21/12/2017
KR'TNT ! 354 : JOHNNY KIDD / THE WHO / JACK BLACK / MICHAEL JACKSON
KR'TNT !
KEEP ROCKIN' TILL NEXT TIME
LIVRAISON 354
A ROCKLIT PRODUCTION
28 / 12 / 2017
TEXTE + PHOTOS SUR :
http://chroniquesdepourpre.hautetfort.com/
JOHNNY KIDD / THE WHO / JACK BLACK / MICHAEL JACKSON |
THE KIDD IS ALRIGHT
Lorsque Johnny Kidd meurt dans cet accident de voiture en 1966, Nick Simper est avec lui. Simper survit miraculeusement. On le retrouve un peu plus tard dans la première mouture de Deep Purple. Un parallèle s’impose avec le car crash qui a tué Eddie Cochran et dont Gene Vincent est ressorti miraculeusement indemne. Eddie cassait sa pipe dans la fleur de l’âge : 22 ans. Pareil pour Johnny : 30 ans.
Il faut aussi savoir qu’il existe deux périodes, dans l’histoire de la piraterie : l’avant-Green et le Green. Quand Mick Green arrive dans le groupe en 1962, Johnny Kidd a déjà beaucoup navigué. Il a déjà enregistré «Shakin’ All Over» et «Please Don’t Touch».
Non pas que l’histoire de Johnny Kidd soit indissociable de celle de Mick Green, mais ce serait dommage de limiter Johnny Kidd à Johnny Kidd. D’autant que Rober Palmer établit dans son livre Deep Blues une filiation directe entre Willie Johnson (le guitariste de Wolf), Paul Burlinson et Mick Green, ce qui est tout de même assez extraordinaire. Ce qui frappe le plus dans la courte histoire de Johnny Kidd, c’est sa modernité. Elle existait avant l’arrivée de Mick Green, mais justement, Mick Green ne fit que sublimer cette modernité en amenant un son et une attaque uniques alors en Angleterre.
Quand on écoute le magnifique The Best Of paru en 1977, on ne cherche pas à faire la différence entre les époques, et pourtant, il semble nécessaire de devoir le faire, ne serait-ce que pour ne pas attribuer à Mick Green des choses d’Alan Caddy qui fut le premier guitariste des Pirates. C’est justement la première mouture des Pirates qui joue sur «Please Don’t Touch», «Shakin’ All Over» et le fabuleux «Restless» : Alan Caddy, Brian Cregg et Clem Cattini. Quand Mick quitte le groupe en 1964, c’est John Weider qui le remplace, un mec qu’on retrouvera plus tard dans les New Animals et Family. Weider joue sur «The Birds & The Bees», avec un son nettement plus psyché. On trouve même sur cette compile le tout dernier cut enregistré par Johnny avant sa mort : «It’s Got To Be You» : c’est carrément du r’n’b. On est en 1966 et Johnny comprend qu’il doit s’adapter à l’époque. On trouve Mick Green en B sur pas mal de cuts solides comme «I Can Tell», joli coup de Bo et Mick part en solo fantôme. C’est aussi lui qui joue la Beatlemania d’«Hungry For Love», mais il y passe un solo de punk orné de tortillettes. Justement, «Shot Of Rhythm And Blues» fut le tout premier enregistrement de Mick. Il y passe un solo clair comme de l’eau de roche. Il passe aussi un solo punk dans «My Babe», notes tordues et puissant drive de basse. Toujours aussi divin, voici «Casting My Spell», encore du grand Green d’attaque félonne, ultra-joué à la guitare et même stupéfiant. Il faut savoir que Johnny envisageait d’enregistrer un premier album entièrement consacré à Gene. Mais il n’en eut pas le temps.
Avec The Johnny Kidd Memorial Album, on pourrait prétendre faire le tour de l’épiphénomène Johnny Kidd. Les grands hits du pirate y sont rassemblés, à commencer par le fameux «Shakin’ All Over», véritable Graal du rock anglais - You make me shake and I like you baby - On est frappé par la qualité du son, c’est l’avant-Mick Green. Selon Clem Cattini, c’est Joe Moretti qui joue le legendary solo de Shakin’. Johnny fait son Elvis avec «Let’s Talk About Us» et vire pop avec «Hungry For Love», mais une pop particulière, plus proverbiale, amenée aux riffs californiens, c’est de la Beatlemania de pirate d’eau douce. On voit rapidement que Johnny s’adapte aux modes. Son «Please Don’t Bring Me Down» sonne comme Shakin’. C’est de bonne guerre, Johnny ressort ses vieilles ficelles de caleçon comme le firent avant lui Elmore James et Slim Harpo. On tombe enfin sur «Please Don’t Touch», classique de rock anglais qui fit baver Lemmy, véritable slab de hard time killing floor rock tendu et beau. Alan Caddy ne joue que la rythmique. On le voit aussi taper dans Smokey avec «Shop Around». C’est gonflé mais bien vu, joué à l’anglaise de cuir de biker de Baskerville. Quelle niaque ! Johnny botte le cul de la Soul à coups de biker boots. Avec «Doctor Feelgood», il préfigure Doctor Feelgood, c’est un sacré coup de Jarnac, toute la modernité du rock anglais est là, they call the doctor, il développe une énergie considérable et c’est bardé de chœurs de rêve - Good good good/ So good ! - Comme dans «Gloria».
Lorsqu’on écoute Your Cheating Heart, on est de nouveau frappé par la qualité du son, notamment sur «Gotta Travel On», amené aux riffs des bas-fonds de l’East End. C’est claqué à la désaille. Quel merveilleux backing ! On y entend bien le claqué de percus métalliques et le rond de la basse, avec en prime un solo vicelard joué dans les règles de l’art. Tout est solidement bien foutu sur cette compile parue après sa mort. Le morceau titre sonne comme un heavy slowah à l’anglaise, Johnny sait recycler les vieux coucous. Il s’éclate la glotte au coin du juke alors que valsent les nappes d’orgue, et derrière, ça riffe sec et sale. On tombe ensuite sur un «Longing Lips» sacrément moderne, côté son. Il faut bien parler de modernité du son. Johnny règne sans partage sur ses cuts. Son extraordinaire énergie a quelque chose de kiddique. Chaque cut accroche terriblement. Il tape chaque fois dans le mille avec quelque chose de véridique dans le son, comme l’indique «Weep No More My Baby», voilà encore un cut qui s’inscrit dans la meilleure veine du rock anglais, ça pue le dératé de BSA à Croydon. Mick Green y claque un solo infernal. Ce mec pue du culte. C’est un mélange de Please Don’t Touch et de Skakin’, pur jus de modernité des caves de juke. Avec «Jealous Girl», Johnny passe au Mersey Beat, il tape sans vergogne dans la gueule des genres. C’est un Pirate qui se prend pour un voyou. Il se prend même pour John Lennon avec sa braguette ouverte et son couteau entre les dents. «It’s Got To Be You» sonne comme un hit de Tom Jones, très orchestré, salué aux trompettes, avec des connes qui font ouuuh-ouuuh et puis ahhhh-ahhhh. Il tape aussi dans Lee Hazlewood avec «The Fool» joué à la désaille du désert de Piccadily. Il bouffe vraiment à tous les râteliers. Il a du pot d’avoir des Pirates derrière lui. On note encore son extraordinaire aisance dans «Big Blon’ Baby» amené au petit comedy act à la Coasters, c’est quasi-balloche mais Johnny le swingue et c’est salement claqué à la guitare par Alan Caddy. Johnny tape plus loin dans le fameux «Shot Of Rhythm And Blues», mais façon biker de banlieue, clap-hands et killer-solo, pure démence de la partance ! Unique en Angleterre.
Sur l’album Rarities paru en 1983, on tombe sur des merveilles de type «More Of The Same» et «I Just Want To Make Love To You» qui datent de 1961 (avant-Green) : c’est le temps du gros son de basse boogaloo à souhait et de la prod de rêve. Tous les bassmen devraient écouter ça. Même chose pour «Weep No More My Babe», incroyablement bien chanté, avec ce son de rêve, tellement moderne pour l’époque. Toujours aussi fantastique, voilà «You Got What It Takes», ultra-produit et monté sur une basse sourde. John Weider fait le coq dans «This Golden Ring». Johnny veut en croquer, alors il se met au psyché. C’est aussi Weider qui claque la fantastique reprise d’«I Can’t Turn You Loose» d’Otis. Ils tapent dans le «Right String But The Wrong Yoyo» de Carl Perkins et bien sûr Mick le joue sévère. Il tâte de l’ambiance country mais avec une certaine virulence de figuralisme figuratif émancipé. On trouve des choses amusantes en B, comme cet «I Hate Getting Up In The Morning», très pop 66. Johnny est accompagné par de unknowns et avec «Send Fot That Girl», il visait la belle pop d’ambre jaune. Cette compile s’achève sur «Whole Lotta Woman», un sacré shook de shake généreusement nappé d’orgue, avec John Weider au compas. Puissant et même carrément hypno. On n’ose même pas imaginer les ravages qu’aurait fait Johnny s’il avait continué à écumer les rivages d’Angleterre.
The Lost BBC Sessions And More Rare Trax est encore une compile qui vaut le détour : quarante-et-un titres ! Avec des voix d’annonces d’époque. Ça démarre sur la cover de «My Babe» et son killer solo. Tout aussi punkoïde, voilà «Magic Of Love». Nous voilà chez les Pirates ! Avec «That’s All You Gotta Do», Johnny swingue bien le mambo de la Tortue. Puis il prend «Weep No More My Baby» à la saleté maximaliste. C’est tellement rampant qu’on pourrait presque s’en indigner. C’est même sabré au claqué de notes infernales et Johnny brame à la lune. Quelle équipe de surdoués ! On retrouve leur monstrueuse énergie dans «Setarip» et même un balladif de sirupe comme «Dream Lover» passe comme une lettre à la poste. Retour au déflagratoire avec «I Go Ape», mais c’est un nommé Tom Brown qui chante. On tombe ensuite sur une somptueuse version de «Restless», bien boogaloo. Tremble carcasse ! Et les surdoués enchaînent avec l’imparable Shakin’, fabuleuse descente aux enfers du rock anglais, et Alan Caddy part en vrille de clair, c’est tout l’art de faire du punk-rock en clair. Ça monte encore en puissance avec «Feelin’», choo-choo train de fellin baillebi baillebi, fantastique diction de force motrice - It’s crazy when you’re around me - ah les mains des femmes - Oh what a feeling ! - You do it all the time - Prestance de la démence. Et voilà qu’arrive «Please Don’t Touch», classique d’outre-tombe, l’antre du mythe, la Tortue du rock anglais. S’ensuit un «Shakin’» qui coule de source, merveilleuse version rampée. Il faut rappeler que les BBC sessions sont souvent bien meilleures que les enregistrements studio. Johnny colle si bien au backbone, au shiver if it all que c’en est désarmant. Et Alan Caddy emmanche son manche. En 1961, ces mecs avaient déjà tellement de génie. Et on remonte à travers le temps avec le fabuleux «Longin’ Lips», puis «More Of The Same», joué au sourd de basse et Johnny surfe sur les Caraïbes, on a du punk dans les vergues et ça change absolument tout. Tiens et puis ce «Some Other Guy» violent et lui aussi claqué punk. On retrouve leur fabuleuse énergie rock’n’roll dans «Growl» et tout le rowdy de la terre dans l’extraordinaire «Big Blon’ Baby», ce gros travail de sape, avec un son qui descend directement à la cave. Ainsi va la vie.
Dans Record Collector, Jack Watkins n’hésite pas à traiter Johnny de caméléon : «Ce chouchou des Teds tapait dans tous les genres : rock, merseybeat et juste avant sa mort, il tapait dans the presentable uptown sound.» Et il ajoute : «In his hearts of hearts through, with his total lack of pretentiousness, the Kidd was a British rockabilly, his roots in the grit and grime of London NW6.» (Au plus profond de son cœur et en l’absence de la moindre trace de prétention, le Kidd était un rockab pur et dur issu des bas-fonds crasseux de London NW6). Magnifique définition d’un gros culte britannique. Jack ajoute qu’à la différence des country boys du Tennessee, Johnny était un rocker urbain basé à Willesden Junction, avec a bit of a cockney rocker-cum-crooner with a few throaty blues effects on top. Jack rappelle aussi que les chaises volaient lors des early gigs.
Notre bon Kiddophile Jack Watkins revient inlassablement sur l’élément qui fait la force de Johnny : sa voix, le pur London accent - I can’t listen to Johnny without hearring North West London - Et paf, Jack repart dans les filiations à la Robert Palmer en indiquant que les bolt-lightning interjections d’Alan Cadddy lui rappellent celles de Roland Janes, au temps où il accompagnait Jerry Lee. Le monde du très grand rock est tout petit, ne l’oublions pas. Le Caddy en question n’est pas n’importe qui : lorsqu’il arrive pour auditionner à Denmark Street, il porte un chapeau de Robin des Bois avec une plume et un long manteau - He looked more like a country squire than a rock guitarist - Et là, notre Kiddophile n’ose pas tracer le parallèle qui s’impose avec Teddy Paige qui lui aussi se baladait dans Londres déguisé en Robin des Bois. En voyant débarquer Caddy, Brian Cregg et Clem sont inquiets : «Look at the state of this guy ! I hope he plays better than he looks !» (T’as vu la gueule de ce mec ? Espérons que son jeu vaut mieux que son allure). Et Clem conclut en disant que ce tall guy always looked immaculate et qu’il avait des allures d’agent immobilier.
Alan Caddy avait déjà navigué avec les Tornados et Joe Meek. Caddy était en effet un enfant prodige, et tellement timide qu’il jouait derrière le rideau de scène. Mais il avait une petite manie : il faisait le windmill avec son bras droit au dessus de sa Strato, ce qui allait bien sûr beaucoup intéresser le jeune Pete Townshend. Caddy combinait déjà le lead et le rhythm sur sa guitare, ce qui permit aux Pirates se fonctionner à trois. En les voyant jouer sur scène en power trio, les Big Three se mirent à jouer à trois et John Paul Jones avoue qu’après avoir vu Brian Gregg, il voulut jouer de la basse. Avec tout ça, les Pirates devinrent forcément mythiques : Caddy and the big sound, la basse de Brian Gregg et le thunderclap drumming de Clem Cattini. Alan Caddy était tellement nerveux qu’il se mit à boire comme un trou, notamment en studio. C’est la raison pour laquelle on fit appel à Joe Moretti. Pas n’importe qui, puisqu’il s’agit du mec qui a joué sur le «Brand New Cadillac» de Vince Taylor. Alan n’avait pas assez confiance en lui pour jouer le solo de Shakin’ en studio. Mais il le montra à Moretti qui put alors le rejouer. Et pour produire le shimmering effect du riff, Brian Gregg fit glisser son briquet sur les cordes de la guitare qu’Alan Caddy grattait. C’est aussi Moretti qui passe le solo dans «Restless», cet autre chef-d’œuvre qui mystérieusement n’eut pas autant de succès que Shakin’.
«Please Don’t Touch», «Shakin’ All Over», «Restless» et «Please Don’t Bring Me Down» constituent la fameuse série des «women give me the quivers» Johnny Kidd classics. C’est au terme de cette série que les trois Pirates (Clem, Alan et Brian) quittent le navire pour aller rejoindre Colin Hicks en Italie.
Clem allait devenir session man réputé. Jimmy Page le vit même comme batteur possible de Led Zep. Quant à Caddy, il allait sombrer dans le heavy drinking. Lors d’un concert de reformation en 1991, il fut incapable de jouer sur scène - His playing went to pieces on stage - Et donc Johnny continua d’écumer les mers, en mettant le cap sur le r’n’b. Et comme il traînait pas mal à la Cavern, il s’empiffra de Beatlemania. Mais il jugeait bon d’ajouter : «The Beatles will never be as big as Joe Brown !»
Le pauvre Johnny enregistra des cuts à Abbey Road pour un album qui ne parut pas. Et comme tous les autres, il suivait les modes pour continuer à exister - He was desperately chasing trends - Clem Cattini rappelle que Johnny était très populaire et que chaque concert était sold out. But he wasn’t business minded. Il s’achetait des tas de costard, mais il dormait sur le plancher du van. Il était complètement désorganisé et perdait tout son blé au jeu. Clem ajoute qu’il adorait Johnny car c’était un homme entier. There was no side to Johnny. What you saw was what you got.
Signé : Cazengler, Johnny Bidd
Johnny Kidd & The Pirates. The Johnny Kidd Memorial Album. Odeon 1970
Johnny Kidd & The Pirates. Your Cheating Heart. Columbia 1971
Johnny Kidd & The Pirates. The Best Of. EMI 1977
Johnny Kidd & The Pirates. Rarities. See For Miles Ltd 1983
Johnny Kidd & The Pirates. The Lost BBC Sessions And More Rare Trax. Black Flag Records 1994
Jack Watkins. Blackboard Junction. Record Collector #469 - August 2017
THE WHO
LE GROUPE MOD
PHILIPPE MARGOTIN
( Editions de La Lagune / 2007 )
Toujours dans le même fouillada. Notre lieu de rencontre. Un amateur de rock. Possède des milliers de disques et recherche encore la perle rare. Ne peut plus rentrer dans une pièce de sa maison tellement elle est encombrée... L'on passe au minimum une heure à bavarder entre deux bacs, à peu près deux fois par trimestre. L'est né la même année que Johnny, rockabilly, reprises, et très vite l'on saute sur les groupes anglais. Avec cette question angoissante : vieillesse et rock'n'roll ! Sous-entendu le sens d'une vie à rester encalminé dans son adolescence... I hope I die before I get old s'exclamait Peter Tonwshend dans My Generation, l'a survécu et il n'y a pas si longtemps refaisait une énième tournée... L'on se quitte, l'a déniché un boîtier sur les génériques de films « avec des trucs intéressants dessus » et moi un bouquin sur Berthe Morisot.
Retour à la maison, jette un regard effaré sur le capharnaüm de mon garage quand sur l'étagère mon œil est accroché sur un rayonnage par le drapeau de la perfide Albion. Je tire, et hop, tiens un bouquin sur les Who, on en parlait cet après-midi ! Le soir, je cède à la nostalgie-rock – dommage que Baudelaire n'ait pas connu ce sentiment, l'aurait ajouté une section vénéneuse à ses fleurs maladives - et m'enquille le bouquin en entier avant le dodo. N'est pas épais et écrit gros. Philippe Margotin – l'a beaucoup écrit sur les grands noms de Ray Charles à Amy Whinehouse, du blues au punk - ne joue pas au margoulin, rapide et efficace, cite largement ses confrères, parvient à tracer l'épure de toute une génération et le destin d'un groupe. Encore que le mot destin soit mal choisi. Cette notion inclut l'idée d'une fatalité irrémédiable, les Who ne connaissent pas ce coup de hache terminal, ce couperet de guillotine, qui transforme une existence en épopée. La légende se dissout dans les eaux lénifiantes d'une survie à petits feux. Le flamboiement de My Generation se meurt dans l'estuaire de My Dissolution.
Oui mais quel groupe de rock ! L'un des plus grands ! Et mieux que cela l'un des plus essentiels. Et surtout l'un des plus intelligents. Une intelligence beaucoup plus instinctive que maîtrisée. Z'ont su faire le bon choix. La dichotomie Beatles / Rolling Stones est des plus signifiantes. Les Who ont commencé comme les Beatles, vaudrait mieux dire comme les Quarrymen. Le rock blanc des pionniers. Pas un hasard si sur scène ils reprenaient Summertime Blues d'Eddie Cochran et Shakin' All Over de Johnny Kid. Un œil sur l'Amérique, un œil sur l'Angleterre. Townshend a toujours une corde de guitare qui résonne dans l'ombre d'Hank Marvin et une autre dans le sable de l'american surfin'. L'harmonie vocale à la Beach Boys de leurs morceaux les plus mélodiques descend de cet héritage. Mais ils ont su aussi faire le cross-over. Sont passés du côté obscur de la force. C'était à une époque où les Rolling Stones détestaient qu'on les définît en employant le terme de rock'n'roll. Trichaient un peu, avaient beaucoup appris de Chuck Berry et de Bo Diddley, mais ils avaient remonté vers les racines, de Chuck à Muddy Waters il n'y a qu'un pas, et bientôt ils avaient trempé leurs pieds dans l'eau boueuse du Delta. Un groupe de blues. Mais méchamment électrifié. Les Who ont assisté aux premiers concerts des Stones, ont vite compris qu'ils avaient le truc en plume de plomb saturnien qui fait la différence, l'énergie. Les Stones avaient édicté le nombre d'or : blues électrifié égale rhythm'n'blues. Sources noires du rock'n'roll. Décidément les deux créneaux étaient pris. Les Who ont tapé dans la surenchère. Blanc ou noir ? Ce sera noir mais très sombre. Pas de l'ardoise anthracite bleutée. Comme à la lessive vont ajouter les détergents qui lavent plus noir. Exit le rhythm'n'blues. Ont la formule choc. Désormais ce sera Maximum Rhythm'n'Blues ! De fait ils n'arriveront jamais à dépasser l'indigo profond des Rolling mais ils y ajouteront la fureur et l'auto-destruction. Des Bakounine un tantinet autistes – Tommy n'est pas loin – qui ne voient guère plus loin que leurs petites et immodestes personnes. De fait les Who klaxonnent beaucoup plus rock que blues, mais tout le monde s'en fout, ils sonnent juste et haut. Et c'est ce qu'il faut.
L'est difficile de renier ses origines. Le prolétaire n'est pas loin du petit-bourgeois. J'emploie ce mot sans aucune acrimonie péjorative. Le petit-bourgeois n'est qu'un prolétaire qui a la chance de bénéficier d'instants de réflexion. Et en tant que vedettes naissantes du rock anglais, des Lennon et Townshend auront la chance – expériences, rencontres – de regarder autour d'eux et d'essayer de ne pas être dupes de la fulgurance de leurs succès. Le profil des groupes anglais se modifie insensiblement, les Beatles se focalisent sur la musique, les Kinks commencent à s'adonner à une espèce de critique sociale malveillante et nostalgique ( un composé instable ), les Who vont céder à l'intellectualisme. Soyons francs, l'est difficile de faire passer Keith Moon pour un professeur d'université défroqué mais il saura adapter sa frappe sauvage aux nouvelles orientations de Townshend. Roger Daltrey agira de même, suffit que la viande fournie soit assez sanguinolente pour qu'il puisse la déchirer à plein gosier. Quant à Entwistle son mutisme n'était pas étranger aux angoisses existentielles que Townshend mettait en scène. Ce n'est pas Lucy la jolie fille avec des diamants dans le ciel coloré mais Tommy renfermé en lui-même dans sa nuit intérieure. C'est que Townshend ne veut plus de chansonnette rock de trois minutes, vise l'œuvre, totale, intégrale, sera le Wagner du rock'n'roll, ni plus ni moins qu'un opéra. L' en a déjà esquissé un en six petits morceaux dès le deuxième album, A Quick One, While He's Away. Une bluette d'une fraîche épousée qui trompe son mari absent... Pas de quoi fouetter une chatte, mais c'est l'idée qui compte. Comment raconter en rocks une histoire avec un début, un milieu, et une fin. Cette première fois, ce ne sont que six petits croquis ultra-rapides, mais on doit pouvoir faire mieux.
Ce sera Tommy ( 1969 ), avec ouverture et grand orchestre. Un double trente-trois tours conceptuel. Tommy qui assiste au meurtre du père – bonjour Mister Freud – tué par son beau-père – comédie de moeurs – en devient sourd, muet et aveugle... violé par son oncle... acquiert la célébrité en devenant champion de flipper... brise la glace auto-réfléchissante de sa solitude... retrouve la vue, l'audition et la parole... pour se voir abandonné par ses fans... se referme et reconstitue sa bulle emmurante et protectrice... Much ado for nothing pour les esprits désabusés, précis de psychologie appliquée qui colle parfaitement à son époque ? Les méfaits du sexe, version rock'n'roll !
Après ce succès phénoménal, ce sera Lifehouse. Projet que Townshend ne parviendra pas à maîtriser. Who's Next ! Sera en partie composé des débris de cet opus majeur. Qui trop étreint, mal embrasse. Townshend entend donner une vision critique de la vie moderne. Mais en sa totalité. Sans se focaliser uniquement sur les rapports entre les individus. Mais il faudrait qu'il en soit davantage détaché. L'a le nez en plein dans le caca. Ne possède pas l'éloignement nécessaire. Il a la prescience de ce que quelques mois plus tard dans les universités l'on nommera post-modernité, il sent mais ne possède pas les outils conceptuels qui lui permettraient d'expliciter le nœud gordien des contradictions qui s'accumulent. Notons qu'en l'année de 1973 Led Zeppelin parlera de House of the Holly. Quand le monde devient trop compliqué la mythologie s'avère être le dernier refuge.
Townshend se rabattra sur ce qu'il connaît le mieux. Sa jeunesse, le mouvement Mod, et ses trois compagnons. Quadrophenia – sorti en 1973, les dates signifient beaucoup plus qu'un numéro - est l'adieu à l'innocence du rock'n'roll. Les Who sont des tout premiers à inclure des artefacts électroniques dans leurs enregistrements, une manière d'amplifier la démesure phonique. Le groupe est à son acmé. Tout le reste ne sera que survie. Plus ou moins pathétique. Le punk est en gestation. Ce sont toujours vos petits-enfants qui vous rejettent dans le passé des époques révolues. Saturne vous dévore plus vite que vous ne vous y attendiez.
N'empêche que les Who restent un des groupes essentiels de notre musique. Les géniteurs de la démence sonore.
Damie Chad.
YEGG
JACK BLACK
( Les Fondeurs de Briques / Novembre 2009 )
Le livre vient d’être réédité chez Monsieur Toussaint Louverture sous le titre de Personne ne Gagne. Les Fondeurs de Briques lui avaient préféré ce mystérieux Yegg dérivé du chinois Yekk qui signifie mendiant. Ce mot désignait dans l’argot des hobos les malandrins de la plus haute caste, celle des perceurs de coffres-forts. Le bouquin est un classique de la littérature underground américaine William S. Burrough en a rédigé une préface que vous retrouvez dans les deux éditions. Plus de quatre cents pages qui se lisent comme du petit lait. Pas très blanc, un peu teinté de noir-anarchie-individualiste. La bande mais sans Bonnot. Précis de récupération sauvage.
La légende noire des malheureux hobos, travailleurs itinérants sans emplois, à la recherche d’hypothétiques jobs sous-payés au travers de la grande et riche Amérique est une constance de la littérature prolétarienne. Elle est habituellement érigée en dénonciation de la barbarie du système économique d’exploitation capitaliste. Jack Black ne participe pas de cette vision militante. L’est de ces êtres qui ont décidé de vivre en loup parmi les loups. D’instinct il refuse le travail, ce qu’il ne possède pas il le prendra. Se servira tout seul. Orphelin de mère, élevé par un père qui trime toute la journée, l’en vient à l’âge de l’adolescence à fréquenter les lieux interlopes, les rades louches, les bas-fonds d’une société impitoyable. Ne sera pas un voleur de poules. Préfère voler le bœuf que l’œuf. L’a de la chance, l’est très vite pris en charge par la confrérie des Johnson, les as de la cambriole. L’est un bon sujet - ne s’effondre pas en pleurnichant lorsqu’il est serré par les flics, ne pipe pas un mot sur les copains, sait se taire et ne pas parler à tort et à travers. L’on peut compter sur lui, n’est ni un donneur ni un traître. Recevra l’éducation idoine réservée à ceux qui savent la boucler quand on les boucle. Les malfrats possèdent leur code d’honneur. Les deux premiers tiers du récit sont réservés aux années d’apprentissage. Peu de théorie, beaucoup de pratique. L’apprend vite et bien. Pas de précipitation, pas de hasard. Les coups sont longuement préparés. Avant tout les itinéraires de dégagement et de fuite. Pas question de s’attarder dans un bled où l’on vient de commettre son forfait. Ne jamais porter sur soi les objets dérobés et l’argent compromettant. Enterrer le butin, revenir le chercher plus tard. Avoir son réseau d’écoulement et de refourgage sûr et rapide. L’on ne pratique guère le vol à la tire, l’on préfère dynamiter les coffres-forts. C’est plus rentable.
Nous sommes à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième. Une époque bénie. L’informatique n’existe pas, les communications entre les villes et les états ne sont guère rationalisées, la police est avant tout locale. Suffit de monter en douce dans un wagon pour échapper à son emprise. Les avocats sont véreux et avec un peu de chance les juges soudoyés se montrent compréhensifs. Revers de la médaille, les temps sont brutaux et expéditifs. Abattre un hobo d’un coup de revolver n’est guère répréhensible.
Défile une galerie de personnages hauts en couleurs. Scènes picaresques, dans les jungles l’on organise les conventions, jours de bitures extrêmes, open bar à gogo. La fête terminée, les poches vides, ne reste plus qu’à reprendre le turbin. Nécessité d’avoir toujours au minimum un coup d’avance, minutieusement préparé qui vous permet de vous renflouer les poches…
Nous ne sommes pas dans un conte de fées, les meilleurs se font pincer, les plus prudents abattre sans sommation. Bonjour monde cruel et sans pitié ! Dernier tiers du récit, Jack Black enchaîne les coups foireux, manque de chance, mauvais hasards, imprudences dues à des complices moins aguerris, l’étau se referme petit à petit sur notre héros. La police affine ses méthodes et devient de plus en plus efficace. L’a déjà fait quelques séjours de prison mais après maintes péripéties Black se retrouve au noir pour plusieurs années.
Le temps de méditer et d’ajouter quelques appendices à son code d’honneur. Tire le bilan de ces années sur la brèche. L’est un peu poussé dans ses retranchements par la violence sadique du système et des gardiens. Isolements, passages à tabac, supplice de la camisole de force - rien à voir avec celle que l’on passe aux fous dans les asiles - le dur des durs fait ses comptes. L’aurait gagné davantage d’argent en prenant un petit boulot pépère, sans histoires. L’a bossé comme un marlouf pour mettre au point ses affaires, l’est usé physiquement et psychiquement. Trop de pression. L’est devenu accro à l’opium. Aucun soupçon de moralisme dans ce constat d’échec, n’est pas particulièrement fier de ses actes, mais police et justice sont aussi pourries que lui. Les prisons sont des lieux de violence et d’injustice. Les châtiments physiques, les mauvais traitements, ne servent qu’à renforcer votre haine et votre détermination. Vous emprisonnez un loup, vous relâchez un tigre…
Va trouver quelques appuis, des voix s’élèvent contre l’inhumanité des conditions pénitentiaires. Des juges humanistes font le pari de le libérer. Se range des voitures. Deviendra bibliothécaire, écrivain et journaliste. En annexe vous trouvez de longs extraits d’un grand article qu’il fit paraître en 1929 dans le Harper’s Magazine. Des plus intéressants, suffirait de changer les lieux et les noms pour croire qu’il est dirigé contre la politique du tout sécuritaire et de la répression tout azimut décidée sous l’ère Sarkozy et gaillardement poursuivie par ses deux successeurs. Jack Black - l’on n’a jamais su sa véritable identité - était-il sage comme une image ? On retrouva son cadavre dans le Port de New York… Toutes les suppositions sont permises. Fut-il repêché de ces eaux troubles pour avoir été puni par ce par quoi il avait beaucoup péché ? Nous lui pardonnerons beaucoup. D'autant plus que certains affirment l'hypothèse du suicide. Courageux jusqu'au bout.
Damie Chad.
BAD
MICHAEL JACKSON LE MUTANT
JEAN-PAUL BOURRE
( Bartillat / 2004 )
N’aurais jamais acheté le bouquin s’il n’avait été signé par Jean-Paul Bourre. Fut une époque où il était difficile d’écouter la radio sans qu’un tube des Jackson Five ne vienne vous écorcher les oreilles. Aussi quand Michael Jackson a volé de ses propres ailes ne lui ai-je accordé qu’une des plus distraites attention. Par contre suis toujours à l’affût des livres de Jean-Paul Bourre, un esprit curieux, un œil trombinoscopique qui s’intéresse à tout ce qui fait sens en cette vallée de larmes.
Ne s’agit pas d’une étude musicale. Focus sur la star. Le glamour et le hallali. Faut avouer que Michael Jakson a fait peur. Le gars qui tire sur la sonnette du serpent pour attirer les regards sur son immodeste personne. Un gamin qui sonne aux mauvaises portes et qui ne s’enfuit pas en courant pour se cacher. Le mec qui se promène avec un paratonnerre à la main et qui s’en vient pleurnicher lorsque la foudre lui tombe dessus.
L’ a des excuses. Son père qui vous réduit le complexe d’Œdipe en miettes à coups de ceinturons, une mère confite en religion, la marmaille déguste salement. Les filles dans leur chair et les boys dans leur âme. Méthode éducative un peu rude mais ô combien efficace. Vendront tous des disques par millions. Michael encore davantage que les autres.
Sortez votre mouchoir, n’oubliez pas de pleurer sur le pauvre petit garçon malheureux qui ne peut pas aller jouer avec les enfants de son âge au coin de la rue. Prisonnier derrière la vitre des studios. Des compensations tout de même : Diana Ross est folle de cet adolescent fragile, l’accueille chez elle et lui fait subir les derniers outrages. De quoi le dégoûter des femelles entreprises pour le restant de sa vie.
La gloire, l’argent, le sentiment de toute puissance. Le jeune homme profite de sa fortune pour courir après son enfance perdue. Ne la rattrapera pas. Capturera celle des autres. S’est bâti un palais aux mille merveille. Un mini Disney Park. Pas un piège à touristes. Mais à jeunes garçons. Les invite chez lui. Avec l’accord de leurs parents… Tout le monde sait tout mais personne ne moufte. Evidemment cette impunité fait des jaloux… Qui se taisent, on n’est jamais trop prudent devant les riches…
Heureusement la justice veille. La chance d’un petit juge. Un père la morale qui enverrait avec plaisir le gros poisson dans l’aquarium d’une prison. La gloire sans le glamour. Réussit presque son coup en 1993. Mais Jackson et le père outragé s’entendent à l’amiable. Une ardoise de quarante sept millions de dollars pour Michael qui s’estime heureux de s’en être tiré à si mauvais compte. Mais notre juge remettra le couvert dix ans après.
Jackson ne s’aide pas. Déclare dans une interview que rien n’est plus beau que de s’endormir en toute innocence avec un enfant dans son lit… Paroles impardonnables. En Amérique ( et ailleurs ) tout est permis. A condition que vous ayez de quoi vous acheter les objets qui concourent à la satisfaction de vos désirs personnels. Pour le bas-peuple qui ne peut pas s’offrir l’accomplissement de ses phantasmes, l’on a érigé une frontière morale, un interdit qui témoigne que les riches ne peuvent pas tout faire. L’est une ligne rouge à ne pas s’offrir. Le crime pédophilique. Le livre est édité en 2004, il ne nous apprend donc pas la suite des opérations justicières…
Nous n’en sortons pas si déçus que cela. Jean-Paul Bourre se livre à une analyse du mode de vie de Michael Jackson des plus fines. Passons sur ses faiblesses larmoyantes qui ne le rendent guère sympathique. Certains côtés de la personnalité de notre malheureux héros ne plaident pas en sa faveur. Par contre, Michael avait deux ou trois trains d’avance sur son époque. L’a été un précurseur. On a beaucoup rigolé dans les chaumières sur son caisson à oxygène dans lequel la star allait se ressourcer. L’on a été plus sévère sur ce nègre honteux qui reniait ses origines et qui dépensait des millions de dollars pour se blanchir la peau… Condamnations à courte vue. Jackson voyait plus loin que notre commune humanité. Aujourd’hui il apparaît comme un devancier de ce mouvement transhumaniste qui embrase les hautes sphères de la société américaine. L’homme ne survivra pas à la catastrophe écologique qui se prépare. Encore quelques années et un virus propagé par d’innocents moustiques ou tout autre moyen de locomotion aura raison de l'humanité. L’espèce humaine connaîtra le sort des dinosaures. Rayée de la surface de la terre par un coup de baguette magique.
Michael Jackson se prépare. A la grande métamorphose. Assiste à plusieurs opérations sur le cerveau. Subit de nombreuses opérations présentées comme de la chirurgie esthétique. Enquille des doses de calmants à endormir des éléphants… L’est mal dans sa peau d’homme. De simple mortel. Qui se doit de finir comme tout un chacun au cimetière. Peur panique. Contre laquelle il lutte avec une très grande maladresse. N’est qu’un artiste à la sensibilité exacerbée. Ne possède pas la froideur raisonnée du reptile. Il veut muer. Il veut muter. Refuse de se reproduire. Sexualité spermatique qui dénote le refus de l’accomplissement ovarien. Cherche le saut qualicatif qui lui permettrait d’accéder à l’immortalité. N’est qu’un insecte englué dans la toile d’araignée de ses propres angoisses. Lui manque l’armature intellectuelle, la charpente déductive du scientifique. Finira par en crever. Victime de sa prescience instinctive. L’est comme le scorpion piégé qui retourne son dard empoisonné contre lui-même. Mourir mais ne pas se rendre. Ligne de fuite auto-mutilante. Un livre qui va plus loin que les pâles images d’Epinal. A méditer. Un book qui malgré les apparences éditoriales de sa mise en vente sur le marché ne surfe pas sur l’actualité. Jean-Paul Bourre possède un esprit incisif qui déchire les membranes opaques d’un futur plus proche de nous qu’il n’y paraît. Sentinelle des catastrophes à venir.
Damie Chad.
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