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03/12/2014

KR'TNT ! ¤ 212. ROBERT THROB YOUNG / TYLER HART TRIO / MISS VICTORIA CROWN / REBEL RIDERS / CORRUPTED / BLUE TEARS TRIO / KEITH RICHARDS

 

KR'TNT ! ¤ 212

 

KEEP ROCKIN' TIL NEXT TIME

 

A ROCK LIT PRODUCTION

 

LITTERA.INCITATUS@GMAIL.COM

 

04 / 12 / 2014

 

 

ROBERT THROB YOUNG / TYLER HART TRIO

MISS VICTORIA CROWN / REBEL RIDERS

CORRUPTED / BLUE TEARS TRIO / KEITH RICHARDS

 

 

THROB SE DEROBE

 

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Oh mince ! Throb est mort ! Terminé pour Primal Scream. D’ailleurs, c’est terminé depuis un moment, puisque Throb avait quitté le groupe en 2006. La fin des haricots primaires ne date donc pas d’hier.

 

On l’avait repéré sur les photos du groupe. Ce n’est pas Bobby Gillespie qu’on regardait, mais Robert Young dit Throb. De la même façon qu’on ne voyait que Brian Jones sur les photos des Stones. Ce mec avait beaucoup d’allure, avec sa crinière brune, son expression évaporée et son pantalon de cuir. En tous les cas, son allure en imposait beaucoup plus que celle de Bobby Gillespie qui a toujours eu l’air d’un gamin, celui qu’on voyait jouer de la batterie debout derrière les frères Reid.

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Dans «Creation Stories», le livre de souvenirs d’Alan McGee, on trouve des choses intéressantes sur Throb et Primal Scream qui furent un temps les figures de proue du label Creation. «He was the heart-thob of the band. Even then, he may have got his confidence from his physical attributes». Pour McGee, Throb était le cœur battant du groupe et vu qu’il était monté comme un âne, McGee en déduisait que sa virilité lui donnait une certaine assurance. Il est vrai que Bobby et McGee n’étaient pas jojo quand ils étaient jeunes, alors que Throb bénéficiait déjà du prestige d’un vrai mâle. On a tous connu ça dans nos petites bandes de gamins : il y avait celui qu’on admirait parce qu’il avait déjà de la moustache et qu’il pouvait baiser une fille plusieurs fois de suite. Le détail anatomique que donne McGee n’a l’air de rien, comme ça, mais dans l’histoire du rock, on le croise à tous les coins de rues. Voilà l’exemple le plus connu : conseillé par Kim Fowley, PJ Proby clama sur tous les toits de Londres que sa bite était plus grosse que celle de Jagger. Ça fit sensation et Jagger le prit très mal. Autre exemple : pour couper court à certaines rumeurs malveillantes, Keith Richards prétendait dans ses interviews qu’il pouvait être un hard-fucker quand il le fallait. On sait aussi que les Plaster Casters de Chicago furent ébahies par les mensurations d’Eric Burdon et que la chambre d’hôtel de Jimi Hendrix ne désemplissait pas. Jimi consommait les filles par paires, blanches et blondes de préférence. Le sexe est l’essence même du rock. Et curieusement, les récits les plus prudes sont ceux des groupies de renom, du type Pamela Des Barres dont les trois livres font bâiller aux corneilles, comme d’ailleurs celui de Sharon Sheeley, la fameuse «fiancée» d’Eddie Cochran. Sharon est aussi asexuée que Pamela. Elle raconte par exemple qu’elle parvint à s’introduire - avec sa sœur - dans la chambre d’hôtel d’Elvis pour y entretenir une relation de copinage avancé. Exploit qu’elle renouvela avec Don Everly, Ricky Nelson et Eddie. Voyez ce qu’en disait l’intraitable Damie Chad dans sa chronique du 15 mars 2012.

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L’autre point capital que développe McGee dans son livre, c’est la carrure de Throb qui était celle d’une vraie rock star. Il évoque l’épisode «Screamadelica» et la vague acid-house qui ravagea l’Angleterre en 1990 : «Robert Young, the degenerate rocker, hated it. Really hated it. I understand why - they were about to record a classic two Les Paul rock and roll album. He was the happiest he’d been with his role in the band since it had started. He wanted Primal Scream to be the New York Dolls and didn’t need acid house interfering with that.» Effectivement, Thob a détesté les machines. Il voulait sonner comme les Dolls et enregistrer du rock à deux guitares, alors forcément, la house ne pouvait pas lui plaire. Et d’ailleurs, «Screamadelica» a dérouté pas mal de fans, même si l’album connut en Angleterre un énorme succès commercial. C’est justement là le problème. On avait l’impression à l’époque qu’ils vendaient leur cul. Jamais les Cramps ni les Ramones ne se seraient prêtés à un tel jeu. Dans l’opération «Screamadelica», les Primal Scream perdirent toute leur crédibilité. Rien n’est pire qu’un groupe qui comme une girouette tourne aux quatre vents. McGee raconte que pendant l’enregistrement de «Screamadelica», Throb menaçait de quitter le groupe. Forcément, dans le son du groupe, les machines avaient remplacé les guitares. Primal Scream n’était plus un groupe de rock‘n’roll. Ils étaient devenus de simples opportunistes. Quel gâchis ! Les débuts de Primal Scream semblaient pourtant prometteurs.

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«Sonic Flower Groove» se présentait sous les meilleurs auspices puisque Throb et Bobby avaient fait appel à Mayo Thompson (ex Red Krayola) pour le produire et à Pat Collier (ex Vibrators) pour l’enregistrer. On était alors en plein dans le phénomène Paisley Underground et les Écossais s’y prélassaient, portant des chemises à pois, des pantalons de cuir et ils rêvaient de sonner comme les Byrds, sauf qu’ils n’étaient pas les Byrds. Ils proposaient une petite pop mal chantouillée et grattaient des arpèges douceâtres. On sentait dans ce disque l’adolescent boutonneux et l’érudition de magazine. Un cut comme «Silent Spring» était atrocement fleur bleue. On surprenait ici et là une belle envolée au détour d’un couplet, mais l’illusion frappait par sa brièveté. On avait l’impression d’entendre de la petite pop indie de vache maigre. Avec «Love You», ils spectorisaient, on sentait des velléités de grandeur incommensurable, mais cette belle tentative se noyait dans un océan de platitude et le malaise était d’autant plus fort qu’on croyait entendre les Mary Chain. C’était pompé, comme l’était «Leaves», qui sonnait aussi comme du Mary Chain. Il fallait attendre le dernier cut, «We Go Down Slowy Rising» pour renouer avec une sorte de balladif west-coast ambivalent, une sorte de belle pop lumineuse tournée vers le soleil. Ce disque retombait comme un soufflet. Dommage, car la pochette en imposait. Je n’eus d’ailleurs aucun mal à le revendre.

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Throb passa de la basse à la guitare pour l’enregistrement de «Primal Scream», le second album paru en 1989. On y trouvait de jolies choses, notamment «Ivy Ivy Ivy», chargé de toute la puissance d’une power-pop d’excellence. Les deux guitaristes, Andrew Innes et Throb s’en donnaient à cœur joie. On avait là un hit flamboyant. La fête continuait avec «She Power», claqué aux accords secs. On comprenait que Throb n’était pas un plaisantin. Les Primal sortaient même de leur manche une belle stoogerie, «Gimme Gimme Teenage Head», pourrie de dynamiques fringantes et extatiques. Ces gens-là maîtrisaient bien la technique de la propulsion nucléaire. Ils reprenaient la formule Ivy Ivy pour bricoler un «Lone Star Girl» foncièrement inspiré - Oh oh oh Wendy ! - et on assistait alors à une fantastique explosion d’énergie. C’est avec cet album qu’ils devinrent des héros. Mais pas pour longtemps.

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Vint le temps de «Screamadelica». L’album fit d’eux des stars en Angleterre, mais ce disque fut pour d’autres une véritable imposture. Ils l’attaquaient pourtant avec une belle pièce de Stonesy, «Movin’ On Up». Ils poussaient même le vice jusqu’à y réinjecter les chœurs de gospel de «You Can’t Always Get What You Want» et Throb y balançait un solo digne de Keith Richards. Mais après, ça dégénérait. Les cuts à la mormoille se succédaient mé-ca-ni-que-ment. Le groupe se ridiculisait. Pire encore : dans «Damaged», Bobby ne chantait pas si bien. Il affectait une voix qu’il n’avait pas. Arnaque suprême. Voilà ce qui arrive quand on demande à un batteur de chanter. Un cut comme «I’m Coming Down» montrait bien leur incapacité à composer. Et le pauvre Bobby chantait de plus en plus mal. Ce disque inepte fit un carton spectaculaire. Quand on ouvrait le NME, on pataugeait dans la bave des dithyrambes. On se demandait même à l’époque si les journalistes de rock anglais ne s’étaient pas livrés à l’un de leurs sports favoris : le cynisme.

 

On le sait, les Primal Scream ne bâtissaient pas leur réputation sur la qualité de leurs disques, mais sur leur consommation de drogues. Les photos de l’époque nous montrent le plus souvent le groupe titubant dans un joli brouillard druggy d’yeux mi-clos et de mèches de cheveux collées. Ces images fantastiques nous rappelaient évidemment celles du MC5 faites après un concert dans un backstage de Detroit. McGee explique que les Primal Scream rivalisaient ouvertement de débauche avec les Stones : «The Primals took drugs in a really obvious, Rolling Stones-madness way - champagne and cocaine and heroin.» Dans son récit, il entre dans les détails et décrit le passage du groupe à la freebase, une passion terrible à laquelle David Crosby s’adonna lui aussi et à laquelle il consacre un fascinant chapitre dans le premier tome de ses mémoires.

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Même après le désastre de «Screamadelica», on a continué d’écouter les albums de Primal Scream. On espérait retrouver le fameux son des deux guitares des origines. Pour «Give Out But Don’t Give Up», McGee pensa bien faire en envoyant le groupe enregistrer à Memphis. Il voulait surtout les éloigner des dealers de Camden. Au moins, là-bas, ils allaient pouvoir décrocher de l’héro. Manque de pot, le premier type qu’ils rencontrèrent en arrivant à Memphis fut un chauffeur de taxi dealer de coke. McGee : «By the time I got there they were on the strongest coke I’d ever tried, perhaps the strongest coke known to mankind.» Quand McGee vint les rejoindre, il découvrit «la coke la plus forte du monde». Il raconte ensuite qu’il en sniffa une ou deux lignes et qu’il resta collé pendant trois jours contre un mur pour être bien certain que personne ne se glissait derrière lui. Comme les Primal passaient leur temps à s’envoyer en l’air et qu’ils ne produisaient plus rien, McGee les mit devant leurs responsabilités : «Clean up or ship out.» Ou bien vous vous désintoxiquez, ou bien vous disparaissez. «So they gave up heroin and became alcoholics». Ils décrochèrent de l’héro pour devenir alcooliques. Classique.

 

Au fond, c’est peut-être la raison pour laquelle on restait tellement attaché à ce groupe : ce goût prononcé pour l’autodestruction. «Give Out But Don’t Give Up» avait tout pour plaire : l’album fut enregistré au studio Ardent à Memphis par Tom Dowd (McGee affirme que Tom Dowd avait des problèmes d’audition, qu’il a planté la production et qu’il a fallu solliciter Drakoulias le vampire). Parmi les invités, on notait les noms de David Hood et de Jim Dickinson. Mais le résultat fut lamentable. «Rocks» fut le hit de ce malheureux album. Au moins, Throb y sauvait l’honneur en claquant de gros accords, soutenu par le blast des Memphis Horns. Le beat de «Rocks» était tellement lourd qu’il nous semblait entendre douze batteurs jouer ensemble. I faut d’ailleurs voir le clip vidéo de «Rocks», un clip joliment décadent pour lequel Bobby s’est maquillé comme une pute pré-pubère. «(I’m Gonna) Cry Myself Blind» avait une fois de plus quelque chose de déroutant : le pauvre Bobby chantait encore plus mal que Keith Richards. On tombait ensuite sur «Funky Jam» chanté par George Clinton. Comment l’amateur de rock pouvait-il s’y retrouver ? C’était impossible. On passait de «Rocks» à du mauvais funk. Encore plus atroce : «Big Jet Plane», un balladif mal chanté. Par contre, avec «Call On Me», ils revenaient à la stonesy. On y entendait Jim Dickinson pianoter et un gros solo de guitar god à l’Anglaise remontait le moral des troupes. Mais ce pauvre album était gangrené par de la mormoille suprême. Nouveau sentiment d’arnaque.

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Mais impossible de décrocher. On s’est jeté sur «Vanishing Point» comme la vérole sur le bas-clergé quand il est arrivé dans les bacs en 1997. Quel souvenir en garde-t-on ? Celui d’avoir bâillé aux corneilles en l’écoutant. Écoutez «Get Duffy» et vous comprendrez. Ils ramenaient leurs fucking machines pour «Kowalski» et «Star». On ne trouvait pas la moindre trace de compo dans ce disque. Rien. Ils se raccrochaient une fois de plus aux Stones avec «Medication» - Get my prescription filled - comme diraient les Stones, et le morceau était soutenu au sableur, comme chez Ike Turner. On assistait épouvanté au retour des machines dans «Motorhead» qui forçait quand même la sympathie car Throb y bricolait un son touffu et assez excitant, mais le reste de l’album inspirait une sorte de pitié.

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«XTRMNTR» paru en l’an 2000 bénéficiait d’un son très agressif. On sentait un sursaut, au moins dans un morceau : «Accelerator». On y retrouvait la trace de Throb et de sa violence écossaise. Ses parties de guitare y étaient diaboliques. Il n’existait alors rien d’aussi dévastateur. On entendait même les bons vieux c’mon, les guitares repartaient à l’attaque et poussaient le son dans ses retranchements. Les notes de guitare nettoyaient les tranchées comme des lance-flammes. Mais le reste de l’album virait à l’indus. Trop de machines. Une fois de plus, les Primal perdaient leur âme, car ils n’avaient pas la classe d’Alan Vega. Le morceau intéressant de l’album restera probablement «Blood Money» amené par une intro de basse de Mani, transfuge des Stone Roses. Ils rajoutaient par là-dessus des couches de trompettes et de bruitages, et ça ne tenait que par la bassline sourde et grondante. Et parce que Bobby ne chantait pas. Avec «MBV Arkestra», ils se prenaient carrément pour Sun Ra. Quel attrape-nigaud ! Les seuls qui soient habilités à jouer à ce petit jeu en Angleterre, ce sont les Spiritualized de Jason Pierce. Heureusement, les Primal finissaient sur une bonne note, avec «Shoot Speed/Kill Light», un shoot de mad psyché pris à la gorge par une basse agressive qu’on faisait monter en première ligne dans le mix sauvage. C’est là, dans ce genre de circonstances que les Primal exprimaient le mieux leur petit côté dopey m’as-tu-vu. Ils créaient une belle tension psychédélique et c’était d’autant plus étrange qu’elle semblait perdue à la fin d’un disque vertigineusement insipide.

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On trouvait encore trop de machines sur «Evil Heat». On ne pouvait pas s’empêcher de penser que cette manie de recourir aux machines masquait un vide sidéral. Les Primal n’ont jamais réussi à composer un seul hit qui soit digne de ce nom, alors que leurs collègues d’écurie - les Boo Radleys, Teenage Fanclub ou Oasis - les enfilaient comme des perles. Avec «Detroit», ils revenaient à ce que les Anglais appellent les basics - back to the basics - et c’était d’autant plus réussi que Jim Reid chantait. D’évidence, «Rise» était un morceau sur-produit, chanté en traître et battu aux grelots sur la grosse caisse. On admirait cette belle science d’un son percé par les coups de guitare throbbiques. C’est à ce genre d’enfer sonique qu’on mesurait la grandeur de Throb, guitar-god de Glasgow. Il se tenait derrière le beat et Mani nous refaisait le coup de la basse métronomique. Le résultat était assez stupéfiant. Il se produisit avec ce morceau une sorte de miracle sonique. Dommage que Throb n’ait pu fixer le cap pour le groupe. L’idée de Dolls à l’Écossaise faisait rêver. «City» était une pure jute de rock anglais stoogée jusqu’à la moelle des os. Throb s’illustrait par des solos imparables. Nous nous trouvions donc enfin au cœur du mythe throbien. Ils firent aussi une version électro du vieux coucou de Lee Hazlewood, «Some Velvet Morning», montée sur le riff de Norman Greenbaum, mais les machines aseptisaient l’élan vital. Puis on assistait au grand retour des power-chords avec «Skull X». Back to the terrain de prédilection de Throb. C’était admirablement bien ficelé. Bobby chantait comme Dylan et Throb claquait son chordage à bras raccourcis. On atteignait là le sommet de l’art Primal. Ils se montraient enfin capables de pulser des dynamiques monstrueuses. Il arrive parfois qu’on se félicite d’avoir acheté un disque. Ce fut ici le cas.

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«Riot City Blues» est probablement l’album le plus brillant de Primal Scream. C’est aussi le dernier album bénéficiant des services de Throb. Les Primal reviennent aux sources avec un rock classique extrêmement bien foutu, comme par exemple «Country Girl» qui a l’allure d’un hit dylanesque. Ils reviennent ensuite à la stonesy avec «Nitty Gritty». On y entend un joli solo pincé dans l’arrimage du power-chordage. C’est chanté aux chœurs et on goûte avec délectation le grand fourbi stonien d’accords glissés et claqués. On reste dans le solide et le bien envoyé avec «Suicide Sally & Johnny Guitar», rocké à l’os du jambon. Throb - ou Andrew Innes - y tire un solo comme on tire les vers d’un nez. Cette fois, Bobby chante bien, il aboie correctement ses awite, on sent l’homme d’âge mûr mal rasé avec des yeux humides d’interférences. Le son du groupe se veut carnassier. Throb y va de bon cœur. Il avait raison, le groupe n’a jamais été aussi bon que lorsqu’il tapait dans le rock classique à deux guitares. Pour lui, c’est une reconnaissance. Le groove de «When The Bomb Drops» se veut encore plus rampant. Les Primal retrouvent leurs vieux réflexes de mad psyché et nous embarquent pour une énorme virée au cœur des mille et une nuits de Damas ou d’ailleurs, mais quelle envolée ! Ils en remettent une deuxième giclée et provoquent une sorte d’explosion firmamentaire. Voilà ce qu’il faut bien appeler un voyage intersidéral d’essence rare. Avec «The 99th Floor», ils semblent renouer avec l’énergie du Dylan électrique de 66. Ils sortent le même genre de battage et Bobby chante ça à l’arrachage de glotte gluante. C’est joué serré, poussé dans le dos, c’est une belle horreur de cavalcade. Bobby se prend pour Joe Foster. Le résultat est une fois de plus explosif. Throb devait se sentir arrivé au paradis. Ils rendent ensuite un bel hommage aux Dolls avec «Dolls (Sweet Rock And Roll)», effrayant d’efficacité dévastatrice et bardé de chœurs dollsiens, comme par hasard.

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«Riot City Blues Tour» est paru en 2007 sur DVD. Un guitariste a remplacé Throb. Le seul intérêt de ce DVD se trouve dans les bonus : on y voit Throb jouer dans deux ou trois clips. Par contre, aucune trace de Throb dans «Black To Comm» - Primal Scream et MC5 - paru en 2011 sur DVD. Plus rien, vide, nettoyé.

 

Depuis que Throb est rentré dans l’ombre, deux nouveaux albums de Primal Scream sont arrivés dans les bacs des disquaires. Primal Scream sans Throb, ça n’a plus aucun sens. Comme dirait Bill Bocquet, que peut-on bien faire d’un groupe qui a perdu son âme ?

 

Signé : Cazengler, screamadelicoco

 

 

Disparu le 11 septembre 2014

 

Primal Scream. Sonic Flower Groove. Elevation Records 1987

 

Primal Scream. Primal Scream. Creation Records 1989

 

Primal Scream. Screamadelica. Creation Records 1991

 

Primal Scream. Give Out But Don’t Give Up. Creation Records 1994

 

Primal Scream. Vanishing Point. Creation Records 1997

 

Primal Scream. XTRMNTR. Creation Records 2000

 

Primal Scream. Evil Heat. Sony 2002

 

Primal Scream. Riot City Blues. Sony 2006

 

Primal Scream. Riot City Blues Tour. DVD 2007

 

Alan McGee. Creation Stories - Riots, Raves and Running A Label. Sidwick & Jackson 2013

 

 

 

 

ROCK IN GOMETZ-LE-CHATEL ( 2 )

 

TYLER HART TRIO / MISS VICTORIA CROWN

 

REBEL RIDERS

 

La teuf-teuf hésite. Reconnaissons-lui que Gometz-le-Chatel c'est moins connu que Memphis in the Tennessee. Suis sûr que là-bas elle me déposerait devant Graceland sans aucune hésitation après m'avoir promené tout mon soul sur Beale Street, mais ne rêvons pas, faut-il vraiment s'engager sous ce portique de ferraille qui barre la route ? Une voiture se positionne à ma hauteur, j'abaisse la vitre : «  Le Centre Culturel Barbara ( le nom m'écorche la bouche, pourraient pas l'appeler Dickie Harrell par exemple, ce serait nettement plus classe ) c'est par ici ? ». Une dame au charmant sourire me répond : «  C'est pour le rock ? Je crois bien, je suis déjà venue l'année dernière, mais dans le noir je ne reconnais pas ! » . Moi non plus, dans cette pénombre un cachalot blanc n'y retrouverait pas ses douze baleineaux. Mais voici qu'un troisième véhicule nous tire de l'incertitude, vu la coupe de la patache ce ne peut-être que des rockers. Z'étaient même à Toury la semaine dernière. Que voulez-vous les concerts rock attirent les rockers comme les chacals de Béthune la malédiction.

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Personne ne s'attarde sur le parking. Une température idéale. Pour les ours blancs sur la banquise près du pôle Nord. Ouf ! dedans bien au chaud ! Je ne parle pas des radiateurs mais de l'ambiance et de l'accueil chaleureux des organisateurs. Je me précipite sur le stand de disques, impressionnante collection de 33 centimètres de Johnny Burnette, mais ma prunelle obstinée de lynx fureteur a déjà dégoté le 25 cm de Gene Vincent que je n'ai pas. Trop tard, une féminine main accaparatrice me prévient qu'elle vient juste d'exercer son droit de préemption. En lot de consolation, j'ai droit à un sourire et l'on me désigne deux autres merveilles de Gégène... que je possède déjà. Quand je m'évertue à vous dire que la société est mal faite, croyez-vous que j'exagère ? Pas la peine de vous mettre à pleurer non plus. Je vous en prie gardons notre dignité, surtout que le concert commence.

 

TYLER HART TRIO

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Baptême du feu, c'est leur premier concert. Le public se rapproche. Suffit de quelques secondes pour couler un groupe quand on se présente devant un aréopage de connaisseurs. C'est toujours plus facile dans un rade perdu au bout de la nuit devant des clampins rassemblés là par le hasard et la nécessité des solitudes entrecroisées. Mais ici, le verdict sera sans appel. Ou un bloc compact vivement intéressé devant l'estrade, ou un délitement progressif vers le bar. L'on n'espère pas des miracles mais presque, un maximum syndical de qualité certifiée conforme et – c'est là le plus difficile – un minuscule démarquage qui fait toute la différence. Rassurez-vous, le Tyler Hart Trio a su séduire.

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Trois sur scène, les deux frangins, l'aîné à la guitare, le puiné à la batterie, tous deux en chemise blanche et Oregon Jack tout de noir vêtu à la contrebasse. C'est maintenant, ou jamais. One, two, three et c'est parti. Vous vous attendiez à quoi ? Ne vous laissez pas induire en erreur par la cravate noire de Tyler. S'en débarrassera d'ailleurs très vite. Chic anglais d'apparence, mais le son grêle, rêche et rugueux qu'émet sa Gretsch nous emmène tout de suite en pleine campagne. Pas un hasard s'ils reprendront deux morceaux d'Hank Williams. Pas country carte postale pour un cent, mais salement hillbilly, le Tyler l'a dû encorder avec du fil de fer, même pas besoin de fermer les yeux pour voir les longhorns derrière avec les deux autres marlous qui font du rodéo sur leurs mustangs. C'est que caracole sec à ses côtés. C'est comme cela que les frères Perkins devaient sonner avant que Sam Phillips ne rajoute la réverb par dessus et les enjoigne de ne pas essayer de passer le Rubicon du rockabilly en force tant qu'il n'aurait pas effectué les réglages adéquats.

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Eux, ils n'ont pas de temps à perdre. Tyler chante très prêt du micro comme s'il bouffait de la vache enragée, et les deux autres le suivent de prêt, ne le lâchent pas d'un centimètre ce qui nous donne de purs instants de plaisirs qui vous prennent à contrepied. Nous refont plusieurs fois le plan-séquence, fermeture des portes, non-non c'est encore ouvert, voix, guitare, contrebasse arrêtent de bosser, et blang ! blang ! la batterie rouvre le bal, brisure ponctuante qui s'inscrit tout en la dynamitant dans la parfaite continuité rythmique. Clôt la partie en le même temps qu'il la relance sur un tempo encore plus fougueux. Comme quand le chien saute sur le canapé ou vous êtes en train de folâtrer avec votre voisine. Vous ne l'attendiez pas, mais lui aussi amène son lot de caresses. C'est là que vous vous apercevez qu'ils sont trois à jouer, ensemble. Tristan le drummer se rappelle à tout instant à notre souvenir. Musicien à part entière qui intervient au même titre que les autres.

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Jackie fait main basse sur sa contrebasse, faut voir comme il l'empoigne et la cogne. Mais c'est pour la bonne cause. Celle du Tyler Hart Trio. Sont unis comme les trois têtes de Cerbère devant la porte des Enfers. Pas de problème le public est prêt à les accompagner jusqu'au bout dans les territoires interdits. Ovation finale. Ils ont intérêt à continuer. Sont trois mais ils apportent un son neuf. A suivre.

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MISS VICTORIA CROWN

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L'était encore une petite fille lorsqu'elle avait surpris - agréablement - son monde, l'hiver dernier au New Morning lors de la fête de Rockers Kulture organisée par Tony Marlow. N'était déjà pas dans le créneau « enfant génial » qui ne mène généralement pas bien loin, mais elle a méchamment poussé depuis. Pas en taille, mais s'est transformée en demoiselle pleine d'assurance et d'ascendant. Simple et souveraine. Fière mais humble. Tranquille elle attend que les musiciens s'installent. Cette sérénité m'avait déjà étonnée au New Morning. Qu'elle le veuille ou non, c'est sur elle, sur ses frêles épaules, que repose le show. Et elle reste là, toute calme, dans sa longue robe noire à motifs rouges de princesse. L'est au centre. A sa droite, Cyril debout devant sa caisse claire et ses ses cymbales, et Vincent à la guitare électro-acoustique. De l'autre côté c'est le clan des rockers, Little Nico à la guitare électrique et Zio qui se hâte de brancher sa contrebasse, reconnaissable entre mille avec sa photo géante de Marlon Brando dans L'Equipée Sauvage.

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Un dernier regard pour s'assurer que tout est en place, et sa voix s'envole pour ne plus jamais se reposer. L'est comme ses oiseaux migrateurs qui traversent les océans ne prenant de repos que dans la quiétude de leur envol. Sacrée technique. Attaque le mot de haut, tel un aigle qui s'abat sur sa proie. Facile au début d'un vers ou d'un couplet, mais c'est chaque vocable qui est ainsi mis en valeur. Essayez en parlant sur une simple phrase et vous verrez la difficulté. L'a beaucoup écouté Imelda May, sa façon de se précipiter sur la prime syllabe, de la maintenir en l'air, sans jamais laisser tomber ou avaler les suivantes. Infatigable. D'autant plus que ce soir, aucun cuivre n'est là pour lui permettre de respirer le temps d'un tortueux solo. Du coup un concert qui sonne beaucoup plus rockab que swing.

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Autour d'elle les musiciens s'en donnent à coeur joie. Longtemps que je n'avais vu Zio si heureux. L'a pris vingt ans de moins. D'abord il sourit, ensuite il vous tape de ses accords sauvages comme l'on chiquenaude la croupe d'un étalon pour le faire démarrer encore plus vite, slappin' and slidin' avec la fougue de Little Richard. Si vous rajoutez Cyril qui semble avoir entamé une course de vitesse avec ses cymbales, vous commencez à vous inquiéter pour la petite reine. Inutile, peuvent battre des ailes tant qu'ils veulent, elle là-haut, elle gazouille avec les anges. Pas des saintes-nitouches, sûr qu'ils ont aussi laissé traîner leurs ailes dans les travées de l'enfer, car la demoiselle rien ne l'effraie. Se joue des difficultés, le timbre malicieux quand il faut charmer et la flambée d'énergie pure lorsqu'il s'avère de remettre de l'ordre dans le paddock. Le sourire enjôleur et la morsure du serpent. Comptez trois demi-secondes entre chaque titre et elle est déjà à la fin du morceau. De Janis Martin à Edith Piaf en passant par Nancy Sinatra. J'ai failli m'évanouir quand j'ai aperçu la set-list qui traînait sur les planches. Quatre feuillets ! Pas étonnant qu'elle ait pu remplir les rappels sans problème.

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Mais nous n'en sommes pas encore là. Little Nico, se tient derrière elle. La guitare en bandoulière et le riff en cascade. Quelques éclats de rire complice avec Zio, mais toute son attention sur Victoria. Servie sur un plateau. Aux petits soins. N'est pas difficile à contenter, tant qu'elle a un micro où lancer sa voix, elle est dans son élément. N'empêche que c'est plus facile quand on sait pouvoir compter sur l'orchestre et Nico vous brode de ses petits arrangements de toute finesse et de toute tendresse qui conforte l'impression d'aisance vocale si particulière de la damoiselle. C'est qu'il a fort à faire Nico, les trois autres ne donnent pas dans la romance sucrée, faut aussi qu'il tienne tête à la rythmique endiablée de Vincent qui pousse grand-vent. Beaucoup de teddies dans l'assistance, des gars qui ne se contentent pas de demi-mesure. Pour eux le rockab commence aux quarantièmes rugissants, aussi ils n'aiment point trop l'eau tiède. Et personne ne se plaint ! Tout le monde en redemande. Miss Victoria Crown mérite bien sa couronne. Sa voix et ses quatre musicos déchaînés en sont ses plus beaux fleurons.

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Premier concert en Île-de-France. La place-forte de Gometz-le-Chatel est tombée en deux heures. A qui le tour ?

 

REBEL RIDERS

 

Les Rebel Riders sont sur scène. C'est le nouveau groupe d'Andy Rebel, qui pour cause de santé défaillante avait dû arrêter la légendaire formation des Skyrockers. Toujours suivi de Tony fidèle au poste à la basse électrique. Des gueules marquées par les chienneries de la vie, mais debout contre vents et marées. Des teds de l'époque Cavan, droits dans leurs boots. Sont secondés par deux zicos qui officient aussi dans Rip It Up, Simon et Steve – si j'en crois le flyer du spectacle, mais j'émets quelques doutes, car il me semble aussi s'appeler Fred ou Peter.

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Réglons-lui son compte en premier. On ne l'aura entendu que deux fois durant tout le set. Juste à la fin, et à la fin du rappel. C'est lui qui clôture en un boucan d'enfer. Et alors on réalise combien il a été essentiel au son du groupe. De taille moyenne, la figure mangée par ses maudites cymbales – quel que soit l'endroit d'où j'ai tenté de l'apercevoir – installé juste dans l'axe d'Andy the rebel frontman, l'est carrément invisible. Et inaudible. Soyons précis, l'a porté le combo sur ses épaules, rentre-dedans et drumin' d'enfer. Pas une seconde de silence. Toujours une baguette qui boute le feu sur la peau d'un tom. Tonnerre roulant de mille sabots de chevaux au galop, ou cents motos plein pots, si fort, si présent que l'on n'y pense plus, tellement il nous a englobé dans sa pâte sonore. L'on n'y porte pas plus attention qu'à l'air qui nous entoure, mais c'est lui qui nous transporte au coeur rougeoyant de la fournaise rock and roll. He's a real king drummer !

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Idem pour Simon Reeve. Lead guitar. Même manière de jouer. Sans se montrer. Indistinct. Colle à la musique. La sert mais ne s'en sert pas pour se faire valoir. L'est comme son acolyte, semble ne pas savoir ce que c'est qu'un solo. Les virtuoses ne sont que des menteurs. Suffit de suivre le mouvement, ne jamais laisser baisser le rythme, entretenir la flamme à tout instant, jamais un riff plus haut que l'autre mais une incandescence inimaginable. Le rock est un moloch infernal dans le brasier duquel l'on sacrifie son orgueil, pour ne pas avoir à rougir de ses moindres faiblesses.

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De l'autre côté de la scène Tony n'en pense pas moins. Imperturbable, réfugié dans sa tronche de boucanier, le visage marqué de trop de combats, de la même race et dans la même danse que les deux autres. Ne pas se mettre en avant, mais projeter des grondements de bête fauve comme un félin en colère qui signale sa présence pour que l'on sache qu'il vaut mieux ne pas venir lui marcher sur la patte. Ca giscle de partout, vous recevez les éclats mais c'est comme les radiations atomiques. Sur le coup on n'y fait pas gaffe. C'est après que ça vous consume littéralement.

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Les trois autres ne se préoccupant que de rock and roll, c'est à Andy qu'est dévolu le rôle d'interface avec le public. Se présente sans arme. Même pas une acoustique dans les mains pour se donner l'illusion d'être utile à quelque chose pour une fois au moins dans sa vie. Tout de noir vêtu, se contente d'un micro. Mais avec pied. Le tient un peu à la Gene Vincent. Le tient un peu à la Sandy Ford. Le tient beaucoup à la Andy Rebel. Encore qu'il n'en fait pas trop. Se contente d'être. C'est plus difficile et ce n'est pas donné à tout le monde. Cela nécessite de la force et du charisme. L'en a à revendre, mais ne l'étale pas en vitrine. Souvent il s'immobilise le micro levé tête en bas, il attend que la vague de lave bouillonnante des zicos passe et il reprend ses pérégrinations sur la scène.

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S'appuie en quelque sorte sur sa voix. Ni éraillée, ni de stentor. Mais solide et flexible. A la Johnny Kidd ai-je tout de suite pensé dès le premier morceau, et très vite sont arrivés Please Don't Touch et Shakin' All Over suivi plus tard d'Endless Sleep. Un I fought the Law et un Race with the Devil pour montrer que l'on est du mauvais côté celui, des perdants magnifiques et de ceux qui tutoient le diable. Plus les classiques Ted, Teddy Boy, Teddy Boy Boogie, Motorbike, et même Rockabilly Rules des chats de gouttière. Un set qui défile à vitesse grand V. Un public chaud comme de la poudre à canon enflammée qui chante en coeur et s'égosille jusqu'au fond des tripes. Rien à dire, quand les englishes foutent les mains sous le capot du rock, le moteur ne tarde pas à rugir.

 

Un petit rappel. Mais personne n'en demande davantage. Les Rebel Riders ont fait une démonstration assez éloquente pour ne pas exiger d'explications supplémentaires. Sont venus, nous ont vus, nous ont laissés sur le cul. Des Césars du rock.

 

SUIVEZ LES BOEUFS

 

Exemple à suivre. Il se fait tard, mais tant pis, trois boeufs à la queue leu leu, Little Nico, Zio, Cyril, Jull des Ghost qui nous a concocté durant toute la soirée une sono radieuse, plus des amateurs du public et de l'orga. Un régal, même que sur les réseaux sociaux, ceux qui étaient partis un peu trop tôt, alertés par la rumeur faisaient part de leurs regrets.

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Ce ne sera que partie remise, un Rock in Gometz-le-Châtel N° 3 se profile pour le mois de mars, le 28 – écrivez-le en grosse lettres sur le pare-brise de votre voiture, bande d'alzhemeiriens - qui sera suivi de près par un numéro quatre. Programmation en cours. Souhaitons-leur d'avoir la main aussi heureuse que pour ce dernier weekend de novembre. Mais on leur fait confiance.

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Damie Chad.

( Photos prises sur le FB de Rockin Lolo qui en réuni près de 300 venues d'une dizaine de participants )

 

 

CORRUPTED

 

THATCORRUPTED SOUND !

 

HI-HO SILVER / GERONIMO STOMP / THE BOY WHO DARED TO ROCK / HEART ATTACK / SWEET SPIRIT OF DIXIE / CAN'T JUDGE A BOOK / THAT CERTAIN FEMALE / REBEL TILL THE END ! / TEMPTATION BABY / FOOL'S PARADISE / SEXY WAYS / RITA / TILL THE FOLLOWING NIGHT / THE DAY THE WORLD TURNED BLUE.

 

TEXAS : bass / YANN : Vocal & Guitar / JACKY LEE : Drums.

 

Bonus Tracks : DO WHAT YOU DO / CAT TALKIN' / GIRL IN RED / OL' MOSS BACK.

 

YANN THE CORRUPTED + JACKY LEE on guitar.

 

Rebel Music Records. Voir : wwwrockabillyrecords.de

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Franchement ne l'achetez pas. Si avant de vous endormir il vous faut la douce berceuse de la petite musique de nuit de Mozart pour faire des beaux rêves. Par contre si vous déplorez ce genre de lamentables et décadentes habitudes, précipitez-vous, il est pour vous. Et dès que l'on a annoncé au micro que le CD des Corrupted était disponible – à Toury, lors de la mémorable soirée avec les Rough Boys – ce fut une véritable ruée. Vers l'or. Les précieuses galettes, se sont envolées comme des crêpes à la chandeleur. Le commentaire avait été bref : «  Achetez-le, car c'est du lourd ». Le genre de message qui provoquent des réactions instinctives chez les rockers.

 

Sûr que l'on ne nous a pas trompés sur la marchandise. C'est bien du lourd. De l'ultra lourd. Je répète mon avertissement : âmes sensibles abstenez-vous. Piétons passez à gauche. Zone dangereuse. Toute personne appréhendée sans son laisser-passer sera impitoyablement abattue sur place. Tout ce que les amateurs distingués ne peuvent supporter. Quelque part ils ont raison. Une petite apparence d'agression gratuite. Que voulez-vous parfois le rock remonte vers sa source ! L'irrésistible fureur de tout renverser, le monde et tout ce qu'il contient, à grands coups de tatanes, juste parce que la colère vous saisit et qu'il faut qu'elle éclate au plus vite, pour remettre les pendules à l'heure. Et puis n'est-ce pas la meilleure façon de s'amuser ?

 

S'y sont mis à trois. Ont fait un carnage et n'ont pas demandé à ce qu'on les retienne. Pas le temps d'attendre que l'inspiration vienne. Uniquement des reprises. C'est quand on connaît ses tables de multiplications par coeur qu'on peut les réciter à toute vitesse. Aussi envoient-ils sec. Dératisent et ratiboisent. Ne demandez pas s'il y a des survivants après leur passage. Du brut, du décoffrage. Du béton armé. Tous crans d'arrêt dehors. Une batterie qui drume à mort, une guitare qui fonce, une basse électrique qui alimente le courant. Et Yann qui hurle, crie et s'époumone. Ne font pas des trous dans la dentelle. Le genre de voyous qui saccagent les pots de fleurs des vieilles grand-mères. Just for fun. Des iconoclastes. Jusqu'au si crépusculaire Day Where The World Turned Blue de Gene Vincent qu'ils métamorphosent en hymne guerrier.

 

Après cela, ils n'ont plus de retenue. Les quatre Bonus Tracks nous entraînent en une course mortelle.

 

CorrupTed. Parce qu'ils s'inscrivent dans la mouvance Ted. Corrompu parce qu'il est difficile d'amasser tant d'énergie brute avant que la tension n'explose tous azimuts. Lorsque les fruits sont trop mûrs ils tombent et leur suc survitaminés génèrent de nouvelles pousses qui produisent des arbres encore plus grands et plus forts.

 

Pardonnez-moi, mad'noiselle, j'allais oublier la couverture, vous tenez vos promesses. A l'intérieur ça rocke et ça roule dur.

 

Violent et généreux.

 

Damie Chad.

 

 

BLUE TEARS TRIO

 

WHAT A ROCKABILLY SHOW !

 

AIN'T IT WRONG / ONE MORE SHET / TRAIN KEPT A ROLLIN' / RIGHT ROUND THE CORNER / HER LOVE RUBBER OFF / SNEAKY PETE / GHOST MEMORIES / DOMINO / WHAT I GOT FOR YOU / ROCKABILLY BOOGIE / TRAIN KEPT A ROLLIN ( alt track ).

 

DIDIER : guitar & vocal / AIMé : slap & vocals / FRANK : drums & vocals

 

www.infogroupe.combluetearstrio

 

Contact : bluetearstrio@hotmail.com

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Belle pochette, arrière-fond bleu – normal quand on s'appelle Blue Tears – mais le dessin stylisé dû à pk n'invite pas à verser des larmes. Ou alors seulement d'alligators. Affamés et qui attendent leur pitance.

 

Boppin'trip dès le premier morceau tout en finesse et en recherche de son racine. N'est-ce pas très bon ? N'allez pas chercher pourquoi dès les morceaux suivants l'on retrouve Carl Perkins et Johnny Burnette. Une étonnante version de A Train Kept A Rollin qui nous ramène dans un boppin'swing très différent des interprétations actuelles de ce classique qui est avant tout pour les groupes l'occasion de foncer à toutes vapeur dans les plaines sans fin de l'Ouest. Les Blue Tears savent le faire aussi, en donnent en bout du CD une prise alternative davantage rentre dedans avec un sax qui imite à la perfection le sifflet des locos. Le son change en douceur mais en profondeur. Le rythme s'accélère sur Right Round The Corner. C'est la guitare de Didier qui s'insinue sans se faire remarquer dans la section rythmique et qui peu à peu prend une place prépondérante qui éclate vraiment sur Her Love Rubbed off.

 

Come back à un bop plus académique sur Sneaky Pete où basse et batterie prennent leur petit solo de démonstration. Retour à une guitare et une voix plus western sixties sur Ghost Memories, l'alliance impossible parfaitement réussie de l'ancien et du moderne. Un travail d'orfèvre dans la même veine d'or sur Domino les voix réalisant l'impossible jonction effectuée entre ce que l'on pourrait schématiquement définir comme l'essence du rockabilly américain et le premier rock and roll de nos amis les englishes en 1960. Un pas en arrière avec What I Got For You de l'autre côté de l'Atlantique, au coeur de la pureté originelle, et un Rockabilly Boogie chanté un peu à la manière de Bill Haley avec une guitare qui batifole bien en avance sur le temps évoqué.

 

Un disque subtil. Qu'il est impossible d'écouter d'une oreille distraite. Une traversée de l'histoire du rock and roll, mais presque en catimini. Ne sont que trois et c'est l'habileté des musiciens qui supplée à toutes les variations orchestrales qui se jouent entre 1954 et 1963. Une écoute agréable si l'on préfère rester en surface mais qui devient prodigieusement intéressante si l'on se pique d'as au jeu. De longues discussions le soir au coin du feu entre passionnés. Ce CD pose la question essentielle : comment jouer du rockabilly aujourd'hui ? quand on ne veut pas être une pâle imitation – en langage djeun l'on dit un clone interchangeable - d'artistes par définition inimitables, ni dégoter un petit rôle dans Le cinquième Retour de la Momie.

 

Une pochette en carton, toute fine. Mais le contenu oblige le détour. L'on n'attend plus que de voir le groupe, qui tourne surtout en Normandie, à la prochaine soirée de Rockers Kulture, le 16 janvier 2015. Avec impatience.

 

Damie Chad.

 

GUS & MOI

 

L'HISTOIRE DE MON GRAND-PERE

 

ET DE MA PREMIERE GUITARE

 

KEITH RICHARDS / THEODORA RICHARDS

 

( mICHEL LAFON / 2014 )

 

Pour les inconditionnels des Rolling Stones. C'est le grand Phil qui l'a trouvé pour moi au Salon du Livre de Jeunesse de Montreuil. Non ce n'est pas un livre sulfureux pour les ados glissé en douce dans une collection de jeunesse afin de les initier aux saines joies du sexe, de la drogue et du rock and roll. Offre la configuration d'un album pour les enfants ceux qui fréquentent les écoles primaires. Les charmantes têtes blondes de notre nation. Et dedans, vous trouverez une belle histoire que vous pouvez raconter sans problème à votre insupportable marmaille pour les endormir. Je ne sais pas si elle les ravira. Les jeunes générations ne doivent avoir qu'une vision très approximative et très lointaine des Stones. Soyons cruels, ne doivent pas connaître. Alors ce petit garçon qui rend visite à son papy qui ne lui prête pas sa guitare pour mieux attiser son envie de jouer, je ne pense pas qu'ils vont la redemander quinze fois de suite. Surtout qu'il n'y a pas l'ombre d'un vampire ou d'un mort-vivant qui viendrait inopinément apporter un peu de suspense au scénario. Peut-être qu'une petite-fille romantique dont le grand-père adoré vient de mourir versera-t-elle une douce larme d'émotion mais ce sera tout. Je récapitule : si vous pensiez l'offrir à Noël au fils de votre voisin, chassez cette idée ridicule de la confiture qui vous tient lieu de cerveau.

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Par contre si vous êtes un amateur des Stones, prenez les yeux fermés car voyez-vous c'est un produit typiquement Stones. D'abord ça ne sort pas de la famille. Quand il y a de la thune les Stones sont à la hauteur de leur réputation. Pas intérêt que ça rapporte à un tiers. Pour les dessins, c'est la fille de Keith qui s'y est collée. Mannequin de métier. A travaillé pour les plus grands. Question physique je reconnais qu'elle n'est pas mal du tout. Par contre pour le dessin j'ai quelques doutes. Elle est aussi bonne que moi. Mon propre père était peintre, mais je n'ai pas hérité de son talent. Si vous voyez ce que j'insinue. Elle a griffonné des crobars sur des bouts de papier au stylo bille, et puis l'éditeur s'est débrouillé avec. Question staff les Stones s'y connaissent. Savent recruter la bonne équipe pour résoudre les mauvais problèmes. Là ils ont eu besoin de toute une armada. L'est vrai qu'ils ont dû bosser un max. Sont parvenus à tirer quelque chose de potable – je n'ai pas dit de transcendantal – avec des gribouillis infâmes. Merci aussi aux coloristes, qui ont secondé les trois directeurs artistiques, s'en sont donnés à coeur joie, et je ripoline une page en noir, l'autre en bleu, la suivante en jaune, toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Mêmes celles qui n'en font pas partie. Avec des effets de camaïeu – aïe mes aïeux ! - et de dégradé dévergondé.

 

Pour le texte papa Keith a suivi la même méthode. L'a fallu qu'il se fasse aider par Barnaby Harris et Bill Shapiro, et pourtant je vous jure que ce n'est ni du Marcel Proust, ni du Stéphane Mallarmé. Peut-être une légère panne d'inspiration ? Grand-papa Gus a dit se retourner dans sa tombe ou dans son urne funéraire. A mourir de rire qu'il a dû se dire. Le fiston ne se laisse pas faire dans la vie. Un truc à enchanter tous les Téléramas de la Terre. N'était pas encore sorti que j'avais déjà entendu une pieuse chronique sur France-Inter. Question subsidiaire : que faire d'un tel bouquin une fois les dix minutes que nécessite sa lecture achevée ? La réponse est facile : vous découpez les repros des photos de la famille Richards et vous les versez dans l'épais dossier de coupures de presse sur les Stones qui s'entasse depuis un demi-siècle sur votre bureau. Comme quoi avec les Rolling rien ne se perd. Tout se recycle.

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Bon je vous quitte. J'ai autre chose à faire. Quoi donc ? Tiens me relire une page de Life d'un certain Keith Richards. Vous connaissez ?

 

Damie Chad.