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07/06/2012

KR'TNT ! ¤ 101. BURNING DUST. LITTLE LOOLIE. HOWLIN JAWS. JULL. ROCKIN' MALEK

 

KR'TNT ! ¤ 101

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

07 / 06 / 2012

 

 

 

I

 

burning dust

 

 

longjumeau / 25 / 05 / 12

 

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On a toujours une excuse pour sortir, ou un bar pour rencontrer les copains, magnifique ce soir on a les deux en même temps, Burning Dust au bar «  L'Excuse » de Longjumeau. Jour décidément faste puisque en plus l'on transporte un invité, Mister Jull en personne, totalement remis de ses précédentes aventures et qui venu voir de la famille dans le coin, demande s'il resterait une place dans la teuf-teuf mobile.

 

 

Oubliez tout ce que l'on vous a raconté sur les talents de guitariste de Mister Jull, ce n'est apparemment que son hobby numéro deux. L'est beaucoup plus fort en course d'orientation. Un pro de chez pro. A peine assis dans la voiture qu'il connaît déjà la route : « C'est simple, toujours tout droit, tu prends la cinquième sortie à droite ! » Le pire c'est que l'on est tombé pile-poil sur le bar, en avance d'une heure et demie. Les Burning finissaient la balance et n'avaient pas encore entamé le petit fricot mitonné spécialement pour eux et avec amour par Fred le patron.

 

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Ca sentait délicieusement bon, mais comme tout vrai rocker qui se respecte on a été bouffé des frites ruisselantes de graisse au grec d'à côté. C'était tellement bon que l'on est arrivé lorsque Burning Dust terminait ( n'ayez pas peur ) leur premier morceau.

 

 

BURNING DUST

 

 

Ca fait toujours plaisir de revoir Burning Dust, quand l'on pense que notre première livraison, sur papier, voici trois ans a été motivée par le compte-rendu de leur concert à Mouy ( reportez-vous à la toute première page du blog ), et que de fil en aiguille nous entamons notre deuxième centaine de rendez-vous hebdomadaires, l'on se dit que l'on est en présence d'un groupe qui insuffle de la bonne énergie.

 

 

L'Excuse n'est pas un palais, le combo se trouve relégué dans l'arrière salle habituellement dévolue à la pratique scarfastique du billard. Ce qui n'empêche pas Fred d'y organiser depuis plusieurs années mille et une glorieuses et délicieuses nuitées dédiées au rock sous tous ses aspects, courues par un public local d'habitués. Cette fois beaucoup d'entre eux sont partis en week end ( merci bon dieu, pour ces trois jours ), mais c'est tout de même plein comme un oeuf.

 

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Superbe concert. Deux sets uniquement, alors que l'année dernière pour Easy Lazy, , voir notre 61° livraison du 14 / 07 / 11, l'on avait eu droit à trois prestations. Mais dans notre douce France, ce fier pays des emmerdeurs en tout genre, et de la Liberté, avec un L majuscule, mais en cure drastique d'amaigrissement, le voisinage s'est plaint de la gêne occasionnée par ces manifestations culturelles qui ne correspondent pas à l'insensibilité dominante de la majorité silencieuse des imbéciles toujours prêts à ouvrir leur gueule pour que le monde ressemble chaque jour davantage à leur tristesse existentielle et à leur bêtise congénitale.

 

 

Un Dan en grande forme. Il exulte. Dans un espace aussi réduit, il se permet de gambader comme un cabri et s'amuse de temps en temps, comme pour relancer la sauce, à cogner sur la cymbale de Phil avec le manche de sa guitare – une folk électrifiée – une sèche avec laquelle il nous arrose d'un rythmique impeccable et enjôleuse. Assume aussi la plupart des vocaux, la voix en avant gorgée d'urgence et de speed.

 

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Admirablement soutenu par Earl sur sa Fender qui passe ses riffs avec assurance et aisance. La moindre des choses pour un guitariste solo, objecterez-vous, oui mais toute la différence se joue dans la façon d'introduire et d'emporter le morceau, de lui imprimer une marque personnelle et d'en faire une chose à soi. Earl donne au groupe un son moins roots et plus country, mais très électrique. Nous chante un superbe Johnny Cash, et la partie de guitare qui gronde comme une menace nous laisse de cul.

 

 

L'exiguïté du local a ses bons côtés. L'on peut se remplir les yeux de Phil. L'on commence par admirer les somptueux tatouages de son bras gauche mais l'on pige vite qu'il vaut mieux prêter attention à ses baguettes magiques. Cogne fort mais surtout frappe juste. Ne nous la fait pas à l'à peu près. En voilà un qui ne joue pas à l'arrache, du genre ça casse ou ça passe. Non, son jeu procède d'une science subtile. D'une longue expérience sans aucun doute, mais surtout d'une connaissance exacte du rythme. Pourrait filer des cours en fac sur la mystique du contretemps, le Phil. Ses trois acolytes empruntent tous les chemins de traverse qu'ils veulent, savent que le berger du beat les rattrapera au dernier moment et les ramènera sains et saufs à la maison.

 

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Une fois n'est pas coutume l'on finit par la contrebasse. Vince – se rapporter à notre 90° livraison du 22 / 03 / 12 sur le concert des Hoochie Coochies – a la niaque. N'essaie même pas de se faire tout petit dans le mètre carré qui lui est alloué. Le sourire aux lèvres et le geste ample. Maltraite sa turbine à gros sons qui en ronronne de plaisir. Nous offre des notes rondes, chargées de miel et de sucre. Des fondants qui percutent votre estomacs et vous embaument de rurales saveurs résinées.

 

 

Personne ne saurait résister à un tel régal. Les jeunes femmes qui composent la majorité du public font des yeux de velours. Le groupe dégage une superbe énergie et emporte la mise haut la main. Les Burning démontrent une fois de plus qu'ils sont le groupe angulaire du rockab français. Beaucoup de choses procèdent d'eux. Dan et Phil sont aux fondements de cette exigence qui a permis de hausser la qualité des bands hexagonaux à un niveau de qualité internationale. Aujourd'hui Gene Vincent ne pourrait plus déclarer que ce qu'il hait le plus au monde, ce sont les groupes français.

 

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Longue conversation amicale avec les Burning après le concert. Ont du mal à s'extirper de cette sympathie qui a accompagné leur show. Dan raconte les tournées incessantes aux six coins de l'hexagone, les nouvelles affiches à l'imprimerie et le nouveau disque en préparation, de Fred qui accueille les groupes de son propre chef, en cafetier indépendant et autonome qui a compris qu'il n'est pas utile de passer par les fourches caudines d'un tourneur pour embaucher un combo. Suffit d'un téléphone. Directement du musicien au consommateur. Pas d'intermédiaire superfétatoire ! Nous apprend aussi que Easy Lazy s'est séparé après les départs successifs de Chris Almoada et de Manu. Il se fait plus que tard, si ce n'était si loin, on suivrait les Burning Dust le lendemain jusqu'à leur prochain concert à Nantes, les voir se confronter à des groupes anglais, suis sûr qu'ils ont marqué des points.

 

 

Damie Chad.

 

 

II

 

 

ROCK AND SWING CIRCUS PARTY

 

 

PARIS / CIRQUE ELECTRIQUE / 27 – 05 – 12

 

 

LITTLE LOOLIE AND THE SURFING ROGERS

 

 

HOWLIN JAWS + JULL + ROCKIN MALEK

 

 

Excusez-nous, mais l'on a remis cela le surlendemain. Puisque l'on n'a pas pu aller à Nantes, l'on ira à Paris. Teuf-teuf mobile cap sur la capitale, l'on s'est débrouillé comme des chefs et pourtant Mister Jull n'était plus avec nous, l'on est sorti Porte des Lilas – juste à l'endroit où tu vois la grue – et l'on s'est stationné comme une fleur. Une place, dans une rue tout à côté, où l'on aurait pu garer un porte-avions, rien que pour nous. C'est avec allégresse que nous avons escaladé les marches qui donnent sur la Tiger Place où Le Cirque Electrique a monté son chapiteau.

 

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Deux euros l'entrée pour deux groupes ! Fifties Sound l'Association qui manigance la manifestation devrait être inscrite au répertoire des sauveurs de l'humanité de l'Unesco, plus une mention particulière à Turquy qui a assuré l'organisation de main de maître. Bien sûr, ce ne sont pas des philanthropes, ils se rattrapent sur la buvette, mais avec des consos à deux euros cinquante au maximum, l'on ne pas les accuser d'exploiter le peuple du rock.

 

 

Qui est venu en nombre. Deux générations s'y croisent et y coexistent des plus convivialement. Les dinosaures – loin d'être disparus et en pleine forme – de l'époque du Golf-Drouot, et toute une jeunesse entre vingt et trente piges qui afflue en nombre, des garçons qui dansent comme des Dieux et des filles à vous faire pâlir d'envie. Avant les groupes et après, la piste est ouvert aux danseurs, et tout le monde remue salement sur le choix du Disc Jockey qui enchaîne les rocks les plus torrides aux jumps les plus endiablés.

 

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Pour vous distraire et passer le temps, vous avez aussi la brocante. Imitez-moi, venez sans votre baby préférée, sinon vos économies s'envoleront à tire d'ailes en chiffons vintage, authentiques fripes ou créations par de jeunes stylistes autonomes. Production artisanale garantie. Un seul stand avec des disques et de superbes affiches de Gene Vincent, hélas des repros !

 

 

Du coup m'en vais sous le vaste marabout mater la balance orchestrée par Mister Jull. Les Howlin Jaws d'abord. Un coup de batterie, trois gratouilles de contrebasse, un semi-riff à la guitare, et c'est terminé. J'ai oublié Djivan, qui tel un berger tyrolien appelant ses pastorales brebis s'amuse à yodeliser dans le micro, et qui sans préavis en plein milieu de ses agrestes roucoulements vous pousse soudain des ricanements sinistres de vampires à vous coaguler le sang. Mais Mister Jull ne se laisse pas distraire par ces puériles facéties, il désire entendre les trois énergumènes ensemble. Nous sortent une intro et un premier couplet si bien en place que tout le monde applaudit. Djivan est obligé de rappeler que ce n'est pas le concert qui commence, juste la roberval de précision.

 

 

Pour les Surfin Rogers, c'est un peu plus long. Certes ils sont deux fois plus nombreux que le trio, mais l'ensemble est un peu fastidieux. A première ouïe la chanteuse ne me paraît pas convaincante, mais comme il est dangereux d'augurer du résultat final d'un tableau d'après une esquisse initiale je préfère sortir discuter le coup que de rester sur une mauvaise appréhension...

 

 

LITTLE LOOLIE AND THE SURFING ROGERS

 

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La vie est une longue patience. Alors que le flyer indiquait que le concert débuterait à 16 heures, c'est à plus de vingt heures chrono que Little Loolie et ses Surfing Rogers montent sur scène. Voudrais pas passer pour un adepte de la discrimination sexuelle mais il n'y a pas photo. D'ailleurs les Surfing Rogers sont les premiers à la pratiquer, ils ont caché les cinq mâles – certains ne sont plus de première jeunesse, l'on reconnaît même Tony Marlow le vétéran du rockab à la guitare - de l'équipe sur l'estrade où ils sont serrés comme des sardines dans leur boite – et ont poussé la diva Little Loolie, tout à fait devant face au public.

 

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Ils n'ont pas tort. Plus que jolie la petite Loolie, pour le moment elle ne fait rien, se contente de sourire derrière le micro en agitant imperceptiblement le reste de son corps sur l'instrumental de ses accompagnateurs. Un super surfin' – n'ont pas volé leur surnom les Rogers – un saxo voluptueux – celui de Mathias Luszpinski sur un coulis de guitare paradisiaque. L'intro est terminée c'est à Loolie de se charger du gros du turbin. Se contenteront d'assurer l'accompagnement, a priori un peu macho comme démarche, mais notre fillette – merci les talons hauts – a de quoi se défendre. Et puis il y a tous ces regards échangés, qui quêtent approbation et encouragement, mais qui trahissent tendresse et complicité.

 

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Le public s'est massé devant la scène, Little Loolie commence par la figure imposée lorsque l'on prétend être chanteuse de rockabilly – Dynamite de Brenda Lee. S'en tire plus que mieux. Pour le rappel et clore la boucle elle nous offrira un fort beau I'm Sorry toujours de Brenda. Entre temps elle aura décliné tout son talent. Une belle voix capable de se plier à toutes les exigences des flexibilités requises par les nécessités de l'interprétation. Mutine comme une petite fille qui quémande un bonbon, rauque et sauvage comme un bon bout de femme qui n'a pas l'intention de se laisser mener par le bout du nez. N'hésite pas à s'attaquer à My baby left me de Presley sans avoir à rougir comme à My babe de Willie Dixon sans devenir bleue de peur.

 

 

Une présence magnifique. N'en fait pas trop. N'en fait même pas assez. Se concentre, chante et sourit. C'est suffisant pour enchanter l'auditoire. Comme par hasard à la fin du set les trois premiers rangs ne présenteront que deux jeunes femmes, l'une maquée à mort par son mec qui la tient de près et une photographe qui fait son boulot. Tout le reste ne sont que des garçons. Je suppute un fond de jalousie chez la gent féminine qui s'est reculée. Certes elle est mignonne, mais c'est surtout sa simplicité, son humilité, et sa fragilité qui la rendent émouvante. Doute encore d'elle, alors qu'en dix minutes elle a mis le public dans sa poche.

 

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Vous ai pas parlé de son tatouage sur le bras. Une belle fleur rouge dont la tige se métamorphose en un dragon d'émeraude. A son image. Elle détient l'éclat des corolles épanouies et le tranchant des pierres précieuses. Sort sous les applaudissements de la foule et les félicitations du public comblé. Heureuse de l'accueil prodigué et comme intimidée de son succès. Rockabilly de charme. Encore jeune. Prometteuse. Faudra pas la quitter de l'oeil, mais pour cela je vous fais confiance.

 

 

HOWLIN JAWS

 

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Les dents de la mer II. Le retour. Les concerts se suivent et ne se ressemblent pas. Après le paquebot de l'Olympia – voir notre livraison 98 du 17/ 05 / 12 – le chalutier du Cirque Electrique. Ici pas de fosse et de no man's land protecteur pour les séparer du public. Sont collés à lui comme la sueur sur la peau. Je n'ai qu'à tendre la main pour toucher la contrebasse de Djivan. Plus de deux cents personnes agglutinées en face d'eux. Sont pratiquement cernés. Ca tombe plutôt bien, n'ont pas l'intention de faire de prisonniers. Fondent sur vous comme des oiseaux de proie. Vous emportent dans les airs pour le plaisir de vous relâcher de tout en haut et vous voir rebondir avec allégresse. Car masos comme vous l'êtes, vous en redemandez. Livraison immédiate. Les Hawlin Jaws ne vous laissent pas souffler. Sont des corsaires qui montent à l'abordage, le couteau entre les dents. Pas de quartier.

 

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Situations rock par excellence. Un combo et un public. N'ajoutez rien, ne retranchez rien. Laissez rouler. Laissez rocker. Dès la première note ça s'est mis à tanguer, escadron de demoiselles en avant, ne cesseront pas une seconde de danser de tout le set. Les Howlin confirment la balance de l'après-midi. Font baisser le plateau de leur côté. Déchaînent l'enthousiasme. L'en est un qui fait un sacré boulot, c'est Crash Boom Bang, ne se contente pas de faire boum-boum dans son coin, il contresigne tout ce que font les autres. Il ne les guide pas mais souligne leurs efforts en improvisant de sérieux roulements. Trouve le temps et le tempo, en dernière extrémité, d'appuyer là où ça aurait pu faire mal.

 

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Heureusement qu'il n'y a pas de rideaux car l'on y serait monté. Durant quarante minutes les Howlin se débrouillent comme des chefs. Mais ne voila-t-il pas qu'ils appellent Mister Jull sur scène. C'était prévu, il délaisse sa console et branche sa Gretsch. Nous sommes partis pour un tourbillon. Les Hawlin ont laissé à Jull le rôle d'assurer la partie vocale mais n'entendent pas rester en retrait. Au contraire, leur manière plus moderne pour ne pas dire post-punk de tisser une avalanche sonore derrière le lead guitarist qu'est Jull, oblige celui-ci à radicaliser son jeu. Fout le feu à l'électricité. C'est parti pour une galopade infinie. Le I'm gonna set my foot down de Buddy Holly prend un coup de pied quelque part qui le bouste loin d'un accompagnement Crickets pré-Beatles. Tout de même un des morceaux de Buddy qui ( déjà dès 1956 ! ) tourne le dos au style rockabilly pour s'engager au travers de réminiscences minutieuses de Bo Diddley vers tous ces morceaux comme Down the line qui préfigurent la redéfinition rock'n'rollisée du blues par les Rolling Stones.

 

 

J'explicite maintenant à la maison sur l'ordinateur, mais sur l'instant je suis comme tout le monde emporté par le traitement de choc mitonné par Jull et les Howlin. Charivari indescriptible dans l'assistance. Ca bat tellement des pieds sur le parquet qu'il devient dangereux de chanter face au micro, se balance tellement fort, trépide si rapidement qu'il menace à tout instant de venir cogner les dents du chanteur. Un grand, un pur moment de rock'n'roll.

 

 

ROCKIN MALECK

 

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D'où sort-il celui-là ?Inconnu au bataillon. Et voilà que Jull pose sa guitare avec toute la délicatesse requise que l'on se doit d'employer pour la conservation des objets vénérables et annonce qu'il laisse sa place et son instrument à Malek.

 

 

Le dénommé Malek monte sur scène s'empare de l'engin avec une telle maladresse que la moitié de la salle pense à un gag et l'autre que le caillou tombé sur Jull l'a rendu totalement idiot-céphale puisqu'il prête sa Gretsch à n'importe qui. Malek me tourne le dos, je l'entends avertir les Howlin qu'ils vont jouer My Way, version de Cochran bien sûr. Dès que retentissent les premières notes je pense que c'est Lucky qui joue, mais dans les secondes qui suivent j'opère mon mea culpa. Du haut de quelques décennies accumulées, ce Malek nous traumatise. L'on croirait Eddie ressuscité, en plus méchant et plus électrique avec la voix qui crache et les cordes qui claquent.

 

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L'on a eu l'ouragan, voici la tornade, un Dance to the Bop de Gene Vincent qui nous pulvérise. En trois minutes l'on est scotché, collé et décalqué contre les murs, un déluge électrique s'abat sur nous. Comment nous en sommes ressortis vivants, je ne le sais pas. La salle croule sous les hurlements de joie. Malek fait mine de quitter la scène mais Turky intervient et exige un rappel. Commence par nous faire la nique Malek, en nous faisant répéter la-la-la sur un air de comptine d'enfant, genre le petit chaperon rouge qui batifole parmi les coquelicots, les boutons d'or, les escargots et les papillons. C'est après que le mur de son s'effondre sur nous. Nous gisons inertes tandis que les Howlin nous bombardent sans désemparer. Encore un coup de la-la-la et c'est reparti comme en 14-18. L'on ne s'en relèvera pas.

 

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Les Howlin se chargent d'un dernier morceau. Turky interviendra pour couper court au rappel que désire, en plus et en prime, le public fanatisé. Sûr que les jeunes pousses du french rockabilly se souviendront de leur concert. C'est comme s'ils avaient donné trois sets à la suite sans un interlude de répit. Se sont battus comme des requins affamés prêts à déchirer leurs flancs pour se nourrir de leur propre sang. Une question me turlupine tout de même : pourquoi n'y a t-il pas eu une seconde guitare de rabe sur laquelle Mister Jull aurait pu soutenir Malek, avec un peu de chance l'apothéose se serait terminée en complète destruction du monde !

 

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FIN DE SOIREE

 

 

L'on discute avec Malek qui se révèle être un ami de Mumu et Billy qui le connaissent depuis toujours. Mais ce n'est pas un super indice : Billy et Mumu connaissent tout le monde ! Malek nous apprend qu'à la maison il n'a qu'une acoustique qu'il caresse pour son plaisir. On ne le lui dit pas mais l'on comprend que sa famille l'encourage à poursuivre dans cette voie de douceur. Sont quand même pas fous ces braves gens, tiennent pas à être expulsés de chez eux pour tapage nocturne en plein jour.

 

 

Encore plein de monde sur le dance-floor, les vendeurs remballent leurs effets. Intenses discussions, l'on s'aperçoit que l'assistance est extrêmement variée et provient d'horizons multiples. Le rockabilly est en train de devenir un point de convergence festif qui attire de plus en plus de monde.

 

 

L'on rentre la tête explosée dans les nuages. A l'embranchement du périph, dur retour à la réalité : deux voitures de flics encadrent une automobile. Le conducteur tient les mains levées sur sa carrosserie comme en Amérique, ce doit être au moins un dangereux terroriste qui a mordu ( à pleines dents ) la bande blanche. Quand nous passons à côté, nous sommes rassurés. Tout à fait normal, c'est un noir. Paraît qu'au siècle dernier, dans le démocratique pays de l'Oncle Sam, ces sauvages polymorphes ont inventé le rock'n'roll. Faudrait quand même pas que ça déteigne de par chez nous, dans la patrie des Droits de l'Homme. Peut-être est-il déjà trop tard !

 

 

 

Damie Chad.

 

P.S. : Y avait aussi une autre journée la veille mais l'on n'y était pas.

 

 

 

CROCKROCKDISKROCK

 

 

 

SEE YOU AT THE ACE ! TONY MARLOW.

 

Rockers Culture. Jull Records. Rock Paradise Records.

 

See you at the Ace ! Gimme your love. Already gone. My littles sister's gotta motorbike. Miss Brighton. Searchin' For you. Madeira Drive.

 

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Petit plaisir de rocker. Tony Marlow nous donne rendez-vous at the Ace Cafe, si vous n'avez pas la bécane idoine pour votre course à la mort, empruntez-en une dessinée sur la couverture par Bernard Soufflet. Pour le reste Tony Marlow se charge de tout, il assure le chant, la guitare et la batterie à lui tout seul. Pas fou n'hésite pas à demander de l'aide à Mister Jull pour l'enregistrement, plus le petit solo de Gretsch qui fait la différence. La belle C. Cil pousse sa voix sur Gimme Your Love ( comment lui résister ? ) et Gilles Ferré laisse aboyer son saxophone sur Madeira Drive, une autre compo de Tony. Car attention Marlow nous donne de l'original, six morceaux sur huit.

 

 

Un instrumental pour commencer, sonne très anglais - un peu Marvin, un peu Moretti – il est à l'image du reste du disque, pas mal du tout, mais il manque un petit quelque chose qui propulserait l'opus loin devant. My Little Sister's Gotta Motorbike n'apporte rien ni à la petite soeur ni à Cavan Grogan son créateur. De même L'homme à la moto, même rehaussé d'un riff Taylorien en diable – décidément l'on penche pour Joe Moretti – ne tient pas la route, cela est dû à la voix somme toute trop française. Conserver les paroles d'Edith Piaf était-il une bonne option ? De toutes les manières l'on est loin de la susurrante et inquiétante version de Vince.

 

 

Les trois derniers morceaux de la face B sont les meilleurs, même si le dernier, encore un instrumental, sonne un peu trop loop de loop. Notre préférence ira à Miss Brighton, toutefois Searchin' For You nous agréée un max avec son arrière fond de ballade western enlevée dont on a perdu le secret de fabrication depuis la fin des années soixante.

 

 

Le vinyl n'est pas incontournable mais une petite virée sur les chapeaux de roue ne se refuse pas.

 

 

Damie Chad.