur mouvement : sans le cocon protecteur de la famille, t'es foutu, tu l'as dans le cul. Oui mais quand tu grandis et que tu sors dans la rue justement pour t'affranchir un peu de tes parents, tu as intérêt à forger tes propres coques de protection. Ce seront les copains, la bande, les bandes. Quand on y réfléchit, il manque un peu de sel dans cette vie. L'on a beau se doter de paravents faut encore qu'ils tiennent le coup devant les tempêtes les plus violentes. La meilleure manière de les fortifier c'est encore de les mettre à l'épreuve en les choquant contre ceux des voisins. Les bandes et les individus se livrent à des vendetta interclanique. C'est en se battant entre soi que l'on devient plus fort. Les skins professent la mystique de l'affirmation de soi par la violence. Terry le principal héros du livre en est un peu revenu. Se foutre sur la gueule c'est très bien, mais il existe des manières plus performatives. Suffit de gagner en autonomie. L'a monté son entreprise. De taxis. Si vous n'êtes pas skin, vous ne serez jamais embauché. Pas un truc brinqueballant de copains bidouillé à l'arrache. Il y a des règles à respecter. Véhicule propre, respect du client, politesse et professionnalisme. C'est le vieil adage de la meute revisité. Ensemble on est plus forts. Plus les corollaires. L'on ne tape pas sans raison, l'on impose ses buts d'abord par la négociation, l'on a des billes. Pouvez critiquer. Ne serait-ce pas un embourgeoisement sournois ? Terry n'envisage pas la question sous cet angle. Pense simplement être beaucoup plus efficace ainsi. Moins de brutalité, davantage de sagesse. A le suivre, le prolo skin anglais n'est pas sans rapport avec le militant communiste français de base. Mais il ne milite pas et ne compte que sur lui-même et les copains pour se défendre. Possède une éthique. Professe le culte de la dignité, pas de cheveux crasseux, boule à zéro, vêtements propres ( pour les marques comme elles ne sponsorisent pas KR'TNT ! nous ne ferons aucune publicité ), très importantes, les chaussures de sécurité pour envoyer un bon coup de pied dans la gueule ou les couilles de celui qui vous emmerde. Les skins sont pour l'action directe et la riposte immédiate. N'accordent aucune confiance aux hommes politiques à la solde des multinationales capitalistes.

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Y a Ray, qui travaille avec son oncle. Quelques années de moins. N'aime pas tout à fait la même musique que le tonton. Terry c'est le reggae, le ska, le rhythm and blues, des goûts très prêts des mods. Ray écoute les groupes Skins, plus violents aux paroles crues et aux rythmiques rentre-dedans, très près des punks. L'est la génération qui a pris la crise dans la gueule, les temps sont plus durs. A l'époque de Terry, c'était bosse et tu t'en tireras. Mais pour Ray l'ascenseur social est en panne. Sa colère est grande, la contient, mais l'on sent qu'elle est prête à exploser. S'accumule contre le Système mais aussi contre ceux qui sont les plus proches de lui. Les Pakistanais, qui vivent des aides sociales, qui revendent de la drogue aux gamins. La tentation raciste n'est pas loin, l'on s'en défend plus ou moins, mais on l'on n'aime pas les Paquis. Les thématiques d'extrême-droite imbibent la mouvance Skin...

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Enfin la troisième génération. Représentée par Lol le fils de Terry, le plus jeune de ses trois gamins, le dernier encore à la maison, dont il se soucie, l'a peur qu'il fasse de grosses bêtises. Les jeunes morflent le plus. N'en peuvent plus. De plus en plus portés sur la violence. Ecoute de la Oi, du skin radical.
Trois générations qui se retrouvent tous ensemble, l'union sacrée pour soutenir Chelsea et en profiter pour régler leurs comptes aux fans de Tottenham, l'ennemi Skin héréditaire... La police montée s'ajoute à la mêlée pour les séparer taper sans distinction sur tout crâne qui passe à portée de matraque. Le fairplay tant vanté des bobbies british perd un peu de son lustre. Ressemble comme deux gouttes aux CRS français qui assuraient la sécurité – it's just a joke - des manifestations de ce printemps à coups de grenades tirées à hauteur d'homme. Quelle maladresse !

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Mais revenons-en à nos moutons sauvages – sans laine sur l'occiput – faut maintenant départager les prises de position. Honneur au patriarche. L'est vrai qu'il est dans une sale situation, ne s'est lamais remis de la mort de sa femme décédée voici dix ans, et est en prise avec une espèce de crabe qui le ronge de l'intérieur. L'a un problème à régler. Un deux fois rien, un richard qui a racheté le terrain d'un copain qui ne sait plus où mettre ses deux vieux chevaux. Normalement tout pourrait s'arranger à l'amiable, mais le gros con ne veut rien entendre. Résultat de la négociation. Zéro. Terry se charge de surmonter la difficulté à lui tout seul. Enfin pas tout à fait, avec un fusil à canon scié. Comme quoi quand on prend les gens par les sentiments tout de suite vous êtes compris. Du coup Terry se sent en pleine forme, ce retour aux expéditifs rudiments de la morale skin lui refile une pêche paradisiaque, le cancer s'évapore en quelques minutes, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes skin.

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Super bien écrit. Du suspense, car pour tout obstacle qui se présente l'on assiste d'abord à la cogitation intellectuelle qui permettra son évincement. Pratique et théorie. Pro skin. Notons que John King se définit historialement comme un punk. Toutefois cette happy end est un peu à l'eau de rose. Une manière aussi d'escamoter la réflexion. Pourtant à un moment où Ray est sous pression, il trouve une échappatoire dans la lecture. 1984, La Ferme des Animaux, etc... prélève dans les bouquins des arguments qui renforcent ses propres analyses sur le Système, n'avait point les outils et les mots pour s'exprimer clairement mais dès lors il comprend que ce qui est en marche c'est l'installation d'une société de surveillance de plus en plus totalitaire et d'autant plus efficace qu'elle agit insidieusement pour votre bien... Face à ce monstre froid, l'individu est démuni, ne reste comme moyen de défense que l'attitude Skin, ce raidissement sur ses propres valeurs et cette éthique de self-défense ( pour ne pas dire de self-attaque ) qui consiste à ne laisser aucune autorité étatique vous empêcher de régler par vous-mêmes vos propres problèmes. Ne serions-nous pas très éloignés de l'autonomie individuelle anarchiste. Vous avez même en option le recours à l'autre versant de la théorisation anarchisante, le concept d'association ( Skin, bien sûr ) si vous avez besoin d'aide.

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Les skins nous semblent farouchement stirnériens. Mais cette apparence relève du faux-semblant. A l'autre bout du Système les libertariens pro-capitalistes se réclament eux aussi de Stirner. Se prévalent de l'Unique et sa Propriété, tout en oubliant d'accoler à ce terme aristotéliciennement qualificatif, l'adjectif privée, ce qui change toute la donne. Le problème, c'est que le skin de base se situe à l'opposé de la toute puissance de ce spectre libertarien. Ne possède rien, pas de propriété personnelle. Des fils de prolo qui à part leur force de travail – de plus en plus dédaignée – leurs gamins, leurs beaux habits neufs et leur fierté, ne peuvent s'honorer d'une quelconque accumulation de capital. Rien, non rien. Juste assez de quoi se payer une bière de temps en temps. Certes ils se sont emparés de la morale des maîtres mais ils l'appliquent à une situation qui ne correspond guère à leur réalité sociale. Il en est de même pour tous les mouvements de rébellion juvénile tels les rockers, qui dans le livre sont présentés comme les ennemis, pratiquement héréditaires, des Skins. Ne portent pas les mêmes vêtements, roulent en moto, n'écoutent pas la même musique, mais au fond ne sont pas très différents comme Terry le pense.

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L'habit ne fait ni le moine, ni le révolutionnaire. Les skins redoutent le Système. Le jugent à raison comme un milieu hostile. Développent des stratégies de défense et de survie. Tels des insectes qui se forgent une carapace pour que les prédateurs s'y brisent les dents dessus. Une espérance qui ne marche pas toujours. Reste un ventre mou source de tous les dangers.
Les différentes composantes du mouvement rock ne sont guère mieux loties. Les rockers et les hippies, pour ne prendre en exemple que ces deux-là, n'ont pas été beaucoup plus malins. Qu'importe la solution adoptée, de la mystique du baston à l'adoration d'Hare Krishna pour ratisser large et ne pas hésiter devant la caricature, les positions sont multiples, chacun trouvera pitance à son goût, vous bâtissez votre niche écologique de survie qui vous offre toutes les garanties qui s'adaptent au plus près de vos préférences, mais les années passent, vous avez sauvé votre peau, mais la situation générale n'a pas évolué...

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Toutefois les Skins ne sont pas aimés, leur silhouette martiale, leur accoutrement uniformisé, leur donnent l'aspect de groupes militaires d'extrême-droite. Certaines photos sont troublantes, survit le souvenir de ratonnades raciales qui font froid dans le dos. John King n'élude pas le problème. Les condamne. Tout mouvement de masse possède ses béliers galeux, assurent-ils. Ne condamnez pas toute une collectivité au nom d'individus extrémistes. Le répète à plusieurs reprises. Ne nie pas les tentatives de manipulation politique dont le mouvement Skin peut être victime. Préfère le présenter comme une réaction d'auto-défense des milieux ouvriers. Certains le traiteront de démagogue. Nous n'irons pas jusque-là, nous dirons simplement que les meilleures intentions peuvent avoir des conséquences en totale contradiction avec les buts recherchés. C'est vrai pour les Skins, pour tout le monde aussi. C'est en cela, en cette généralisation que ce livre peut vous faire peur. Ne soyez point dupes. Ni des Skins, ni de vous-même. Surtout de vous-même.


Damie Chad.